Lexington Posté 4 février 2010 Signaler Posté 4 février 2010 C'est avec une constance, un talent et une énergie remarquables que Hugo Chavez s'emploie à saccager l'économie de son pays. A Copenhague, le nouveau maître à penser des altermondialistes - depuis que le "traître" Lula s'est rallié, avec succès, à la mondialisation libérale et à l'orthodoxie monétaire et budgétaire - avait surpris tout le monde. Il avait déclaré sa flamme pour les théories de la décroissance, du renoncement à la consommation en biens matériels, vilipendant un système qui détruit la planète en la réchauffant. Cela avait un peu étonné, bien sûr : le Venezuela est le cinquième exportateur mondial de brut et tire 90 % de ses ressources en devises du pétrole.Rentré à Caracas, il est passé aux travaux pratiques. Adieu le bolivar fort, dont Chavez était si fier. Après sa dévaluation massive - Chavez préfère parler de "réévaluation" -, les Vénézuéliens vont effectivement beaucoup moins consommer (60 % des produits alimentaires sont importés). L'inflation, qui a atteint 25,1 % en 2009, le plus haut niveau de la région, pourrait rapidement grimper à 50 %. Les déboires du Venezuela rappellent que l'inflation n'est pas qu'un animal monétaire, elle est aussi un animal politique. C'est également la conclusion à laquelle arrivent deux économistes américains renommés, Andrew Levin, de la Réserve fédérale (Fed) et John Taylor, de l'université Stanford (Californie). Ils viennent de publier une étude consacrée aux causes de la Grande Inflation que connurent les Etats-Unis dans les années 1970. Pour Taylor et Levin, c'est à tort que les économistes ont accusé la Fed d'avoir provoqué ce dérapage. Les vrais coupables se trouvaient, selon eux, à la Maison Blanche. Ce sont les pressions politiques exercées sur la banque centrale qui ont empêché cette dernière d'agir efficacement pour casser l'inflation. En décembre 1965, le président Lyndon Johnson parle de "punir la bêtise" du patron de la Fed, William McChesney Martin, qui a relevé ses taux. Quelques années plus tard, c'est Richard Nixon qui, recevant dans le bureau Ovale le tout nouveau président de la banque centrale, Arthur Burns, évoque avec lui le "mythe d'une Fed autonome". Mêmes pressions paralysantes pendant les premières années de la présidence Carter. C'est seulement en 1978, avec la publication du Full Employment and Balanced Growth Act, que la Fed finit par acquérir son indépendance. Ce qui permit dans les années 1980 à Paul Volcker - celui qui plus tard a conçu pour Barack Obama le plan "antibanques" - de sortir de la spirale inflationniste. Levin et Taylor ajoutent que la Fed était d'autant moins en mesure, dans les années 1970, de résister à l'intimidation politique qu'elle n'avait pas alors en sa possession de règles simples, claires et objectives pour définir sa stratégie. En résumé, la Fed n'avait pas la chance de disposer de la règle… de Taylor ! [..] Récemment, Taylor s'en est pris très violemment aux pouvoirs publics qui ont, selon lui, "créé, entretenu et aggravé" la crise des subprimes. Il a aujourd'hui toutes les raisons d'être inquiet. Alors que l'inflation menace (liquidités surabondantes, envolée des déficits), la pression des gouvernements est immense, sur les banquiers centraux, pour qu'ils ne relèvent pas leurs taux. Pour qu'à Francfort, New York, Londres et Tokyo, plus personne ne tienne compte de "sa" fameuse règle. Pendant ce temps, à Caracas, ce n'est pas seulement la règle de Taylor que M. Chavez ignore, ce sont les règles du bon sens économique le plus élémentaire. Source : Le Monde
h16 Posté 4 février 2010 Signaler Posté 4 février 2010 La caution libérale du Maônde … Oui, il a souvent raison. Je suppose que les commentaires sont fins et légers.
Lexington Posté 5 février 2010 Auteur Signaler Posté 5 février 2010 La caution libérale du Maônde … Oui, il a souvent raison. Je suppose que les commentaires sont fins et légers. Toutafé. Pour un autre article de John B. Taylor, Comment le gouvernement a créé la crise financière
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