Saucer Posté 29 janvier 2009 Signaler Posté 29 janvier 2009 Tentative d'explication de Durkheim, dans Prohibition de l'inceste. Sans que nous réfléchissions, sans que nous calculions les effets possibles des unions incestueuses sur l'avenir de la famille ou de la race, elles nous sont odieuses, par cela seul que nous y trouvons confondu ce qui nous paraît devoir être séparé. L'horreur qu'elles nous inspirent est identique à celle qu'éprouve le sauvage à l'idée d'un mélange possible entre ce qui est tabou et ce qui est profane ; et cette horreur est fondée. Entre les fonctions conjugales et les fonctions de parenté, telles qu'elles sont actuellement constituées, il y a en effet une réelle incompatibilité, et par suite on ne peut en autoriser la confusion sans ruiner les unes et les autres.Tout ce qui concerne la vie de famille est dominé par l'idée de devoir. Nos rapports avec nos frères, nos sœurs, nos parents, sont étroitement réglés par la morale ; c'est un réseau d'obligations dont nous pouvons nous acquitter avec joie si nous sommes sainement constitués, mais qui ne laissent pas de s'imposer à nous avec cette impersonnalité impérative qui est la caractéristique de la loi morale. Assurément, la sympathie, les inclinations particulières sont loin d'en être bannies ; cependant les affections domestiques ont toujours cette propriété distinctive que l'amour y est fortement coloré de respect. C'est que l'amour, ici, n'est pas simplement un mouvement spontané de la sensibilité privée ; c'est, en partie, un devoir. Il est exigible, dans la mesure où un sentiment peut l'être ; c'est un principe de la morale commune qu'on n'a pas le droit de ne pas aimer ses parents. Une nuance de respect se retrouve jusque dans le commerce fraternel. Quoique frères et sœurs soient égaux entre eux, ils sentent bien que ce qu'ils éprouvent les uns pour les autres ne dépend pas seulement, ni même principalement, de leurs qualités individuelles, mais tient avant tout à quelque influence qui les dépasse et qui les domine. C'est la famille qui exige qu'ils soient unis ; c'est elle qu'ils aiment en s'aimant, qu'ils respectent en se respectant. Présente à toutes leurs relations, elle leur imprime une marque spéciale et les élève au-dessus de ce que sont de simples rapports individuels. Voilà aussi pourquoi le foyer a toujours, aujourd'hui comme autrefois, un caractère religieux. S'il n'y a plus d'autels domestiques, ni de divinités familiales, la famille n'en est pas moins restée tout imprégnée de religiosité ; elle est toujours l'arche sainte à laquelle il est interdit de toucher, précisément parce qu'elle et l'école du respect et que le respect est le sentiment religieux par excellence. Ajoutons que c'est aussi le nerf de toute discipline collective. Il en est tout autrement des relations sexuelles, telles que nous les concevons. L'homme et la femme qui s'unissent cherchent dans cette union leur plaisir, et la société qu'ils forment dépend exclusivement, au moins en principe, de leurs affinités électives. Ils s'associent parce qu'ils se plaisent, alors que frères et sœurs doivent se plaire parce qu'ils sont associés au sein de la famille. L'amour, dans ce cas, ne peut être lui-même qu'à condition d'être spontané. Il exclut toute idée d'obligation et de règle. C'est le domaine de la liberté, où l'imagination se meut saris entraves, où l'intérêt des parties et leur bon plaisir sont presque la loi dominante. Or, là où cessent l'obligation et la règle, cesse aussi la morale. Aussi, comme toute sphère de l'activité humaine où l'idée de devoir et de contrainte morale n'est pas suffisamment présente est une voie ouverte au dérèglement, il n'est pas étonnant que l'attrait mutuel des sexes et ce qui en résulte ait été souvent présenté comme un danger pour la moralité. Il est vrai qu'il n'en est pas tout à fait ainsi de cette union réglementée qui constitue le mariage. Le mariage, en effet, vient de ce que, comme le commerce des sexes affecte la famille, celle-ci, à son tour, réagit sur lui et lui impose certaines règles, destinées à le mettre en harmonie avec les intérêts domestiques. Elle lui communique ainsi quelque chose de sa nature morale. Seulement, cette réglementation atteint les conséquences du rapprochement sexuel, non ce rapprochement lui-même. Elle oblige les individus qui se sont unis à certains devoirs, elle ne les oblige pas à s'unir. Surtout, tant qu'ils ne sont pas encore légalement et moralement liés, ils sont dans la même situation que des amants et ils se traitent comme tels. Le mariage suppose donc une période préliminaire où les sentiments que les futurs époux se témoignent sont identiques en nature à ceux qui se manifestent dans les unions libres. Même l'influence morale de la famille ne peut guère se faire sentir que quand le couple conjugal est devenu une famille proprement dite, c'est-à-dire quand les enfants sont venus le compléter. Aussi, le mariage a beau être la forme la plus morale de la société sexuelle, il n'est pas d'une autre nature que les sociétés de ce genre ; il met en jeu les mêmes instincts. Mais alors, si ces deux états d'esprit s'opposent entre eux aussi radicalement que le bien et le plaisir, le devoir et la passion, le sacré et le profane, il est impossible qu'ils se confondent et s'abîment l'un dans l'autre sans produire un véritable chaos moral dont la pensée seule nous est intolérable. Parce qu'ils se repoussent violemment l'un l'autre, nous repoussons aussi avec horreur l'idée qu'ils puissent se combiner en un innommable mélange, où ils perdraient tous deux leurs qualités distinctives et d'où ils sortiraient également méconnaissables. Or, c'est ce qui arriverait si une seule et même personne pouvait les inspirer à la fois. La dignité du commerce qui nous unit à nos proches exclut donc tout autre lien qui n'aurait pas la même valeur. On ne peut courtiser une personne à qui on doit et qui vous doit une respectueuse affection, sans que ce dernier sentiment se corrompe ou s'évanouisse de part et d'autre. En un mot, étant données nos idées actuelles, un homme ne peut faire sa femme de sa sœur sans qu'elle cesse d'être sa sœur. C'est ce qui nous fait réprouver l'inceste. Ici on trouve la justification morale du tabou de l'inceste pour les sociétés modernes ou du moins supérieures. Pour les sociétés primitives, Durkheim développe l'idée que l'inceste aurait comme origine un tabou superstitieux lié au sang (le sang étant la force vitale), en particulier le sang menstruel des femmes de son propre clan, les femmes des autres clans n'ayant pas le même totem (ancêtre du clan, dont le sang coule dans les veines de tous les membres du clan), donc on pouvait s'y lier. De là vient l'exogamie, la prohibition de l'inceste étant une exogamie plus étroite, restreinte à la famille. D'ailleurs, l'inceste s'est de plus en plus "concentré", puisque les mariages entre cousins et cousines sont admis depuis longtemps. Il y a une certaine continuation, l'abandon de ces croyances n'ayant pas effacé l'habitude de l'exogamie.
Saucer Posté 29 janvier 2009 Signaler Posté 29 janvier 2009 Je continue avec Durkheim, qui reste d'après moi très pertinent, et cette question en touche beaucoup d'autres. Normal, puisqu'il s'agit d'un des fondements de la civilisation. D'une part, pour que les relations sexuelles aient pu s'opposer aussi radicalement aux relations de parenté, il a fallu qu'elles fussent préalablement rejetées hors de cette atmosphère morale où vit la famille ; de l'autre, il n'y avait rien en elles qui rendît nécessaire cette séparation. Il semble même que la ligne de la moindre résistance était dirigée dans un tout autre sens. Il faut donc bien que cette dissociation leur ait été imposée par une force extérieure et particulièrement puissante. Autrement dit, l'incompatibilité morale au nom de laquelle nous prohibons actuellement l'inceste est elle-même une conséquence de cette prohibition, qui par conséquent doit avoir existé d'abord pour une tout autre cause. Cette cause, c'est l'ensemble de croyances et de rites d'où l'exogamie est résultée. En effet, une fois que les préjugés relatifs au sang eurent amené les hommes à s'interdire toute union entre parents, le sentiment sexuel fut bien obligé de chercher en dehors du cercle familial un milieu où il pût se satisfaire ; et c'est ce qui le fit se différencier très tôt des sentiments de parenté. Deux sphères différentes furent dès lors ouvertes à l'activité et à la sensibilité humaine. L'une, le clan, c'est-à-dire la famille, était et resta le foyer de la moralité ; l'autre, lui étant extérieure, ne prit de caractère moral qu'accessoirement, dans la mesure où elle affectait les intérêts domestiques. Le clan, c'était le centre de la vie religieuse, et toutes les relations du clan avaient quelque chose de religieux ; par cela seul que les rapports des sexes durent se contracter au dehors, ils se trouvèrent en dehors du domaine religieux et furent classés parmi les choses profanes. Par suite, toute l'activité passionnelle, qui ne pouvait se développer d'un côté à cause de la sévère discipline qui y régnait, se porta de l'autre et s'y donna libre carrière. Car l'individu ne se soumet à la contrainte collective que quand c'est nécessaire ; dès que ses appétits naturels trouvent devant eux une pente qu'ils peuvent suivre librement, ils s'y précipitent. Ainsi, grâce à l'exogamie, la sensualité, c'est-à-dire l'ensemble des instincts et des désirs individuels qui se rapportent aux relations des sexes, fut affranchie du joug de la famille qui l'eût contenue et plus ou moins étouffée,et elle se constitua à part. Mais, par cela même, elle se trouva en opposition avec la moralité familiale. Avec le temps, elle s'enrichit d'idées et de sentiments nouveaux ; elle se compliqua et se spiritualisa. Tout ce qui, dans l'ordre intellectuel ou dans l'ordre émotif, est naturellement impatient de tout frein et de toute règle, tout ce qui a besoin de liberté vint se greffer sur cette base première ; c'est ainsi que les idées relatives à la vie sexuelle se sont étroitement liées au développement de l'art, de la poésie, à tout ce qui est rêves et aspirations vagues de l'esprit et du cœur, à toutes les manifestations individuelles ou collectives où l'imagination entre pour la plus large part. C'est pour cette même raison que la femme a été si souvent considérée comme le centre de la vie esthétique. Mais ces additions et ces transformations sont des phénomènes secondaires, malgré leur importance. Dès qu'il fut interdit aux membres d'un même clan de s'unir entre eux, la séparation fut consommée. Or, une fois entrée dans les mœurs, elle dura et survécut à sa propre cause. Quand les croyances totémiques qui avaient donné naissance à l'exogamie se furent éteintes, les états mentaux qu'elles avaient suscités subsistèrent. Les habitudes, prises et gardées pendant des siècles, ne purent pas se perdre ainsi, non seulement parce que la répétition les avait fortifiées et enracinées, mais parce que, chemin faisant, elles s'étaient solidarisées avec d'autres habitudes et qu'on ne pouvait toucher aux unes sans toucher aux autres, c'est-à-dire à tout. Toute la vie morale s'étant organisée en conséquence, il eût fallu la bouleverser pour revenir sur ce qui avait été fait. Ni l'homme ne pouvait aisément renoncer à ces libres joies dont il avait conquis la jouissance, ni il ne pouvait les confondre avec les joies plus sévères de la famille, sans que les unes ou les autres cessassent d'être elles-mêmes. D'un autre côté, comme l'organisation à base de clans a été un stade par lequel paraissent avoir passé toutes les sociétés humaines, et que l'exogamie était liée étroitement à la constitution du clan, il n'est pas étonnant que l'état moral qu'elle laissait derrière elle ait été lui-même général dans l'humanité. Du moins il fallut, pour en triompher, des nécessités sociales particulièrement pressantes ; c'est ce qui explique et comment l'inceste fut légitimé chez certains peuples et comment ces peuples sont restés l'exception. Il ne semble pas que rien soit survenu dans l'histoire qui puisse rendre cette tolérance plus générale dans l'avenir que dans le passé. Ce n'est certes pas sans cause qu'une religion aussi répandue que le catholicisme a formellement mis l'acte sexuel en dehors de la morale, s'il n'a pas la famille pour fin. Et encore, même sous cette forme, le déclare-t-elle inconciliable avec tout ce qui est investi d'un caractère sacré. Un sentiment comme celui-là, dont dépendent tant d'usages et d'institutions qui se retrouvent chez tous les peuples européens, est trop général pour qu'on puisse y voir un phénomène morbide, dû à je ne sais quelles aberrations mystiques. Il est plus naturel de supposer que la nature amorale de la vie sexuelle s'est réellement accentuée, que la divergence entre ce qu'on pourrait appeler l'état d'esprit conjugal et l'état d'esprit domestique est devenue plus marquée. La cause en est peut-être que la sensualité sexuelle s'est développée alors que la vie morale, au contraire, tend de plus en plus à exclure tout élément passionnel. Notre morale n'est-elle pas celle de l'impératif catégorique ? Toujours est-il que, si les peuples ont maintenant une raison nouvelle pour s'opposer aux mariages entre proches, cette raison est en réalité une résultante de la réglementation qu'elle justifie. Elle en est un effet, avant d'en être une cause. Elle peut donc bien expliquer comment la règle s'est maintenue, non comment elle est née. Si l'on veut répondre à cette dernière question, il faut remonter jusqu'à l'exogamie, dont l'action par conséquent s'étend jusqu'à nous. Sans les croyances dont elle dérive, rien ne permet d'assurer que nous aurions du mariage l'idée que nous en avons et que l'inceste serait prohibé par nos codes. Sans doute, l'éternelle antithèse entre la passion et le devoir eût toujours trouvé moyen de se produire ; mais elle eût pris une autre forme. Ce n'est pas au sein de la vie sexuelle que la passion aurait pour ainsi dire établi son centre d'action. Passion et amour des sexes ne seraient pas devenus synonymes. edit : je vais tâcher de surligner en gras quelques passages qui me semblent plus importants, j'ai déjà essayé d'aérer en paragraphes. C'est vrai que c'est un gros morceau, mais ô combien intéressant… Voilà.
A.B. Posté 29 janvier 2009 Signaler Posté 29 janvier 2009 Sans que nous réfléchissions, sans que nous calculions les effets possibles des unions incestueuses sur l'avenir de la famille ou de la race, elles nous sont odieuses Il en deduit implicitement que les consequences familiales ne sont pas la cause de notre degout : c'est une erreur logique car notre degout n'est pas necessairement cause par la contemplation reflechie des consequences. Notre attrait pour le sexe par exemple ne vient pas d'une reflexion sur la procreation, mais cela ne veut pas dire que la procreation n'a rien a voir. Expliquer cela par la structure familiale c'est confondre la cause et les consequences. Le tabou de l'inceste precede largement la structure familiale telle qu'elle est decrite. Il existe dans toutes les especes, d'autant plus que la diversite genetique est faible.
Saucer Posté 29 janvier 2009 Signaler Posté 29 janvier 2009 Il en deduit implicitement que les consequences familiales ne sont pas la cause de notre degout : c'est une erreur logique car notre degout n'est pas necessairement cause par la contemplation reflechie des consequences. Là je ne comprends pas ce que tu veux dire. Notre attrait pour le sexe par exemple ne vient pas d'une reflexion sur la procreation, mais cela ne veut pas dire que la procreation n'a rien a voir. Et donc ? Expliquer cela par la structure familiale c'est confondre la cause et les consequences. Le tabou de l'inceste precede largement la structure familiale telle qu'elle est decrite. Il existe dans toutes les especes, d'autant plus que la diversite genetique est faible. Il parle du clan avant de parler de la famille. Autrement dit une structure sociale. La structure familiale en est une, simplement c'est elle qui prévaut aujourd'hui comme premier lien social de l'individu. Il dit bien que l'existence des clans résulte de l'exogamie (sans désir de différenciation, pas de différence, n'est-ce pas ?).
Taranne Posté 29 janvier 2009 Signaler Posté 29 janvier 2009 Vous arrive-t-il de réfléchir ? Vous arrive-t-il seulement de douter ? A.B. ne doute jamais. Il détient la Vérité. Ce qui ne l'empêche pas de moquer les certitudes des religieux. La paille et la poutre, comme qui dirait l'autre. Pour ma part l'inceste ne m'attire pas du tout, mais il faut bien comprendre que ce tabou a une origine biologique simple et extremement forte. "Si l'inceste était vraiment contre-nature, il n'y aurait pas besoin de l'interdire." (Claude Lévi-Strauss)
alex6 Posté 30 janvier 2009 Signaler Posté 30 janvier 2009 A.B. ne doute jamais. Il détient la Vérité. Ce qui ne l'empêche pas de moquer les certitudes des religieux. C'est ce qui le rend marrant, aussi… enfin parfois… rarement, en fait.
Luis Posté 30 janvier 2009 Auteur Signaler Posté 30 janvier 2009 Je suis assez dubitatif sur ces citations de Durkheim. Ce n'est certes pas sans cause qu'une religion aussi répandue que le catholicisme a formellement mis l'acte sexuel en dehors de la morale, s'il n'a pas la famille pour fin. Et encore, même sous cette forme, le déclare-t-elle inconciliable avec tout ce qui est investi d'un caractère sacré. Notez que ça ne correspond pas du tout au discours actuel de l'Eglise (si cela a jamais correspondu à son discours, même à l'époque de Durkheim), cf la Théologie du Corps de Jean-Paul II : l'acte charnel a un caractère sacré, liturgique. De même que la communion est le renouvellement perpétuel d'un sacrement d'union à l'Eglise, l'acte charnel est le renouvellement du sacrement du mariage. C'est pour cela que sa vision de la sexualité et de la sensualité comme étrangères à la morale familiale me gêne, mais peut-être que je n'ai pas très bien compris ce qu'il a voulu dire. A lire donc : http://www.djp.ch/amour-vrai/yves-semen-th…e-du-corps.html edit : au passage, pour A.B., Muray n'est pas le seul à voir l'inceste comme l'interdit fondateur de la société ; Lévi-Strauss, Lacan, De Villers pour ne citer qu'eux vont dans ce sens. Enfin, je ne comprends toujours pas comment on peut dès le départ trouver ridicule cette idée : on touche au coeur de la famille ! Discutable, certainement, ridicule, je ne comprends pas.
L'affreux Posté 30 janvier 2009 Signaler Posté 30 janvier 2009 Il y a une raison pour laquelle l'inceste est tabou, ceux qui n'y voyaient pas de probleme n'ont pas eu une longue lignee (…) Si réellement c'était la raison, alors il faudrait étudier et prouver cette raison rationnellement. Car lorsqu'on n'a pas de morale, on n'a pas de tabou. Et donc de toute manière on en viendrait juste à expliquer à ceux qui veulent essayer l'inceste que leur assurance ne couvre pas le bébé.
A.B. Posté 30 janvier 2009 Signaler Posté 30 janvier 2009 "Si l'inceste était vraiment contre-nature, il n'y aurait pas besoin de l'interdire." (Claude Lévi-Strauss) C'est une mecomprehension de l'evolution, le tabou est justement un des mecanismes par lequel on evite l'inceste. L'idee que l'inceste est mauvaise se transmet bien aux enfants car elle evite les defauts des protections de plus bas niveau. Ceinture + Bretelle. Si réellement c'était la raison, alors il faudrait étudier et prouver cette raison rationnellement. Car lorsqu'on n'a pas de morale, on n'a pas de tabou. Et donc de toute manière on en viendrait juste à expliquer à ceux qui veulent essayer l'inceste que leur assurance ne couvre pas le bébé. Euh mais c'est etudie et observe rationellement. Les zoologues font ca tous les jours. Beaucoup d'oiseaux par exemple choisissent leur premier cousin en general, les freres et soeurs sont trop proches et les etrangers trop eloignes. On le sait car on presente plusieurs partenaires a l'oiseau et on observe sa preference.
A.B. Posté 30 janvier 2009 Signaler Posté 30 janvier 2009 A.B. ne doute jamais. Il détient la Vérité. Ce qui ne l'empêche pas de moquer les certitudes des religieux. La paille et la poutre, comme qui dirait l'autre. Je ne detiens pas La Verite, mais il y a certain domaines ou je suis assez sur pour etre categorique. Oui, celui des mythes sur les serpents qui parlent en est un. Et oui, je suis suffisamment sur de moi pour me foutre de la gueule d'un sociologue, quelle que soit sa renommee, qui parle de l'inceste sans mentionner les origines biologiques du tabou. Et oui, je suis suffisamment sur de moi pour me foutre de la gueule de Muray qui fait de ce tabou LA LOI. Et OUI, je suis assez sur de moi pour me foutre de la gueule des detracteurs qui dans ce fil critiquent mon style a defaut de critiquer la substance. (Quelle substance, tu racontes n'importe quoi… AHAHA, essayez de defendre un peu la these de Muray s'il est si brillant et que je suis si con, ca ne devrait pas etre dur)
José Posté 30 janvier 2009 Signaler Posté 30 janvier 2009 "Si l'inceste était vraiment contre-nature, il n'y aurait pas besoin de l'interdire." (Claude Lévi-Strauss) Lévi-Strauss s'est planté dans les grandes largeurs. C'est tout. Si l'inceste était naturel, on devrait être autant attiré sexuellement entre frères et soeurs ou entre parents et enfants qu'avec des étrangers du sexe opposé. Or ce n'est pas le cas.
A.B. Posté 30 janvier 2009 Signaler Posté 30 janvier 2009 Lévi-Strauss s'est planté dans les grandes largeurs. C'est tout. Si l'inceste était naturel, on devrait être autant attiré sexuellement entre frères et soeurs ou entre parents et enfants qu'avec des étrangers du sexe opposé. Or ce n'est pas le cas. Merci
Saucer Posté 30 janvier 2009 Signaler Posté 30 janvier 2009 Notez que ça ne correspond pas du tout au discours actuel de l'Eglise (si cela a jamais correspondu à son discours, même à l'époque de Durkheim), cf la Théologie du Corps de Jean-Paul II : l'acte charnel a un caractère sacré, liturgique. De même que la communion est le renouvellement perpétuel d'un sacrement d'union à l'Eglise, l'acte charnel est le renouvellement du sacrement du mariage.C'est pour cela que sa vision de la sexualité et de la sensualité comme étrangères à la morale familiale me gêne, mais peut-être que je n'ai pas très bien compris ce qu'il a voulu dire. Le mariage est une façon d'introduire la morale familiale dans la liaison. Amha, ta réponse se trouve juste dans la phrase précédente. Celle que tu n'as pas surligné. Mais peut-être t'ai-je mal compris à mon tour ? C'est une mecomprehension de l'evolution, le tabou est justement un des mecanismes par lequel on evite l'inceste. L'idee que l'inceste est mauvaise se transmet bien aux enfants car elle evite les defauts des protections de plus bas niveau. Ceinture + Bretelle.Euh mais c'est etudie et observe rationellement. Les zoologues font ca tous les jours. Beaucoup d'oiseaux par exemple choisissent leur premier cousin en general, les freres et soeurs sont trop proches et les etrangers trop eloignes. On le sait car on presente plusieurs partenaires a l'oiseau et on observe sa preference. En gros, c'est le mécanisme de l'évolution qui nous interdirait de pratiquer l'inceste (la lignée s'affaiblirait, etc…) ? Consciemment ou inconsciemment, donc ? Si c'est consciemment, c'est faux. Il faut attendre le 17e siècle pour que de tels considérations soient à peine évoquées et le 19e pour qu'elles soient ancrées. Jamais auparavant, la "santé" des descendants d'unions incestueuses n'a été invoquée pour prohiber l'inceste. Si c'est inconsciemment, alors Dieu seul le sait, et on bute une fois encore sur le problème du déterminisme biologique.
Luis Posté 30 janvier 2009 Auteur Signaler Posté 30 janvier 2009 Mais alors, pourquoi certains le sont ? Dans cette fameuse phrase de Levi-Strauss, peut-être qu'il ne faut pas entendre "naturel" seulement comme "conforme à nos instincts biologiques". A.B., on se demande si vous êtes dans le débat en fait : à vous lire, pour un peu on pourrait faire de toute façon ce qu'on veut puisque l'évolution se charge du reste ! Le mariage est une façon d'introduire la morale familiale dans la liaison. Amha, ta réponse se trouve juste dans la phrase précédente. Celle que tu n'as pas surligné.Mais peut-être t'ai-je mal compris à mon tour ? Oui, j'ai vu. En fait, c'est une précision annexe au débat, mais elle me semble malgré tout importante : Durkheim semble dire que l'acte charnel n'est que purement "utilitaire" pour l'Eglise, ce qui n'est pas du tout le cas.
José Posté 30 janvier 2009 Signaler Posté 30 janvier 2009 Si c'est consciemment, c'est faux. Il faut attendre le 17e siècle pour que de tels considérations soient à peine évoquées et le 19e pour qu'elles soient ancrées. Ne dis pas de sottises : les hommes, depuis la plus haute Antiquité, savent qu'il faut aller chercher le taureau dans un autre troupeau pour monter les vaches que l'on a, sous peine de voir se multiplier les veaux à cinq pattes ou deux têtes ; et ils auraient pas capté les danger de la consanguinité humaine.
Saucer Posté 30 janvier 2009 Signaler Posté 30 janvier 2009 Mais alors, pourquoi certains le sont ? Dans cette fameuse phrase de Levi-Strauss, peut-être qu'il ne faut pas entendre "naturel" seulement comme "conforme à nos instincts biologiques". Lorsqu'on emploie le terme "contre-nature", ça ne laisse aucun doute. Ne dis pas de sottises : les hommes, depuis la plus haute Antiquité, savent qu'il faut aller chercher le taureau dans un autre troupeau pour monter les vaches que l'on a, sous peine de voir se multiplier les veaux à cinq pattes ou deux têtes ; et ils auraient pas capté les danger de la consanguinité humaine. Je t'assure que la prohibition de l'inceste n'a pas tenu compte de ça jusqu'à récemment. Je parle des raisons invoquées, peut-être en prenaient-ils compte.
h16 Posté 30 janvier 2009 Signaler Posté 30 janvier 2009 Je t'assure que la prohibition de l'inceste n'a pas tenu compte de ça jusqu'à récemment. Je parle des raisons invoquées, peut-être en prenaient-ils compte. Hmmh. Tu sais, je ne crois pas qu'il y ait beaucoup de textes de lois qui interdisent formellement de manger de la merde en tube. Force est de constater que, pourtant, la pratique n'est pas très répandue. Pour l'inceste, c'est pareil.
Saucer Posté 30 janvier 2009 Signaler Posté 30 janvier 2009 Hmmh. Tu sais, je ne crois pas qu'il y ait beaucoup de textes de lois qui interdisent formellement de manger de la merde en tube. Force est de constater que, pourtant, la pratique n'est pas très répandue. Pour l'inceste, c'est pareil. C'est bien parce que ça ne vient à l'idée de personne de manger de la merde qu'on n'instaure pas de lois. Par contre, l'inceste… on redoute sa pratique. La raison inconsciente en est sans doute les problèmes qui font suite à la consanguinité, mais l'hygiène n'existait pas dans le sentiment d'horreur que provoquait l'inceste.
José Posté 30 janvier 2009 Signaler Posté 30 janvier 2009 C'est bien parce que ça ne vient à l'idée de personne de manger de la merde qu'on n'instaure pas de lois. Sinon, toi, t'as déjà pensé à niquer ta mère ou ta soeur ?
Saucer Posté 30 janvier 2009 Signaler Posté 30 janvier 2009 Sinon, toi, t'as déjà pensé à niquer ta mère ou ta soeur ? Non, je te remercie de demander. Mais qui sait, un ancêtre ou deux ont peut-être niqué entre membres d'une même famille. Ca leur bien traversé l'esprit avant le coït.
h16 Posté 30 janvier 2009 Signaler Posté 30 janvier 2009 Non, je te remercie de demander.Mais qui sait, un ancêtre ou deux ont peut-être niqué entre membres d'une même famille. Ca leur bien traversé l'esprit avant le coït. Entre traverser l'esprit et faire, il y a un grand pas. Entre faire et pratiquer couramment, encore un autre très grand pas. Et transformer cela en coutume au niveau d'une société, ce n'est plus un très grand pas, mais un marathon en longues foulées.
José Posté 30 janvier 2009 Signaler Posté 30 janvier 2009 Mais qui sait, un ancêtre ou deux ont peut-être niqué entre membres d'une même famille. Un ou deux sur 1.000 générations, de vrais obsédés sexuels dans ta famille. Et je commence à comprendre ta fascination pour Jurassic Park.
h16 Posté 30 janvier 2009 Signaler Posté 30 janvier 2009 C'est bien parce que ça ne vient à l'idée de personne de manger de la merde qu'on n'instaure pas de lois. Par contre, l'inceste… on redoute sa pratique. On la redoute consciemment, mais en pratique, c'est un acte relativement rare (peut-être moins que manger du caca, mais ça reste rare).
José Posté 30 janvier 2009 Signaler Posté 30 janvier 2009 …c'est un acte relativement rare (peut-être moins que manger du caca… Je parierai pas dessus.
Saucer Posté 30 janvier 2009 Signaler Posté 30 janvier 2009 Entre traverser l'esprit et faire, il y a un grand pas. Entre faire et pratiquer couramment, encore un autre très grand pas. Et transformer cela en coutume au niveau d'une société, ce n'est plus un très grand pas, mais un marathon en longues foulées. Ben oui. Et ce qui empêche à chaque fois de faire le pas ou même d'avoir ce type de pensée, c'est le tabou. C'est très bien comme ça. Je vais laisser s'exprimer Durkheim, qui le fait beaucoup mieux que moi : Plus digne d'examen est la théorie de Morgan. L'exogamie aurait pour cause le sentiment des mauvais résultats qu'on a souvent imputés aux mariages entre consanguins. Si, comme on l'a dit, la consanguinité est par elle-même une source de dégénérescence, n'est-il pas naturel que les peuples aient interdit des unions qui menaçaient d'affaiblir la vitalité générale ?Mais quand on cherche dans l'histoire comment les hommes se sont expliqué à eux-mêmes ces prohibitions, à quels mobiles paraissent avoir obéi les législateurs, on constate que, avant ce siècle, les considérations utilitaires et physiologiques semblent avoir été presque complètement ignorées. Chez les peuples primitifs, il est bien dit çà et là que ces unions ne sauraient prospérer. « Quand un homme se sera uni à sa tante, dit le Lévitique, ils porteront la peine de leur péché et n'auront pas d'enfants. » Mais cette stérilité est présentée comme un châtiment infligé par Dieu, non comme la conséquence d'une loi naturelle. La preuve, c'est qu'au verset suivant les mêmes expressions sont employées dans le cas d'un mariage qui par lui-même ne saurait avoir de mauvais effets organiques : il s'agit d'un homme qui s'unit à la femme de son frère. Dans l'antiquité classique, les raisons les plus diverses sont alléguées. Pour Platon, le croisement serait surtout un moyen de mêler les fortunes et les caractères et de réaliser une homogénéité désirable pour le bien de l'État. Pour d'autres, il s'agit d'empêcher que l'affection ne se concentre dans un petit cercle fermé. Suivant Luther, si la consanguinité n'était pas un obstacle, on se marierait trop souvent sans amour, uniquement pour maintenir l'intégrité du patrimoine familial. C'est seulement vers le XVIIe siècle qu'apparaît cette idée que ces unions affaiblissent la race et doivent être prohibées pour ce motif ; encore reste-t-elle assez indécise. Montesquieu ne semble pas la soupçonner. Mais ce qui est plus intéressant, c'est qu'elle paraît avoir été presque étrangère à la rédaction de notre Code. Portalis, dans son exposé des motifs, n'y fait pas allusion. On la trouve indiquée dans le rapport fait au Tribunal par Gillet, mais elle y est reléguée au second plan.« Outre quelques idées probables sur la perfectibilité physique, il y a, dit-il, un motif moral pour que l'engagement réciproque du mariage soit impossible à ceux entre qui le sang et l'affinité ont déjà établi des rapports directs ou très prochains. »
h16 Posté 30 janvier 2009 Signaler Posté 30 janvier 2009 Je parierai pas dessus. Il est vrai que de 0 à 2 ans, l'humain teste souvent que le sable, ça râpe la langue et le caca a mauvais goût. Je vais laisser s'exprimer Durkheim, qui le fait beaucoup mieux que moi : Il serait peut-être aussi / plus judicieux de voir ce qu'un biologiste aurait à dire de ça. Pour comparer.
Saucer Posté 30 janvier 2009 Signaler Posté 30 janvier 2009 Un ou deux sur 1.000 générations, de vrais obsédés sexuels dans ta famille.Et je commence à comprendre ta fascination pour Jurassic Park. Salopard. Comment oses-tu. Me demander si je pense à niquer ma soeur, okay. Mais là Jurassic Park, c'est trop. Mais tu sais, tu veux pas te l'admettre, mais du côté de ta famille aussi peut-être. Il serait peut-être aussi / plus judicieux de voir ce qu'un biologiste aurait à dire de ça. Pour comparer. On parle des raisons invoquées pour l'interdiction de l'inceste, pas si cet inceste aurait effectivement des conséquences néfastes sur une lignée. Ce avec quoi je suis d'accord.
José Posté 30 janvier 2009 Signaler Posté 30 janvier 2009 Mais tu sais, tu veux pas te l'admettre, mais du côté de ta famille aussi peut-être. Non. Jamais.
Saucer Posté 30 janvier 2009 Signaler Posté 30 janvier 2009 Non. Jamais. Oh, après un ou deux verres concoctés par un tonton barman…
José Posté 30 janvier 2009 Signaler Posté 30 janvier 2009 Oh, après un ou deux verres concoctés par un tonton barman… Dans notre famille, on prend notre première cuite à l'âge de trois ans. Comme ça on est blindé et on reste toujours lucide à partir de la puberté. Lucilio's Family, the finest selection since 10,000 B.C.
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