Domi Posté 23 juillet 2006 Signaler Posté 23 juillet 2006 DROIT AU PRODUIT INTEGRAL DU TRAVAIL : Introduction. Ce texte a pour but de répondre à un certain type d’arguments sur l’iniquité du capitalisme. Je pense qu’il serait intéressant d’avoir un texte à proposer pour répondre à cet argument faux. Je propose le mien. Ceux qui estimeront qu’il s’agit d’une bonne base de départ pourront apporter les améliorations qu’ils jugeront utiles ou faire les critiques qu’ils jugeront adéquates. Les autres pourront discuter du sujet pour proposer un texte tout différent. Voici mon texte : De nombreux socialistes affirment que le revenu d’une entreprise devrait revenir intégralement aux travailleurs, c'est-à-dire que ceux qui produisent par leur activité physique ou intellectuelle une chose devraient bénéficier de l’intégralité du revenu résultant de cette production et que la part revenant aux propriétaires des moyens de production est par conséquent illégitime. Nous tenterons de montrer que les conditions de validité de la justification du revenu des prolétaires (ceux qui ont physiquement permis de fabriquer le produit par leur activité) est en contradiction avec celui de l’exclusion des capitalistes (propriétaires des moyens de production) du revenu généré par l’entreprise. Tout d’abord que résulte-t-il de l’analyse de Marx : - il est légitime de bénéficier de ce que l’on a produit par son travail, (1). - ou de ce qui s’échange avec le produit physique de ce travail. (2) - que les inégalités sont tout à fait admissibles dans ce qui est reçu, dans la mesure où chaque personne ne produit pas la même chose. L’inégalité pourra résulter d’inégalités dans le travail effectué ou dans la productivité du travail de chacun. (3) - que l’on peut exclure par un raisonnement a contrario la prise en compte d’autres distinctions dans la distribution des revenus, car ces dernières nuiraient nécessairement au principe de la distribution du revenu en fonction du seul travail. (4) I- En partant des troisièmes et quatrièmes conclusions, on sera en mesure d’affirmer en outre que pourront exister des inégalités de revenus en fonction des techniques de travail utilisées, dans la mesure où les plus efficaces favoriseront chez ceux qui les adoptent leur productivité. Essayons de mesurer toutes les implications de cette dernière assertion en l’appliquant au cas : - du travail individuel. - du travail collectif classique, - d’une autre forme de travail collectif. Par conséquent, il importe peu dans la mesure de la production résultant du travail de savoir quelle technique est utilisée. Ainsi, lorsqu’un travailleur utilise une meilleure technique qu’un autre il en sera naturellement récompensé par la productivité de son travail. A. Cela est facile à concevoir lorsque le travail est uniquement individuel. Si un homme préhistorique par exemple décide de se fabriquer une cane à pêche au lieu de pêcher traditionnellement le poisson à main nue, il pourra bénéficier des poissons péchés en surplus. B. Lorsque des hommes, des travailleurs s’organisent pour travailler ensemble, la rémunération de chacun en fonction de sa production est un peu plus complexe. On ne peut concevoir ce qu’est un travail collectif que si l’on suppose : - que chaque unité produite requiert l’exécution de plusieurs tâches, - que ces tâches étant exécutés par plusieurs personnes, plusieurs personnes ont contribué à la fabrication de chaque unité, - sinon il y a production simultanée mais individuelle, destinée éventuellement à être partagée. - qu’il y ait une stabilité dans les tâches que chaque individu doit accomplir, c'est-à-dire une spécialisation durable et non pas associée à une unité particulière. Le travail collectif ainsi défini peut recouvrir plusieurs modalités où le principe de la distribution en fonction de la production sera appliqué. 1. Chacun se met d’accord préalablement sur les tâches à accomplir et sur la répartition des fruits du travail. Il est alors impossible de désigner précisément qui a fabriqué un produit puisque tous y ont participé. Pourtant cela n’empêche pas de mesurer l’utilité de chaque tâche différente et au final l’utilité de chacun dans les tâches réalisées. Dans notre exemple d’une société de pêcheur, où certains devraient fabriquer les canes à pêches tandis que les autres les utiliseraient pour pêcher, les premiers auraient droit comme les autres à leur part sur la pêche finale selon la doctrine du droit au produit intégral du travail. Il faut noter ici toutefois que si chaque geste du pêcheur final est lié à la pêche d’un poisson précis, en revanche, chaque geste du fabricant de la cane est lié à la pêche de plusieurs poissons. 2. Les tâches les plus éloignées de la production finale ont été accomplies avant tout contrat avec ceux qui exécuteront les tâches liées à la production initiale. Il en est ainsi par exemple lorsque les canes à pêches ayant été fabriquées avant leurs propriétaires se mettent d’accord avec des pêcheurs pour partager le produit de la pêche (cad le poisson ou ce qui est échangé avec). - D’organiser avec les pêcheurs le partage de la pêche finale, - De les céder contre une rétribution fixe (simple vente) au pêcheur final qui feront leur profit de la vente du poisson. - De proposer aux pécheurs une rétribution fixe d’une période de travail – par exemple la période d’usure des canes- contre la prise des poissons pêchés en surplus. II- En partant de ces nouveaux éléments et de la conclusion 2, on peut aussi affirmer que si les canes à pêches ont été fabriquées d’abord par un groupe de personne A, il est possible qu’un groupe de personne B les échange contre des biens de consommation quelconques puis s’organisent avec des pécheurs pour partager la production de poisson ( ou le produit de l’échange avec la production de poisson) selon la dernière modalité. Quelle est l’injustice dans la rémunération du groupe B, vis-à-vis des autres groupes ? Parenthèse : En réfléchissant à cette question, je me suis rendu compte que dans ce domaine le sentiment de justice ou d’injustice peut-être ou non lié à une relation entre des personnes. Dans le premier cas, on peut désigner plus précisément qui prend à qui. Il est lié à une relation pour des personnes qui ont contracté et sont en relation de travail. Il ne l’est pas en dehors de ces relations. Dans le cas de l’optique présentée en introduction, les salariés sont victimes dans le partage avec leurs employeurs, mais que dire entre un prolétaire quelconque et un capitaliste quelconque ? Il y a toujours une relation virtuelle dans la possibilité d’une redistribution. - vis-à-vis du groupe C, il en est exactement comme si le groupe B avait fabriqué les canes lui-même. Sinon on peut voir qu’il a fabriqué d’autres biens dont il ne jouira pas. Leur production sociale totale est équivalente à ce qui se serait passé s’il avait fabriqué les canes. Remarquons aussi que les salariés fabriquant un produit final jouissent généralement d’autre chose que de ce produit. - Vis-à-vis du groupe A, celui-ci a-t-il à se plaindre que les B tirent un bénéfice de la production de poisson alors qu’ils n’y ont pas participé matériellement ? Mais lui, ce qu’il a échangé contre les canes, il n’a pas contribué à le fabriquer. En conclusion partir du principe que les capitalistes n’ont pas matériellement participé à la production d’un bien considéré, c’est oublier que les prolétaires qui l’ont fabriqué vont l’échanger contre des biens qu’ils n’auront pas eux non plus fabriqué et oublier comment le capitaliste s’est inséré dans la production du bien considéré : en échange d’une portion d’autres biens qu’il aura fabriqué sans que les prolétaires y aient participé. III. Les dernières critiques. On rétorquera que les gens du groupe B ont peut-être hérité de leurs parents les moyens de l’échange initial ou que ce qui est critiquable, ce sont les rapports de force contractuels entre les participants. Mais la première critique montre seulement l’impossibilité de mener jusqu’au bout la logique du droit au produit intégral du travail. En effet, si une personne A décide que B doit jouir de tout ou partie du travail qu’elle a effectuée dans sa vie, par exemple qu’elle pourra habiter la maison que A a batie de ses mains, une personne C pourra estimer que cela rompt un équilibre entre elle et la personne B. Néanmoins, si l’on considère les rapports de A et C, la requête de C est illégitime puisque celui-ci réclame ni plus ni moins un droit sur le travail de A contraire au principe de droit au produit intégral du travail. Pour la seconde critique, il suffit de dire qu’elle ne vise pas le capitalisme proprement dit. Cette critique vise le fait que le partage de la production finale ne soit pas indépendant d’un rapport de force économique initial, car les besoins des acteurs au moment où le contrat est conclu sont plus ou moins pressants. Néanmoins, elle ne peut définir la rémunération du capitaliste comme étant par essence inéquitable. Elle peut seulement tenter de montrer que là où il y a échange capitaliste, il y a rapport de production inégal et que ce n’est pas le cas dans les autres formes d’échange. Dans ce cas, la critique porterait plutôt sur les effets indésirables du point de vue de la répartition des richesses prévue par contrat de la répartition des richesses initiales. Il est possible que cela se fasse sous la forme du capitalisme, mais dans ce cas ce n’est pas le caractère capitaliste de l’échange qui fait son iniquité. Cette critique n’a néanmoins pas plus de chance de prospérer que la première dans la mesure où elle rejette la prise en compte de la logique d’utilité dans l’échange alors que c’est ce qui permet d’échanger et aux parties de fixer leurs obligations relatives.
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