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Le contrat contrariant


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Putain, que ne faut-il pas lire. Achetez-vous un exemplaire du Père Goriot et venez me dire en face que ce n'est pas bon, que c'est lourd, que c'est mal écrit ou Dieu sait quoi encore. Bande de moules.

Le Père Goriot est justement une des pénibleries que j'ai lues des précités. C'est long, lourd, ça nage dans des descriptions oiseuses où l'on sent que chaque mot supplémentaire rapportait des thunes. Tant de pages pour aussi peu à dire : un gâchis. J'irai même jusqu'à dire que Balzac était un écoterroriste en provoquant ainsi la taille de tant d'arbres pour supporter ses basses besognes.

Pour moi c'est un bon roman, et de toutes façons indispensable.

Oui. Sans, l'armoire est bancale.

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Vers la fin du mois d'octobre dernier, un jeune homme entra dans le Palais-Royal au moment où les maisons de jeu s'ouvraient, conformément à la loi qui protège une passion essentiellement imposable. Sans trop hésiter, il monta l'escalier du tripot désigné sous le nom de numéro 36.

"Monsieur, votre chapeau, s'il vous plaît ?" lui cria d'une voix sèche et grondeuse un petit vieillard blême, accroupi dans l'ombre, protégé par une barricade, et qui se leva soudain en montrant une figure moulée sur un type ignoble.

Quand vous entrez dans une maison de jeu, la loi commence par vous dépouiller de votre chapeau. Est-ce une parabole évangélique et providentielle ? N'est-ce pas plutôt une manière de conclure un contrat infernal avec vous en exigeant je ne sais quel gage ? Serait-ce pour vous obliger à garder un maintien respectueux devant ceux qui vont gagner votre argent ? Est-ce la police tapie dans tous les égouts sociaux qui tient à savoir le nom de votre chapelier ou le vôtre, si vous l'avez inscrit sur la coiffe ? Est-ce enfin pour prendre la mesure de votre crâne et dresser une statistique intructive sur la capacité cérébrale des joueurs ? Sur ce point l'administration garde un silence complet. Mais, sachez-le bien, à peine avez-vous fait un pas vers le tapis vert, déjà votre chapeau ne vous appartient pas plus que vous ne vous appartenez à vous-même : vous êtes au jeu, vous, votre fortune, votre coiffe, votre canne et votre manteau. À votre sortie, le jeu vous démontrera, par une atroce épigramme en action, qu'il vous laisse encore chose en vous rendant votre bagage. Si toutefois vous avez une coiffure neuve, vous apprendrez à vos dépens qu'il faut se faire un costume de joueur.

(début de La Peau de chagrin)

Je mets au défi quiconque de me montrer de la lourdeur dans cette ouverture drôle et saisissante.

Oui. Sans, l'armoire est bancale.

Comparé à Illusions perdues ou Splendeur et misères des courtisanes, il n'est pourtant guère épais (comme eût dit Tolstoï).

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Le Père Goriot est justement une des pénibleries que j'ai lues des précités. C'est long, lourd, ça nage dans des descriptions oiseuses où l'on sent que chaque mot supplémentaire rapportait des thunes. Tant de pages pour aussi peu à dire : un gâchis. J'irai même jusqu'à dire que Balzac était un écoterroriste en provoquant ainsi la taille de tant d'arbres pour supporter ses basses besognes.

Génération Google et Video Gaymz.

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Je mets au défi quiconque de me montrer de la lourdeur dans cette ouverture drôle et saisissante.

Eh bien c'est vraiment une histoire de goût. Moi, je n'aime pas, dans un livre, les descriptions looooooooooooooongues. L'intérêt de la lecture est de faire marcher l'imagination. C'est c'est pour faire des descriptions hyper-pointues ou précises, on fait dans le picturofascisme et on empêche le lecteur d'imaginer. C'est comme ça.

Génération Google et Video Gaymz.

J'aurai 10 ans de moins, je pourrai vaguement tomber dans le travers. Mais là, tout de même…

Posté
Eh bien c'est vraiment une histoire de goût. Moi, je n'aime pas, dans un livre, les descriptions looooooooooooooongues. L'intérêt de la lecture est de faire marcher l'imagination. C'est c'est pour faire des descriptions hyper-pointues ou précises, on fait dans le picturofascisme et on empêche le lecteur d'imaginer. C'est comme ça.

Dans le passage posté par RH la description du bonhomme fait une ligne. C'est ça, trop long?

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Dans le passage posté par RH la description du bonhomme fait une ligne. C'est ça, trop long?

Je crois que h16 pensait plutôt à ce genre de passage dans Le père Goriot :

Cette première pièce exhale une odeur sans nom dans la langue, et qu'il faudrait appeler l' odeur de pension. Elle sent le renfermé, le moisi, le rance; elle donne froid, elle est humide au nez, elle pénètre les vêtements; elle a le goût d'une salle où l'on a dîné; elle pue le service, l'office, l'hospice. Peut-être pourrait-elle se décrire si l'on inventait un procédé pour évaluer les quantités élémentaires et nauséabondes qu'y jettent les atmosphères catarrhales et sui generis de chaque pensionnaire, jeune ou vieux. Eh bien! malgré ces plates horreurs, si vous le compariez à la salle à manger, qui lui est contiguë, vous trouveriez ce salon élégant et parfumé comme doit l'être un boudoir. Cette salle, entièrement boisée, fut jadis peinte en une couleur indistincte aujourd'hui, qui forme un fond sur lequel la crasse a imprimé ses couches de manière à y dessiner des figures bizarres. Elle est plaquée de buffets gluants sur lesquels sont des carafes échancrées, ternies, des ronds de moiré métallique, des piles d'assiettes en porcelaine épaisse, à bords bleus, fabriquées à Tournai. Dans un angle est placée une boite à cases numérotées qui sert à garder les serviettes, ou tachées ou vineuses, de chaque pensionnaire. Il s'y rencontre de ces meubles indestructibles, proscrits partout, mais placés là comme le sont les débris de la civilisation aux Incurables. Vous y verriez un baromètre à capucin qui sort quand il pleut, des gravures exécrables qui ôtent l'appétit, toutes encadrées en bois verni à filets dorés; un cartel en écaille incrustée de cuivre; un poêle vert, des quinquets d'Argand où la poussière se combine avec l'huile, une longue table couverte en toile cirée assez grasse pour qu'un facétieux externe y écrive son nom en se servant de son doigt comme de style, des chaises estropiées, de petits paillassons piteux en sparterie qui se déroule toujours sans se perdre jamais, puis des chaufferettes misérables à trous cassés, à charnières défaites, dont le bois se carbonise. Pour expliquer combien ce mobilier est vieux, crevassé, pourri, tremblant, rongé, manchot, borgne, invalide, expirant, il faudrait en faire une description qui retarderait trop l'intérêt de cette histoire, et que les gens pressés ne pardonneraient pas. :doigt: Le carreau rouge est plein de vallées produites par le frottement ou par les mises en couleur. Enfin, là règne la misère sans poésie; une misère économe, concentrée, râpée.

:icon_up:

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H16, merci de ne plus poster sur le forum, Lucilio reprend en charge ta com', pour sauver ce qui peut encore l'être.

@Liocilu: il répondait tout de même au post de RH avec le passage contenu par ce post. Mais bon, je te laisse essayer de rattrapper le coup pour H16, je suis content que quelqu'un s'y colle.

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@Liocilu: il répondait tout de même au post de RH avec le passage contenu par ce post. Mais bon, je te laisse essayer de rattrapper le coup pour H16, je suis content que quelqu'un s'y colle.

Seulement Ronnie était particulièrement malhonnête (est-ce Dieu possible !?) en proposant justement un passage sans description à proprement dit. J'ai seulement rétabli la vérité littéraire en postant un passage de Balzac où il s'est bien fait de la thune au mot.

(Et puis, moi j'ai envie de goûter aux enfants de h16 et être invité à sa pendaison de crémaillère. Et pis il me laisse colorier ses posts en rose.)

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Je crois que h16 pensait plutôt à ce genre de passage dans Le père Goriot :

:icon_up:

You made my point. Thanx.

Et je te paye une bière quand tu veux :doigt:

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H16, merci de ne plus poster sur le forum, Lucilio reprend en charge ta com', pour sauver ce qui peut encore l'être.

@Liocilu: il répondait tout de même au post de RH avec le passage contenu par ce post. Mais bon, je te laisse essayer de rattrapper le coup pour H16, je suis content que quelqu'un s'y colle.

Ecoute, je suis désolé si tu as la sensibilité d'un pied de marmite en fonte, mais force est de constater que Balzac fait dans le long et chiant. Que tu avales ce genre de paragraphes sans broncher, c'est ton plaisir, tant mieux. Moi, je ne suis pas calibré comme ça. C'est tout.

Et rattraper ne prend qu'un p.

Du tout. Ca n'était pas le même passage. Coquinou.

Il apparaît évident que, parfois, Balzac devait faire court. Comme tout le monde, il avait une vessie.

Mais le reste du temps, quand cette dernière le laissait tranquille, il s'étalait. Et comme ça devait probablement être un tout petit buveur (d'eau, qui plus est), on voit ce que ça a donné.

Et tu me dois 12€. Ce sont les royalties pour Coquinou®™©.

Posté
Il apparaît évident que, parfois, Balzac devait faire court.

Le Père Goriot, Ferragus, La Duchesse de Langeais, La Fille aux yeux d'or, mais aussi Louis Lambert ou encore Jésus-Christ en Flandre sont très courts.

Mais le reste du temps, quand cette dernière le laissait tranquille, il s'étalait. Et comme ça devait probablement être un tout petit buveur (d'eau, qui plus est), on voit ce que ça a donné.

Il donnait plutôt l'impression d'un bon vivant (« Le vin a nourri mon corps tandis que le café entretenait mon esprit »), mais il est vrai qu'il composa un Traité des excitants, dans lequel nous pouvons lire :

La régie fera sans doute contredire ces observations sur les excitants qu'elle a imposés ; mais elles sont fondées, et j'ose avancer que la pipe entre beaucoup dans la tranquillité de l'Allemagne ; elle dépouille l'homme d'une certaine portion de son énergie. Le fisc est de sa nature stupide et anti-social ; il précipiterait une nation dans les abîmes du crétinisme, pour se donner le plaisir de faire passer des écus d'une main dans une autre, comme font les jongleurs indiens.

De nos jours, il y a dans toutes les classes une pente vers l'ivresse que les moralistes et les hommes d'Etat doivent combattre ; car l'ivresse, sous quelque forme qu'elle se manifeste, est la négation du mouvement social. L'eau-de-vie et le tabac menacent la société moderne. Quand on a vu à Londres les palais du gin, on conçoit les sociétés de tempérance.

Brillat-Savarin, qui, l'un des premiers, a remarqué l'influence de ce qui entre dans la bouche sur les destinées humaines, aurait pu insister sur l'utilité d'élever sa statistique au rang qui lui est dû, en faisant la base sur laquelle opéreraient de grands esprits. La statistique doit être le budget des choses ; elle éclairerait les graves questions que soulèvent les excès modernes relativement à l'avenir des nations.

Le vin, cet excitant des classes inférieures, a, dans son alcool, un principe nuisible ; mais au moins veut-il un temps indéfinissable, en rapport avec les constitutions, pour faire arriver l'homme à ces combustions instantanées, phénomènes extrêmement rares.

Quant au sucre, la France en a été longtemps privée, et je sais que les maladies de poitrine, qui, par leur fréquence dans la partie de la génération née de 1800 à 1815, ont étonné les statisticiens de la médecine, peuvent être attribuées à cette privation ; comme aussi le trop grand usage doit amener des maladies cutanées.

Certes, l'alcool qui entre comme base dans le vin et dans les liqueurs dont l'immense majorité des Français abusent, le café, le sucre, qui contient des substances phosphorescentes et phlogistiques et qui devient d'un usage immodéré, doivent changer les conditions génératives, quand il est maintenant acquis à la science que la diète ichtyophagique influe sur les produits de la génération.

La régie est peut-être plus immorale que ne l'était le jeu, plus dépravante, plus anti-sociale que la roulette. L'eau-de-vie est peut-être une fabrication funeste dont les débits devraient être surveillés. Les peuples sont de grands enfants, et la politique devrait être leur mère. L'alimentation publique, prise dans son ensemble, est une partie immense de la politique et la plus négligée ; j'ose même dire qu'elle est dans l'enfance.

Ces cinq natures d'excès offrent toutes une similitude dans le résultat : la soif, la sueur, la déperdition de la mucosité, la perte des facultés génératives, qui en est la suite. Que cet axiome soit donc acquis à la science de l'homme :

TOUT EXCÈS QUI ATTEINT LES MUQUEUSES ABRÈGE LA VIE.

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Le Père Goriot, Ferragus, La Duchesse de Langeais, La Fille aux yeux d'or, mais aussi Louis Lambert ou encore Jésus-Christ en Flandre sont très courts.

Tu te trompes de "court". Ils sont court en nombre de page, mais le nombre d'action par paragraphe-carré est effroyablement bas.

Il donnait plutôt l'impression d'un bon vivant, mais il est vrai qu'il composa un Traité des excitants, dans lequel nous pouvons lire :

Tu as fini de m'enquiquiner ? Balzac est imbuvable et un verbeux impénitent, et Zola un misérabiliste qui s'est enrichi sur sa description méticuleuse de la pauvreté des autres, le tout dans un immense bain d'ennui et de langueur poussiéreuse et poussive. J'ai dit. A présent, je me retire de ce débat puéril.

Je crotte Balzac. Je proute Zola.

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TOUT EXCÈS QUI ATTEINT LES MUQUEUSES ABRÈGE LA VIE.

Un type qui écrit ceci ne peut pas être totalement bon.

Je te taquine.

(je sais) :icon_up:

Hé oh, je n'ai pas vu de devis avant les travaux, là.

Fallait pas les faire, alors !

Bon. Paypal accepted.

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Tu as fini de m'enquiquiner ? Balzac est imbuvable et un verbeux impénitent, et Zola un misérabiliste qui s'est enrichi sur sa description méticuleuse de la pauvreté des autres, le tout dans un immense bain d'ennui et de langueur poussiéreuse et poussive. J'ai dit. A présent, je me retire de ce débat puéril.

Je crotte Balzac. Je proute Zola.

Pourtant, hormis la longueur de beaucoup de leurs ouvrages et la volonté de constituer un ensemble romanesque cohérent (chez Zola, il y eut d'ailleurs au moins un autre cycle, qui vira au roman d'anticipation indigeste), tout les sépare.

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L'aurait plus manqué qu'ils fasse des petits ensemble :icon_up: !

Non, fonder une entreprise pharmaceutique. Balzolac 500mg. Ça aurait eu de la gueule comme nom pour un laxatif, non ?

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Balzolac 500mg.

:icon_up:

Une chimère style XIXe siècle : la Gorgone Zola ?

Un seul défaut : ça pue.

J'aime mieux cette couleur. C'est le même prix ?

Allez oui, c'est promo.

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Allez oui, c'est promo.

Je t'expliquerait un IRL dans un lieu discret à l'abri des oreilles et regards indiscrets. Je serai obligé de te fouiller avant. Je ne peux pas t'en dire plus.

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Putain, que ne faut-il pas lire. Achetez-vous un exemplaire du Père Goriot et venez me dire en face que ce n'est pas bon, que c'est lourd, que c'est mal écrit ou Dieu sait quoi encore. Bande de moules.

Je plussoie énergiquement. Quoi que puissent en penser les barbares.

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Je garde un bon souvenir du Balzac… de Henri Troyat. Il avait ceci d'étrange que Troyat expliquait à chaque livre de Balzac que ce n'était pas le meilleur… A la fin je me demandais quel livre Troyat avait vraiment aimé :icon_up:

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Je plussoie énergiquement. Quoi que puissent en penser les barbares.

Les moules ne sont pas barbares. Elles savent très bien s'accompagner de vin blanc ou d'une sauce à la crême. :icon_up:

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