Coldstar Posté 9 juin 2009 Signaler Posté 9 juin 2009 Je propose d'utiliser ce fil pour commenter et recenser des affaires ayant trait au clientélisme politique. Qu'il s'agisse d'affaires en cours, anciennes, d'expériences vécues etc… On pourrait aussi y recenser quelques ouvrages ayant trait à ce sujet, plus sur du factuel que du théorique (il existe déjà des fils sur le Public Choice où des ouvrages analytiques trouveraient plus leur place. Voici une affaire récemment révélée dans le Point. Elle touche le PS des Bouches-du-Rhône, département qui a de manière générale fort mauvaise réputation en ce qui concerne les pratiques politiciennes: http://www.lepoint.fr/actualites-politique…es/917/0/343376 Extraits (merci d'utiliser le lien de préférence): Citation Rolland Balalas avait la réputation d’un homme qui ouvre les portes. En livrant ses secrets à la justice, il en a peut-être ouvert une de trop : celle qui conduit au scandale. Secrétaire général du groupe socialiste au conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, ce militant actif et volubile, aux cheveux longs et à la barbe christique, était le pivot des attributions d’aides publiques aux associations dans les quartiers Nord de Marseille. Il était en outre l’assistant de la députée Sylvie Andrieux, figure du socialisme local dont ces cités grises et déshéritées sont la terre d’élection. Pour son plus grand malheur, Balalas est aussi, à présent, le principal témoin à charge des pratiques occultes du PS phocéen.« Le fait d’aider abondamment les associations est le résultat d’une stratégie politique ; les vannes sont ouvertes en grand dans un but que l’on peut qualifier d’électoraliste et de clientéliste », a-t-il déclaré au juge Franck Landou, qui l’a mis en examen en juin 2008 pour « complicité de détournements de fonds publics ». Suivait cette accusation, tranchante comme un poignard : « Mme Andrieux utilise sans discernement les fonds publics sans se soucier de ce qu’il y a derrière, juste pour sauvegarder ses intérêts électoraux et politiques. C’est-à-dire qu’elle se fout complètement de savoir si ce que l’on finance est bon ou pas, dans la mesure où ça augmente sa popularité dans les quartiers. » Depuis, l’écho de ces déclarations-pourtant jamais publiées à ce jour-s’est propagé jusqu’au coeur du système politique marseillais, suscitant embarras et inquiétudes. Sylvie Andrieux a vite proclamé que les subventions étaient attribuées « par les services administratifs de la région » . Et quand, au début de cette année, la brigade financière a interpellé plusieurs dirigeants associatifs et perquisitionné à l’hôtel de région, le président (PS) du conseil régional, Michel Vauzelle, s’est empressé d’annoncer que la collectivité se constituait partie civile dans l’instruction du juge Landou. Sans savoir que celui-ci avait pris de l’avance. Voilà bientôt deux ans, en effet, que ce magistrat discret et méthodique reconstitue un stupéfiant puzzle : une galaxie d’associations gigognes aux noms passe-partout et aux buts incertains qui ont reçu des millions d’euros de subventions dont l’essentiel a été distrait de leur finalité sociale. Créées par un petit groupe d’individus influents dans les cités, toutes ont été subventionnées par la région au titre de la « politique de la ville » sans que jamais personne ne vérifie l’usage des fonds. Résultat : loin d’avoir servi à des actions d’insertion, ces sommes ont été détournées et leur trace se perd dans un labyrinthe de retraits d’espèces, de fausses factures et de dépenses personnelles-des ordinateurs jusqu’aux voitures de luxe. (…) Animateur de plusieurs associations fantômes, Benyoub Same a précisé les termes de l’échange : « En contrepartie des subventions, je m’étais engagé auprès de Rolland [balalas] à être disponible lors des élections sur le secteur : cela signifiait amener des gens aux meetings de Sylvie [Andrieux], faire de la propagande pour elle, ce genre de trucs. » Président d’une radio communautaire appréciée dans ces quartiers, Same aurait été recruté par Balalas pour soutenir l’élue socialiste après avoir fait campagne… pour la droite. « C’est quelqu’un qui avait foutu le bordel contre elle en 2001 dans son quartier de Font-Vert Picon, a expliqué ce dernier ; Sylvie Andrieux préférait l’avoir avec plutôt que contre. La contrepartie de ce retournement était de lui verser les subventions qu’il demandait par le biais des associations. » Dans sa dernière audition par le juge, le 13 février, Balalas s’est montré encore plus explicite : « Same était très introduit auprès de Sylvie Andrieux. C’était quelqu’un qui, par ses réseaux, était capable de convaincre des gens de voter pour elle. Au moment des élections, elle le voyait presque tous les jours. Il s’est beaucoup investi pour la dernière campagne des législatives, en 2007, et aussi pour la présidentielle. Tous ces gens-là font les campagnes à chaque grand moment politique où il faut faire venir du monde. » (…) Le pire est que, de toute évidence, l’existence de ces « réseaux d’influence » (l’expression est de Balalas) alimentés sur fonds publics relevait du secret de Polichinelle. Durant la campagne municipale de 2007, Philippe Sanmarco, ancien député socialiste rallié à Jean-Claude Gaudin, avait dénoncé à voix haute ces pratiques, qui transformaient selon lui la collectivité régionale en « tiroir-caisse » et résumaient l’engagement politique à une « distribution de prébendes ». Placé en garde à vue le 19 février, le directeur de l’aménagement au conseil régional, Guillaume Lalange, l’a confirmé : « Les subventions octroyées aux associations des quartiers Nord font partie d’un système électoraliste. » Le haut fonctionnaire a ajouté avoir « remué ciel et terre » pour imposer des critères précis aux attributions de subventions, mais en vain. « Ma hiérarchie m’a expliqué que la situation existante convenait à Mme Andrieux, a-t-il précisé. Elle voulait que cette ligne n’ait pas de critères pour faire passer les dossiers de sa circonscription. Tout le monde le savait. » (…) A la même époque, la découverte de falsifications dans des dossiers de demande présentés au conseil régional resta pourtant sans effet. Une fonctionnaire avait pointé par écrit ces « anomalies ». Elle a raconté s’être fait rabrouer par Sylvie Andrieux : « Comment avez-vous pu écrire cette note ? lui aurait demandé l’élue. Vous n’y connaissez rien, vous n’êtes pas sur le terrain ! Moi j’y suis et je les connais. » La même a évoqué devant les policiers les « pressions » exercées sur les services administratifs par le « groupe PS ». « Nous n’étions qu’une chambre d’enregistrement », a-t-elle résumé. Questionné par la brigade financière, l’un des collaborateurs de Balalas auprès des élus socialistes a lui-même fait part de son malaise : « L’ensemble de l’équipe du groupe PS est parfois écoeuré par la dilapidation de l’argent public », a-t-il soufflé. Face aux protestations internes, « Mme Andrieux avait répondu qu’en période électorale on ne pouvait pas être regardant », a-t-il ajouté. Sollicitée par Le Point , la députée n’a pas voulu réagir à ces dépositions. « Fausses factures » Plusieurs témoignages attestent cependant que ces alertes avaient provoqué son inquiétude. Informée en 2007 par Balalas de l’existence de fausses pièces dans les dossiers présentés par Benyoub Same, l’élue aurait alors donné à son collaborateur les instructions suivantes : « Tu le vois, tu lui dis ce qui se passe, qu’apparemment les gens se sont aperçus qu’il faisait des faux et qu’à un moment ça pouvait me mettre en danger et tu lui demandes de "reparamétrer" ses dossiers. » « Elle m’a dit qu’il était fou de faire ce genre de choses, qu’il fallait que ça s’arrête. Mais ça ne l’a pas empêchée de continuer à les financer », a ajouté Balalas. Avec cette conclusion : « Le système des "dossiers signalés" continue comme avant. » Comme avant ? C’est à voir. En 2002, l’ancien responsable du service chargé de la politique de la ville au conseil régional, Christian de Leusse, dénonçant ces pratiques dans une note interne, redoutait que « l’institution-et particulièrement son président-s’expose à travers ces dossiers signalés ». Sept ans plus tard, sa sombre prédiction est en passe de se réaliser. (…)
Nick de Cusa Posté 9 juin 2009 Signaler Posté 9 juin 2009 Si on mentione la Wallonie et Bruxelles, ce fil va très vite devenir le plus long du forum.
Coldstar Posté 9 juin 2009 Auteur Signaler Posté 9 juin 2009 Concernant les publications, j'ai récemment entendu entendu parler de cet ouvrage, mais je ne l'ai pas encore acheté: Citation Si on mentione la Wallonie et Bruxelles, ce fil va très vite devenir le plus long du forum. Si ce fil devient vraiment trop long, on pourrait créer une section "clientélisme" avec des sous-forums régionaux
DiabloSwing Posté 9 juin 2009 Signaler Posté 9 juin 2009 Nick de Cusa a dit : Si on mentione la Wallonie et Bruxelles, ce fil va très vite devenir le plus long du forum. Oh, en France y en a tout autant, mais poids de l'omerta oblige…
Drake Posté 9 juin 2009 Signaler Posté 9 juin 2009 Les démocraties occidentales s'étant transformées en de vastes kleptocraties clientélistes, il serait infiniment plus rapide de lister les mesures de dépenses publiques qui ne sont pas entachées de biais clientélistes (si elles existent).
thabor Posté 9 juin 2009 Signaler Posté 9 juin 2009 La politique en général n'est-elle pas tout le temps clientéliste ?
john_ross Posté 9 juin 2009 Signaler Posté 9 juin 2009 thabor a dit : La politique en général n'est-elle pas tout le temps clientéliste ? Demandez à De Gaulle!
ernest Posté 9 juin 2009 Signaler Posté 9 juin 2009 Citation La politique en général n'est-elle pas tout le temps clientéliste ? Tu confonds la politique - principe peu explicite - et la démocratie représentative non ?
Adrian Posté 10 juin 2009 Signaler Posté 10 juin 2009 BlackJack a dit : Oh, en France y en a tout autant, mais poids de l'omerta oblige… Les langues se délient : http://www.dailymotion.com/video/x9j9y7_vg…ncierement_news Pas étonnant venant de Chirac.
Coldstar Posté 10 juin 2009 Auteur Signaler Posté 10 juin 2009 Election de Serge Dassault à la Mairie de Corbeil-Essonne invalidée: il est soupçonné d'avoir acheté des voix. Citation PARIS (Reuters) - Le Conseil d'Etat a invalidé les résultats de la dernière élection municipale de Corbeil-Essonnes (Essonne), prononçant l'inéligibilité pour un an du maire UMP, Serge Dassault, pour achat de voix.Seulement 170 voix séparaient la liste UMP de celle de son concurrent communiste, Bruno Piriou, lui-même déclaré inéligible pour un an en 2008 pour non respect des comptes de campagne. Les "dons d'argent effectués par le maire sortant pendant la période électorale" sont "de nature à altérer la sincérité du scrutin et à en vicier les résultats", juge le Conseil d'Etat. "Le Conseil d'Etat n'a certes pas retenu des témoignages qui faisaient état de pressions directes sur les électeurs. Il a, en revanche, considéré que divers éléments établissaient l'existence de dons d'argent d'une ampleur significative, de la part du maire sortant, à destination des habitants de la commune", peut-on lire dans un communiqué du Conseil d'Etat. Serge Dassault, ancien P-DG du groupe Dassault, est sénateur de l'Essonne. Il a été élu maire de Corbeil en 1995 et 2001. Interrogé par lepoint.fr, il a dénoncé une "décision politique et inique". "Je n'ai jamais rien fait, rien, jamais. Il n'y a aucune preuve contre moi", a-t-il dit au magazine, accusant les magistrats du Conseil d'Etat d'être "tous des socialistes". Vendredi, Le Point avait révélé que le sénateur-maire UMP avait déposé plainte contre les "attestations mensongères" sur lesquelles le rapporteur public s'était selon lui fondé pour demander l'annulation du scrutin. Cinq témoins cités par Bruno Piriou qui assuraient avoir reçu de l'argent de Serge Dassault avant de le redistribuer à des électeurs n'ont finalement pas témoigné devant le Conseil d'Etat. Le rapporteur public avait cependant estimé que plusieurs témoignages étaient "suffisamment circonstanciés pour établir la réalité d'une telle pratique" à Corbeil-Essonnes. L'inéligibilité pour un an de Bruno Piriou, prononcée par le tribunal administratif de Versailles en 2008, a également été confirmée par le Conseil d'Etat.
john_ross Posté 10 juin 2009 Signaler Posté 10 juin 2009 Si c'est avec son argent qu'il a acheté des voix c'est très bien. Même si on argent provient de contrats passés avec l'état.
Nick de Cusa Posté 10 juin 2009 Signaler Posté 10 juin 2009 Si vous voulez chercher en anglais, on parle de "pork barrel politics" souvent raccourci en "pork". Revient souvent dans the economist. Aux USA, ça se traduit par : les industries influentes, comme l'armement, se débrouillent pour être répartis sur les 50 Etats, pour pouvoir faire pression sur chaque député et sénateur.
kolb Posté 10 juin 2009 Signaler Posté 10 juin 2009 Nick de Cusa a dit : Si vous voulez chercher en anglais, on parle de "pork barrel politics" souvent raccourci en "pork". Revient souvent dans the economist. Aux USA, ça se traduit par : les industries influentes, comme l'armement, se débrouillent pour être répartis sur les 50 Etats, pour pouvoir faire pression sur chaque député et sénateur. Au moins cela exprime une certaine importance de chaque sénateur tandis qu'en Europe la coércition est utilisée monopolistiquement et souvent elle fut totale.
Lexington Posté 10 juin 2009 Signaler Posté 10 juin 2009 Nick de Cusa a dit : Si vous voulez chercher en anglais, on parle de "pork barrel politics" souvent raccourci en "pork". Revient souvent dans the economist. Aux USA, ça se traduit par : les industries influentes, comme l'armement, se débrouillent pour être répartis sur les 50 Etats, pour pouvoir faire pression sur chaque député et sénateur. Pour compléter, grâce à Wikibéral : Citation La langue anglaise parle de pork barrels (barils de porc) pour désigner les « cadeaux » politiques (toujours payés par quelqu'un faut-il le rappeler) accordés aux électeurs des circonscriptions tangeantes. Pareillement, les danois parlent de valgflæsk, les suédois de valfläsk et les norvégiens de valgflesk. Pour les roumains, c'est de la pomeni electorale (aumône électorale) et pour les polonais de la kiełbasa wyborcza (saucisse électorale)". Les tchèques parlent de předvolební guláš (goulash pré-electoral) ou de porcování medvěda. Au Venezuela, c'est la tactique suivie par Hugo Chávez pour limiter sa défaite aux dernières élections régionales. Rien que dans la municipalité de Sucre, 10 millions $ ont été distribués par les autorités chavistes, tandis que dans d'autres communes il s'agissait de matelas, de téléphones portables, de réservoirs d'eau, etc. Pour le politologue Alfredo Keller, c'est un tiers de l'électorat chaviste qui a ainsi été acheté.
José Posté 16 juin 2009 Signaler Posté 16 juin 2009 C'est bien la politique, c'est capable de rendre 'achement rentable des activités pourtant dures à rendre des sous comme le blogging : le maire de Barcelone tient un blog, il ne coûte que 315.000 euros par an à ses administrés. http://www.libertaddigital.com/internet/el…ano-1276362284/
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