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Kasparov vs Poutine


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  Sous-Commandant Marco a dit :
Pour le coup, tu pousses un peu loin. Poutine est directement responsable de la mort de milliers de civils, en Tchétchénie. Alors évidemment, la polémique sur Anna Politkovskaïa (comme toi, je ne suis pas sûr que Poutine soit directement coupable ; c'est peut-être des officiers ou bien des alliés qui auront voulu plaire à leur tsar) est un peu ridicule en effet.

Personne n'avait plus à perdre de la mort de Politkovskaya que Poutine. C'était une totale inconnue avant de mourir. Est-ce vraiment trop simpliste de croire qu'elle a été assassiné par une des innombrables mafia sur lesquelles elle enquêtait?

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  Sous-Commandant Marco a dit :
Poutine ne vaut pas mieux que Bush ou ses ennemis, même s'il est doté de réalisme et d'autres qualités.

Stranger emploie d'ailleurs les mêmes armes rhétoriques que les néocons : si on n'aime pas Poutine, c'est par russophobie, de même que - bien évidemment - toute critique de Bush ne peut que se fonder sur un anti-américanisme viscéral…

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  Stranger a dit :
Personne n'avait plus à perdre de la mort de Politkovskaya que Poutine. C'était une totale inconnue avant de mourir. Est-ce vraiment trop simpliste de croire qu'elle a été assassiné par une des innombrables mafia sur lesquelles elle enquêtait?

Tu ne peux pas dire ça. D'abord, Politkovskaïa était appréciée des opposants, détestée des alliés du pouvoir (notamment par beaucoup d'officiers) et très connue en Occident, au moins parmi les journalistes et les milieux culturels. Les mafias sur lesquelles elle enquêtait étaient liées au pouvoir russe, parfois même à Poutine lui-même. Enfin, il est possible que le renforcement de son pouvoir ait rendu Poutine certain de son impunité. Ce n'est évidemment pas une preuve de sa culpabilité car, je le répète, on a tort de voir Poutine comme un dirigeant omnipotent. C'est plutôt un chef d'une mafia, l'ancien KGB, alliée avec d'autres mafias.

Cependant, on ne peut pas comparer Politkovskaïa ou Kasparov à Poutine. Il n'est peut-être pas responsable de la mort de Politkovskaïa mais sa vilénie ne fait pourtant aucun doute, propagande occidentale ou pas.

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  Stranger a dit :
J'en conclu le débat terminé. Kasparov est libre de retourner à ses clowneries et à être justement ignoré du peuple Russe qui goute à la vie libre pour la première fois.

Vous seriez plus crédible si vous disiez cela à Grozny ou dans la geôle de Khodorovski.

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  Stranger a dit :
Personne n'avait plus à perdre de la mort de Politkovskaya que Poutine. C'était une totale inconnue avant de mourir. Est-ce vraiment trop simpliste de croire qu'elle a été assassiné par une des innombrables mafia sur lesquelles elle enquêtait?

Je ne suis pas d'accord. Au milieu du XXème siècle et avant, les opposants au pouvoir des pays soumis aux dictatures étaient systématiquement enfermés, déportés, ou éliminés. Mais ça engendrait des externalités négatives pour les dictateurs: on se fait des ennemis, pression internationale, révolution, et compagnie. Les nouveaux dictateurs en ont tiré les leçons, et le guide de survie et de longévité du petit dictateur en territoire hostile s'est enrichi. Poutine fait partie de ceux qui ont compris qu'un journaliste qui a peur est plus utile qu'un journaliste qui meurt, alors tous les 6 mois, un an, ou deux ans, on fait un exemple. Politovskaia est probablement un de ces exemples. Elle était loin d'être une inconnue à l'époque dans le milieu du journalisme: elle avait déjà reçu des distinctions internationales pour son travail et était une opposante déclarée à la politique de Poutine, à tous les niveaux (Tchtechenie surtout).

D'autre part on ne parle que d'elle ou de Litvinenko, mais ils ne sont pas seuls à y être passé. Souvent dans le plus grand secret, il y a encore des gens disparaissent en Russie. Les affaires Politkovskaia et Litvinenko ne sont rien de plus que deux dossiers mal menés au milieu d'un nombre conséquent de dossiers bien menés par ces messieurs du FSB.

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  Stranger a dit :
Personne n'avait plus à perdre de la mort de Politkovskaya que Poutine. C'était une totale inconnue avant de mourir. Est-ce vraiment trop simpliste de croire qu'elle a été assassiné par une des innombrables mafia sur lesquelles elle enquêtait?

+1.

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  Mike a dit :
Je ne suis pas d'accord. Au milieu du XXème siècle et avant, les opposants au pouvoir des pays soumis aux dictatures étaient systématiquement enfermés, déportés, ou éliminés. Mais ça engendrait des externalités négatives pour les dictateurs: on se fait des ennemis, pression internationale, révolution, et compagnie. Les nouveaux dictateurs en ont tiré les leçons, et le guide de survie et de longévité du petit dictateur en territoire hostile s'est enrichi. Poutine fait partie de ceux qui ont compris qu'un journaliste qui a peur est plus utile qu'un journaliste qui meurt, alors tous les 6 mois, un an, ou deux ans, on fait un exemple. Politovskaia est probablement un de ces exemples. Elle était loin d'être une inconnue à l'époque dans le milieu du journalisme: elle avait déjà reçu des distinctions internationales pour son travail et était une opposante déclarée à la politique de Poutine, à tous les niveaux (Tchtechenie surtout).

Elle était une opposante déclarée qui n'avait strictement aucune importance en Russie et ne mettait aucunement en danger le pouvoir de Poutine, qui est fondé sur une véritable politique de reconstruction économique nationale qui a transformé le pays de fond en comble.

Il n'y a que les occidentaux qui accordent de l'importance à Politkovskaya, pareille comme Kasparov, et heureusement que le délire Litvinenko s'estompe. C'est comme si on blâmait l'assassinat de Michael Moore sur Bush.

  Citation
D'autre part on ne parle que d'elle ou de Litvinenko, mais ils ne sont pas seuls à y être passé. Souvent dans le plus grand secret, il y a encore des gens disparaissent en Russie. Les affaires Politkovskaia et Litvinenko ne sont rien de plus que deux dossiers mal menés au milieu d'un nombre conséquent de dossiers bien menés par ces messieurs du FSB.

Encore une fois des crimes qui n'ont rien à voir avec Poutine lui sont accordés sans preuves. C'est la répétition du mensonge pour en faire une vérité, une tactique classique de propagande politique.

Les journalistes mouraient en Russie bien avant Poutine, et même les journalistes pro-Poutine, tel Paul Klebnikov (dont personne ne veut en parler, il semble), se font assassiner au pied de leur appartement.

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  Stranger a dit :
[…] le pouvoir de Poutine, qui est fondé sur une véritable politique de reconstruction économique nationale qui a transformé le pays de fond en comble. […]

Et tu dis ça de manière admirative ? Hé, coco, on est sur Liberaux.org ici, pas sur NazBol.con !

Posté
  Rincevent a dit :
Et tu dis ça de manière admirative ? Hé, coco, on est sur Liberaux.org ici, pas sur NazBol.con !

Un détail quelque peu important qui démontre votre ignorance totale de la politique russe; le parti NazBol fait partie de la coalition Autre Russie de Kasparov.

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Stranger a parlé juste.

Quelqu’un comme Poutine, s’attirant la haine de tous ceux qui se déclarent plus ou moins socialiste en Russie, ne peut être foncièrement mauvais.

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Quelqu'un a-t-il regardé ce doc, "Le Système Poutine", diffusé hier soir?

Une enquête de fond sur les terrains historique, politique, stratégique et médiatique, basée sur les recoupements de nombreux témoignages et d'archives depuis 1990. Ce film développe la thèse, de façon convaincante, que Poutine a planifié de façon méthodique la prise de pouvoir en Russie par le KGB (fsb), en restaurant progressivement l'ancien système totalitaire, à partir de la prise de contrôle de la puissance économique détenue par l'oligarchie crée pendant les années Eltsine et d'un contrôle social tentaculaire. Il apparaît ainsi que la période de libéralisation ne fut que poudre aux yeux, brutalement reprise en main par ce que Poutine appelle "la dictature de la loi" et par un dirigisme économique sans faille.

Le film montre notamment comment Poutine a explicitement cherché à reconstituer l'empire soviétique, pour renverser la tendance historique qu'il considère comme le plus grand crime politique du XXè siècle, à savoir la liquidation de l'URSS par Eltsine. Il montre aussi au niveau international, les visées clairement expansionnistes et anti-occidentales de Poutine, sur les plans économiques et militaires, facilitées par la faiblesse des démocraties occidentales face à leur dépendance énergétique.

  Citation
Télérama - 29 novembre

Sur France 2, à 23h, un documentaire d'envergure décortique l'implacable "système Poutine". Ça fait froid dans le dos.

En 1999, le documentariste Jean-Michel Carré prépare à Moscou un long métrage de fiction, lorsque le chef des services secrets russes — un certain Vladimir Poutine — accède au poste de Premier ministre. « C'était le quatrième qu'Eltsine nommait en moins de deux ans. Un de plus, avant qu'un autre prenne sa place : voilà ce qui se disait à Moscou. Mais, en l'espace d'un mois, Poutine a déclenché la deuxième guerre de Tchétchénie, et il s'est révélé très différent de ses prédécesseurs. L'idée de lui consacrer un documentaire est née alors. »

Servi par une centaine d'entretiens réalisés sur une période de trois ans, Le Système Poutine, de Jean-Michel Carré et Jill Emery, décortique l'ascension politique et la méthode implacable de ce quasi-inconnu devenu le nouveau maître de la Russie. Un documentaire d'envergure sans véritable précédent. A croire que le président russe intimide les médias au-delà des frontières de la Fédération. « Traiter d'un personnage aussi insondable exige énormément de temps, explique Jill Emery, avec qui Jean-Michel Carré travaille depuis dix ans. Et puis Poutine a dupé tout le monde, en se pré­valant du succès de sa politique énergétique. Jusqu'à brouiller l'esprit critique de certains journalistes, qui lui ont consacré des reportages superficiels, voire complaisants. »

Si Le Système Poutine échappe à ces travers et s'imposera sans doute comme un portrait de référence, il le doit notamment au réseau de contacts qu'ont établi ses auteurs lors de leur précédente enquête — Koursk, un sous-marin en eaux troubles, diffusé en 2005 sur France 2. « Dans un pays où les services secrets sont plus puissants que jamais et où vingt-deux journalistes ont été tués depuis l'arrivée de Poutine au pouvoir, vos interlocuteurs hésitent à s'exprimer s'ils ne savent pas à qui ils ont affaire, relève Jean-­Michel Carré. Quand il est venu nous rencontrer à Moscou, le journaliste Andreï Babitski, célèbre pour avoir couvert les guerres de Tchétchénie et qui vit aujourd'hui à Prague, a été arrêté dès sa descente d'avion et retenu quinze heures par le FSB. Une façon comme une autre de lui dire : attention… »

Si les auteurs du documentaire se sont eux-mêmes montrés prudents, en prétendant travailler sur la société russe et en prenant soin d'envoyer par ­avion des copies de leurs rushes, au fur et à mesure, ils disent n'avoir subi aucune pression. « Les menaces sont plus insidieuses qu'au temps du KGB, explique Jean-Michel Carré. On vous laisse faire… jusqu'au jour où vos cassettes se perdent ou qu'un accident vous arrive. Dans les premières années, les attaques contre la presse étaient directes. Elles passent aujour-d'hui par le financement des médias et le contrôle des régies publicitaires. Echo de Moscou, seule radio ouverte aux opposants, est détenue majoritairement par le géant gazier Gazprom. Le jour où Poutine décide de la fermer, il peut le faire le plus légalement du monde. »

Bien sûr, certaines images d'archives ont été difficiles à obtenir, nécessitant jusqu'à un an d'obstination, relève Jill Emery, évoquant « celle de 1991, dans laquelle Poutine, alors en charge de la police de Saint-Pétersbourg, promet d'exécuter dix criminels pour chaque policier tué ». Pas question, pour autant, de voir dans la censure une spécificité russe. Aucune télé française n'ayant été autorisée à filmer la remise de la Légion d'honneur au président Pou­tine, c'est en Russie que Maria Oleneva, documentaliste de l'équipe, a dû en dénicher l'image. La politique d'intimidation du maître du Kremlin déteindrait-elle jusque dans nos médias ? Dénoncer le « système Poutine », c'est aussi mettre en cause le peu de réactions que lui opposent nos démocraties. Telle est l'une des vertus de ce précieux documentaire.

François Ekchajzer

Le Système Poutine, jeudi, 23h00, France 2

http://television.telerama.fr/television/2…me_de_glace.php

nb: Kasparov apparaît plusieurs fois dans ce film et son analyse de la situation, précise et pertinente, est celle d'un homme qui a toute sa tête.

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  walter-rebuttand a dit :
Quid de la Tchétchénie?

Pas besoin.

Stranger, qui joue aux grands spécialistes de la Russie poutinienne, devrait savoir que l'économie n'est pas aussi costaude qu'il le dit (nationalisations de plus en plus nombreuses, inflation incontrôlable: http://www.forbes.com/facesscan/2007/10/18…acescan02.html).

Donc, il ferait mieux de se renseigner ou d'être un peu plus objectif sur son idole plutôt que de raconter n'importe quoi (et ce conseil vaut aussi pour Timur).

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  free jazz a dit :
Quelqu'un a-t-il regardé ce doc, "Le Système Poutine", diffusé hier soir?

Je l'ai aussi regardé.

Un autre point est son islamophobie rabique : répondant à un journaliste français qui, lors d'une conférence de presse internationale, l'interrogeait sur les crimes de l'armée russe en Tchétchénie, il a très élégamment répondu : "Si les islamistes vous plaisent tant, venez chez nous vous faire circoncire. Il y a de très bons spécialistes qui s'en occupent."

Propos gerbants dignes du Stürmer.

Posté
  free jazz a dit :
Quelqu'un a-t-il regardé ce doc, "Le Système Poutine", diffusé hier soir?

Une enquête de fond sur les terrains historique, politique, stratégique et médiatique, basée sur les recoupements de nombreux témoignages et d'archives depuis 1990. Ce film développe la thèse, de façon convaincante, que Poutine a planifié de façon méthodique la prise de pouvoir en Russie par le KGB (fsb), en restaurant progressivement l'ancien système totalitaire, à partir de la prise de contrôle de la puissance économique détenue par l'oligarchie crée pendant les années Eltsine et d'un contrôle social tentaculaire. Il apparaît ainsi que la période de libéralisation ne fut que poudre aux yeux, brutalement reprise en main par ce que Poutine appelle "la dictature de la loi" et par un dirigisme économique sans faille.

Le film montre notamment comment Poutine a explicitement cherché à reconstituer l'empire soviétique, pour renverser la tendance historique qu'il considère comme le plus grand crime politique du XXè siècle, à savoir la liquidation de l'URSS par Eltsine. Il montre aussi au niveau international, les visées clairement expansionnistes et anti-occidentales de Poutine, sur les plans économiques et militaires, facilitées par la faiblesse des démocraties occidentales face à leur dépendance énergétique.

La rumeur serait que le KGB avait déjà planifié de trahir le parti communiste dès les années 80 et d'installer un des leurs au pouvoir. En soi, ce n'est pas une très grande surprise. Dans le système soviétique, les meilleurs entraient au KGB. C'était en quelque sort leur ENA.

Pour la reconstitution de l'empire soviétique, il n'y a pas de quoi frémir, compte tenu la trahison des occidentaux envers la bonne volonté des Russes.

  Roniberal a dit :
Pas besoin.

Stranger, qui joue aux grands spécialistes de la Russie poutinienne, devrait savoir que l'économie n'est pas aussi costaude qu'il le dit (nationalisations de plus en plus nombreuses, inflation incontrôlable: http://www.forbes.com/facesscan/2007/10/18…acescan02.html).

Donc, il ferait mieux de se renseigner ou d'être un peu plus objectif sur son idole plutôt que de raconter n'importe quoi (et ce conseil vaut aussi pour Timur).

80% de l'électorat ne ment pas au sujet de l'inflation. 8.5% est comparable au taux réel d'inflation en occident.

Invité jabial
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Bon. Après consultation des modos, Stanger se prend un second averto et donc un mois de suspension des droits d'écriture pour les motifs suivants :

- apologie des méthodes autoritaires de gouvernement

- négation de crimes d'Etat

- refus d'obtempérer à la modération

Espérons que son mois d'absence lui permettra de réfléchir et d'éviter l'exclusion définitive.

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http://www.letemps.ch/template/opinions.as…;article=220468

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Les nouvelles brigades du Kremlin

Quatre mouvements de jeunesse «patriotiques» s'activent au service du pouvoir en cette période préélectorale russe. Discours et méthode rappellent la propagande soviétique des années 1920.

Marie Jégo, Moscou , Le Monde

Vendredi 30 novembre 2007

Aucun panneau n'indique que l'immeuble du 4, rue Iamskovo-Polia, au centre de Moscou, est bien le quartier général des Nachi («Les Nôtres» en français), l'organisation de la jeunesse pro-Poutine. Mais, dès l'entrée, il y a un parfum de discipline qui ne trompe pas: «Interdit de pénétrer sans les insignes spécifiques», dit une affichette collée sur la porte. Le concierge aboie la consigne aux nouveaux entrants. Le sésame finit par s'ouvrir. A l'intérieur, l'ambiance est fébrile en cette veille d'élections – législatives le 2 décembre, présidentielle en mars 2008.

Spécialistes des actions de masse dignes de l'époque de l'agit-prop – la propagande soviétique des années 1920 – les Nachi ne sortent que pour les grandes occasions. Le 7 octobre, ils étaient 10000, vêtus à l'identique, sous les fenêtres du Kremlin, pour souhaiter un joyeux anniversaire au président Vladimir Poutine. En cette période préélectorale, ils déferlent dans les rues, les écoles, les universités, pour rappeler aux électeurs de voter pour Russie unie, le parti du pouvoir.

Leur mission est double: soutenir le président et, plus important, empêcher le déclenchement en Russie d'une «révolution de couleur» comme celles qui, en 2003 et 2004, ont fait basculer la Géorgie puis l'Ukraine hors de l'orbite de Moscou. C'est dans ce but que l'organisation, financée par le Kremlin, a vu le jour en 2005. Sa rhétorique «patriotique» et anti-occidentale a tellement séduit qu'elle revendique aujourd'hui 100000 adhérents, dix fois plus qu'au moment de sa création.

Rencontre au QG avec Roman, 25ans. L'allure résolument occidentale, avec ses baskets, son jean et son portable, il n'a pas les mêmes préoccupations qu'un jeune de la banlieue de Paris, de Madrid ou de Berlin. Il se dit «patriote». Le concept, très en vogue dans la Russie actuelle, est ressassé dans le manifeste du mouvement, un livre de 89pages que les militants doivent connaître sur le bout des doigts pour réussir l'examen d'entrée.

«La jeunesse russe est devenue vraiment patriotique», dit le livre, à la couverture rouge. D'ailleurs, «les jeunes Russes prêts à se battre pour la patrie les armes à la main sont bien plus nombreux que les jeunes Européens», y est-il écrit. Pour Roman, l'ennemi public numéro un est Garry Kasparov, l'ancien champion du monde d'échecs condamné samedi dernier à cinq jours de prison pour participation à une marche illégale à Moscou et aujourd'hui à la tête de l'Autre Russie, la principale formation d'opposition à Vladimir Poutine. «Les fascistes Kasparov et Limonov – Edouard Limonov, l'autre chef de file de l'Autre Russie – veulent chasser le pouvoir actuel pour instaurer quelque chose de plus américain», accuse Roman.

«Ce Kasparov! Comment peut-il se dire patriote alors qu'il a un passeport américain? Les organisations comme la sienne sont financées par les Etats-Unis. Or la Russie est un concurrent de ce pays», renchérit Galia, assise à côté de lui. Militante chez les Nachi depuis deux ans, Galia, 23ans, a le grade de «commissaire». Dans la hiérarchie «nachiste», cela correspond au deuxième rang, sur les quatre que compte l'organigramme.

Pour devenir «commissaire», il faut avoir pris part à deux «Seliguer» – le camp éducatif organisé chaque été sur les bords du lac du même nom dans la région de Tver, à 400kilomètres au nord-ouest de Moscou. Il faut aussi avoir les huit certificats délivrés par l'Ecole supérieure de gestion (VchOu), qui est celle des Nachi. Parmi les matières enseignées figurent la géopolitique, l'histoire de la Russie et la «psychologie des manipulations de masse».

Galia est originaire d'Ivanovo, une région textile sinistrée économiquement en Russie centrale. Il y a trois mois, elle a quitté la firme touristique où elle travaillait pour être «à 100% dans le mouvement». Elle espère des possibilités de carrière. Admirative, elle rappelle que certains «NOM» (acronyme de «Manager orienté nationalement»), le grade ultime dans l'organisation, ont trouvé à se placer chez Gazprom ou au gouvernement.

Organiser des collectes de sang, rendre hommage aux vétérans de la «grande guerre patriotique» (1941-1945), empêcher les réunions de l'opposition, placer des observateurs dans chaque bureau de vote: telles sont les tâches des Nachi. L'organisation a aussi sa propre police, baptisée DMD (milice volontaire de la jeunesse), qui aide la police à patrouiller les quartiers à fort taux de criminalité. Elle n'est pas la seule. Les Mestnye («Les Locaux»), une autre organisation de la jeunesse poutinienne, a récemment prêté main-forte à la police pour débusquer les étrangers illégaux sur le marché Iaroslavski de Moscou.

Véritables bataillons idéologiques au service du Kremlin, les quatre mouvements de la jeunesse poutinienne (Nachi, Mestnye, Molodaïa Gvardia, Rossiia Molodaïa) ne ménagent pas leur soutien à la politique officielle. La mobilisation contre les ennemis internes et externes de la Russie est une des grandes lignes de leur action. En 2006, alors que Londres refusait pour la énième fois d'extrader l'oligarque disgracié Boris Berezovski, les Nachi ont harcelé des mois durant l'ambassadeur britannique Tony Brenton, qu'ils suivaient dans tous ses déplacements.

En pleine crise russo-géorgienne, à l'automne 2006, ils ont jeté une tête de veau dans les locaux de l'ambassade de Géorgie à Moscou. Ce printemps, au plus fort de la querelle russo-estonienne autour du déplacement d'une statue à la gloire de l'armée soviétique, les Nachi ont fait le siège de l'ambassade d'Estonie à Moscou, agressant verbalement l'ambassadrice et brisant le drapeau de sa voiture officielle.

Tout récemment, Molodaïa Gvardia («La Jeune Garde»), le mouvement de jeunesse du parti Russie unie, a ouvert en province (à Vladimir, Briansk, Oulianovsk, Vladivostok) des centres de tir aux fléchettes ou à la peinture. Les cibles: les portraits de Garry Kasparov, d'Oussama Ben Laden et du premier ministre estonien, Andrus Ansip, qualifié de «fasciste» :icon_up: . Supposée permettre aux jeunes d'«évacuer leur haine envers les ennemis de la Russie», l'action s'intitule «Vote avec ton fusil!».

Kirill, 20 ans, partisan de Molodaïa Gvardia, ne voit pas «où est le mal, dès lors que l'on ne tire pas à balles réelles». Il milite aux côtés de Dmitri, un copain du même âge, étudiant comme lui. Tous deux partagent la même admiration pour Vladimir Poutine. Décidé à faire carrière dans la politique, Dmitri espère se faire élire sur les listes de Russie unie aux municipales de 2008 dans le quartier moscovite de l'Arbat. Avant, il lui faudra gravir les échelons de l'organisation, forte de 70000 membres, selon ses dirigeants.

Ces jours-ci, les deux amis s'entraînent, avec des milliers d'autres, à occuper les places publiques du centre-ville de Moscou afin d'empêcher l'opposition d'en faire autant le 2 décembre, jour du scrutin. «C'est nous qui serons dans la rue!», plastronnent-ils. Ils seront aussi dans les bureaux de vote pour distribuer des places de cinéma aux étudiants venus voter. Leur conception de la politique est typique de la société russe du moment. Pour eux, tout est affaire de manipulation: «Vous pensez sans doute que le peuple choisit! Mais il est tout à fait possible de diriger ses opinions», disent-ils.

Ils peuvent compter sur le soutien du Kremlin. Poutine en personne le leur a dit, en les recevant dans sa résidence d'été de Zavidovo le 24 juillet. Sur les 58 jeunes conviés, 42 étaient des «commissaires» du mouvement Nachi. Le président les a invités à prendre une part plus active en politique. Le Kremlin met la main à la poche. En novembre, le mouvement a reçu 10millions de roubles (plus de 450000 francs) pour financer son futur camp d'été. En 2007, 10000 jeunes ont pris part au camp «éducatif». En 2008, les Nachi misent sur 50000 participants.

Forums, actions de masse, lectures en plein air sont au menu de cette formation champêtre. Cette année, le thème central était celui de la démographie. En Russie, elle est chancelante (142,4millions d'habitants, contre 150millions en 1991). Des invités de marque, les vice-premiers ministres Dmitri Medvedev et Sergueï Ivanov, sont venus y faire un saut, vêtus pour l'occasion de maillots de corps avec un slogan appelant les femmes à procréer. C'est alors que le string, symbole de la contre-révolution, a été désigné à la vindicte populaire par les chefs du mouvement: emblème de la perversion occidentale, le string menace la démographie car, générateur de maladies, il met en péril la fertilité des femmes russes, selon les Nachi. Il devenait urgent de s'en débarrasser. Au cours d'une grande action de masse, des centaines de jeunes ont troqué leurs cache-sexe contre des culottes et des caleçons traditionnels.

Les jeunes Russes qui militent au sein de ces mouvements se préparent à devenir l'élite de demain, «l'avant-garde de la modernisation du pays», disent-ils. Une élite de «clones» habillés de la même manière et dont le discours ne diffère jamais d'un iota. La haine de l'Occident, soupçonné de vouloir mettre la Russie à genoux pour piller ses richesses, est prégnante. Leur vision géopolitique tient en une notion: la Russie, située au cœur stratégique du grand continent («heartland»), doit dominer. «Celui qui contrôle cette place forte géographique est voué à contrôler le monde», explique le petit livre rouge que des milliers de Nachi apprennent par cœur.

Pas très rassurant tout ça…

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Pas lu le fil mais puisque nous en sommes aux démocraties qui ont glissé vers un système de parti unique, j'aimerais bien voir beaucoup plus de foin fait sur Mbeki et l'ANC.

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Russia's parliamentary election

United to win

Nov 29th 2007

From The Economist print edition

The election this weekend will be neither free nor fair, and the West should say as much

AN ELECTION, as the word implies, must offer a choice. Yet there is no real choice for voters among candidates for the Russian parliament on December 2nd. So this is not a genuine election, and its results will be largely meaningless. Thanks to arbitrary rule changes, the state's monopoly grip on the broadcast media and the harassment and arrest of even insignificant groups of protesting opponents, United Russia, the pro-Kremlin party with President Vladimir Putin now at its head, will win by a mile. The Communist Party will gain a handful of seats, for old time's sake. Perhaps one other party will also be helped over the 7% threshold for representation.

This is not democracy; it is politics as tragi-comic farce, and it should be recognised as such. The Organisation for Security and Co-operation in Europe (OSCE) was right to respond to Russia's attempt to slash the number of election monitors that it would admit, from over 400 in 2003 to only 70 this time, by refusing to send any observers at all. It would have been better had parliamentarians from the OSCE and the Council of Europe decided, similarly, not to go. In the present climate of brutality towards any opposition, there is no chance whatever of this election (or, indeed, the presidential election due in early March) being conducted in a free and fair way. The despatch of any international observers risks being exploited by Moscow to lay a false veneer of credibility over a sham.

The strangest thing about the Kremlin's heavy-handed behaviour is that it is to a great extent unnecessary. Polling evidence in today's Russia is hardly reliable, but all the signs are that Mr Putin is genuinely popular with ordinary voters. The Russian people like the apparent stability and rising living standards that they have enjoyed over the past eight oil-fat years. They care little for the liberal opposition, which they associate with the chaos, poverty and oligarch-creating 1990s under Boris Yeltsin. Most Russians want Mr Putin to stay on as president when his second and (under the constitution) final term as president is up next March.

And here lies the explanation for much of the Kremlin's recent behaviour. What has been going on in Russia, both in the parliamentary election and beyond, is not a popular political contest but a factional struggle over how Mr Putin can best retain his grip on power, and who should be his ostensible successor. As ever, Moscow is full of gossip and rumours about the answers. At this stage it is unwise to rule anything out, although it seems unlikely that Mr Putin will now change the constitution to allow himself a third term. More plausible is the notion that he may become prime minister, and install a yes-man as president (perhaps his most recent choice as prime minister, Viktor Zubkov) before finding some way of taking back the top job for himself (see article).

Do not exit, pursued by a bear

The dangerous uncertainty that always accompanies a transfer of power in the sort of autocracy Russia is becoming does much to explain why the government's rhetoric has taken such a markedly anti-Western turn. Mr Putin has angrily denounced his opponents for taking “foreign” money. He has accused the West of blatantly interfering in the election. Even more ludicrously, this week he blamed the Americans for the OSCE's decision not to send election monitors, claiming that it was a plot to discredit the poll. In truth, attacking foreigners is just an easy way to stir up nationalist support.

How should the West respond to all this? Any answer should begin by accepting that the West's influence on Russian internal politics is likely always to be small. In any case realpolitik points towards some political engagement with Russia, however distasteful its government may be. Russia will continue to play a big role on the international stage over such topical issues as arms control, Iran, North Korea and Kosovo—besides being Europe's most important supplier of energy.

Yet it would be wrong to see the West's lack of influence and the need to talk to Russia as reasons to say and do nothing about its march towards autocracy. Appeasing Russian leaders in the past eight years has not made them more accommodating of Western interests. Moreover, for all his foreigner-bashing, Mr Putin has shown that he craves international respectability.

He should no longer get it. Western political leaders must not hesitate to condemn the conduct of this weekend's election. They should exclude “elected” Russian deputies from the Council of Europe's parliamentary assembly, a supposedly democratic club. And it is surely time to reconsider Russia's membership of the G8 club of rich democracies. Failure to denounce this weekend's sham election would serve only to discredit the West and dishearten those brave Russians who still hope for a democratic future.

http://www.economist.com/opinion/displayst…ory_id=10215005

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  Nick de Cusa a dit :
Pas lu le fil mais puisque nous en sommes aux démocraties qui ont glissé vers un système de parti unique, j'aimerais bien voir beaucoup plus de foin fait sur Mbeki et l'ANC.

Mbeki, celui qui dit que le SIDA est un mythe inventé par les Blancs les Occidentaux pour enrayer le développement des pauvres Africains ?

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Russia's election

Putin's phoney election

Nov 29th 2007 | MOSCOW AND TVER

From The Economist print edition

What lies behind this weekend's sham parliamentary election

“MARIA”, a teacher in Tver, near Moscow, felt ashamed when she told her 15-year-old pupils to join a rally in support of President Vladimir Putin before this weekend's parliamentary election. The order came from the local administration, staffed by members of the pro-Kremlin United Russia party. “I would not have lost my life or even my job if I had not followed the order. But I felt I could not refuse it, perhaps because I am not a free person. Ten years ago I would have told you my real name,” she sighs. Her pupils were given Russian flags to wave, but the sound system was so bad they could not hear the speeches. It was not until later that they learnt from television that they had joined in an “outburst of patriotic feeling”.

Tver was chosen because it is the land of Mr Putin's forebears, but similar “voluntary” demonstrations have been staged all over Russia. A local theatre in Tver hosted a council of pro-Putin groups. Anyone who is for Mr Putin is for United Russia, they decreed. Or, to put it the other way round, anyone who is against United Russia is against Mr Putin. When the president decided to head United Russia's party list, its poll rating jumped from 50% to 63%.

Yet Mr Putin is not even a member of United Russia. The party is no more than a vehicle. If the advertising banners hung across streets in every Russian town are a guide, most of the country will vote for their president on December 2nd, even though he is not up for election. Indeed, the exercise is not really an election at all. It is not about political competition and does not have fair rules. It is about confirming that power in Russia lies with Mr Putin, who has presided over an oil-driven bonanza for his country.

Only candidates approved by the Kremlin are allowed to take part. Besides United Russia, which could secure 70% of the vote, these include the toothless Communist Party (which may get 12%) and the Liberal Democratic Party, a clownish far-right party set up in the late 1980s with the help of the KGB. (Its party list includes Andrei Lugovoi, the ex-KGB officer accused of poisoning his former colleague, Alexander Litvinenko, in London last year.)

The results were fixed months ago, when the Kremlin changed the rules. To keep the opposition out of parliament, the Kremlin raised the threshold for seats to 7%, and banned small parties from forming coalitions to meet this requirement. The minimum turnout rule was abolished, as was the option to vote against all candidates. Regional parties and single-mandate seats that let in independent deputies were scrapped. Opposition leaders have been harassed or arrested and their financing blocked. Television has given blanket coverage to United Russia and dished dirt on all opposition. This propaganda has been so effective that, despite United Russia's refusal to participate in TV debates, 8% of viewers believe they have seen it win them. The opposition Union of Right Forces (SPS) has not been allowed to air an advertisement warning the country against a return to the Soviet past.

Why have a people used to Soviet elections, when they had only one candidate, found the Kremlin's machinations so palatable? One reason is that Russian economic growth, sparked by the privatisations of the 1990s and kept going by the oil-price boom, has brought rising living standards and a new sense of stability. This, as well as his control of television, has made Mr Putin genuinely popular. Even the teacher from Tver says her life has improved.

The sense of stability is based largely on hopes that the crises of the 1990s will not return. Opinion polls suggest that half the people do not expect anything from this election; most believe that elections serve only those in power. Most voters say the results will be rigged anyway. Only 5% of Russians are ready to protest. “Nothing depends on us,” says one woman. Yet she will vote for Mr Putin—who else? Even those who once backed the SPS will stay at home: what is the point if they are bound to lose? Worse, some 35% of Russians prefer the Soviet political system. Two-thirds of Russians consider the concentration of power in Mr Putin's hands to be a good thing. Most would like him to stay for a third term. The strength of the Kremlin lies in the lack of any resistance to it, says Lev Gudkov, head of the Levada Centre, an independent pollster. Indeed, the only danger for the Kremlin is the possibility of an embarrassingly low voter turnout.

To guard against that, Mr Putin recently gave a rousing speech at a stadium in Moscow, broadcast on every television channel. Standing on a neon-lit catwalk in a black turtle-neck jumper, surrounded by thousands of flag-waving Putin youths, the president said Russia was in danger from ill-wishing foreigners and thieving liberals. “Those who oppose us need a weak, sick state, a disorientated, divided society, so that behind its back they can get up to their dirty deeds and profit at your and my expense,” he said. “Unfortunately there are jackals inside the country who sponge off foreign embassies.”

The message is clear. Russia's enemies are the liberals who in the 1990s squandered its wealth, cut defence spending and led people into poverty. They are now the candidates and sponsors of the opposition. The security services and police took Mr Putin's words as an instruction. When the opposition gathered in Moscow and St Petersburg as part of the Other Russia movement, which has not been allowed to register for this election, many people, including journalists, were beaten up and arrested. These scenes, broadcast around the world, were not shown on Russian television. Russians did not hear opposition speeches; they were not told that candidates had been unlawfully detained by the police; nor that Garry Kasparov, leader of Other Russia, was forbidden to meet his lawyer and jailed on bogus charges.

Equally, Russian television has largely ignored angry anti-government demonstrations in Ingushetia, a republic next to Chechnya where a six-year-old boy was killed recently in a skirmish between Russian commandos and local militants. Three journalists and a human-rights campaigner who came to cover the protest were abducted from their hotel and beaten up. What viewers have seen instead were pictures of fountains in Chechnya and of polite policemen in Moscow helping old ladies and children.

The paradox is that the Kremlin would surely have won even had this weekend's election been free and fair. Its heavy-handed tactics betray the nervousness linked to the transition of power in any authoritarian system. A power struggle is clearly taking place within the Kremlin, as shown by the arrests of senior officials in different camps. Mr Putin needs to retain power after his second term expires next March, but at the same time to preserve legitimacy. It is not an easy task.

This is why the parliamentary election has been turned into a ceremony of approval for him. A score of 70-75% of the vote, on a turnout of 60%, as planned by the Kremlin, would strengthen his claims to continue to lead the country. If Mr Putin cannot stay as president because the constitution bars him from a third consecutive term, he should take power with him wherever he goes. Dmitry Peskov, his spokesman, is adamant: Mr Putin will not be president after next March. But his every word will still be awaited, his every written statement demanded by newspapers. A servile president handpicked by Mr Putin and elected with a majority of, say, 51% will be unable to compete with Mr Putin's “legitimacy”, says Mr Peskov.

Some Kremlin insiders think Mr Putin could make himself head of the powerful Security Council, whose functions may then be pumped up. Others suggest he could become prime minister, with extra powers, before returning to the Kremlin to replace the president, who could conveniently fall ill. The only problem of Mr Putin's system is that stepping aside even for a short time could be lethal for him and his cronies. And that is why Russia, despite the predictability of this election, feels like a country heading towards crisis.

http://www.economist.com/world/europe/disp…ory_id=10217312

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  Nick de Cusa a dit :
…j'aimerais bien voir beaucoup plus de foin fait sur Mbeki et l'ANC.

Un bouquin vient de sortir :

  Citation
Thabo Mbeki

Mystery man

Nov 29th 2007

From The Economist print edition

A profound sense of disconnection is the key to understanding South Africa's enigmatic and controversial president, as a long-awaited biography makes clear

AS THE African National Congress (ANC) prepares later this month to elect the man who will lead it for the next five years, there is more interest than ever in Thabo Mbeki. Barred from running in 2009 for a third term as South Africa's president, Mr Mbeki, who is also the current head of the ANC, is one of the front-runners for re-election to the top party job.

However, after 13 years in power—first as Nelson Mandela's deputy before succeeding him in 1999—the president has come to be respected or loathed, but hardly ever loved. Even among his closest followers, Mr Mbeki remains an enigma. Some consider him to be a cool-headed and visionary moderniser, others a scheming centraliser who will not tolerate dissent.

Mark Gevisser, a South African journalist, has spent eight years working on his biography of the president, which so far is published only in his home country. He has studied hundreds of documents and interviewed more than 200 people, including, at length, Mr Mbeki himself. Mr Gevisser's book retraces in great detail the president's life from his childhood in rural Transkei to his 28 years in exile and his ascent to power. In the process he sheds considerable light on more than half a century of South Africa's difficult history.

The book's title comes from a poem by Langston Hughes, a black American poet, that Mr Mbeki often cites. The “dream deferred” is not only that of a nation which is still struggling to close the gaps between black and white, and rich and poor, but, as the author asserts, also Mr Mbeki's own. One of the book's most important themes is how disconnected Mr Mbeki appears to be from his roots and his country, and how this has influenced his opinions and behaviour.

Mr Mbeki's father was an anti-apartheid hero. Both he and Mr Mbeki's mother were also communists. Both came from families of educated black landowners. Despite that, Mr Mbeki's family history is one of destitution, as apartheid systematically destroyed black hopes and opportunities. It is also one of loss: Mr Mbeki's only son, fathered when he was still a teenager, disappeared without trace in the early 1980s, as did his younger brother. Mr Mbeki followed in the steps of his distant father by sublimating his emotions into the anti-apartheid struggle, which became his life. He found a surrogate family in the party and a spiritual father in Oliver Tambo, who led the ANC in exile.

According to Mr Gevisser, Mr Mbeki's vision of an African renaissance is an attempt to overcome the damage done by this sense of disconnection and to resurrect his continent's feeling of pride and identity. His yearning for a specifically African approach to the continent's problems is the reason why he continues to question so strongly the supposedly “Western” view that HIV causes AIDS, and hence opposes proper treatment of the disease. Astonishingly, Mr Gevisser reports that Mr Mbeki has not changed his weird and destructive views on HIV/AIDS. Furthermore, he even regrets having kept silent on the subject over the past few years.

Another constant is Mr Mbeki's obsession with conspiracy—against him personally or against Africa at large. Plotters include ruthless pharmaceutical companies, political rivals, an unfair world order, the media, or the white business sector—which he often describes as being full of “counter-revolutionaries” and racists.

What happened, then, to the man once described as “the ANC's Crown Prince Charming”, the moderate voice of reason that reassured business and even some white hardliners in the 1980s and early 1990s? The author argues that Mr Mbeki used his charm strategically. Once in power, he preferred to focus on his quest for Africanness. He was also keen finally to come out of the shadow of his elders. “He knew that because people would never love him the way they did Madiba [Mr Mandela], they would need to respect him, even if it meant fearing him.”

According to Mr Gevisser, the extreme prickliness Mr Mbeki commonly shows when faced with criticism is also the result of the terrible frustration he feels at being unable fully to deliver on the impossible expectations of his fellow South Africans. “Liberation movements are driven by dreams, and the ANC has been no exception,” the author writes. “But its history in government has been a perpetual scaling back of these dreams.”

Uncharismatic and unable to charm a crowd, he is instead an expert navigator of the corridors of power. Mbeki's understanding of power is that “it is both gained and conceded through conspiracy,” Mr Gevisser writes. He “might have modernised the ANC with extraordinary vigour when it came to ideology and economic policy, but he would hold to the exile's understanding of politics—and the outlawed freedom fighter's experience of intrigue—throughout his years of power.”

Mr Gevisser tries hard to be fair. It would have been interesting to hear more of his personal views, yet he does not voice any conclusive judgment about the president, wanting instead to “stand on his subject's shoulders” to see the world through his perspective. Nevertheless, his book explains much about the very private Mr Mbeki. That alone makes it essential reading for anyone intrigued by South Africa's complex philosopher-king.

http://www.economist.com/books/displaystor…ory_id=10205073

Posté
  Ronnie Hayek a dit :
Je l'ai aussi regardé.

Un autre point est son islamophobie rabique : répondant à un journaliste français qui, lors d'une conférence de presse internationale, l'interrogeait sur les crimes de l'armée russe en Tchétchénie, il a très élégamment répondu : "Si les islamistes vous plaisent tant, venez chez nous vous faire circoncire. Il y a de très bons spécialistes qui s'en occupent."

Propos gerbants dignes du Stürmer.

Et d'ajouter, avec un cynisme mortifère, "Après ça, plus rien ne repousse"… silence glacial dans l'assistance, Prodi et les autres sociaux-democrates européens atterrés regardent leurs souliers, mais personne ne proteste contre la brutalité des propos, pas de courageux monarque à portée de main pour se lever. Rappelons aussi " On ira les buter dans les chiottes", en parlant des islamistes, dont il a une conception très large au vu du sort de la population civile tchétchène, de l'incertitude régnant autour des attentats de Moscou, de la justice aux ordres, etc.

Le film montrait ainsi une suite de faits isolés et rapidement oubliés par les médias, qui mis bout-à-bout permettait de dresser un tableau d'ensemble de l'évolution de la Russie et d'en dégager les implications ; par exemple, la mise au pas de la révolution orange en Ukraine et du président Youchenko, obligé d'abandonner sa politique de réformes démocratiques et d'accepter la cohabitation avec le pro-russe Ianoukovitch, après que Poutine ait fait fermer les robinets de gaz et de pétrole - sans parler de la tentative d'assassinat par empoisonnement qui l'a laissé défiguré.

Signalons dans l'Express une longue interview datée du 14 novembre de Kasparov, lequel semble loin d'être aussi dingue que la propagande le prétend:

«Poutine siège au sommet de la corruption»

  Citation
Poutine siège au sommet de la corruption. Croyez-vous qu'il reste d'une intégrité sans faille quand ses plus proches amis et associés, issus comme lui de Saint-Pétersbourg, contrôlent la plus grande partie de l'économie russe? L'Occident vit avec une liste d'oligarques désormais périmée. Un certain Guennadi Timchenko, patron d'une société de négoce pétrolier, Gunvor, basée à Genève, a beaucoup plus volé qu'un Berezovski. Il contrôle un tiers de l'exportation du pétrole russe. C'est un proche de Vladimir Poutine, comme les frères Kovaltchuk, qui possèdent la banque Rossia. Ces gens-là se sont enrichis avec une rapidité sans précédent.

Vladimir Poutine ne prétendait-il pas renforcer l'Etat en Russie?

Encore un mythe! Il est évident qu'il a, au contraire, détruit le système de gestion publique. Lequel fonctionne désormais non pas pour gérer le pays, mais pour en extraire le maximum de bénéfices. Les fonds les plus importants sont drainés vers les compagnies sous la coupe du Kremlin - Gazprom, Rosneft, Transneft ou, aujourd'hui, la société olympique de Sotchi [NDLR: la ville organisatrice des JO d'hiver de 2014]… L'argent réel est partagé entre ces groupes semi-publics, semi-privés, qui détiennent des privilèges accordés par l'Etat, mais sont exempts de toute responsabilité, si ce n'est à l'égard de leurs actionnaires - pour la plupart, des officiels dont l'identité n'est pas dévoilée. On nationalise les dépenses et l'on privatise les gains. C'est le principe de l'Etat Poutine: un mélange de Karl Marx et d'Adam Smith.

Son analyse paraît au contraire plutôt sensée.

Sur ce sujet, voir aussi ce portrait de Poutine dans Le Monde, où l'on apprend que d'après une récente enquête du journal Die Welt, le président russe contrôlerait personnellement une fortune de 41 milliards de dollars.

Poutine : un président en clair-obscur

  Citation
Poutine sera un homme de synthèse, tout à la fois chantre d'une Russie moderne et capable de soutenir que "la chute de l'URSS a été la plus grande catastrophe du XXe siècle". (…)

Son catapultage au premier plan de la scène politique, à partir de l'année 1998, a surpris les observateurs. Récompensé pour sa loyauté à la famille Eltsine, il est propulsé chef du FSB par les oligarques qui fraient avec le Kremlin, puis premier ministre. Une fois élu président de la Fédération de Russie, il s'émancipe de la tutelle des Berezovsky et autres Abramovitch, avant de leur donner la chasse et de les soumettre. Bien d'autres seront victimes de l'ascension de Poutine : Tchéctchènes marginalisés, opposants muselés, juges asservis, médias contrôlés (…)

A en croire le journal allemand Die Welt, qui énumérait, au mois de novembre, les participations du président dans plusieurs groupes, il serait à la tête d'une fortune s'élevant à 41 milliards de dollars. Et si le chef de l'Etat a assujetti les oligarques apparus à la chute de l'URSS, d'autres oligarques, tous issus des services secrets ou anciens de la mairie de Saint-Pétersbourg [lien Le Clan], les ont remplacés à la tête des grandes entreprises russes.

Pour les germanophones, cette enquête de Die Welt sur la nouvelle oligarchie du régime, sa corruption, le financement des milices et des médias, le contrôle de la pyramide économique et banquaire par le pouvoir politique…

http://www.welt.de/welt_print/article13872…sst_jubeln.html

Et Le culte de Vladimir Poutine atteint son apogée

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