Aller au contenu

De L'utilité Du Bourgeois Progressiste


Messages recommandés

Posté
C'est une déception, la confession d'un amour malheureux, qui a poussé Laurent Joffrin à écrire une pittoresque saga de la gauche caviar. Où sont-ils ces dandys de la gauche, irritants, influents et réformateurs ? Pourquoi restent-ils l'arme au pied alors que le PS s'essouffle dans des querelles de clocher, que les intellectuels ont déserté et que le peuple de gauche se cherche des raisons d'espérer ? La gauche n'est pas là. Disparue. Emportée par les concessions au libéralisme. Les survivants ne forment plus qu'une petite tribu "frivole et hypocrite". Le directeur de la rédaction du Nouvel Observateur enrage : "Dans gauche caviar, le caviar l'a emporté." Elle a "escamoté le peuple".

Pour réhabiliter l'élite bourgeoise ralliée à la gauche, Laurent Joffrin appelle à la rescousse de prestigieux parrains - nés bien avant l'expression de "gauche caviar", inventée en 1960 par Jacques Soustelle, gouverneur d'Algérie, puis rallié à l'OAS. Font partie de la généreuse distribution tous ceux qui, par conviction, altruisme ou ambition, collent à cette définition : "La gauche caviar, c'est la fraction progressiste de la classe dirigeante, celle qui agit de concert avec les classes dominées." Des traîtres à leur classe en somme, aristocrates, princes et bourgeois par excellence. Aux origines, il y aurait les frères Gracchus, Tiberius et Caïus, tribuns romains qui tentèrent d'imposer une réforme agraire à Rome pour redistribuer les terres aux plus pauvres et le payèrent tous deux de leur vie. Plus près de nous, François-Marie Arouet, dit Voltaire, l'homme de lettres mondain, serait le "fondateur" après avoir risqué sa réputation et son argent, à défendre, par haine des préjugés, le chef d'une famille protestante, les Calas, accusé de parricide.

Viennent ensuite, pêle-mêle, sous la plume talentueuse de Laurent Joffrin, La Fayette, Talleyrand, des Girondins, Eugène Sue, Victor Hugo, puis Emile Zola, bien sûr, et l'affaire Dreyfus, "qui projette au premier plan cet avatar de la future gauche caviar, l'intellectuel de gauche…". Keynes ? Ah, Keynes ! "Un joyau de la classe dirigeante, l'essence même de la gauche caviar." Un révolutionnaire de l'économie qui fit "plus pour la classe ouvrière que tous les Lénine de la terre". D'ailleurs, la gauche caviar n'étant pas une exception française, l'auteur trouve, au pays des milliardaires démocrates, des cousins américains, Théodore Roosevelt (si, si), John Fitzgerald Kennedy et l'infortuné adversaire de Georges W. Bush, John Kerry. En France, Jean Jaurès et Léon Blum sont d'une tout autre catégorie, mais, enfin, ils étaient bien attaqués sur leur mode de vie. François Mitterrand, lui, ne fut pas de la gauche caviar : il l'utilisa.

Chez nos contemporains, on retrouve l'élite de gauche dans les journaux : Libération, dont Laurent Joffrin dirigea la rédaction au début des années 1990, un peu Le Monde et, bien entendu, dans le rôle du porte-drapeau, Le Nouvel Observateur. Il y eut la télévision, la publicité, des capitaines d'industrie, les Seydoux, les Riboud, et quelques "penseurs médiatiques". Mais tous faillirent. Tenez, prenez l'essayiste, conseiller des patrons, Alain Minc, président du conseil de surveillance du Monde, "l'un des plus prometteurs". Il a cédé aux sirènes du libéralisme et de la "mondialisation heureuse". Du gâchis.

Courageusement, Laurent Joffrin prend sa part d'erreurs : "Héraut de la deuxième gauche, l'Obs en épousa sans doute trop la dérive moderniste. La gauche réformiste ne comprit pas l'altermondialisme ni le mouvement de 1995. De là date, selon lui, le divorce. "Dès qu'une idée n'avait pas l'estampille de l'establishment, elle était rangée sous l'étiquette infamante de populisme." Que reste-t-il des "caviars" ? Quatre spécimens, Bernard Kouchner, Jack Lang, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius, esseulés et quasi honteux. Aujourd'hui, on l'aura compris, Laurent Joffrin s'ennuie.

Dites, on aurait presque envie de chialer en lisant cet article.

Posté

Hier dans " tout le monde en parle " le gars se dit proche du peuple parce que soutenant Besancenot.

Je ne crois pas que les ouvriers votent Besancenot-Laguiller !

Posté

La gauche actuelle ne peut être que caviar, il n'y a plus de classe ouvrière à représenter, n'y de classe "laborieuse" du fait de la moyennisation et de la tertiarisation, de notre société, la gauche se fait donc démago et stérile, Nicolas Sarkozy, faisait récemment remarquer à un journaliste que Ségolène Royal n'avait pas d'idées,, eh bien justement c'est pour cela qu'elle rique d'être élue. La gauche n' a plus de cause à plaider, elle stagne donc sans idées se vautrant dans le caviar de l'inaction.

Posté

L'article passe complètement à côté de la réalité, pourtant bien marxienne; les classes dirigeantes ont toujours diffusé une idéologie qui justifie et maintient leur pouvoir. Aujourd'hui, c'est le socialisme. Loin d'être des traîtres à leur classe, les bobos en sont au contraire les plus efficaces défenseurs.

Si on distingue les bourgeois qui vivent de leur travail de ceux qui vivent de celui des autres, c-à-d qui touchent directement ou indirectement un revenu de l'état, le faux paradoxe disparait et laisse apparaître la réalité sous-jacente.

Posté
l'expression de "gauche caviar", inventée en 1960 par Jacques Soustelle, gouverneur d'Algérie, puis rallié à l'OAS.

Ce qui est supposé la disqualifier. Que deviendrait la gauche sans l'ad hominem? Pour le reste, Joffrin est pour moi une énigme: comment un type apparemment intelligent se débrouille-t'il pour ne sortir que des conneries chaque fois qu'il ouvre la bouche ou allume son traitement de texte? La plupart des "bobos" qu'il enrôle en seraient les premiers surpris, notamment Theodore Roosevelt. Trente ans plus tard, la gauche n'a toujours pas compris qu'elle n'a pas le monopole du coeur.

Posté

Qu'est-ce qui te fait dire qu'il est intelligent ?

Je ne le connais que par ses croniques dans l'obs, et bon … à part des conneries, j'ai pas trouvé grand chose.

Posté

(cet article est une critique littéraire tirée du monde)

Pareil. Je le vois parfois dans des débats télévisés, il a un certain talent à gacher l'argumentation de ses contradicteurs notamment en les interrompant certes sans crier mais très très près du micro… Au niveau des idées, il joue une partition démago et sans envergure. Tête à claque.

Posté
Qu'est-ce qui te fait dire qu'il est intelligent ?

Je ne le connais que par ses croniques dans l'obs, et bon … à part des conneries, j'ai pas trouvé grand chose.

J'ai dit "apparemment". Et puis il n'a pas écrit que des conneries, à preuve ceci.

Posté
La gauche actuelle ne peut être que caviar, il n'y a plus de classe ouvrière à représenter, n'y de classe "laborieuse" du fait de la moyennisation et de la tertiarisation, de notre société,

Je tiens à infirmer cette assertion. Certes, il n'y a plus de "classe ouvrière" au sens où l'on entendait jadis, constituée essentiellement par la main d'oeuvre dans l'industrie. Mais il existe encore une "classe laborieuse", composée de gens qui n'appartiennent pas aux classes moyennes au sens strict du terme. On les retrouve moins dans les usines, c'est entendu, mais plutôt dans la grande distribution, les emplois non qualifiés… Ils sont les plus durement touchés par le chômage et si on a tendance à les oublier, c'est parce qu'ils ne sont plus guère représentés ni par la gauche, ni par les grands syndicats. Pourtant, une telle "classe laborieuse" représente quand même plusieurs millions de personnes en France (dont, au moins, les huit millions d'actifs qui ne disposent d'aucune qualification).

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×
×
  • Créer...