Chitah Posté 1 juin 2005 Signaler Posté 1 juin 2005 Monsieur Khdir travaille à Sc Po Lyon, peut-être que nos amis lyonnais le connaissent. Ses idées dans le domaine de la réforme du statut des élus me paraissnet très intéressantes, il parle même de'abolition des privilèges, de nuit du 4 août. Je vous invite donc à lire ce texte, pour discuter si il y a lieu, de ses idées et de ses éventuels manques, etc… Politiques : servir la cité et non pas se servir par MONCEF KDHIREn France, les élus de gauche comme de droite ont tendance à vouloir rester au pouvoir à vie. L'actuel président de la République était déjà Premier ministre à l'époque où Leonid Brejnev était secrétaire général du Parti communiste de l'URSS ; tandis que son prédécesseur n'a jamais songé à démissionner, malgré la gravité de sa maladie, qui devait l'emporter quelques mois seulement après son long règne de quatorze ans à l'Elysée. Par ailleurs, la plupart des hommes politiques cumulent plusieurs mandats et s'attribuent fiefs et obligés. Malgré quelques timides « réformettes » pour limiter les cumuls, la situation n'a guère changé dans la pratique. (ceux qui ne peuvent pas exercer les fonctions de maire par exemple, en vertu du droit actuel sur le cumul, se font nommer au poste de premier adjoint et décident de facto à la place du « maire », simple paravent juridique). Pour paraphraser Isaac Newton, les hommes (politiques) construisent trop de murs (autour d'eux) et pas assez de ponts. Qui peut sérieusement contester, aujourd'hui, notre enlisement dans les marécages d'une « démocratie » en trompe-l'oeil, où le débat politique est réduit à un jeu de rôle entre la droite et la gauche caviar avec l'extrême droite comme arbitre ? Le système actuel est sclérosé, il ne laisse aucune place à l'innovation des hommes et des idées ; c'est pourquoi il faut avant tout inventer de nouvelles formes d'organisation. Une autre grille de lecture est possible pour tenter de remédier à la grave crise que traverse le personnel politique dans l'opinion publique. Dans « L'Esprit des lois », Montesquieu considère que « lorsque, dans la République, le peuple en corps a la souveraine puissance, c'est la démocratie, lorsque la souveraine puissance est entre les mains d'une partie du peuple, cela s'appelle une aristocratie ». Pour démocratiser le régime et désacraliser la fonction publique, je propose d'introduire dans la Constitution trois articles assez simples et brefs : 1. Nul ne peut exercer plus d'un mandat politique à la fois ; 2. Nul ne peut exercer plus d'un mandat dans le même domaine ; 3. Tous les privilèges, avantages et facilités liés à l'exercice du pouvoir politique sont abolis. Pour contourner l'obstacle de l'opposition probable des élus, viscéralement attachés à leurs privilèges et par conséquent hostiles au vote de cette réforme constitutionnelle, la solution peut se trouver, finalement, entre les mains des citoyens, qui peuvent imposer directement cette nouvelle pratique, lors de chaque élection, par l'élimination pure et simple, et d'une manière systématique, de tout candidat qui se trouve en marge de la réforme proposée. Le jeu démocratique doit être ouvert et les citoyens audacieux. Chacun peut se souvenir de la phrase de René Char : « Qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égard ni patience. » En principe, les bonnes volontés ne manquent donc pas, pour s'engager dans une initiative aussi transparente et bénéfique pour la démocratie, il convient simplement de fédérer les citoyens autour de ce projet d'intérêt commun et général. Encore faut-il que l'électeur soit informé et éclairé sur les enjeux et les avantages de la réforme projetée, pour anticiper son application. Normalement, c'est le rôle de la presse et des médias en général de porter ces idées à la connaissance du public ; malheureusement, les supports appropriés sont rares, pour relier la diffusion d'une information, qui à terme peut remettre en question la pérennité de certains notables. En fait, certains médias sont-ils complices de la caste politique en place ? Il paraît difficile de nier qu'il y a toujours dans la plupart des médias en France une forme de complaisance à l'égard du pouvoir politique. La démocratie a besoin de médias vraiment indépendants. L'exemple allemand est intéressant par rapport à la forte indépendance éditoriale vis-à-vis du pouvoir politique et dont les médias français feraient mieux de s'inspirer, plutôt que de participer à la surenchère d'une société de la notoriété, où les « journalistes » s'invitent entre eux et invitent souvent les mêmes hommes politiques, pour fournir des « cerveaux disponibles » à la médiocre et même offre politique. Mais quel que soit l'obstacle du système politico-médiatique pour entraver cette réforme, il ne faut nullement se décourager. « Si tu ne cherches pas l'inespéré, tu ne le trouveras pas », disait Héraclite. La propagande officielle, prolixe en discours sur la « pseudo-démocratie », doit tomber de son haut. Même si l'entretien de ce mythe est établi dans les textes avec la complicité des juristes, il s'agit là d'un simple vernis qui n'a aucune consistance, si ce n'est l'utilité de fournir à peu de frais l'illusion de vivre en « démocratie ». Car, comme le dit Pierre Legendre : « Les élaborations juridiques peuvent être comiques et, néanmoins, fonctionner efficacement » (Pierre Legendre : « Jouir du pouvoir », Editions de Minuit, 1976). Le personnel politique doit comprendre que sa nuit du 4 août interviendra tôt ou tard et qu'on n'a pas besoin de demeurer longtemps en fonction pour bien faire et prospérer dans l'histoire : Pierre Mendès France a assuré la présidence du Conseil de juin 1954 à février 1955. Mettons en tout cas ces propositions en débat pour les enrichir, les fortifier et les critiquer. On croit souvent qu'il faut inventer des idées pour sortir de la crise du système actuel, alors que la priorité est avant tout d'inventer de nouvelles formes d'organisation politique qui permettent la production d'idées originales. Le temps est donc venu de remettre la démocratie réellement entre les mains de chaque citoyen, pour mettre un terme à la dégradation incessante d'une fonction qui était à l'origine des plus nobles : servir la cité et être au service des autres et non pas se servir et être au service de sa carrière politique. Le non-cumul, le non-renouvellement des mandats et l'abolition des « privilèges » peuvent largement y contribuer. MONCEF KDHIR est maître de conférences à l'IEP de Lyon, directeur du Centre de recherche et d'études en droit international (Credi).
Calembredaine Posté 1 juin 2005 Signaler Posté 1 juin 2005 Pour démocratiser le régime et désacraliser la fonction publique, je propose d'introduire dans la Constitution trois articles assez simples et brefs :1. Nul ne peut exercer plus d'un mandat politique à la fois ; 2. Nul ne peut exercer plus d'un mandat dans le même domaine ; 3. Tous les privilèges, avantages et facilités liés à l'exercice du pouvoir politique sont abolis. J'approuve le point 3 bien entendu. Les deux autres sont absurdes et d'ailleurs, sans le point 3,ils se mettront en place d'eux même.
Invité critico Posté 2 juin 2005 Signaler Posté 2 juin 2005 M. Moncef Khdir a fait un excellent diagnostic des dérives de la fonction publique et on devrait l'encourager à poursuivre dans cette voie . Mais peut-on faire l'économie d'une réforme de nos institutions ? Car, à mon avis, nous devons placer la barre assez haut pour déclencher un salutaire électro-choc . Par exemple, cette réforme devrait être cohérente en confirmant d'une part le statut des électeurs et d'autre part celui des élus . - Une véritable avancée démocratique doit conforter le pouvoir des électeurs en leur accordant un droit permanent de contestation de leur élu local . Deux conditions : le vote obligatoire et la pétition référendaire locale . Les spécialistes du droit public nous trouveront bien les solutions pratiques . - L'efficacité des élus exige un respect scrupuleux de leurs engagements . C'est trop facile de promettre la lune lors d'une élection et de passer ensuite la moitié de son temps à préparer sa réélection . Avec quelques amis, nous avions pensé à plusieurs modalités contraignantes . D'abord rendre les mandats ( uniques, cela va de soi ) gratuits . Les partis sont là pour payer leurs élus et ils sauront mieux que quiconque les faire participer : les bancs vides de l'AN sont un scandale ! On devra cependant distinguer les élus qui ont une fonction de "conseillers" de ceux qui ont des responsabilités opérarationnelles : ces derniers pourront recevoir une rémunération mais devront accepter une hypothèque légale sur leurs biens . Principe de précaution…. Ensuite les mandats doivent être révocables . Après une période de mise à l'essai , les électeurs examinent comment l'élu a respecté ses engagements ( chiffrés et programmés ) . Si par exemple une pétition recueille 20% de signatures , on procède à un réferendum local sur l'élu contesté . Selon le résultat, coup de balai ( sans réélection immédiate possible ) ou maintien en poste . - En conséquence, la durée des mandats deviendrait indéterminée : courte si l'élu n'a pas atteint les objectifs qu'il s'était fixés , longue s'il donne satisfaction à la grande majorité de ses électeurs . C'est rude, mais il faut savoir ce qu'on veut . De toutes manières , ce n'est pas demain que le Congrès se pronocera sur une reforme prodonde du statut de ses membres …. A moins que certains parient sur le 6° République .
Evildeus Posté 2 juin 2005 Signaler Posté 2 juin 2005 Personnellement, je suis plus pour un mandat à la PDG. Je trouve les 3 points assez ridicules aussi étant donné les privilèges de l'état.
José Posté 2 juin 2005 Signaler Posté 2 juin 2005 …le vote obligatoire… Mesure anti-libérale au possible.
Invité critico Posté 2 juin 2005 Signaler Posté 2 juin 2005 Je reconnais que rendre le vote obligatoire est une mesure contraignante . La Belgique utilise ce dispositif . Est-elle moins libérale que la France ? C'est le seul moyen de savoir exactement ce que pensent les citoyens . On aurait eu certainement des surprises si, pour le TCE, on avait rendu le vote obligatoire, avec une 3° réponse " Je m'en fous " . Petites questions en passant aux libéraux grand teint : L'interdiction de fumer dans un lieu public est anti-libérale . Donc on laisse fumer les gens n'importe où ? Il est obligatoire de payer ses impôts . C'est anti-libéral , cette mesure . Ne les payons plus ! Il est interdit de rouler à contre-sens , surout sur les autoroutes . C'est anti-libéral encore ce truc là . Allez, rodéo ce soir sur l'A6 .
Chitah Posté 2 juin 2005 Auteur Signaler Posté 2 juin 2005 critico, parlant du système solaire: "… en effet, la Terre est bien plate, et au centre le l'univers, c'est bel et bien évident".
Wart Dark Posté 2 juin 2005 Signaler Posté 2 juin 2005 1. Nul ne peut exercer plus d'un mandat politique à la fois ; Excellent principe, puisque plus vous concentrez les pouvoirs dans les mains d'un petit groupe d'individus pluq il leur sera facile d'instaurer une dicature. De façon plus pragmatique le cumul des mandats empêchent un bon fonctionnement des instances. En effet quelq'un ayant plusieurs emplois travaillent obligatoirement moins pour chacun que quelqu'un qui s'y consacrerai exclusivement. Pour conclure le cumul de mandats renforcent l'aspect oligarchique de nos régimes. Plus nombreux sont les personnes à être élues, plus on se rapproche de la démocratie directe, seule véritable démocratie pour moi. 3. Tous les privilèges, avantages et facilités liés à l'exercice du pouvoir politique sont abolis. Là ça se gâte ! Il ne faudrait pas juste rajouter un petit article à notre Constitution pour qu'un tel principe soit appliqué, sa mise en pratique se traduirait par une refonte totale de notre Constitution, qui serait d'ailleurs l'occasion idéale pour fonder une sixième république. Les avantages de nos dirigeants inscrits au sein même de la Constitution sont si multiples, (droit de grâce du président, immunité parlementaire et présidentielle, etc) que leur remise en cause ne pourrait passer inaperçu, et surtout ne pourrait s'imposer que par un référendum populaire et voulu par le peuple. Ne comptez jamais sur un groupe social, aussi altruiste que soit certains de ses membres, pour qu'il renonce à l'ensemble de ses privilèges.
Taisei Yokusankai Posté 2 juin 2005 Signaler Posté 2 juin 2005 Je rappelle au passage que le point un est d'application au Japon, pays moins gangréné par les privilèges politiques que la France (ironie).
y/o/o/o/k Posté 5 juin 2005 Signaler Posté 5 juin 2005 Je reconnais que rendre le vote obligatoire est une mesure contraignante .La Belgique utilise ce dispositif . Est-elle moins libérale que la France ? C'est le seul moyen de savoir exactement ce que pensent les citoyens . Le citoyen en questions pense que jamais il n'ira voter ! Il faut eliminer toutes ces castes politiques, et la seule façon d'y arriver, c'est de refuser de ce prêter a leur petit jeu de dupes. T'irais élire le chef de la mafia, toi ??? Alors quoi, tu prépare un petit bulletin "non-votant" à mettre dans l'urne ? Alors quoi, tu me colle une amende, en taule, c'est ça ? Et bien Bravo ! C'est non seulement totalement anti-libéral comme démarche, mais en plus c'est completement con !
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