Harald Posté 10 novembre 2006 Signaler Posté 10 novembre 2006 Hier après-midi, j'ai pu expérimenter en réel l'efficacité de système de santé qui serait, selon les avis compétents, le meilleur du monde. 14 heures, ma fille aînée fait une syncope en plein cours. Perte totale de connaissance durant 5 minutes. Bien entendu, le staff de l'établissement appelle immédiatement les sapeurs-pompiers qui font diligence et prennent ma fille en charge. Après avoir contacté leur centre opérationnel qui entre-temps a cherché l'hôpital le plus proche ayant des places de libres, ils l'emmènent pour qu'elle soit examinée. Dans le même temps, je suis mis au courant et je me rends immédiatement à l'hôpital pour la rejoindre. Jusque là, rien à dire, les SP ont été on ne peut plus professionnels. 14 heures 20, arrivée de ma fille à l'hôpital. Deux infirmiers l'enregistrent, elle est installée sur un brancard et entreposée (il n'y a pas d'autre mot) dans un couloir mal éclairé où attendent environ une bonne dizaine d'autres personnes. J'arrive juste après et j'attends. Une heure passe, le personnel va, vient, passe, repasse sans un mot, sans une attention ni pour ma fille ni pour les autres personnes. Ayant le visiblement le temps, je commence à regarder les autres patients (terme ô combien juste). Une bonne moitié est constituée de personnes très âgées. Certaines se plaignent d'avoir soif, d'autres aimeraient bien pouvoir se soulager. Personne ne prend la peine de les écouter et encore moins d'essayer de les aider ou de savoir si elles souffrent. 16 heures 20, comme soeur Anne, je ne vois rien venir et la moutarde commence vraiment à me monter au nez. J'avise un interne pour lui demander combien de temps il va falloir encore attendre avant que l'on veuille bien s'occuper de nous. Visiblement étonnée par la question, la jeune femme me répond que l'attente moyenne aux urgences est d'environ 3 heures. Passablement irrité je lui rétorque que les choses passeraient mieux si on daignait informer les patients, que la médecine en France est malheureusement un service public mais que l'on est quand même en droit d'attendre un minimum de considération de la part d'un personnel rétribué par nos contributions. Je suis rapidement expédié par un rapide "de toute façon je n'y peux rien" péremptoire, puis elle tourne les talons. 16 heures 40, les pompiers amènent une jeune femme dont la moto a été percutée par un automobiliste qui lui a refusé la priorité. Elle souffre d'une fracture ouverte au tibia. Elle souffre visiblement malgré les injections. Gag, il n'y a plus de brancard disponible pour elle et les pompiers ne peuvent pas laisser le leur. On envoie donc un infirmier dans les étages à la pêche au brancard. 10 minutes après, il revient avec une prise, l'échange est fait et on installe la motarde dans le couloir avec ma fille, les petits vieux et quelques autres éclopés. 20 minutes passent encore avant que la chef infirmière pique une grosse colère et se mette à engueuler publiquement les internes et le médecin chef. Motif? La motarde attend encore que l'on s'occupe d'elle. Un peu gênés, ils emmènent enfin la malheureuse. 17 heures 30, à bout de nerfs, de patience, je me rends à l'accueil des urgences, demande les formalités à remplir pour quitter l'hôpital avec ma fille avant examen. On me répond que je n'ai rien à remplir. L'infirmier qui a pris ma fille en charge arrive et me prenant de haut me demande pourquoi je m'en vais. Je lui réponds tout simplement que lassé d'attendre dans un hôpital soviétique je viens de prendre rendez-vous avec mon médecin de famille. Je lui rappelle qu'un examen 3 heures 30 après une syncope n'a plus aucun sens, que le rythme cardiaque, la tension et le taux de glycémie ont eu le temps de revenir à la normale. Piqué au vif, le drôle me lance sur un ton vipérin "mais vous n'êtes pas médecin!". Je préfère me taire et foutre le camp. 18 heures, notre médecin nous reçoit. Il examine ma fille, lui pose un faisceau de questions puis lui demande de s'allonger pour lui prendre la tension. Il la fait asseoir et prend à nouveau la tension, idem après l'avoir fait se lever. En 10 minutes il a trouvé ce dont elle souffrait et qu'aucun interne des urgences n'avait pu simplement soupçonner durant l'année scolaire précédente, pas plus que le service d'hôpital de jour qui lui avait fait passer une batterie d'examens. J'en suis arrivé à la conclusion que les défenseurs de la sécu et de notre système de santé ont raison au moins sur un point. Il n'y a pas de médecine à deux vitesses en France pour la simple et bonne raison qu'il n'y en a qu'une: la marche arrière!
h16 Posté 10 novembre 2006 Signaler Posté 10 novembre 2006 Ceci étant, si tu vas dans une clinique (privée donc) la prochaine fois, tu as des chances très nettes de voir un traitement différent. Le système des urgences en France est une catastrophe nationale. Et le problème n'est pas un de moyens, mais d'organisation (en premier lieu). Et je souhaite à ta fille un prompt rétablissement.
melodius Posté 10 novembre 2006 Signaler Posté 10 novembre 2006 Eh bè. Je suis heureux que ça semble s'être assez bien terminé.
SilenT BoB Posté 10 novembre 2006 Signaler Posté 10 novembre 2006 Ma mère est infirmière, ma soeur interne, j'en entends des choses mon cher Harald! Votre cas n'est ni isolé ni exceptionnel, il est banal, l'attente aux "urgences" est de 3 heures minimum parfois c'est 6 heures! Il n'est pas rare de voir certains cas s'aggraver m'a déjà dit ma soeur, mais comme les cas sont traités par ordre d'arrivé sauf cas s'extrême urgence, vous devez patientez, vous devez parfois souffrir, vous faire du soucis, etc… Les urgences sont aussi un parent pauvre de la médecine en france, il faut le préciser. Beaucoup y accourent sans en avoir besoin et sans urgence, ce qui crée les attentes assez souvent. Notre système de santé n'est pas top c'est clair, mais il n'est pas trop mauvais contrairement à ce que l'on pourrait croire. Nos médecins sont mieux formés que dans pas mal de pays de l'OCDE (dixit ma soeur sur le coup lol), mais c'est la gérance qui est lamentable… Et je ne m'embarque pas sur la CMU, parce que sinon….
Serge Posté 10 novembre 2006 Signaler Posté 10 novembre 2006 Il faut autoriser cet hôpital à entrer en bourse.
Punu Posté 10 novembre 2006 Signaler Posté 10 novembre 2006 Lorsque j'ai eu moi-même un accident de moto, un vendredi soir à 23h30, je suis allé dans une clinique semi-privée et j'ai attendu 10 minutes, le temps que l'orthopédiste s'habille, sorte de chez lui et arrive aux urgences. Mais la mutuelle n'a pris à sa charge qu'un tiers des dépenses. There ain't no such thing as a free lunch !
Harald Posté 10 novembre 2006 Auteur Signaler Posté 10 novembre 2006 Ceci étant, si tu vas dans une clinique (privée donc) la prochaine fois, tu as des chances très nettes de voir un traitement différent.Le système des urgences en France est une catastrophe nationale. Et le problème n'est pas un de moyens, mais d'organisation (en premier lieu). je suis bien d'accord, mais je crois me souvenir qu'à moins de saturation totale les établissements privés sont écartés par les centres de gestion Sapeurs-pompiers/SAMU etc. donc pratiquement aucune chance de s'y voir dirigé.
Messer Posté 10 novembre 2006 Signaler Posté 10 novembre 2006 Une chose à faire: augmenter les budgets !! Prompt rétablissement à ta petite Harald
h16 Posté 10 novembre 2006 Signaler Posté 10 novembre 2006 je suis bien d'accord, mais je crois me souvenir qu'à moins de saturation totale les établissements privés sont écartés par les centres de gestion Sapeurs-pompiers/SAMU etc. donc pratiquement aucune chance de s'y voir dirigé. Effectivement. Mais si la personne est transportable et si l'établissement privé n'est pas trop éloigné, cela vaut souvent le coup de faire 15' de voiture en plus pour éviter 3H d'attente… Une chose à faire: augmenter les budgets !!
Messer Posté 10 novembre 2006 Signaler Posté 10 novembre 2006 Rigole, mais je suis absolument persuadé que des tonnes de gens penseraient ca en lisant ce qui est arrivé… :/
h16 Posté 10 novembre 2006 Signaler Posté 10 novembre 2006 Rigole, mais je suis absolument persuadé que des tonnes de gens penseraient ca en lisant ce qui est arrivé… :/ C'est probable.
Taisei Yokusankai Posté 10 novembre 2006 Signaler Posté 10 novembre 2006 Ce genre d'histoire rend malade (c'est le cas de le dire). Il est heureux que ta fille va mieux.
Harald Posté 10 novembre 2006 Auteur Signaler Posté 10 novembre 2006 Ma mère est infirmière, ma soeur interne, j'en entends des choses mon cher Harald! Votre cas n'est ni isolé ni exceptionnel, il est banal, l'attente aux "urgences" est de 3 heures minimum parfois c'est 6 heures! J'ai l'habitude de ce genre de mésaventure, ne serait-ce qu'en raison de ma profession. En l'occurrence, le temps d'attente qu'un infirmier a fini par m'avouer était de 5 heures. Par contre, ce qui me bouffe littéralement, c'est que durant la dernière année scolaire ma fille a fait pas moins de 15 syncopes au collège. Qu'elle a été vue à chaque fois par les praticiens des urgences qui n'ont rien détecté (et pour cause 3 heures après les faits!), qu'une hospitalisation de jour a été prescrite en vain. Enfin, le pompon a été décroché lorsque le mal a été diagnostiqué par mon médecin de famille.
DoM P Posté 10 novembre 2006 Signaler Posté 10 novembre 2006 J'ai l'habitude de ce genre de mésaventure, ne serait-ce qu'en raison de ma profession. En l'occurrence, le temps d'attente qu'un infirmier a fini par m'avouer était de 5 heures. Par contre, ce qui me bouffe littéralement, c'est que durant la dernière année scolaire ma fille a fait pas moins de 15 syncopes au collège. Qu'elle a été vue à chaque fois par les praticiens des urgences qui n'ont rien détecté (et pour cause 3 heures après les faits!), qu'une hospitalisation de jour a été prescrite en vain. Enfin, le pompon a été décroché lorsque le mal a été diagnostiqué par mon médecin de famille. C'est indiscret de demander ce que c'était?
Harald Posté 10 novembre 2006 Auteur Signaler Posté 10 novembre 2006 C'est indiscret de demander ce que c'était? De l'hypotension orthostatique. En fait, c'est plus ou moins fréquent chez les adolescentes, c'est lié à divers facteurs tels que le stress, fatigue, problèmes féminins, etc. Majoritairement, cela disparaît passé les 18/20 ans.
Taranne Posté 10 novembre 2006 Signaler Posté 10 novembre 2006 Et de quel hôpital s'agit-il? Je crois le reconnaître, mais je peux me tromper…
Harald Posté 10 novembre 2006 Auteur Signaler Posté 10 novembre 2006 Et de quel hôpital s'agit-il? Je crois le reconnaître, mais je peux me tromper… Il est à quelques kilomètres de chez moi, dans l'Essonne. Il y a "long" et "jumeau" dans le nom.
Taranne Posté 10 novembre 2006 Signaler Posté 10 novembre 2006 Il est à quelques kilomètres de chez moi, dans l'Essonne. Il y a "long" et "jumeau" dans le nom. Ah, je m'étais trompé alors. Le mien est dans le 93 et il y a "Avi" et "Cenne" dans le nom.
Harald Posté 10 novembre 2006 Auteur Signaler Posté 10 novembre 2006 Ah, je m'étais trompé alors. Le mien est dans le 93 et il y a "Avi" et "Cenne" dans le nom. Je suis passé par Avicenne en 1990 et paradoxalement, j'en garde un excellent souvenir. L'accueil et la prise en charge ont été irréprochables et relativement rapides, sans parler de l'attention portée aux patients par le personnel soignant. Ceci dit, je veux bien croire que la situation s'est dégradée depuis. Surtout compte tenu de la spécificité de cet établissement et de sa localisation.
Rincevent Posté 10 novembre 2006 Signaler Posté 10 novembre 2006 De l'hypotension orthostatique. En fait, c'est plus ou moins fréquent chez les adolescentes, c'est lié à divers facteurs tels que le stress, fatigue, problèmes féminins, etc. Majoritairement, cela disparaît passé les 18/20 ans. Ca peut aussi être lié, dans d'autres cas, à un retour veineux trop faible (auquel cas ça ne disparaît pas avec le temps, et ça peut être partiellement héréditaire). On connait ça dans ma famille (mais pas au moins de tomber en syncope). Ma méthode, c'est de me lever aussi lentement que possible. Mais ça n'est pas du tout handicapant, je te rassure. Rassure ta fille par la même occasion, et donne-lui mon astuce. Tous mes souhaits pour elle.
Invité jabial Posté 11 novembre 2006 Signaler Posté 11 novembre 2006 J'ai déja attendu plus de 9 heures (mais avec des explications, il est vrai) dans une clinique privée. Il est vrai que nous venions pour une opération qui demandait à être les derniers dans le bloc (il fallait donc passer après tout le monde) et qui n'était pas si urgente que nous le croyions, mais c'est juste pour dire que pour certains cas, il y aura toujours de l'attente. Notre cas n'était pas tout à fait une urgence. Je me demande s'il est légal de créer un service d'urgences privé, uniquement sans RDV, avec une prise en charge très chère qui permet de garantir la présence permanente de médecins surnuméraires pour être sûr d'être pris tout de suite.
Taranne Posté 11 novembre 2006 Signaler Posté 11 novembre 2006 Je suis passé par Avicenne en 1990 et paradoxalement, j'en garde un excellent souvenir. L'accueil et la prise en charge ont été irréprochables et relativement rapides, sans parler de l'attention portée aux patients par le personnel soignant. Ceci dit, je veux bien croire que la situation s'est dégradée depuis. Surtout compte tenu de la spécificité de cet établissement et de sa localisation. La situation s'est en effet bien dégradée depuis, quoique moins que dans un autre hôpital de la région - il y a "André" et "Grégoire" dans la région - où ma mère après une chute a dû patienter près de trois ans pour se faire plâtrer le poignet par un interne incompétent qui l'a sabotée. Vive le service public.
Sous-Commandant Marco Posté 11 novembre 2006 Signaler Posté 11 novembre 2006 Je crois que l'une des raisons pour lesquelles les urgences sont débordées, c'est qu'elles sont gratuites. Plus exactement, pas besoin d'avancer de l'argent pour voir un docteur, à la différence d'un médecin de famille traditionnel.
DoM P Posté 11 novembre 2006 Signaler Posté 11 novembre 2006 Je crois que l'une des raisons pour lesquelles les urgences sont débordées, c'est qu'elles sont gratuites. Plus exactement, pas besoin d'avancer de l'argent pour voir un docteur, à la différence d'un médecin de famille traditionnel. C'est aussi et surtout parce qu'elles ne se concentrent pas sur leur métier : les urgences. Tout y passe, y compris les soins classiques et les pansements d'entretien. Alors, forcément, on est débordé.
Invité jabial Posté 11 novembre 2006 Signaler Posté 11 novembre 2006 La réforme que je ferais si j'étais un étatiste est la suivante : je séparerais en un service d'urgences réservé aux cas urgents, et un service de consultations gratuites ou presques nécessitant de prendre un RDV à l'avance. En ce qui concerne le premier, tout cas qui serai jugé non urgent par le médecin de garde serait renvoyé.
calypso Posté 11 novembre 2006 Signaler Posté 11 novembre 2006 On reproche aux praticiens libéraux de ville de se désengager de la prise en charge des urgences: ce n'est pas totalement faux, mais l'évolution de la société ( les 35 h par exemple ) et aussi la plus grande technicité de la médecine, ne permettent plus de compter sur l'intervention du médecin de famille dans tous les cas et 24h/24, ni de s'en contenter( même si dans des cas simples comme celui de Mlle Harald c'est la meilleure solution. Les jeunes internes, manquant d'expérience et de recul, ne sont pas les mieux placés pour évaluer ce genre de cas: ils n'ont appris que les choses graves! ) Les services d'urgence des hopitaux devraient rester réservés aux cas les plus sérieux. Il existe des alternatives , des maisons médicales de garde avec un minimum d'équipements, et puis des services d'urgence dans les grosses polycliniques privées, services qui fonctionnent partiellement grâce à des subventions, mais en contrepartie s'engagent à fournir une mission de service public et à accueillir le "tout-venant" comme à l'hopital public. Les services de secours ( pompiers ,SAMU etc..ont eu un peu de mal à s'y faire, on chuchotait les premiers temps qu'ils avaient des consignes pour tout adresser au CHU, mais maintenannt le "dispatching" se fait assez bien, au soulagement d'ailleurs des urgentistes hospitaliers. Cà s'appelle une "UPATOU" (Unité de Proximité pour Accueil, Traitement et Orientation des Urgences) Médecin urgentiste confirmé 24h/24h et intervention le cas échéant des spécialistes médicaux et chirurgicaux de la Clinique. PLus tout le plateau technique en général bien étoffé! Dans ma ville çà fonctionne bien, et j'ai testé pour moi-même, un samedi AM après une petite fracture du pied. On m'a donné d'emblée la fourchette d'attente pour ce type de blessure, 1h30 env, mais une urgence médicale qui se présentait dans l'intervalle était prise en charge plus rapidement. Et dans les cas graves, tout peut être fait sur place: IRM, scintigraphie, scanner, coronarographie, bloc opératoire….Pas toujours le cas à l'hopital public. On règle le ticket modérateur, mais il n'est appliqué aucun dépassement d'hono dans le cadre de l'urgence. La mutuelle remboursera en général. A l'hopital, on ne règle rien sur place, mais dans de nombreux cas on reçoit la facture après coup. Avec pas mal d'erreurs erreurs en prime .
Harald Posté 11 novembre 2006 Auteur Signaler Posté 11 novembre 2006 On reproche aux praticiens libéraux de ville de se désengager de la prise en charge des urgences: ce n'est pas totalement faux, mais l'évolution de la société ( les 35 h par exemple ) et aussi la plus grande technicité de la médecine, ne permettent plus de compter sur l'intervention du médecin de famille dans tous les cas et 24h/24, ni de s'en contenter( même si dans des cas simples comme celui de Mlle Harald c'est la meilleure solution. Les jeunes internes, manquant d'expérience et de recul, ne sont pas les mieux placés pour évaluer ce genre de cas: ils n'ont appris que les choses graves! ) Les quelques médecins généralistes auxquels j'ai recours acceptent de prendre en charge certaines urgences. Ceci dit, cette tendance à se défausser sur l'hôpital public est assez compréhensible compte tenu du flicage auxquels ils sont soumis, des amendes qui en découlent, etc. Lorsque l'on cherche à fonctionnariser des gens il est normal qu'ils rechignent ensuite à travailler. Ce qui m'a choqué, plus encore que l'attente insupportable et la désaffection du personnel envers les patients, c'est la misère et l'inhumanité. Ce n'est quand même pas rien de voir une personne âgée faire sous elle parce que l'on ne fait pas attention à ses appels. La honte et la détresse se lisaient sur son visage.
toccata Posté 15 novembre 2006 Signaler Posté 15 novembre 2006 La réforme que je ferais si j'étais un étatiste est la suivante : je séparerais en un service d'urgences réservé aux cas urgents, et un service de consultations gratuites ou presques nécessitant de prendre un RDV à l'avance.En ce qui concerne le premier, tout cas qui serai jugé non urgent par le médecin de garde serait renvoyé. Il me semble que Mattéi, lorsqu'il était ministre de la Santé, avait lancé une idée similaire. Un cabinet de généralistes aurait eu pour tâche de délester les urgences de tout ce qui ne relève pas des urgences. Mais c'était sans RDV. Le but étant évidemment que ceux qui abusent ou ne veulent rien payer fassent l'attente chez les généralistes (ça craint rien qu'ils attendent 5 ou 6 heures), pour libérer l'espace dans les urgences. A priori l'idée pourtant de bon sens est restée sans lendemain…
Cédric Posté 15 novembre 2006 Signaler Posté 15 novembre 2006 Ce qui m'a choqué, plus encore que l'attente insupportable et la désaffection du personnel envers les patients, c'est la misère et l'inhumanité. Ce n'est quand même pas rien de voir une personne âgée faire sous elle parce que l'on ne fait pas attention à ses appels. La honte et la détresse se lisaient sur son visage. Je vais faire ma réponse de gauchiste mais les infirmières seraient peut-être plus attentives et moins robotisées si elles avaient moins de patients à traiter. Sans parler des urgences, ma mère qui est infirmière m'a raconté qu'elles devaient parfois s'occuper d'un service de 35-40 lits avec seulement deux infirmières. Fatalement, le relationnel passe au second plan, même si beaucoup d'infirmières font de leur mieux. Je vais dire une horreur, mais elles sont pour moi victimes du système : à partir du moment où une infirmière dévouée, accumulant les heures supplémentaires (non payées et rarement récupérées) gagne aussi bien sa vie qu'une infirmière qui prend ses trois mois d'arrêt maladie par an (bein oui, elles y ont "droit"), on incite pas les personnels à faire des efforts. Il faut une bonne âme pour travailler dans les hôpitaux ; ne regardons pas toujours du co^té des patients.
h16 Posté 15 novembre 2006 Signaler Posté 15 novembre 2006 Je vais faire ma réponse de gauchiste mais les infirmières seraient peut-être plus attentives et moins robotisées si elles avaient moins de patients à traiter. Sans parler des urgences, ma mère qui est infirmière m'a raconté qu'elles devaient parfois s'occuper d'un service de 35-40 lits avec seulement deux infirmières. Fatalement, le relationnel passe au second plan, même si beaucoup d'infirmières font de leur mieux.Je vais dire une horreur, mais elles sont pour moi victimes du système : à partir du moment où une infirmière dévouée, accumulant les heures supplémentaires (non payées et rarement récupérées) gagne aussi bien sa vie qu'une infirmière qui prend ses trois mois d'arrêt maladie par an (bein oui, elles y ont "droit"), on incite pas les personnels à faire des efforts. Il faut une bonne âme pour travailler dans les hôpitaux ; ne regardons pas toujours du co^té des patients. Tu pointes ici un aspect récurrent des systèmes collectivisés à mort : personne, en fait, n'est évidemment responsable du dévoiement complet du bidule. En pratique, ce ne sont que des responsabilités ultra-diluées par chacun des intervenants de ces systèmes. Ainsi, l'infirmière qui, dans son coin, pose une fois une ou deux semaines de congés maladies, n'a qu'une toute petite part infime de la responsabilité générale du bordel ambiant. De même, le patient qui décide d'aller aux urgences pour une grippe plutôt que d'aller voir son généraliste. De même que le chef de service qui décide d'aller au golf dix minutes plus tôt, une fois de temps en temps. Le bazar général des urgences est symptomatique : il n'y a plus d'organisation générale, tout le monde court dans tous les sens et chacun parre au plus pressé, parce que pour organiser tout ça, il faut du courage, et de la responsabilité. Prendre des décisions, dans ce système, c'est s'exposer à la vindicte si quelque chose tourne mal. Car par essence, le système collectiviste a besoin d'un bouc émissaire pour fonctionner efficacement ; dans cette configuration, l'enfer est alors contenu sur le bouc émissaire qui s'en prend plein la poire. S'il n'y en a pas, la responsabilité se dilue, personne n'est coupable, personne ne dirige, personne ne fait vraiment rien, et là, c'est l'enfer pour tout le monde.
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