Rincevent Posté 8 mai 2008 Signaler Posté 8 mai 2008 CMuller a dit : Le problème se pose pour ceux qui le posent : exemples des cas Chantal Sébire (volonté de mourir mais refus du suicide) ou Vincent Humbert (tétraplégie, volonté de mourir mais incapacité au suicide). Quand bien même les gens peuvent toujours se suicider, le problème apparaît quand ils ne le veulent pas (pour une raison ou une autre qui les regarde eux) et que l'Etat refuse leur volonté de mourir, en menaçant toute personne qui les aiderait à la réaliser. Nous sommes dans un cas très classique d'un contrat entre deux individus au consentement libre et éclairé : à mon tour, je ne vois pas ce qui pose problème sur le principe, sauf que l'objet particulier du contrat exige des précautions pour vérifier le consentement. La volonté de mourir mélée au refus du suicide sous toutes ses formes (direct, indirect, douloureux, indolore, solitaire, assisté…) me fait tout à fait penser à la volonter de voler mêlée au refus d'enfreindre la loi. In fine, c'est toujours à l'Etat que l'on confie le sale boulot que l'on refuse de faire soi-même.
CMuller Posté 8 mai 2008 Signaler Posté 8 mai 2008 Rincevent a dit : La volonté de mourir mélée au refus du suicide sous toutes ses formes (direct, indirect, douloureux, indolore, solitaire, assisté…) me fait tout à fait penser à la volonter de voler mêlée au refus d'enfreindre la loi. In fine, c'est toujours à l'Etat que l'on confie le sale boulot que l'on refuse de faire soi-même. Oui mais… cela n'existe pas. Dans le cas de Sébire, elle réclamait simplement l'administration par son médecin d'une substance létale, au moment choisi par elle et sa famille. On peut lui dire : jetez-vous sous un train, balancez-vous d'une falaise, tirez-vous une balle dans la bouche, avalez trois boites de somnifères… mais je ne vois pas très bien au nom de quoi on justifie la supériorité intrinsèque de sa propre manière de mourir ni surtout la prétention à l'imposer aux autres. Résultat, elle a avalé des calmants pour chien. Merci aux champions de la "dignité humaine"…
Legion Posté 8 mai 2008 Signaler Posté 8 mai 2008 C'est pas une question de dignité, c'est une question de principe : on ne peut pas tuer quelqu'un d'autre si ce n'est en légitime défense, point. Dans le cas qui nous intéresse, ce qui aurait dû être autorisé, c'est la prescription du produit (mais pas son administration par le médecin).
Invité jabial Posté 8 mai 2008 Signaler Posté 8 mai 2008 Legion a dit : On peut tout a fait décider contractuellement de rendre une servitude volontaire et inconditionnelle à quelqu'un contre une somme d'argent payée en une fois, mais cette servitude doit pouvoir s'arrêter à tout moment. C'est même pas qu'elle doit, de fait, elle le peut, et si le contrat ne prévoit pas de clause de sortie, le tribunal donnera raison à "l'esclave" contre son "maître". Pas à 100%. L'esclave a le droit de quitter le contrat mais dans ce cas, je pense qu'un tribunal équitable jugera qu'il devient redevable d'une somme inversement proportionnelle au temps de service qu'il a passé avant cette rupture. Legion a dit : C'est pas une question de dignité, c'est une question de principe : on ne peut pas tuer quelqu'un d'autre si ce n'est en légitime défense, point. Dans le cas qui nous intéresse, ce qui aurait dû être autorisé, c'est la prescription du produit (mais pas son administration par le médecin). Imaginons que je sois intégralement paralysé, et que je portes sur moi une carte indiquant : si je suis intégralement paralysé, merci de me tuer. Tu trouves ça normal qu'on me colle dans un lit pour 30 ans? Le bagne est nettement moins cruel.
Legion Posté 8 mai 2008 Signaler Posté 8 mai 2008 jabial a dit : Imaginons que je sois intégralement paralysé, et que je portes sur moi une carte indiquant : si je suis intégralement paralysé, merci de me tuer. Tu trouves ça normal qu'on me colle dans un lit pour 30 ans? Le bagne est nettement moins cruel. Si tu es intégralement paralysé, comment cette carte est-elle arrivée là ?
CMuller Posté 8 mai 2008 Signaler Posté 8 mai 2008 Legion a dit : C'est pas une question de dignité, c'est une question de principe : on ne peut pas tuer quelqu'un d'autre si ce n'est en légitime défense, point. Dans le cas qui nous intéresse, ce qui aurait dû être autorisé, c'est la prescription du produit (mais pas son administration par le médecin). Bien. Mon principe c'est : "on doit respecter la volonté des individus". Point. Je suppose que chacun peut aligner ses principes et rassembler ses troupes. Un troisième me dira : "La vie est sacrée". Un quatrième : "Mon corps m'appartient". Et ainsi de suite. En fait, je n'ai guère de doute que les principes de la morale et du droit se prêtent très bien à cela, j'ai plutôt du mal à croire que l'on s'accordera en raison sur la valeur suprême d'un principe plutôt qu'un autre. Le tout est de déployer des conséquences logiques de ces principes en forme de postulats. .
Invité jabial Posté 8 mai 2008 Signaler Posté 8 mai 2008 Legion a dit : Si tu es intégralement paralysé, comment cette carte est-elle arrivée là ? Je crois que tu n'as pas compris mon propos. Je suis un homme en bonne santé qui craint de se retrouver éternellement paralysé. Je porte donc cette carte sur moi. Un jour, paf, accident, et me voilà paralysé à vie. Je ne peux même pas battre un cil. Alors quoi?
Legion Posté 8 mai 2008 Signaler Posté 8 mai 2008 CMuller a dit : Bien. Mon principe c'est : "on doit respecter la volonté des individus". Point. Je suppose que chacun peut aligner ses principes et rassembler ses troupes. Un troisième me dira : "La vie est sacrée". Un quatrième : "Mon corps m'appartient". Et ainsi de suite. En fait, je n'ai guère de doute que les principes de la morale et du droit se prêtent très bien à cela, j'ai plutôt du mal à croire que l'on s'accordera en raison sur la valeur suprême d'un principe plutôt qu'un autre. Le tout est de déployer des conséquences logiques de ces principes en forme de postulats. Ce ne sont pas *mes* principes, c'est un des fondements d'une société humaine harmonieuse, un truc que la majorité des gens savent sans qu'on ait même besoin de le leur dire : "tu ne tueras point". Après c'est effectivement juste une question de cohérence, et s'il est mauvais de tuer tant que c'est évitable, alors c'est mauvais quelques soient les circonstances.
Legion Posté 8 mai 2008 Signaler Posté 8 mai 2008 jabial a dit : Je crois que tu n'as pas compris mon propos. Je suis un homme en bonne santé qui craint de se retrouver éternellement paralysé. Je porte donc cette carte sur moi. Un jour, paf, accident, et me voilà paralysé à vie. Je ne peux même pas battre un cil. Alors quoi? C'est quand même un exemple bien singulier - tu en connais beaucoup des paralysés aussi sévères, qui ne peuvent absolument pas envoyer la moindre réponse au monde extérieur ? Parce que j'ai comme l'impression qu'on se rapproche du sophisme de l'accident (énoncé par Lemennicier) avec des circonstances absurdement exceptionnelles à partir desquelles on est sommé de formuler un principe général applicable à toutes les situations - tant qu'à faire dans l'improbable, si tu crains à ce point d'être paralysé, fait toi implanter une électrode que tu pourras activer simplement en pensant, et qui libérera une capsule de cyanure… Ce genre de problème me fait un peu penser à une histoire arthurienne, où un jour arrive à la cour du roi Arthur un chevalier blessé, une lame encore plantée dans l'estomac. On va pour la lui retirer mais alors il s'écrit "celui qui me retirera cette lame sera tenu de me venger de ceux qui sont responsables de mon état actuel" - il refuse bien sûr de dire combien d'agresseurs il y a eu, où ils sont ni qui ils sont, avant qu'on lui ait retiré l'épée… je ne me souviens plus comment ça finit, par contre.
Invité jabial Posté 8 mai 2008 Signaler Posté 8 mai 2008 Ce n'est pas parce que, en règle générale et sauf à se trouver devant le cas exceptionnel d'un homme sans stylo, on peut toujours pisser même s'il est nécessaire de remplir un formulaire pour y être autorisé qu'il est légitime de réprimer le fait d'uriner sans déclaration préalable en 4 exemplaires. Rien à faire, c'est le consentement qui compte. Qu'on réclame une preuve de consentement à la mesure de l'énormité de ce à quoi on consent et qu'on la traite avec toute la suspicion du monde, c'est acceptable ; au delà de ça, commence l'arbitraire.
CMuller Posté 8 mai 2008 Signaler Posté 8 mai 2008 Legion a dit : Ce ne sont pas *mes* principes, c'est un des fondements d'une société humaine harmonieuse, un truc que la majorité des gens savent sans qu'on ait même besoin de le leur dire : "tu ne tueras point". Après c'est effectivement juste une question de cohérence, et s'il est mauvais de tuer tant que c'est évitable, alors c'est mauvais quelques soient les circonstances. Ah, c'est donc une intuition de la majorité des gens. Voilà un fondement solide, l'intuition majoritaire est réputée pour sa qualité. Mais même en admettant cela, en quoi cela résoud le dilemme moral particulier de l'euthanasie ? Les mêmes gens semblent prêts à faire des entorses à leur intuition pour l'adapter à des situations précises : en cas d'agression, de guerre, d'avortement tardif pour cause médicale par exemple. Pourquoi n'accepteraient-ils pas une entorse de plus, pour une situation elle aussi particulière ? En restant dans les intuitions majoritaires, je pense que bien des gens seront d'accord avec d'autres principes : "il ne faut pas condamner quelqu'un à une souffrance physique ou psychique qu'il ne veut pas subir", "il ne faut pas s'opposer aux volontés d'un individu si elles ne lèsent personne", etc. Bref, on peut opposer des intuitions toutes très répandues, mais entrant en conflit dans un cas particulier (l'euthanasie). Quand l'Etat tranche ce conflit par un interdit, il favorise une position morale particulière au lieu de laisser les individus suivre leurs intuitions morales et les résoudre au mieux.
Wallace Posté 8 mai 2008 Signaler Posté 8 mai 2008 CMuller a dit : Ah, c'est donc une intuition de la majorité des gens. Voilà un fondement solide, l'intuition majoritaire est réputée pour sa qualité. Quand elle aboutie aux même conclusions que la vision axiomatique libertarienne du droit, et seulement dans ce cas très précis, alors oui.
CMuller Posté 8 mai 2008 Signaler Posté 8 mai 2008 Legion a dit : (…) Parce que j'ai comme l'impression qu'on se rapproche du sophisme de l'accident (énoncé par Lemennicier) avec des circonstances absurdement exceptionnelles à partir desquelles on est sommé de formuler un principe général applicable à toutes les situations (…) Non. Dans le cas de l'euthanasie, il n'y a nul besoin d'inventer de toutes pièces un principe général, il existe déjà : l'autonomie de la volonté. On peut y ajouter la non-nuisance à autrui puisque la décision du malade n'a d'effet réputé "nuisible" que sur lui. Bref, que des choses simples et communément admises. Ce sont les adversaires de la dépénalisation qui opposent à ce principe général et simple les arguments les plus divers pour justifier un interdit étatique qui convient à leur morale personnelle. Y compris plein de sophismes (le sophisme de la dérive, par exemple : si j'autorise l'euthanasie dans un cas particulier, demain on nous liquidera tous à 60 ans).
Legion Posté 8 mai 2008 Signaler Posté 8 mai 2008 @ Jabial : Bah écoute, trouves-moi un cas où le problème se pose, c'est à dire un cas d'une personne rendue incapable de communiquer de quelque façon que ce soit avec autrui, et incapable d'exécuter toute seule la moindre action qui lui permettrai de se tuer elle-même (genre même sucer un poison dans une bouteille avec une paille, et on en reparlera). (Bonne chance, même http://en.wikipedia.org/wiki/Stephen_hawking il se débrouille). CMuller a dit : Ah, c'est donc une intuition de la majorité des gens. Voilà un fondement solide, l'intuition majoritaire est réputée pour sa qualité. Ce n'est pas une intuition majoritaire, c'est un des principes de la nature humaine… CMuller a dit : Non. Dans le cas de l'euthanasie, il n'y a nul besoin d'inventer de toutes pièces un principe général, il existe déjà : l'autonomie de la volonté. On peut y ajouter la non-nuisance à autrui puisque la décision du malade n'a d'effet réputé "nuisible" que sur lui. Bref, que des choses simples et communément admises. L'autonomie de la volonté n'existe pas - de fait je ne fais pas ce que je veux, si je veux voler mon voisin, je ne peux pas le faire pour autant. Ce qui existe, c'est l'inaliénabilité de la personne, un principe simple et solide qui exclut le vol, l'esclavage, le meurtre, et donc l'euthanasie, c'est tout.
CMuller Posté 8 mai 2008 Signaler Posté 8 mai 2008 Wallace a dit : Quand elle aboutie aux même conclusions que la vision axiomatique libertarienne du droit, et seulement dans ce cas très précis, alors oui. Mais… tu as bien raison. L'éthique libertarienne convient très bien aux libertariens, tout comme la morale catholique s'accorde à merveille aux catholiques. D'ailleurs, quand je vois nos brillantes rationalités s'affronter férocément, je me demande pourquoi l'ordre spontané met tant de temps à accoucher de la morale universelle dont chacun sait pourtant qu'elle est inscrite dans notre nature humaine partagée. Et cela fait 2500 ans que cela dure
Wallace Posté 8 mai 2008 Signaler Posté 8 mai 2008 Legion a dit : Ce n'est pas une intuition majoritaire, c'est un des principes de la nature humaine… Alors là, s'il fallait se fonder sur "les principes de la nature humaine" pour élaborer une philosophie du droit, le résultat sur le plan des libertés serait déplorable. On est très mal barré avec les "principes de la nature humaine". La nature humaine est telle, que les libéraux sont minoritaires. Il faudrait peut être pas trop avoir tendance à l'oublier.
Legion Posté 8 mai 2008 Signaler Posté 8 mai 2008 Wallace a dit : Alors là, s'il fallait se fonder sur "les principes de la nature humaine" pour élaborer une philosophie du droit, le résultat sur le plan des libertés serait déplorable. On est très mal barré avec les "principes de la nature humaine". La nature humaine est telle, que les libéraux sont minoritaires. Il faudrait peut être pas trop avoir tendance à l'oublier. Et le droit naturel, tu crois que c'est fondé sur quoi, gros malin ?
Wallace Posté 8 mai 2008 Signaler Posté 8 mai 2008 CMuller a dit : Mais… tu as bien raison. L'éthique libertarienne convient très bien aux libertariens, tout comme la morale catholique s'accorde à merveille aux catholiques. D'ailleurs, quand je vois nos brillantes rationalités s'affronter férocément, je me demande pourquoi l'ordre spontané met tant de temps à accoucher de la morale universelle dont chacun sait pourtant qu'elle est inscrite dans notre nature humaine partagée. Et cela fait 2500 ans que cela dure Voilà. C'est aussi pour cela que je réfute la vision et perception du droit naturel, qu'ont la plupart des libéraux. Pour moi le droit naturel est une opinion. Legion a dit : Et le droit naturel, tu crois que c'est fondé sur quoi, gros malin ? C'est fondé sur l'idée, le logos, le verbe. J'adhère à cette idée, c'est pour cela que je me prétend libéral. Mais je ne vois pas dans ce droit naturel, une sorte de chose posée, et enfouie au fond de chaque être humain. Bref c'est une idée, une prétention humaniste sans bornes, rien de plus. La preuve : Regarde autour de toi, la nature humaine n'a de cesse d'aller à l'encontre, de ce que nous appelons nous autres, droit naturel.
CMuller Posté 8 mai 2008 Signaler Posté 8 mai 2008 Legion a dit : (…)Ce n'est pas une intuition majoritaire, c'est un des principes de la nature humaine… Mince, revoilà la nature humaine. Qui donc exclut la violence, l'agression et le meurtre comme chacun sait. Citation L'autonomie de la volonté n'existe pas - de fait je ne fais pas ce que je veux, si je veux voler mon voisin, je ne peux pas le faire pour autant. Elle existe, mais elle est limitée dans les actions qu'elle permet. Généralement quand il y a tort à autrui. Montre-moi que c'est le cas pour l'euthanasie. Citation Ce qui existe, c'est l'inaliénabilité de la personne, un principe simple et solide qui exclut le vol, l'esclavage, le meurtre, et donc l'euthanasie, c'est tout. Euh, c'est quoi exactement l'inaliénabilité de la personne ? Pas une blague, je ne sais pas trop le sens précis de ce genre de termes juridiques. Pour moi inaliénable veut dire hors commerce, mais je vois pas trop le rapport en l'occurrence. Donc, il doit y avoir un autre sens.
Legion Posté 8 mai 2008 Signaler Posté 8 mai 2008 Le droit naturel, c'est l'idée qu'il existe des principes de droit absolus qui doivent être maintenus à tout prix pour que la société humaine puisse se développer harmonieusement, à opposer à l'idée que le droit n'est que le produit du bon vouloir et des fantaisies arbitraires d'une époque et d'un groupe donné. En filigrane de la déclaration des droits de l'homme, de l'habeas corpus, des constitutions, il y a une tentative d'approche du droit naturel. Si on récuse cette idée, et bien ce qui reste c'est la vision radieuse d'un monde ou les hommes sont condamnés à se foutre sur la gueule (littéralement ou part leur suffrage) pour déterminer qui aura le privilège de réifier ses fantasmes en législation, où le pire des crimes est acceptable du moment qu'il est dans la loi, et toutes nos jérémiades sur ce forum sont absolument vaines et sans conséquences puisque l'homme ne connaîtra jamais que le conflit, et est condamné à l'auto-destruction…
CMuller Posté 8 mai 2008 Signaler Posté 8 mai 2008 Wallace a dit : Alors là, s'il fallait se fonder sur "les principes de la nature humaine" pour élaborer une philosophie du droit, le résultat sur le plan des libertés serait déplorable. On est très mal barré avec les "principes de la nature humaine". La nature humaine est telle, que les libéraux sont minoritaires. Il faudrait peut être pas trop avoir tendance à l'oublier. C'est aussi ce que je me dis… De toute façon, je n'ai compris pourquoi la "naturalisation" d'une idée avait tant d'attrait, alors que l'homme adore les artifices. Il passe son temps à lutter contre les agressions et les aléas de son milieu, à s'inventer des choses qui n'existent pas à l'état naturel, à s'obliger à des actions qui n'ont rien de naturel pour lui (le cerveau n'est pas vraiment adapté à suivre deux heures de cours de maths assis sur un banc à l'âge de 12 ans)… et voilà que la nature est parée de toutes les vertus quand il s'agit de droit, de morale, de je ne sais quoi. Dans le cas de la morale, c'est pittoresque : tout montre que les hommes obéissent à (ou choisissent) des préceptes moraux pour des raisons différentes et souvent contingentes, mais voilà qu'il faudrait trouver dans cette observation de la pluralité des intuitions et des raisonnements moraux une secrète inclinaison à l'universalité. Ce n'est pas de la science, c'est du dogme!
Wallace Posté 8 mai 2008 Signaler Posté 8 mai 2008 Legion a dit : Le droit naturel, c'est l'idée qu'il existe des principes de droit absolus Tout est dit. C'est l'idée qu'il existe…en réalité ces choses n'existent pas. Le vieux Platon -il me semble- avait pour méthode de dissocier le monde des idées du monde du réel et ce de façon systématique pour juger des systèmes. j'aurais été très curieux de voir sa tête devant un exposé des idées libérales et libertariennes. L'idée est une chose, les faits et les actions ont souvent pour habitude de reléguer les idées dans la catégorie des rêves… Legion a dit : et toutes nos jérémiades sur ce forum sont absolument vaines et sans conséquences puisque l'homme ne connaîtra jamais que le conflit, et est condamné à l'auto-destruction… Beh dis donc, c'est joyeux tout ça ! Ton post m'a immédiatement fait penser à cette phrase de Chateaubriand : Citation Suicide. ce moyen qui nous soustrait à la persécution des hommes. Bon sinon, je vais me boire un bière et matter un épisode de South Park, la vie est belle ! Merde, il n'y a pas de raisons !
Legion Posté 8 mai 2008 Signaler Posté 8 mai 2008 Ce n'est pas ce qui est entendu par nature humaine. Ce dont on parle ici, c'est du fonctionnement des sociétés humaines. On constate comme un trait de la nature humaine que, pour qu'une société se développe harmonieusement, il faut que le respect de la personne, de la propriété, de la vie, soient érigés en principes forts et directeurs, que ceux qui enfreignent ces principes soient traités en criminels, et surtout pas encouragé, ou pire couronnés. Les sociétés qui ne respectent pas ces principes s'effondrent d'autant plus vite qu'elles les enfreignent de façon importante. L'empire romain a tenu plusieurs siècles, mais l'URSS a tenu à peine 75 ans. Aucune société qui admet des exceptions à ces principes ne peut être équilibré et en paix. La France ou la Belgique ressemblent-elle à des exemples de réussite en matière de paix sociale, à vos yeux ?
CMuller Posté 8 mai 2008 Signaler Posté 8 mai 2008 Legion a dit : Le droit naturel, c'est l'idée qu'il existe des principes de droit absolus qui doivent être maintenus à tout prix pour que la société humaine puisse se développer harmonieusement, à opposer à l'idée que le droit n'est que le produit du bon vouloir et des fantaisies arbitraires d'une époque et d'un groupe donné. En filigrane de la déclaration des droits de l'homme, de l'habeas corpus, des constitutions, il y a une tentative d'approche du droit naturel.(…) Pour moi, ce n'est pas du droit naturel, c'est de la politique (politique de civilisation comme dirait l'autre). Si tu admets toi-même qu'une des tendances naturelles des hommes est de construire des morales fermées, des groupes hostiles, des népotismes exclusifs, des phobies diverses, des idées fanatiques, etc., alors il est difficile d'appeler "naturel" ce qui va à l'encontre de cette tendance. Bref, on n'a pas largué le bon sauvage de Rousseau pour gober le Robinson individualiste et rationaliste de Rothbard. Il faut arrêter une bonne fois pour toutes de vouloir extraire de la nature humaine des préceptes universels ne correspondant qu'à une dimension particulière de cette nature, celle qui est valorisée par notre culture actuelle (et je m'en félicite, je suis individualiste et rationaliste… contrairement à mon voisin socialiste illuminé, qui exprime une autre dimension de la nature humaine, je suppose).
Legion Posté 8 mai 2008 Signaler Posté 8 mai 2008 CMuller a dit : Pour moi, ce n'est pas du droit naturel, c'est de la politique (politique de civilisation comme dirait l'autre).Si tu admets toi-même qu'une des tendances naturelles des hommes est de construire des morales fermées, des groupes hostiles, des népotismes exclusifs, des phobies diverses, des idées fanatiques, etc., alors il est difficile d'appeler "naturel" ce qui va à l'encontre de cette tendance. Je ne l'admet pas. Je considère ça comme l'implicite de ceux qui rejette l'idée de droit naturelle - et c'est bien pour ça que je ne les suis pas.
CMuller Posté 8 mai 2008 Signaler Posté 8 mai 2008 Legion a dit : Je ne l'admet pas. Je considère ça comme l'implicite de ceux qui rejette l'idée de droit naturelle - et c'est bien pour ça que je ne les suis pas. La nature humaine n'est de toute façon pas l'objet du droit ou de la morale, mais de l'anthropologie, de la biologie, de la psychologie, de la sociologie, de l'histoire et de quelques autres disciplines. C'est à partir de ces connaissances que l'on peut espérer un jour produire une description et une modélisation correctes (objectives) de la nature humaine, c'est-à-dire des propriétés de l'espèce humaine et des interactions de ses membres. Si chacun appelle "nature humaine" ce qu'il a envie de voir en l'homme, c'est-à-dire son appréciation subjective des traits humains, sa valorisation de certains au détriment d'autres, on ne fera pas avancer le schmilblick.
Invité jabial Posté 8 mai 2008 Signaler Posté 8 mai 2008 Légion, regarde ça : http://www.cnn.com/2007/HEALTH/conditions/…=rss_topstories Certains patients souffrant de LIS ne peuvent même pas bouger la paupière comme Dominique Baudy dans le scaphandre et le papillon. CMuller a dit : La nature humaine n'est de toute façon pas l'objet du droit ou de la morale, mais de l'anthropologie, de la biologie, de la psychologie, de la sociologie, de l'histoire et de quelques autres disciplines. C'est à partir de ces connaissances que l'on peut espérer un jour produire une description et une modélisation correctes (objectives) de la nature humaine, c'est-à-dire des propriétés de l'espèce humaine et des interactions de ses membres. Si chacun appelle "nature humaine" ce qu'il a envie de voir en l'homme, c'est-à-dire son appréciation subjective des traits humains, sa valorisation de certains au détriment d'autres, on ne fera pas avancer le schmilblick. La confusion générale concernant le DN est que le DN ne concerne pas la nature de l'être humain de manière générale, mais bien une partie bien déterminée de cette nature - sa nature en tant que ce qu'il est de plus noble, c'est-à-dire un être rationnel. Une personne, quoi, pas un chien ou un cheval.
CMuller Posté 9 mai 2008 Signaler Posté 9 mai 2008 jabial a dit : (…)La confusion générale concernant le DN est que le DN ne concerne pas la nature de l'être humain de manière générale, mais bien une partie bien déterminée de cette nature - sa nature en tant que ce qu'il est de plus noble, c'est-à-dire un être rationnel. Une personne, quoi, pas un chien ou un cheval. Outre que se référer à la nature est dans ce cas un abus de langage (héritage non critiqué du passé jusnaturaliste), la nouvelle référence à la raison nous confronte au même problème. Nul ne conteste qu'Aristote, Bentham, Mill, Kant,…, Rothbard, Taylor, Rawls, McIntyre, Williams sont des êtres très rationnels, nul ne conteste non plus que ces auteurs ou leurs disciples parviennent à certaines conclusions non compatibles entre elles sur ce qu'il est bon/mauvais ou juste/injuste de faire, ni surtout qu'ils usent de leur raison pour choisir des prémisses très différentes à leurs constructions théoriques.
Invité jabial Posté 9 mai 2008 Signaler Posté 9 mai 2008 Ca signifie simplement que certains ont raison et que d'autres ont tort.
pierreyves Posté 9 mai 2008 Signaler Posté 9 mai 2008 Henri a dit : Combien de oui combien de non , c' est la seule chose qui m' intéresse. Je ne vous oblige pas à argumenter en faveur du oui ou du non. J'ai répondu "non", mais la question est biaisée car elle est paradoxale: "mon corps ne m'appartient pas" et pourtant "j'ai le droit de me faire un percing", évidemment. Je l'ai déjà dit, il est n'est pas juste d'écrire 'mon corps m'appartient, mais plutôt que "je suis mort corps". Le concept de propriété de s'applique qu'aux objets extérieurs à soi, c'est par un raccourci qu'on l'utilise dans ce cas (souvent à raison, parfois à tort - dans les cas les conflictuels les plus connus).
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