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Jacques Chirac!


christophe

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Hello!

Ca suffit! On ne peux plus se plaindre simplement sur les forums! Rendez vous à La Bastille ce samedi dès 14h30 pour dénoncer la politique Chiraquienne. Samedi 7 mai 2005, cela fera 10 ans que Jacques Chirace est Président de la République. Cela fait également 10 ans que le pays continue de couler.

Liberté Chérie organise donc un petit rassemblement à La Bastille samedi après midi!

Venez nombreux et faites du bruit autour de vous pour cet événement!

Librement,

Christophe Maillard

PS: pour de plus amples détails, veuillez consulter la home page de Liberté Chérie (www.liberte-cherie.com) qui vient d'être actualisée pour l'occasion. Vous aurez d'ailleurs le plaisir de consulter l'article d'Aurel paru dans le Wall Street Journal Europe la semaine dernière!

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Je ne sais pas si tous les articles seront intéressants, mais je les posterai quand même!

:icon_up:

Aujourd'hui, le bilan politique des 10 ans de Chirac:

Chaque jour de cette semaine, l'analyse des « Echos » est consacrée à un aspect du bilan des dix ans de Jacques Chirac à l'Elysée. Aujourd'hui, Françoise Fressoz dresse le bilan politique du président de la République.

Ah, le cap des dix ans, comme il est difficile à franchir ! A la veille d'un référendum particulièrement risqué, Jacques Chirac se retrouve nez à nez avec son bilan, sans que son Premier ministre puisse jouer, comme il se doit sous la Ve République, le rôle de bouclier. Dix ans, cela déborde largement les trois ans du gouvernement Raffarin, cela renvoie aux ambitieuses promesses de 1995, « réduire la fracture sociale », et cela met l'accent sur l'âge du capitaine - soixante-douze ans - qui paraît tellement en décalage avec la norme mondiale : cinquante-huit ans pour l'Américain George Bush, cinquante-deux ans pour le Russe Vladimir Poutine, cinquante et un ans pour le Premier ministre britannique Tony Blair, quarante-quatre ans pour l'Espagnol José Luis Zapatero.

Au moment de souffler les bougies, Jacques Chirac pourra toujours se consoler en se disant que durer dix ans est en soi une performance qui n'est pas à la portée de tous. Dans le passé, seuls deux présidents de la République sur vingt-trois sont parvenus à franchir le cap : Charles de Gaulle et François Mitterrand. Deux autres ont essayé mais s'y sont cassé les dents : Jules Grévy, élu le 30 janvier 1879 et réélu le 28 décembre 1885, a été obligé de démissionner au bout de huit ans de mandat, victime des frasques de son gendre Daniel Wilson, qui avait monté un sombre trafic de décorations et de marchés publics. Le scandale fut énorme. Albert Lebrun, élu le 10 mai 1932 et réélu le 5 avril 1939, ne dépassa pas non plus les huit ans : il ne démissionna pas mais dut laisser le 11 juillet 1940 les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. L'histoire est tragique.

Donc, le club des décennaires est très fermé et les rares initiés qui en font partie sont bien placés pour savoir que le moment est difficile à passer. Les dix ans du général de Gaulle sont tombés en plein Mai 68. Sur les banderoles de la manifestation du 13 mai, jour de la grève générale, on pouvait lire : « Dix ans ça suffit ! Bon anniversaire, mon général ! » Une façon plutôt abrupte de dire son fait à l'homme du 18 Juin. Un an plus tard, « Mon général » quittait le pouvoir, victime du référendum sur la participation et la réforme du Sénat qu'il avait imprudemment organisé en avril 1969, dans la foulée de législatives triomphantes, dans l'espoir d'obtenir un nouvel adoubement populaire. La France avait encore le coeur ancré à droite mais elle ne voulait plus de l'homme providentiel. De Gaulle n'avait pas su le sentir, de même qu'il n'avait pas voulu voir la montée en puissance de son Premier ministre Georges Pompidou, qui s'imposera finalement comme son successeur. Leçon numéro un : toujours regarder en arrière pour vérifier que l'un de vos disciples n'est pas en train de vous détrôner.

François Mitterrand, lui, a eu plus de flair. Le promoteur de la « France unie » (slogan de sa campagne de 1988) avait su profiter de la guerre du Golfe intervenue pendant l'hiver 1990 pour reconstituer sa popularité en se drapant dans le rôle consensuel de père de la nation. Le 10 mai 1991, jour de ses dix ans à l'Elysée, le matelas d'opinions favorables commençait à fondre sous le poids des difficultés économiques et sociales, mais il restait encore suffisamment confortable pour lui permettre de contenir les ambitions présidentielles de son Premier ministre Michel Rocard et de résister aux attaques ad hominem de la droite. Laquelle, il faut bien le dire, avait du mal à dissimuler sa fascination pour cet esthète du pouvoir qui était non seulement parvenu à sortir la gauche de l'opposition mais aussi à installer l'alternance et à triompher (contre Jacques Chirac) de la première cohabitation qu'ait connue la Ve République. « Mitterrand sait digérer les attaques, les transcender », constatait à l'époque Nicolas Sarkozy, déjà en plein apprentissage, alors qu'Alain Juppé, plus politique, sublimait l'instant en pronostiquant au président une fin difficile : « Les Français vont brûler Mitterrand. Il finira sous les quolibets ! » Nicolas Sarkozy était en réalité plus proche de la vérité qu'Alain Juppé : si la fin du second septennat Mitterrand fut absolument sans gloire et tragiquement dominée par la maladie, le président réussit à aller jusqu'au bout de son mandat et à préserver son image personnelle, laissant en revanche sa famille politique dans un piteux état. L'image que renvoient les socialistes en ce 10 mai 1991 est extrêmement négative et annonce la débâcle qu'ils subiront aux élections législatives de 1993 : il n'y a plus de cap - le Premier ministre Michel Rocard est en disgrâce et sera remplacé cinq jours plus tard par Edith Cresson. Il n'y a plus de solidarité - les dauphins de François Mitterrand se sont déchirés à belles dents lors du sinistre congrès de Rennes de mars 1990. Il n'y a plus de moralité - sur fond d'affaires à répétition, la loi d'amnistie votée un an plus tôt a fait très mauvais effet. Et les résultats sur le plan social ne sont pas du tout à la hauteur des ambitions affichées au départ : « mes regrets sont de n'avoir pu réduire autant que je l'aurais voulu les inégalités sociales », concède d'ailleurs François Mitterrand dans un entretien à l'hebdomadaire du Parti socialiste « Vendredi » alors que le nombre de chômeurs a, en dix ans, grimpé d'un million. Mais d'ajouter aussitôt en forme d'espoir : « Nous ne sommes pas encore au terme. » Leçon numéro deux : laisser toujours entrevoir des lendemains meilleurs, même si les résultats ne sont pas au rendez-vous.

Car ce qui frappe dans ces anniversaires, dans les deux derniers en particulier, c'est la pérennité des problèmes que doit affronter le pays et qui, malheureusement, signent une certaine forme d'impuissance publique. « Accroissement du nombre des chômeurs, augmentation des inégalités, poids chaque jour plus lourd de la fiscalité, dépenses excessives sur fond de ralentissement économique, montée d'une certaine angoisse devant un avenir mal préparé. » Qui dresse ce bilan implacable en parlant de « société crispée et inquiète pour son avenir » ? François Hollande ? Lionel Jospin ? Marie-George Buffet ? Pas du tout. C'est Jacques Chirac qui juge les dix ans de François Mitterrand dans une interview au « Figaro » le 6 mai 1991. Aujourd'hui, la gauche pourrait, mot pour mot, lui retourner le compliment.

FRANÇOISE FRESSOZ est éditorialiste aux « Echos ». ffressoz@lesechos.fr

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J'ai été choqué par ce titre on ne peut plus agressif, qui, même s'il est - je l'espère - à prendre au second degré, est un appel au meurtre!

Tu ferais mieux d'être choqué par la politique de Jacques Chirac que par le titre de mon message qui était effectivement à prendre au deuxième degré, puisqu'il n'est pas question de "faire la peau" à Jacques Chirac. D'ailleurs, on peut se demander comment on ferait pour y parvenir. Qui plus est le descriptif de notre action ne laisse pas entrevoir quoique ce soit de violent…

Par ailleurs, je suis désolé pour le doublon, j'avais mis le passage initialement sur le mauvais forum.

Christophe

Posté
C'était "Jacques Chirac n'est qu'un avatar de NicLobin"

:doigt:

J'ai été choqué par ce titre on ne peut plus agressif, qui, même s'il est - je l'espère - à prendre au second degré, est un appel au meurtre!

Tu ferais mieux d'être choqué par la politique de Jacques Chirac que par le titre de mon message qui était effectivement à prendre au deuxième degré, puisqu'il n'est pas question de "faire la peau" à Jacques Chirac

Chris, t'as de la monnaie ? 1 million d'euros par exemple ? Et j'arrangerais ça.

On se tapera juste Sarko deux ans avant, c'est tout. :icon_up:

Posté
C'était "Jacques Chirac n'est qu'un avatar de NicLobin"

:doigt:

J'ai été choqué par ce titre on ne peut plus agressif, qui, même s'il est - je l'espère - à prendre au second degré, est un appel au meurtre!

Tu ferais mieux d'être choqué par la politique de Jacques Chirac que par le titre de mon message qui était effectivement à prendre au deuxième degré, puisqu'il n'est pas question de "faire la peau" à Jacques Chirac

Chris, t'as de la monnaie ? 1 million d'euros par exemple ? Et j'arrangerais ça.

On se tapera juste Sarko deux ans avant, c'est tout. :icon_up:

Posté
Tu ferais mieux d'être choqué par la politique de Jacques Chirac que par le titre de mon message qui était effectivement à prendre au deuxième degré, puisqu'il n'est pas question de "faire la peau" à Jacques Chirac. D'ailleurs, on peut se demander comment on ferait pour y parvenir. Qui plus est le descriptif de notre action ne laisse pas entrevoir quoique ce soit de violent…

Par ailleurs, je suis désolé pour le doublon, j'avais mis le passage initialement sur le mauvais forum.

Christophe

Mais qui a dit que je n'étais pas choqué par la politique de Jacques Chirac? :icon_up:

Je sais bien que Liberté Chérie n'est pas un mouvement violent! :doigt:

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Maintenant, le bilan en termes de politique etrangère, par le Grand Maître Nicolas Baverez.

Baverez : «La rhétorique de la puissance sans les instruments de la puissance»

Historien, économiste, essayiste et avocat, auteur de La France qui tombe (Perrin), Nicolas Baverez examine les dix dernières années de la politique étrangère et de défense de la France. Il répond aux questions du Figaro.

Propos recueillis par Alexis Lacroix

[06 mai 2005]

LE FIGARO. – Dans son discours d'investiture de 1995, Jacques Chirac se réclamait d'une France forte de son histoire comme de ses atouts. Dix ans après, est-ce l'idée que le monde se fait de notre pays ?

Nicolas BAVEREZ. – En 1995, Jacques Chirac entre à l'Élysée en plaçant son septennat sous le signe du changement et de la rupture avec l'immobilisme de François Mitterrand, notamment dans le domaine de la politique étrangère, de défense et de sécurité. Dans son allocution d'investiture, le président de la République se réfère ainsi à la «volonté de changement» exprimée par le peuple français, en appelle à une France «plus allante», et ajoute : «Forte de son histoire comme de ses atouts.» Dix ans après, force est de constater que la continuité a prévalu. Non seulement l'aggiornamento de la doctrine gaulliste a été une nouvelle fois reporté, alors qu'à la chute de l'empire soviétique s'est ajouté un nouveau bouleversement géopolitique issu des attentats du 11 septembre 2001. Mais loin d'être plus «allante», la France s'est enfermée dans la position d'un vieux pays nostalgique de sa grandeur perdue, en marge du monde et de l'Europe, spectateur désabusé d'une histoire qui s'écrit désormais sans elle.

Reste qu'en 1995, la France avait déjà reculé sur la scène internationale, et le prédécesseur de Jacques Chirac avait manqué le «nouveau monde» né de la chute du mur de Berlin…

Il est vrai que Jacques Chirac accède à la magistrature suprême au moment où la position diplomatique de la France s'est profondément dégradée, du fait de l'incompréhension profonde de la chute du mur de Berlin par François Mitterrand. Au-delà de la vision archaïque d'un président ancré dans l'univers de la guerre froide, s'expriment les travers traditionnels de la diplomatie française qui perdurent, au premier rang desquels l'obsession pour les États et le désintérêt pour le mouvement des sociétés, la culture du cynisme et la désinvolture pour la liberté. Pour toutes ces raisons, le changement était impératif en matière de politique extérieure et de sécurité. Et force est de constater qu'il est mort-né. Au point que le rang de la France a spectaculairement régressé depuis 1995 en Europe et dans le monde.

Pourquoi, d'après vous ?

D'abord, à cause des circonstances, c'est-à-dire de la dissolution de 1997 et des cinq années de cohabitation suivantes. Les deux premières années du septennat ont incontestablement connu des évolutions significatives, tout particulièrement dans le domaine stratégique. Se sont ainsi succédé la reconfiguration à la baisse du nucléaire avec la suppression de la composante terrestre (fermeture du plateau d'Albion), la reprise momentanée des essais nucléaires puis l'adhésion au traité les interdisant, la décision de professionnaliser les armées, la tentative de réintégrer la France dans le circuit politico-militaire de l'Otan avant que la réforme n'achoppe sur l'exigence de l'attribution du commandement de la zone Sud de l'organisation. Dans le même temps, Jacques Chirac a heureusement rompu avec la lâche résignation de son prédécesseur face à l'hyper-nationalisme serbe, en adoptant une ligne de conduite ferme en Bosnie.

Preuve que le volontarisme était au rendez-vous…

Cet activisme comportait sa part d'improvisation et de confusion, comme le démontre la gestion de la reprise des essais nucléaires ou l'arrêt de la conscription. Mais il tranchait en effet par rapport à l'immobilisme mortifère de François Mitterrand. A partir de 1997, tout se dérègle du fait de la cohabitation. Avec, pour symbole, le traité de Nice qui présente la caractéristique remarquable d'être un double échec pour la France en terme d'intérêt national – avec la perte de la parité avec l'Allemagne et la divergence avec les nouvelles démocraties, Pologne en tête – et pour l'Europe en terme d'intégration – avec le blocage programmé du processus de décision et la dissolution de l'intérêt communautaire. Mais à côté des circonstances, existent des raisons de fond qui se sont exprimées avec une force singulière depuis le début du quinquennat et qui prolongent l'immobilisme mitterrandien : le culte du passé et l'ignorance du réel, le refus de l'économie et de la société ouvertes, l'incapacité à faire face à l'accélération de l'histoire, un discours de pseudo-grande puissance sans les instruments de la puissance. Si François Mitterrand est resté aveugle devant la chute du mur de Berlin, Jacques Chirac a totalement raté, pour sa part, le tournant stratégique provoqué par les frappes terroristes de 2001.

Qu'est-ce qui vous permet d'être aussi affirmatif ?

D'un côté, la diplomatie française est restée insensible au traumatisme ressenti par le peuple américain, écartelé entre un sentiment illusoire de toute-puissance et l'angoisse face à une vulnérabilité insoupçonnée, schizophrénie qui explique le désarmement des contre-pouvoirs de la démocratie des États-Unis jusqu'à l'élection présidentielle de 2004. De l'autre, elle a violemment dérapé en basculant de la critique légitime de l'intervention en Irak fondée sur une absurdité – le lien supposé entre le régime de Saddam Hussein et al-Qaida – et une contre-vérité – l'existence d'armes de destruction massive représentant une menace directe sur les pays voisins et jusque sur les démocraties –, à l'organisation d'un référendum mondial contre les États-Unis au sein de l'ONU. Tout ceci en faisant peu de cas de la réalité de la menace que représente le terrorisme international et surtout en prenant le risque de créer – comme dans les années 30 – un clivage majeur entre les démocraties au moment même où la liberté politique fait l'objet d'une attaque frontale. Et au prix de la constitution d'un chimérique camp de la paix avec la Russie (dans la plus parfaite indifférence pour la tragédie tchétchène) et la Chine, qui ont instrumentalisé, à cette occasion, la diplomatie française.

Mais, depuis, Paris a renoué un dialogue moins tendu avec Washington…

L'impasse à laquelle ont conduit les positions extrêmes de la France se trouve heureusement en cours de correction avec l'entreprise de réconciliation engagée depuis la réélection de George W. Bush : la fin de l'occupation syrienne du Liban avec le retrait de son contingent de 14 000 hommes montre que les deux pays peuvent obtenir des résultats très positifs lorsqu'ils coordonnent leurs efforts. Il reste que l'embardée de la diplomatie française, au-delà des dirigeants, a creusé un fossé entre les peuples qui demandera beaucoup de temps pour se combler.

Les résultats de la politique de défense entreprise par le président de la République dès sa première élection ne sont-ils pas nettement plus concluants ?

Dans le domaine de la défense, Jacques Chirac a décidé en 2002 de ce qui était facile, à savoir augmenter les dépenses. Mais il s'est refusé à effectuer le difficile, qui consistait à moderniser la doctrine après la fin de la guerre froide et l'irruption du terrorisme de masse, redéfinir le schéma des forces, moderniser l'organisation du ministère autour d'un chef militaire et d'un responsable logistique et industriel, restructurer l'appareil industriel. Au total il aura fait avec la défense ce que Lionel Jospin fit avec l'éducation nationale en augmentant les dépenses sans amélioration du service rendu. Parmi bien d'autres exemples, on peut citer le fait que 20% des dépenses d'investissement continuent à être affectées contre toute raison à la dissuasion nucléaire (pour 8% au Royaume-Uni), alors que le spatial, clé du renseignement et donc de l'autonomie stratégique n'est doté que de 3% des crédits. Si la dissuasion prospère, l'information et le renseignement, la projection, la protection du territoire et de la population sont délaissés, quand bien même ils sont essentiels dans un monde où la guerre est de retour.

Quel bilan tirez-vous de la politique conduite par la France en direction des pays arabes et de l'Afrique ?

Dans ce domaine, aussi, force est de constater l'absence de résultats de notre opposition frontale à la politique américaine en Irak. La France n'échappe ni aux prises d'otages, ni aux menaces et aux attaques terroristes, et son prestige ne cesse de décliner au sein des élites africaines comme du monde arabo-islamique. Quelles que soient leurs erreurs en Irak, ce sont les États-Unis qui mènent le jeu au Moyen-Orient, du conflit israélo-palestinien à la réintégration de la Libye en passant par le début de démocratisation de l'Arabie saoudite ou la gestion de la crise iranienne. Il faut reconnaître par exemple que les États-Unis et Israël avaient raison de considérer qu'Arafat était un obstacle irréductible pour une solution politique, faute pour lui – contrairement au président Sadate, à Menahem Begin ou à Itzhak Rabin – d'avoir opéré la mue du chef de guerre à l'homme d'État : les États-Unis et la Chine progressent spectaculairement au Maghreb, notamment en Algérie, et en Afrique. Le Royaume-Uni effectue une percée remarquable en Afrique, plaçant son développement en première des priorités de sa présidence du G 8. Dans le même temps, la France, toujours prodigue de leçons au reste du monde en matière de gestion de crise, accumule les échecs en Côte d'Ivoire et au Togo.

L'un des choix récurrents de la France semble être celui du «soft power», inséparable de la lutte contre les déprédations écologiques…

Le discours sur la multipolarité et le multilatéralisme béat est dénué de sens et de portée pratique. Le monde n'a jamais été unipolaire qu'à l'aune d'une chimère antiaméricaine : sur le plan stratégique, l'enlisement en Irak illustre les limites, politique et militaire, des États-Unis ; sur les plans économique et monétaire, les États-Unis dépendent désormais de la Chine. Bref, le problème de la société ouverte n'est pas son uniformité mais le fait d'arriver à faire cohabiter de manière pacifique des systèmes de valeurs, des cultures, des traditions multiples et hétérogènes. La France est la première à se démarquer de l'utopie multilatéraliste et à recourir à la force armée quand ses intérêts sont en jeu, comme en Côte d'Ivoire. Mais en l'occurrence, elle a réussi à cumuler le pire du colonialisme propre à la vieille Françafrique avec les accords de Marcoussis, puis le pire du multilatéralisme – comme dans les premières années du conflit bosniaque –, avec la passivité devant la dérive totalitaire et le réarmement du régime de Laurent Gbagbo, jusqu'à assurer la sécurité des avions chargés de frapper nos propres soldats. L'ultime contradiction est à chercher dans un discours tiers-mondiste tout droit issu du sommet de Bandung dans les années 50, en porte-à-faux complet avec les politiques d'ouverture et de libéralisation à marche forcée dans la mondialisation qui fondent le rattrapage accéléré de la Chine, de l'Inde ou du Brésil. Loin de céder aux billevesées sur la taxation des transactions financière ou du kérosène, les pays émergents assoient leur développement et la lutte contre la pauvreté sur les principes de Ricardo – le libre-échange – et de Schumpeter – le risque de l'entrepreneur. La France ne défend pas le développement du Sud et des pauvres mais les rentes de situation des pays riches en s'érigeant en champion du protectionnisme dans le domaine de l'agriculture, de l'industrie ou des services.

Des raisons institutionnelles expliquent-elles les dysfonctionnements que vous pointez ?

Au principe des échecs de la politique extérieure et de défense, on trouve la conception perverse, aussi antidémocratique qu'antilibérale, du domaine réservé. Il est désormais impératif de faire justice de cette exception française qui veut que le président de la République exerce son bon plaisir dans le champ diplomatique et stratégique, indépendamment de toute forme de contre-pouvoir (hormis dans les périodes de cohabitation). Or contrairement aux idées reçues, l'absence de contrôle n'est pas gage de performance mais d'inefficacité. L'autre raison majeure se situe dans le refus de tout principe qui contribue à expliquer le caractère inconséquent de la politique de Jacques Chirac. La «multipolarité» est un non-concept. Le multilatéralisme pur est une chimère. La prétention à jouer à la grande puissance sur fond d'une économie, d'une société et d'une nation en ruine, est promise à l'échec. Le plus grave, sur le plan moral, c'est la négation des valeurs et le relativisme intégral dont la politique étrangère française s'est fait une spécialité.

Relativisme intégral… Que voulez-vous dire ? Malgré ses insuffisances, le discours «multilatéraliste» de la France vise à la défense d'un modèle de civilisation…

Chacun sait depuis la présidence Carter que les droits de l'homme ne font pas une politique extérieure. Mais à l'inverse, une démocratie, a fortiori la France, ne peut fonder sa politique sur le mépris affiché pour la liberté et les droits de l'homme. En réalité, sous la prétendue diversité des critères fondant la liberté, pointe un authentique racisme, qui veut que la démocratie et le marché soient l'apanage de certains peuples et de certaines nations. L'autre tropisme inquiétant de la politique extérieure française est son nihilisme. Elle excelle dans la condamnation ; elle pêche par l'absence de proposition ; elle se dissout au contact de l'action, comme le montre la crise ivoirienne.

Faut-il vraiment crier au «nihilisme» ? Ne s'agit-il pas simplement d'une realpolitik ?

Comment peut-on à la fois prétendre maîtriser la realpolitik et cultiver l'angélisme du multilatéralisme en condamnant par principe le recours à la force ? Ni réaliste ni idéaliste, la politique de la France est tout simplement irrésolue et inconséquente. Avec, à la clé, un recul des positions de notre pays sans précédent depuis la IVe République. Il reviendra en 2007 au nouveau président de la République de redéfinir une politique extérieure et de sécurité cohérente, à l'instar de la refondation conduite en 1958, qui devra réunir trois conditions : s'appuyer sur la reconstruction préalable d'une économie prospère et d'une nation soudée ; s'adapter à la nouvelle donne européenne et mondiale du XXIe siècle ; abandonner la rhétorique pour réinvestir le domaine de l'action, en dotant à nouveau la France des moyens effectifs d'exercice de la puissance.

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Avec le recul, le champ dans lequel JC aura été le plus nuisible, c'est dans celui de la politique etrangère, et ce n'est vraiment pas peu dire vu ses exploits dans les autres domaines, économique notamment.

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Avec le recul, le champ dans lequel JC aura été le plus nuisible, c'est dans celui de la politique etrangère, et ce n'est vraiment pas peu dire vu ses exploits dans les autres domaines, économique notamment.

Oui, mais pour l'affaire irakienne, il a évité de cautionner une grosse connerie.

Posté
Oui, mais pour l'affaire irakienne, il a évité de cautionner une grosse connerie.

on va pas revenir sur l'affaire irakienne mais son hypocrisie est encore pire que celle de W.

la chose la plus libérale? les bras m'en tombent!

il a juste surfé sur les sentiments les plus vils de ses con-citoyens!!

Posté
Oui, mais pour l'affaire irakienne, il a évité de cautionner une grosse connerie.

Disons que tu as été (et j'ai été) d'accord avec lui, mais vraiment pour des raisons TRES différentes, le tout avec des conséquences que ni toi ni moi ne voulions au départ (sentiments anti-français et anti-américains de part et d'autre de l'Atlantique).

Qui plus est, il me semble qu'il a quand même saboté les efforts d'ultimatum des britanniques au sujet de Saddam Hussein, qui auraient pu mener à une solution pacifique de cette crise (provoquée par les US, c'est sûr).

Posté
on va pas revenir sur l'affaire irakienne mais son hypocrisie est encore pire que celle de W.

la chose la plus libérale? les bras m'en tombent!

il a juste surfé sur les sentiments les plus vils de ses con-citoyens!!

Ce ne sont pas les conséquences de son hypocrisie que les Irakiens subissent actuellement. En outre, je ne vois pas en quoi le refus de la guerre devrait être défini comme un sentiment vil.

Comprenons-nous bien: je ne prise guère la politique étrangère de Chichi en général. Mais, sur ce coup-là, il a eu raison.

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