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La guerre des capitalismes aura lieu


William White

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Posté

Je viens d'en commencer la lecture. Quelqu'un l'a lu? J'ai l'impression que la conclusion va rapidement glisser vers la régulation…

L'intrusion des fonds souverains dans le capital des grandes banques est un signe qui ne trompe pas : Russes, Chinois, Saoudiens sont lancés à l'assaut des places fortes américaines, anglaises et bientôt européennes tout entières. Au lieu du capitalisme mondial pacifié que l'on nous promettait après la chute du mur de Berlin et de l'URSS, la guerre des capitalismes est notre horizon de court terme. Dans l'esprit et la manière qui ont fait le succès de leurs précédentes publications, notamment Un monde de ressources rares, Le Cercle des économistes a entrepris de décortiquer les menaces, les formes et les enjeux de ce conflit. Pas par goût du catastrophisme, mais parce que la concurrence des modèles, leur confrontation sont autant une chance qu'un risque majeur pour la planète.

Posté
J'ai l'impression que la conclusion va rapidement glisser vers la régulation…

Ooooooooooh, bah ce serait vraaaaaaaaaiment étonnant.

Posté
Ooooooooooh, bah ce serait vraaaaaaaaaiment étonnant.

Pourquoi, je croyais que le cercle des économistes était plutôt sérieux dans ses travaux. Si je prends la liste des rédacteurs de cet ouvrage:

Jean-Hervé Lorenzi pour l'introduction

Patrick Artus pour le premier chapitre (victoire en trompe l'oeil du capitalisme anglosaxon)

Michel Aglietta, Jeffry A. Frieden, Peter A. Hall, Andrei Schleifer pour le deuxième chapitre (unité et diversité du capitalisme)

Anton Brender, André Cartapanis, Jean-Paul Pollin pour le troisième chapitre (forces de convergence du capitalisme financier)

Patrick Artus pour le quatrième chapitre (bataille pour le capital)

Benoit Coeuré, Bertrand Jacquillat, Jean-Hervé Lorenzi, Catherine Lubochinsky pour le cinquième chapitre (rôle des nouveaux acteurs)

Jean-Paul Betbèze, Jean-marie Chevalier pour le sixième chapitre (ressources rares)

Jean-Michel Charpin, Jean Pisani-Ferry pour le septième chapitre (place de l'Europe)

Christian de Boissieu, Jacques Mistral, Olivier Pastré pour le huitième chapitre (réformes nécessaires des institutions internationales)

Posté
Le titre est un peu inquiétant : la guerre associé au(x) capitalisme(s).

Faut faire attention, pour bcp de gens, "capitalisme", signifie "capitalisme d'Etat", et non "capitalisme libéral".

Comme cela parle de "fonds souverains", càd de fonds étatique, il ne s'agit clairement pas de "capitalisme libéral".

Il s'agit de guerre entre différentes formes de "capitalismes d'Etat".

Les fonds souverains amorcent une nouvelle vague sans précédent, à savoir la capacité à grande échelle de l'étatisation transnationale.

De là, le titre n'est pas idiot.

Posté

Effectivement, on se place dans une optique de multiplication des capitalismes, qui me dérange beaucoup, car cela dénature le concept même de capitalisme.

Pour ma part, les fonds souverains sont des fonds racailles.

Posté
Effectivement, on se place dans une optique de multiplication des capitalismes, qui me dérange beaucoup, car cela dénature le concept même de capitalisme.

Exactement.

Pourquoi, je croyais que le cercle des économistes était plutôt sérieux dans ses travaux. Si je prends la liste des rédacteurs de cet ouvrage:

Jean-Hervé Lorenzi pour l'introduction

Patrick Artus pour le premier chapitre (victoire en trompe l'oeil du capitalisme anglosaxon)

Michel Aglietta, Jeffry A. Frieden, Peter A. Hall, Andrei Schleifer pour le deuxième chapitre (unité et diversité du capitalisme)

Anton Brender, André Cartapanis, Jean-Paul Pollin pour le troisième chapitre (forces de convergence du capitalisme financier)

Patrick Artus pour le quatrième chapitre (bataille pour le capital)

Benoit Coeuré, Bertrand Jacquillat, Jean-Hervé Lorenzi, Catherine Lubochinsky pour le cinquième chapitre (rôle des nouveaux acteurs)

Jean-Paul Betbèze, Jean-marie Chevalier pour le sixième chapitre (ressources rares)

Jean-Michel Charpin, Jean Pisani-Ferry pour le septième chapitre (place de l'Europe)

Christian de Boissieu, Jacques Mistral, Olivier Pastré pour le huitième chapitre (réformes nécessaires des institutions internationales)

Justement, les seuls économistes que je connaisse de la liste (à peu près le tiers) font peur (à l'exception de Schleifer)!

Posté

La diversité des capitalismes est visiblement une obsession du cercle des économistes. Déjà il y a un an il y avait eu une conférence sur trois jours à Aix.

Posté
JEAN-HERVÉ LORENZI ET PHILIPPE TRAINAR

Quand le choc financier remet les pendules à l'heure

[ 14/05/08 ]

L'année 2008 sera, sans nul doute, celle de la réorganisation la plus importante que le capitalisme financier mondial ait connue depuis un demi-siècle. Nul ne peut, aujourd'hui, se prononcer clairement sur l'impact qu'elle aura sur la conjoncture mondiale. Mais une chose est certaine, elle modifiera profondément le rôle, l'importance, le statut et le développement des fonds d'investissement. C'est ainsi que va être levée une véritable interrogation, lancée il y a vingt ans par M. Jensen. Celui-ci expliquait avec force arguments que le monde du capital-investissement, c'est-à-dire celui du non-coté, allait se substituer très largement au monde plus traditionnel des entreprises financées par les marchés. On allait donc changer de monde, car cette transformation trouvait son origine dans un vrai changement, disait-il, du mode de gouvernance des entreprises concernées. En effet, une relation beaucoup plus forte entre actionnaires et management caractérisait cette évolution.

La crise financière a remis tout cela en question. On allait assister à une véritable attrition des grandes opérations de LBO, car leurs conditions de financement sont tellement modifiées, en raison de la crise des crédits, qu'elles perdent une partie de leurs attraits. Mais, si l'on va un peu plus loin et si l'on s'interroge sur l'avenir des fonds d'investissement, on constate qu'ils ont été investisseurs dans des catégories d'entreprises très différentes et que leur rôle a été déterminant dans le développement de celle-ci. Voilà le débat tel qu'il se présente : d'une part, les fonds d'investissement, notamment les plus sophistiqués d'entre eux, ne trouvent plus de liquidités pour financer leurs investissements. Faute de pouvoir emprunter, la grande machine de l'ingénierie financière semble s'être brutalement arrêtée. La crise a remis les pendules à l'heure. Fini les opérations à effet de levier, qu'une politique monétaire trop longtemps trop laxiste, particulièrement aux Etats-Unis, a indûment encouragées. Tout le monde est prié de revenir aux fondamentaux économiques et à la création de valeur économique comme seule source de revenus durable sur le long terme. Reste à retrouver la trace de ces fondamentaux recouverts par les scories des excès récents. Ceci ne peut être réalisé que par tâtonnements successifs qui donnent parfois l'impression que la crise n'en finit pas de s'approfondir alors qu'elle opère aussi un grand travail de nettoyage des décisions erronées de ces dernières années. Mais, d'autre part, attention de ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain. S'il y a bien eu un recours excessif à l'effet de levier, qui s'est traduit par une progression de plus de 50 % de la dette des entreprises en Europe et aux Etats-Unis au cours des dix dernières années, celui-ci n'est pas limité aux fonds d'investissement. Surtout, l'activité des fonds d'investissement ne recouvre pas qu'une activité à effet de levier.

Le LBO ne constitue qu'une partie, certes importante en volume, du « private equity » mais certainement pas la plus intéressante économiquement. En effet, le véritable ferment du capital-investissement ne réside pas là, il se trouve dans les fonds de capital-risque et de capital-développement qui fournissent la base du dynamisme et de la capacité d'innovation de nos PME, auxquels ils procurent ce financement que les banques leur refusent depuis le début des années 1990. Ces fonds apportent à nos PME non seulement un financement mais aussi un gouvernement d'entreprise et un soutien stratégique dont elles ont tant besoin pour réussir. C'est par et à travers les fonds de capital-investissement que notre tissu industriel est en train de se renouveler en profondeur.

Enfin, toute opération à effet de levier n'est pas, en soi, mauvaise. Beaucoup d'équipes de fonds LBO ont commis l'erreur de poursuivre des stratégies d'endettement maximal, qui visent à maximiser les profits de très court terme, aux dépens des stratégies d'endettement optimal, qui visent à optimiser la structure du bilan des PME afin de les positionner sur des trajectoires de croissance durablement plus élevées.

Et, c'est bien le côté salutaire de la crise actuelle que d'obliger les LBO à remettre en cause ces stratégies d'endettement maximal pour revenir à des stratégies qui font sens économiquement. De fait, seuls les fonds d'investissement qui ont une réelle plus-value économique vont survivre à la crise. Et quand, en France, on dénonce régulièrement le manque de grands investisseurs français ou européens de long terme, on dénonce également le rôle des fonds ou sociétés d'investissement qui, en partageant capital financier et capital humain, redessinent les contours d'un nouveau capitalisme. Un capitalisme où la création durable de valeur est encouragée, où les intérêts des managers et des actionnaires sont alignés, où les capitaux soutiennent le développement et la croissance de long terme face à certaines vues court-termistes. Le débat tel que nous le lançons dans le rapport du Conseil d'analyse économique (1) illustre bien que nous en sommes aux premières étapes de réflexion sur un partage équitable entre capital humain et capital financier. A n'en pas douter les fonds d'investissement les plus rigoureux et les plus créateurs de valeur à long terme sont ceux qui constituent le sel du nouveau capitalisme français de l'après-crise et qui dessinent les traits de notre modèle de croissance pour les années à venir.

http://www.lesechos.fr/info/analyses/4725907.htm

Le capitalisme est mort. Vive le capitalisme!

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