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Cinéma indien


gdog

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Le cinéma indien est souvent puissamment inspiré par des thématiques ou des orientations libérales, comme la dénonciation des mariages arrangés, des castes ou des actions néfastes du gouvernement par exemple.

On peut par exemple se procurer Guru, de l'excellent Mani Ratnam (Dil Se, Bombay), qui a fait un énorme carton en Inde en 2007. 7€ sous-titré français chez tous les revendeurs classique (FNAC, Virgin,…).

Il s'agit d'une évocation de la vie du self made man Dhirubhai Ambani, parti de rien et qui a réussi à créer un empire industriel. Tout y est : monopoles maintenus avec la complicité de l'Etat, difficultés à rassembler un capital de départ, lois arbitraires freinant le développement et la concurrence, journalistes s'emparant du non-respect de ces lois pour créer de la suspicion,…

A travers ce film, on assiste au tournant libéral pris par l'Inde en 1991, qui étouffait auparavant sous le poids d'une aministration tatillonne.

La tirade du procès final vaut son pesant de cacahuètes et se rapproche de celle de La source vive :

Le Président du Jury :

vous avez 5 minutes pour votre défense

Le patron :

Puis-je me tenir debout, ou ai-je aussi besoin d’un permis pour ça ? (rires dans la salle)

Vous dites que je suis contre la loi. Il y a 40 ans, un autre homme l’était aussi. Aujourd’hui, nous le vénérons. En son temps, l’esclavage était la loi… Il a écrit une nouvelle loi : la liberté !

Je ne suis pas Ghandi. Tout ce que je connais, ce sont les affaires, le travail dur, et la pauvreté. Je suis venu à Bombay avec 2 chemises, une femme et un beau-frère. J’ai voulu faire des affaires. Mais les portes des affaires ne sont ouvertes que pour les riches. Ces portes créées par le gouvernement ne peuvent être ouvertes que par des pots-de-vin ou des coups de pied. J’ai fait les 2. Là où j’ai du donner un coup de pied, j’ai donné un coup de pied. Là où les lois m’ont contraint à me plier, j’ai fait des salamalek. Et aujourd’hui vous venez me demander pourquoi j’ai donné tant de coups de pieds, pourquoi j’ai fait tant de salamalek ?

Qu’est-ce qui vous gène ? La croissance de mon entreprise, ou la vitesse de ma croissance ? Ou bien ai-je dépassé vos attentes vis-à-vis d’un villageois ordinaire ?

Vous avez lancé des accusations contre moi : défaut de paiement de taxes, d’impôts de douane, d’impôts sur le revenu, de cette taxe-ci, de cette taxe-là. Quand j’ai commencé les affaires, je ne connaissais même pas le sens de ces mots !

Je suis tombé plusieurs fois avant d’apprendre. Pour économiser l’argent, j’ai marché 20 km avec d’énormes balles de polyester sur ma tête. Je connais la valeur de l’argent. Quand il y avait de l’argent à gagner, je suis allé le chercher. Pas seulement pour moi, mais aussi pour mes 300 millions d’actionnaires.

Je ne sais pas jouer au golf et je ne vais pas aux courses hippiques. Mais je suis un joueur solide dans mes affaires. Je sais comment faire le meilleur polyester, avec des fibres de qualité, avec les meilleurs produits chimiques, et aux meilleurs prix. Est-ce ma faute ? Devrais-je m’excuser ?

J’ai porté des bidons d’essence quand je travaillais dans une station service, pendant que notre pays mendiait auprès de la Banque mondiale : « Donnez-nous de l’argent, nous voulons faire des routes. » Pourquoi ne pouvons-nous pas changer notre destin ? Le nôtre, et celui de notre pays ? Voulez-vous que j’aille livrer des bidons d’essence et que notre pays reste un mendiant pour toujours ? Pourquoi ne pouvons-nous pas atteindre le sommet ? Pourquoi nous appelle-t-on le tiers-monde ? Nous avons autant de droit que les autres d’être un pays développé, et nous pouvons l’être !

J’ai perdu beaucoup de choses ici, à commencer par ma main paralysée. Et le temps que cette commission d’enquête s’achève, je perdrais je ne sais quoi d’autre encore : ma voix, mon esprit. Mais il y a une chose que vous ne pourrez jamais m’arracher : mon courage. Je ne le perdrai jamais. Parce que ce courage est le courage de l’homme de la rue, le courage de ce pays.

Vous voulez m’arrêter, n’est-ce pas ? Mais je ne suis pas seul ! Le pays entier avance avec moi. Et ni vous ni vos lois n’ont la force d’arrêter le pays tout entier. Les portes que vous voulez garder fermées s’ouvrent petit à petit, et nos pieds sont très forts. Quelle commission peut entraver le progrès de ce pays et l’arrêter ? Dites-le moi !

Vous m’avez donné 5 minutes pour ma défense. J’ai terminé en 4 minutes et demi. Bénéfice de 30 secondes. Voilà ce que sont les affaires. Si vous voulez me punir pour ça aussi, vous avez le feu vert. Je n’ai pas peur de votre décision.

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Il y a Swades aussi. C'est amusant de constate que le cinéma indien se fait le relais des idées inverses de celles véhiculées par le cinéma français. Et devinez lequel est laid, gémissant et moraliste…

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Il y a Swades aussi. C'est amusant de constate que le cinéma indien se fait le relais des idées inverses de celles véhiculées par le cinéma français. Et devinez lequel est laid, gémissant et moraliste…

Swades est effectivement un très beau film sur l'accomplissement personnel, et qui démontre au passage que l'immigration libre peut potentiellement apporter autant de richesse au pays d'accueil (le personnage interprété par Shahrukh Khan travaille à la NASA) qu'au pays d'origine (il finit par revenir dans son village natal pour qu'il puisse bénéficier de ses connaissances et de sa logique de progrès matériel - via l'electricité notamment).

Je trouve assez rassurant que le futur pays le plus peuplé au monde parte sur des bases saines, à l'opposé de ce qu'on peut voir en provenance de Chine : grosses productions monumentales et douteuses, cinéma indépendant clandestin.

Dans la même veine : Rang de Basanti, une charge très violente contre la corruption gouvernementale qui frappe durement le citoyen lambda. Le ministre indien de la défense a en effet préféré détourner l'argent destiné à la réparation des avions militaires. Résultat, accident mécanique et mort d'un jeune pilote. Ses amis organisent alors des manifestations pacifiques pour que justice soit faite, mais ils sont violemment molestés. Ils décident alors d'employer les grands moyens : se venger personnellement du ministre responsable de ces négligences en l'assassinant. La dernière scène où les jeunes s'emparent d'un relais de radio pour expliquer au peuple leur geste est très marquant, car très subversif. Autre gros carton en Inde.

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Le patron :

…Pas seulement pour moi, mais aussi pour mes 300 millions d’actionnaires…

Oh la la. Mais ça m'a l'air d'être une grande entreprise, ça.

Tu apprendras ici qu'il y a des tailles d'antreprises libérales et d'autres non et que les grandes entreprises c'est antilibéral.

Apparemment.

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Tu apprendras ici qu'il y a des tailles d'antreprises libérales et d'autres non et que les grandes entreprises c'est antilibéral.

Il me semble qu'il n'y a pas consensus sur ce sujet là parmi les libéraux…

Ca me fait penser à une réplique percutante du film. Un journalisme interroge Gurukant Desai : "Alors, ça fait quoi d'être devenu le roi de l'Inde ?". Et lui de répondre : "Vous avez des actions Shakti Industries ? Oui ? Alors vous êtes aussi le roi de l'Inde !"

L'important n'est pas la taille de l'entreprise. Le message du film, c'est la liberté d'entreprendre, c'est le besoin de desserrer le carcan bureaucratique qui étouffe l'Inde pour qu'elle puisse enfin se développer économiquement. "Si nous pouvions avoir 10 Gurukant Desai, alors l'Inde serait sauvée" dit une salariée.

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Il me semble qu'il n'y a pas consensus sur ce sujet là parmi les libéraux…

Ca me fait penser à une réplique percutante du film. Un journalisme interroge Gurukant Desai : "Alors, ça fait quoi d'être devenu le roi de l'Inde ?". Et lui de répondre : "Vous avez des actions Shakti Industries ? Oui ? Alors vous êtes aussi le roi de l'Inde !"

L'important n'est pas la taille de l'entreprise. Le message du film, c'est la liberté d'entreprendre, c'est le besoin de desserrer le carcan bureaucratique qui étouffe l'Inde pour qu'elle puisse enfin se développer économiquement. "Si nous pouvions avoir 10 Gurukant Desai, alors l'Inde serait sauvée" dit une salariée.

voici ce que ça donnerait en français :

"Si nous pouvions avoir 10 François Pinault, alors la France serait sauvée" dit une salariée.

J'entends déjà les hurlements :icon_up:

ps :doigt: du coup ma copine m'a convaincu de voir Guru.

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voici ce que ça donnerait en français :

"Si nous pouvions avoir 10 François Pinault, alors la France serait sauvée" dit une salariée.

10 François Pinault :icon_up: ? Un c'est déjà trop, merci bien !

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Lagaan est une sombre merde directement inspirée des milliards de films américains sur le base-ball (on prend une mauvaise équipe qui en veut et on la confronte à une excellente équipe de salauds). Rien de libéral, ou bien n'importe quel film l'est.

Le libéralisme n'intéresse pas les cinéastes indiens, surtout du point de vue économique. Le thème politique majeur du cinéma indien contemporain c'est les relations du pays avec le Pakistan (notamment le très mauvais Dil Se, dont tu as parlé).

En fait, le cinéma indien contemporain est, hormis pour son exotisme, totalement inintéressant. Un seul réalisateur sort du lot, Sanjay Leela Bhansali. Et Tarsem Singh, mais lui ne travaille pas en Inde.

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Le libéralisme n'intéresse pas les cinéastes indiens, surtout du point de vue économique. Le thème politique majeur du cinéma indien contemporain c'est les relations du pays avec le Pakistan (notamment le très mauvais Dil Se, dont tu as parlé).

En fait, le cinéma indien contemporain est, hormis pour son exotisme, totalement inintéressant. Un seul réalisateur sort du lot, Sanjay Leela Bhansali. Et Tarsem Singh, mais lui ne travaille pas en Inde.

De fait le cinéma indien valorise les thèmes capitalistes. Au moins dans les films cités au-dessus. Gdog n'est pas isolé pour le remarquer.

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Qu'entends-tu par thèmes capitalistes ? (ce qui, au passage, est différent du message de gdog, qui parlait de mise en avant du libéralisme)

L'entrepreneur, la réussite, l'Etat corrompu, parasite de la société etc

Comme le révèle l'extrait cité par Gdog, la réussite de l'entrepreneur est perçu comme la réussite de tous. En France, la réussite de quelqu'un semble signifier que d'autres se sont fait avoir.

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L'entrepreneur, la réussite, l'Etat corrompu, parasite de la société etc

Comme le révèle l'extrait cité par Gdog, la réussite de l'entrepreneur est perçu comme la réussite de tous. En France, la réussite de quelqu'un semble signifier que d'autres se sont fait avoir.

Les deux positions sont aussi peu fondées l'une que l'autre.

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Les deux positions sont aussi peu fondées l'une que l'autre.

Pour l'une, le bonheur des uns se fait forcément aux dépens des autres. Pour l'autre, c'est l'inverse. En ce qui me concerne, je pense sans surprise, que la poursuite par chacun de ses propres fins - qui peuvent être altruiste - accomplit l'intérêt de tous.

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Pour l'une, le bonheur des uns se fait forcément aux dépens des autres. Pour l'autre, c'est l'inverse. En ce qui me concerne, je pense sans surprise, que la poursuite par chacun de ses propres fins - qui peuvent être altruiste - accomplit l'intérêt de tous.

Ce qui prouve surtout qu'il existe un collectivisme libéral. :icon_up:

En vérité, ce qui m'a fait tiquer dans ton précédent message, c'est l'idée que la réussite d'un entrepreneur lambda serait aussi la réussite de tous. Cela me semble une négation de la complexité du monde. En vérité, plus juste est l'idée selon laquelle la réussite d'un entrepreneur ne ruine pas les chances de réussite des autres individus. Ce qui est très différent.

Tu vois à présent ce que je voulais dire à propos de la théodicée guidant certains de tes messages ? :doigt:

Posté
En vérité, ce qui m'a fait tiquer dans ton précédent message, c'est l'idée que la réussite d'un entrepreneur lambda serait aussi la réussite de tous. Cela me semble une négation de la complexité du monde. En vérité, plus juste est l'idée selon laquelle la réussite d'un entrepreneur ne ruine pas les chances de réussite des autres individus. Ce qui est très différent.

L'entrepreneur réussit en vendant les services et les biens que les gens veulent acheter. Le pendant de sa réussite est donc la satisfaction de ses clients. C'est pour cela que la réussite de l'entrepreneur profite aux autres, en plus du fait qu'elle ne leur nuit pas.

Tu vois à présent ce que je voulais dire à propos de la théodicée guidant certains de tes messages ? :doigt:

Et non :icon_up:

Posté
L'entrepreneur réussit en vendant les services et les biens que les gens veulent acheter. Le pendant de sa réussite est donc la satisfaction de ses clients. C'est pour cela que la réussite de l'entrepreneur profite aux autres, en plus du fait qu'elle ne leur nuit pas.

Bien entendu, mais ce n'est pas ce que tu as écrit :

la réussite de l'entrepreneur est perçue comme la réussite de tous.
Posté
Bien entendu, mais ce n'est pas ce que tu as écrit :

Soit. Ce n'était pas une excellente formule.

  • 1 year later...
Posté
Lagaan est une sombre merde …

J'ai beaucoup aimé ce film, un des seuls films de pratiquement quatre heures que j'aie regardé jusqu'au bout … et la thématique des villageois se battant contre l'impôt injuste n'est pas faite pour me déplaire !

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