Fredo Posté 18 décembre 2004 Signaler Posté 18 décembre 2004 Je viens de lire cette semaine un article fort intéressant paru dans le dernier numéro de Psychologie et cerveau, sur le thème de la lutte contre les incivilités. On y rappelle d'abord la notion en psychologie sociale de contrôle social, à savoir cette capacité normative que nous avons, plus ou moins, d'exercer une influence sur le comportement des autres. Après un rappel de faits historiques qui ont conduit les chercheurs en psychologie sociale à étudier certains phénomènes de groupe (genre non-intervention à personne en danger, ou indifférence vis-à-vis d'incivilités devant témoins), l'auteur résume les quelques "lois" mises en évidence par ces études. Ainsi : en général, plus il y a de témoins d'une incivilité, moins une personne a de chances d'intervenir. Curieux, non ? L'auteur présente alors une série d'expériences réalisées par son équipe qui corroborent cette hypothèse générale. Exemple : Un individu se me à faire des graffitis dans un ascenseur. S'il y a 4 personnes présentes, seulement 1/4 interviennent. Sur 3 personnes, 1/3 environ. Et 46% si deux présentes. Une autre enquête demande aux gens de classer l'ordre d'importance des incivilités qui les dérangent le plus, et l'ordre de celles qui semblent "moralement condamnables". Or, l'on ne trouve pas de bonne corrélation entre ces deux classements. En y regardant de plus près, l'on constate que les gens réagissent généralement le plus non pas envers ce qui semble être un acte moralement proscrit (par la société par ex), mais plutôt envers ce qui les atteint personnellement. Ce qui conduit à réaliser une autre expérience : Un compère fait mine de finir une bouteille d'eau minérale et jette celle-ci au milieu d'un massif d'arbustes et au moment où une personnes passe non loin de lui. La scène se passe dans l'enceinte d'une propriété privée. Là, les résultats sont surprenants : 100% des témoins interviennent. Une autre hypothèse psychosociologique vient essayer d'expliquer ces données : une sorte de distance psychologique qui nous sépare de l'événement, un facteur venant réguler cette tendance à l'immobilisme en présence d'autres acteurs serait lié au fait que l'incivilité nous touche personnellement, ou lorsqu'il s'agit de notre propriété. Pourtant, l'auteur le rappelle, les recherches précédentes avaient montré le "paradoxe" selon lequel si les incivilités existent en général c'est parce que justement on les laisse se produire. L'accent avait été mis déjà sur la responsabilité des témoins devant certains actes. Un peu comme si ceux qui s'adonnent à cela se comportaient psychologiquement comme des adolescents cherchant à tester les limites de leurs parents, du monde des adultes. S'il n'y a pas de contrôle social, il y aura plus d'incivilités. Et la réponse ne consiste pas à déléguer ce contrôle à des forces de police ou à l'état, qui ont des choses plus urgentes ou importantes à faire. C'est l'affaire de chacun. Ainsi, utilisant le levier associé à l'idée de propriété et sur les conseils de psychosociologues, une municipalité à eu l'idée de faire une campagne d'affichage pour lutter contre les déjections canines. Plutôt que de faire appel au "sens moral", au "civisme" voici ce qui était affiché partout : "Quand vous prenez les trottoirs pour des crottoirs, ça vous côute 300 000 FF". Autres exemples : faire décorer les rues par les habitants du quartier, etc. L'article se termine par une exhortation à la responsabilité individuelle, l'implication des citoyens si on leur donnait plus de libertés et leur rendait leur propriété plutôt que de croire dans les solutions étatiques dont on sait qu'elles ont peu d'effet surtout pour créer un changement d'attitudes, ça plein d'expériences l'avaient déjà montré.
Toast Posté 18 décembre 2004 Signaler Posté 18 décembre 2004 Effectivement, c'est très intéressant. On y retrouve les principes libéraux de base, à savoir la responsabilité, la liberté et la propriété privée Dit, c'est quand que Maman nous donnera la majorité ?
guigui Posté 19 décembre 2004 Signaler Posté 19 décembre 2004 En effet, l' article est passionant. Cela me rappelle un article que j' ai lu il y a peu sur la gestion de l' environnement.Une responsabilisation individuelle par la propriété privée est le meuilleur moyen de protéger l' environnement. Cet article démontre qu' il en est de même dans le cadre des incivilités.
walter-rebuttand Posté 19 décembre 2004 Signaler Posté 19 décembre 2004 Voilà qui devrair faire réfléchir les puissants esprits qui passent à la fois leur temps à se plaindre de la décadence des moeurs et à railler les "privatiseurs de trottoirs".
tamamanquitaime Posté 20 décembre 2004 Signaler Posté 20 décembre 2004 Finalement, rien que de très étonnant. C'est l'individualisme que l'on voit à l'oeuvre, et qui est en partie responsable de ce qu'on appelle l'insécurlté. Je trouve assez malsain que chacun reste dans son coin, et ne s'occupe que de ce qu'il pense le concerner.
wapiti Posté 20 décembre 2004 Signaler Posté 20 décembre 2004 C'est l'individualisme que l'on voit à l'oeuvre, et qui est en partie responsable de ce qu'on appelle l'insécurlté. En quoi l'individualisme est-il responsable de l'insécurité ?
walter-rebuttand Posté 20 décembre 2004 Signaler Posté 20 décembre 2004 En quoi l'individualisme est-il responsable de l'insécurité ? <{POST_SNAPBACK}> Individualisme a été détourné de son noble sens pour signifier pour beaucoup muflerie,grossièreté et égoïsme.
LaFéeC Posté 22 décembre 2004 Signaler Posté 22 décembre 2004 Finalement, rien que de très étonnant. C'est l'individualisme que l'on voit à l'oeuvre, et qui est en partie responsable de ce qu'on appelle l'insécurlté. Je trouve assez malsain que chacun reste dans son coin, et ne s'occupe que de ce qu'il pense le concerner. <{POST_SNAPBACK}> Ce n'est pas l'individualisme qui créé l'insécurité, ça n'a rien à voir. L'individualisme c'est d'abord reconnaitre l'individu en tant que tel, un etre unique et égal en droit à tout autre individu et reconnaitre que chacun agit dans son propre interet. Quand on me sort, "oui mais dans ton interet c egoiste" ben non, pas pour moi (pour celui qui repond surement !) car dans mon interet il y a le bonheur de mes proches et le fait de pas voir de miséreux partout (entre autre). AMHA la plupart des incivilité viennent du fait que justement on nous a contraint à fermer notre bouche face à un co**** faisant ch*** qqun, que la légitime défense peut etre rapidement retournée contre vous pour peu que vous soyez dans telle ou telle catégorie… Surtout pas de "justice privée" hein !! Un gosse par ex : il vous crache à la figure, vous lui mettez une beigne, ben ça va pas le faire (sauf si vous vous appelez Bayrou et que vous faites ça devant les caméras). Tant qu'il n'y a pas de punition (de risque en somme) le rapport gain/risque fait que l'on peut s'amuser à enquiquiner qui on veut. Et effectivement : l'individu fait attention principalement à ce qu'il possède, c normal, je m'occupe bcp plus de mon appartement que de l'escalier en copro, je tiens bcp + à MA voiture qu'à celle du voisin, un copropriétaire fait plus attention au jardin qu'un visiteur….
LaFéeC Posté 22 décembre 2004 Signaler Posté 22 décembre 2004 Je trouve assez malsain que chacun reste dans son coin, et ne s'occupe que de ce qu'il pense le concerner. <{POST_SNAPBACK}> Scuse mais selon les cas c normal : perso, si je vois une vieille se faire agresser par un type armé, j'irais pas risquer ma peau.. Je ferais 2 m pour 120 kilos, j'irais peut etre, mais ce n'est pas le cas, et je n'ai pas le droit d'etre armée.
Patrick Smets Posté 22 décembre 2004 Signaler Posté 22 décembre 2004 J'ai toujours un peu du mal avec les stats des psy-sociaux Exemple : Un individu se me à faire des graffitis dans un ascenseur. S'il y a 4 personnes présentes, seulement 1/4 interviennent. =1 Sur 3 personnes, 1/3 environ. =1 aussi. En clair, il n'y a qu'une personne qui intervient dans un ascenseur. Ca me parait suffisant… Et 46% si deux présentes. =??? Il faut se couper un bras avant d'intervenir ou quoi ???
wapiti Posté 22 décembre 2004 Signaler Posté 22 décembre 2004 C'est pour rire, ou c'est une vrai question ? C'est sûr que présenté comme ça, c'est toujours bizarre, mais bon on comprend : Ils ont fait l'expérience plusieurs fois, et on pris la moyenne du nombre de personnes qui sont intervenue, comme les enfants par femme dans les stats de natalité.
Patrick Smets Posté 23 décembre 2004 Signaler Posté 23 décembre 2004 Pour la dernière, c'est évidemment une blague. La question serieuse est plutôt : est-ce dans un cas sur trois que quelqu'un intervient (et 2/3 personne ne fait rien), ou une personne sur trois (ce qui fait qu'en moyenne, il y a tjs qqun pour intervenir) Ce que je sais des processus de dilution de la responsabilité me font pencher vers la première possibilité, le texte semble indiquer la deuxième.
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