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Métaphysique de la juxtaposition


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Dans le sujet Métaphysique de l'essoreuse je m'interrogeais sur la forme externe du discours contemporain : la vitesse toujours plus grande de circulation de l'information implique non seulement un manque de retenue (il faut réagir vite) mais également un autre point dont je me suis rendu compte à la vision du trailer de

La figure rhétorique de la juxtaposition tend à imposer son monopole dans la discussion.

La maïeutique n'est plus qu'un vague souvenir, il s'agit maintenant d'avoir un slogan qui claque, qui est compréhensible et exprimable en un quart de seconde. C'est donc à une discrétisation (au sens mathématique) de la pensée qu'on assiste.

L'apauvrissement est aussi topologique : l'écriture est un espace de dimension un et donc les juxtapositions qu'on peut faire dans un discours sont très faibles (trois quatre mots au maximum).

En fin de compte j'en viens à me demander si la dynamique ne s'est pas externalisée. Le contenu du discours devenant lui de plus en plus statique, il se transforme en un mort-vivant qui est agité de manière externe par le flux continuel d'information : la promotion du dernier livre de machin est plus importante (et vraissemblablement touchera plus de monde) que le livre en lui même.

La vitesse de l'aberration est atteinte, ma mise sur orbite ne saurait attendre.

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Ayant été potier dans mon jeune temps, je n'ai pu m'empêcher, en te lisant, de faire le geste de "centrer" une boule de terre sur un tour….

je suis même fort énervée, je suis prête à me battre avec la matière et à centrer quelques dizaines de boules…

http://www.youtube.com/watch?v=yPWOwCiLo4o

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Dans le sujet Métaphysique de l'essoreuse je m'interrogeais sur la forme externe du discours contemporain : la vitesse toujours plus grande de circulation de l'information implique non seulement un manque de retenue (il faut réagir vite) mais également un autre point dont je me suis rendu compte à la vision du trailer de

La figure rhétorique de la juxtaposition tend à imposer son monopole dans la discussion.

La maïeutique n'est plus qu'un vague souvenir, il s'agit maintenant d'avoir un slogan qui claque, qui est compréhensible et exprimable en un quart de seconde. C'est donc à une discrétisation (au sens mathématique) de la pensée qu'on assiste.

L'apauvrissement est aussi topologique : l'écriture est un espace de dimension un et donc les juxtapositions qu'on peut faire dans un discours sont très faibles (trois quatre mots au maximum).

En fin de compte j'en viens à me demander si la dynamique ne s'est pas externalisée. Le contenu du discours devenant lui de plus en plus statique, il se transforme en un mort-vivant qui est agité de manière externe par le flux continuel d'information : la promotion du dernier livre de machin est plus importante (et vraissemblablement touchera plus de monde) que le livre en lui même.

La vitesse de l'aberration est atteinte, ma mise sur orbite ne saurait attendre.

La figure esthétique de la juxtaposition est apparue dans les films et les vidéo clips. L'apparition de MTV dans les années 80 a eu une influence déterminante dans la construction de la pop culture et a influencé la génération de créateurs de contenus culturels aujourd'hui aux manettes. En juxtaposant les plans, en saturant l'écran d'images, on arrive à captiver le spectateur qui se retrouve prisonnier dans ce torrent d'images.

Le cinéma est symptomatique du phénomène. Comparez les films de Melville (le Samouraï, le Cercle Rouge) et leur lenteur sublime avec les films de Tarantino ou de John Woo. Parfois, on a l'impression que la caméra est tenue par un hyperactif à qui on n'a pas donné sa Ritaline.

Ensuite, la mise à disposition en continu (via le web) d'un flot intarissable, d'images, de sons et d'écrits a fait le reste.

Et je suis d'accord, le temps laissé à la réflexion, à la maieutique n'existe plus.

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Dans le sujet Métaphysique de l'essoreuse je m'interrogeais sur la forme externe du discours contemporain : la vitesse toujours plus grande de circulation de l'information implique non seulement un manque de retenue (il faut réagir vite) mais également un autre point dont je me suis rendu compte à la vision du trailer de

La figure rhétorique de la juxtaposition tend à imposer son monopole dans la discussion.

La maïeutique n'est plus qu'un vague souvenir, il s'agit maintenant d'avoir un slogan qui claque, qui est compréhensible et exprimable en un quart de seconde. C'est donc à une discrétisation (au sens mathématique) de la pensée qu'on assiste.

L'apauvrissement est aussi topologique : l'écriture est un espace de dimension un et donc les juxtapositions qu'on peut faire dans un discours sont très faibles (trois quatre mots au maximum).

En fin de compte j'en viens à me demander si la dynamique ne s'est pas externalisée. Le contenu du discours devenant lui de plus en plus statique, il se transforme en un mort-vivant qui est agité de manière externe par le flux continuel d'information : la promotion du dernier livre de machin est plus importante (et vraissemblablement touchera plus de monde) que le livre en lui même.

La vitesse de l'aberration est atteinte, ma mise sur orbite ne saurait attendre.

Tartempion ne cherche pas la vérité, il cherche dans la multitude de sources d'informations celles qui le confirment. Plutôt que le débat, Tartempion cherche des arguments tout préparés, des noms d'autorité, des champions, et last but not least des slogans qui claquent. C'est le grand paradoxe de l'explosion de l'information : elle devait permettre à chacun de mieux connaitre les autres, elle sert au final à ce que chacun reste dans son coin avec ses certitudes, à ne connaitre que ce qu'il veut connaitre…

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:online2long: Paske qu'il y en a qui font de la maïeutique avec les films de Melville !?

Les films de Melville ont surtout une portée métaphysique avec pas mal de degrés de lecture et des obsessions récurentes (la solitude, le destin, le silence, le mal…).

Posté

Tartempion ne cherche pas la vérité, il cherche dans la multitude de sources d'informations celles qui le confirment. Plutôt que le débat, Tartempion cherche des arguments tout préparés, des noms d'autorité, des champions, et last but not least des slogans qui claquent. C'est le grand paradoxe de l'explosion de l'information : elle devait permettre à chacun de mieux connaitre les autres, elle sert au final à ce que chacun reste dans son coin avec ses certitudes, à ne connaitre que ce qu'il veut connaitre…

Autre effet paradoxal connexe, alors qu'on parlait aux débuts du oueb des Autoroutes de l'Information (grands axes empruntés par tout le monde, pour aller aux mêmes endroits) et plus précisément de Village Mondial, on s'aperçoit que l'explosion de l'information a au contraire très largement polarisé les opinions.

Il n'y a pas de Village Mondial, ou plutôt le seul qui pourrait être considéré comme tel c'est Facebook. Et encore.

La maïeutique n'est plus qu'un vague souvenir, il s'agit maintenant d'avoir un slogan qui claque, qui est compréhensible et exprimable en un quart de seconde. C'est donc à une discrétisation (au sens mathématique) de la pensée qu'on assiste.

L'apauvrissement est aussi topologique : l'écriture est un espace de dimension un et donc les juxtapositions qu'on peut faire dans un discours sont très faibles (trois quatre mots au maximum).

En fin de compte j'en viens à me demander si la dynamique ne s'est pas externalisée. Le contenu du discours devenant lui de plus en plus statique, il se transforme en un mort-vivant qui est agité de manière externe par le flux continuel d'information : la promotion du dernier livre de machin est plus importante (et vraissemblablement touchera plus de monde) que le livre en lui même.

La vitesse de l'aberration est atteinte, ma mise sur orbite ne saurait attendre.

J'ajouterai un point : paradoxalement, la capacité de mémoire diminue très fortement, alors que les nouvelles technologies donnent la possibilité de garder une trace par écrit de tout, et même, lorsque ces écrits sont effacés ou détruits, il existe des caches qui aspirent tout le web et permettent de tenir le rôle de machine à remonter le temps.

Cela montre une fois de plus que la technologie est a priori neutre : ici, elle n'aide pas les gens à mieux réfléchir, plus réfléchir, plus vite, à avoir plus d'informations, elle fait et produit ce qu'on lui demande. La voiture était censée libérer les gens, ouvrir le champ des possibles : cent ans plus tard, on s'aperçoit que 90% du temps, elle est utilisée pour exactement les mêmes trajets, travail et vacances comprises.

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Autre effet paradoxal connexe, alors qu'on parlait aux débuts du oueb des Autoroutes de l'Information (grands axes empruntés par tout le monde, pour aller aux mêmes endroits) et plus précisément de Village Mondial, on s'aperçoit que l'explosion de l'information a au contraire très largement polarisé les opinions.

Il n'y a pas de Village Mondial, ou plutôt le seul qui pourrait être considéré comme tel c'est Facebook. Et encore.

Par optimisme, on penserait que les désaccords entre les hommes est du à un déficit d'information. C'est parfois vrai, plus souvent faux. Au final, le déficit irréductible est celui de la raison et pas celui de l'information. La raison est rare, le peuple est passion. Ce n'est pas avec la raison qu'on guide les hommes (cf ma signature).

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Cela montre une fois de plus que la technologie est a priori neutre : ici, elle n'aide pas les gens à mieux réfléchir, plus réfléchir, plus vite, à avoir plus d'informations, elle fait et produit ce qu'on lui demande. La voiture était censée libérer les gens, ouvrir le champ des possibles : cent ans plus tard, on s'aperçoit que 90% du temps, elle est utilisée pour exactement les mêmes trajets, travail et vacances comprises.

Bon, je ne suis pas d'accord avec cette théorie. La technologie n'est pas neutre, elle influence fortement notre comportement et notre façon de penser. La voiture a au contraire changer beaucoup de choses : elle a favorisé la mobilité, le tourisme de masse… Avec la voiture, il était devenu aisé de sortir de son village pour faire sa vie ailleurs.

Autre exemple, je réponds sur ce Forum en utilisant un PC ou mon iPhone. Le clavier de l'iPhone étant peu pratique, mes réponses seront donc plus brèves et moins fouillées. L'outil utilisé va donc influencer mon comportement et ma façon de penser ma réponse.

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Bon, je ne suis pas d'accord avec cette théorie. La technologie n'est pas neutre, elle influence fortement notre comportement et notre façon de penser. La voiture a au contraire changer beaucoup de choses : elle a favorisé la mobilité, le tourisme de masse… Avec la voiture, il était devenu aisé de sortir de son village pour faire sa vie ailleurs.

Autre exemple, je réponds sur ce Forum en utilisant un PC ou mon iPhone. Le clavier de l'iPhone étant peu pratique, mes réponses seront donc plus brèves et moins fouillées. L'outil utilisé va donc influencer mon comportement et ma façon de penser ma réponse.

Certes, je ne dis pas que la technologie ne change rien. Je voulais simplement expliquer que les changements profonds fantasmés par l'apparition d'une nouvelle technologie, censés bouleverser la donne, sont rarement observés, c'est tout.

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La figure esthétique de la juxtaposition est apparue dans les films et les vidéo clips. L'apparition de MTV dans les années 80 a eu une influence déterminante dans la construction de la pop culture et a influencé la génération de créateurs de contenus culturels aujourd'hui aux manettes. En juxtaposant les plans, en saturant l'écran d'images, on arrive à captiver le spectateur qui se retrouve prisonnier dans ce torrent d'images.

Le cinéma est symptomatique du phénomène. Comparez les films de Melville (le Samouraï, le Cercle Rouge) et leur lenteur sublime avec les films de Tarantino ou de John Woo. Parfois, on a l'impression que la caméra est tenue par un hyperactif à qui on n'a pas donné sa Ritaline.

Ensuite, la mise à disposition en continu (via le web) d'un flot intarissable, d'images, de sons et d'écrits a fait le reste.

Et je suis d'accord, le temps laissé à la réflexion, à la maieutique n'existe plus.

Et je suis d'accord, le temps laissé à la réflexion, à la maieutique n'existe plus.
: pour vous: en effet, un tel trésor, ça se mérite…

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