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La crise économique actuelle


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Quelqu’un pourrait-il expliquer au profane en économie que je suis ce qui s’est exactement passé aux Etats-Unis et qui a déclenché la crise que nous vivons, et en quoi cette crise consiste ; sans utiliser de jargon technique.

Merci ! :icon_up:

Posté

En gros il y a 2 explication:

Du coté monnaitaire :

Les banques centrales "fournissent en argent" les banques commerciales qui elles prêtent aux ménages …

Les banques centrales fixent un taux d'intérêt directeur auquel elles prêtent aux banques commerciales …

Ce taux varie temps en temps,

quand il diminue :

les banques commerciales peuvent plus emprunter (pour repréter) ce qui injecte de la monnaie dans l'économie … mais cela créé de l'inflation (argent moins rare -->sa valeur diminue, les prix augmentent)

les banques prêtent à des ménages/entreprises de moins en moins solvables -->Mal investissement

Les hommes politiques ont tendance a vouloir que Les banques centrales (qui ne sont pas toute bien indépendantes) baissent les taux car cela boost provisoirement l'économie (relance de l'investissement ect), mais ce boost , se paye bientôt par une augmentation de l'inflation comme vu plus haut et la c'est le drame :icon_up: les banques centrales resserrent la vis pour contenir l'inflation ce qui entraine les faillites des investissements fragiles et des menages qui ne peuvent plus payer leurs crédits (à taux variable) … ce qui entraine la faillite des banques

Le monde financier est étranglé et bientôt le monde réel , par compassion :mrgreen: les banques centrale relâchent un peu la pression et rebaisse les taux

Et retour à la case départ …

On peut dire que les banques centrales par cette politique donnent un très mauvais signal aux banques commerciales qui anticipent que quand elle se seront mise dans la merde (en prétant mal et trop), les banques centrales viendront à la rescousse … les banques commerciales sont déresponsabilisées …

Cette première explication est completable par une deuxième:

Le rôle des règlementations affectant le logement

L'immobilier a connue une explosion longue et continue des prix ce qui fait que les ménages doivent emprunter plus pour se loger et aussi les poussent à acheter car ils peuvent espérer faire une plus value future ou au moins acheter tant qu'ils le peuvent encore … pareil pour les banques la hausse leur donne l'illusion que même en cas de défaillance de leurs clients ils retomberont sur leurs pieds …

Les prix de l'immobilier ont explosé ces dernières années … ce qui peut paraitre insensé dans un marché libres, l'offre devrait augmenter et ramener les prix à un niveaux proche de leur cout réel … …

Et c'est la qu'entre en jeux les règlementations foncières, les règlementations ultra rigides (on aime bien ça en France) empêchent tout ajustement rapide du marché … ils faut des années (et pas mal de relation et d'argent liquide :doigt: ) pour rendre un terrain constructible et y faire pousser une maison dessus … ce qui entraine une offre chroniquement trop faible ce qui rencherit l'immobilier par la rareté, et augmente les couts de construction (terrain à bâtir exorbitant, argent bloqué improductif pendant trop longtemps …)

Ceci a été démontré empiriquement sur pas mal de ville américaines mais c'est bien sur une explication qui n'a pas la cote en France où planifier (contre l'étalement urbain ou pour se prendre pour Dieu) est une spécialité culinaire reconnue …

Voilà c'est ce que j'en ai compris (aidé par V Benard)

Posté
Quelqu’un pourrait-il expliquer au profane en économie que je suis ce qui s’est exactement passé aux Etats-Unis et qui a déclenché la crise que nous vivons, et en quoi cette crise consiste ; sans utiliser de jargon technique.

Merci ! :icon_up:

Les avancées technologiques fin 1990 ont créées - simultannément avec la libéralisation des crédits un nouvel espoir - : la nouvelle technologie. Tout le monde est monté dans le train. Toutefois, l'augmentation progressive des taux rendit la spéculation sur une croissance supplémentaire trop risquée vers 1999.

Ainsi, cette crise initiale avait été alors déclenchée par une correction des marchés boursiers du monde entier dont l'engouement pour les nouvelles technologies avait frisé le ridicule.

Effrayés par ce manque de perspectives financières, les gouvernement pratiquèrent aussitôt une politique Keynsienne d'inflation monétaire dès 2001 sous forme de nouvelle incitation au crédit (Greenspan).

Des capitaux nouvellement produits furent ainsi canalisés vers le marché de l'immobilier sous toutes ses formes - apparemment pour éviter le risque du marché boursier en perdition, tout en sécurisant les crédits par de solides hypothèque. Ceci entraîna évidemment une explosion de la demande et par conséquent une explosion des prix, et finalement une explosion de la spéculation sur la croissance exponentielle de l'immobilier.

On assista donc exactement aux mêmes exagérations pour la nouvelle technologie et puis pour la "brique". Il en a résulté un nouvel engouement immobilier frisant à son tour le ridicule.

Finalement la confiance dans les bourses reprit en apparence vers 2005 grâce à l'idée de ces garanties immobilière sousjacente. La facilité artificielle du crédit fut à nouveau réduite par le gouvernement (la FED) par appréhension de l'inflation des prix. Cependant le ridicule de la surévaluation de ces garanties immobilières a aussi percé à jour (nullité des multiples crédits à taux flottant aux USA, accordés à des gens d'autant plus insolvables que ces taux remontaient).

Le marché immobilier s'écroula progressivement aux USA dès 2006. Il entraîna peu à peu dans sa chute, toutes les entreprises basés sur ces garanties hypothécaires illusoires, soit finalement même des institutions bancaires réputées qui s'étaient appuyées sur l'inflation artificielle du gouvernement pour infiltrer ("sécuriser") d'autres activités boursières avec de tels risques.

Et c'est pas fini…

Posté

Je rajouterais à cette liste, la partie "Les Cycles économiques" de l'Action humaine de Mises, pour comprendre comment ce genre de crises arrivent, comment elles se déroulent et comment elles s'achèvent.

En l'actualisant un peu, j'pense que ca peut faire une bonne explication des subprimes.

Posté

Merci pour vos explications, j'ai quelques questions.

Les banques centrales "fournissent en argent" les banques commerciales qui elles prêtent aux ménages …

C'est à dire que si je suis banquier et que j'ai besoin d'argent, je vais voir M. Trichet et je lui dit "bonjour, il me faudrait 10 milliards d'euros", et il me les donne moyennant des royalties ? D'où vient l'argent des banques centrales ? C'est juste une création d'argent ex nihilo en fonction de la masse monnétaire qu'on veut faire circuler ? Pourquoi les banques commerciales ne tournent pas seulement avec les dépots de leurs clients ?

Les banques centrales fixent un taux d'intérêt directeur auquel elles prêtent aux banques commerciales …

Le taux directeur est le taux d'usure sur l'argent prêté, c'est ben ça ? Il y a différents types de prêts alors, car il me semble y avoir différents taux directeurs ; quels sont-ils ?

les banques centrales resserrent la vis pour contenir l'inflation ce qui entraine les faillites des investissements fragiles et des menages qui ne peuvent plus payer leurs crédits (à taux variable) … ce qui entraine la faillite des banques

Pourquoi ? Pourquoi les banques font faillite si les banques centrales ne prêtent plus, il leur reste bien les dépôts des clients non ?

les banques centrale relâchent un peu la pression et rebaisse les taux

Question naïve, s'il en est : pourquoi ne pas adopter un taux fixe à ne changer sous aucun prétexte ?

L'immobilier a connue une explosion longue et continue des prix ce qui fait que les ménages doivent emprunter plus pour se loger et aussi les poussent à acheter car ils peuvent espérer faire une plus value future ou au moins acheter tant qu'ils le peuvent encore … pareil pour les banques la hausse leur donne l'illusion que même en cas de défaillance de leurs clients ils retomberont sur leurs pieds …

Les prix de l'immobilier ont explosé ces dernières années … ce qui peut paraitre insensé dans un marché libres, l'offre devrait augmenter et ramener les prix à un niveaux proche de leur cout réel … …

Et c'est la qu'entre en jeux les règlementations foncières, les règlementations ultra rigides (on aime bien ça en France) empêchent tout ajustement rapide du marché … ils faut des années (et pas mal de relation et d'argent liquide :icon_up: ) pour rendre un terrain constructible et y faire pousser une maison dessus … ce qui entraine une offre chroniquement trop faible ce qui rencherit l'immobilier par la rareté, et augmente les couts de construction (terrain à bâtir exorbitant, argent bloqué improductif pendant trop longtemps …)

Ceci a été démontré empiriquement sur pas mal de ville américaines mais c'est bien sur une explication qui n'a pas la cote en France où planifier (contre l'étalement urbain ou pour se prendre pour Dieu) est une spécialité culinaire reconnue …

Je saisi le phénomène, mais en quoi le fait que les gens ne peuvent pas se loger a un impact sur la santé des banques ? 

Posté
Merci pour vos explications, j'ai quelques questions.

….

Alors si tu veux vraiment tout savoir, franchement, tu ferais mieux de lire ceci:

Mystery of Banking

c'est clair, simple, concis et sans vocabulaire technique.

Posté
En gros il y a 2 explication:

Du coté monnaitaire :

Les banques centrales "fournissent en argent" les banques commerciales qui elles prêtent aux ménages …

Les banques centrales fixent un taux d'intérêt directeur auquel elles prêtent aux banques commerciales …

Ce taux varie temps en temps,

quand il diminue :

les banques commerciales peuvent plus emprunter (pour repréter) ce qui injecte de la monnaie dans l'économie … mais cela créé de l'inflation (argent moins rare -->sa valeur diminue, les prix augmentent)

les banques prêtent à des ménages/entreprises de moins en moins solvables -->Mal investissement

Les hommes politiques ont tendance a vouloir que Les banques centrales (qui ne sont pas toute bien indépendantes) baissent les taux car cela boost provisoirement l'économie (relance de l'investissement ect), mais ce boost , se paye bientôt par une augmentation de l'inflation comme vu plus haut et la c'est le drame :icon_up: les banques centrales resserrent la vis pour contenir l'inflation ce qui entraine les faillites des investissements fragiles et des menages qui ne peuvent plus payer leurs crédits (à taux variable) … ce qui entraine la faillite des banques

Le monde financier est étranglé et bientôt le monde réel , par compassion :mrgreen: les banques centrale relâchent un peu la pression et rebaisse les taux

Et retour à la case départ …

On peut dire que les banques centrales par cette politique donnent un très mauvais signal aux banques commerciales qui anticipent que quand elle se seront mise dans la merde (en prétant mal et trop), les banques centrales viendront à la rescousse … les banques commerciales sont déresponsabilisées …

Cette première explication est completable par une deuxième:

Le rôle des règlementations affectant le logement

L'immobilier a connue une explosion longue et continue des prix ce qui fait que les ménages doivent emprunter plus pour se loger et aussi les poussent à acheter car ils peuvent espérer faire une plus value future ou au moins acheter tant qu'ils le peuvent encore … pareil pour les banques la hausse leur donne l'illusion que même en cas de défaillance de leurs clients ils retomberont sur leurs pieds …

Les prix de l'immobilier ont explosé ces dernières années … ce qui peut paraitre insensé dans un marché libres, l'offre devrait augmenter et ramener les prix à un niveaux proche de leur cout réel … …

Et c'est la qu'entre en jeux les règlementations foncières, les règlementations ultra rigides (on aime bien ça en France) empêchent tout ajustement rapide du marché … ils faut des années (et pas mal de relation et d'argent liquide :doigt: ) pour rendre un terrain constructible et y faire pousser une maison dessus … ce qui entraine une offre chroniquement trop faible ce qui rencherit l'immobilier par la rareté, et augmente les couts de construction (terrain à bâtir exorbitant, argent bloqué improductif pendant trop longtemps …)

Ceci a été démontré empiriquement sur pas mal de ville américaines mais c'est bien sur une explication qui n'a pas la cote en France où planifier (contre l'étalement urbain ou pour se prendre pour Dieu) est une spécialité culinaire reconnue …

Voilà c'est ce que j'en ai compris (aidé par V Benard)

non et non !

Le monde financier n'est pas "étranglé" par la hausse des taux. Le monde financier est renfloué par les taux artificiellement bas.

Posté
Je ne pige pas grand chose à cet article…

Il y a cet autre article (plus accessible) de Vincent Benard

vendredi 14 mars 2008

la crise du subprime pour les nuls

http://www.crisepublique.fr/2008/03/la-crise-du-sub.html

Sinon, j'ai créé un fil en pensant justement aux profanes et où je poste des textes dont la plupart sont très accessibles:

Actualité des marchés 2008, Revue de presse

Comme son nom l'indique, il ne s'agit pas réellement d'une invitation à la discussion mais les questions y sont bienvenue (même si je ne pense pas personnellement avoir réellement le temps d'y répondre, d'autres le feront peut-être). Autre choix: n'hésitez pas à poser ici des questions sur des textes posté à côté (pourvu qu'ils soit "liés" ou cités). :icon_up:

Je vous recommande les premiers textes en particulier (surtout le premier) qui posent bien le problème. L'ordre dans lequel j'ai posté n'était pas neutre. Bonne lecture.

Posté
Effrayés par ce manque de perspectives financières, les gouvernement pratiquèrent aussitôt une politique Keynsienne d'inflation monétaire dès 2001 sous forme de nouvelle incitation au crédit (Greenspan).

Des capitaux nouvellement produits furent ainsi canalisés vers le marché de l'immobilier sous toutes ses formes - apparemment pour éviter le risque du marché boursier en perdition, tout en sécurisant les crédits par de solides hypothèque. Ceci entraîna évidemment une explosion de la demande et par conséquent une explosion des prix, et finalement une explosion de la spéculation sur la croissance exponentielle de l'immobilier.

Et c'est pas fini…

c'est ainsi que vous expliquez les CDOs?

Il s'agirait plutot d'adresser la question de la deregulation des prets immobiliers.

Posté
non et non !

Le monde financier n'est pas "étranglé" par la hausse des taux. Le monde financier est renfloué par les taux artificiellement bas.

+ 1

Et ces taux bas viennent compenser un manque de liquidités lui aussi causé par la surabondance de crédit bon marché des dernières grandes baisses d'intérêts des banques centrales. Si l'héroïnomane ne va pas bien, ce n'est surtout pas à cause de l'héroïne mais à cause du manque, n'est-ce pas? Vite, un nouveau shoot de monnaie bon marché!

Ce "manque de liquidité", c'est juste un réajustement entre ce qui est réellement viable et les investissements foireux qui avaient l'air rentables à cause des taux trop bas qui ne reflétaient pas la véritable préférence temporelle des gens.

Posté
Ce "manque de liquidité", c'est juste un réajustement entre ce qui est réellement viable et les investissements foireux qui avaient l'air rentables à cause des taux trop bas qui ne reflétaient pas la véritable préférence temporelle des gens.

Il est exact de dire qu'un changement de taux peut rendre non solvable certaines positions financières dont les détenteurs seront tentés de chercher durant quelques temps à masquer leur insolvabilité sous couvert d'un prétendu manque de liquidité.

Il n'en demeure pas moins que la liquidité est une qualité distincte de la solvabilité. On peut très bien avoir des acteurs liquides mais insolvables ou des acteurs illiquides mais solvables.

Quand un gros paquet de créances douteuses est identifié sans pour autant que l'on sache qui en est détenteur, cela engendre une crispation des acteurs du marché qui attendent de savoir où sont passé les créances douteuses avant de refaire confiance aux emprunteurs. On a donc quelques acteurs insolvables, et beaucoup d'acteurs illiquides.

Les prets accordés par les banques centrales permettent d'atténuer l'absence de liquidité. Ces prets sont faits contre gages. Soit les gages sont béton (bons du trésor de puissances économiques etc.) et alors ce sont les autres créanciers de ces emprunteurs qui se retrouvent moins bien couverts, soit ils ne sont pas béton et alors la BC joueun rôle de banquier au dépent de l'argent du contribuable, mais en préservant la dynamique économique qui sans cela serait grippée avec un effet domino présumé plus couteux pour l'économie que la dépréciation des créances douteuses d'origine.

Dans la crise actuelle, les médias parlent des subprimes et font comme si la crise leur était toute entière due. En fait il est très probable que la masse monétaire a cru exagérément durant la décennie passée ce qui a gonflé les prix de l'immobilier (croissance en prix face aux contraintes urbanistes "modernes"), et faussé d'autres valeurs financières. Si cette hypothèse est vraie alors le problème dépasse les subprimes et le disours de rustine à liquidité des banques centrales serait bancale dans le cas de la crise actuelle.

Posté
c'est ainsi que vous expliquez les CDOs?

Il s'agirait plutot d'adresser la question de la deregulation des prets immobiliers.

Pour le moment c'est comme ca que je vois les choses. Mais peut-être y a t'il des aspects plus importants à évoquer?

  • 2 weeks later...
Posté

Est-ce qu'il n'y avait pas aux USA une loi qui obligeait les banques à prêter à un certain pourcentage de demandeurs, même quand toutes les conditions de solvabilité n'étaient pas réunies ?

Posté

a - Pour une explication limpide, en termes "humains" ( et avec beaucoup d'humour en prime), lire "Des Lions menés par des ânes" de Charles Gave ( Robert Laffont, 2002). Ca se lit en 2 après-midis sur une térasse ensoleillée… Tu attaques le livre en "nul", tu finis le livre et tu as compris l'essentiel.

b - Pour la "crise de sub-primes"… il y a Vincent Bénard. Qui t'explique simplement que la réglementation restrictive du foncier crée de la pénurie - l'offre est rare par rapport à la demande solvable. Les prix vont donc monter. Ils vont surtout monter plus vite que la croissance du PIB !

Mais des "deséquilibres" entre offre et demande ont lieu assez régulièrement, dans d'autres domaines. Exemple récent: les matières premières ! (cette fois, l'offre n'arrive pas, à court terme, à suivre une demande qui a augmenté très vite, pour des raisons "naturelles"). Cela aboutit-il toujours à des "crises" ? Pas obligatoirement, mais cela n'est pas exclu… Pourquoi ?

Dans un premier temps, un tel "domaine" est donc un domaine ou l'on espère faire des profits +++. Par "+++" il faut entendre nettement plus grands que la croissance du PIB. Les "spéculateurs" investissent la-dedans !!! (normal, ils sont à l'affût du profit). Mais ce faisant ils… augmentent l'offre ! Les prix vont progressivement baisser.

En absence d'innovation technologique significative, toute cette histoire doit donc se "stabiliser", in fine, à des prix qui couvrent les coûts de production plus une "rente" annuelle sensiblement équivalente à la croissance du PIB ( la "rente", c'est ce que touche celui qui prête de l'argent aux "entrepreneurs"; j'utilise les termes de Gave).

A la fin de cette "adaptation", les prix sont "normaux", le volume du produit a augmenté (satisfaisant, dans les limites technologiques du moment, le maximum de demande possible)

Vu de très loin donc, il n'y a pas matière à "crise".

C'est oublier le côté "timming".

Les premiers "spéculateurs" qui investissent là-dedans vont récupérer leur "mise" à des prix encore élevés. Ils ont gagné ! Mais il y aura, vers la fin, des "spéculateurs" qui, entre le moment ou ils investissent et le moment ou ils doivent recuperer leur mise verront les prix s'effondrer à tel point qu'ils sont perdants. Car la baisse des prix n'est ni instantanée, ni uniforme.

Il y a d'abord une longue période durant laquelle les prix stagnent à des niveaux élevés (les "vendeurs" préfèrent attendre au lieu de vendre "au rabais").

Les prix restent donc élevés: c'est le volume de transactions qui baisse, progressivement. Mais… cette "attente" entraine un certain nombre d'investisseurs vers la crise de liquidités: ils doivent soit vendre ( à "vil" prix) soit… déposer le bilan. Parfois les deux arrivent, simultanement.

Lorsque beaucoup de ces "spéculateurs tardifs" vendent "à perte" ( voire déposent le bilan), il y a "crise": le "patrimoine", hier encore évalué à 1000, aujourd'hui vaut… à peine 100 !

Il ne faut pas se leurrer: le nombre de maisons constituant ce "patrimoine" n'a pas baissé, ni la qualité de ces maisons. La "crise" ne fait que corriger une évaluation qui, hier encore, était "sur-faite" !

En quelque sorte, la sirene d'alarme (les prix) qui devrait avertir qu'il est temps d'arrêter d'investir dans le domaine en question, cette sirène retentit avec du retard !

Si, à long terme, l'auto-régulation du marché se fait bel et bien, cela se fait non pas de manière "linéaire" mais avec des oscillations: tantôt au-dessus, tantôt en-dessous du prix "idéal".

Ces "crises correctrices" sont généralement de faible ampleur. Ce n'est pas encore suffisant pour expliquer la crise des sub-primes ( son ampleur dépasse une simple "crisette" correctrice)

Probablement, il y a eu conjonction de plusieurs facteurs:

- la pénurie artificielle, entretenant une hausse des prix aberrante et prolongée ( cf. Bénard). Un marché libre, en augmentant la production, aurait attenué bien avant les vélleités spéculatives. Le tort originaire est donc… justement l'intervention reglementaire et l'absence de marché libre !

- la hausse des prix dans l'immobilier qui en découle(hausse artificielle, comme nous l'avons vu, et particulièrement "forte") a induit un phénomène un peu inattendu: les prêts immobiliers basés… non pas sur la capacité réelle de remboursement de l'emprunteur, mais sur le pari selon lequel la re-vente du bien immobilier en question, dans 2-3 ans, permettra de faire une opération rentable! (Aux USA notamment, on peut rembourser seulement les intérêts durant…2-5 ans; amplement le temps de "voir les prix monter" à tel point qu'en revendant, on puisse espèrer récupérer les intérêts payés, le capital, et faire un profit de surcroit!). Ce calcul a dû fonctionner un certain temps, le rendant "crédible" et poussant une marée de gens (des familles normales) à contracter de tels prêts immobiliers. Les banques étaient rassurées… par le même raisonnement.

Pour compliquer encore plus l'affaire, il faut savoir que les banques traitant directement avec ces ménages (généralement des banques de petites taille, avec des fonds limités), prêtaient à des taux élevés aux familles dont la capacité de remboursement était faible (le taux est plus élevé quand on "prend des risques"..). Pour se re-financer, ces banques constituaient des "produits financiers" ( des "titres") comprenant des "paquets de crédits" (10 000, 20 000) - la "titrisation" - et re-vendaient ces "titres" aux grosses banques. La petite banque était contente ( elle perdait, certes, le bénéfice futur de ces crédits mais elle gagnait la liquidité immédaite dont elle avait besoin) la grosse banque aussi (elle devenait le destinataire futur de remboursements mirobolants).

Autre acteur incontournable dans ces transactions entre établissements financiers: les organismes de "cotation" (Standard&Poors, par exemple). C'est à eux d'analyser la "qualité" de ces "produits financiers". Problème: l'organisme de cotation est payé au pourcentage d'une transaction réalisée. Ergo: il a tout intérêt à ce que la transaction se fasse (et à prix élevé, de préférence…). Une bonne notation est nettement plus utile qu'une mauvaise, en ce sens ! La plupart des "titres" immobiliers étaient excelemment bien notés!

Evidemment, dans ce délire, ce qui devait arriver arriva: à force d'augmenter les prix (bien plus vite que la croissance du PIB, donc plus vite que la croissance moyenne du pouvoir d'achat), on arriva à des prix ou … il n'y avait plus d'acheteur. ( du moins, plus d'acheteur solvable).

Au fond, c'est une "crise correctrice", mais qui corrige une "spéculation" exceptionellement énorme, par l'ampleur des prix "espérés", l'ampleur des sommes concernées et la multiplicité des acteurs ( ces "produits financiers" ont été achetés par les plus grandes et nobles banques de par le monde, hi-hi!).

A la base de tout ça ?

a - la "pénurie artificielle" (comme quoi, depuis Bastiat, on est toujours incapables de faire du "nouveau": la "régulation du marché" ne produit que distorsion et pénurie, disait-il ! Le pire, c'est que nos élites, malgré les évidences historiques, s'entêtent à croire le contraire)

b - des "analystes financiers" sans aucune vision économique (consultant asiduument des statistiques savantes d'évolution des prix: et alors ?), qui avaient oublié une évidence élémentaire: si, à court terme, on peut éventuellement "gagner" plus que la croissance du PIB, celà est impossible à long terme.

Car tout le calcul "spéculatif" se basait sur l'hypothèse selon laquelle les prix allaient "continuer à grimper à des rythmes bien supérieurs à la croissance du PIB". Or, "les prix" ne grimpent pas tout seuls ( comme des grands !). "Le Marché", "les Prix"… n'ont aucune vie propre; ce ne sont que des concepts abstraits: sans les individus humains et leurs comportements (fort réels, ceux-là), ces abstraction n'existeraient pas.

Pour que "les prix" grimpent… encore faut-il des acheteurs disposés à payer ces prix. Or "l'acheteur moyen" voit son revenu augmenter annuellement… seulement du taux de croissance du PIB (si on raisonne en terme de "citoyen moyen", l'augmentation annuelle de ses revenus est, par définition, synonyme de "croissance du PIB"). Si, durant 2-3 ans, cet acheteur moyen est disposé éventuellement à augmenter sa dépense locative plus que l'augmentation de ses revenus (en se privant d'autre chose!) ceci ne peut pas durer indéfiniment. Tôt ou tard, n'ayant plus aucune "reserve"… il va… renoncer à acheter, devant des prix devenus au-dela de ses moyens !

S'il n'y a plus de transactions… c'est que le marché s'est cassé la figure!

Donc, à long terme, ce "modèle" était clairement voué à un arrêt brutal !!!! L'hypothèse "fondatrice" était une stupidité, sans parler du fait que, d'une certaine manière, cela s'apparente à un "jeu pyramidal" (pratique interdite dans la plupart des pays, mais cela est un autre aspect…)

Evidemment, la "perte" globale est … une fiction comptable: on n'a pas rasé - que je sache - des milliers de maisons de la face de la terre, ni aux USA ni ailleurs ! Simplement, un parc immobilier qui, hier encore, était "évalué" à des prix hallucinants, s'est vu retrouver sa vraie valeur monétaire d'echange.

Evidemment, les "larrons de la farce" sont ceux qui ont "investi" quand les prix étaient encore élevés mais qui n'ont pas encore "revendu". En occurence:

- environ un million de "ménages" aux USA. Qui se retrouvent, de facto, en incapacité de payer leurs dettes, donc en "faillite personnelle"

- mais surtout les acheteurs desdits "produits financiers": ils découvrent qu'une bonne part des créances qu'ils ont achetées sont des créances qui ne seront jamais honorées (du moins, pas aux niveau qu'ils espéraient).

Ils ne peuvent pas non plus expulser les débiteurs en faillite: pour récupérer quoi? Des biens immobiliers, qu'ils revendront… à qui ? Pour quel montant ?

Ils ont donc acheté à prix d'or des "promesses d'argent", promesses qui ne seront évidemment jamais tenues. Or le fait quil s'agissait de promesses bidon était évident (du moins pour ceux qui auraient pris la peine de lire Charles Gave). La seule chose qui était peu prévisible, c'était "quand" le crash allait arriver; en 2007, en 2008, en 2009 ? Mais il fallait être crétin pour croire que l'histoire allait tenir…20-30 ans (durée de remboursement des prêts..) !!!

Donc, les grandes banques doivent re-calculer leur "actif" à la baisse. Et, à ma connaissance, nous ne sommes pas au bout de nos surprises, en ce sens.

Le discrédit des organismes de "cotation" est assez dur aussi (Standard & Poors, à ma connaissance, broye du noir, en ce moment…)

Pour l'avenir… ca dépend:

1 - on laisse "mordre la poussière" ceux qui vont déposer le bilan ( c'est, à ce que j'ai cru comprendre, la tendance de l'opinion, aux USA)

2 - on injecte de l'argent dans le système, afin de "renflouer" les bateaux en péril, sous prétexte que leur naufrage induirait une crise économique généralisée. Ce serait, semble-t-il, la tendance des "têtes pensantes"…)

"Injecter de l'argent" signifie simplement faire marcher la planche à billets ! Cela s'appelle "l'inflation" ! La masse monétaire augmente +++, les prix nominaux augmentent! La maison qui, actuellement vaut 100, vaudra ainsi 1 000, demain!

Du moins sur le plan formel, plus personne n'est en faillite ! Tous peuvent honorer leurs engagements!

Mais, comme la richesse réelle (pain, voitures, etc.) n'a pas augmenté grace à un planche à billets (ca se saurait…), il faudra bien un larron, dans ce "sauvetage miraculeux". Le larron sera… le petit epargnant: car, lui aussi, a une épargne "nominale": il a déposé 100 et on lui doit, tous les ans, 3%. Et il les aura, aussi bien ses 100 que ses 3% annuels.

Le problème c'est que, au moment ou il avait déposé ces 100, celà représentait un tiers de son revenu annuel ! ( Il s'est privé de vacances et de tout loisir pendant 2 ans pour "épargner" celà ) Grace à l'inflation, les 100 en question vaudront bientôt… une boite d'allumettes, au mieux.

Grace au sauvetage "miraculeux et indolore" de quelques établissements financiers, des millions de "petites gens" seront, de fait, ruinées.

Moralité ?

Contrairement à ce que pensent de nombreux "étatistes" et "interventionnistes", quand on aime réelement les petites gens, la seule chose A NE PAS FAIRE c'est d'intervenir dans le jeu économique.

Les premiers à profiter du libéralisme (le vrai) sont… non pas les "gros poissons" mais les petites gens ! Et inversement: les premiers à souffrir en économie "dirigée" sont les humbles, pas les nantis !!

Allez, bonne nuit, c'est déja affreusement long, cette "leçon"…

Posté
c'est ainsi que vous expliquez les CDOs?

Il s'agirait plutot d'adresser la question de la deregulation des prets immobiliers.

La structuration de crédit (incluant les CDOs) a surtout explosé parce que les régulations de Bâle a des pondérations qui incite à évacuer les créances. Le business bancaire avec une banque centrale est structurellement frauduleux. Les BCs essayeront toujours de limiter l'intéret des banques commerciales à profiter de la planche à billet, mais elles arriveront toujours à détourner les réglementations. La seule solution, c'est évidemment de supprimer la BC et l'aléa moral qu'elle créé. D'ailleurs, je ne comprends toujours pas comment les BCs ont accepter les véhicules hors bilan des banques.

D'autres part, avec les taux très bas, les banques d'investissements ont vendu à leurs clients des structures de financement à court terme finançant des placements long terme (les ABCPs, ARS, …).

Aussi, il faut parler de la réglementation qui créé un monopole de fait des agences de rating principales, leur donnant même le pouvoir d'indiquer ce qu'un fond type pension fund ou money market fund peut avoir dans son book.

Aussi, la structure du margin trading (investir en bourse à crédit), qui est refinancé au final par la BC.

Il y a énormément d'Etat qui nous a amené là où nous en sommes.

Il ne suffit pas de regarder si le "privé" a fait ceci ou cela, mais de savoir si il a fait cela selon des incitations de marché ou par rapport à des réglementations ou des conséquences de réglementations.

Est-ce qu'il n'y avait pas aux USA une loi qui obligeait les banques à prêter à un certain pourcentage de demandeurs, même quand toutes les conditions de solvabilité n'étaient pas réunies ?

Oui, mais cette loi date de 1975, donc j'ai du mal à comprendre comment son effet n'apparait qu'ajd.

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La fin du scénario est fantasque mais l'élement déclencheur, les CDS (credit default swap) est il vraisemblable ?

Économie mondiale :

Quand Attali imagine

le scénario du pire

Jacques Attali

28/03/2008 | Mise à jour : 18:22 | Commentaires 17

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En exclusivité pour «Le Figaro Magazine», s'est essayé à un exercice d'économie-fiction inédit. Même s'il avoue ne pas y croire, le scénario noir de l'auteur d'« Une brève histoire de l'avenir » (1) fait froid dans le dos. Simple poisson d'avril ? Et si le pire arrivait…

Fin avril 2008, Washington. A la réunion du comité intérimaire du Fonds monétaire international, tous les dirigeants financiers et bancaires de la planète semblent rassurés : les Bourses mondiales ne se sont pas effondrées. Les grandes banques semblent résister au choc. La croissance mondiale reste supérieure à 4 %. A la fin de la réunion, le directeur général du Fonds monétaire, un peu déçu de n'avoir pu obtenir l'autorisation de lancer la grande réforme à laquelle il aspirait, résume dans un discours de clôture l'état d'esprit du monde. Certes, explique-t-il, le système financier est un peu plus fragile qu'il n'était avant la crise des subprimes, mais la crise est sous contrôle. Les CDS, explique-t-il, ou credit default swaps, contrats entre acheteurs et vendeurs de protection, sont des outils très utiles, malgré les excès des mois précédents. Dans ces contrats, rappelle-t-il, l'acheteur verse une prime, en fonction de la valeur théorique de l'actif ; l'autre, le vendeur, promet de compenser les pertes éventuelles. Ce système a permis et permettra, proclame-t-il, rassurant, la formidable expansion de l'économie mondiale. L'exposition des banques aux risques spéculatifs par ce système n'est pas égale au montant des CDS, mais seulement, dit-il, de l'ordre de 1 % de la valeur théorique de ces contrats, soit la différence entre la valeur prévue et la valeur réelle ; ce qui revient à dire que le risque que courent les banques en utilisant ces instruments, qui ont fait si peur, est inférieur au quart du total des risques qu'ils portent sur l'ensemble de leur crédit. Il est donc maîtrisable. De plus, continue-t-il, ces menaces qui pèsent sur le système financier ne peuvent avoir de conséquence sur le système industriel, qui va mieux que jamais, mondialement. Enfin, si la crise, qui s'éloigne, reprenait, les ressources dont disposent les Banques centrales pour la combattre dépassent les 7 trillions (2) de dollars et progressent de 150 milliards de dollars par mois. La seule Banque centrale de Chine détient 1,6 trillion de dollars, suivie par celles du Japon et de la Russie.

Pourtant, au lendemain même de cette réunion, la rumeur se répand à New York que le président de la plus grande banque de la place, la US Bank - qu'on n'avait pas vu lors des réunions de Washington - a présenté sa démission à son conseil. En fait, pendant que les grands argentiers se félicitaient de la fin de la crise dans les grands hôtels de la capitale fédérale, à Wall Street, la panique avait fait suite à la stupeur : le président de la US Bank avait dû révéler à son conseil qu'il venait de découvrir que, en toute légalité, l'évolution des marchés des matières premières, dont la hausse avait été beaucoup plus rapide que prévu, conduisait la banque à reconnaître que les pertes sur les contrats de CDS, ou d'options, ne représentaient pas 0,1 % de la valeur théorique des contrats, comme on le croyait, ni 1 % comme le disait la veille le directeur général du FMI, mais plus de 2 %, soit, pour la US Bank… 3 trillions de dollars, un montant deux fois supérieur à la valeur des actifs de la banque. Le président doit reconnaître qu'il n'a pas trouvé de moyens discrets sur le marché pour combler une telle crevasse. Autour de la table du conseil, tout le monde comprend : la plus grande banque du monde est en situation de faillite ; c'est beaucoup plus grave que le cas de la banque Bear Stearns, rachetée par JP Morgan quelques mois plus tôt. Là, aucune banque ne peut acheter. Et il n'y a que trois solutions : la faillite, le rachat par un fonds souverain ou la nationalisation. La faillite mettrait en cause tout l'équilibre du système financier américain. Plus personne ne croirait à aucune banque. Le dollar s'effondrerait. Et plus personne ne voudrait même l'utiliser. Ce serait la véritable fin de l'économie américaine. Ne reste que l'appel à un grand fonds souverain ou la nationalisation. Il faut se tourner vers les autorités publiques pour en décider.

Une demi-heure plus tard, un communiqué très sec prend acte de la démission du président, remplacé par M. Greenspan, qui annonce que les pertes de la banque liées à ces instruments financiers spéculatifs sont considérables, sans donner de chiffres, et affirme qu'une solution est en train d'être trouvée avec les autorités fédérales. Dans la nuit, une réunion de crise est convoquée à la Maison-Blanche, autour du Président lui-même. Le président du système de réserve fédéral explique qu'il n'a pas les moyens de financer de telles pertes et qu'il faut faire appel à un fonds souverain étranger. C'est possible : la Banque centrale chinoise peut y participer et, s'ils mettent ensemble les ressources qu'ils peuvent attendre d'ici à 2013, les pays du Golfe peuvent mobiliser 5 trillions d'ici à 2013 ; la Banque centrale peut imaginer de leur faire crédit jusque-là. Mais une telle solution signifie que c'en est fini de l'indépendance de la plus grande banque américaine et, par effet de dominos, de tout le système financier américain. Le Président n'en veut pas. Il n'y a donc pas d'autres solutions que la nationalisation, que personne ne recommande : comment la financer, sinon par la dette ou par un impôt spécial, qui viendrait casser encore la croissance ? A l'aube, après neuf heures de discussion, le président Bush décide de demander au Congrès de financer la nationalisation de la banque par un impôt spécial sur la consommation.

Le lendemain matin, 2 mai, l'annonce de cette nationalisation est un immense traumatisme. C'est tout le modèle de la société libérale qui est en cause. L'Etat, dont chacun disait qu'il devait se retirer de l'économie, est obligé d'y revenir, pour le pire. Et le contribuable doit payer les erreurs des salles des marchés, sans que personne ne pense à réclamer aux traders de rembourser leurs faramineuses primes. La presse, cependant, félicite le Président pour sa réaction rapide, qui enraye la crise et colmate les brèches. Le marché boursier ne tombe pas.

Mais, dans la journée, la panique revient, entretenue par les rumeurs les plus folles : ce qui est arrivé à US Bank peut arriver à toute banque. CNN annonce même que trois autres établissements financiers pourraient connaître le même sort, en raison de l'évolution imprévue du cours de l'or. Les rares épargnants américains s'inquiètent : leur épargne est-elle protégée dans les banques ou faut-il la retirer ? Mais pour en faire quoi ? L'argent liquide n'a pas beaucoup de sens, au vu de l'inflation qui redémarre. Alors quoi ? L'or, mais n'a-t-il pas atteint un sommet ? L'immobilier, mais il s'effondre. Les oeuvres d'art, mais qui sait comment les choisir ? Puis, la panique se calme : aucune autre banque ne fait faillite. Chacun décide, cependant, de consommer moins.

Fin mai, la consommation plonge, la récession commence, l'emploi s'effondre. De très nombreux salariés, devenus chômeurs, sont des consommateurs endettés et n'ont plus les moyens de financer leurs cartes de crédit, ce qui fragilise encore plus le système financier américain.

Mi-juin, pour tenter de rétablir la confiance, de relancer la croissance et de remettre de l'argent dans le système, la Banque fédérale décide de donner un signal très fort, attendu depuis longtemps : elle fixe les taux d'intérêt de base à 0 %, ce qui revient à rendre des montants considérables à tous les ménages endettés. Mais c'est trop tard, la machine ne repart pas. Comme au Japon en 1990, la réduction à zéro des taux d'intérêt n'a aucun impact sur la croissance.

Un mois plus tard, au lendemain de la fête nationale américaine, le moral du pays est au plus bas. Le système financier est plus que jamais menacé par la récession et on reparle de paris hasardeux de banques, qui auraient été faits récemment pour compenser leurs pertes d'exploitation. Pour tenter d'enrayer la nouvelle panique, le gouvernement américain tente alors un coup extrême : geler entièrement le marché des options. Interdire à qui que ce soit d'en acheter et d'en vendre, pendant une période d'au moins six mois, le temps de nettoyer les bilans des banques. C'est un retour au système financier des années 60, époque où ces instruments financiers n'existaient pas. Et le Président lui-même vient expliquer que c'était la période bénie où les banques étaient au service de l'industrie et non d'elles-mêmes.

Au lieu de rassurer, cette décision provoque de nouveau la panique. Le gel des options réduit considérablement les moyens dont disposent les banques. Le moratoire déclenche ce qu'on craignait le plus depuis des mois : un arrêt total du crédit et une récession majeure de l'industrie américaine, qui entraîne immédiatement celle de la Chine, qui perd son premier marché.

Début août, les Jeux olympiques s'ouvrent dans une ambiance très morose de contrôle policier, en raison des émeutes de la faim, qui se sont déclenchées à l'intérieur de la Chine.

En novembre, au lendemain des élections présidentielles américaines, le nouveau président des Etats-Unis annonce son programme de sortie de crise, ce qu'il appelle un « New Deal planétaire » : il propose aux plus puissants de la planète, la Chine, la Russie et les pays pétroliers, de financer des infrastructures majeures dans les pays du Sud, en confiant la réalisation de ces infrastructures à des entreprises américaines. En moins de deux ans, sur ces bases, la croissance mondiale repart.

Le système financier mondial est devenu chinois. L'industrie est redevenue américaine. L'Europe, elle, est oubliée.

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Et comme par hasard, "c'est tout le modèle de la société libérale qui est en cause. L'Etat, dont chacun disait qu'il devait se retirer de l'économie, est obligé d'y revenir, pour le pire. "

:icon_up:

Sacré Tatali.

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Le président du système de réserve fédéral explique qu'il n'a pas les moyens de financer de telles pertes et qu'il faut faire appel à un fonds souverain étranger.

Il n'y a donc pas d'autres solutions que la nationalisation, que personne ne recommande : comment la financer, sinon par la dette ou par un impôt spécial, qui viendrait casser encore la croissance ?

:icon_up:

A partir d'ici, le texte devient ennuyeux… pour ne pas dire délirant d'absurdité. :doigt:

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La fin du scénario est fantasque mais l'élement déclencheur, les CDS (credit default swap) est il vraisemblable ?

D'où sort-il ce "1%" à propos des CDS ?

Un CDS est une assurance contre les défauts d'une entreprise.

Or, si il y a récession aux US, le taux de faillites va augmenter, et donc les appels de paiement sur les CDS.

Or, on se trouve justement dans un creux de nb de défaut d'entreprises.

http://bp2.blogger.com/_2fuk3iGxQxM/R0_M-P…ult+rates+1.JPG

Entre temps, les volumes de CDS ont explosé.

http://bp2.blogger.com/_2fuk3iGxQxM/R07ADf…00/isda+cds.bmp

Résultat, il va s'agir de la première expérience de test des structures CDS à grosse échelle.

Ptet que ça va tenir, ptet pas.

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