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Sismondi, Chaînon Manquant Entre Libéralisme Et Anticapitalisme ?


Luc Douillard

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Sismondi, chaînon manquant entre libéralisme et anticapitalisme ?

Jeudi, dans une solderie, j’acquiert les 869 pages de « L’Histoire littéraire : ses méthodes et ses résultats » : des « mélanges » offerts à Madeleine Bertaud en 2001. On y lit une étude de Michel Stanesco, sur « Chevalerie et lettres : la résurrection romantique d’un vieux topos ». Il y est fortement question d’une enquête de Sismondi (auteur suisse à peu près contemporain de Châteaubriant) qui montrait la créativité décisive des langues romanes du sud de l’Europe dans l’avènement de l’imaginaire poétique européen, transmis des Arabes aux troubadours, et dans laquelle la langue occitane aurait eu la prééminence. (Je résume grossièrement). On se dit qu’il faudrait en parler aux amis de la Fête des langues à Toulouse, à Montauban, à Nice, etc.

Sismondi ? Le nom me dit quelque chose, mais rien de très précis. Vendredi soir, je lis dans l’Encyclopaedia universalis, qu’outre ses études littéraires, il fut économiste et historien. Disciple libéral d’Adam Smith (ami de Madame de Staël, de Benjamin Constant, apprécié de Stendhal), c’est lui cependant qui va inaugurer la première critique radicale du capitalisme naissant. Il « ne se contente pas de dénoncer les conséquences du capitalisme industriel de son époque : chômage technologique, concentration des revenus, sous-consommation ouvrière, recul de l’artisanat de la petite exploitation agricole (…) » mais « en vient à formuler une théorie des déséquilibres globaux dans l’économie de marché, théorie dont la valeur méthodologique a longtemps été méconnue. » Il reproche à la loi des débouchés de Say d’ignorer l’espace et le temps, et prévoit les déséquilibres créés par le commerce international. Très contemporain, tout cela !

A peu près oublié, sauf par Keynes, « Sismondi analyse les rapports sociaux comme se ramenant à des rapports entre deux classes : les capitalistes et le prolétaires. Il a bien exercé une influence certaine sur Marx, bien que son refus de condamner la propriété privée interdise de le classer parmi les socialistes. Il est le seul auteur à être mentionné nommément dans le Manifeste communiste, et Marx se réfère à lui fréquemment dans Le Capital, surtout dans le livre Ier, mais, par la suite, il se fait de plus en plus critique à l’égard de Sismondi. »

De son côté, le Dictionnaire des auteurs Laffont-Bompiani nous apprend que Sismondi (de son vrai nom Jean-Charles-Léonard Sismonde, suisse d’expression française, 1773-1843) provenait d’une famille d’huguenots chassés par la révocation de l’Edit de Nantes, comme les Pelloutier et tant d’autres.

Bizarre, son évolution du libre-échangisme jusqu’à la lutte de classe !

Connu dans toute l’Europe, notre homme refusa des postes richement payés, pour rester près de ses amis. Comme il a refusé à Napoléon himself l’octroi de la Légion d’honneur. « Emu par la misère du prolétariat », il réclamera une réglementation du travail. A noter, outre son essai « De la littérature du Midi de l’Europe », une gigantesque « Histoire des Français » (qui s’arrête sous les Valois) et des « Etudes sur les constitutions des hommes libres ».

Bref, résumons : Sismondi n’appartient pas à proprement parler au cercle des socialistes pré-marxistes, car ceux-ci, pour la plupart réformateurs en chambre et utopistes de cabinet, avaient repris la rêverie millénariste médiévale et religieuse d’une abolition de la propriété privée engendrant automatiquement la fin de tous les maux sociaux : confusion de clercs entre le Paradis et la vie terrestre. Mais l’apport de Sismondi à Marx semble considérable : Ce qu’il faudrait retrancher à Marx comme ne provenant pas de Sismondi serait peut-être ce qu’il y a de plus contestable dans le marxisme : Le millénarisme, le prophétisme pseudo-scientifique, déterministe et fataliste, le mépris pour le Droit bourgeois et pour l’autonomie des superstructures politico-culturelles ?

Sismondi serait donc le chaînon manquant entre libéralisme et lutte de classes, la synthèse encore introuvable d’un « libéralisme anticapitaliste » ? Ça mériterait d’aller voir cela de plus près.

Posté

Cet article est très incomplet et insatisfaisant. D'ailleurs, il faut remarquer que l'ensemble de l'encyclopédie Wikiliberal ignore apparemment l'existence de Sismondi.

(Sismondi par mot-clefs sur Google, ce matin : 233 000 pages référencées sur le Web - pas toutes consacrées à ce théoricien libéral, bien entendu, mais quand même - et 56 800 pour le seul domaine francophone.)

L. D.

Posté
Cet article est très incomplet et insatisfaisant. D'ailleurs, il faut remarquer que l'ensemble de l'encyclopédie Wikiliberal ignore apparemment l'existence de Sismondi.

(Sismondi par mot-clefs sur Google, ce matin : 233 000 pages référencées sur le Web - pas toutes consacrées à ce théoricien libéral, bien entendu, mais quand même - et 56 800 pour le seul domaine francophone.)

L. D.

Il ne tient qu'à vous de proposer des ajouts ou rectifications…

Sismondi n'étant pas un libéral, mais un socialiste assez peu connu (un socialiste suisse, quelle horreur ! chaque époque a-t-elle son Ziegler ?), il n'y a pas d'urgence à ce qu'il entre dans Wikiberal. Bon, c'est davantage un interventionniste étatiste préfigurant Keynes qu'un socialiste, mais le fait que Marx l'ait qualifié de socialiste me suffit.

Il ne faut pas croire que tous ceux qui se réclament d'A. Smith soient des libéraux…

Posté
Il ne tient qu'à vous de proposer des ajouts ou rectifications…

Sismondi n'étant pas un libéral, mais un socialiste assez peu connu (un socialiste suisse, quelle horreur ! chaque époque a-t-elle son Ziegler ?), il n'y a pas d'urgence à ce qu'il entre dans Wikiberal. Bon, c'est davantage un interventionniste étatiste préfigurant Keynes qu'un socialiste, mais le fait que Marx l'ait qualifié de socialiste me suffit.

Il ne faut pas croire que tous ceux qui se réclament d'A. Smith soient des libéraux…

Justement, il semble bien que Marx, au lieu de qualifier Sismondi de socialiste, lui refuse l'appellation et le disqualifie comme penseur libéral attaché à la propriété privée. (A vérifier).

Il ne faut pas croire que tous ceux qui se réclament de Marx soient forcément compétents pour désigner qui est libéral, socialiste, fasciste ou autre.

Il ne faut pas croire non seule que le libéralisme politique et économique se résume à une unique lecture orthodoxe, imposée par les dérégulateurs et monétaristes de la fin du XXème siècle. (Assez peu libéraux, au sens où leurs disciples placés aux commandes gouvernementales, s'ils défiscalisent effectivement les profits, ne cessent d'externaliser les pertes et/ou charges sur la collectivité.)

Posté
Justement, il semble bien que Marx, au lieu de qualifier Sismondi de socialiste, lui refuse l'appellation et le disqualifie comme penseur libéral attaché à la propriété privée. (A vérifier).

Non, ce n'est pas ce que dit Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Sismondi

Il ne faut pas croire non seule que le libéralisme politique et économique se résume à une unique lecture orthodoxe, imposée par les dérégulateurs et monétaristes de la fin du XXème siècle. (Assez peu libéraux, au sens où leurs disciples placés aux commandes gouvernementales, s'ils défiscalisent effectivement les profits, ne cessent d'externaliser les pertes et/ou charges sur la collectivité.)

Le critère est très simple : dès que l'interventionnisme étatique est préconisé (que ce soit en économie ou dans n'importe quel domaine), ce qui est le cas de Sismondi, on n'a pas affaire à un libéral. Donc on le rejette dans les ténèbres extérieures, là où sévissent les monstres appelés Moloch et Léviathan.

Posté
Il ne faut pas croire non seule que le libéralisme politique et économique se résume à une unique lecture orthodoxe, imposée par les dérégulateurs et monétaristes de la fin du XXème siècle. (Assez peu libéraux, au sens où leurs disciples placés aux commandes gouvernementales, s'ils défiscalisent effectivement les profits, ne cessent d'externaliser les pertes et/ou charges sur la collectivité.)

On ne peut être libéral sans être défavorable à l'immiscion de l'Etat dans la vie des gens, donc dans l'économie..

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On ne peut être libéral sans être défavorable à l'immiscion de l'Etat dans la vie des gens, donc dans l'économie..

Non.

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Comment ça??

Il faudrait se mettre d'accord sur ce qu'est l'Etat. Quel est son périmètre ? Doit-on compter comme partie intégrante de l'appareil d'Etat les banques centrales qui suivent un dogme monétariste ? Les marchés de la dette publique qui faussent le jeu économique et la concurrence ? Les banques qui étranglent la liberté d'entreprendre ? Les médias tenus par des fournisseurs d'Etat (notamment marchands d'armes) ? Tout cela ne semble pas très libéral.

Posté
Il faudrait se mettre d'accord sur ce qu'est l'Etat. Quel est son périmètre ? Doit-on compter comme partie intégrante de l'appareil d'Etat les banques centrales qui suivent un dogme monétariste ? Les marchés de la dette publique qui faussent le jeu économique et la concurrence ? Les banques qui étranglent la liberté d'entreprendre ? Les médias tenus par des fournisseurs d'Etat (notamment marchands d'armes) ? Tout cela ne semble pas très libéral.

Pour se mettre d'accord, pouvez vous nous parler du «Réveillon du 1er mai devant la Bourse de Paris contre la dictature des marchés financiers» que vous avez organisé et de son aspect libéral ?

http://lucky.blog.lemonde.fr/about.html

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Pour se mettre d'accord, pouvez vous nous parler du «Réveillon du 1er mai devant la Bourse de Paris contre la dictature des marchés financiers» que vous avez organisé et de son aspect libéral ?

Moi je suis révolté contre la dictature de mon chocolatier, qui veut me faire payer sa marchandise, alors que moi je m'en passerais bien (de payer, pas du chocolat).

A bas la dictature des marchands !

Le chocolat n'est pas une marchandise !

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Pour se mettre d'accord, pouvez vous nous parler du «Réveillon du 1er mai devant la Bourse de Paris contre la dictature des marchés financiers» que vous avez organisé et de son aspect libéral ?

http://lucky.blog.lemonde.fr/about.html

Il faut être naïf pour ne pas voir que les nouvelles excroissances institutionnelles gérant la bulle financière spéculative sont des extensions artificielles de l'appareil d'Etat, sous des noms d'emprunt, et soustraites au contrôle démocratique. La dictature qu'elles imposent au tissu économique et social devrait inquiéter tout libéral digne de ce nom.

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Il faut être naïf pour ne pas voir que les nouvelles excroissances institutionnelles gérant la bulle financière spéculative sont des extensions artificielles de l'appareil d'Etat, sous des noms d'emprunt, et soustraites au contrôle démocratique. La dictature qu'elles imposent au tissu économique et social devrait inquiéter tout libéral digne de ce nom.

Si vous parlez des liens entre le Big Business et le Big Goverment, nous nous y opposons aussi. Mais avouez que le titre de l'événement ressemble à s'y mepréndre aux pires propagandes altermondialistes.

Pour notre information, quelles sont ces "nouvelles excroissances institutionnelles gérant la bulle financière spéculative" ?

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Si vous parlez des liens entre le Big Business et le Big Goverment, nous nous y opposons aussi. Mais avouez que le titre de l'événement ressemble à s'y mepréndre aux pires propagandes altermondialistes.

Pour notre information, quelles sont ces "nouvelles excroissances institutionnelles gérant la bulle financière spéculative" ?

Ces excroissance institutionnelles que sont les organismes gris gérant les nouveaux marchés hégémoniques : marchés d'armes, de drogues, les fluxs financiers transitant par les paradis fiscaux, l'économie spéculative, le blanchimenet, les retraites et la protection sociale par capitalisation, les assurances privées : tous organismes privés externalisés, mais structurellement, directement ou indirectement liés à des appareils étatiques ou para-étatiques, comme les "fermes" d'ancien régime.

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