Adrian Posté 24 juin 2009 Signaler Posté 24 juin 2009 Matelas sous le bras, sacs et couvertures à la main, ils sont sortis un à un, sous le regard des CRS. Sur le trottoir, bordé par des dizaines de fourgons de police et de cars de CRS, des femmes pleurent, en état de choc.Après 14 mois passés à vivre jour et nuit dans les locaux de la Bourse du travail à Paris, les occupants de ce grand bâtiment situé à deux pas de la place de la République se sont retrouvés à la rue ce midi, évacués de force.Africains en situation irrégulière, ils étaient autour de 400 à 500 à y vivre en permanence et près de 1200 à y venir par intermittence. Qui a mené l'évacuation ? La situation était d'abord confuse, cet après-midi. Tandis que nombre de témoins accusaient la police, les sans-papiers évacués désignaient la CGT, qui aurait envoyé son service d'ordre faire le sale boulot. Scénario que le syndicat a fini par reconnaître quelques heures plus tard: «Après avoir essayé en vain de négocier pendant des mois, nous avons décidé de mettre un terme à une occupation qui était devenue un squatt», justifie Patrick Picard, secrétaire général de l’Union départementale de Paris. Pourquoi un syndicat qui monte régulièrement au créneau sur la question des travailleurs sans-papiers a-t-il délogé… des travailleurs sans-papiers ? La CGT, qui dispose du bâtiment, en co-gestion avec la CFDT, FO, la CFE-CGC, l'Unsa et Solidaires, voulait d'abord récupérer son lieu de travail. Ensuite, le syndicat entretient depuis le début des relations tendues avec ces sans-papiers, pour la plupart travailleurs isolés, dans le nettoyage ou la sécurité, qui se sont rassemblés dans un collectif autonome, la CSP 75 (coordination des sans-papiers), sans jamais vouloir se rapprocher de la CGT pour les demandes de régularisation. «Bonbonnes de lacrymo» Après plusieurs semaines de menaces, la CGT a donc envoyé ce matin «quelques dizaines de militants», qui n'ont pas fait les choses à moitié. Les témoins — occupants, passants ou commerçants — décrivent tous la même scène, très brutale: vers 12h30, alors que le gros des occupants était, comme chaque mercredi, parti manifester place du Châtelet pour réclamer des régularisations, une trentaine de gros bras «au crâne rasé», brassard orange au bras, ont débarqué armés de «bâtons» et de «bonbonnes de lacrymo», le visage protégé par des masques et des «lunettes de piscine». «Ils ont remonté la rue en rang, arrivés à la porte de la bourse du travail ils ont crié "On y va", ils sont rentrés dans le bâtiment et ont balancé les lacrymo», raconte Nicolas qui remontait la rue a ce moment là et a appelé la police, comme d'autres. Une jeune fille, Nadia, dit aussi avoir vu «une vraie milice. Leurs bâtons, c'étaient des planches». D'autres parlent de «commando», de «chaises qui volaient», montrent les vitres cassées. Sous le choc, Konté, un occupant qui ce matin n'était pas parti à la manifestation, justement pour garder le bâtiment, raconte: «Ils savaient qu'on est peu nombreux le mercredi. On était dans la cour quand ils sont arrivés, ils nous ont lancé tellement de gaz qu'on a dû sortir, on n'a pas eu le choix.» La police est arrivée «dix minutes plus tard» mais sans rentrer dans le bâtiment, faute, explique-t-on, de réquisition du propriétaire, en l'occurrence la mairie de Paris. Les policiers seront rejoints par les CRS, tandis que les pompiers évacuent plusieurs blessés légers. «Milice» Sur le boulevard, les passant s'échauffent: «ratonnade», «nettoyage», «Sarkozy assassin»… Certains jurent reconnaître parmi les policiers en civil présents les mêmes qui ont forcé le bâtiment une demi-heure plus tôt. Deux jeunes filles affirment que des policiers en civil étaient déjà là quand la «milice» a débarqué et se parlaient entre eux avec leur talkie. Bientôt la rumeur court: ce serait la police qui aurait mené une opération coup de poing pour pouvoir ensuite faire évacuer le lieux. Dans les rangs de la police, on ne nie pas avoir eu des hommes présents «comme chaque mercredi, pour encadrer la manifestation» mais on se défend d'avoir participé à l'évacuation, menée «par le service d'ordre de la CGT et uniquement par lui». En fin d'après-midi, les sans-papiers achevaient de débarrasser leur affaires, sans savoir où ils allaient passer la nuit. Impossible pour l'heure de réoccuper le bâtiment, bloqué par la police. Incroyable.
José Posté 24 juin 2009 Signaler Posté 24 juin 2009 Bah… pour une fois que la CGT défend la propriété privée, on va pas bouder son plaisir, non ?
Invité rogermila Posté 24 juin 2009 Signaler Posté 24 juin 2009 Incroyable. non, ce n'est pas incroyable du tout. La CGT est un syndicat hyper-corporatiste et a toujours eu des réactions extrèmement musclées voire violentes contre les gens qu'elle estime venir pratiquer de la concurrence deloyale ou leur piquer du travail (y compris au sein de l'entreprise où les gens qui acceptent des conditions de travail que la CGT désapprouve sont souvent victimes de mise en quarantaine voire de brimades). Donc elle n'a aucun intérêt à sympathiser avec des Africains sans-papiers qui ne veulent pas l'écouter.
Nick de Cusa Posté 24 juin 2009 Signaler Posté 24 juin 2009 Voilà. D'une pierre deux coup : faire respecter sa propriété + faire que la presse décrive enfin ses vraies méthodes (habituelles en fait).
Adrian Posté 24 juin 2009 Auteur Signaler Posté 24 juin 2009 La CGT est un syndicat hyper-corporatiste et a toujours eu des réactions extrèmement musclées voire violentes Ceci explique cela ok…
Invité jabial Posté 24 juin 2009 Signaler Posté 24 juin 2009 Bah… pour une fois que la CGT défend la propriété privée, on va pas bouder son plaisir, non ? Ils défendent la leur. Je ne vois pas ce que ça a de bien : ça prouve seulement le deux poids deux mesures, avec le seigneur au petit pied qui est souverain sur son bien en face du bourgeois qui est considéré comme un voleur plutôt que comme un propriétaire.
Esperluette Posté 24 juin 2009 Signaler Posté 24 juin 2009 La CGT est un syndicat hyper-corporatiste et a toujours eu des réactions extrèmement musclées voire violentes contre les gens qu'elle estime venir pratiquer de la concurrence deloyale ou leur piquer du travail (y compris au sein de l'entreprise où les gens qui acceptent des conditions de travail que la CGT désapprouve sont souvent victimes de mise en quarantaine voire de brimades).Donc elle n'a aucun intérêt à sympathiser avec des Africains sans-papiers qui ne veulent pas l'écouter. Ca me rappelle une dame de ma connaissance, fonctionnaire dans un gros machin public, qui se ramenait parfois au boulot quelques minutes plus tôt. Un délégué a fini par lui faire remarquer : on s'est battus pour obtenir des droits, alors faudrait voir à pas nous casser la baraque. "CPEF" comme le rapporte un dicton célèbre.
eclipse Posté 24 juin 2009 Signaler Posté 24 juin 2009 La réaction de la police est priceless dans le genre aussi. Ils n'ont pas besoin de réquisition en cas de flag.
Glockinette Posté 24 juin 2009 Signaler Posté 24 juin 2009 Ils agissent en bons communistes: violents,totalitaires, hypocrites. "Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais", voila qui correspond bien à la mentalité CGTiste.
ibinico Posté 24 juin 2009 Signaler Posté 24 juin 2009 J'aimerais bien avoir leur vision des squatts dans les appartements privés - quand ce ne sont pas les leur. Mon petit doigt me dit qu'ils y seraient plutôt favorables. Faites ce que je dis…
dop Posté 24 juin 2009 Signaler Posté 24 juin 2009 J'aimerais bien connaître les suites judiciaires données à cette affaire. Enterré ?
Taishar Posté 25 juin 2009 Signaler Posté 25 juin 2009 [dailymotion]x9ob88[/dailymotion] Deux d'entre eux soulignent quand même quelque chose de très juste "ils savent prendre nos cotisations, mais ils ne veulent pas de nous".
Jefferson Posté 25 juin 2009 Signaler Posté 25 juin 2009 ça m'étonnerait que les medias "mainstream" en parlent beaucoups… Une chose me fascine: la façon dont chaque citoyen réagirait face à un glissement de la France vers une dictature.Qui résisterait?Qui offrirait ses services au nouveau régime? J'aime me dire que les militants des diverses associations de gauche constituerait le gros de la police politique et des paramilitaires du nouveau régime. ça me fait froid dans le dos de voir dans certains esprits, y compris de gens dans mon entourage, à quel point le désir d'un système totalitaire qui serve leur idéologie est développé, et à quel point leurs adversaires idéologiques sont déshumanisés.
José Posté 25 juin 2009 Signaler Posté 25 juin 2009 Une chose me fascine: la façon dont chaque citoyen réagirait face à un glissement de la France vers une dictature.Qui résisterait?Qui offrirait ses services au nouveau régime? Déjà vu : Vichy et des centaines de milliers Parisiens (un million ?) acclamant Pétain le 26 avril 1944, 6 semaines avant de débarquement de normandie.
john_ross Posté 25 juin 2009 Signaler Posté 25 juin 2009 Encore une bonne démonstartion du : Ce qui est à moi est à moi ce qui est à vous est négociable.
Apollon Posté 25 juin 2009 Signaler Posté 25 juin 2009 Une chose me fascine: la façon dont chaque citoyen réagirait face à un glissement de la France vers une dictature.Qui résisterait?Qui offrirait ses services au nouveau régime? Il suffit d'admirer la vigilance citoyenne anti-Sarkozy pour se rendre compte que la seule chose pour laquelle le vulgum pecus est capable de s'opposer au nom de la démocratie et de la liberté, c'est à des épouvantails. (dernière en date : "Sarkozy assassin" quand la CGT dégage ses locaux des immigrés clandestins). ça me fait froid dans le dos de voir dans certains esprits, y compris de gens dans mon entourage, à quel point le désir d'un système totalitaire qui serve leur idéologie est développé, et à quel point leurs adversaires idéologiques sont déshumanisés. J'aime me dire que les militants des diverses associations de gauche constituerait le gros de la police politique et des paramilitaires du nouveau régime.
Invité Posté 25 juin 2009 Signaler Posté 25 juin 2009 ça m'étonnerait que les medias "mainstream" en parlent beaucoups…Une chose me fascine: la façon dont chaque citoyen réagirait face à un glissement de la France vers une dictature.Qui résisterait?Qui offrirait ses services au nouveau régime? J'aime me dire que les militants des diverses associations de gauche constituerait le gros de la police politique et des paramilitaires du nouveau régime. ça me fait froid dans le dos de voir dans certains esprits, y compris de gens dans mon entourage, à quel point le désir d'un système totalitaire qui serve leur idéologie est développé, et à quel point leurs adversaires idéologiques sont déshumanisés. Les français sont prêts à collaborer, les anglais et les américains viendront pour la nième fois nous sauver.
john_ross Posté 25 juin 2009 Signaler Posté 25 juin 2009 Les français sont prêts à collaborer, les anglais et les américains viendront pour la nième fois nous sauver. Pas cette fois à mon avis.
Apollon Posté 25 juin 2009 Signaler Posté 25 juin 2009 Pas cette fois à mon avis. euh tu parles de quoi au juste.
Invité Posté 25 juin 2009 Signaler Posté 25 juin 2009 Pas cette fois à mon avis. Si on résume, les gens un peu censés qui n'ont pas envie de mourir pour rien essaieront de quitter le pays à temps. Mais le combattre sans aide étrangère, ça me parait doucement suicidaire. Mais comment un pays de l'UE pourrait devenir totalitaire ? Il faudrait qu'il quitte l'UE en quelque sorte, qu'il lache l'euro. ça me parait tellement ruineux comme entreprise, je vois pas comment ça pourrait aboutir. Une fois qu'on a rejoint le niveau du Zimbabwee, notre Etat totalitaire fera pas peur à grand monde.
Apollon Posté 25 juin 2009 Signaler Posté 25 juin 2009 Si on résume, les gens un peu censés qui n'ont pas envie de mourir pour rien essaieront de quitter le pays à temps. Mais le combattre sans aide étrangère, ça me parait doucement suicidaire. Mais comment un pays de l'UE pourrait devenir totalitaire ? Il faudrait qu'il quitte l'UE en quelque sorte, qu'il lache l'euro. ça me parait tellement ruineux comme entreprise, je vois pas comment ça pourrait aboutir. Une fois qu'on a rejoint le niveau du Zimbabwee, notre Etat totalitaire fera pas peur à grand monde. Les gens un peu censés évitent d'exprimer l'idée que la France est au seuil de devenir une dictature avec son cortège de morts et qu'il faudrait une intervention étrangère. Fièvre obsidionale.
Winston Posté 25 juin 2009 Signaler Posté 25 juin 2009 Il suffit d'admirer la vigilance citoyenne anti-Sarkozy pour se rendre compte que la seule chose pour laquelle le vulgum pecus est capable de s'opposer au nom de la démocratie et de la liberté, c'est à des épouvantails. (dernière en date : "Sarkozy assassin" quand la CGT dégage ses locaux des immigrés clandestins). "Two minutes' hate", elles servent un but précis.
Invité Posté 25 juin 2009 Signaler Posté 25 juin 2009 Les gens un peu censés évitent d'exprimer l'idée que la France est au seuil de devenir une dictature avec son cortège de morts et qu'il faudrait une intervention étrangère. Fièvre obsidionale. j'ai exprimé pourquoi le scénario me parait fumeux en même temps.
Invité rogermila Posté 25 juin 2009 Signaler Posté 25 juin 2009 Un délégué a fini par lui faire remarquer : on s'est battus pour obtenir des droits, alors faudrait voir à pas nous casser la baraque. Oui, c'est tout à fait caractéristique de l'état d'esprit CGTiste dans les grosses administrations. Combien de cadres consciencieux et responsables qui proposaient de changer certaines méthodes de travail pour eviter des gachis financiers monstres, se sont vus saqués parce que la CGT ne voulait pas changer la façon de travailler dans le service concerné.
h16 Posté 25 juin 2009 Signaler Posté 25 juin 2009 Pour ceux qui le veulent, j'ai commis un billet sur le sujet ( ici )
h16 Posté 25 juin 2009 Signaler Posté 25 juin 2009 Merci -> ça monte bien et ça apparaît en première page wikio. La CGT ? Que Du Bonheur, je vous dis.
Glockinette Posté 25 juin 2009 Signaler Posté 25 juin 2009 Les français sont prêts à collaborer, les anglais et les américains viendront pour la nième fois nous sauver. C'est déjà un peu le cas, de manière indirecte (pour tous les jeunes français qui s'expatrient aux US, UK, Canada, etc.).
Volkhen Posté 25 juin 2009 Signaler Posté 25 juin 2009 ça me fait froid dans le dos de voir dans certains esprits, y compris de gens dans mon entourage, à quel point le désir d'un système totalitaire qui serve leur idéologie est développé, et à quel point leurs adversaires idéologiques sont déshumanisés. Papy Hayek a encore raison : tout le monde est prêt à faire des sacrifices, à vouloir un régime totalitaire, pour une bonne cause. Le problème est que tout le monde ne considère pas la même chose comme LA cause à défendre.
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