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De la démocratie à Marinaleda


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Posté

Lu grâce à un lien du monde.fr :

le communisme fait à nouveau rêver

08 août 2009

A la faveur de la crise, on inhume des vieilles utopies, mais remises au goût du jour : un futur possible du communisme s’expérimente depuis quelques années à Marinaleda , en Espagne.

Voilà le fonctionnement original de ce village de 2700 habitants :

  • tout d’abord, une coopérative d’habitation pour que tous les habitants aient une maison à eux, en participant à la construire,
  • et une coopérative agricole, pour que personne ne soit au chômage.

Rien n’est obligatoire dans ce programme. Ce ne sont que des volontaires qui se mettent à bosser à la coopérative, mais ça marche. Du coup, tout le monde veut y aller. On y fait des artichauts, des haricots et des brocolis ; mais surtout on y réalise un taux de chômage proche de zéro, dans une région qui atteint les 21% de demandeurs d’emploi.

La preuve qu’on peut avoir sa maison et avoir du boulot en inventant un autre modèle -appelons-le coopératif plutôt que communiste. Et autant vous dire que Marinaleda a plus que la côte depuis le début de la crise, et commence même à faire des émules.

Repenser la ville (ou disons le village, ça ne marche qu’à petite échelle) comme une grande coopérative. Pourquoi pas ?

>>> Plus de détails sur Wikipedia

>>> Le New York Times, au bord de la sidération sur le sujet

En quelques lignes, nous avons de quoi envoyer dans les cordes les bonnes âmes qui pensent aujourd'hui que la France ne vit pas sous empreinte marxiste, soit disant parce que les groupuscules marxistes ne se montreraient pas aussi brutaux que par le passé.

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Les auteurs, dans un sursaut vraiment maigre de bon sens, ne soulignent qu'un seul bémol: ”ça ne marche qu'à petite échelle“. Mais rien n'est dit sur :

La dictature de la masse: les assemblées populaires votent à main levée une centaine de fois par an (impôts,logement, emploi…). Les atteintes à la propriété privée : l'objectif des “maisons à 15€ pour tous” a conduit à l'expropriation ou au rachat de plus d'un tiers du territoire de la municipalité pour le déclarer “urbanisable et d'utilité publique” (en 1991, la ville a obtenu 3 000 acres de la part de la région, pris au propriétaire terrien voisin, le Duc d'Infantado). Le revenu par tête: atteignant moins de 600€ par habitant. L'ultra régulation et l'omniprésence du contrôle public : les matériaux, la main d'oeuvre et le projet lui même dépendent de l'architecte municipal ! Pire encore: le maire se targue de l'autonomie de son village (de ses “autoconstructeurs” construisant en équipe les maisons), sans souffler un mot sur le coût exorbitant des nouvelles maisons, chacune d'entre elles étant directement subventionnées par la région à hauteur de 18 000€!

Posté

Honnêtement, rien ne me choque vraiment dans cette histoire.

Tant qu'ils n'essaient pas de s'armer pour aller collectiviser le village d'à côté, ils font ce qui leur chante.

Bon, ils grattent plein de subventions vous me direz, mais qui ne le fait pas ?!

Invité jabial
Posté
Ce n'est pas communiste puisque ce n'est pas obligatoire.

Voilà. C'est du capitalisme coopératif, c'est tout.

Posté

… et ils exproprient.

Je me suis demandé la même chose: au fond, on pourrait s'en taper, c'est sur que le communisme local vaut mieux que du jacobinisme social démocrate.

Mais la manière dont l'information est véhiculée sur ce village ne laisse t-elle pas la place à une nouvelle vision, délibèrement plus locale du collectivisme, moins centralisée, et donc bcp moins menaçante pour l'imaginaire collectif?

Le retour au champêtre serait de surcroît idéalisé avec la tendance ecolo actuelle. Ca ne m'étonnerait pas de tomber un de ces 4 sur un gauchiste me citant en exemple ce patelin du fond de l'Espagne.

Je ne peux m'empêcher de penser que les idées peuvent avoir des conséquences.

Bref, le collectivisme, où qu'il soit…en Occident, me choque.

Posté
Voilà. C'est du capitalisme coopératif, c'est tout

Euh… omniprésence de la puissance publique, droit au logement opposable, expropriation, décisions prises à main levée par le peuple, etc. On a vu plus capitaliste quand meme.

Marinaleda est une commune d’Espagne, dans la province de Séville, communauté autonome d’Andalousie.

Depuis les premières élections municipales de l’ère démocratique (1979), le bâton de commandement de Marinaleda gouverne avec la vénération populaire qu’implique le fait d’avoir gagné sept scrutins électoraux successifs, toujours à la majorité absolue. Juan Manuel Sánchez Gordillo, maire de Marinaleda, est un militant du Collectif Unité des Travailleurs (CUT), courant de la Gauche Unie (Izquierda Unida).

Toutes les questions (Impôts, logement, emploi,…) sont soumises au verdict du peuple, qui vote à main levée au cours de la centaine d’assemblées générales qui se tiennent chaque année. Une grande part de l’économie locale tourne autour de la coopérative populaire, installée dans une ferme de la localité, où sont cultivées et mis en conserve des artichauts, des poivrons et d’autres légumes.

La quittance bancaire se monte à 15,52 Euro. La mairie de Marinaleda offre le terrain à ceux qui ont besoin d’une maison, elle accorde une subvention et exige du propriétaire qu’il mette la main à la pâte ou paye un remplaçant, ce qui inclut les 50 centimes prélevés par la banque pour délivrer la quittance.

L'article 47 de la Constitution stipule que tous les espagnols ont le droit de jouir d’un logement digne et adéquat. Les pouvoirs publics créeront les conditions nécessaires et établiront les normes pertinentes pour rendre ce droit effectif, régulant l’utilisation des terrains en accord avec l’intérêt général pour empêcher la spéculation. La communauté participera aux plus-values générées par l’action des organes publics dans le domaine de l’urbanisme.

«Des maisons à 15 Euro pour tous» a été de récupérer un bon tiers du territoire municipal, soit en l’achetant, soit en l’expropriant pour le déclarer urbanisable et d’utilité publique.

À tout fils d’habitant qui a besoin d’une maison le Consistoire fournit le terrain pour la construire gratuitement. Le terrain représente 60% de la valeur finale du logement, si bien qu’en l’offrant, cela réduit son prix de plus de la moitié.

La Junte d'Andalousie qui le finance, les propriétaires qui posent de la première brique à la dernière tuile. Celui qui veut avoir une maison bon marché doit être construite soi-même (Autoconstructeurs), ou en embauchant un spécialiste à 40 euro par jour. Bien que le terrain soit gratuit, ainsi que les matériaux et la main d’œuvre et jusqu’au projet réalisé par l’architecte municipal.

Les ouvriers qui édifient la structure sont des professionnels de la construction, des maçons sous contrat de la mairie, qui viennent en renfort pour diriger les autoconstructeurs et pallier le manque de savoir-faire des habitants. Ceux-ci se mettront au travail dans quelques jours. Aucun d’eux ne saura laquelle des vingt maisons sera la sienne en fin de compte, un système qui garantit que tous travaillent avec la même ardeur et les mêmes exigences sur toutes les maisons.

En tout le revenu par tête dans la localité est en dessous de 7.200 Euro par an et 800 de ses 2.650 habitants touchent le PER, le subside pour les travailleurs agricoles saisonniers et précaires (PER = Plan de Empleo Rural : il s’agit d’un salaire que la Junte d'Andalousie offre aux saisonniers quand ils n’ont pas de travail.

Ce système municipal demeure toutefois très critiqué par la droite qui considère que le PSOE achète avec lui les votes des pauvres pour se maintenir au pouvoir (le Parti Populaire n’a en effet jamais gouverné en Andalousie), et argue que le point faible de ce modèle réside dans une dépendance aux fonds publics qui rend impossible toute exportation au reste de l’Espagne.

Pour plus d'infos => http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=1986&lg=fr

Invité jabial
Posté
… et ils exproprient.

Si c'est vrai, ça change tout.

Et festif! De même, les kibboutzim, c'est du capitalisme associatif et villageois? :icon_up:

Voilà :doigt:

Le capitalisme c'est le moteur. Le communisme c'est le mouvement perpétuel.

Si on vous montre une machine à mouvement perpétuel qui marche, cherchez le moteur caché.

Et le jour où à force d'y croire on finit par penser qu'on n'a pas besoin d'un moteur et qu'on le retire… ça s'arrête, et on découvre que la "machine à mouvement perpétuel" n'était que du poids mort.

Mais le plus fort, c'est qu'il y aura toujours des gens qui penseront que c'est l'inertie de ce poids mort qui fait tourner le moteur.

Posté
Voilà. C'est du capitalisme coopératif, c'est tout.

Non, c'est du collectivisme ou du syndicalisme, d'ailleurs financé par de l'argent public (voir l'article Wikipedia). Pour y remédier, je préconise des contrôles du fisc et de l'inspection du travail, afin que les escrocs qui promeuvent ce système voient le vrai socialisme en action.

Invité jabial
Posté

OK, donc c'est bien du collectivisme, et le moteur caché, c'est le travail et le capital des gens qui paient les impôts qui les financent.

Posté
Si c'est vrai, ça change tout

:icon_up:

Les atteintes à la propriété privée : l'objectif des “maisons à 15€ pour tous” a conduit à l'expropriation ou au rachat de plus d'un tiers du territoire de la municipalité pour le déclarer “urbanisable et d'utilité publique” (en 1991, la ville a obtenu 3 000 acres de la part de la région, pris au propriétaire terrien voisin, le Duc d'Infantado).

Je ne vois ni la recherche de la création de richesse/de profit, ni respect de la propriété privée, ni (sans doute) d'échanges libres.

J'ai du mal à y voir du capitalisme, même coopératif; bien qu'il y ait un semblant d'accord contractuel par l'échange de volontés (à mon avis tronqué compte tenu de la prédominance de la pensée du groupe en cas de volontés individuelles isolées…)

Question: est ce du collectivisme libertaire? (déni de la liberté individuelle et amoindrissement de l'Etat central?)

Posté
Question: est ce du collectivisme libertaire? (déni de la liberté individuelle et amoindrissement de l'Etat central?)

Je trouve effectivement que ça ressemble pas mal aux expériences anarchistes dont l'Espagne fut friande il y a quelques décennies.

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