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La Statistique A Encore Frappé (1)


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J’inaugure sous ce titre légèrement provocateur une série consacrée à dénoncer non pas bien entendu la statistique, mais les abus qui en en sont faits. Tous ceux qui le souhaitent pourront l’alimenter aussi bien que moi.

Les abuseurs sont rarement des gens mal intentionnés. Dans l’exemple que je vais décortiquer, si l’on avait voulu nous abuser, on s’y serait pris autrement. Non, l’abuseur, est généralement quelqu’un de bien intentionné. Dans cette vallée de larmes qu’est notre monde, il a repéré une iniquité qui suscite en lui une profonde indignation. Il veut absolument que nous la partagions. Il pense qu’un chiffre, magiquement, la déclenchera. En réalité, nous commencions déjà auparavant à partager son indignation. Notre esprit critique n’étant déjà plus en éveil, nous sommes réceptifs, prêts à nous approprier le chiffre magique, même à le transmettre à d’autres, comme un précieux viatique.

Dans « le Figaro » du 22/08/06, Marie-France Calle envoie de NewDelhi, une correspondance sur « La grande misère des paysans indiens». Elle n’a aucune peine à nous convaincre que, soumis aux aléas climatiques, à la rapacité des usuriers et aux politiques de regroupement imposées d’en haut, les paysans indiens ont une vie extrêmement difficile. Mais cela ne suffit pas. Il lui faut absolument une statistique frappante (d’où mon bandeau « la statistique a encore frappé »). La voici :

« Dix mille paysans se sont suicidés dans l’ensemble du pays depuis 2001. Selon des statistiques officielles, plus de 100 000 auraient mis fin à leurs jours entre 1993 et 2003. L’activiste Vandana Shivah, directrice du Research Foundation for Science, Technology and Ecology à Delhi, n’hésite pas à parler de « génocide ». « Ce génocide est le résultat de la politique délibérément imposée par l’Organisation mondiale de la Santé du Commerce (OMC), et mise en œuvre par le gouvernement. Elle vise à détruire les petits paysans et à transformer l’agriculture en une vaste entreprise industrielle », accuse-t-elle ».

Entre 1993 et 2003, dix ans se sont écoulés, et il y aurait eu en moyenne, pendant cette période 10 000 suicides par an. Depuis 2001, cinq ans se sont écoulés, ce qui ferait donc en moyenne 2000 suicides par an pour la période 2001-2006. La mortalité par suicide aurait donc été divisée par cinq après 2001, ce qui constituerait un énorme progrès !

Visiblement, quelque chose ne va pas. Prenons comme base de raisonnement le chiffre le plus haut, celui de 10 000 par an. Nous allons le doubler pour tenir compte (avec largesse) des jeunes et des femmes qui se suicident à la campagne, ce qui donne 20 000 par an. Comme M-F C. l’indique dans son article, 65 % de la population indienne vit de l’agriculture. La population totale s’élevant à 1 064 399 000 habitants (Atlaséco 2006), cela nous donne 692 millions de personnes qui vivent de l’agriculture. Il y aurait donc chaque année environ 20 000 suicides pour 692 millions de personnes.

Rapportons ceci à la France, qui avec 62 millions de résidents enregistre chaque année environ 12 000 suicides. Le taux de mortalité par suicide serait donc 7 fois inférieur dans les campagnes indiennes à ce qu’il est dans notre beau pays !

Le mot « génocide » est donc un peu… exagéré. Certes, désigner Mme Shiva comme une « activiste » relativise légèrement ses propos mais pas suffisamment cependant pour cacher l’influence qu’exerce l’idéologie alter-mondialiste sur cette jeune rédactrice du « Figaro ». Une idéologie qui fait souvent bon ménage avec l’abus statistique.

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Le mot « génocide » est donc un peu… exagéré.

"Génocide" est même je crois très mal employé. Il n'y a pas d' "ethnie de cultivateurs indiens", ce me semble… De même qu'il n'y a aucune volonté officielle (ou même officieuse) de vouloir trucider une classe de population de la part des autorités indiennes.

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« Ce génocide est le résultat de la politique délibérément imposée par l’Organisation mondiale de la Santé du Commerce (OMC), et mise en œuvre par le gouvernement. Elle vise à détruire les petits paysans et à transformer l’agriculture en une vaste entreprise industrielle », accuse-t-elle [/i] ».

On en apprend tous les jours. L'OMS et l'OMC viennent de fusionner.

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Chaque fois que je lis ce genre de truc, je me demande s'il s'agit de désinformation ou juste d'ignorance.

Le peu que je connais des journalistes me fait pencher pour la seconde hypothèse.

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Le peu que je connais des journalistes me fait pencher pour la seconde hypothèse.

Mais c'est que c'est un métier qui s'apprend dans une école. Cela demande des années de travail acharné pour arriver à ce niveau.

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Le peu que je connais des journalistes me fait pencher pour la seconde hypothèse.

J'ai aussi remarqué que dès qu'un journaliste aborde un sujet que je connais bien, par exemple par que ça se passe sous mon nez, je constate qu'il multiplie les billevesées. Problème de formation ? de conscience professionnelle ?

Produire une statistique, c'est faire sérieux, tant il est bien connu que les chiffres ne mentent pas. Cette histoire venue des Indes ressemble à un exercice que je soumets chaque année à mes élèves. Il consiste à établir une facture de vente de tomates en cageot. Les résultats variaient la dernière fois entre des tomates très modestes de 40 grammes et des tomates, vraisemblablement OGM, de 400 kilos.

Quelques ordres de grandeur bien en tête. Voilà qui serait utile, tant à mes petits piou-piou qu'aux consommateurs de statistiques !

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Mais c'est que c'est un métier qui s'apprend dans une école. Cela demande des années de travail acharné pour arriver à ce niveau.

Albert Londres, lui, n'avait fait aucune école. Ceci explique sans doute cela.

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Albert Londres, lui, n'avait fait aucune école. Ceci explique sans doute cela.

Certains disent que les journaleux n'ont jamais été aussi mauvais que depuis qu'on les forme. Sortant moi-même d'une école de journalisme, je le confirme.

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On en apprend tous les jours. L'OMS et l'OMC viennent de fusionner.

Désolé, c'est un lapsus de ma part. Il faudra à l'avenir que je me relise. C'est super un forum où l'on peut faire des corrections le lendemain.

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Certains disent que les journaleux n'ont jamais été aussi mauvais que depuis qu'on les forme.

À ce sujet, lire Lord Dragon :

Chaque fois qu'un journaliste meurt dans le monde, l'intelligence globale augmente.

Pour plagier ouvertement un grand comique français - car, contrairement à ce que l'observation de la situation actuelle pourrait laisser croire, la France a eu de grands comiques - autant je ne suis pas pour dire du mal des idiots utiles quand ça se voit, autant on ne va pas parler des idiots utiles sans faire un détour par les journalistes.

Le journaliste est un personnage d'exception, d'ambition, d'envergure. Là où le parasite social ordinaire (pour reprendre le vocabulaire cher à Trotsky) se contente de commettre des crimes contre l'intelligence déjà faits et refaits, le journaliste en invente de nouveaux quotidiennement.

En l'espèce, les sieurs Cassen et Ramonet - allez, un peu de diffamation - ayatollahs officiant au Monde Diplomatique, ce super prédateur de la bêtise, se distinguent régulièrement par leurs contributions prolifiques à la multi-nationale, pardon, je veux dire à l'entreprise visant à transformer la société en réplique géante de la secte des Hari Krishna.

Fondateurs, avec leurs amis José Bové et Daniel Mermet (les fils cachés respectifs de Pierre Poujade et Roger Gicquel), d'une organisation terroriste d'extrème gauche, réputée pour faire perdre un point de quotient intellectuel à ses membres tous les six mois - Cassen et Ramonet se disent concernés par la fuite des cerveaux, mais en ce qui les concerne cette inquiétude vient un peu tard, il y a longtemps que leurs encéphales ont achevé de se vider de toute substance utile - inventeurs du négationnisme pro-castriste, journalistes professionels de très haut niveau (ils parlent exclusivement de choses au sujet desquelles ils ne savent strictement rien), leur existence même rend vain l'établissement d'un prix du plus mauvais journaliste, parce qu'alors ils remporteraient ex aequo la première place chaque année, talonnés par le père Ubu (ou comme d'autres l'appellent, Michel Maure) en troisième position.

Tiens puisqu'on parle du gros, c'est l'occasion d'évoquer cette génération de "reporters" pour qui il est plus important de "faire passer un message" que de dire la vérité. Outre le bouffon affabulateur américain, je pense aussi au tâcheron anonyme et à ses mensonges darwiniens, vaste œuvre raciste visant à faire passer les africains pour des bêtes stupides incapables de se défendre elles-mêmes.

Belle collection de pratiquants de la double pensée, du genre à s'indigner de la façon dont les firmes privées diaboliques assoiffent le monde tout en sachant pertinament que quatre-vingt-dix-neuf pour cent des réserves d'eau de la planète sont en réalité sous le giron de la maffia gouvernementale, mais il faut dire que ce genre de petits détails est facile à oublier, surtout quand on est distrait par les dessous de table provenant de la brigade de défense des eaux primées - c'est un peu long comme nom, on devrait renomer cela en Aqua Watch, en espérant qu'ils sont waterproof.

Et bien sûr tout ce beau monde vomit allégrement sur le journalisme amateur, particulièrement sur la toile (ce n'est pas facile d'admettre que d'autres puissent faire votre travail gratuitement et bien souvent mieux que vous), et personne n'hésite plus, dans ce cas, à laisser tomber son risible et illusoire masque de contestataire pour saluer d'un geste patriotique les actions de la maffia étatique à l'encontre des dissidents du réseau (les imposteurs-parjures qui jouent avec le cadavre du Charlie Hebdo sont assez emblématique de ce mouvement).

Tout cela pour dire que contrairement à mon collègue de No Logos, moi je ne me retiendrai pas de crier "cent-cinquante journalistes tués l'année dernière : continuons le combat !"

http://irrasciblelorddragon.blogspot.com/2…iste-meurt.html

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Et hop, un up au fil.

LOS ANGELES, 28 juillet (XINHUA) -- Le bilan des morts victimes de maladies liées à la canicule, qui règne actuellement en Californie, s'est élevé vendredi à 141 personnes.

Selon les autorités californiennes, au moins 40 morts ont été confirmées dans la seule journée de vendredi, portant à 141 le nombre total des victimes, dont la plupart sont des personnes âgées.

141 morts (surtout des personnes agées !) en Californie suite à la canicule (réchauffement climatique, quand tu nous guettes).

Voyons voir :

Californie, population : 35,4 millions (est. 2003)

Espérance de vie moyenne : 65 ans (à la louche, en minimisant).

Ca veut dire que chaque année, il y a 544.615 personnes qui passent l'arme à gauche (1512 morts par jour… environ)

La surmortalité mensuelle due à la canicule serait donc en augmentation alarmante de … 0,3%, soit ce qui correspond à peu près à la au mortalité naturelle toutes les 2 heures, en supposant que ce taux de mortalité est constant (on me murmure que les californiens ont tendance à choisir la date et l'heure de leur mort afin de maintenir impeccable les stats officielles).

J'espère que le gars qui est à l'origine de la nouvelle avait un excellent chronomètre pour faire son décompte.

Il est bienentendu qu'on peut faire le meme raisonnement pour la France. La règle voudrait qu'une nouvelle qui a des chances d'etre lue ne doit concerner que la surmortalité par chaleur, la surmortalité par froid étant exclusivement réservée aux SDF.

Epilogue: la Californie, tout comme l'Europe a eu un mois d'Aout glacial. Les stats de surmortalité par froid sont en cours de compilation.

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Et hop, un up au fil.

141 morts (surtout des personnes agées !) en Californie suite à la canicule (réchauffement climatique, quand tu nous guettes).

Voyons voir :

Californie, population : 35,4 millions (est. 2003)

Espérance de vie moyenne : 65 ans (à la louche, en minimisant).

Ca veut dire que chaque année, il y a 544.615 personnes qui passent l'arme à gauche (1512 morts par jour… environ)

La surmortalité mensuelle due à la canicule serait donc en augmentation alarmante de … 0,3%, soit ce qui correspond à peu près à la au mortalité naturelle toutes les 2 heures, en supposant que ce taux de mortalité est constant (on me murmure que les californiens ont tendance à choisir la date et l'heure de leur mort afin de maintenir impeccable les stats officielles).

J'espère que le gars qui est à l'origine de la nouvelle avait un excellent chronomètre pour faire son décompte.

Il est bienentendu qu'on peut faire le meme raisonnement pour la France. La règle voudrait qu'une nouvelle qui a des chances d'etre lue ne doit concerner que la surmortalité par chaleur, la surmortalité par froid étant exclusivement réservée aux SDF.

Epilogue: la Californie, tout comme l'Europe a eu un mois d'Aout glacial. Les stats de surmortalité par froid sont en cours de compilation.

Bonjour Minitax,

1) Il faut de méfier énormément de des statistiques présentées comme « décès liés à la canicule », ou « accidents liés à l’alcool , etc. » parce que l’expression « lié à » n’est pas, dans ce contexte, scientifiquement définie. Dans le meilleurs des cas, ces affirmations journalistiques proviennent (par différents intermédiaires) d’études économétriques qui tentent d’isoler l’incidence d’un facteur « toutes choses égales d’ailleurs ». Il existe différentes manières de mener une telle analyse. Ce qu’il faut, c’est se reporter à l’étude originale chaque fois que cela est possible. Et si elle est introuvable, rejeter l’affirmation.

2) En ce qui concerne l’espérance de vie, il faut toujours préciser à quel âge. Le plus souvent , on indique l’espérance de vie à la naissance. Cela n’a aucun intérêt si vous avez 40 ans. Mais cela donne une idée de la santé d’une société. Faute de connaître l’espérance de vie à la naissance en Californie, voici l’espérance de vie à la naissance aux USA : 77,85 ans.

Source

3) Je n’arrive pas du tout à comprendre comment vous faites intervenir l’espérance de vie dans votre calcul. Il faut plutôt faire intervenir me semble-t-il le taux de mortalité. Je ne le connais pas pour la Californie, mais pour l’ensemble des USA, il de 8,26 pour mille (même source).

4) Sachant que la population de la Californie était en 2005 de 36 132 147 habitants

Source

, il meurt chaque jour dans cet Etat , en moyenne, (36 132 147* 8,26/ 1000) / 365 = 817 personnes. Toutes les précisions que je donne sont certainement excessives ! Il s’agit bien sûr d’estimations !

5) Donc une surmortalité de 40 personnes, cela représente pour cette journée dont vous parlez 5 % de morts en plus que pour une journée « normale ». C’est tout à fait le genre de variation à laquelle on peut s’attendre d’une journée sur l’autre, même en l’absence de toute calamité climatique. Chacun appréciera s’il faut ou non en faire la une des journaux.

6) Les spécialistes vous diront que c’est avec modèles de séries temporelles qu’il faut étudier ce problème, car…. Une journée ne fait pas l’été !

Cordialement

Posté
5) Donc une surmortalité de 40 personnes, cela représente pour cette journée dont vous parlez 5 % de morts en plus que pour une journée « normale ». C’est tout à fait le genre de variation à laquelle on peut s’attendre d’une journée sur l’autre, même en l’absence de toute calamité climatique. Chacun appréciera s’il faut ou non en faire la une des journaux.
Bonjour,

La canicule a sévi en Californie pendant plus de 3 semaines en Juillet et le bilan TOTAL est de 141 morts, soit en moyenne 7 morts surnuméraires par jour. Statistiquement, un chiffre moyenné a plus de sens qu'un bruit. Ce qui fait une surmortalité de 7/800 de 0,8%, bref du bruit statistique, si on peut parler ainsi s'agissant de décès humain.

Bref, sur le plan de l'info, rien. Par contre, pour frapper l'imagination et faire peur au sujet du réchauffement, ça doit marcher à fond.

P.S. Je déduisais le nombre de mort par jour en divisant population/espérance de vie à la naissance. Bien sur, le taux de mortalité est mieux. Mais ça ne change pas les ordres de grandeur.

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