Serge Posté 3 avril 2008 Signaler Posté 3 avril 2008 Alors que les autorités, les élus et les économistes, même les plus libéraux, réclament une intervention forte de l'Etat face à la crise financière, l'opinion semble encore réticente. Le débat, en tout cas, fait rage outre-Atlantique.“Et vous, vous êtes pour ou contre le sauvetage du système financier par les autorités ?” Plus un jour ne se passe aux Etats Unis sans que la question ne fasse l’objet d’au moins une émission télévisée, d’enquêtes de presse écrite, d’innombrables blogs passionnés consacrés au terme le plus à la mode du vocabulaire anglo-saxon: le “bailout”, c’est à dire le renflouement par l’Etat d’établissements pris dans la spirale des crédits subprime. Jusqu’à il y a quelques semaines, ce qui était alors un gros mot permettait de tracer une ligne de partage claire entre les partisans classiques du laissez-faire économique et les adeptes d’une intervention publique modérée - souvent des démocrates en campagne électorale… Mais l’ampleur et le caractère inédit de la crise ont brouillé ces divisions traditionnelles. Du très conservateur Forbes à Business Week, les journaux financiers ne se gênent plus pour réclamer “plus d’Etat” et vont jusqu’à consacrer de longs articles à la manière dont les autorités scandinaves sont intervenues pour se sortir de crises passées. “La Fed ne peut pas tout faire seule et le plan de stimulation de la consommation mis en oeuvre par l’Administration Bush n’aura d’effets qu’à court terme”, plaide ainsi Business Week dans son édition du 24 mars. Même des économistes très libéraux, comme Martin Feldstein, l’ancien économiste en chef de Ronald Reagan, s’expriment en faveur d’une intervention directe de la puissance publique dans le secteur immobilier. Ce professeur à Harvard propose ainsi dans le Wall Street Journal que le gouvernement prenne en charge des prêts à faible taux d’intérêt pour les familles endettées incapables de rembourser, dans la limite de 20% du montant de leur dette. George Bush serait, d’après le Washington Post, disposé à proposer un plan d’aide aux propriétaires menacés de saisie. Comme le souhaitent les démocrates du Congrès, il s’agirait d’apporter la caution de l’Etat pour que les organismes de prêts renoncent à une partie de leur dû et proposent des termes plus avantageux à tous ceux que la baisse des prix oblige à rembourser plus que la valeur de leur bien. Dans ce contexte, même l’idée, révolutionnaire, du rachat par l’Etat des produits financiers risqués basés sur les crédits immobiliers, fait désormais son chemin. Le principal obstacle reste l’opinion. Comme le souligne le Christian Science Monitor, “le grand public est très réticent à voler au secours de ceux qui ont pris des risques inconsidérés alors que lui se débat avec l’augmentation du prix de l’essence et des denrées alimentaires et souffre de la dévalorisation de ses biens immobiliers et de ses investissements boursiers”. Les téléspectateurs de CNN jugent ainsi majoritairement que “les emprunteurs qui ne peuvent plus rembourser n’ont qu’à s’en prendre à eux mêmes”. 42% des Américains sont opposés – et 25% favorables - à ce que l’Etat les soutienne, selon un récent sondage Harris Interactive. Et les trois quarts critiquent tout “traitement de faveur” pour les banques impliquées dans les subprime. Beaucoup n’ont toujours pas digéré le sauvetage de la Bear Stearns par la Fed “aux frais du contribuable” et “sans aucune consultation préalable”… Les élus, qui doivent avaliser la plupart des réformes proposées, marchent donc sur un fil, même si beaucoup sont persuadés de la nécessité de recourir à l’intervention de l’Etat pour éviter une banqueroute généralisée. Le candidat républicain à la présidence et “adepte du parler vrai” John Mc Cain a bien conscience d’être en phase avec les électeurs lorsqu’il répète que “ce n’est pas le rôle du gouvernement de renflouer les établissements qui n’ont pas fait leur boulot”. Isabelle Lesniak, à New York - 01/04/2008 17:51 - L'Expansion.com
vincponcet Posté 3 avril 2008 Signaler Posté 3 avril 2008 Et voilà, encore des libéraux qui ne font pas du libéralisme, le tout au nom du libéralisme. Les économistes que l'article appellent "libéraux" doivent sans doute être des chicago ou des néo-classiques, mais peu de chances qu'il s'agisse d'autrichiens. Et sur la monnaie, il n'y a bien que les autrichiens qui ont un apport important.
Serge Posté 3 avril 2008 Auteur Signaler Posté 3 avril 2008 Et sur la monnaie, il n'y a bien que les autrichiens qui ont un apport important. Et l'opinion !
chairacanon Posté 3 avril 2008 Signaler Posté 3 avril 2008 Et l'opinion ! oui, pas folle la guêpe et quand on lit: les autorités, les élus et les économistes, même les plus libéraux, réclament une intervention forte de l'Etat c'est pour souligner la fracture démocratique je suppose . Ceci dit, comme les demandes de crédit ne reprennent toujours pas malgré la baisse des taux de la FED, on peut dire que l'Etat n'a pas encore réellement touché à la masse monétaire (même si c'était son but). La question est de savoir s'il va bientôt être obligé d'acheter des bonds de Trésor?
Rincevent Posté 3 avril 2008 Signaler Posté 3 avril 2008 Le principal obstacle reste l’opinion.Comme le souligne le Christian Science Monitor, “le grand public est très réticent à voler au secours de ceux qui ont pris des risques inconsidérés alors que lui se débat avec l’augmentation du prix de l’essence et des denrées alimentaires et souffre de la dévalorisation de ses biens immobiliers et de ses investissements boursiers”. Les téléspectateurs de CNN jugent ainsi majoritairement que “les emprunteurs qui ne peuvent plus rembourser n’ont qu’à s’en prendre à eux mêmes”. 42% des Américains sont opposés – et 25% favorables - à ce que l’Etat les soutienne, selon un récent sondage Harris Interactive. Et les trois quarts critiquent tout “traitement de faveur” pour les banques impliquées dans les subprime. Beaucoup n’ont toujours pas digéré le sauvetage de la Bear Stearns par la Fed “aux frais du contribuable” et “sans aucune consultation préalable”… Parfois, la démocratie, ça a du bon.
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