Taranne Posté 16 mars 2008 Signaler Posté 16 mars 2008 La France maniaco-dépressiveLes sondages en montagnes russes reflètent une maladie profonde de l’opinion : elle est maniaco-dépressive Contrairement à ce que pense notre confrère Marianne,ce n’est pas Lui, mais nous qui souffrons de troubles mentaux. Car l’enthousiasme soulevé hier par la victoire de Sarkozy était aussi démesuré que l’est aujourd’hui son désaveu généralisé. Le désenchantement actuel suppose un enchantement, performance dont on croyait la politique incapable depuis la fin des idéologies. Si, comme on a coutume de le dire, les Français sont de plus en plus méfiants vis-à-vis de la politique, s’ils la croient de moins en moins capable d’agir sur la réalité et, en conséquence, d’être porteuse d’espoir, pourquoi espèrent-ils encore après chaque élection et pourquoi sombrent-ils si vite dans l’amertume ? Peut-on sérieusement espérer qu’en six mois et par la seule grâce d’un nouveau pouvoir élyséen, les salaires augmenteront aussi rapidement que les prix chuteront ? Et si quelqu’un arrive à nous le faire avaler, notre crédulité nous absoudra-t-elle de toute culpabilité ? La politique menée par l’actuel gouvernement est peut-être bel et bien erronée mais en attendre des résultats avec autant d’impatience pour, au bout de quelque mois, en stigmatiser l’échec absolu ne peut qu’engendrer et alimenter la frustration et le ressentiment. Une fois de plus, on s’est foutu de nous ! Nous voulons du sens, pas seulement des indices et des courbes – tel est le souhait que semblait exprimer l’électorat français pendant la campagne présidentielle. Eh bien, nous l’avons eue, cette politique. Une personne sensée pouvait-elle croire qu’on peut générer “du sens” sans se heurter aux plus vives résistances, sans soulever de tempête ? Par quel miracle un homme pourrait-il proposer “du sens” et être immédiatement applaudi par tout le monde ? Nous avons appelé de nos vœux un chef politique qui apporte du « sens » et nous n’attendons pas six mois pour le lui renvoyer au visage. “Touche pas à ma laïcité”, “politique de civilisation ? un ridicule plagiat !” Pourtant je crois me souvenir qu’il y une année à peine les citoyens de ce pays – et ceux qui étaient tentés par le Ségolénisme aussi – voulaient justement que leur prochain président “touche” à ces sujets. La politique, paraît-il, a remplacé en France la religion – elle est désormais l’unique dépositaire des lendemains qui chantent. Raison pour laquelle on continue de faire de la politique religieusement, Marcel Gauchet a dit l’essentiel sur la question. La révolution ou rien, voilà ce que semble vouloir le Français, “gauche” et “droite” confondues. Chaque camp, chaque clan, rêve d’une intervention spectaculaire, rapide et émouvante qui change tout : le plein emploi, des émissions culturelles en prime time sur chaque chaîne, de même que l’expulsion de tous les immigrés ou la fermeture des centrales nucléaires, le redressement des compte de la Sécu, le respect des personnes âgées. Comment définir ce genre d’événements révolutionnaires, sinon comme des miracles laïques ? Ce “révolutionnisme” ne peut que créer des attentes irréalistes et des faux espoirs qui conduisent à une inéluctable déception. Ce cycle infernal de l’émotion est une mine inépuisable pour des médias qui prospèrent sur l’affect. Au cycle politico-psychologique euphorie-déception correspond le cycle médiatique admiration-détrestation-victimisation (pour Sarkozy, la troisième phase n’a pas encore commencé). Tout cela n’a pas grand-chose à voir avec la politique, entendue comme l’affrontement de projets, et beaucoup à voir avec l’hystérie. Alors, qui donc est le fou ? http://www.causeur.fr/france-maniaco-depressive
xiii Posté 16 mars 2008 Signaler Posté 16 mars 2008 Ouais je pense que le mieux c'est de faire faire un pack France + Wallonie, d'y parquer les quelques socialistes restants sur la planète; on cloture le tout voir murer. Et puis on les laisse payer leur déficit entre eux.
Taishar Posté 16 mars 2008 Signaler Posté 16 mars 2008 Ce constat est partagé par nombre de gens. Certes, il reste des inconditionnels croyant aux promesses électorales hein (maurice!), mais plus autant qu'avant, la politique déçoit. De même que nombre de personnes ont voulu croire en un vent de réformes sarkozystes (pendant la campagne) qui s'est vite arrêté de souffler pour cause de clientélisme et d'un manque de couilles. C'est bien le problème du "tout attendre de l'état" : quand il n'apporte rien, beaucoup d'individus ne savent plus quoi faire.
Fredo Posté 16 mars 2008 Signaler Posté 16 mars 2008 Les sondages en montagnes russes reflètent une maladie profonde de l’opinion : elle est maniaco-dépressive N'importe quoi.
Apollon Posté 16 mars 2008 Signaler Posté 16 mars 2008 En tout cas le plan de repousser les élections municipales pour maintenir l'équilibre a marché. Une grosse victoire pour Sarkozy, une branlée pour la droite. Mais est-ce bien moral ce genre de calcul ? Il montre en tout cas que les gouvernants se font peu d'illusions.
Ash Posté 16 mars 2008 Signaler Posté 16 mars 2008 La politique, paraît-il, a remplacé en France la religion – elle est désormais l’unique dépositaire des lendemains qui chantent. Raison pour laquelle on continue de faire de la politique religieusement, Marcel Gauchet a dit l’essentiel sur la question. La révolution ou rien, voilà ce que semble vouloir le Français, “gauche” et “droite” confondues. Chaque camp, chaque clan, rêve d’une intervention spectaculaire, rapide et émouvante qui change tout : le plein emploi, des émissions culturelles en prime time sur chaque chaîne, de même que l’expulsion de tous les immigrés ou la fermeture des centrales nucléaires, le redressement des compte de la Sécu, le respect des personnes âgées. Comment définir ce genre d’événements révolutionnaires, sinon comme des miracles laïques ?
Harald Posté 17 mars 2008 Signaler Posté 17 mars 2008 En fait, c'est autrement plus simple que toutes ces doctes explications sur le comportement de nos con-citoyens. L'électeur moyen, pléonasme, n'est rien d'autre qu'une manière d'ado attardé qui croit que dès lors qu'il a fait un choix tout va changer, tout de suite. Il met de côté la dure réalité de ce monde et croit dur comme fer que le bulletin de vote qu'il a glissé dans l'urne est une sorte de baguette magique que la bonne fée Sarko va agiter pour transforme le chômeur/citrouille en carrosse/plein emploi. Il imagine que grâce à une formule magique l'impôt va baisser, les salaires augmenter et pourquoi pas puisque l'on est dans le domaine du rêve éveillé que la durée légale du temps de travail va baisser. La dette ? Mais c'est que notre mage est tout puissant, il va l'effacer comme on a effacé celle des pays africains. Je ne sais rien du passé, je ne comprends rien au présent, mais je veux, je vote. Et si je n'obtiens pas rapidement ce que j'ai demandé au Père Noël Sarko, je fais ma petite crise, je trépigne, je le punis en lui retirant ma confiance lorsque les sondeurs viennent me demander mon avis et je vote à gauche dès que je le peux rien que pour l'embêter et lui montrer que je boude. Comme disait Desproges, l'enfant croit au Père Noël, l'adulte vote. Vive la démocrassie.
roubachov Posté 17 mars 2008 Signaler Posté 17 mars 2008 C'était du reste le titre d'un chapitre de l'un des plus récents bouquins de l'excellente G. Ottenheimer:
free jazz Posté 17 mars 2008 Signaler Posté 17 mars 2008 En fait, c'est autrement plus simple que toutes ces doctes explications sur le comportement de nos con-citoyens. L'électeur moyen, pléonasme, n'est rien d'autre qu'une manière d'ado attardé qui croit que dès lors qu'il a fait un choix tout va changer, tout de suite. J'ai d'ailleurs la conviction de mieux en mieux étayée par l'expérience que les campagnes électorales sont des épidémies chroniques d'hystérie collective, pendant lesquelles les gens défoulent leurs frustrations quotidiennes dans une sorte de décharge d'agressivité à l'encontre de boucs-émissaires livrés par les démagogues à la vindicte populaire, suivies de poussées de fièvre hallucinatoires, qui font croire aux sujets atteints par ces transes collectives dans les pouvoirs surnaturels attribués aux prêtres séculiers que sont les politiciens, lesquels prétendent les guérir de leur maux et de leurs souffrances, voire transformer leur vie ou la société, à l'instar des charlatans dont on reçoit les prospectus dans nos boîtes à lettres.
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