Taranne Posté 28 mai 2008 Signaler Posté 28 mai 2008 EntretienMarcela Iacub : “Jamais le sexe n’a été autant réprimé, dans un espace aussi érotisé” Le 26 mai 2008 à 11h05 LE FIL IDéES - L'Etat se mêle-t-il trop de notre vie sexuelle ? Dans son dernier livre, “Par le trou de la serrure”, cette juriste à la plume alerte, volontiers provocatrice, livre une stimulante histoire de la pudeur depuis le XIXe siècle. Mais surtout, elle dénonce l'interventionnisme grandissant de l'Etat dans la sphère privée. Aurait-on raté la révolution des mœurs ? Vit-on un nouvel ordre sexuel ? Nous avons posé quelques questions à Marcela Iacub, invitée à un tchat ici même à partir de midi. Marcela Iacub : “Je trouve extrêmement inquiétant que l'Etat s'occupe de notre bonheur” | 26 mai 2008 Barbant, le droit ? Pas sous la plume alerte et pleine d'humour de Marcela Iacub. C'est que cette juriste, chercheuse au CNRS, en a fait son outil principal pour mieux décortiquer nos moeurs et notre société. Libertaire et volontiers provocatrice, elle a souvent choqué par ses prises de position, qu'elle dénonce le pouvoir des mères et la « loi du ventre », qu'elle défende la pornographie ou encore s'élève contre l'immixtion croissante de l'Etat dans la sexualité individuelle. Dans le droit fil de Michel Foucault, Iacub défend l'idée d'une liberté sexuelle fondée sur le consentement des individus, où l'Etat n'interviendrait pas : une liberté sexuelle aussi libre que celle du commerce. Dans son dernier livre, Par le trou de la serrure (1), elle revient sur ses thèmes de prédilection, nous plongeant cette fois dans l'histoire de la pudeur publique, du XIXe siècle à nos jours. Et nous raconte comment les juges ont peu à peu substitué la notion de sexe à celle de pudeur, transformant nos espaces, nos vêtements, notre culture… Un ouvrage réjouissant où l'on retrouve la « marque de fabrique » de Marcela Iacub : un vrai talent pour traiter du droit comme d'une matière vivante, infiniment humaine. Et une capacité à bousculer les idées reçues et à nous prendre à rebrousse-poil. Pourquoi vous êtes-vous intéressée à la « civilisation de la pudeur » de nos anciens ? J'essaie de poser un regard moins idéologique et plus curieux sur notre histoire, en particulier l'histoire des moeurs. Dans ce domaine, les spécialistes sont tellement soucieux de glorifier notre « modernité » et de dénoncer un passé forcément honni qu'ils ne prennent pas le temps de réfléchir au fonctionnement des institutions révolues. La plupart ont oublié que la France a été un pays d'avant-garde en matière sexuelle jusqu'au XXe siècle ! Après la révolution de 1789, le droit pénal s'est séparé de la religion et la France est alors le seul pays occidental à abolir les crimes liés à l'hérésie, comme la zoophilie, la sodomie ou l'inceste (2). En 1860, les Anglais pendent encore les sodomites et les homosexuels, les Autrichiens punissent l'inceste entre adultes et les Suisses interdisent le concubinage… Cela dit, la société est alors dominée par le père, qui a toute autorité sur la famille… Ce n'est pas vraiment un modèle d'avant-garde en matière de moeurs ! Effectivement, la société post-révolutionnaire s'est construite sur l'idée que le père était tout-puissant et disposait de pouvoirs politiques délégués par l'Etat, avec tous les risques d'autoritarisme que présentait cette situation. Je ne fais pas l'apologie de cet ordre-là ! Mais je constate que l'Etat n'intervenait pas dans l'espace privé quand il n'y avait pas de violence. L'article 330 du Code pénal de 1810, qui définissait l'« outrage public à la pudeur », avait bâti un « mur de la pudeur » départageant les mondes privé et public. Vous étiez libre de faire ce que vous vouliez dans le premier. Dans le second, l'Etat réprimait toute expression de la sexualité : il fallait alors accorder une attention au moindre de ses gestes, et vous méfier des fenêtres, des braguettes ou des portes mal fermées… Cette séparation totalement étanche et qui nous semble aujourd'hui impensable était une solution de compromis. Et une forme de libéralisme puritain ! Un peu comme si l'Etat disait : « Je ne me mêle pas de votre vie érotique mais surtout ne me la montrez pas ! Le sexe est répugnant et source de troubles, alors ne me demandez pas de le reconnaître dans l'espace public. » A la différence des autres infractions contre les moeurs, l'article 330 ne cherchait pas à s'immiscer dans les rapports entre les individus ni à juger les comportements sexuels. Il se contentait de les qualifier spatialement, selon l'endroit où ils avaient lieu. L'Etat napoléonien y a d'ailleurs trouvé l'occasion de rompre avec les pratiques envahissantes et violentes des siècles précédents. Sauf que le monde privé était une zone de non-droit ? Tout était possible, sauf la violence. Mais il fallait la prouver, ce qui était bien plus difficile qu'aujourd'hui en raison d'un système de preuves exigeant. D'ailleurs toute la rationalité juridique s'articulait autour de la défense de la famille : il ne pouvait pas y avoir de viol entre époux. Les rapports sexuels brutaux entre époux pouvaient à la rigueur être qualifiés d'«attentats à la pudeur avec violence », quand il ne s'agissait pas de coït classique… Cela dit, nous ne sommes pas pour autant passés d'un monde dans lequel on était accablés par des contraintes injustes à un régime de liberté sexuelle et procréative. Le mariage, qui organisait la vie privée de façon rigide et terrifiante, a été remplacé par un autre concept tout aussi arbitraire : le sexe. La terreur est toujours présente, mais elle s'applique de façon différente et porte sur d'autres aspects que par le passé. Terreur, vous y allez fort ! Nous sommes convaincus que notre modernité a atteint une sorte d'optimum et, du coup, nous oublions qu'elle a aussi contribué à miner l'autorité des instances intermédiaires : les Eglises, l'école et la famille, une instance autonome qui avait la capacité de gouverner les individus et de créer des règles morales. C'était un ordre conservateur et autoritaire, mais il présentait un avantage : éviter aux individus d'être directement confrontés à l'Etat. Or, en supprimant ces instances intermédiaires, l'Etat est devenu omniprésent dans notre vie privée. Et il nous a imposé SA vision de la sexualité : une activité dangereuse, capable de nous traumatiser à vie et de ruiner notre existence. En même temps, jamais on n'a aussi librement et autant parlé de sexe : celui-ci a envahi l'espace public, les médias… La sexualité a fait irruption dans l'espace public en même temps que la montée du contrôle des pulsions sexuelles par l'Etat. Car celui-ci cherche désormais à les maîtriser, à faire en sorte que les individus ne se transforment pas en pervers dans un espace où ils sont sans cesse tentés… Comme si on mettait le pécheur à l'épreuve en permanence ! Et c'est en cela que le sexe a permis à l'Etat de légitimer une répression pénale de plus en plus forte et l'inflation carcérale que nous connaissons depuis les années 80. Voilà bien le paradoxe de notre modernité : jamais le sexe n'a été autant pénalement réprimé, dans un espace aussi érotisé. La France détient le record du nombre de détenus pour crime sexuel parmi les pays du Conseil de l'Europe. L'Allemagne en compte deux fois moins, l'Italie, six fois moins et le Danemark, cent dix-huit fois moins. Y aurait-il plus de pervers en France ? Sans doute pas. C'est surtout le signe de la démagogie pénale actuelle. Nous avons inversé le modèle du XIXe siècle. Jadis l'Etat ne s'occupait pas de nos pulsions. Il se contentait d'élever des digues entre les deux mondes, public et privé. Les limites étaient posées à l'extérieur des individus. Aujourd'hui, on interroge de l'intérieur nos désirs et nos mobiles. Jadis, on traquait les « débauchés », ceux dont les moeurs sexuelles contrevenaient à la morale, mais pas les malades qui souffraient de pathologies comme l'exhibitionnisme. Aujourd'hui, c'est le contraire : on tolère les « débauchés », dans les boîtes échangistes par exemple. Et on punit les malades : être exhibitionniste est ainsi devenu une forme de pollution de l'espace public, mais aussi un signe de dangerosité sociale. L'expertise, qui leur avait permis dans le passé de bénéficier de circonstances atténuantes, voire d'être tenus pour irresponsables, s'est mise à jouer dans le sens contraire. Plus l'exhibitionniste est malade, plus il fait l'objet de punitions et de mesures de sûreté. Car toute personne dont les symptômes se manifestent par une déviance sexuelle est perçue comme hautement dangereuse, à terme. La façon dont on traite l'exhibitionnisme est révélatrice de l'esprit démagogique qui inspire les réformes votées en France depuis une quinzaine d'années. On suit la croyance populaire, largement véhiculée par les médias, selon laquelle les criminels et délinquants sexuels ne peuvent que récidiver et commettre des crimes toujours plus atroces. La fascination pour le viol et le meurtre des enfants infléchit l'ensemble des infractions sexuelles, fait de tout agresseur sexuel un tueur potentiel. Si on vous suit, on se dit que la révolution sexuelle n'a vraiment pas eu lieu en 1968… Mai 68 a été le chant du cygne d'un monde voué à disparaître : le monde organisé autour du mariage. Toute la société était d'accord pour changer de modèle, depuis longtemps déjà. Le mariage, comme forme d'organisation de la vie sexuelle et reproductive, était entré en crise depuis 1900. Souvenez-vous que les enfants illégitimes ont obtenu des droits à héritage plus importants dès la fin du XIXe siècle, que la recherche en paternité a été autorisée en 1912. Autant d'étapes qui se sont inscrites dans un processus de remise en question croissante du mariage. Je suis donc convaincue que cette institution allait s'effondrer, que la libération des moeurs allait avoir lieu, avec ou sans Mai 68. C'est ce qui s'est passé dans tous les pays occidentaux. Même les Allemands de l'Est, plongés en pleine ère soviétique, ont choisi d'autoriser l'avortement… Mais, après coup, les gens ont tendance à attribuer aux périodes révolutionnaires la fin de règles que les institutions elles-mêmes ne peuvent plus supporter et qui doivent être changées. Cela n'empêche que Mai 68 ait été une véritable époque révolutionnaire qui a laissé un large espace pour produire un monde nouveau. C'est pour cela que cette période a été aussi joyeuse, audacieuse et insolente. Mais la société a fait par la suite les choix les moins émancipateurs parmi les possibilités qui s'offraient à elle, aussi bien dans le domaine de la famille que dans celui de la sexualité. L'Etat n'a pas laissé à la société civile la liberté de construire sa relation au sexe, d'avoir des cultures sexuelles différentes, tout en respectant bien sûr un certain nombre de limites. Il aurait fallu instaurer deux paramètres minimaux : punir les violences et empêcher qu'on abuse des enfants. Mais, pour le reste, libre à nous de développer notre idée du sexe ! Et dans le domaine de la famille, que faites-vous des grandes réformes des années 70 : l'autorité parentale conjointe, l'égalité entre enfants légitimes et naturels, le divorce par consentement mutuel, l'avortement, etc. ? Notre nouvel ordre sexuel et familial n'a pas été réorganisé autour de l'idée de consentement. La filiation a été pensée autour de la mère et de son ventre fertile, qui décide de faire naître ou pas, quelle que soit la volonté du père. Sur le plan de la vie privée, je crois hélas que nous avons raté la révolution des moeurs. Ce qui explique, par exemple, que les femmes soient toujours moins bien placées que les hommes sur le marché du travail, car on leur a donné beaucoup de pouvoirs privés et, en conséquence, beaucoup d'impuissance publique. Et puis, nous avions peut-être d'autres solutions que d'aller au poste de police ou chez le juge pour régler tous nos conflits privés ! Après tout, la modernité n'est pas une, on peut toujours débattre des formes qu'elle peut prendre. Regardons autour de nous ! Certains pays ont réglé les choses différemment : on y accepte les mères porteuses, on y a légalisé la prostitution… A l'époque de la discussion sur le pacs, certains avaient proposé de créer des liens de solidarité entre plusieurs individus, et pas uniquement au sein du couple, qu'il soit hétérosexuel ou homosexuel. Le pacs aurait pu permettre, par exemple, d'associer des personnes au moyen de liens juridiques alternatifs qui ne soient pas forcément fondés sur la famille. Voilà une proposition sociale intéressante, qui aurait permis d'inventer des formes de vie à plusieurs. Mais nous sommes loin d'une telle réflexion : le gouvernement Fillon a récemment augmenté les avantages pour les héritages, mais toujours dans le cadre familial. ??'aurait été intéressant de l'amplifier, de pouvoir en faire bénéficier des amis, pour favoriser la création de liens avec d'autres gens. Nos sociétés démocratiques auraient intérêt à inventer de nouvelles formes d'association entre individus, comme les socialistes avaient pu en rêver à la fin du XIXe siècle. Propos recueillis par Weronika Zarachowicz Télérama n° 3045 (1) Ed. Fayard, 354 pages, 20 EUR. (2) Les abus sur les mineurs étaient réprimés avec circonstances aggravantes quand il y avait un rapport d'autorité, et non pas en raison de liens familiaux.
LaFéeC Posté 28 mai 2008 Signaler Posté 28 mai 2008 Si tu n'es pas plus explicite sur ce qui est "à boire, à manger et à gerber" je ne vois pas comment (de quoi) on peut débattre…
Taranne Posté 28 mai 2008 Auteur Signaler Posté 28 mai 2008 Si tu n'es pas plus explicite sur ce qui est "à boire, à manger et à gerber" je ne vois pas comment (de quoi) on peut débattre… Elle a toujours cet effet-là sur moi. Bon, j'ai modifié le sous-titre.
LaFéeC Posté 28 mai 2008 Signaler Posté 28 mai 2008 Voilà, on a un sujet : La révolution sexuelle… Comment ne pas être d'accord avec ça : Iacub défend l'idée d'une liberté sexuelle fondée sur le consentement des individus, où l'Etat n'interviendrait pas : une liberté sexuelle aussi libre que celle du commerce. Sur le reste, je suis pas vraiment d'accord, je crois que le constat est faux (et suis pas sure qu'historiquement elle ait raison). Maintenant, je ne pense pas que l'on vive dans une société sexuellement libre (on en a l'impression, comme on peut avoir l'impression que la démocratie est un régime de liberté, mais ce sont des leurres).
José Posté 28 mai 2008 Signaler Posté 28 mai 2008 …je ne pense pas que l'on vive dans une société sexuellement libre… Ah bon ? En quoi te sens-tu réprimée dans ta sexualité, aujourd'hui, en France ?
0100011 Posté 28 mai 2008 Signaler Posté 28 mai 2008 J'aime bien les bouquins de Iacub car ses avis sont étayés, elle ne s'arrête pas au premier lieu commun. En tous cas ça m'a donné envie d'acheter son essais. Je profite de ce message pour mettre le lien amazon qui me permettra de l'acheter et pourra engendrer quelques revenus à lib.org (y a pas de petit profit)
William White Posté 28 mai 2008 Signaler Posté 28 mai 2008 On sait peut-être maintenant que Télérama roule pour le maire socialiste de Paris.
Taranne Posté 28 mai 2008 Auteur Signaler Posté 28 mai 2008 Maintenant, je ne pense pas que l'on vive dans une société sexuellement libre (on en a l'impression, comme on peut avoir l'impression que la démocratie est un régime de liberté, mais ce sont des leurres). Est-ce seulement possible?
Ash Posté 28 mai 2008 Signaler Posté 28 mai 2008 Sur le reste, je suis pas vraiment d'accord, je crois que le constat est faux (et suis pas sure qu'historiquement elle ait raison). Ca devient une habitude avec toutes les références littéraires féministes que tu apprécies. Iacub défend l'idée d'une liberté sexuelle fondée sur le consentement des individus, où l'Etat n'interviendrait pas : une liberté sexuelle aussi libre que celle du commerce. Pardon, mais c'est pas la même idiote auteurE de l'article incriminant l'industrie du porno en alliance avec le machisme capitaliste ? Par ailleurs, oui je suis d'accord avec cette phrase. Il ne doit pas y avoir de police de la braguette pour reprendre une célèbre expression. Pour autant "les métiers du sexe" n'ont pas à être considérés comme n'importe quel autre.
0100011 Posté 28 mai 2008 Signaler Posté 28 mai 2008 Pour autant "les métiers du sexe" n'ont pas à être considérés comme n'importe quel autre. Je ne peux résister à faire remarquer que cet argument à géométrie variable n'est que fraichement reçu dans de nombreux débats. Je pense notamment aux commerces des armes. La justification que je donne au fait que le commerce des armes ne doit pas être considéré comme n'importe quel autre vient du fait que l'utilisation (réaliste hein car on est tous d'accord qu'un bazooka peut faire un beau pot de fleur) d'une arme est à l'opposé même du fondement du libéralisme : à savoir imposer une coercition. Dans le cadre sexuel (prenons le cas de la prostitution par exemple) j'aimerai savoir ce qui motive (en termes de principes fondamentaux) le fait qu'il ne doit pas être considéré comme n'importe quel autre.
Ash Posté 28 mai 2008 Signaler Posté 28 mai 2008 Je ne peux résister à faire remarquer que cet argument à géométrie variable n'est que fraichement reçu dans de nombreux débats. Je pense notamment aux commerces des armes. La justification que je donne au fait que le commerce des armes ne doit pas être considéré comme n'importe quel autre vient du fait que l'utilisation (réaliste hein car on est tous d'accord qu'un bazooka peut faire un beau pot de fleur) d'une arme est à l'opposé même du fondement du libéralisme : à savoir imposer une coercition. Dans le cadre sexuel (prenons le cas de la prostitution par exemple) j'aimerai savoir ce qui motive (en termes de principes fondamentaux) le fait qu'il ne doit pas être considéré comme n'importe quel autre. - Bonsoir chéri, ça a été ta journée ? - Oh épuisante… on est à la bourre pour notre projet, je crois que je vais devoir faire des heures sups samedi.. et toi ma chérie ? - Oh comme d'hab, quelques pipes, 2 ou trois sodos, dont une un peu douloureuse, mais sinon ça s'est bien passé. Au fait j'ai pas trop envie de cuisiner ce soir, on se fait un resto ?
Ash Posté 28 mai 2008 Signaler Posté 28 mai 2008 elle est ou l'argumentation ash? Tout le monde, hormis les faux candides, comprend ce que ça signifie.
LeSanton Posté 28 mai 2008 Signaler Posté 28 mai 2008 Qu'est-ce qu'une société sexuellement libre, entre nous? Cela prête un peu à sourire…
Harald Posté 28 mai 2008 Signaler Posté 28 mai 2008 Comment ne pas être d'accord avec ça : Iacub défend l'idée d'une liberté sexuelle fondée sur le consentement des individus, où l'Etat n'interviendrait pas : une liberté sexuelle aussi libre que celle du commerce. Ainsi donc dans une société où la liberté sexuelle serait totale on ne trouverait rien à redire au fait que papa couche avec sa fille ou son fils pour peu que ces derniers soient d'accord. Ou comment passer quelques milliers d'années de civilisation à la trappe à cause d'une vision adolescente de la liberté sans entraves.
walter-rebuttand Posté 28 mai 2008 Signaler Posté 28 mai 2008 Suis-je le seul à penser que la liberté sans entraves est évidemment LE but politique mais qu'il est illusoire qu'elle puisse s'exercer au vu et au su de la populace (qui a besoin de règles sctrictes) et qu'il est par conséquent fondamental de distinguer comportement public et vie privée?
Ash Posté 28 mai 2008 Signaler Posté 28 mai 2008 Ainsi donc dans une société où la liberté sexuelle serait totale on ne trouverait rien à redire au fait que papa couche avec sa fille ou son fils pour peu que ces derniers soient d'accord.Ou comment passer quelques milliers d'années de civilisation à la trappe à cause d'une vision adolescente de la liberté sans entraves. Elle est où l'argumentation Harald ?
CMuller Posté 28 mai 2008 Signaler Posté 28 mai 2008 Moi je l'aime bien, Marcela, bien trop "culturaliste" à mon goût, mais je partage à peu près son diagnostic sur le naufrage de la "révolution sexuelle" et surtout sur l'incapacité à banaliser la sexualité ou la reproduction. Suis-je le seul à penser que la liberté sans entraves est évidemment LE but politique (…) Non, nous sommes deux, mais je me demande parfois si cela va au-delà…
CMuller Posté 28 mai 2008 Signaler Posté 28 mai 2008 Qu'est-ce qu'une société sexuellement libre, entre nous? Cela prête un peu à sourire… Ben par exemple, une société où les adultes consentants et volontaires ne sont pas emmerdés pour leurs pratiques sexuelles quelqu'elles soient, où la prostitution est reconnue comme un métier normal pouvant faire sa publicité et avoir pignon sur rue, où les articles érotiques et pornographiques sont considérés comme des marchandises anodines… Ce n'est pas tellement une question de société, plutôt de mentalité. Le sexe est un domaine dans lequel on estime comme allant de soi le fait d'établir des régimes d'exception (ou par exemple des peines particulièrement lourdes au pénal), mais sans rationaliser ce point de vue.
h16 Posté 28 mai 2008 Signaler Posté 28 mai 2008 Le mélange joyeux du moral et du légal donne à tout ceci un parfum de pâte-à-modeler qu'on donne aux gamins pour qu'ils jouent.
Wenceslas Posté 28 mai 2008 Signaler Posté 28 mai 2008 Ainsi donc dans une société où la liberté sexuelle serait totale on ne trouverait rien à redire au fait que papa couche avec sa fille ou son fils pour peu que ces derniers soient d'accord.Ou comment passer quelques milliers d'années de civilisation à la trappe à cause d'une vision adolescente de la liberté sans entraves. J'ai du mal à comprendre les limites que l'on pourrait y imposer en même temps, pourquoi l'acte homosexuel ne doit pas être interdit mais l'inceste si? Après je trouve que l'inceste est moralement discutable, mais j'essaye juste de comprendre où est le problème à ça.
0100011 Posté 28 mai 2008 Signaler Posté 28 mai 2008 Ainsi donc dans une société où la liberté sexuelle serait totale on ne trouverait rien à redire au fait que papa couche avec sa fille ou son fils pour peu que ces derniers soient d'accord.Ou comment passer quelques milliers d'années de civilisation à la trappe à cause d'une vision adolescente de la liberté sans entraves. Tout dans la mesure n'est ce pas ? Franchement entre la criminalisation de pratiques personnelles et un projet de société à la burning man il y a une légère marge dans laquelle la discussion peut s'installer. J'attend la livraison du bouquin pour avoir plus de matériel pour en parler. PS : en attendant si Ash pouvait expliciter son point de vue, ça pourrait éviter d'interpréter à tort par exemple.
samib Posté 28 mai 2008 Signaler Posté 28 mai 2008 L'auteure s'insurge contre une régulation étatique du sexe dans la sphère privée. Pour ma part c'est sur le motif de la régulation. En citant Philippe Simonnot, "la religion doit réguler le sexe. Car le sexe est dangereux. Même dans l'acte conjugal de procréation, les Péres fondateurs de l'Eglise recommendaient au mari de ne pas trop prendre de plaisir avec sa femme, ni trop de lui en donner."Rien n'est plus immonde d'aimer sa femme comme une maitresse", rappelait saint Jérôme." J'aimerais savoir en quoi le sexe, la passion sexuelle est dangereuse au point qu'il faut mettre en place des "dispositifs de sécurité"?
CMuller Posté 28 mai 2008 Signaler Posté 28 mai 2008 J'ai du mal à comprendre les limites que l'on pourrait y imposer en même temps, pourquoi l'acte homosexuel ne doit pas être interdit mais l'inceste si? Après je trouve que l'inceste est moralement discutable, mais j'essaye juste de comprendre où est le problème à ça. Pour l'inceste, je dirais que le problème est l'absence de consentement du mineur aggravée par le rapport d'autorité des parents. Cela dit, le fait est que l'on impose des tas de choses aux mineurs sans leur consentement. Disons que dans l'esprit du législateur, la sexualité active présuppose la maturation sexuelle (psychologique et physique), d'où la notion de majorité sexuelle (distincte de la majorité civile - en France, c'est 15 ans). Sinon, certains anthropologues et psychanalystes ont défendu des hypothèses sur l'interdit de l'inceste comme fondement de la civilisation, origine de la culture et propre de l'humanité, mais c'est maintenant considéré comme assez fantaisiste.
CMuller Posté 28 mai 2008 Signaler Posté 28 mai 2008 L'auteure s'insurge contre une régulation étatique du sexe dans la sphère privée. Pour ma part c'est sur le motif de la régulation. En citant Philippe Simonnot, "la religion doit réguler le sexe. Car le sexe est dangereux. Même dans l'acte conjugal de procréation, les Péres fondateurs de l'Eglise recommendaient au mari de ne pas trop prendre de plaisir avec sa femme, ni trop de lui en donner."Rien n'est plus immonde d'aimer sa femme comme une maitresse", rappelait saint Jérôme." J'aimerais savoir en quoi le sexe, la passion sexuelle est dangereuse au point qu'il faut mettre en place des "dispositifs de sécurité"? Toutes les croyances n'ont pas le même rapport à la sexualité. Celle que tu cites est connue pour une approche, disons, quelque peu névrotique de la chair, de la femme, de la sexualité, de la souillure, etc. Elle n'était sans doute pas isolée dans la zone et l'époque de naissance de ses textes de référence, d'ailleurs (le Moyen-Orient néolithique). Du point de vue de l'évolution, on comprend que le sexe soit un problème central pour une espèce consciente. C'est à travers lui que passe la réplication de nos gènes et nous sommes programmés pour maximiser celle-ci (en première approximation). D'où certains dangers des passions amoureuses, comme la jalousie et ses débordements homicides assez fréquents, puisque tu demandes des exemples de danger. Il y a aussi des dangers sanitaires, certains de nos camarades virus et bactéries s'étant spécialisés de longue date dans l'usage de la sexualité comme moyen de réplication (eux aussi ne pensent que ça - se reproduire, j'entends).
Taishar Posté 28 mai 2008 Signaler Posté 28 mai 2008 Honnêtement, je pense que le plumard reste l'un des seuls endroits où l'état n'intervient pas en France hormis la non-reconnaissance de la prostitution (et toutes les lois pénales qui tournent autour). De toute façon, je trouve que le sexe se trouve bien au-delà de la politique - même si les Français se font souvent bai*er par ces derniers.
CMuller Posté 28 mai 2008 Signaler Posté 28 mai 2008 (…)Sur le reste, je suis pas vraiment d'accord, je crois que le constat est faux (et suis pas sure qu'historiquement elle ait raison). (…) Quel constat te semble faux, au juste ? Car MI en fait plusieurs dans l'entretien.
Wenceslas Posté 29 mai 2008 Signaler Posté 29 mai 2008 Toutes les croyances n'ont pas le même rapport à la sexualité. Celle que tu cites est connue pour une approche, disons, quelque peu névrotique de la chair, de la femme, de la sexualité, de la souillure, etc. Elle n'était sans doute pas isolée dans la zone et l'époque de naissance de ses textes de référence, d'ailleurs (le Moyen-Orient néolithique). Du point de vue de l'évolution, on comprend que le sexe soit un problème central pour une espèce consciente. C'est à travers lui que passe la réplication de nos gènes et nous sommes programmés pour maximiser celle-ci (en première approximation). D'où certains dangers des passions amoureuses, comme la jalousie et ses débordements homicides assez fréquents, puisque tu demandes des exemples de danger. Il y a aussi des dangers sanitaires, certains de nos camarades virus et bactéries s'étant spécialisés de longue date dans l'usage de la sexualité comme moyen de réplication (eux aussi ne pensent que ça - se reproduire, j'entends). Comme Strauss oui.
Ash Posté 29 mai 2008 Signaler Posté 29 mai 2008 Moi je l'aime bien, Marcela, bien trop "culturaliste" à mon goût, mais je partage à peu près son diagnostic sur le naufrage de la "révolution sexuelle" et surtout sur l'incapacité à banaliser la sexualité ou la reproduction. Et dans votre vie de tous les jours, comment œuvrez-vous vous en faveur de la banalisation de la sexualité ? Ben par exemple, une société où les adultes consentants et volontaires ne sont pas emmerdés pour leurs pratiques sexuelles quelqu'elles soient, où la prostitution est reconnue comme un métier normal pouvant faire sa publicité et avoir pignon sur rue, où les articles érotiques et pornographiques sont considérés comme des marchandises anodines…Ce n'est pas tellement une question de société, plutôt de mentalité. Le sexe est un domaine dans lequel on estime comme allant de soi le fait d'établir des régimes d'exception (ou par exemple des peines particulièrement lourdes au pénal), mais sans rationaliser ce point de vue. Il fallait bien que vous ajoutiez la rationnalité dans l'histoire ! Sinon, certains anthropologues et psychanalystes ont défendu des hypothèses sur l'interdit de l'inceste comme fondement de la civilisation, origine de la culture et propre de l'humanité, mais c'est maintenant considéré comme assez fantaisiste. Et traités de vieux réacs j'imagine… PS : en attendant si Ash pouvait expliciter son point de vue, ça pourrait éviter d'interpréter à tort par exemple. Si il y a besoin d'expliciter, alors c'est peine perdue. L'auteure s'insurge contre une régulation étatique du sexe dans la sphère privée. Pour ma part c'est sur le motif de la régulation. En citant Philippe Simonnot, "la religion doit réguler le sexe. Car le sexe est dangereux. Même dans l'acte conjugal de procréation, les Péres fondateurs de l'Eglise recommendaient au mari de ne pas trop prendre de plaisir avec sa femme, ni trop de lui en donner."Rien n'est plus immonde d'aimer sa femme comme une maitresse", rappelait saint Jérôme." J'aimerais savoir en quoi le sexe, la passion sexuelle est dangereuse au point qu'il faut mettre en place des "dispositifs de sécurité"? Hé bé… c'est vraiment un guignol ce Simmonot.
alex6 Posté 29 mai 2008 Signaler Posté 29 mai 2008 C'est vrai qu'il serait d'en mettre un coup et de casser ces tabous immondes qui marginalisent ceux qui aiment avoir des relations sexuelles avec des enfants. Ou comment exploser la civilisation en quelques decennies.
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