Punu Posté 21 août 2007 Signaler Posté 21 août 2007 Un bouquin qui semble intéressant à certains points de vue. http://www.lire.fr/entretien.asp/idC=51489…4/idR=201/idG=8 Napoléon a aussi tablé sur des expéditions qui, loin de rapporter des trésors, ont tourné au fiasco: la campagne d'Egypte, le trafic de piastres, l'expédition de Saint-Domingue. Trois chimères qui trahissent la conception périmée que se fait Napoléon de l'économie? P.B. Féru d'histoire, Napoléon tend à reproduire d'anciennes recettes: l'exploitation des pays conquis à la romaine, l'or des Amériques à l'exemple de l'Espagne impériale, les colonies comme à leur apogée sous Louis XVI. Puissance émergente, l'Angleterre s'ouvre à la modernité. Sa monnaie commence à ne plus être métallique. L'économie industrielle démarre. La mondialisation des échanges s'accroît. Elle modernise sa fiscalité: instauré par Pitt, l'impôt sur le revenu remonte à 1799. Il y a une population que Napoléon se garde d'indisposer, c'est celle des 300 000 rentiers. Il décide de les payer en numéraire! P.B. A cette époque-là, on conçoit des budgets politiques. Napoléon raisonne par clientèles. Pour la population française, c'est un général corse dont on sait peu de chose, sinon qu'il a remporté des victoires, et dont on se demande jusqu'où il peut aller. Il doit fidéliser les Français, spécialement les rentiers qui n'ont plus été payés depuis dix ans! S'il les paye, il prend l'avantage. En entreprenant des travaux dans toute la France pour rétablir les communications et témoigner de l'action publique, il montre qu'il est l'auteur d'un véritable changement. Napoléon devait démontrer qu'il agissait dans le bon sens. Au fur et à mesure des plébiscites, les participations et sa popularité progressent. D'autant que s'il rétablit le système fiscal il ne cherche pas à le durcir. Il n'augmente pas la pression fiscale, mais il fait hâter le recouvrement. Il incite même les départements à rivaliser: lequel recouvre l'impôt dans le meilleur délai? P.B. Il était prévu que le département le plus prompt à faire acquitter les contributions donnerait son nom à une place de Paris. Ce sera la place des Vosges. Napoléon a déployé sur le territoire une armée fiscale centralisée. Elle obéit à une direction pyramidale - un directeur général, 99 directeurs départementaux, 840 inspecteurs et contrôleurs à partir de 1800 - qui rend des comptes. Les agents des impôts sont très bien rémunérés. Cette administration assure le minimum vital à l'Etat. Elle jouit d'un droit exorbitant: celui de dresser les amendes et d'en exiger l'exécution sans délai; au contribuable de contester par la suite. Parmi les «masses de granit» voulues par le Premier consul pour stabiliser la situation financière figure le franc Germinal. Il a pourtant été médiocrement accueilli. Pourquoi? P.B. Le calcul en francs a été décrété par la Convention, mais la pièce de 5 francs, dite franc Germinal, a été frappée par le Consulat. Jusque-là, les Français comptaient en livres et payaient en écus d'argent ou en louis d'or. Le mérite du franc Germinal est d'être une monnaie de compte et de règlement. Mais, frappée à l'effigie du Premier consul, elle rencontre une méfiance d'autant plus tenace qu'elle émane d'un régime dont nul ne sait s'il durera. Quelle sera sa valeur s'il est renversé et que lui succède un autre régime? Et puis il y a sa connotation politique, qui heurte les républicains et les royalistes. On a retrouvé beaucoup de pièces avec une entaille au niveau du cou: le message des révolutionnaires réclamant la tête de Bonaparte. Les provinces du Sud restées royalistes préféraient les vieux louis. Le franc Germinal n'a pas subi de grave dépréciation, parce que l'Etat est présent partout, mais il est vrai qu'il tardera à s'imposer. Dans l'entourage de Napoléon, qui l'aide le plus à moderniser les finances? P.B. Gaudin, son ministre des Finances du 18 Brumaire à 1814, et Mollien, qui succède à Barbé-Marbois au Trésor public. Mollien a des conceptions économiques. Il est admiratif de l'Angleterre - secrètement, car il écrit le contraire à Napoléon. Gaudin et Mollien ont le profil des hommes de l'Ancien Régime. Avertis des défauts des systèmes financiers précédents, ils ont une ouverture d'esprit qui leur fait intégrer les apports de la Révolution. Son apport tient-il moins à sa créativité qu'à sa fermeté? P.B. Il veut des mesures utiles, qui ne soient pas néfastes politiquement. Gaudin raisonne en financier. Si Napoléon n'était pas si profondément pénétré de ce sens politique, il donnerait plus souvent raison à son ministre des Finances. On se représente à quel débat intérieur cela donnait lieu. Y participe tout son entourage. Y a-t-il un lien entre son art de la guerre et sa gestion des finances? P.B. Oui, parce que le militaire avait besoin d'états de ses effectifs. Cet usage, il l'a appliqué aux finances. Sur quels fonds peut-il compter? De quelle nature? Quand? Le premier trait du génie militaire de Napoléon: la rapidité de la capacité opérationnelle. Il faut pouvoir se déplacer très rapidement et dans un schéma stratégique. La bataille est la conclusion de ce schéma. Napoléon n'a-t-il pas une conception périmée de l'économie mais moderne de la guerre? P.B. Il privilégie la guerre de mouvement. Il faut se retrouver sur le champ de bataille en supériorité par rapport à l'ennemi pour permettre à une unité de déborder l'adversaire sur le point le plus faible. Il connaît les impondérables, comme la météo. Il sait y réagir. Napoléon s'appuie sur la topographie. Il s'inquiète de la largeur des ponts. Quel temps mettra telle division à franchir le fleuve? Sur l'économie, il faut souligner à sa décharge que son entourage ne comprenait pas ce qui était en train de se passer. L'apparition de la révolution industrielle, l'essor d'une monnaie-papier qui commence à se déconnecter du métal, la mondialisation des échanges, tout cela est très neuf. Quelle est la conception de l'Angleterre? P.B. Quand la France napoléonienne cherche à imposer l'économie par la loi, l'Angleterre adhère à la logique du contrat. Son oligarchie raisonne ainsi: si l'Etat réussit, il nous ouvrira partout des commerces; finançons l'Etat; en contrepartie, il lèvera les barrières douanières et nous occuperons de nouveaux marchés. Il y a une autre donnée que Napoléon ne perçoit pas. Lui qui possède les places financières de l'Europe continentale - Amsterdam, Genève, Gênes, Paris -, il n'est pas capable de lever le moindre emprunt public! Courir le risque d'un échec lui est intolérable. Le monde de la finance joue son jeu, à Londres et à Paris, mais il préfère l'Angleterre, qui lui assure le secret des transactions - alors que le régime napoléonien veut savoir d'où vient et où va l'argent. De plus, chaque fois que la France étend son empire, la noblesse du pays conquis en paye le prix. Les grandes familles d'Europe ont donc rapatrié leur fortune en Angleterre. Londres capte les capitaux. On entre dans un conflit d'une tout autre échelle que ceux de l'Ancien Régime, dont l'ampleur financière préfigure celle de la Première Guerre mondiale. C'est parce qu'ils ont contrôlé leur dette et payé ce qu'ils devaient que les Anglais ont toujours eu la confiance. L'île est trois fois moins peuplée que la France. Elle relève les impôts pour payer la dette. C'est ainsi qu'elle bâtit son crédit, au prix d'une pression fiscale qui est trois à quatre fois supérieure à celle qui pèse en France. Votre thèse est que Napoléon a perdu face à l'Angleterre parce que l'argent lui a manqué? P.B. Oui! Ce n'est pas parce que l'Angleterre est une île qu'elle devait avoir une flotte très puissante, qu'elle pouvait financer une partie des alliés et des corps expéditionnaires. C'est parce qu'elle a pu réunir des capitaux et des moyens considérables.
A.B. Posté 21 août 2007 Signaler Posté 21 août 2007 Pas un mot sur les taxes indirectes? La particularité de Napoléon a pourtant été de transférer une grande partie des impôts directs en diverses taxes indirectes moins visibles et moins pénibles à collecter.
vincponcet Posté 21 août 2007 Signaler Posté 21 août 2007 Pas un mot sur les taxes indirectes? La particularité de Napoléon a pourtant été de transférer une grande partie des impôts directs en diverses taxes indirectes moins visibles et moins pénibles à collecter. et l'établissement de la Banque de France comme monopole de l'émission de monnaie, en voilà une belle taxe invisible bien utile pour financer les guerres de conquêtes. et en plus, ça ne se collecte même pas.
Rincevent Posté 21 août 2007 Signaler Posté 21 août 2007 et l'établissement de la Banque de France comme monopole de l'émission de monnaie, […] Tu veux dire l'interdiction faite aux banques concurrentes de la banque familiale d'exercer leur métier sous la menace des canons de l'Etat ?
A.B. Posté 21 août 2007 Signaler Posté 21 août 2007 et l'établissement de la Banque de France comme monopole de l'émission de monnaie, en voilà une belle taxe invisible bien utile pour financer les guerres de conquêtes. et en plus, ça ne se collecte même pas. Pour le coup Napoléon a apporté un franc extremement stable et mis fin aux conneries des assignats.
h16 Posté 21 août 2007 Signaler Posté 21 août 2007 Pour moi, Napoléon, ce n'est pas une histoire d'argent, mais surtout d'or…
vincponcet Posté 21 août 2007 Signaler Posté 21 août 2007 Pour le coup Napoléon a apporté un franc extremement stable et mis fin aux conneries des assignats. oui, enfin, un monopole bancaire national, j'ai du mal à trouver ça bien. Ce n'est pas parce qu'un truc est bien que tout ce qui vient du bonhomme est bien. En cherchant bien, on doit pouvoir trouver un truc bien chez Staline ou Hitler, mais bon, ça ne change pas que tout ce qui est pourri reste pourri.
h16 Posté 21 août 2007 Signaler Posté 21 août 2007 Ce n'est pas parce qu'un truc est bien que tout ce qui vient du bonhomme est bien. Inversement, ce n'est pas parce que le bonhomme est un peu moisi que tout ce qu'il fait est systématiquement moisi. On n'est pas plus avancés.
vincponcet Posté 21 août 2007 Signaler Posté 21 août 2007 Inversement, ce n'est pas parce que le bonhomme est un peu moisi que tout ce qu'il fait est systématiquement moisi.On n'est pas plus avancés. oui, c'est que je disais donc le monopole d'émission de monnaie institué par napoléon est une infamie.
Copeau Posté 27 août 2007 Signaler Posté 27 août 2007 Même s'il a mis de fait un terme aux assignats (ce qui n'était pas à proprement parler son but ; son but était de créer un monopole entre ses mains pour émettre autant de monnaie qu'il en avait besoin dans ses guerres de conquête, je veux dire de cons-quête)
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