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UMP : la nouvelle bataille des libéraux

L'ANALYSE DE FRANÇOISE FRESSOZ

Jean-Pierre Raffarin participera aujourd'hui au colloque organisé par la Société des amis de Raymond Aron, à l'occasion du centenaire du philosophe. Le Premier ministre veut rendre hommage à celui qui, avec une grande rigueur d'analyse, a « affronté le matérialisme historique » et « combattu les grandes idéologies » qui ont dominé le XXe siècle. « Pour bâtir l'humanisme du XXIe siècle, il faut partir de Raymond Aron », estime-t-il en s'étonnant qu'aucun leader de la droite libérale n'ait jusqu'à présent relayé la pensée du philosophe. Valéry Giscard d'Estaing, qui aurait pu être son disciple, « a développé une pensée de valeur plus technique que philosophique : il a fait de la science politique, de la technique financière et de l'économie plutôt que la philosophie », analyse Jean-Pierre Raffarin.

Raymond Aron, icône de la droite gouvernementale ? Il n'est pas sûr que l'intéressé, difficilement classable sur l'échiquier politique, apprécierait une telle récupération. Mais le fait est là : trois ans après la création de l'UMP, qui a regroupé dans un même parti trois héritages politiques différents : libéral, centriste et gaulliste, certains responsables de droite éprouvent le besoin d'ancrer leur action dans des repères philosophiques forts. « La politique ne peut se résumer au seul pragmatisme, sinon on tombe dans l'opportunisme. Elle ne peut se résumer à la seule action, sinon on tombe dans la dérive technicienne », affirme Jean-Pierre Raffarin, qui se donne pour mission de développer un « nouvel humanisme », capable d'articuler l'action autour d'un certain nombre de valeurs : la primauté de l'homme, la responsabilité individuelle. « Il y a dans l'homme des ressources, des valeurs qui permettent à la société d'avoir une créativité, un potentiel infini d'organisation », souligne le Premier ministre, qui suit de près la réflexion de Luc Ferry, d'Edgar Morin mais aussi celle de Marcel Gauchet et de Jean-Claude Guillebaud. Dans cette quête philosophique, il y a sans doute une bonne part de démarche personnelle mais il y a aussi la volonté de faire pièce au thème du déclin qui imprègne une partie des penseurs de droite et qui vient très inopportunément contrecarrer les efforts déployés par le gouvernement pour lutter contre la sinistrose ambiante.

A l'UMP, Pierre Méhaignerie, de sensibilité centriste, est lui aussi en quête de repères : « C'est à l'occasion de la campagne des élections régionales que je me suis rendu compte à quel point le parti était démuni pour répondre aux attaques que la gauche menait sur le thème de la casse sociale », explique-t-il. Devenu secrétaire général de l'UMP, à la faveur de l'élection de Nicolas Sarkozy, le président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale s'est fixé pour objectif d'armer idéologiquement le parti et cite régulièrement devant les jeunes qui rejoignent le mouvement cinq références : Tocqueville, pour sa réflexion sur « la responsabilité, la subsidiarité, la démocratie » ; Schumpeter, pour son principe de « destruction créatrice » (pour que des entreprises vivent, il faut accepter que d'autres meurent) ; Aron, pour son « devoir de vérité » ; Emmanuel Mounier, parce qu'il a mis en évidence « la dignité de la personne humaine et l'interactivité entre l'individu et la collectivité » ; et enfin le philosophe américain John Rawls, pour sa théorie des inégalités efficaces qui fonde le principe d'équité. [C'est donc l'equivalent d'un démocrate américain, non?]

Cette liste de philosophes, Alain Madelin ne la conteste pas. Le héraut du libéralisme, celui qui au sein de l'UMP est allé le plus avant dans la réflexion idéologique et philosophique, ajoute bien sûr d'autres noms comme ceux de Benjamin Constant,Pierre-Paul Royer-Collard, « pour sa réflexion sur les libertés, le droit, les institutions »,Adam Smith, Jean-Baptiste Say, David Ricardo, Bertrand de Jouvenel, Jacques Rueff, sans oublier l'économiste autrichien Friedrich von Hayek, qui a beaucoup inspiré les politiques de Ronald Reagan et de Margaret Thatcher. Mais il ne récuse aucun de ceux cités par Pierre Méhaignerie. C'est le signe que quelque chose est en train de se produire au sein de la droite : « Il y a un rapprochement idéologique entre les libéraux et les anciens centristes », constate Hervé Novelli, qui anime à l'Assemblée nationale le groupe des députés réformateurs, de loin le plus actif et le plus influent au sein de l'UMP. Une sorte de fusion entre la pensée libérale et la pensée républicaine non marxiste est en train de s'opérer. Normal, analyse Alain Madelin, « le XXe siècle a été le siècle des Etats. La principale interrogation portait sur la façon dont ils devaient s'organiser. Le XXIe siècle, fondé sur le savoir et le mérite, sera forcément libéral. La seule question portera sur la forme que doit prendre ce libéralisme ».

L'affirmation, on s'en doute, n'est pas du goût de tous les gaullistes. Mais pour eux la période est idéologiquement difficile : au sein de l'UMP, le courant gaullo-social qu'incarnait Philippe Seguin - un Etat fort, soucieux d'encadrer et de corriger les inégalités créés par le marché - n'a pas vraiment trouvé de successeur. Ceux des chiraquiens qui, comme François Fillon ou Jean-Louis Debré, auraient pu prendre la relève sont muselés par leur fidélité à Jacques Chirac : ils ne peuvent pas être dans l'anticipation, dans la proposition ou dans la structuration idéologique puisqu'ils sont dans le suivisme du pragmatisme présidentiel. Dès lors, le libéralisme est bel et bien en train de s'imposer comme le modèle idéologique le plus structuré au sein de l'UMP. Mais, au lieu de pavoiser, voilà que ses initiateurs s'en inquiètent. Car le bébé leur échappe. Un homme est en train de capter l'héritage. Il vient du RPR, il s'appelle Nicolas Sarkozy et il s'avance masqué. Les valeurs du président de l'UMP sont incontestablement libérales - société du libre choix, éloge de la réussite et du mérite individuel. Mais pendant ses deux ans et demi d'activité gouvernementale, Nicolas Sarkozy s'est ingénié à brouiller les pistes, se laissant même traiter de « colbertiste » dans ses activités de ministre des Finances. Il a refusé toute référence idéologique et philosophique parce qu'elle risquait de l'enfermer dans un segment trop étroit et a préféré mettre en avant l'action comme réponse aux attentes des Français. Etre libéral sans le dire ? Un comble pour les libéraux, qui du coup redoublent d'efforts pour tenter d'enraciner l'UMP dans un système de valeurs et de référents opposables à son président. C'est aussi à cette aune qu'il faut lire les efforts déployés par Jean-Pierre Raffarin pour tenter de donner corps à son « humanisme du XXIe siècle ».

FRANÇOISE FRESSOZ est éditorialiste aux « Echos » ffressoz@lesechos.fr

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voilà qu'on nous ressort le libéralisme UMP avec à sa tete Sarko..

C lassant, raffarien tient ce genre de discours devant la SARA mais dirait exactement le contraire devant les gaullistes..

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Oh là, vous n'avez pas compris que derrière tout la politique de Chirac y'avait une stratégie ? Il est plus intelligent qu'on ne le croit ! Mais j'ai mis du temps à comprendre son petit manège.

Je m'explique : Chirac, depuis 2002, a repris à son compte le programme de la gauche, la sécurité en plus. La montée de la criminalité, c'est ce qui a le plus fait de mal aux socialistes. Donc ceux-ci sont discrédités. La presse de gauche, lorsque Chirac commence les réformes, s'en prend à lui, mais que peut-elle faire ? Chirac peut toujours dire que Jospin défendait la même chose. Et paf ! La presse de gauche discrédité. Ensuite, Chirac fait sa Charte de l'environnement, pour emmerder les écologistes. Le PS ne sait plus où donner de la tête. Pour les diviser encore plus et les miner, parce qu'il faut bien le dire, le PS a repris de la vigueur depuis les régionales, Chirac décide qu'il organisera un référendum en faveur de la Constitution Européenne. Et là, le PS se divise, se déchire… Chirac est content. C'est ce qu'il voulait. Il a laissé Sarkozy conquérir l'UMP. Il a soutenu l'arrivée de Dassault à la tête du Figaro. Qu'est-ce qu'il peut faire maintenant ?

Attendre 2007 tranquillement, se ménager une porte de sortie, et laisser Sarkozy lui succéder. Sarkozy se sera retrouvé face à Fabius, qu'il aura battu avec 57 % des voix. Chirac pourra toujours confesser à un Sarkozy Président qu'il aura tout fait, durant son mandat, pour discréditer complètement le social-libéralisme et pour laisser les idées libérales l'emporter en France.

Malin, le Jacques. Tout est lié. Il n'a pas fait une réforme de l'école, n'a pas fait le service minimum, a laissé les syndicalistes manifester et gueuler dans les rues, parce qu'il sait très bien que c'est la meilleure manière pour que les français se radicalisent encore plus, et finissent par voter, par ras le bol, en faveur de son nouveau poulin, Sarkozy.

Y'en a là-dedans. N'a-t-il d'ailleurs pas dit à Sarkozy en privé ces mots : " pour 2007 tu seras le seul candidat de droite, je ne me présenterais pas ".

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Et pendant ce temps, les Français s'appauvrissent, l'Etat sévit, pour que J.Chirac passe le relais à Sarko. qui lui, ferait les réformes libérales attendues ? :doigt: Alors que l'U.M.P a déjà tous les pouvoirs ?

Toute cette stratégie pour que la gauche ne revienne pas en 2007 ? :icon_up:

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En fait la stratégie de Chiraq est de tout faire pour que Hollande soit élu. Entre corréziens, habitués à partager la tête de veau, ils ont appris tous les deux à s'apprécier. Il paraît même que Ségolène et Bernadette échangent des recettes de cuisine (Sarko à l'étouffée, friture de rougets socialistes, bêtises de Gaymard…).

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lol, on peut déconner non ? :doigt:

Même si Sarko passe, rien ne sera réglé. Je crois pas. Mais bon, on verra. Ca ne pourra pas être pire que Hollande. Encore que… :icon_up:

J'ai lu une analyse économique de l'Express selon laquelle la France se classerait en 6ème position sur le plan éco, à cause de la Chine. Mais vous vous rendez compte ? Ce pays est foutu. Autant le quitter. Rien à en tirer.

Aux states au moins les médias seront moins gauchistes…

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