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Montaigne enfin disponible en français


Taranne

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Guy de Pernon s'est attelé à traduire les Essais en français moderne. C'est ici.

Pierre Assouline en parle sur son blog, et il est réservé:

Le plaisir est sans mélange mais est-on sûr de ne rien perdre en route ? Rien de la vivacité du style et des trouvailles métaphoriques constitutives de l’esprit de ce bréviaire d’humanisme ? (…) Au fond, on gagne en clarté et compréhension ce que l’on perd en rythme et sonorité. Une autre intelligibilité des Essais est en jeu dans ce projet. Cela vaut-il de sacrifier l’authenticité d’un chef d’oeuvre ?

Ah, les français et leur fétichisme du style…

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Travail intéressant car le texte paraît plus immédiatement clair de nos jours, mais …ce n'est pas le texte écrit par Montaigne, plutôt une traduction qui, aussi humble soit-elle devant l'écrit de ce dernier, est signée d'un autre et ne saurait remplacer la "vérité" de la pensée originelle. Il existe de très bons traducteurs de Faulkner, mais rien ne vaut de le lire dans sa langue d'origine, à son époque et dans son milieu. C'est pourquoi la version d'origine en vis-à-vis de la version moderne me semble le choix le plus juste.

A noter sur ce site autre chose d'intéressant: le "testament" du curé Meslier, que je découvre (oh, puits d'ignorance!) et qui est fascinant d'un point de vue historique comme sur le plan de la question de Dieu: à partir de Descartes, et de ses preuves de Dieu, il aboutit à son inexistence (ce qui ne me surprend qu'à moitié :icon_up: ). Je me demande aussi si ce curé et ses oeuvres ne seraient pas une habile invention, quelqu'un en sait plus?

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Travail intéressant car le texte paraît plus immédiatement clair de nos jours, mais …ce n'est pas le texte écrit par Montaigne, plutôt une traduction qui, aussi humble soit-elle devant l'écrit de ce dernier, est signée d'un autre et ne saurait remplacer la "vérité" de la pensée originelle. Il existe de très bons traducteurs de Faulkner, mais rien ne vaut de le lire dans sa langue d'origine, à son époque et dans son milieu.

Certes… à condition de lire l'anglais. Le problème de Montaigne c'est qu'il est pratiquement illisible pour le lecteur moderne moyen. Je pense donc que l'initiative est bonne si elle permet aux Essais de rencontrer un plus large public.

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Certes… à condition de lire l'anglais. Le problème de Montaigne c'est qu'il est pratiquement illisible pour le lecteur moderne moyen. Je pense donc que l'initiative est bonne si elle permet aux Essais de rencontrer un plus large public.

[lecteur moderne moyen]Je ne trouve pas le texte particulièrement illisible[/lecteur moderne moyen]

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[lecteur moderne moyen]Je ne trouve pas le texte particulièrement illisible[/lecteur moderne moyen]

Lecteur moyen, vraiment? :icon_up:

Posté
Certes… à condition de lire l'anglais. Le problème de Montaigne c'est qu'il est pratiquement illisible pour le lecteur moderne moyen. Je pense donc que l'initiative est bonne si elle permet aux Essais de rencontrer un plus large public.

Voilà. L'original reste toujours disponible, ne l'oublions pas.

Posté

C'est un peu vrai quand même. J'ai lu les Essais dans le texte, et cela ne me semble rien moins qu'insurmontable lorsque l'on prend l'habitude du rythme et du lexique particuliers. Par ailleurs, il existe des notes éclairantes pour ceux qui se donnent la peine de les lire.

Cela dit, je ne vois rien de répréhensible à ce qu'ils soient traduits en français moderne. Rabelais l'est depuis un moment et la version originale n'a pas disparu pour autant.

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Tu lis aussi Chrétien De Troyes dans le texte ?

Si fait, beau sire.

(oui, je sais, ce n'est pas de l'ancien français)

La différence c'est que Chrétien de Troyes est réellement inaccessible, tandis que Montaigne demande juste des efforts. Et comme chacun sait, "traduttore, traditore".

Posté

Accessible c'est une chose - mais ce qui fait la difficulté du moyen français, ce n'est pas tant l'orthographe ou la grammaire, certes fort archaïsantes, mais surtout l'évolution lexicale. De nombreux mots ou expressions semblent directement reconnaissables mais n'ont en fait pas le sens qu'on attend (l'exemple classique, c'est "tout à l'heure", qui en moyen français, veut en fait dire "tout de suite").

Le problème n'est pas alors de ne pas comprendre, mais de faire des contre sens, ce qui est aussi grave voir plus (mieux vaut savoir qu'on a pas compris que croire qu'on a compris). De ce point de vue, une traduction peut effectivement avoir son utilité. Enfin il aurait un moyen de contenter tout le monde, moyen qu'on emploie déjà pour les livres en ancien français : le texte original sur une page, la traduction sur l'autre (ça vaut bien une édition copieusement annotée).

Edit : c'est d'ailleurs, je le réalise, la solution mise en place par le traducteur mentionné au premier post. Mais que demande le peuple ?

Posté
Edit : c'est d'ailleurs, je le réalise, la solution mise en place par le traducteur mentionné au premier post. Mais que demande le peuple ?

Je sais pas moi un bouquin plus petit, parce que l'original fait déjà son poids alors si on le double… 100 balles et un mars aussi ?

Posté
Edit : c'est d'ailleurs, je le réalise, la solution mise en place par le traducteur mentionné au premier post. Mais que demande le peuple ?

En es-tu certain ? Je lis que le livre n'est qu'une réplique exacte du Pdf. Or, le texte original n'y est pas. Je l'achèterais bien mais sans l'original j'hésite.

edit : apparemment, seule la version online propose les deux textes en vis-à-vis.

Posté
Accessible c'est une chose - mais ce qui fait la difficulté du moyen français, ce n'est pas tant l'orthographe ou la grammaire, certes fort archaïsantes, mais surtout l'évolution lexicale. De nombreux mots ou expressions semblent directement reconnaissables mais n'ont en fait pas le sens qu'on attend (l'exemple classique, c'est "tout à l'heure", qui en moyen français, veut en fait dire "tout de suite").

Le problème n'est pas alors de ne pas comprendre, mais de faire des contre sens, ce qui est aussi grave voir plus (mieux vaut savoir qu'on a pas compris que croire qu'on a compris). De ce point de vue, une traduction peut effectivement avoir son utilité. Enfin il aurait un moyen de contenter tout le monde, moyen qu'on emploie déjà pour les livres en ancien français : le texte original sur une page, la traduction sur l'autre (ça vaut bien une édition copieusement annotée).

Edit : c'est d'ailleurs, je le réalise, la solution mise en place par le traducteur mentionné au premier post. Mais que demande le peuple ?

Tu oublies que le français de Belgique est moins éloigné du moyen français que ne l'est le français de l'hexagone. Et oui, les notes de bas de page, c'est pas fait pour les chiens.

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Tu oublies que le français de Belgique est moins éloigné du moyen français que ne l'est le français de l'hexagone.

Moui, enfin c'est marginal quand même…

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Non peut-être.

:icon_up:

En fait tu l'illustres bien: les belgicismes se répartissent effectivement entre formulations plus proches du moyen français, et des variations locales qui ne doivent rien ou si peu à l'hostoire de la langue en France.

Et bon, des incompréhensions entre belges et français, c'est quand même rare.

Posté

Les notes ne sont pas supprimées pour autant (même dans la version imprimée) - mais elles se limitent désormais à des remarques historiques de contexte, et non plus linguistiques.

Après, le français de Belgique plus proche du moyen français … plus proche en quoi ? Lexicalement, dans les tournures, dans la prononciation, dans la grammaire ? M'est d'avis que chaque variante nationale a ses propres innovations et ses propres traits conservateurs, et dire d'une variante qu'elle est globalement plus conservatrice en tous points que toutes les autres tient au mieux de l'exagération chauvine (par exemple, les variantes américaines sont phonétiquement beaucoup plus conservatrices que les variantes européennes - mais par contre, niveau syntaxe et morphologie, le québécois parlé a de quoi donner prématurément un infarctus à nombres d'académiciens). Sans parler des cas où la langue normée, académicienne, a éliminé des tournures … que la langue populaire a conservé.

Enfin, j'ajouterai que si on a besoin de notes pour avoir accès, non même au sens du texte, mais simplement à la sémantique de la langue employée, c'est bien qu'il s'agit d'une autre langue - si je lis un texte de Zola, je peux avoir besoin de notes pour comprendre telle ou telle référence historique, mais pas telle ou telle tournure syntaxique, morphologique ou lexicale, à moins qu'il s'agisse d'un archaïsme exceptionnel et marqué (on rencontre encore "tissu" pour "tissé" chez Musset, mais on a pas besoin d'autant de notes que de texte pour comprendre ce qu'il écrit).

À partir du moment ou la forme, et non simplement le fond, n'est plus transparente sans le recours fréquent aux notes, traduire en langue moderne a autant, voir plus de sens qu'une édition annotée - surtout que les notes font souvent le travail à moitié, car je doute que parmi tous ceux qui se vantent de lire le moyen français dans le texte, beaucoup soient au fait de la prononciation de cette norme (ce n'est pas trop gênant quand on lit la prose de Montaigne, ça l'est déjà un peu plus quand on lit les vers de Villon - et là, si on veut tout expliciter par les notes, la proportion de ces dernières vis à vis du texte va rapidement passer à 75%) ; un peu comme les gens qui lisent le latin avec les normes de prononciation du français - on se pique d'intellectualisme parce qu'on peut lire un texte écrit dans une norme ancienne, pour retomber de plus belle dans la cuistrerie s'il s'agit de le lire à voix haute.

En aparté, si la prononciation du moyen français intéresse, je peux dériver là dessus.

Posté

Toutes les considérations de Légion sont sans doute vraies, mais je m'en fous. J'aime lire dans le texte et ça ne me dérange pas de faire un petit effort pour y arriver.

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Outre le plaisir esthétique, cela permet (je ne dis pas que l'on y arrive facilement, ni d'ailleurs toujours) de replacer sa pensée du temps de son existence, et non pas de la ramener à notre époque, où elle prend un autre sens.

Posté

Y a qu'à demander.

Bon, inutile de préciser que ce qui va suivre ne sont que des lignes directrices, pas des règles absolus, parce que la prononciation du moyen français varie de façon importante tant en diachronie qu'en synchronie, parce qu'on ne peut jamais être sûr à 100% de la prononciation d'une langue dont on a pas d'enregistrements audios, et plus pragmatiquement, parce que j'écris tout ça de mémoire pour l'essentiel.

Bon donc.

Les voyelles.

Les voyelles du français moyen sont pratiquement les mêmes qu'en français moderne, pour l'essentiel les bases du système actuel sont déjà en place.

Les diphtongues "au", "ou", "ei", "ai", "eu" sont réduites depuis longtemps, et se prononcent donc comme en français moderne.

Par contre, "eau" est encore une diphtongue, prononcée "eu-o" dans la langue savante, et "io" dans la langue populaire.

Les "e" sont tous prononcés, mais à cette époque, leur timbre s'est déjà confondu avec celui de "eu". "épée" se prononce donc "épé-eu". Mais il faut bien noter que l'accent tonique (qui, en français moderne, tombe toujours sur la dernière syllabe des mot) ne tombe jamais sur un "e". "épée" se prononce donc "épéeu", en insistant sur le "é" et non sur le "e".

On doit aussi noter que les diacritiques (accents) sont utilisées moins souvent qu'en français moderne ; elles sont généralement omises aux endroits où, si on y réfléchit bien, elles sont redondantes en français moderne. On trouvera donc écrit "entree" plutôt que "entrée", "particuliere" plutôt que "particulière".

"oi" n'est prononcé "wa" que dans la langue populaire parisienne. Partout ailleurs en France, ainsi que chez les lettrés parisiens, on prononce "wè". Cette diphtongue aboutira soit à "wa" soit à "è", auquel cas elle sera réorthographiée "ai" suite à une recommandation de Voltaire. Ceci explique pourquoi l'imparfait se forme avec -oi- et non avec -ai- en moyen (et ancien) français, pourquoi on trouve "foible" plutôt que "faible", ainsi que certains doublets comme "François"/"Français".

Il y a quatre voyelles nasales, à peu près les mêmes qu'en français moderne : "an/en", "on/aon", "in/ein/ain/(i)en", et "un". Les locuteurs du nord et du sud ouest de la France, ainsi que nos amis de Louisiane, prendront soin de distinguer "in/ein/ain/(i)en" d'une part et "un" d'une autre. Pour prononcer "un", il faut mettre les lèvres dans la position du son "u", et tout en gardant la position, produire "in" (pour ceux qui aime le jargon technique, il doit y avoir arrondissement et protrusion des lèvres).

Une différence majeure avec le français moderne, c'est que les voyelles sont également nasalisées quand elles sont suivies d'une consonne nasale orthographiquement double : "bonne année" se prononce "bon-neu an-eu". Si la consonne nasale est simple, il n'y a pas de nasalisation (généralement dans les mots savants).

L'autre différence importante est que le français fait un contraste systématique et productif entre voyelles longues et brèves. Les voyelles longues sont celles qui sont notées, en français moderne, par un accent circonflexe (généralement, mais pas toujours), et qui renvoient à un ancien "s" situé après la voyelle et devant une consonne (souvent, mais pas toujours).

Autrement dit, en moyen français, on n'entend pas de "s" dans "maistre", mais un "ai" long.

Pour compliquer un peu les choses, il y a pas mal d'instabilités et confusion entre certaines voyelles, notamment entre les hautes et mi-hautes, c'est à dire "i" vs "é", "u" vs "eu", "ou" vs "o". La confusion "u/eu" a entre autre comme conséquence le passage historique de "eu" à "u" dans certains mots, eg latin "forum", ancien/moyen français "feur", français moderne "fur" (dans "au fur et à mesure"). Ceci explique aussi pourquoi toute une partie du paradigme du verbe "avoir" se prononce "u" mais s'écrit "eu". Donc pour ces voyelles là, on peut adopter la prononciation moderne, ou bien une prononciation calquée sur la graphie, en prononçant "eu" et non "u" dans le verbe "avoir".

"a" et "é/è" tendent également à se confondre devant "r". Ainsi Villon fait-il rimer "guère" avec toute une série de mots en "-are" ou "-arre".

On notera enfin que "i" et "y" sont des variantes orthographiques interchangeables, "y" étant utilisé soit pour rendre les mots plus lisibles, soit pour les embellir. Le fait d'employer l'un ou l'autre n'a pas d'incidence sur la prononciation.

Il faut bien faire entendre des semi-voyelles, et non des voyelles en hiatus, dans des groupes tels que "ui", "ueu", "ua". On prononce "tueur", et non "tu-eur".

La graphie "-ent" (3ème personne du pluriel) se lit comme un "e" ("eu") avec un "t" de liaison optionnel (le "n" est tombé très tôt en ancien français, et cette voyelle ne s'est donc jamais nasalisée).

Les consonnes.

La prononciation des consonnes ne diffère que très peu de celle du français actuel.

"r" est roulé, comme en italien ou en espagnol.

Les différentes graphies "ille", "ill", etc, se prononcent déjà comme en français moderne dans la langue populaire, mais retiennent la prononciation d'un "l mouillé" dans la langue des lettrés - un son comparable à l'italien "gli", l'espagnol "ll", le portugais "lh". C'est en gros un "l" et un "y" prononcés simultanément.

Ce qui change énormément, ce sont les consonnes muettes et celles effectivement prononcées.

D'une part, le moyen français est littéralement infesté de consonnes étymologiques. Il y en a beaucoup plus qu'en français moderne, et surtout, tous les groupes consonantiques dont la prononciation a été, en français moderne, restaurée sous l'influence de la graphie, garde une prononciation simple en moyen français.

Cela signifie que dans les groupes comme "ps", "bs", "ct", "pt", "bj", le premier élément n'est pas prononcé - "psaume", par exemple, est prononcé "saume". Il en va de même pour "x", qui se prononce "ss" ou "z", plutôt que "ks" ou "gz". Il est important de bien garder cela en tête, tant pour pouvoir reconnaître des mots familiers mais grimés de nombreuses consonnes étymologiques "subject" > "sujet" que pour ne pas calquer une prononciation moderne sur les mots du moyen français - "advenir" se prononce comme "avenir" (et d'ailleurs ce dernier s'écrit également "advenir" en moyen français).

Pour compliquer les choses, nous avons dit plus haut que les "s" entre voyelles et consonnes indiquaient une voyelle longue. Mais il y a aussi des "s" prononcés, comme en français moderne. Et pour compliquer encore davantage, si les "s" de voyelles longues correspondent généralement à ceux qui ont disparu de la graphie en français moderne, ce n'est malheureusement pas toujours le cas - certains "s" muets du moyen français on été restaurés dans la langue moderne, et inversement. Là on peut difficilement être exhaustif, il faut se référer aux grammairiens de l'époque qui dressaient de grands tableaux avec les mots à "s" muet dans une colonne, et ceux à "s" prononcé dans une autre.

Par contre, de façon générale, les "anomalies exceptionnelles" sont moins fréquentes. Par exemple, "transi" et tous les mots dérivés se prononcent avec un "ss" et non avec un "z" comme en français moderne. Villon fait rimer "transi" avec "ainsi".

On note aussi la graphie "ign", qui n'est qu'une variante de "gn". D'où "oignon" (prononcé comme en français moderne), et "Montaigne", prononcé… "Montagne".

D'autre part, si la liaison existe déjà en moyen français, ses règles n'ont pas grand chose en commun avec celle de la liaison actuelle. En français moderne, la liaison est conditionnée tout à la fois par la phonologie, la morphologie et la syntaxe - pour qu'une liaison soit réalisée, il faut beaucoup de conditions particulières, une consonne finale suivie d'une voyelle est loin de suffire.

En moyen français, au contraire, la liaison est presque uniquement conditionnée par la phonologie, et elle est donc beaucoup plus fréquente.

La règle de base en gros : une consonne finale est systématiquement prononcée quand le mot suivant commence par une voyelle, où devant une pause (fin de phrase, virgule - le processus est dynamique, plus on fait de pauses, plus on prononce de consonnes). Songer à des nombres comme "six", "huit" et "dix" - ils ont conservé la règle tel que en français moderne (en tout cas dans le français que je parle - je sais qu'il y a pas mal de variations à ce niveau).

De plus, *toutes* les consonnes finales (non suivies d'un -e) sont affectées, on fait donc des liaisons en "t", en "z" ou en "p", mais aussi en "k" (dénotées par "-g" ou "-c" final), en "f", "r", "l", "m", "n"… avec pour corolaire que "r", "f", et "l" finaux sont muets quand ils sont suivis d'une consonne (y compris un "s" de liaison).

La seule exception générale à ces règles est que, dans un groupe nominal au pluriel, le "s" final du dernier mot du groupe doit toujours être prononcé. Notez que "z" est une fréquente variante graphique de "s" en position finale.

Bon voila, c'est tout ce que je me rappelle - pour un traitement exhaustif du sujet, vous vous référerez à une grammaire de moyen français ou à un traité de phonétique historique.

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Quelqu'un sur l'Autre Forum avait posté un enregistrement d'une oraison de Bossuet avec la diction de l'époque; c'était assez… surprenant, on va dire. L'Aigle de Meaux écrivait à peu près le même français que nous, mais il parlait une langue tout à fait différente.

Posté

Legion, comment est-ce qu'on arrive à retrouver toutes ces règles de prononciation ? Uniquement par déduction des rimes dans la poésie d'époque ?

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Legion, comment est-ce qu'on arrive à retrouver toutes ces règles de prononciation ? Uniquement par déduction des rimes dans la poésie d'époque ?

Les rimes sont une aide, mais on se base aussi, tout simplement, sur les descriptions des grammairiens de l'époque. Elles sont certes souvent imprécises faute d'outils linguistiques modernes, et parfois biaisées ou fantaisistes, mais comme à l'époque il a beaucoup de grammairiens qui se font concurrence, en croisant leur descriptions, on arrive à se faire une image de ce à quoi la langue devait ressembler. Enfin, il y a les méthodes de reconstruction comparative, de phonétique historique, dont tout l'objet est de reconstituer les langues anciennes dont on a que des traces écrite (voir pas de trace du tout), qui permettent de déduire beaucoup de choses à partir des seuls indices laissés parle français actuel et par les autres dialectes du domaine d'Oïl (normand, picard, wallon, etc).

Un autre indice, marginal mais utile malgré tout, ce sont les graphies populaires, ou fautes d'orthographe, qui trahissent souvent l'évolution d'une prononciation dissimulée par l'orthographe.

Comme je l'ai dit, le résultat n'est jamais fiable à 100% - même le latin, langue à l'orthographe a priori transparente, on a des doutes sur certains détails de sa prononciation.

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Comme je l'ai dit, le résultat n'est jamais fiable à 100% - même le latin, langue à l'orthographe a priori transparente, on a des doutes sur certains détails de sa prononciation.

Ca me fait penser à un truc qui m'a surpris (et ébahi mes parents): quand j'ai étudié le latin, on m'a enseigné que le v se prononçait toujours comme un w*, et le c comme un k donc, weni widi wiki, et non veni vidi vici. Sais-tu ce qu'il en est?

*à la belge, donc pas comme un v hein…

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Ca me fait penser à un truc qui m'a surpris (et ébahi mes parents): quand j'ai étudié le latin, on m'a enseigné que le v se prononçait toujours comme un w*, et le c comme un k donc, weni widi wiki, et non veni vidi vici. Sais-tu ce qu'il en est?

*à la belge, donc pas comme un v hein…

C'est effectivement le cas, et pour cause : en latin, "v" et "u" sont la même lettre. Ou plutôt, "u" n'existe pas. On écrivait VENI, mais ROMVLVS. Et cette lettre "V" représentait le son "ou", soit en voyelle soit en semi-voyelle. Mais dans les langues romanes, la version semi-voyelle est passée de "w" à "v". Au dépard, "u" n'est qu'une variante de "v", et dans les textes, même encore à la renaissance, il y a des ambiguïtés entre par exemple les mots en vi- et les mots en ui-, d'où parfois l'ajout de h- muet non étymologique pour lever l'ambiguïté, eg "huile", "huit", pour ne pas les confondre avec "vile", "vit".

"c" représentait effectivement le son "k" en latin, de façon systématique. La "palatalisation" de ce son devant les voyelles frontales ("e", "i") est là encore une évolution commune aux différentes langues romanes.

Mais ça en fait ce sont des détails connus sur lesquels il n'y a pas débat (tout du moins parmi les philologues). Les points conflictuels portent par exemple sur la prononciation de la finale "-um" (certains indices laissent à penser qu'il s'agissait, dès le latin classique, d'une graphie archaïsante, qui ne reflétait pas la véritable prononciation du son - peut être bien une voyelle nasale équivalente au "on" français).

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