Nick de Cusa Posté 24 mars 2010 Signaler Posté 24 mars 2010 Je me disais, pourquoi n'y a-t-il plus de Woodward et Bernstein? En particulier, de droite. En fait la vraie question est plutôt, pourquoi n'arrivent-ils plus à se faire entendre / à se faire prendre au sérieux? Et je soumets une hypothèse : le formidable succès de Woodward et Bernstein qui ont fait tomber le chef d'Etat le plus puissant du monde, a causé la prise de conscience, de la part du pourvoir, qu'il fallait être préparé à de telles éventualités, et en conséquence l'émergence des spin doctors et de la "gestion de crise média" comme industrie. Du coup, bien des choses plus grave que la Watergate sont désormais désamorcées professionnellement et méthodiquement minimisées à la source. Ce qui entraine aussi un désintérêt et une démotivation des nouveaux Woodward et Bernstein potentiels. Sensé?
Librekom Posté 24 mars 2010 Signaler Posté 24 mars 2010 oui c'est censé je viens de lire toute l'histoire du watergate sur wiki et c'est intéressant
John Loque Posté 24 mars 2010 Signaler Posté 24 mars 2010 je viens de lire toute l'histoire du watergate sur wiki et c'est intéressant Un de mes films préférés.
Chitah Posté 24 mars 2010 Signaler Posté 24 mars 2010 Du coup, bien des choses plus grave que la Watergate sont désormais désamorcées professionnellement et méthodiquement minimisées à la source. Sophie Coignard a écrit des livres sur ce sujet, La Vendetta Française (suivi de L'Omerta Française) Elle y décrit un type d'acteurs politiques assez importants, qu'elle appelle les étouffeurs : ceux-ci ont pour rôle de tout simplement étouffer, comme leur nom l'indique, les scandales de diverse manière. Un des étouffeurs en chef, d'après elle, aurait été d'ailleurs Alain Madelin. Sinon, dans ton analyse, je pense que tu omets les acteurs journalistiques, qui ont leur rôle dans tout cela je crois.
Librekom Posté 24 mars 2010 Signaler Posté 24 mars 2010 Il parait qu'aujourd'hui tous les propriétaires de journaux sont des copains du pouvoir en place.
Hobbart Posté 24 mars 2010 Signaler Posté 24 mars 2010 Il parait qu'aujourd'hui tous les propriétaires de journaux sont des copains du pouvoir en place. Alain Peyrefitte explique dans "Le mal français" comment, fraîchement nommé ministre de l'information, il s'est retrouvé nez à nez avec des téléphones directement reliés aux grands patrons des chaînes françaises. Sinon, j'aurais beaucoup de choses à répondre à la question initiale. Sans entrer dans le refrain connu (manque de temps/d'argent, …), je crois sincèrement que les journalistes ont perdu tout sens critique (qui fait partie de leur vocation première), et qu'ils en viennent à confondre sans cesse la communication et l'information.
Librekom Posté 24 mars 2010 Signaler Posté 24 mars 2010 Je suis bien conscient que ce n'est pas la même chose, mais je ne me risquerait pas à une définition. Tu nous donnes tes définitions à toi ? Pour ce qui est du sens critique. Si demain un journaliste voulais plus afficher son sens critique (dans un journal ou au JT, pas sur son blog ou dans son livre) le laisserait on le faire ?
p.a Posté 25 mars 2010 Signaler Posté 25 mars 2010 Je suis bien conscient que ce n'est pas la même chose, mais je ne me risquerait pas à une définition. Tu nous donnes tes définitions à toi ? Pour ce qui est du sens critique. Si demain un journaliste voulais plus afficher son sens critique (dans un journal ou au JT, pas sur son blog ou dans son livre) le laisserait on le faire ? c'est à dire? les journalistes ne se privent pas de critiquer le pouvoir
Librekom Posté 25 mars 2010 Signaler Posté 25 mars 2010 Oui, pour des peccadilles, de quoi distraire le peuple, on critique des décisions, mais des révélations qui ont de quoi faire tomber un gouvernement, on a plus vu ça en Europe depuis des décennies. Alors à moins que ce soit des anges gardiens, les étouffeurs font bien leur boulot et la presse fait mal le sien.
h16 Posté 25 mars 2010 Signaler Posté 25 mars 2010 Je me disais, pourquoi n'y a-t-il plus de Woodward et Bernstein?En particulier, de droite. En fait la vraie question est plutôt, pourquoi n'arrivent-ils plus à se faire entendre / à se faire prendre au sérieux? Etonnante question qui est d'ailleurs celle par laquelle je termine mon article récent (et j'en profite pour faire de la pub, ça finira par rapporter des sous à l'asso, après tout : (badurl) http://www.wikio.fr/vote?url=http://h16free.com/2010/03/25/2074-medecins-roumains-deputes-anglais-et-xenophobie-ordinaire (badurl)) Ici, un journaliste anglais s’est donc fait passer pour un représentant d’une entreprise fictive et a filmé à leur insu ses rencontres avec plusieurs parlementaires du Labour. Ces derniers se disent prêts à utiliser leurs relations pour arrondir les angles en échange de monnaie sonnante et trébuchante.Cela fait combien de temps, exactement, que des journalistes français n’ont plus fait ça ? Oh, il y a bien la « caution » du Canard Enchaîné par qui tous les scandales arrivent. Normal : c’est le seul, parmi les rares vivant sans subventions, qui se permet encore, de temps en temps, de faire fuiter quelque truculente affaire. Mais ils sont où, les fins limiers du Monde, du Fig ou de Libé ? Où se planquent-ils, ceux qui émargent à l’Agence Fraônçaise de Pravda ? Que font ceux qui ne rêvent que d’agir au sein des Points, du JDD ou de France Soir ? Et sur les radios ? Sommes-nous condamnés à supporter les soi-disant impertinences de passes-plats mous et tremblotants dans l’interview des puissants, ou les roquets agressifs dans ceux des petites gens ? Comme quoi, les grandzesprits se rencontrent. Et prennent une bière ensemble. C'est une proposition. Et pour répondre à ta thèse, il doit y avoir de ça. Mais il doit aussi y avoir beaucoup avec le confort : il est confortable de ne pas trop chercher, surtout lorsque trouver constitue un risque. Or, avec le sur-subventionnement de tous les médias par l'état, et son intrusion plus ou moins visible dans chaque direction de ces entreprises, le risque est de plus en plus grand de non seulement perdre sa place, mais de ne pas pouvoir en retrouver une autre ensuite ; et là, pas de possibilité de faire jouer la concurrence : il n'y en a plus. C'est aussi pour cela que les fascistes du Syndicat du Livre CGT - Thierry CSP, si tu nous lis, sache que tu es un sous-nazillon überprévisible qui fait rire tout le monde - ne trouvent jamais personne en face d'eux et que la justice est très accommodante. Sophie Coignard a écrit des livres sur ce sujet, La Vendetta Française (suivi de L'Omerta Française)Elle y décrit un type d'acteurs politiques assez importants, qu'elle appelle les étouffeurs : ceux-ci ont pour rôle de tout simplement étouffer, comme leur nom l'indique, les scandales de diverse manière. Un des étouffeurs en chef, d'après elle, aurait été d'ailleurs Alain Madelin. Oui. Je conseille ses livres. Instructif et un peu écœurant aussi.
Invité rogermila Posté 25 mars 2010 Signaler Posté 25 mars 2010 Oui, pour des peccadilles, de quoi distraire le peuple Exemple: On essaie de faire "tomber" un ministre (G.Tron) en publiant le montant du loyer de son appart parisien. Franchement comment interesser les Français avec ces broutilles ?
Nick de Cusa Posté 25 mars 2010 Auteur Signaler Posté 25 mars 2010 …Mais il doit aussi y avoir beaucoup avec le confort : il est confortable de ne pas trop chercher, surtout lorsque trouver constitue un risque. Or, avec le sur-subventionnement de tous les médias par l'état, et son intrusion plus ou moins visible dans chaque direction de ces entreprises, le risque est de plus en plus grand de non seulement perdre sa place, mais de ne pas pouvoir en retrouver une autre ensuite ; et là, pas de possibilité de faire jouer la concurrence : il n'y en a plus. … On en parle autour d'une bière. Mais cette explication est faible. Pourquoi? Parce que, pour lever un lièvre, il suffit d'un ou deux journalistes morts de faims / teigneux. Or, ta règle s'applique à la population dans son ensemble, mais au point d'éliminer quelques exceptions. Même avec tous les conforts et subventions, je te garantis qu'il y a dans la population une poignée d'inconscients qui aimeraient quand même bien se payer un chef d'Etat. Comment ceux-là sont étouffés me parait la question la plus pertinente. Et j'ai ma réponse via Chitah : un "reading assignment". (I hate lib.org).
Chitah Posté 25 mars 2010 Signaler Posté 25 mars 2010 @h16 : concernant le Canard, on m'a rapporté que parfois, les journalistes allaient voir telle ou telle entreprise avec un dossier, en expliquant que pour qu'il ne soit pas publié, c'est tant d'euros à verser (tout à fait légalement, en achetant des abonnements en masse). Et de surcroît, c'est aussi le réceptacle de tout ce que la Vème République compte de balances.
h16 Posté 25 mars 2010 Signaler Posté 25 mars 2010 On en parle autour d'une bière. Mais cette explication est faible. Pourquoi? Parce que, pour lever un lièvre, il suffit d'un ou deux journalistes morts de faims / teigneux. 'xiste plus, ça, mon pov' C'est justement parce qu'ils ne sont plus du tout mort de faim de nos jours d'une part et que d'autre part, pour avoir quelque chose à lever, il faut s'être introduit dans le milieu au moins une fois que mon explication tient aussi la route. Même avec tous les conforts et subventions, je te garantis qu'il y a dans la population une poignée d'inconscients qui aimeraient quand même bien se payer un chef d'Etat.Comment ceux-là sont étouffés me parait la question la plus pertinente. Et j'ai ma réponse via Chitah : un "reading assignment". (I hate lib.org). Elle représente l'explication de ces quelques inconscients, oui, tout à fait. Mon explication couvre tous les autres. Je pense qu'à nous deux, on a 100%.
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