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Taranne

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Karadzic : la fin d'une longue traque

LE MONDE | 22.07.08 | 08h36 • Mis à jour le 22.07.08 | 09h23

La Haye, correspondance

Psychiatre et poète à ses heures, Radovan Karadzic, l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, pourra bientôt écrire quelques alexandrins depuis la prison du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), aux Pays-Bas. Arrêté, lundi 21 juillet à Belgrade, par les services secrets serbes, l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, recherché depuis treize ans, est accusé de génocide et crimes contre l'humanité.

Durant ses années de cavale, Radovan Karadzic avait banni le téléphone portable. Sa plume, avec laquelle il avait rédigé les programmes de l'épuration ethnique, était le seul moyen à sa disposition pour communiquer avec ses proches. De longs courriers adressés à sa femme Ljiljana étaient tombés entre les mains des forces de l'OTAN lors de l'une des multiples perquisitions du domicile familial de Pale, l'ancien fief du chef des Serbes de Bosnie.

C'est depuis son nid d'aigle, d'où il dominait la ville de Sarajevo assiégée, que, dès le début de la guerre, en 1992, il annotait de rose des cartes d'état-major, délimitant ainsi des zones de guerre devenues ethniquement serbes. Son inculpation par le TPIY, quelques jours après le massacre de Srebrenica en juillet 1995, ne l'avait pas délogé de son observatoire. Pendant quatre ans, le père de l'épuration ethnique en Bosnie-Herzégovine avait circulé librement sous l'œil impuissant d'un bataillon de soldats français de l'OTAN. "Boris Elstine avait dit personnellement à Jacques Chirac de ne pas arrêter Karadzic car sinon, les Russes interviendraient", avait confié au Monde l'ancienne procureure du TPIY, Carla del Ponte. Ces treize années de traque ont été émaillées de compromissions, de tâtonnements, d'obstructions, de rumeurs.

Dès 1996, le mandat d'arrêt avait pourtant produit ses premiers effets. Après un accord avec le négociateur américain Richard Holbrooke, Radovan Karadzic promet de se retirer officiellement de la scène politique. En échange, le chef de guerre aurait gagné une impunité… provisoire. "Nous n'avons jamais eu de preuve formelle de l'existence d'un tel accord, raconte un membre du parquet à La Haye, en revanche, nous avions des preuves qui montraient que les chefs de l'OTAN avaient peur pour leurs hommes."

A Sarajevo, les sarcasmes sur l'inefficacité des soldats de l'Alliance atlantique vont alors bon train. Un informaticien conçoit un jeu vidéo, "Hunting Karadzic" ("traquer Karadzic") pour entraîner les soldats. Des affiches frappées de la mention "wanted" ("recherché"), promettant une prime de 5 millions de dollars en échange de sa capture, fleurissent sur les murs de Bosnie. Les sympathisants de Karadzic, eux, impriment tee-shirts, briquets, porte-clés et calendriers à son effigie, barrée de la mention "heroj" ("héros").

Pour sauver leur peau, des proches tentent de négocier leur impunité, comme l'ancien chef de la police de Serbie, Sreten Lukic, aujourd'hui incarcéré à La Haye. Mais dans l'entité des Serbes de Bosnie, ses soutiens restent fidèles. Au cours des cinq dernières années, gardes du corps, chefs d'entreprise, politiciens font l'objet de multiples interrogatoires, d'arrestations et de perquisitions. Sa femme, Ljiljana Zelen-Karadzic, invite son mari à la reddition sur les radios de Bosnie lorsqu'en juillet 2005 son fils Aleksandar est incarcéré pendant dix jours.

"DIFFICILE À CERNER"

Pendant ce temps, les rumeurs suivent leur cours. Celles du décès du fugitif, de l'intervention d'un chirurgien esthétique serbe de Californie auquel le psychiatre aurait eu recours pour échapper à la justice, celle de son refuge sur le mont Athos, en Grèce, ou de ses déguisements en prêtre orthodoxe, caché dans les monastères de Celebici au sud de la Bosnie et proches des frontières serbes et monténégrines. Elles parfont la légende. La fuite de Radovan Karadzic ajoute à la superbe du héros mythique dans l'esprit de ses partisans.

Ces derniers ont-ils, sur le tard, changé de camp ? "Le ministre de l'intérieur actuel dirige le parti fondé par Milosevic" [l'ancien président ultra-nationaliste serbe mort en 2006], s'étonne un observateur. La formation du nouveau gouvernement à Belgrade, une coalition du Parti socialiste de Serbie et du Parti démocrate formée le 7 juillet, a changé la donne. Les nationalistes de l'ex-premier ministre, Vojislav Kostunica, bloquaient toute livraison à La Haye.

L'ex-chef militaire des Serbes de Bosnie et comparse de Karadzic, Ratko Mladic, inculpé des mêmes chefs d'accusation et également recherché, "est un soldat, qui doit défendre l'honneur national. On lui donne un ordre, il doit accepter. C'est le soldat qu'on sacrifie pour les besoins de la patrie. Mais Karadzic, c'est autre chose. Il est très proche de Kostunica et de ceux qui gravitent dans les milieux nationalistes Serbes", analysait Jean-Daniel Ruch, l'ancien conseiller politique de Carla del Ponte, à l'époque de la traque. Il estimait alors que "logistiquement, Mladic n'est pas autonome. Il a besoin de soutien pour son logement, sa sécurité, sa santé. Karadzic a les moyens. Il semblerait qu'il a perçu une dîme sur le trafic de drogue. Il n'est pas dépendant des institutions de l'Etat. Et il est beaucoup plus difficile à cerner du point de vue opérationnel."

Le TPIY avait vainement tenté de le cerner. Dans sa chasse aux fugitifs, Carla del Ponte avait mis sur pied une équipe autonome chargée de sa traque. Elle n'émargeait pas au budget du tribunal, financé par les Nations unies, car l'ONU s'opposait à toute création d'une force de police internationale. Les procureurs successifs ne devaient compter que sur la coopération des Etats, réveillant leur apathie en fournissant quelques informations récoltées par cette équipe informelle. "Le jour de l'enterrement de la mère de Karadzic à Sarajevo, tous les services secrets du monde étaient présents!", racontait Carla del Ponte. Avec ses faibles moyens, le tribunal "ne compte pas sur les informations des services étrangers. Elles viennent du milieu. Et il y a beaucoup d'informations qui arrivent. Même si c'est à peine crédible, il faut vérifier".

Les deux dernières pistes des hommes de Carla del Ponte remontaient à 2007. Celle d'une prostituée, qui aurait régulièrement rendu visite à l'ancien chef de guerre en Serbie. Et "la piste des médicaments qui lui étaient destinés, et qui avaient transité à travers la moitié de l'Europe !", se rappelle un membre de cette équipe. "Le paquet s'est perdu en Serbie, poursuit-il, nous savions alors que Karadzic était sous le contrôle des Serbes, et qu'ils ne voulaient pas le livrer." Mais le 21 juillet, son arrestation semble n'avoir été qu'une formalité.

Stéphanie Maupas

Posté

On peut toutefois s'interroger sur la légitimité de ce TPIY en tant que machin ONUsien pour le juger, surtout quant à son impartialité, dans la mesure où le droit international se confond avec la justice des vainqueurs au nom d'un pseudo droit humanitaire aux compétences floues.

Il ne serait pas étonnant que ce machin international soit doté dans l'avenir des compétences pour juger les "crimes contre l'environnement", en mettant au banc des accusés les négationnistes climatiques.

Posté

Karadzic, national-socialaud et adepte de la pensée new age :

http://www.lalibre.be/actu/europe/article/435216/meconnaissable-karadzic-a-dupe-son-entourage.html

Selon la télévision B92, Karadzic aurait même fait des conférences sur le thème de bioénergie et méditations et avait publié des articles dans le journal "Zdrav zivot" (Vie saine) sous sa fausse identité.
Posté

Le génocide des 8000 bosniaques à Srebrenica ne résulte pas du seul fait de Ratko Mladic et Radovan Karadzic, il y a à l'évidence une responsabilité de l'ONU dans la défense de la ville, présente avec ses forces, mais qui n'a pas daigné répondre à l'attaque. Il y a d'autres responsables, bien plus coupables dans le confort de la bonne conscience qu'ils affichent à désigner le triste Karadzic comme "l'oussama des Balkans" (désignation ahurissante de pharisianisme), comme seul responsable, et bouc-émissaire tellement commode, oh combien!. L'ONU devrait être déférée au TPY, par honnêteté, simplement par honnêteté intellectuelle et morale, pour duplicité.

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Je lisais justement il y a quelques semaines que le TPI n'avait plus de grand procès depuis quelques mois, ce qui mettait en danger ses subsides. Comme quoi, tout finit par s'arranger.

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Je lisais justement il y a quelques semaines que le TPI n'avait plus de grand procès depuis quelques mois, ce qui mettait en danger ses subsides. Comme quoi, tout finit par s'arranger.

Quelle coincidence! on croirai presque que les sangsues étatiques ont toujours en réserve quelques bonnes raison de justifier leur existence …

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Quelle coincidence! on croirai presque que les sangsues étatiques ont toujours en réserve quelques bonnes raison de justifier leur existence …

Le TPI une sangsue étatique ? Quelle modération…

Je lisais justement il y a quelques semaines que le TPI n'avait plus de grand procès depuis quelques mois, ce qui mettait en danger ses subsides. Comme quoi, tout finit par s'arranger.

Attention à ne pas confondre l'esprit critique avec son contraire, le soupçon.

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