Alexis Posté 4 mars 2005 Signaler Posté 4 mars 2005 En cours d'économie, mon - social-étatiste - professeur s'est évertué à démontrer la prétendue inanité des 5 critères de la concurrence pure et parfaite. Qun pourrait-il m'apporter les réponses aux critiques communément opposées à ces principes de la concurrence pure et parfaite?
melodius Posté 4 mars 2005 Signaler Posté 4 mars 2005 Il ne faut pas prendre la concurrence parfaite pour un but à réaliser; c'est un modèle qui permet de nourir la réflexion économique. Si concurrence parfaite il y avait, les boîtes ne feraient plus assez de bénef pour investir.
Dilbert Posté 4 mars 2005 Signaler Posté 4 mars 2005 http://www.google.fr/search?&q=%22Concurre…becoislibre.org
Chitah Posté 4 mars 2005 Signaler Posté 4 mars 2005 En plus, on se demande pourquoi est-ce que les entreprises existeraient dans un contexte de concurrence pure et parfaite (moi, entrepreneur de l'automobile, peut trouver facilement sur le marché un acheteur pour ma voiture, et des ouvriers prêts à me vendre quelques heures de leur travail pour honorer cette commande, je n'ai donc pas besoin de créer de structure lourde). Merci Ronald.
Legion Posté 4 mars 2005 Signaler Posté 4 mars 2005 La concurence pure et parfaite ne tienspas compte de l'entrepreneur, de sa capacité à prendre des risques, ni de l'incertitude. Le modèle final de la concurence pure et parfaite est ce qu'il y a de plus proche d'une économie socialiste centralisée. D'ailleurs c'est le modèle de référence de Marx. Les libéraux peuvent oublier cette théorie sans problème, c'est même un bon piège à contradicteurs : ils vous attaque sur la validité de cette théorie et vous répondez justement que vous tenez votre position parce que vous ne croyez pas à cette théorie, qui en définitive justifie des positions socialistes. Les libéraux peuvent à mon humble avis se passer de lire Adam Smith sans le moindre regret. Lisez plutot Simonnot, Hayek, Von Mises et Friedman.
Jerome Morrow Posté 4 mars 2005 Signaler Posté 4 mars 2005 Oula attendez ! Molo les libéraux. Mélodius a dit un truc très juste. La CPP (Concurrence Pure Et Parfaite) est un des outils théoriques de la science économique permettant de qualifier la concurrence sur un marché. En gros c'est un modèle possible pour estimer le degré (et la nature) de la concurrence sur un marché. Ensuite, estimer les bienfaits ou non de la concurrence sur l'économie et en déduire des théories sur l'action de la politique de l'Etat, c'est un autre exercice. Je crois qu'il ne faut pas tout mélanger et en particulier science économique et libéralisme (ou Marxisme)
Chitah Posté 4 mars 2005 Signaler Posté 4 mars 2005 Certes, mais dans ce cas on peut dire que c'est un modèle dépassé. PAr exemple, je faisais allusion aux coûts de transaction, notion économique datant des années 30 je crois, alors que la CCP est bien antérieure. Avec les coûts de transaction, tu peux comprendre pourquoi les "entreprises" existent. Avec la CCP, c'est impossible. Et l'entreprise est quand même un mode d'association relativement répandu sur cette planète.
(V) Posté 4 mars 2005 Signaler Posté 4 mars 2005 En cours d'économie, mon - social-étatiste - professeur s'est évertué à démontrer la prétendue inanité des 5 critères de la concurrence pure et parfaite. Qun pourrait-il m'apporter les réponses aux critiques communément opposées à ces principes de la concurrence pure et parfaite? <{POST_SNAPBACK}> Critique libérale de la thèorie de la concurrence pure et parfaite par Pascal Salin (extrait de Libéralisme - sélectionné et reproduit par Sabato si je me souviens bien) : L’idée selon laquelle la pensée consensuelle est dépourvue de principes clairs à propos de la concurrence paraîtra peut-être surprenante à tous ceux qui sont devenus familiers – par exemple à l’occasion de leurs études universitaires – de ce que l’on appelle la théorie de la concurrence pure et parfaite. N’est-ce pas là, diront-ils, une théorie sérieuse, rigoureuse et éprouvée ? Et cette théorie ne constitue-t-elle pas la base théorique qui fonde à la fois la législation sur la concurrence et les interventions étatiques dans le domaine des structures productives ? En réalité, cette théorie n’est rien d’autre qu’une théorie-alibi qui prétend justifier une approche erronée de la concurrence. Sans entrer dans le détail de l’exposé théorique, soulignons seulement qu’on a pris l’habitude de définir la concurrence essentiellement comme une situation dans laquelle il existe un grand nombre de producteurs dont chacun ne possède qu’une part de marché limité, de telle sorte qu’aucun n’a de poids suffisant pour influencer le fonctionnement du marché. Dans ce cas, le prix de marché est déterminé par l’offre et par la demande d’une manière impersonnelle et qui paraît « optimale ». Cette conception de la concurrence a dépassé – et de loin – le strict cercle des économistes professionnels, puisqu’elle est au fond admise plus ou moins implicitement par tout le monde. Ceci apparaît encore plus évident si l’on se rend compte que toute grande firme qui dispose d’une place importante sur un marché est considérée comme un monopole, c’est-à-dire comme l’opposé d’une firme en concurrence. Or, il est amusant de constater que cette conception courante de la concurrence est elle-même incompatible avec un autre usage courant du même mot. Quand on dit en effet que des sportifs sont en concurrence pour gagner une première place, on n’envisage absolument pas – bien au contraire – qu’ils puissent être sur un pied d’égalité, c’est-à-dire qu’il y ait un grand nombre de sportifs réalisant exactement les mêmes performances, sans qu’aucun ne puisse avoir une « position dominante ». En réalité, quand on évoque des situations de concurrence entre des sportifs dans un championnat – ou des élèves dans une classe – on songe à l’effort que chacun fait pour se différencier des autres et obtenir une place prééminente. Et c’est précisément cette conception de la concurrence qui seule a un sens. En effet, la conception courante des économistes consistant à définir la concurrence par l’existence d’un grand nombre de producteurs identiques ne fait que refléter une obsession, celle du « pouvoir de marché ». On considère en effet que dans le cas où il n’existe qu’un seul producteur pour un bien donné, celui-ci risque d’exploiter les consommateurs. En effet, celui que l’on appelle alors un monopoleur serait en situation d’imposer un prix plus élevé que le « prix de concurrence ». Certes, ses débouchés en seraient alors diminués, mais l’augmentation du prix ferait plus que compenser cette diminution des quantités vendues et lui permettrait donc de réaliser un « super-profit ». Ce dernier serait évidemment réalisé aux dépens des consommateurs puisque, par rapport à une situation où il existerait un grand nombre de producteurs identiques, ils devraient payer plus chers des biens obtenus en moins grande quantité. La même méfiance s’exerce à l’encontre des situations où il existe un petit nombre de producteurs car on les soupçonne de procéder à des actes de collusion et à exercer ainsi un pouvoir de type monopolistique. Cette vision conduit alors tout naturellement à lutter contre les monopoles, soit par une législation de la concurrence [1], soit par la prise en charge des activités correspondantes par un État sensé protéger le « bien commun » et éviter toute exploitation du consommateur. Or cette vision traditionnelle de la concurrence (« pure et parfaite ») et du monopole résulte en fait de confusions graves. Tout d’abord elle repose sur une conception floue de ce qu’est le pouvoir. Il n’y a en effet rien de commun entre une situation qui résulte de l’exercice de la contrainte – auquel cas on peut effectivement dire qu’il existe un détenteur de « pouvoir » – et une situation de totale liberté d’action et de totale liberté contractuelle où des asymétries peuvent parfaitement apparaître et doivent même apparaître, précisément parce que les hommes ont continuellement tendance à se différencier les uns des autres. Mais le fait que des hommes ou des entreprises n’aient pas la même dimension à un moment donné, qu’ils ne produisent pas des biens absolument identiques, ou qu’ils soient éventuellement seuls à exercer certaines activités, ne signifie en rien qu’ils exercent un pouvoir, même si on l’appelle de manière quelque peu contradictoire un « pouvoir de marché » : s’il n’y a pas de contrainte, il n’y a pas de pouvoir, il y a seulement l’exercice de la liberté. Il ne peut donc pas non plus y avoir d’« exploitation » des consommateurs. Il est alors amusant – mais aussi tragique – de constater qu’on a pris l’habitude de raisonner en évacuant cette distinction fondamentale de toute la vie sociale, celle qui doit être faite entre les actes libres et les actes contraints, et qu’on lui substitue des distinctions pseudo-scientifiques, par exemple entre des situations où il y a un grand nombre de producteurs et celle où il y a un petit nombre de producteurs. En effet, si l’on constate qu’à un moment donné il existe un seul producteur d’un bien donné, la seule question qui mérite d’être posée est : cette position « monopolistique » résulte-t-elle de l’usage de la force ou de l’usage de la volonté libre ? Autrement dit, le producteur unique protège-t-il sa situation en empêchant par la force ce que l’on doit justement appeler la concurrence des producteurs potentiels, ou est-il lui-même potentiellement menacé et ne doit-il sa position qu’à ses propres efforts et à la qualité de sa production aux yeux de ses clients ? Il convient donc de se débarrasser de la définition traditionnelle de la concurrence à partir du nombre de producteurs sur un marché pour adopter une conception réaliste : il y a concurrence tout simplement lorsqu’il y a liberté d’entrer sur un marché [2]. On se rend alors compte que la grande erreur des conceptions traditionnelles de la concurrence – et des législations qu’elles inspirent – vient du fait qu’elles prennent une vue purement statique, au lieu de considérer le processus par lequel les activités se développent. Comme l’a en effet écrit Friedrich Hayek, la concurrence est un processus de découverte. Lorsqu’il y a concurrence, c’est-à-dire liberté d’entrer sur un marché, chaque producteur est incité à faire mieux que les autres, à vendre des produits moins chers ou plus aptes à satisfaire les besoins des acheteurs. Car c’est seulement en agissant ainsi continuellement qu’un producteur pourra rester sur le marché, gagner des parts de marché ou éviter la faillite. La concurrence est en ce sens un puissant facteur d’innovation et de progrès économique, ce que confirme a contrario le sous-développement des économies planifiées où la liberté d’entreprendre est limitée ou totalement absente. Considérons en effet deux marchés caractérisés par le fait qu’il existe un seul producteur sur chacun d’eux, mais qui diffèrent par ailleurs parce que, sur l’un de ces marchés il y a liberté d’entrer, alors que cette liberté n’existe pas sur l’autre marché. Ces deux situations sont apparemment identiques selon les conceptions traditionnelles qui consistent à prendre une photo instantanée, à constater un résultat sans s’interroger sur le processus qui y a conduit. On parle alors de monopole. Mais bien entendu ces deux situations sont fondamentalement différentes et mêmes opposées. Dans le cas où il n’y a pas de liberté d’entrer, c’est-à-dire qu’une seule entreprise – dont il importe d’ailleurs peu qu’elle soit publique ou privée – est autorisée par la puissance publique à produire certains biens ou services, le profit est le résultat non pas du fait qu’il existe un seul producteur, mais de l’exercice de la contrainte qui empêche d’autres producteurs de venir proposer un produit moins cher et meilleur. En l’occurrence, il est d’ailleurs légitime d’appeler ce profit un « super-profit », mais il serait encore plus correct de l’appeler « rente de privilège public » ; il est également légitime de dire que le monopole « exploite » le consommateur. En effet, l’entreprise ainsi protégée est moins incitée à faire des efforts d’adaptation aux besoins des consommateurs et à baisser ses prix que si elle subissait la concurrence – effective ou seulement potentielle – d’autres producteurs. Elle dispose d’un marché captif. Il conviendrait donc de redéfinir les mots et de parler de monopole lorsque la contrainte publique interdit l’entrée sur le marché de toutes les firmes, à l’exception de l’une d’entre elle (ou d’un petit nombre d’entre elles), qui bénéficie donc d’un privilège ; et de parler de concurrence lorsque cette contrainte publique n’existe pas et qu’il y a liberté d’entrer sur un marché, en un mot de concurrencer les firmes déjà en place. Dans le cas où il y a liberté d’entrer sur un marché, mais où il n’existe cependant qu’un seul producteur, à un moment donné, cette position spécifique résulte nécessairement des mérites particuliers de ce producteur et de sa capacité à répondre aux besoins du marché avant les autres. Ainsi, tout innovateur est nécessairement le producteur unique du nouveau produit qu’il lance tout au moins pendant un certain temps. Mais il sait très bien que, si son produit a du succès et rapporte des bénéfices, il devra faire face à la concurrence d’imitateurs ou même de nouveaux innovateurs qui amélioreront le produit et diminueront son prix. On peut ainsi dire que la concurrence – au sens où nous l’entendons – a le grand mérite d’inciter les producteurs à rechercher une position monopolistique, c’est-à-dire – pour reprendre la conception traditionnelle – à être producteurs uniques sur leurs marchés. Et ils n’y arriveront que s’ils ont bien perçu les besoins de leurs acheteurs potentiels et bien imaginé les nouveaux processus de production. La concurrence, parce qu’elle est une force de différenciation est donc l’aiguillon essentiel de l’innovation et du changement. S’il existe un seul producteur d’un bien quelconque à un moment donné, alors que la liberté de produire ce bien a toujours prévalu, il est totalement erroné de déplorer une situation qualifiée de « monopolistique » et de redouter l’exploitation des consommateurs par un entrepreneur qui prélèverait des « super-profits ». Il convient de se demander en effet pourquoi d’autres producteurs ne sont pas entrés sur le marché alors qu’ils étaient libres de le faire. Il se peut par exemple que la nouvelle activité leur ait semblé trop risquée, compte tenu du profit (et non du super-profit) possible, ou encore qu’ils n’aient pas été capables d’imaginer le nouveau produit ni de faire les recherches nécessaires pour le concevoir et le lancer. Les reproches que l’on peut faire ensuite à celui qui a osé et qui a réussi, sous prétexte qu’il exercerait un pouvoir de monopole, sont alors totalement dénués de sens et même de moralité. On ne peut s’en prendre qu’à soi-même si l’on n’a pas su mieux percevoir les intérêts des acheteurs ni essayer d’y répondre avant les autres. La conception traditionnelle de la concurrence et du pouvoir de monopole contient en fait des germes de destruction dans la mesure où elle conduit à empêcher toute situation de producteur unique et où toute innovation se traduit nécessairement par une situation de producteur unique sur un marché. A la limite, par conséquent, cette conception traditionnelle tue toute possibilité de changement technique et économique. C’est précisément le grand reproche que l’on peut adresser à la législation qui est censée défendre la concurrence, dans la mesure où elle est inspirée par la conception traditionnelle et fausse de la concurrence. Elle peut conduire à punir ou à bloquer toute entreprise innovatrice. Et même si la législation en question n’est pas appliquée avec une extrême rigueur, elle n’en fait pas moins subir un risque important aux innovateurs, puisqu’ils ne savent pas à l’avance s’ils tomberont ou non sous le coup de cette législation. L’incitation à innover en est donc diminuée. L’idée traditionnelle selon laquelle le monopoleur pourrait percevoir un « super-profit » aux dépends de ses acheteurs est donc une idée erronée. En effet, on ne peut parler de « super-profit » que par rapport à une norme qui, en l’occurrence, serait celle de la concurrence pure et parfaite. Mais cette référence est purement fictive ; en effet, on ne peut pas définir ce que serait le profit « normal » dans un univers où il y aurait un grand nombre de producteurs, puisque, précisément, il ne peut pas y avoir un grand nombre de producteurs pour une activité nouvelle ! Le super-profit n’est qu’un profit, c’est-à-dire un revenu résiduel, et nous n’avons aucun moyen de dire qu’il est excessif. Il ne peut paraître excessif que pour l’envieux qui aurait voulu réussir aussi bien, mais qui en a été incapable, ou pour l’homme d’État qui cherche toujours des justifications pour imposer son pouvoir à ceux qui agissent librement. Lorsqu’un producteur se lance dans une nouvelle activité risquée, s’il fait des pertes et qu’il fait faillite, personne ne s’en apercevra et on ne parlera pas du « sous-profit » ou de la « super-perte » du monopoleur. Mais s’il a correctement prévu le futur et qu’il fait des profits, pourquoi s’agirait-il de « super-profits » ? Il n’y a super-profit que par rapport à une norme de médiocrité et d’absence d’innovation. L’idée qu’il existe un super-profit est par ailleurs révélatrice d’une conception fréquente de la vie économique qui consiste à l’interpréter non pas comme le produit du dynamisme individuel, mais comme l’expression de processus purement matériels. Ainsi, on considère que le coût de production d’un bien est quelque chose de parfaitement objectif, identifiable et mesurable et qui dépend uniquement de données techniques. On peut alors définir le coût de production (technique) d’un bien et la différence entre ce coût objectif et le prix de vente représente un profit. Si ce profit est plus élevé que le taux moyen de profit dans l’économie, il s’agira d’un super-profit aux yeux de celui qui considère la moyenne comme la norme de toute chose et qui est incapable de comprendre l’activité créatrice des hommes. En réalité un entrepreneur, un vrai entrepreneur, n’est pas une simple machine enregistreuse de coûts qui seraient déterminés par ailleurs à partir de données purement techniques (comme s’il existait une seule manière de produire un bien donné…). C’est quelqu’un qui regarde un marché, essaie d’en prévoir l’évolution, détermine la nature et le prix de ce qu’il veut vendre et cherche ensuite les moyens de produire de la manière la plus économique, c’est-à-dire évitant de gaspiller des ressources qui sont nécessairement rares, afin d’obtenir une probabilité de profit aussi élevée que possible. Comme nous l’avons déjà vu, il existe plusieurs sortes d’entrepreneurs. Seul l’innovateur mériterait de porter ce nom. En fait, il nous faut toujours revenir à la même interrogation fondamentale : l’action est-elle libre ou contrainte ? S’il existe un seul producteur d’un bien, à un moment donné, est-ce le résultat d’une évolution spontanée ou le résultat de la contrainte qui interdit l’entrée de nouveaux arrivants ? Dans le premier cas, elle est probablement correcte, car la norme de référence est définissable : c’est la situation qui prévaudrait si la contrainte disparaissait. Or, il est tout à fait paradoxal de constater qu’on vilipende, qu’on réglemente, qu’on sanctionne les prétendus monopoles privés qui résultent de l’activité libre des individus, mais qu’on respecte les seuls vrais monopoles, ceux qui résultent d’une interdiction légale pour les autres d’exercer une activité et donc de l’attribution par la puissance publique d’un privilège de production à un producteur, public ou privé. De la même manière, les accords de production interentreprises seront considérés comme malfaisants et dénoncés sous le terme de cartels (censés exercer un « pouvoir de monopole »), alors qu’on parlera de coopération pour désigner l’activité de producteurs organisés dans un système bénéficiant de privilèges de nature publique : ainsi la coopération internationale est particulièrement bien considérée, alors qu’elle n’est en fait que le produit de la collusion interétatique, c’est-à-dire la collusion entre des institutions qui bénéficient d’un privilège particulièrement dangereux, consistant à exercer la contrainte légale. Le producteur unique sur un marché non protégé ne peut survivre que s’il rend service aux consommateurs mieux que quiconque, sinon il sera délogé de son marché, alors que le producteur qui bénéficie d’un privilège public peut survivre indéfiniment, quelle que soit son aptitude à répondre aux besoins de ses clients. Il est donc particulièrement ironique que l’on présente le premier comme un « exploiteur » et que l’existence du second soit régulièrement justifiée par la nécessité de protéger le client contre les risque d’« exploitation ». Il est également ironique – et absurde – que le premier soit soumis à une prétendue législation sur la concurrence. Comme l’a magnifiquement écrit Ayn Rand [3] : « L’idée d’une concurrence libre rendue obligatoire par la loi est une grotesque contradiction dans les termes. Elle signifie : forcer les gens à être libres à la pointe du fusil. Elle signifie : protéger la liberté des gens par la règle, arbitraire, d'édits bureaucratiques que l’on ne peut pas discuter… Il n’y a aucun moyen de réglementer la concurrence : il n’y a pas de normes par lesquelles on pourrait déterminer qui devrait concurrencer qui, combien de concurrents devraient exister dans un secteur donné, ce que devrait être leur force relative ou leurs parts de marché, quels prix ils devraient demander, quelles méthodes de concurrence sont correctes ou incorrectes. On ne peut répondre à aucune de ces questions, car ces questions sont précisément celles auxquelles seul le fonctionnement du marché peut apporter une réponse. » Il est stupéfiant qu’à noter époque on puisse raisonner – comme cela est généralement le cas à propos de la concurrence et du monopole – d’une manière tellement contraire à ce que la logique, l’éthique, l’observation devraient suggérer et on doit s’interroger sur les raisons de cette étonnante déviation. Il y a certainement un manque de réflexion philosophique qui conduit à oublier la différence entre un acte libre et un acte contraint, mais qui conduit aussi à considérer que l’on peut utiliser deux types de raisonnement incompatibles entre eux pour examiner des aspects différents d’une même réalité : le producteur unique paraîtra injustifiable s’il est né librement de la vie, il sera paré de toues les vertus s’il est le fils de la contrainte ! […] Dans une entreprise qui ne bénéficie pas de privilèges publics, la pression de la concurrence tend à peser continuellement sur les prix et donc sur les profits. Il n’en va évidemment pas de même pour une entreprise à privilège et c’est bien pourquoi ces gestionnaires sont irresponsables : leur sort et leur richesse dépendent moins de leurs efforts que de la protection qui leur est accordée. Dans ce cas le « super-profit » existe, en ce sens qu’il y a des possibilités d’exploitation du consommateur par rapport à la situation de concurrence : des prix plus élevés, de moins grandes quantités vendues, telle est effectivement la conséquence du monopole si l’on n’omet pas de souligner que le monopole est nécessairement d’origine public. Il naît dès que naît un privilège accordé par l’État à une firme privée ou publique [4]. ____________ Notes : [1] Un exemple typique à notre époque est évidemment fourni par le procès fait à Microsoft du fait qu’il incorpore son propre navigateur internet dans ses logiciels. Ses concurrents lui reprochent en effet d’établir une barrière à l’entrée, compte tenu du fait qu’il dispose déjà d’une part de marché importante. Mais ils n’ont en réalité aucun droit sur autrui, par exemple sur les acheteurs des produits Microsoft. Aucun principe de justice ne permet d’interdire à Microsoft de vendre des produits joints, c’est-à-dire un ensemble de logiciels. [2] Dans notre ouvrage, La Concurrence (Paris, PUF, collection « Que sais-je ? », 1995), nous montrons que la théorie traditionnelle de la concurrence pure et parfaite est en réalité une théorie de la planification de type soviétique [rien de moins]. [3] Ayn Rand, Capitalism : The Unknow Ideal [4] Rappelons les débuts peu glorieux de la Banque de France. Celle-ci était, à la charnière du XVIIe et du XIXe siècle, une banque comme les autres, plutôt moins bien gérée et moins recommandable. Or, en 1803, Napoléon lui a accordé le privilège d’émettre les billets de banque pour une partie de la France, c’est-à-dire qu’il a interdit dorénavant aux autres banques de le faire, alors qu’elles n’avaient pas cessé d’émettre des billets dans les meilleures conditions. Mais Napoléon et sa famille étaient actionnaires de la Banque de France et ils avaient bien conscience que l’obtention d’un privilège public était le meilleur moyen d’obtenir des gains privés (aux dépens des autres).
Coldstar Posté 4 mars 2005 Signaler Posté 4 mars 2005 Il me semble qu'à la lumière de mes lectures je peux quelque peu éclairer ce fil. C'est pourquoi, exceptionnellement, je vais vous sortir un copier-coller éhonté d'un article que je sors d'un bouquin. L'article complet est de Michel Rainelli, paru dans le livre suivant: (En fait c'est le volume 3, mais il n'est pas listé sur amazon.fr) Cet article est intitulé "comportements et formes de la concurrence". quelques passages éclairants: Avant les années 20, la théorie des prix repose sur un concept dont le contenu est relativement flou: la concurrence, ou, selon l'expression de Marshall, la "libre concurrence".Celle-ci n'est définie que par la liberté d'entrée sur le marché de nouveaux offreurs, sans aucune restriction. C'est en 1921 que Franck H. Knight, dans son ouvrage Risk, uncertainty and profit, - ci après RU&P - énonce, pour la première fois, les hypothèses qui fondent le régime de marché connu depuis sous le terme de concurrence parfaite.(…) Si Knight est à l'origine de la définition de la forme de marché correspondant à la concurrence parfaite, c'est, en quelque sorte, à titre secondaire. En effet, son ouvrage a pour but d'étudier le rôle que joue l'incertitude dans la formation du profit, et de préciser les caractéristiques des situations de risque et d'incertitude. Pour analyser les conséquences de l'incertitude (NDColdstar: l'incertitude se rapproche du risque, sauf que pour le risque et pas l'incertitude on peut "quantifier" des probabilités), Knight a besoin, de manière préliminaire, de décrire le plus complétement possible une économie avec information complète, ce qui conduit à l'élaboration d'une liste de huit hypothèses constituant les conditions nécessaires à la concurrence parfaite (Knight, 1921, RU&P, p. 79). Dans cette liste, quatre hypothèses sont secondaires et renvoient à la composition de la population et à la liberté des individus. Les quatre restantes sont essentielles par leurs implications analytiques, ce sont les suivantes: *** j'abrège, sans déformer, je vous l'assure *** 1/"Rationalité" - NDC vu les guillemets, je suppose que Knight emploie le terme, ne croyez pas que c'était si courant à l'époque - du comportement des membres de la société. 2/Absence totale de friction dans tous les ajustements. 3/Communication interindividuelle parfaite et gratuite. 4/indépendance des individus - exit collusion et tout degré de monopole. ***Je reprend le pur QUOTE*** Ce sont là, selon Knight, les conditions nécessaires à l'existence de la concurrence parfaite; elles ne sont pour lui que l'idéalisation ou la purification de tendances se manifestant dans la réalité alors qu'une hypothèse supplémentaire, l'absence de tout changement, ne peut être justifiée Knight, 1921, RU&P, p. 79) Knight considère lui-même sa démarche comme la simple systématisation d'hypothèses déjà présentes dans la littérature économique; ces hypothèses lui sont nécessaires pour obtenir les résultats habituels associés à la concurrence parfaite, comme l'unicité du prix d'un bien sur le marché. L'apport de Knight est essentiel à double titre: dans un premier temps, il fournit les bases de la nouvelle orthodoxie qui, au moins dans les manuels, va occuper une place essentielle puisque la théorie du marché est fréquemment restreinte, de manière abusive, à l'étude de la concurrence parfaite. Mais parallèlement à cette représentation du marché qui exclut de l'analyse tout acte véritablement concurrentiel (comme des actions des vendeurs sur les prix ou quantités ayant pour but d'accroître leur PDM), Knight a introduit, dans un deuxième temps, la notion d'incertitude. Or, c'est à partir de réflexions relatives à ce concept que sont fondées des représentations d'un marché concurrentiel totalement différent de la concurrence parfaite. Plus loin dans l'article, Rainelli parle d'Hayek, Coase, Chamberlin et Joan Robinson… Pour compléter, j'ajouterai que ces quelques lignes abondent dans le sens de Mélodius et Eskoh. L'article de Salin me laisse pantois. Il en revient tout bêtement à la défition Marshallienne. Quant aux origines soviétiques . Alors certes, mon extrait ne prend pas en compte l'évolution de la concurrence parfaite vers la concurrence pure et parfaite, intervenue plus tard, et qui a conduit à des controverses sur le nombre exact d'hypothèses - on s'arrête généralement à cinq, certains en retiennent quatre, en tous les cas la rationalité de Knight (1/) semble avoir été jetée à la baille en tant que telle.
Jerome Morrow Posté 4 mars 2005 Signaler Posté 4 mars 2005 Merci Coldstar pour ces précisions bien utiles, je me coucherais moins bête ce soir . Je croyais - comme Chitah je crois - que la CPP était plus ancienne que ça (honte à moi). J'aimerai revenir à la réponse de Chitah : Certes, mais dans ce cas on peut dire que c'est un modèle dépassé. PAr exemple, je faisais allusion aux coûts de transaction, notion économique datant des années 30 je crois, alors que la CCP est bien antérieure.Avec les coûts de transaction, tu peux comprendre pourquoi les "entreprises" existent. Avec la CPP, c'est impossible.Et l'entreprise est quand même un mode d'association relativement répandu sur cette planète. certes Chitah, je ne suis pas en train de défendre la CPP en tant que telle. Je la défend en tant qu'outil de formalisation économique. Je suis tout à fait d'accord que la CPP n'est pas l'outil ultime et qu'il présente bien des défauts pour expliquer le comportement des entreprises (ce que la CPP d'ailleurs ne s'occupe absolument pas, c'est un outil principalement maco-économique si je ne m'abuse).
Coldstar Posté 4 mars 2005 Signaler Posté 4 mars 2005 Exactement Eskoh… Ce n'est pas à toi que j'apprendrai que tout le contenu de cette discipline qu'est l'économie industrielle peut se résumer par: "que se passe-t-il quand on relâche les conditions de la CPP?" De toute façon, quand on attaque le libéralisme sur la CPP, il suffit, pour se défendre, d'affirmer que les théories libérales ne reposent pas sur elle. A charge pour les locuteurs de prouver le contraire s'ils avancent le sujet. Ils ne peuvent que s'embourber ou botter en touche.
Jerome Morrow Posté 4 mars 2005 Signaler Posté 4 mars 2005 Exactement Eskoh… Ce n'est pas à toi que j'apprendrai que tout le contenu de cette discipline qu'est l'économie industrielle peut se résumer par: "que se passe-t-il quand on relâche les conditions de la CPP?"De toute façon, quand on attaque le libéralisme sur la CPP, il suffit, pour se défendre, d'affirmer que les théories libérales ne reposent pas sur elle. A charge pour les locuteurs de prouver le contraire s'ils avancent le sujet. Ils ne peuvent que s'embourber ou botter en touche. exact
Lapin kulta Posté 4 mars 2005 Signaler Posté 4 mars 2005 Exactement Eskoh… Ce n'est pas à toi que j'apprendrai que tout le contenu de cette discipline qu'est l'économie industrielle peut se résumer par: "que se passe-t-il quand on relâche les conditions de la CPP?"De toute façon, quand on attaque le libéralisme sur la CPP, il suffit, pour se défendre, d'affirmer que les théories libérales ne reposent pas sur elle. A charge pour les locuteurs de prouver le contraire s'ils avancent le sujet. Ils ne peuvent que s'embourber ou botter en touche. <{POST_SNAPBACK}> Je crois que le concept de CPP est issue des travaux de L.Walras. Son analyse portait sur la problematique suivante: Comment trouver un "vecteur prix" capable d'harmoniser toutes les offres et toutes les demandes sur tout les marchés simultanement dés lors que le marché respecte les 5 conditions de la CPP. Sa reponse: Un commissaire priseur qui opere par tatonnements…..pour decouvrir ce prix! Ceci ne correspond absolument pas a la vision autrichienne du marché!
Jerome Morrow Posté 4 mars 2005 Signaler Posté 4 mars 2005 Je crois que le concept de CPP est issue des travaux de L.Walras. Son analyse portait sur la problematique suivante: Comment trouver un "vecteur prix" capable d'harmoniser toutes les offres et toutes les demandes sur tout les marchés simultanement dés lors que le marché respecte les 5 conditions de la CPP.Sa reponse: Un commissaire priseur qui opere par tatonnements…..pour decouvrir ce prix! Ceci ne correspond absolument pas a la vision autrichienne du marché! Exact aussi. C'est l'école de Lausanne. A l' "opposé" de cette vision on trouve l'école de Cambridge (Marshall, Pigou) avec la concurrence imparfaite (price tackers/price makers, différenciation des produits), ainsi que les théories du bien-être et des défaillances du marché (effets externes et biens collectifs). Ce qui se rapprocherait d'une vision libéral serait la troisième école Néo-Classiques (les deux premières étant celles énoncées plus haut) : l’école de Vienne aussi appelée école Autrichienne (Menger, Mises). Les concepts développés par cette école se rapprochent (avis très personnels) de la future vision microéconomique à la différence des deux autres écoles néo-classiques aux préoccupations plutôt macroéconomiques (avis personnel je le répète). L'école Autrichienne c'est - en économie - l'apport de l’utilité marginale et la rémunération des facteurs et productivité marginale. Un truc marrant en marketing - et qui va faire plaisir à Chitah (coucou! si tu me lis) - on apprend à viser le reversement total des hypthèses de CPP dans le but d'obtenir un/plusieurs avantages concurrentiels (ce qui parrait logique, généralement moins il y a de concurrence plus la marge de l'entreprises est élevée) : http://www.ceriserouge.com/af11_walras_con…e_parfaite.html néanmoins, comme le montre l'article plus haut, la CPP est franchement outil pertinent pour qualifier et quantifier l'état de la concurrence sur un marché à un intant T (donc statique). Surtout que internet rassemble supposement au mieux "les machines sans frottements" tel que l'énoncait Walras en guise d'hypothèse de départ à sa théorie de l'équilibre général. Encore une fois, la CPP est un outil de la science économique parmi tant d'autre et n'a jamais eu pour vocation d'être exhaustif et explicatif en soi. Et puis hein, comme le dit Coldstar, la CPP n'a rien à voir avec les bases de la philosophie libérale, comme ça tout le monde est content.
Coldstar Posté 4 mars 2005 Signaler Posté 4 mars 2005 Attention tout de même aux anachronismes, et ne pas attribuer à certains chefs de files de la théorie économique des développements effectués bien après eux, fût-ce par leurs successeurs. Je crois que le concept de CPP est issue des travaux de L.Walras. Son analyse portait sur la problematique suivante: Comment trouver un "vecteur prix" capable d'harmoniser toutes les offres et toutes les demandes sur tout les marchés simultanement dés lors que le marché respecte les 5 conditions de la CPP. On peut dire que la CPP s'inscrit à la suite des travaux de Walras, mais il faut faire attention à ne pas intégrer la CPP aux travaux de Walras, l'article que j'ai relevé montre que c'est ultérieur. Pour continuer sur ce que dit Eskoh, il me semble que la distinction la plus évidente entre l'Ecole de Lausanne de Walras et l'Ecole de Cambridge de Marshall, c'est celle entre les approches équilibre général / équilibre partiel. Le développement du marginalisme est commun aux trois écoles néoclassiques citées par Eskoh, la révolution marginaliste ayant été développé presque simultanément, et indépendamment, par Jevons en GB, Walras à Lausanne et Menger à Vienne.
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