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Littell et Léon Degrelle


Taisei Yokusankai

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Jonathan Littell publie en Novembre un essai sur Léon Degrelle, "Le sec et l'humide" (drôle de titre).

Le fondateur de Rex aurait été le modèle du narrateur des "Bienveillantes", ce qui me surprend: je n'ai pas lu le livre, mais ce que la presse disait de ce Maximilien Aue me semble avoir fort peu en commun avec Degrelle. Nous devons bien avoir un lecteur de ce best-seller pour éclairer ma lanterne…

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C'est étrange, car Degrelle n'a jamais commandé de camps et je ne pense pas qu'il ait vraiment eu du sang sur les mains (hormis celui des Russes tués lors de la campagne de Russie), sinon il aurait été viré d'Espagne.

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  Taisei Yokusankai a dit :
Jonathan Littell publie en Novembre un essai sur Léon Degrelle, "Le sec et l'humide" (drôle de titre).

Le fondateur de Rex aurait été le modèle du narrateur des "Bienveillantes"

Les Bienveillantes est le livre qui m'a le plus filé la nausée loin devant tout le reste de la littérature qui m'ait passé entre les mains, notamment au début (les éxécutions de masse en Ukraine).

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http://passouline.blog.lemonde.fr/

Un an après Les Bienveillantes, phénomène de librairie qui provoqua non seulement le succès mais surtout le débat que l’on sait, Jonathan Littell y revient. A sa manière bien entendu, c’est à dire en écrivain extrêmement attentif à la chose littéraire. Il publiera d’ici à la fin de l’année chez Gallimard un bref texte truffé de photographies intitulé Le sec et l’humide. Mais contrairement à ce que laisse entendre LivresHebdo qui a révélé l’information, il ne s’agira pas d’un livre sur le fasciste belge Léon Degrelle (1906-1994), le leader du mouvement Rex, personnage lyrique, tribun démagogue et journaliste mégalomaniaque (il prétendait même être le modèle de Tintin !), qui connut son heure de gloire à la fin des années 30 grâce au succès électoral de son mouvement, avant de se battre pendant la guerre sur le front de l’Est à la tête de sa légion SS “Wallonie” et d’y être décoré de la Croix de fer après la bataille de Tcherkassy par un Hitler qui lui vouait une certaine affection.

Littell n’ y répondra pas davantage aux critiques dont Les Bienveillantes a fait l’objet. Il suffit de connaître la jeune collection “L’Arbalète” dans laquelle il paraît, label d’une véritable exigence littéraire, pour deviner que son texte ne sera ni biographique, ni historique, ni journalistique et moins encore polémique. En fait, il s’agira pour lui de revenir sur l’une des sources de son grand roman, en l’occurence La Campagne de Russie que Degrelle fit publier à Paris en 1949 alors qu’il se cachait en Espagne. Le sec et l’humide sera un essai sur l’écriture, le langage et le choix des mots qui permettra à Jonathan Littell de donner des clés sur sa propre manière de travailler.

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  Ash a dit :
Le sujet ne m'intéressait déjà pas au départ (encore la shoaH…) et la semi-critique de Nabe m'en a convaincu.

Un point de détail il est vrai. Quant à Nabe, il manque un " o" à son nom pour exprimer sa nature profonde.

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  Harald a dit :
Un point de détail il est vrai. Quant à Nabe, il manque un " o" à son nom pour exprimer sa nature profonde.

En effet, je me vois mal faire confiance aux opinions du fils de Marcel Zanini.

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Tu peux nous livrer la substantificque moëlle, parce que je n'ai pas envie de me taper 20 minutes de Ruquier juste pour savoir ce qui t'ennuie chez Nabe. (Je devine mais savoir c'est mieux)

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  melodius a dit :
Tu peux nous livrer la substantificque moëlle, parce que je n'ai pas envie de me taper 20 minutes de Ruquier juste pour savoir ce qui t'ennuie chez Nabe. (Je devine mais savoir c'est mieux)

Je recopie l'intégralité des passages cités par Miller.

  Marc-Edouard Nabe, dans Au Régal des Vermines, son premier livre, récemment republié a dit :
Depuis toujours, je suis raciste.

[…]

J'espère que les Noirs font finir par enculer tous les Blancs.

[…]

L'Afrique est pleine de ces sales nègres, de tous ces Noirs mal blanchis qui me font penser à ces travelots hermaphrodites horribles, à ces transsexuels immondes, qui après l'opération se retrouvent ni hommes, ni femmes, ni bêtes, ni rien.

[…]

Les pédés, je les hais.

[…]

Les attentats antisémites ne sont que des rots bruyants. Pourquoi s'en inquiéter puisqu'il y a 60 ans, le déchainement anti-youtres [… remarque de Miller sur l'emploi du mot "youtres" …] n'a pas eu raison de Yahvé.

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De fait Nabe est un enfoiré de première - et passablement incohérent, puisqu'il nous dit haïr les pédés et les Noirs, mais espère que ces derniers sodomiseront tous ses congénères. Mais en quoi cela augure-t-il en bien ou en mal de ses opinions littéraires? Je ne vais pas resservir une nouvelle fois mon analogie de l'horloge arrêtée, mais même un enfoiré de première peut juger à bon droit qu'un livre est mauvais.

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  Taranne a dit :
De fait Nabe est un enfoiré de première - et passablement incohérent, puisqu'il nous dit haïr les pédés et les Noirs, mais espère que ces derniers sodomiseront tous ses congénères. Mais en quoi cela augure-t-il en bien ou en mal de ses opinions littéraires? Je ne vais pas resservir une nouvelle fois mon analogie de l'horloge arrêtée, mais même un enfoiré de première peut juger à bon droit qu'un livre est mauvais.

Nabe est un poseur, pas un auteur. Il n'est rien d'autre que le rejeton passablement fin de race d'une tradition soi-disant littéraire française de droite qui se complaît dans un certain style ronflant mais qui n'a rien (ou si peu) à proposer quant au fond. Partant de là son jugement sur l'œuvre des autres…

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  Rincevent a dit :
Je recopie l'intégralité des passages cités par Miller.

On reconnait toute la finesse du critique littéraire qu'est Miller :icon_up:

Nabe fait effectivement plus dans le style (et avec un sacré égo) que dans l'analyse, et en matière il a pu dire tout et son contraire. Il n'empêche qu'il écrit plutôt bien et des textes parfois très intéressants. En voila un qui sied bien à Miller :

  Citation
Le mou-salaud est mou et il est salaud. Il est d'autant plus salaud qu'il se croit seulement mou. Il ne peut pas imaginer qu'il n'y a rien de plus salaud aujourd'hui que d'être mou.

Le mou-salaud n'a pas d'idéal, il n'a que des idées. Le mou-salaud dit toujours que ce n'est pas lui qui a changé, mais le monde. Le mou-salaud a fait de la politique dans sa jeunesse, aujourd'hui il fait de la morale : il sait bien, au fond salaud de son moi mou, que cela revient au même. Il est militant de l'idéologie dominante comme il l'était de la révolution, car le militantisme est sa seule nature. Il estime qu'avouer s'être trompé (et souvent) suffit à effacer ses fautes. Ça lui permet non seulement de recommencer les mêmes erreurs, mais de désigner celui qui est cohérent comme un ringard, un réac, un fasciste, un nazi selon les cas.

Le mou-salaud croit en l'homme, en l'homme mou-salaud. Lui seul est reconnaissant à la post-modernité d'avoir réussi à écraser tous les totalitarismes. Le mou-salaud n'a aucune raison d'être malheureux. Il n'est pas catastrophiste, sauf en matière d'écologie. Il est profondément humaniste, ce qui veut dire superficiellement humain.

Le mou-salaud ne plaisante pas avec ce qu'il ne trouve pas moral. Il n'y a que l'humour qui fasse rire le mou-salaud. L'humour grossier s'il cache une grande tendresse, mais pas l'humour vulgaire, même s'il exprime de grandes colères. Il apprécie beaucoup l'insolence et la dérision qui sont une façon moderne de faire passer aux mous des messages authentiquement salauds. Le mou-salaud ne prend au sérieux que l'argent et rigole volontiers de tout le reste sauf de l'holocauste et du sida. Le mou-salaud trouve que les médias n'en font pas assez. Il aimerait que les préservatifs soient obligatoires. La campagne de lutte contre le sida ne le concerne pas seulement en tant que père de famille ou ami d'homosexuels, mais parce qu'il y voit un renforcement inespéré de sa propre morale fondée, en toutes choses, sur la prévention et la préservation. Il est depuis toujours un adepte de la retenue et de la méfiance : son rêve serait que plus personne ne fasse l'amour, car, il faut bien le dire, le mou-salaud n'aime pas jouir, et surtout, il n'aime pas que les autres jouissent.

Le mou-salaud est contre l'excès en général et l'extré­misme en particulier. Il croit être charitable et pervertit toutes les valeurs chrétiennes volées à l'Église qui, au lieu de s'en trouver débarrassée pour mieux se consacrer à sa véri­table mission la transcendance, cherche à se fondre dans la mollesse et la saloperie générales. Le mou-salaud est athée, bien sûr, mais il croit en une force qui le dépasse : il souhaite que toutes les religions n'en forment qu'une seule à base de tolérance, de solidarité et de respect des différences. Il pense - Le mou-salaud pense beaucoup – que les actions humanitaires et la politique sociale participent dans une certaine mesure à la création d'une telle religion. En toute circons­tance, le mou-salaud pratique la bonne franquette qui est le snobisme de la nouvelle bourgeoisie populiste. La familiarité est une des politiques du mou-salaud : elle lui permet, avant tout, de maîtriser toutes les formes de rébellion et d'inférioriser les esprits supérieurs.

Dépourvu de toute intuition, le mou salaud a l'idée du Beau que la société du Bien lui a imposée. Il n'a de goûts qu'en fonction de l'idéologie qu'ils définissent. Ainsi, le mou-salaud donne l'illusion de l'éclectisme. En fait, il n'aime rien.

Le mou-salaud est bête, mais pas inculte : tout ce qu'il sait, il le doit aux médias dont il se croit affranchi de l'influence. Il a un rapport aux arts nostalgiques (la musique), ou politique (la littérature). Son goût est nfaillible pour tout ce qui est faux. Avec une précision que l'on qualifierait volontier de « diabolique » s'il le faisait exprès, le mou-salaud place systématiquement son intérêt juste à côté de ce qui est intéressant.

Le mou-salaud est un homme du vide. Le plein le dégoûte. Il cherche à crever tous ceux qui sont pleins et à les vider comme des cochons. Du reste, le véritable artiste est un cochon pour le mou-salaud et son but est de l'égorger parce que, mort, l'artiste est alors consommable (saucisson, jambon, rillettes, boudin) ; pas avant. La maladresse et la fragilité l'enchantent, mais il déteste la malédiction, sauf si elle sait l'émouvoir, car pour le mou-salaud l'émotion est un critère, d'autant qu'il n'en ressent jamais aucune.

Le mou-salaud est un faux modeste : il a une haute idée de sa bassesse. Un homme de bon sens comme lui sait que seul le doute peut vaincre le fanatisme. Pour le mou-salaud, la modération est la vertu cardinale de la démocratie.

Le mou-salaud confond la démocratie et la démocratisation, comme il confond la littérature et la lecture, les journalistes et les écrivains et quelquefois les hommes et les fem­mes. Le mou-salaud est confondant. Ça ne l'empêche pas de dénoncer les amalgames quand ils bouleversent son idée du monde.

Certains aspects de notre époque déplaisent au mou-salaud (surtout la montée de la spectacularisation), mais dans l'ensemble il la trouve « formidable ». Le mou-salaud est un homme de son temps. Il sait regarder la télévision. L'actualité est sa nourriture et l'éternité lui donne envie de vomir. Il lit deux quotidiens par jour et trois hebdomadaires par semaine. Il trouve que la France, décidément, est la reine du pluralisme. Pour le mou-salaud, c'est le pays le plus libéral qui soit. Il en a assez des défaitistes, des aigris, des rabat-joie. Il trouve trop facile d'attaquer le président de la République et en veut aux mauvais esprits d'avoir terni l'image des hommes politiques.

La philosophie du mou-salaud est le juste milieu. Dès qu'il croit sortir du juste milieu, il y retombe. Il ne peut pas s'en dégager. Le mou-salaud est un prisonnier du juste milieu. S'il dénonce un lieu commun, ce sera par un autre lieu commun. C'est de la façon la plus conformiste possible qu'il s'essaiera à l'anticonformisme. Le mou-salaud pense toujours bien. Quand il pense penser mal, il pense encore bien. Le mou-salaud est tragiquement antitragique. Voilà pourquoi le mou-salaud est l'Ennemi. Voilà pourquoi le mou-salaud doit mourir.

L'Autre Journal n° 1, janvier 1993.

:doigt:

Après celui que j'ai cité n'était pas une critique du livre de Littell à proprement parler mais encore aurait-il fallu le lire au lieu de crier au loup…. enfin à l'antisémite car c'est la seule tare qui semblent intéresser ses détracteurs. Par ailleurs, et politiquement, il parait clairement plus à gauche qu'à droite, sauf d'un point de vue littéraire assurément.

Enfin moi ce que je n'ai surtout pas compris c'est ce que son père venait faire dans l'histoire. Pour le reste vous ne m'apprenez rien.

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