Wali Posté 13 mai 2007 Signaler Posté 13 mai 2007 Ce soir, j'ai assisté à une scène qui m'a immédiatement fait penser à deux fils du forum: celui sur les armes et celui où Dom P nous racontait son courage lors de certaines bagarres de rue. Cette scène, on la lit toute les semaines dans les journaux populaires remplis de faits divers: agression, fusillade, meurtre, etc. dans le Carré, haut lieu de la vie festive liégeoise. Permettez-moi de vous livrer mon témoignage nocturne. Cela soulagera mon choc et me permettra de noter les principaux moments de l'acte de violence que j'ai vu, au cas où, demain, lorsque la sobriété aura repris place, divers éléments auraient quitté mon cerveau. Je venais de fêter le mariage d'un ami dans le Carré et je me dirigeais tranquillement, sous l'effet de substances licites et illicites, vers mon véhicule parqué à quatre cent mètres, près des Chiroux. J'étais rentré dans le piétonnier et j'entendais, au loin, de nerveux crissements de pneu. Soudain, un homme surgit de la gauche, cinquante mètres devant moi. Il cavalait. Fuyait en réalité. Dix mètres plus loin, deux individus le poursuivaient. Cinq secondes plus tard, les bruits de pneu faisaient place au véhicule émèteur, rapide comme un éclair. Ca gueulait dans la rue. Des passants s'applatirent contre les murs pour éviter l'auto. Je vis le véhicule foncer droit vers le fugitif et freiner en manquant de l'écraser contre le mur. J'étais à cinquante mètres. Je ne savais que faire. Devais-je poursuivre mon chemin, quitte à passer à trois mètres de ces individus peu commodes? En face, deux types étaient sortis de la bagnole et se bousculaient avec la proie. J'avançais progressivement, d'un pas prudent. Les passants avaient vite fuit. Tiens? Les malabars trainaient le malheureux vers la voiture! Peut-être était-ce des flics en civil procédant à l'arrestation d'un criminel? Je n'osais pas trop regarder. Lorsque j'arrivai à la hauteur de la voiture, ils le trainaient encore, mais on entendait des cris "non! Non!" Je vis des visages pâles mais étrangers. Peut-être Albanais. Et, à ce moment, je me dis: "Merde, j'ai oublié de regarder la plaque. Je vais devoir me retourner." Ce que je fis discrètement avant de la noter dans mon GSM. Il y avait certainement des cris qui résonnaient encore dans la rue, mais je ne les entendais plus: je me concentrais pour retenir les six données à sauvegarder. A trente mètres, un couple de quinquas discutaient, outrés, de ce qu'ils voyaient. Ils avaient failli se faire écraser par la voiture et regrettaient de n'avoir pu intervenir, faute de forces. Brusquement, un cri déchira l'atmosphère. Nous nous retournâmes. Ils étaient tous dans la voiture. Le cri, inhumain, douloureux, violent, se poursuivait lentement. Le couple avait fait demi-tour pour revenir, pas à pas, vers la voiture. J'adoptai, un peu en retrait, la même voie. Il faisait de nouveau silence. Puis, un type quitta la porte arrière pour se diriger vers la place du mort. Je crus entendre de sa bouche: "Il est mort." Était-ce un constat présent ou futur? Je l'ignorais. La voiture finit par démarrer en trombe; le couple nota la plaque en vitesse. Et les quelques figurants se dispersèrent. J'ignore comment j'aurais réagi si j'étais armé. Par contre, je pense que ma réaction face à cet événement fut la bonne, si l'on tient compte de la situation en question (individus "malades", prêts à tout pour crever un type, quitte à écraser des passants, donc à aller très loin au cas où une personne venait leur faire une leçon de morale).
Librekom Posté 13 mai 2007 Signaler Posté 13 mai 2007 je t'ai envoyé un mp Si j'avais assisté à une telle scène, j'aurais les "non" qui résoneraient dans ma tête. j'espère pour toi que tu trouvera le sommeil et que le choc sera légé, je ne sais pas trop comment je gérerai mes émotions à ta place.
Fredo Posté 13 mai 2007 Signaler Posté 13 mai 2007 En tout cas c'est très bien que tu en parles tout de suite. Un débriefing dans les heures, voire le lendemain, est très important pour prévenir un stress post-traumatique. Il se peut que tu aies des pensées parasites ou un sommeil perturbé de temps en temps dans les semaines à venir. C'est une réaction tout à fait normale et saine, et cela rentre dans l'ordre au bout d'un mois, un mois et demi, en moyenne.
h16 Posté 13 mai 2007 Signaler Posté 13 mai 2007 Si tu avais été armé, il aurait fallu te servir de ton arme, quitte à tuer. Aurais-tu été prêt ?
Wali Posté 13 mai 2007 Auteur Signaler Posté 13 mai 2007 Si tu avais été armé, il aurait fallu te servir de ton arme, quitte à tuer. Aurais-tu été prêt ? A priori, non. Ils auraient été trois contre un et ma peau aurait été criblée de balles avant que je n'en tue deux. Sauf si, bien sûr, les autres passants venaient à dégainer également. Mais reste la question: est-ce qu'une telle scène se produirait seulement, dans les mêmes conditions (devant passants, dans une ruelle encore un peu traversée le soir) et au même endroit (à cinquante mètres de la plus grosse bibliothèque de la ville), dans un monde où les armes seraient en vente libre? N.B. Merci également à librekom et à Fredo pour leur message.
h16 Posté 13 mai 2007 Signaler Posté 13 mai 2007 Mais reste la question: est-ce qu'une telle scène se produirait seulement, dans les mêmes conditions (devant passants, dans une ruelle encore un peu traversée le soir) et au même endroit (à cinquante mètres de la plus grosse bibliothèque de la ville), dans un monde où les armes seraient en vente libre? On peut supposer que non, encore que l'action irréfléchie d'un groupe d'abrutis épais n'est pas à écarter. L'issue aurait probablement été différente, en tout cas.
LaFéeC Posté 13 mai 2007 Signaler Posté 13 mai 2007 N'empeche que je te souhaite bon courage, la violence (les violences) sont difficiles à vivre.
Harald Posté 23 mai 2007 Signaler Posté 23 mai 2007 Tu as fait la seule chose à faire compte tenu de tes moyens au moment des faits. Ce qui est déjà beaucoup, compte tenu du fait que ceux qui ont ce réflexe sont somme toute assez peu nombreux en fait. Les héros, on ne les trouve que dans les films ou dans les cimetières. Relever une immatriculation, le type et la couleur du véhicule, ça peut faire la différence dans une enquête. Après, au calme, lorsque l'on se repasse mentalement le film des évènements des informations reviennent: nombre de types, taille approximative, typés ou pas, avec ou sans accent, direction de fuite, etc. Il faut être clair, intervenir sur ce genre d'évènement cela demande énormément de sang-froid. Même armé, il faut avoir été entraîné à gérer le stress que provoque ce genre d'exercice et ce n'est pas à la portée de tout le monde. Maintenant, je te conseille d'aller voir un psy, histoire de pouvoir évacuer le trop plein d'émotions et de gérer le stress. C'est beaucoup plus important qu'on ne le croit. Il n'y a aucune honte à reconnaître que ce genre d'évènement n'est pas facile à vivre et cela permet surtout d'éviter qu'une culpabilité qui n'a pas lieu d'être s'installe.
alex6 Posté 23 mai 2007 Signaler Posté 23 mai 2007 Il n'y a aucune honte à reconnaître que ce genre d'évènement n'est pas facile à vivre et cela permet surtout d'éviter qu'une culpabilité qui n'a pas lieu d'être s'installe. Clairement, en parler surtout et ne pas garder ca pour soi. Bon courage en tout cas
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