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Plus d'un adulte sur 100 en prison aux Etats-Unis


Invité Arn0

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La population carcérale a augmenté l'an dernier aux Etats-Unis de 25.000 personnes et s'élevait à quelque 2,3 millions de personnes, sur une population adulte de 230 millions de personnes, soit le taux le plus élevé dans l'histoire américaine, selon le Pew Center.

Plus d'un adulte sur 100 se trouve actuellement derrière les barreaux aux Etats-Unis, pays qui détient la plus importante population carcérale au monde, avec un jeune Noir sur neuf en prison, selon un rapport publié jeudi.

Taux d'incarcération le plus élevé de la planète

2,3 millions de personnes sont incarcérées aux Etats-Unis. Par comparaison, la Chine, avec une population de plus d'un milliard de personnes arrive en deuxième position avec 1,5 million de prisonniers, suivie de la Russie avec 890.000 personnes détenues, précise le document.

Les Etats-Unis ont le taux d'incarcération le plus élevé de la planète, supérieur à des pays comme l'Iran ou l'Afrique du Sud, relève encore le Pew Center, un centre de recherche indépendant basé à Washington.

L'Allemagne a un taux de 93 détenus pour 100.000 adultes et enfants, il est huit fois supérieur aux Etats-Unis avec 750 pour 100.000.

Les statistiques sont particulièrement frappantes parmi les minorités: alors qu'un adulte blanc sur 106 est incarcéré, c'est un Hispanique sur 36 et un Noir sur 15 qui sont en prison.

Dans la tranche d'âge de 20 à 34 ans, un jeune Noir sur neuf est derrière les barreaux, selon le Pew Center sur la base des données du ministère américain de la Justice.

La proportion de femmes augmente rapidement

Alors que les hommes sont dix fois plus susceptibles d'être emprisonnés que les femmes, la population carcérale féminine "progresse d'une manière beaucoup plus rapide" que celle des hommes, selon le rapport de Pew.

Une femme sur 265, entre 35 et 39 ans, se trouve en prison, mais les femmes appartenant à des minorités sont placées en détention en plus grand nombre que chez les femmes blanches.

Une femme noire sur 100 et une Hispanique sur 297 sont en prison, contre une sur 355 femmes blanches, relève l'étude.

Un durcissement de la loi, avec notamment des mesures augmentant nettement la durée d'incarcération pour les récidives, a fait exploser la population carcérale, davantage qu'une augmentation de la criminalité, indique le rapport.

Malgré l'augmentation de la population carcérale, le taux de récidivistes reste relativement stable avec environ la moitié des détenus libérés retournant en prison dans les trois ans suivant leur libération, indique encore le document.

L'étude souligne que l'augmentation de la population carcérale oblige les autorités locales de chaque Etat américain à des choix budgétaires draconiens.

Nouveaux moyens pour désengorger les prisons

"En dépit de tout l'argent déversé dans le système pénitentiaire aujourd'hui, il n'y a pas eu de résultats clairs et convaincants concernant la sécurité publique", indique Adam Gelb, du Pew Center, dans un communiqué.

Il y a une vingtaine d'années, les 50 Etats américains dépensaient 10,6 milliards de dollars de leur budget pour le système pénitentiaire. Aujourd'hui, ce chiffre est de 44 milliards de dollars, soit 315% de plus.

La pression économique a conduit certains Etats à changer leur politique et à trouver d'autres moyens d'empêcher les délinquants peu dangereux de récidiver, comme des travaux d'intérêt général ou des systèmes de surveillance électronique, ajoute le rapport.

"Certains responsables politiques expérimentent tout un éventail de sanctions qui sont aussi efficaces que l'incarcération pour protéger la sécurité publique et permettent aux Etats de mettre un frein à l'explosion de la population carcérale", explique Susan Urahn, une directrice du centre de recherche.

http://www.lexpress.fr/info/quotidien/actu.asp?id=467235

Que les USA arrivent à avoir un plus grand nombre de prisonniers que la Chine populeuse et tyrannique a quelque chose de désespérant.

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http://www.lexpress.fr/info/quotidien/actu.asp?id=467235

Que les USA arrivent à avoir un plus grand nombre de prisonnier que la Chine populeuse et tyrannique a quelque chose de désespérant.

Normal. Lorsque l'on en arrive à considérer que la récidive, quelque soit le délit/infraction commis mérite 25 ans de taule, il ne faut pas s'étonner de voir la population carcérale enfler démesurément.

Le problème, c'est que le système US ne considère pas les peines de réparation comme viables pour toute une foultitude de délits. Si à cela on ajoute un fort désir sécuritaire…

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Et la moitié de tout ce petit monde, si je me souviens bien, est arrivé là uniquement à cause des lois antidrogue.

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J'ai cherché des statistiques pour connaître la répartition en terme de crimes et j'ai trouvé ce document, publié par le ministère de la justice américain en 2006.

Ce document indique 1,5 millions de détenus (dans les prisons d'état et dans les prisons fédérales).

Et en terme de répartition, ça donne ça : un peu plus de la moitié sont des crimes violents (meurtre, viol, agression, etc.), 20% sont des vols (cambriolage, escroquerie, etc.), 20% sont liés à la drogue et 7% sont des troubles à l'ordre public (conduite en état d'ivresse, etc.)

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Et en terme de répartition, ça donne ça : un peu plus de la moitié sont des crimes violents (meurtre, viol, agression, etc.), 20% sont des vols (cambriolage, escroquerie, etc.), 20% sont liés à la drogue et 7% sont des troubles à l'ordre public (conduite en état d'ivresse, etc.)

Parmi ces crimes violents, combien de règlements de compte entre gangs de dealers, combien de vols induits par les prix délirants de la came des toxicos ?

On attribue à la drogue ce que l'on veut bien lui attribuer. :icon_up: (Naturellement, cette réponse n'exclut aucunement celle de Harald.)

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http://www.lexpress.fr/info/quotidien/actu.asp?id=467235

Que les USA arrivent à avoir un plus grand nombre de prisonniers que la Chine populeuse et tyrannique a quelque chose de désespérant.

Ça me rappelle une vieille blague sur l'ex-URSS, concernant les prisons.

Les russes se targuaient d'avoir bien moins de gens en prison qu'aux USA. Normal, là-bas ils étaient enfermés dehors !

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Normal. Lorsque l'on en arrive à considérer que la récidive, quelque soit le délit/infraction commis mérite 25 ans de taule, il ne faut pas s'étonner de voir la population carcérale enfler démesurément.

Concernant les "crimes" il convient quand même de faire la distinction entre felony et misdemeanor. La loi des deux récidives ne s'applique que pour les felonies (du moins en Californie).

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Parmi ces crimes violents, combien de règlements de compte entre gangs de dealers, combien de vols induits par les prix délirants de la came des toxicos ?

On attribue à la drogue ce que l'on veut bien lui attribuer. :icon_up: (Naturellement, cette réponse n'exclut aucunement celle de Harald.)

Un meurtre reste un meurtre. Quand quelqu'un se fait planter pour une cigarette en France, on ne considère pas que c'est un crime lié au tabac.

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L'Allemagne a un taux de 93 détenus pour 100.000 adultes et enfants, il est huit fois supérieur aux Etats-Unis avec 750 pour 100.000.

:icon_up:

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Outre ce chiffre plutôt édifiant, je suis étonné de ne pas encore avoir lu que ce taux s'expliquait par la légalité du port d'arme (pas sur ce forum, bien sûr).

Posté
non c'est simplement que la Police US à un meilleur taux d'élucidation que les autres police du monde !!

vous n'avez pas compris ! USA is better :blushing:

:icon_up::doigt::mrgreen::mrgreen::mrgreen:

Le taux d'élucidation américain est en effet important, mais quitte à choisir, la police française ferait bien de lorgner du côté du Japon qui selon un criminologue que j'avais rencontré affiche en moyenne un taux d'élucidation tournant alentour des 80%.

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Un meurtre reste un meurtre. Quand quelqu'un se fait planter pour une cigarette en France, on ne considère pas que c'est un crime lié au tabac.

Page 9 du document cité en source:

Drug offenders made up more than half (53%) of the increase in Federal prisoner since 2000

Bon, ce qui serait intéressant, c'est de connaître la proportion de crimes marqués "drogue" dans les prisons d'Etat, car les prisons fédérales ne représentent que 12% du total des détenus.

J'ai l'intuition que ça doit être une proportion proche de 50%.

Ce qui serait intéressant également, c'est de connaître la dynamique: il faudrait tracer l'évolution temporelle de la moyenne de la durée des peines prononcées pour les crimes liés à la drogue. Si la durée s'accroit trop, on se retrouve dans la situation où on a un fort flux entrant, et un faible flux sortant, d'où augmentation du "stock" de prisonniers dans les prisons.

Les EU ont vraiment un problème avec les drogues: un fort % de citoyens sont des consommateurs, mais une majorité entend réprimer totalement ce comportement. La situation ressemble à celle de la prohibition.

  • 2 months later...
Invité Arn0
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Toujours sur les mauvais coté du système judiciaire américain :

L'innocence par l'ADN : des victimes d'erreur judiciaire recouvrent la liberté aux Etats-Unis

Enfants du baby-boom, les Américains Barry Scheck et Peter Neufeld s'amusent à raconter qu'ils ont tous deux opté pour des études de droit parce qu'ils ne comprenaient rien aux sciences. C'est pourtant grâce à la génétique qu'ils ont libéré 216 victimes d'erreur judiciaire, dont 16 condamnés à mort.

Devenir avocats s'inscrivait dans le droit fil du combat pour les droits civiques qu'ils menaient tous deux dans les années 1960-1970, lorsqu'ils militaient pour la cause des Noirs ou contre la guerre au Vietnam. Un engagement enraciné dans leurs cultures familiales : le père de Scheck, qui n'avait pas assez d'argent pour faire des études, était danseur de claquettes – ou, plus précisément, il "dansait noir" –, celui de Neufeld avait commencé à militer du temps de la guerre d'Espagne.

A la fin des années 1980, alors qu'ils commencent à exercer, ils entendent parler de tests génétiques utilisés dans le cadre judiciaire en Angleterre et s'en servent pour contester la fiabilité des expertises scientifiques de leurs adversaires. La démonstration de leurs propres experts est tellement brillante qu'ils parviennent à convaincre ceux de l'accusation de signer un appel commun enjoignant la National Academy of Sciences d'établir des standards, afin d'éviter toute erreur judiciaire.

2660 ANNÉES DE PRISON PURGÉES À TORT

La police technique et scientifique acquiert un rôle de tout premier ordre. Le FBI généralise la prise d'empreinte génétique, qui sert tout autant de preuve à charge qu'à décharge. Après avoir organisé le tout premier colloque américain consacré à la preuve par l'ADN, et rencontré de nombreux spécialistes de la question, les deux avocats deviennent eux-mêmes rapidement "experts" en la matière et décident de s'en servir pour innocenter les victimes d'erreurs judiciaires. Le première d'entre elles est libérée en 1989.

En 1992, ils fondent l'Innocence Project au sein de l'école de droit Benjamin-Cardozo, à New York. Ils y bénéficient, chaque année, de l'aide d'une quinzaine d'étudiants, qui les aident à trier, puis à monter les dossiers qui peuvent être plaidés. Les trois quart ne peuvent être traités, faute de prélèvements biologiques, ou parce que, dans 60 % des cas, les preuves ont été détruites ou perdues. Les condamnés qui franchissent cette première étape doivent ensuite obtenir l'autorisation d'effectuer une contre-expertise génétique, ce qui n'est pas le cas dans tous les Etats : plusieurs ne l'autorisent que pour les condamnés à mort, et à leur frais. Reste ensuite à démontrer que l'ADN du coupable présumé ne correspond pas à celui de la personne condamnée.

Au total, les 216 victimes d'erreur judiciaire que l'Innocence Project a contribué à libérer ont effectué 2 660 années de prison. James Woodard, libéré fin avril 2008, détient un triste "record" : condamné sous Reagan, en 1981, pour le viol et le meurtre de sa petite amie, il a passé 27 années en prison. Le profil de ces victimes d'erreur judiciaire révèle l'ampleur des discriminations à l'œuvre dans le système pénal américain : 70 % sont Noirs et Latinos, 30 % Blancs. En moyenne, ils avaient 26 ans lors de leur condamnation, mais le tiers d'entre eux avait entre 14 et 22 ans, et plusieurs étaient handicapés mentaux. Tous ou presque étaient indigents et n'avaient donc pas pu se payer d'avocat.

L'INNOCENCE PROJECT A LIBÉRÉ PLUS DE LA MOITIÉ DE SES "CLIENTS"

Pour Sheck et Neugel, leurs avocats, commis d'office et coupables d'avoir bâclé leur travail, sont au moins autant responsables de ces erreurs judiciaires que ceux qui ont sciemment contribués à les condamner. L'Innocence Project a en effet démontré, dans 65 % des cas, que l'expertise scientifique effectuée lors de leurs procès était erronée, et dans la moitié des affaires, que des policiers, ou encore le procureur, avaient usé de méthodes douteuses, voire frauduleuses. Dossiers "arrangés", témoignages orientés, occultation d'éléments "à décharge", fabrication de fausses preuves… en Virginie, un laboratoire d'expertise avait même fabriqué de toutes pièces 330 expertises de sorte qu'elles répondent le mieux à l'orientation prise par l'accusation. Ces laboratoires, souvent privés, sont régis par une association professionnelle et non par une instance indépendante ou gouvernementale.

Plus de la moitié des condamnés dont l'Innocence Project a réouvert les dossiers ont été innocentés. Et s'il a fallu 13 ans pour que les 100 premières victimes d'erreur judiciaire soient libérées, les 100 suivantes l'ont été en 6 ans. Plus de 8 000 dossiers sont aujourd'hui en attente. Ils sont pris en charge par une cinquantaine d'organisations réunies au sein de l'Innocence Network, qui s'appuient sur des cabinets d'avocats, des écoles de droit mais aussi de journalisme. Et le réseau s'internationalise, avec des antennes basées en Australie, au Canada, en Grande-Bretagne et en Nouvelle-Zélande.

Initialement, il s'agissait d'innocenter les victimes d'erreur judiciaire. Aujourd'hui, et partant des données collectées, il s'agit aussi de réformer le système policier et judiciaire. 500 juridictions ont ainsi accepté d'enregistrer les interrogatoires après que l'Innocence Project a démontré que 25 % de ceux qu'il a innocentés - dont 35 % des mineurs et des handicapés - avaient avoué face aux policiers. Mais l'ONG fait face à de fortes résistances : 50 % des procureurs contestent les preuves réunies par l'Innocence Project. Ils ne s'excusent jamais, ne reconnaissent jamais leurs erreurs, et certains ont même refusé de poursuivre la personne que l'ADN avait finalement accusée (dans 82 cas, le vrai coupable a, en effet, été identifié).

Jean Marc Manach

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/20…42279_3222.html
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Le taux d'élucidation américain est en effet important, mais quitte à choisir, la police française ferait bien de lorgner du côté du Japon qui selon un criminologue que j'avais rencontré affiche en moyenne un taux d'élucidation tournant alentour des 80%.

Je pense que le taux d'élucidation ne dépend que d'une certaine partie de la police. Le comportement de la population doit y être pour beaucoup (coopération, prévention de la délinquance par "pression sociale" etc.). En outre si quasiment personne ne viole la loi, les rares cas doivent se voir comme le nez au milieu de la figure (une sorte de théorie du carreau cassé à l'envers).

Posté
Toujours sur les mauvais coté du système judiciaire américain :http://www.lemonde.fr/ameriques/article/20…42279_3222.html
Dossiers "arrangés", témoignages orientés, occultation d'éléments "à décharge", fabrication de fausses preuves… en Virginie, un laboratoire d'expertise avait même fabriqué de toutes pièces 330 expertises de sorte qu'elles répondent le mieux à l'orientation prise par l'accusation. Ces laboratoires, souvent privés, sont régis par une association professionnelle et non par une instance indépendante ou gouvernementale.

Traduction: c'est l'ultralibéralisme et son culte de l'argent-roi et du marché sans contrôle qui ruine le système judiciaire yankee.

Mais l'ONG fait face à de fortes résistances : 50 % des procureurs contestent les preuves réunies par l'Innocence Project. Ils ne s'excusent jamais, ne reconnaissent jamais leurs erreurs

Ca c'est loin d'être typiquement américain, ce serait même consubstantiel à la profession (e.g. affaires Seznec, Raddad, Ranucci…)

Je pense qu'un Innocent Project français révélerait des dysfonctionnements tout aussi choquants, c'est sans doute la raison pour laquelle il n'y en a pas.

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