José Posté 24 avril 2007 Signaler Posté 24 avril 2007 Voici le premier livre en français sur l' " autre " goulag, édifié par Staline et Iagoda, son " ministre de l'Intérieur ", aux fins de " purifier socialement " l'Union soviétique. Sur l' " île aux cannibales ", ont été déportés 6 000 " éléments socialement nuisibles ". Isolés dans cet endroit désolé, Nazino, perdu au milieu du fleuve Ob, les déportés débarqués sans provisions ni outils ont subi la torture de la faim au point de s'entre-dévorer. Passé sous silence pendant soixante ans, l'épisode est aujourd'hui révélé par Nicolas Werth. Sa reconstitution permet de comprendre le fonctionnement des " peuplements spéciaux ", elle met en évidence une élimination inévitable, sinon programmée, autant que l'absence de coordination entre les différents maillons de la chaîne répressive. Elle montre aussi la violence sociale qui régnait en Sibérie, terre de déportation et de colonisation. Enfin L'Ile aux cannibales offre un fascinant cas de perte des repères humains quand les individus sont soumis à une situation extrême dans un lieu clos. L'lle aux cannibales, c'est l'histoire d'une décivilisation en plein XXe siècle.
Jesrad Posté 24 avril 2007 Signaler Posté 24 avril 2007 Le cannibalisme est un sujet récurrent depuis que les archives dans anciens régimes communistes se sont ouvertes. Le Livre noir du Communisme montre des photos de panneaux installés dans les villages de Sibérie, qui rappelaient aux gens que manger son voisin était interdit. De même en Chine maoïste: dans les villages reculés, en plein "grand bond en avant" les familles s'échangeaient leurs gamins à manger (pour ne pas avoir à manger le leur). Aujourd'hui encore, ce sont les évadés de Corée du Nord qui nous apprennent qu'une partie de la viande vendue dans les marchés, là-bas, est de la viande humaine.
pankkake Posté 24 avril 2007 Signaler Posté 24 avril 2007 Le cannibalisme est un sujet récurrent depuis que les archives dans anciens régimes communistes se sont ouvertes. Le Livre noir du Communisme montre des photos de panneaux installés dans les villages de Sibérie, qui rappelaient aux gens que manger son voisin était interdit. De même en Chine maoïste: dans les villages reculés, en plein "grand bond en avant" les familles s'échangeaient leurs gamins à manger (pour ne pas avoir à manger le leur). Aujourd'hui encore, ce sont les évadés de Corée du Nord qui nous apprennent qu'une partie de la viande vendue dans les marchés, là-bas, est de la viande humaine. Ouah, et moi qui avait trouvé Soylent Green irréaliste…
Rincevent Posté 24 avril 2007 Signaler Posté 24 avril 2007 De nombreuses pages sur le sujet dans ce livre fort intéressant que d'aucuns ne manqueront pas de trouver horriblement néocon :
A.B. Posté 24 avril 2007 Signaler Posté 24 avril 2007 De même en Chine maoïste: dans les villages reculés, en plein "grand bond en avant" les familles s'échangeaient leurs gamins à manger (pour ne pas avoir à manger le leur). Hummm. Avoir un gamin et le bouffer c'est une perte nette de calorie. Ou alors les gamins étaient nés avant. Bref j'emets des doutes.
Jesrad Posté 24 avril 2007 Signaler Posté 24 avril 2007 Ils étaient nés avant, bien sûr. Les vieux aussi étaient, euh, "redistribués"
Minus Posté 24 avril 2007 Signaler Posté 24 avril 2007 J’ai lu ce livre, et j’ai été déçu. On nous présente cette île comme un système consciemment organisé et édifié par Staline alors qu’à la fin, l’auteur nous indique qu’une fois mis au courant des pratiques, le petit père a mis fin à ces déportations. Bizarre, mais pas étonnant, car renseignements pris, Werth s’avère être un historien très "spectacle", et très contesté par ceux-là mêmes qui ont coécrit avec lui le livre noir.
A.B. Posté 24 avril 2007 Signaler Posté 24 avril 2007 Meme si c'est vrai, je me garderai bien d'utiliser l'argument "cannibal" contre l'URSS, la Chine de Mao ou la Corée du Nord. C'est tellement "énorme" que ca ne passera pas, "manger des enfants" est en plus un cliché synonyme de propagandes de désinformation (avec le couteau entre les dents). A n'utiliser donc qu'avec des documents historiques sous la main.
José Posté 24 avril 2007 Auteur Signaler Posté 24 avril 2007 …je me garderai bien d'utiliser l'argument "cannibal" contre […] la Chine de Mao… Un livre que tu devrais lire : Où il est question d’un théâtre abominable - celui de la Chine populaire pendant la Révolution culturelle - et, au sein de ce théâtre, d’un échantillon de chaos, que représenta alors la scène provinciale et méridionale du Guangxi. Avec ses luttes frénétiques et meurtrières entre factions, ses « décès anormaux », ses « banquets de chair humaine »… Cas unique d’une révolution qui, au sens propre du terme, dévora ses enfants. Le monstrueux n’est point ici vraisemblable mais avéré. Des documents officiels, ainsi que de nombreuses dépositions de témoins, en font état. Tous éléments que rapporte l’auteur après une patiente enquête sur le terrain. http://www.monde-diplomatique.fr/1999/07/ROCHETTE/12241.html Lecture critiqueZheng Yi : Stèles rouges Jean-Jacques Gandini Perspectives chinoises n° 57, janvier - février 2000, page n°98 Mai 1986 : romancier con nu et journaliste d’investigation réputé, Zheng Yi (1) retourne au Guangxi — cette province méridionale chinoise qui jouxte le Vietnam — pour enquêter sur les rumeurs de cas de cannibalisme qui auraient eu lieu pendant la Révolution Culturelle, et dont il avait eu écho lorsque, jeune garde rouge, il y avait séjourné en 1968 alors que la lutte entre les factions (2) pour le pouvoir atteignait au cours de l’été son paroxysme. Grâce à deux lettres d’introduction remises par l’Association des écrivains chinois et le « Journal du droit chinois » (3), il va avoir accès à Nanning, la capitale, aux archives locales du Parti communiste, notamment les matériaux rassemblés à l’occasion de la campagne idéologique de 1983 lancée pour « le règlement des problèmes laissés par la Révolution Culturelle », euphémisme pour qualifier les véritables massacres de masse qui se sont alors produits. Ce qu’il y découvre est tellement sidérant que, pour recouper ces documents, il va s’employer à rencontrer des témoins du drame, des enfants des victimes, voire certains des protagonistes eux-mêmes — du moins ceux qui acceptent de parler — et à se rendre sur place pour tenter d’en retrouver les traces. Au début, les premières victimes de la « violence des masses » sont tuées à coups de fourche ou de pelle, étranglées, noyées, la tête tranchée et accrochée à un arbre, ou encore jetées vivantes, attachées, dans des fosses et achevées à coups de pierres ; on va même jusqu’à faire éclater des pétards dans le vagin des suppliciées. Mais bientôt elles vont être mangées. OUI, MANGEES ! « Dès qu’il y avait une ‘parade de lutte’, les vieilles femmes s’y précipitaient, leur panier à provision sous le bras, et attendaient la suite. La victime avait à peine rendu son dernier souffle que les gens se ruaient déjà ; les premiers arrivés découpaient les bons morceaux, les retardataires se partageaient les os ». Parfois les victimes étaient éventrées et dépecées encore vivantes : « Alors que le supplicié vivait encore, on découpait morceau par morceau sa chair que l’on faisait frire dans l’huile et consommait devant lui ». Ce qui est consommé en priorité ce sont les viscères qui sont censés guérir divers maux selon les croyances locales : la cervelle, le cœur, les intestins, l’utérus et surtout le foie, réputé donner du courage et être en outre un puissant tonique… A condition de le déguster dans les conditions requises : Quelqu’un marchait, en tenant à la main un foie humain et rencontra une vieille connaissance qui lui demanda : “Il — la victime — était d’accord pour que tu manges son foie ?” Interloqué, l’homme répondit : “Comment aurait-il pu être d’accord ?” Son ami alors rétorqua : “Si le possesseur du foie n’était pas consentant, ce foie perd tous ses pouvoirs !” Notre homme repartit donc à la recherche d’une autre victime. Après lui avoir arraché, sous la torture, l’autorisation de consommer son foie, il préleva l’organe sur la victime encore vivante. Il alla ensuite montrer le foie à la mère de sa victime en disant ‘Regardez, c’est le foie de votre fils !’. La mère, sous le choc, tomba évanouie. La consommation de cervelle était aussi prisée par les vieillards qui en escomptaient un regain de jeunesse. Chacun plantait dans le crâne un tube en acier de grosseur appropriée, dont une extrémité affûtée sur une meule émeri était acérée comme un poignard, puis s’agenouillait sur le sol pour aspirer la cervelle, comme une bande de vieux copains buvant à la paille ensemble une grande jarre de yaourt ! Un tel déchaînement de violence, qui dans le seul Guangxi causa la mort de dizaines de milliers de victimes, n’était pas spontané, ne résultait pas d’une perte de contrôle des « mauvais instincts », mais trouvait son origine dans « le typhon de force 12 de la lutte des classes » suscité et encouragé par les autorités politico-militaires locales dépendant du Parti communiste. En effet, aux termes de l’Avis du 3 juillet 1968 émis conjointement par le Comité central du PC, le Conseil des affaires d’Etat, la Commission militaire centrale et le Groupe chargé de la Révolution Culturelle dépendant du Comité central — désormais acquis à Mao Zedong —, il convenait d’engager une répression accrue contre les « ennemis de classe ». Il fallait donc laisser libre cours à la « colère du peuple », ce qui revenait à admettre que verser le sang était désormais licite à l’encontre des « 4 catégories » — propriétaires fonciers, paysans riches, contre-révolutionnaires et mauvais éléments — et des « 23 sortes » — droitiers, espions, anciens membres actifs du Kuomintang, anciens détenus, etc. —, c’est-à-dire aussi bien les bénéficiaires de l’ordre ancien que les réfractaires au nouvel ordre social, soit un champ d’action des plus larges ouvrant la porte à l’arbitraire le plus total, aucune charge précise n’étant nécessaire à l’encontre de ces personnes : leur « appartenance de classe » suffisait. L’origine de classe était rédhibitoire (4) et héréditaire, ce sont des familles entières qui seront exterminées. Des « séances de lutte » vont s’ensuivre, aboutissant automatiquement à des condamnations à mort, suivies d’une exécution immédiate débouchant sur le dépeçage, sur place, des corps. Les auteurs de ces violences, ce sont « les gardes rouges, jeunes écoliers et adultes pauvres, coolies, portefaix, travailleurs au plus bas de l’échelle sociale insatisfaits de l’ordre existant (qui) exprimaient par cette trace sanglante leur opposition à l’injustice sociale ». Au terme de ses investigations, Zheng Yi distingue trois étapes dans le processus « cannibalistique » : 1. une phase de « lancement » avec des opérations furtives menées dans un climat d’épouvante — exécutions opérées la nuit et découpage de la chair humaine effectué au hasard ; 2. une phase de « fête » durant laquelle le cannibalisme se répand sur une grande échelle et dans l’enthousiasme, et où les participants acquièrent une certaine expérience dans le prélèvement du cœur et du foie grâce aux conseils des anciens guérilleros (5). Au cours de repas communautaires, véritables « banquets de chair humaine » qui se tiennent un peu partout jusque dans les cantines des écoles et des hôpitaux ou dans les réfectoires des organismes gouvernementaux (6), on fait cuire dans une grande marmite, en morceaux de la même taille, chair humaine et viande de porc ; on place ensuite le récipient assez haut pour que le contenu soit invisible aux yeux des convives et les gens, en rangs, viennent piquer un morceau dedans, chacun à son tour. Cette idée « ingénieuse » permet de concilier l’élimination cannibale de quelqu’un, sans pour autant manger soi-même, autant que faire se peut, de la chair humaine. C’est la transgression de l’interdit sans véritable passage à l’acte, du moins explicitement. Chacun triche avec lui-même : « L’hystérie collective et la conscience individuelle peuvent aller de pair, sans aucun inconvénient » ; 3. une phase de « folie collective » pendant laquelle le cannibalisme est promu au rang de « mouvement de masse ». Il s’agit de réaliser la « suppression des classes » prônée par la théorie marxiste-léniniste, et ce dans l’acception la plus radicale du terme. Nous sommes bien ainsi en présence d’une violence organisée dont sont directement responsables Mao Zedong et le Parti communiste. Pour l’auteur, « le cannibalisme pendant la Révolution Culturelle au Guangxi correspond au despotisme sanguinaire du Parti communiste ». Ce qui est en cause, ce n’est pas « quelque déficience particulière innée chez le peuple chinois ou enfouie au plus profond de l’âme humaine », c’est la structure du pouvoir, la structure du totalitarisme. C’est pourquoi il convient qu’une « stèle commémorative de couleur rouge [soit] édifiée au Guangxi… [et que] les enfants de tous les peuples du monde y gravent profondément de leur écriture puérile : “Plus jamais ça !” ». http://www.cefc.com.hk/fr/pc/articles/art_…_art_ligne=5710
A.B. Posté 24 avril 2007 Signaler Posté 24 avril 2007 Un livre que tu devrais lire : http://www.monde-diplomatique.fr/1999/07/ROCHETTE/12241.html http://www.cefc.com.hk/fr/pc/articles/art_…_art_ligne=5710 Cool de la doc ! Ceci dit, comme le dit le site On retrouve d’ailleurs des récits de pratique cannibale tout au long de l’histoire de la Chine (cf. le fameux roman épique Au bord de l’eau). Ce n’est donc pas un phénomène particulier à l’ethnie Zhuang, principale minorité peuplant le Guangxi, mais qui a concerné également les habitants de souche han. Et la plupart des actes décris dans le résumé semblent plus être commis par mysticisme (telle est la description) qu'autre chose. L'exemple des Nords Coréens réduits au cannibalisme, par nécessité me semble avoir plus de poids dans une discussion.
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