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L'europe, Une Nouvelle Urss ?


Ronnie Hayek

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L'ancien dissident Vladimir Boukovsky vient de publier un nouvel essai, au titre prometteur:

En lisant l'excellent blog d'Eskoh, je m'étais dit que les dictatures totalitaires explicites avaient échoué au XXème siècle et qu'elles essaieraient de s'imposer au XXIème siècle en cachant leur véritable nature à leurs victimes. La critique systématique du libéralisme, prétendûment aux commandes de nos sociétés, fait partie de cette stratégie.

Posté
En lisant l'excellent blog d'Eskoh, je m'étais dit que les dictatures totalitaires explicites avaient échoué au XXème siècle et qu'elles essaieraient de s'imposer au XXIème siècle en cachant leur véritable nature à leurs victimes. La critique systématique du libéralisme, prétendûment aux commandes de nos sociétés, fait partie de cette stratégie.

Pour embrayer sur ta remarque, je viens de me procurer un essai datant du début des années 70, Le Nouveau Totalitarisme, par Roland Huntford (journaliste à "The Observer"). Ce livre est consacré au "paradis suédois" que vantaient les socialistes "à visage humain". Comme il est indiqué en 4e de couverture, "par la douceur et la persuasion, les Suédois ont obtenu ce qu'aucun régime totalitaire n'a obtenu par des pelotons d'exécution".

Ce que j'y ai déjà lu est encore pire que ce que je connaissais de la Suède d'alors (mais cela a-t-il vraiment changé ?). Ainsi, j'ignorais qu'il existait des "bureaux de tempérance" chargés de surveiller l'accoutumance des citoyens à la boisson. Un assistant social qui repérait quelqu'un de titubant pouvait demander sa prise en charge par ce service, lequel avait tout pouvoir pour l'expédier dans un sanatorium.

Et, précision intéressante, l'Etat détenait le monopole sur l'alcool (l'aquavit en particulier).

Posté

Eskoh parlait de dictatures de type paternel et de type maternel. Les dictatures paternelles font usage du bâton, les dictatures maternelles prétendent vouloir le bien de leurs sujets.

Posté
Pour embrayer sur ta remarque, je viens de me procurer un essai datant du début des années 70, Le Nouveau Totalitarisme, par Roland Huntford (journaliste à "The Observer"). Ce livre est consacré au "paradis suédois" que vantaient les socialistes "à visage humain". Comme il est indiqué en 4e de couverture, "par la douceur et la persuasion, les Suédois ont obtenu ce qu'aucun régime totalitaire n'a obtenu par des pelotons d'exécution".

Problème ici : Ce qui est obtenu par la persuasion n'est ni plus ni moins totalitaire et ni plus ni moins liberticide que tout ce qui peut être obtenu par la suggestion publicitaire.

Ce que j'y ai déjà lu est encore pire que ce que je connaissais de la Suède d'alors (mais cela a-t-il vraiment changé ?). Ainsi, j'ignorais qu'il existait des "bureaux de tempérance" chargés de surveiller l'accoutumance des citoyens à la boisson. Un assistant social qui repérait quelqu'un de titubant pouvait demander sa prise en charge par ce service, lequel avait tout pouvoir pour l'expédier dans un sanatorium.

Faut pas avoir une oreille interne défectueuse,alors… :icon_up:

Et, précision intéressante, l'Etat détenait le monopole sur l'alcool (l'aquavit en particulier).

Je confirme : taxé à mort et disponible dans les systembolaget uniquement.

Posté
Problème ici : Ce  qui est obtenu par la persuasion n'est ni  plus ni moins totalitaire et ni plus ni moins liberticide que tout ce qui peut être obtenu par la suggestion publicitaire.

A mon avis, l'auteur de la 4e de couv' voulait seulement dire: "totalitarisme arrivé par voie démocratique et se perpétuant de la même manière".

Posté
En lisant l'excellent blog d'Eskoh, je m'étais dit que les dictatures totalitaires explicites avaient échoué au XXème siècle et qu'elles essaieraient de s'imposer au XXIème siècle en cachant leur véritable nature à leurs victimes. La critique systématique du libéralisme, prétendûment aux commandes de nos sociétés, fait partie de cette stratégie.

La vérité est que les social-démocraties ont partiellement réalisé les objectifs des dictatures communistes, en employant des moyens beaucoup moins inqualifiables. La SD en tant que "chienne-qui-miaule" selon l'excellente expression employée naguère par de Villiers, est partiellement libérale. C'est justement ce libéralisme qui lui permet de créer les richesses à redistribuer. Le gauchisme se greffe là dessus en ayant pour prétention de redistribuer plus tout en fermant le robinet à richesses.

L'avarice perd tout en voulant tout gagner.

Je ne veux, pour le témoigner,

Que celui dont la Poule, à ce que dit la Fable,

Pondait tous les jours un oeuf d'or.

Il crut que dans son corps elle avait un trésor.

Il la tua, l'ouvrit, et la trouva semblable

A celles dont les oeufs ne lui rapportaient rien,

S'étant lui-même ôté le plus beau de son bien.

Belle leçon pour les gens chiches :

Pendant ces derniers temps, combien en a-t-on vus

Qui du soir au matin sont pauvres devenus

Pour vouloir trop tôt être riches ?

Posté
[…] les dictatures totalitaires explicites avaient échoué au XXème siècle et qu'elles essaieraient de s'imposer au XXIème siècle en cachant leur véritable nature à leurs victimes. […]

Ces dictatures ont-elles échoué sur tous les plans? Est-il certain que dans le domaine des idées le vainqueur de la guerre froide soit l'Ouest? C'est discutable, au moins en France il me semble. Tu ne crois pas?

Posté
Pour embrayer sur ta remarque, je viens de me procurer un essai datant du début des années 70, Le Nouveau Totalitarisme, par Roland Huntford (journaliste à "The Observer"). Ce livre est consacré au "paradis suédois" que vantaient les socialistes "à visage humain". Comme il est indiqué en 4e de couverture, "par la douceur et la persuasion, les Suédois ont obtenu ce qu'aucun régime totalitaire n'a obtenu par des pelotons d'exécution".

Ce que j'y ai déjà lu est encore pire que ce que je connaissais de la Suède d'alors (mais cela a-t-il vraiment changé ?). Ainsi, j'ignorais qu'il existait des "bureaux de tempérance" chargés de surveiller l'accoutumance des citoyens à la boisson. Un assistant social qui repérait quelqu'un de titubant pouvait demander sa prise en charge par ce service, lequel avait tout pouvoir pour l'expédier dans un sanatorium.

Et, précision intéressante, l'Etat détenait le monopole sur l'alcool (l'aquavit en particulier).

En Finlande c'est la même chose, l'Etait detient le monopole de la vente d'alcool ce qui conduit les jeunes à fabriqer leur propre alcool à….90%.

En Suède je pouvais lire dans les métros: "dénoncez tous les fumeurs de cannabis" avec bien sûr un numéro de téléphone. J'ai trouvé cela un peu malsain.

Posté

Boukovsky est excellent !

Outre le fait que la France, de par sa législation sociale et le terrorisme intellectuel de ses syndicats et partis de gauche, soit devenue structurellement socialiste, son président (Chirac) souffre depuis sa jeunesse de ce qu'on peut appeler le "syndrome de Stockholm".

Rappelons que l'"appel de Stockholm", lancé en 1950 par les communistes contre l’armement nucléaire (visant la bombe américaine, alors que l'URSS avait déjà elle aussi sa bombe à elle) fut signé (entre autres) par JC, "jeune étudiant de l'Ecole nationale des apparatchiks français" (sic !).

Posté
[…]Et, précision intéressante, l'Etat détenait le monopole sur l'alcool (l'aquavit en particulier).

Je suis allé à Stockholm en août et effectivement, c'est l'Etat qui contrôle la vente d'alcool. Je me demande même si les caissiers, ou les vendeurs, ne sont pas fonctionnarisés.

Les Suédois payent plus d'impôts que nous il me semble.

Posté

les suédois payent plus et s'en félicitent. C'est pourquoi j'ai toujours été étonné que l'ENA ait été délocalisée à Strazbourg et non à Stockholm…

Posté

J'ai donc acheté et lu le livre de Boukovsky. Il défend une thèse assez audacieuse en s'appuyant sur des archives… soviétiques. De quoi s'agit-il ? D'après lui, l'évolution soviétoïde de l'UE est directement héritée de la perestroïka gorbatchévienne. A cette époque, l'URSS - avec non seulement le soutien des PC occidentaux, mais aussi les encouragements des différents partis socialistes démocratiques - voulait bâtir une "maison commune européenne" en tablant sur les rapprochements entre les systèmes communiste et démocratique.

L'obséquiosité des leaders socialistes - parmi lesquels Willy Brandt, mais aussi Felipe Gonzales - est assez hallucinante. Dans les minutes comprenant leurs entretiens avec Gorbatchev, ils aspirent très clairement à transformer l'Europe du marché commun en Europe socialiste et superbureaucratique. Pareil pour Chirac, qui ne semble pas s'émouvoir outre mesure lorsque Gorbatchev déclare qu'il faudra bien un jour décider de la capitale de cette "maison commune"…

Plus intéressant semble le rôle joué par… (Mobius, cela va te plaire ! :icon_up: ) la Commission trilatérale, dont les représentants (Kissinger, notamment) déclarent nettement leur volonté de voir s'unifier politiquement (avec l'accroissement supra-étatique que cela implique) l'Europe afin d'aider l'URSS à sortir de sa crise intérieure… et élaborer ce qui paraît annoncer un gouvernement mondial. VGE, bien avant la Convention pour la Constitution européenne, est présenté comme ayant manoeuvré en ce sens au sein de la Trilatérale.

Dans cette logique, le président argentin Carlos Menem, lors d'une rencontre avec le dirigeant communiste, aurait même déclaré: "En parlant d'intégration, tout le monde est d'accord. En Amérique latine, nous avons l'intention d'agir le long des mêmes lignes que l'Europe. Plus largement, l'humanité n'a pas d'autre choix. Et ensuite, après l'intégration, nous nous concentrerons sur la conquête de l'univers." Pour décrire ce qui pourrait ressembler à une énième "théorie du complot" (mais cela est-il si invraisemblable ?), Boukovsky compare l'organisation de l'UE à SPECTRE dans les "James Bond". Il ne va pas jusqu'à y inclure les autres participants à ce programme de domination planétaire, réel ou supposé. :doigt:

D'après l'auteur, le voeu gorbatchévien de sauver le régime communiste et l'unité de la fédération soviétique avait aussi pour corollaire de diffuser une fausse image de l'évolution politique des "pays frères". Ainsi, Boukovsky narre brièvement la révolution de palais en Roumanie, téléguidée depuis le Kremlin, pour se débarrasser de Ceaucescu et le remplacer par des hommes plus fiables. Le renversement des pouvoirs communistes dans les autres pays était, selon l'auteur, également instrumentalisé initialement, mais les Soviétiques ont dû céder devant la soif de liberté des populations concernées. Si bien que le sort en était jeté pour Gorbatchev. Mais, nous dit Boukovsky, alors que celui-ci gagne maintenant sa vie en faisant de la pub pour de la pizza, son projet d'une Europe socialiste continue de se matérialiser.

Ceci dit, Boukovsky, tout en ayant commencé son essai par une comparaison en plusieurs points entre l'ex-URSS et l'UE en construction, termine sur une note d'espoir: puisque ce projet est nécessairement voué à l'échec, il faut dès maintenant lui manifester une défiance inébranlable. Il fonde, d'ailleurs, son espoir sur le NON franco-hollandais. Et de conclure:

Nous avons une bonne chance de réussi, car les hommes de Bruxelles sont de bureaucrates, et nos hommes politiques des politiciens. Les uns comme les autres ont peur des foules. Face à un réel mouvement de masse s'opposant à eux, ils trembleront comme ils le font déjà devant les alter-mondialistes. Et ils en oublieront tous leurs plans.

Pour ma part, je trouve qu'il a tendance à rationaliser a posteriori certains faits et coïncidences. Il oublie aussi que les politiciens européens ont prosaïquement trouvé une nouvelle manière de justifier leurs actions - que ce soit ou non par sympathie pour la perestroïka de Gorbatchev.

Posté

De toutes façons tout cela est voué à l'échec, à cause des Romains : L'Empire Romain ne s'est jamais effondré, en fait les Romains sont juste partis conquérir l'Univers. Mais un jour, ils reviendront.

Posté

Je ne crois aux plans mûrement réfléchis auxquels adhèrent en lousdoc tous les étatistes européens. Cette explication me semble beaucoup trop intentionnelle et machiavélique pour être réaliste. J'ai plutôt l'impression que certains pays (car l'Europe ne se limite pas à la Belgique, la Suède et la France socialistes) sont atteints d'un socialisme morbide pour des raisons historiques et conjoncturelles auxquelles s'ajoutent la loi d'airain de l'état, qui est de grossir perpétuellement. Je ne vais pas faire un cours d'histoire de la construction européenne, j'en serais d'ailleurs incapable, mais le super-état que nous voyons à l'oeuvre aujourd'hui n'est pas surprenant, même en tenant compte de son caractère récent, en comparaison avec l'histoire des autres états européens. Dès sa création, cet état n'a cessé de croître pour des raisons internes (volonté des fonctionnaires qui y opéraient, volonté des politiciens qui y étaient relégués) et externes (souhaits des politiciens nationaux et, dans une certaine mesure, souhait populaire). Y voir une volonté réfléchie et centralisée ou l'influence de Gorbatchev c'est se tromper.

Se tromper car cette théorie du complot, comme tu l'appelles justement, est irréaliste parce que le fonctionnement de l'état est beaucoup plus décentralisé qu'on ne le pense, que les politiciens ne sont pas des idéologues (or quel monstrueux projet idéologique !) et que les convaincus ne tiennent pas suffisamment longtemps aux commandes pour mener à bien un projet de cette ampleur. Les politiciens sont tous des démagogues qui suivent simplement le vent jusqu'à la preuve du contraire. Le vent, ils le sentaient à l'étatisme, à la centralisation - ça les servait naturellement - mais leurs convictions n'allaient pas plus loin. Le non a marqué l'arrêt momentané non pas du "plan", car il n'y a jamais eu de plan ailleurs que dans les fêtes alcoolisées où se réunissent les esclavagistes de la planète de temps à autres et où ils échafaudent des plans et éructent des promesses d'ivrognes, mais du simple processus inexorable de croissance de l'état.

Posté

tout à fait. Par ailleurs il est fort possible que Gorbatchev et/ou les leaders PC des démocraties populaires comme la France aient élaboré de tels plans: ce sont eux des idéologues. Mais cela n'implique pas que leurs plans peuvent se réaliser, ni même que quiconque ne les ait jamais pris au sérieux !

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