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Les Taux De Chômage


Domi

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Comme la plupart des arguments proposés dans les discussions politiques portent sur l’efficacité économique des systèmes et que celle-ci est appréciée sur un mode statistique, il est bien naturel que les tenants de l’une ou l’autre thèse aient tendance à mettre en doute la valeur des statistiques qui ne leur plaisent pas.

C’est ainsi que la valeur des statistiques administratives concernant le taux de chômage en Grande-Bretagne est mise en doute en raison de l’existence d’une catégorie importante de malades de longue durée qui ne sont pas comptabilisés comme chômeurs.

Je propose de réfléchir au problème de façon plus générale en définissant la notion de chômeur.

Pour savoir qui est chômeur, il faut se demander qui le serait dans un marché libre, sans indemnisation du chômage.

Il y aurait alors trois catégories de personnes :

- celles qui travaillent,

- celles qui ne travaillent pas mais souhaiteraient travailler,

- celles qui ne travaillent pas et sont satisfaites de leurs situations.

Seule la deuxième catégorie peut-être qualifiée de chômeurs.

Lorsqu’un gouvernement intervient pour indemniser le chômage, vous risquez d’avoir deux types de « chômeurs satisfaits » :

- ceux de la première catégorie dans la typologie « économie de marché » qui renonceront à travailler pour toucher les indemnités chômages,

- ceux de la troisième catégorie qui « tant qu’à faire » se prétendront fictivement à la recherche d’un emploi.

Donc, de ce point de vue le taux de chômage est peut-être moins élevé qu’il ne l’est en réalité. Cela est valable dans tous les pays et les comparaisons faites sur la base des taux officiels reste valable à moins de prouver que ce phénomène est plus important dans un pays donné.

Il existe un deuxième type d’intervention du gouvernement qui consiste à interdire purement et simplement à une catégorie de personne de travailler. Il ne s’agit pas d’interdictions indirectes comme le SMIC, mais d’interdictions nominales attachées à la personne, à son statut. Le cas des prisonniers est assez proche de cela. Dans leur cas, il s’agit plutôt d’une impossibilité.

Selon certains commentateurs, ces personnes exclues des statistiques devraient y rentrer.

Ce n’est pas mon avis.

Prenons le cas d’un pays où toutes les personnes dont le nom commence par B sont interdites de travailler par décret présidentiel.

Celles-ci représentent 10% de la population, le taux d’emploi étant de 81% et le chômage officiel de 9%.

Selon beaucoup, le « vrai » taux de chômage est de 19%.

A mon avis, le taux de chômage naturel de cette économie- c'est-à-dire en supprimant cette interdiction gouvernementale sera de 10%.

Procédons à l’envers et considérons, le pays avec 10% de chômeurs, avant l’interdiction de travailler pour les personnes dont le nom commence par B. Celles-ci je le rappelle, représentent 10% de la population.

Dès lors, cette population est répartie de la façon suivante :

- 81% des personnes travaillant et dont le nom ne commence pas par B,

- 9% des personnes travaillant et dont le nom commence par B,

- 9% des personnes au chômage dont le nom ne commence pas par B,

- 1% des personnes au chômage dont le nom commence par B.

Il n’y a aucune raison de supposer a priori que le taux d’emploi des B… était plus ou moins élevé que celui du reste de la population. Suite au décret, les B vont entrer dans une nouvelle catégorie.

On comprend alors le résultat auquel on arrive : 9 chômeurs officiels, 10 B…, 81 travailleurs pour cent personnes.

L’idée que les B… devraient être comptabilisés comme chômeurs, suppose que sans cette intervention du gouvernement qui leur interdit de travailler, ces personnes deviendraient des chômeurs.

De la même façon, de nombreuses personnes croient que si l’on ajoute vingt personnes- par exemple des immigrés- à une économie de cent personnes où le taux de chômage est de 10%, cela portera ce taux à 25% (30 chômeurs pour 120 personnes). Ils raisonnent comme si en somme, un décret de l’insondable nature avait empêché que n’apparaissent plus d’un certain nombre d’emplois sur un territoire donné, chaque nouvelle entrée devant se solder par du chômage. C’est absurde, bien sûr. Sur un territoire donné il y a avant tout un taux de chômage que de nouveaux entrants ne viendront pas modifier. Simplement, le nombre de travailleur et de chômeur augmentera et dans la même proportion. Ce taux de chômage « naturel » est en réalité fonction de la politique du gouvernement et des contraintes existantes sur le marché du travail.

La réciproque de cette idée que les personnes dont le nom commence par B deviendraient des chômeurs, est de croire que si l’on interdit le travail à une catégorie de personne, les autres retrouveront du travail.

De même perdure la croyance que créer une catégorie de personne n’ayant pas intérêt à travailler -car leur absence de travail sera suffisamment indemnisée- reviendra à faire baisser le taux de chômage pour le reste de la population.

Beaucoup ont pensé que le départ à la retraite des Baby Boomer ferait baisser le taux de chômage en France.

Pour en revenir au statut de « malades de longue durée » en Angleterre, il correspond peut-être à l’une de ces catégories. J’avoue ne pas connaître le régime juridique applicable à cette population. Quelqu’un peut-il m’en dire plus ?

Posté

d'ailleurs, je ne sais pas si vous avez remarqué mais les arguments donnés par les socialistes pour expliquer que les 35 heures créeraient des emplois étaient tirés de la même "théorie du gateau" (il y a un certain nombre d'heures de travail dans l'économie que l'on peut distribuer comme un gateau) que celle utilisées par l'extreme droite pour expliquer que l'immigration crée du chomage.

Posté
d'ailleurs, je ne sais pas si vous avez remarqué mais les arguments donnés par les socialistes pour expliquer que les 35 heures créeraient des emplois étaient tirés de la même "théorie du gateau" (il y a un certain nombre d'heures de travail dans l'économie que l'on peut distribuer comme un gateau) que celle utilisées par l'extreme droite pour expliquer que l'immigration crée du chomage.

Exact.

J'essaierai au passage de me souvenir de ce mot "théorie du gateau". :icon_up:

Posté
C’est ainsi que la valeur des statistiques administratives concernant le taux de chômage en Grande-Bretagne est mise en doute en raison de l’existence d’une catégorie importante de malades de longue durée qui ne sont pas comptabilisés comme chômeurs.

En France, voici comment est calculé le chomage : http://www.travail.gouv.fr/etudes-recherch…tions-1995.html

Et voici les chiffres, ne regardez que la partie "données brutes" : http://www.travail.gouv.fr/IMG/html/tableau_1-5.html

Ne sont comptabilisés dans la communication officielle que les chomeurs de catégorie 1 (voir définition, il s'agit de personnes n'ayant eu aucune activité pendant le mois écoulé, et cherchant un contrat à durée indeterminée).

La réalité est que le chiffre réel du chomage est d'environ 4 millions et des brouettes (et non pas 2.5 millions), et cela sans compter les différentes personnes placées en formation à l'AFPA (par exemple) ou soumise en co-traitance à des partenaires divers et variés (par exemple les populations de jeunes en difficulté, les handicapés, etc…)

Posté
d'ailleurs, je ne sais pas si vous avez remarqué mais les arguments donnés par les socialistes pour expliquer que les 35 heures créeraient des emplois étaient tirés de la même "théorie du gateau" (il y a un certain nombre d'heures de travail dans l'économie que l'on peut distribuer comme un gateau) que celle utilisées par l'extreme droite pour expliquer que l'immigration crée du chomage.

C'est d'ailleurs pourquoi beaucoup de socialistes sont, en réalité, favorables à une immigration contrôlée.

Posté
C'est d'ailleurs pourquoi beaucoup de socialistes sont, en réalité, favorables à une immigration contrôlée.

Il serait en effet intéressant d'exhumer les prises de position des syndicats type CGT ou du PCF lorsque les grosses vagues d'immigration pilotées par l'Office National de l'immigration ont eu lieu. (je ne suis plus très sûr du nom, c'était ONI ou OMI je crois)

Ces organisations étaient me semble-t-il plus que critiques sur l'afflux de main d'oeuvre pouvant concurrencer "leurs" salariés, les immigrés ayant été en moyenne largement moins syndicalisé que les français.

Posté
Ces organisations étaient me semble-t-il plus que critiques sur l'afflux de main d'oeuvre pouvant concurrencer "leurs" salariés, les immigrés ayant été en moyenne largement moins syndicalisé que les français.

Ne doit-on pas dire "syndiqué" au lieu de syndicalisé lorsqu'on désigne une personne ayant adhéré à un syndicat?

Invité Arn0
Posté
C'est d'ailleurs pourquoi beaucoup de socialistes sont, en réalité, favorables à une immigration contrôlée.
Dans libéralisme, Mises dit que les premières lois anti-immigration aux Usa et en Australie ont été réclamés par les syndicats.

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