Aller au contenu

Maroc : De L'ultralibéralisme


Copeau

Messages recommandés

Posté

http://fr.allafrica.com/stories/200412220410.html

Libération  (Casablanca)

OPINION

22 Décembre 2004

Publié sur le web le 22 Décembre 2004

Khalid Benslimane

Il est bien plus qu'évident qu'un consensus politique s'accordant à reconnaître l'existence d'une liberté d'opinion existe bel et bien. Cependant, il serait judicieux d'en clarifier de manière plus objective les contours et surtout, d'en définir clairement le contexte - à forte tendance économique - du champ géopolitique dans lequel s'exerce cette pseudo-liberté.

Si effectivement, comme vous l'avez si bien expliqué, l'interprétation du Maroc d'aujourd'hui repose sur une mutation perceptible de la sphère interactive régissant l'équilibre politique du trinôme "Monarchie-société civile-Makhzen", il n'en demeure pas moins que l'influx essentiel de cette transformation, chose que vous semblez avoir négligé dans votre analyse pertinente, est d'ordre purement économique dans sa conception la plus monstrueuse, à savoir l'ultra-libéralisme.

On commettrait sans doute une erreur si on continuait à raisonner uniquement "politiquement" quant à cette attitude "réactionnaire" affichée par certaines franges de notre presse indépendante. Comme on commettrait une erreur si l'on s'entêtait à rechercher les causes de cette implication négative de notre espace expressif uniquement dans le microcosme de la donne réformiste nationale.

Si réforme, avec les évolutions qui s'en suivent, il y a, elle répond d'abord et avant tout à une exigence économique mondiale dictée par une nouvelle conception, exogène comme vous dites, de la liberté qui semble s'être engagée dans une ornière, réduisant son propre champ d'application à un simulacre démocratique.

Rappelons qu'au Maroc les signes avant coureurs d'une stratégie de réforme furent d'abord économiques. Sous la pression des institutions internationales dans les années 80, le Royaume avait opté pour une politique de rigueur, appuyée par un programme de privatisation des plus agressifs, afin d'assainir les comptes de la nation. Une politique perpétuée sous le règne de Mohammed VI. Mais voilà, près de vingt ans plus tard, si le PAS (Programme d'ajustement structurel) a réussi tant bien que mal à comprimer l'inflation et réduire le déficit budgétaire, il n'en demeure pas moins que la condition du Maroc "d'en bas" n'aura pas évolué d'un iota et ce, malgré une surliquidité dont le redéploiement se fait toujours attendre .

C'est cet anachronisme entre l'évolution, en "macro", de l'image de l'Etat et la stagnation, en "micro", de la situation sociale qui, à mon avis, désarçonne notre presse indépendante qui sacrifie son espace de libre-expression durement acquis pour maintenir sa crédibilité, et par conséquent sa pérennité, auprès de son substrat constitutif: l'opinion publique dont elle se veut le porte-parole.

D'un autre côté, l'involution qu'entame la manifestation actuelle de la démocratie rend difficile l'adhésion d'une presse qui se veut "indépendante" à tout projet national justifié par des considérations faussement populaires. En résumé, pour ne pas sacrifier moi-même la clarté des propos aux besoins de la rhétorique, je dirais que ce qui est en train de se jouer, à l'échelle mondiale d'abord, c'est l'abandon du principe de souveraineté populaire si chèrement conquis en 1789 avec la Déclaration des droits de l'Homme. Ce qui est en train d'aboutir, c'est le projet inavouable de revenir sur plus de deux cents ans de conquêtes politiques et sociales, par le haut, en construisant au-dessus des Etats une autorité qui s'impose à eux, qui réduit les acquis démocratiques et détruit les progrès sociaux de manière irréversible. Le tout, avec l'alibi de la modernité : cheval de bataille par excellence de cette vague déferlante qu'est l'ultra-libéralisme.

Liens Pertinents

Afrique du Nord

Maroc

Les répercussions à l'échelon des nations sont désastreuses. L'ultra-libéralisme, contrairement à la démocratie, n'est pas le produit d'une "civilisation", mais éventuellement son parasite presque par définition. Il se moque de ce qu'est la "société" au sens politique et au sens "légal" du terme; au besoin et si la société laisse faire, il joue et abuse même de ses fondements et principes pour s'épanouir les démocraties étant bien sûr son terrain de jeu de prédilection, pour autant que la démocratie régresse jusqu'au moins disant et s'installe à la limite du simulacre. il n'a donc besoin ni d'un Basri, ni d'un Papon pour étendre ses mains invisibles puisque c'est l'Etat lui même qui lui sert de pion.

Dans un tel contexte néo-libéral qui, par une sournoise inversion des valeurs, asservit le "politique", quelle autre attitude pourrait adopter une presse qui se voudrait "indépendante" sinon (pour l'instant) un comportement "réactionnaire", le plus en mesure de préserver ses faibles acquis en matière de liberté?

Posté

Oulah.. Il a fait l'ENA ou quoi, je vois pleins de mots les uns à la suite des autres mais je ne perçois pas vraiment l'essence de ce qu'il a voulu dire… ou alors c moi qui suis bete.

Posté
Oulah.. Il a fait l'ENA ou quoi, je vois pleins de mots les uns à la suite des autres mais je ne perçois pas vraiment l'essence de ce qu'il a voulu dire… ou alors c moi qui suis bete.

C'est un dialecte français assez particulier qu'on appelle le "sociologue". En gros, cela consiste à parler pour ne rien dire mais en ayant l'air de dire des trucs vachement profonds parce qu'on truffe le texte de néologismes, d'infinitifs substantivés et de mots de plus de trois syllabes.

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×
×
  • Créer...