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L'État actionnaire et vertueux


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Posté
Devenu actionnaire avisé, l'Etat perçoit cinq fois plus de dividendes qu'il y a cinq ans

Les Echos - J.-FR. P. [ 20/05/08 ]

L'Etat actionnaire prélève encore nettement moins aux sociétés qu'il contrôle que ne le font les actionnaires du privé.

L'Etat a perdu sa pudeur d'actionnaire. Plus de 2,3 milliards d'euros d'EDF, 1,24 milliard d'euros de Gaz de France, 141 millions d'euros de La Poste, 134 millions d'euros de la SNCF… : ce sont des dividendes sans précédent que l'Etat demande, depuis le début de cette année, aux entreprises dans lesquelles il détient une participation, qu'elle soit majoritaire ou minoritaire. L'année dernière, déjà, ils avaient atteint 3,9 milliards d'euros. En 2008, ce sont plus de 5,1 milliards d'euros de profits de ces sociétés qui devraient tomber dans les caisses du Trésor public (1). Un chiffre record, cinq fois plus élevé que celui de 2003.

Depuis cette date, les dividendes perçus par l'Etat n'ont cessé de progresser mais la hausse s'est nettement accélérée à partir de 2005. C'est, en grande partie, la conséquence de l'amélioration des résultats des entreprises publiques, désormais complètement converties à la culture de la performance et de la profitabilité. En 2007, EDF a réalisé un profit historique de 5,6 milliards d'euros.

Seule la RATP échappe à la règle

La SNCF a affiché, elle aussi, un résultat jamais vu de 1 milliard. La part des bénéfices reversée à l'actionnaire, le « pay out » en langage financier, reflète donc la bonne santé financière de groupes parfois encore totalement publics, mais qui ont tourné la page d'années de pertes après avoir « découvert que, comme les autres, ils étaient mortels », comme dit joliment le directeur général de l'Agence des participations de l'Etat, Bruno Bézard. Entré à l'APE en 2002 - à l'époque comme directeur adjoint -, ce dernier n'est pas étranger à cet enrichissement. Depuis des années, ce nouveau visage du capitalisme à la française, qui gère une « fortune » de 167 milliards - trois fois supérieure à celle de Bill Gates -, ne cesse de plaider pour que l'Etat joue plus activement, et sans complexe, son rôle d'actionnaire. Que la SNCF et La Poste aient versé un dividende pour la première fois cette année à leur unique actionnaire, voilà qui est à mettre à son actif. Seule la RATP semble désormais devoir échapper à cette règle, probablement pour ménager la situation sociale de la régie.

A cette exception près, la politique de l'APE paraît vouée à s'amplifier. Car, aujourd'hui, l'Etat actionnaire prélève encore nettement moins aux sociétés qu'il contrôle que ne le font les actionnaires du secteur privé. A titre d'exemple, le dividende versé par la SNCF ne représente que 12,5 % de son résultat, quand les taux en vigueur dans les sociétés cotées sont plutôt de l'ordre de 40 % à 50 %. Actionnaire avisé, l'Etat entend laisser à ses entreprises les moyens d'investir et de se développer. Mais, piètre gestionnaire des budgets publics, il est, de plus en plus, tenté de consacrer ces dividendes à améliorer ses propres comptes. Fin 2007, Bercy n'a-t-il pas exigé d'EDF le versement, par anticipation, de 922 milliards d'euros pour aider à maintenir le déficit de l'Etat juste à l'objectif inscrit en collectif budgétaire, de 38,4 milliards d'euros ? Mieux vaudrait, sans doute, les utiliser pour investir.

(1) Y compris 922 milliards d'euros versés par anticipation en 2007 mais qu'il est plus logique de comptabiliser en 2008.

Posté
Bercy n'a-t-il pas exigé d'EDF le versement, par anticipation, de 922 milliards d'euros pour aider à maintenir le déficit de l'Etat juste à l'objectif inscrit en collectif budgétaire, de 38,4 milliards d'euros ?

(1) Y compris 922 milliards d'euros versés par anticipation en 2007 mais qu'il est plus logique de comptabiliser en 2008.

Les journalistes à "Les Echos" sont vraiment balaises.

Posté
En 2008, ce sont plus de 5,1 milliards d'euros de profits de ces sociétés qui devraient tomber dans les caisses du Trésor public (1). Un chiffre record, cinq fois plus élevé que celui de 2003.

Rien a voir, naturellement, avec l'explosion du prix des matières premières énergétiques, ni avec le contrôle étatique des principaux acteurs de ce marché. :icon_up:

Posté

A partir du moment ou l'état se comporte comme un agent économique comme un autre (ici comme un actionnaire), n'est-ce pas un progrès d'un point de vu libéral par rapport à la situation antérieure?

Je veux dire par rapport à l'état omniscient que l'on connait dans les entreprises d'états…

Ouvrir un domaine à la concurrence, diminuer la participation de l'état et que celui ci se comporte comme un simple actionnaire… ça me semble déja pas mal non?

Posté

Un "agent écoomique comme un autre" ne prélève pas dans les poches de ses concurrents par la force. De fait, l'Etat ne peut pas être, par nature, un tel agent. On peut dire par contre qu'il peut être le seul agent quand les autres font défaut (investissements trop colossaux, pas rentables immédiatement, mais cependant nécesaires).

Posté
Un "agent écoomique comme un autre" ne prélève pas dans les poches de ses concurrents par la force. De fait, l'Etat ne peut pas être, par nature, un tel agent. On peut dire par contre qu'il peut être le seul agent quand les autres font défaut (investissements trop colossaux, pas rentables immédiatement, mais cependant nécesaires).

Pour les prélevements, les entreprises dont une partie du capital appartient à l'état payent bien l'IS et tout le tintouins non? (je parle ici des groupes privés dans lesquels l'état est actionnaire, pas des "entreprises" ou bossent des employés d'état avec les privilèges que l'on connait).

Pour que l'état soit actionnaire par défaut, on est d'accord. On pourrait meme imaginer cela pour l'ouverture à la concurrence du rail : des appels d'offres par lots de ligne à peu près équilibrés avec la SNCF prenant par défaut ceux dont personne ne veut… Au moins dans un premier temps du moins.

Dans tous les cas ce ne sont pas des schémas purement liberaux mais ça reste tout de meme une avancée non?

Posté
Pour les prélevements, les entreprises dont une partie du capital appartient à l'état payent bien l'IS et tout le tintouins non?

Oui, mais l'inverse n'est pas vrai (l'Etat ne paie pas les entreprises, au mieux il diminue ce que les entreprises doivent lui payer, ce que les etatistes appellent "faire des cadeaux aux riches")

Dans tous les cas ce ne sont pas des schémas purement liberaux mais ça reste tout de meme une avancée non?

Je ne sais pas si ce sont des avancées, je réagissais aux "définitions".

Posté
ce que les etatistes appellent "faire des cadeaux aux riches"

ou alors "des subventions" (veridique)… incapable qu'ils sont de faire la différence entre une réduction du poid étatique et une subvention…

Posté
A partir du moment ou l'état se comporte comme un agent économique comme un autre (ici comme un actionnaire), n'est-ce pas un progrès d'un point de vu libéral par rapport à la situation antérieure?

Je veux dire par rapport à l'état omniscient que l'on connait dans les entreprises d'états…

Ouvrir un domaine à la concurrence, diminuer la participation de l'état et que celui ci se comporte comme un simple actionnaire… ça me semble déja pas mal non?

Non, dans la mesure où l'état investit, il le fait avec notre argent, et pas avec le sien. De plus, si l'état est de plus en plus actionnaire, c'est bien parce qu'il intervient plus dans l'économie - sphère où il n'a rien à y faire.

Posté
Un "agent écoomique comme un autre" ne prélève pas dans les poches de ses concurrents par la force. De fait, l'Etat ne peut pas être, par nature, un tel agent. On peut dire par contre qu'il peut être le seul agent quand les autres font défaut (investissements trop colossaux, pas rentables immédiatement, mais cependant nécesaires).

bof.

L'Etat entube ses contemporains, comme un agent économique quelconque. La vraie particularité de l'Etat comme acteur économique, c'est qu'il a une durée de vie infinie.

Posté
bof.

L'Etat entube ses contemporains, comme un agent économique quelconque. La vraie particularité de l'Etat comme acteur économique, c'est qu'il a une durée de vie infinie.

Un agent économique quelconque ne dispose pas d'un pouvoir de modification/résiliation unilatérale dans le cadre d'un contrat, par exemple. Donc non, l'état n'est pas un agent économique quelconque.

Posté
bof.

L'Etat entube ses contemporains, comme un agent économique quelconque. La vraie particularité de l'Etat comme acteur économique, c'est qu'il a une durée de vie infinie.

Et la marmotte ?

En Argentine ou en Russie, on se souvient encore de la durée de vie infinie de l'Etat.

Posté
Et la marmotte ?

En Argentine ou en Russie, on se souvient encore de la durée de vie infinie de l'Etat.

Tu veux dire qu'on est en anarcapie chez eux? :icon_up:

Posté

Non, mais que l'Etat peut faire faillite. Cela dit, pour les profs de fiscalité (pour ceux que je connais), l'Etat a bien une durée de vie infinie.

Posté

L'Etat ne fait, à mon sens, jamais faillite.

Il se transforme, change d'autorité, de fonctionnement, se rétrécit ou s'agrandit mais ne fait jamais faillite.

Si un état, au hasard, passe la république suivante sous le règne d'un nabo despotique (j'ai bien dit au hasard) ses 2G€ de dette resteront là.

L'Etat URSS a passé le flambeau à l'Etat russe mais c'est tout.

Quand j'aurai des enfants et qu'ils paieront leurs impôts, la Belgique aura sûrement toujours sa dette même si on sera passé au confédéralisme d'ici-là.

Posté

Quand une entreprise ne peut plus faire face à ses dettes, elle dépose le bilan. Le mécanisme est le même pour un pays, même si ce n'est pas véritablement reconnu.

Posté

Je le sais et je connais le principe des assistances européennes ect…

Mais dans la pratique, as-tu vu un pays (même communiste) déposer un bilan?

Posté
L'Etat ne fait, à mon sens, jamais faillite.

Il se transforme, change d'autorité, de fonctionnement, se rétrécit ou s'agrandit mais ne fait jamais faillite.

Si un état, au hasard, passe la république suivante sous le règne d'un nabo despotique (j'ai bien dit au hasard) ses 2G€ de dette resteront là.

L'Etat URSS a passé le flambeau à l'Etat russe mais c'est tout.

Quand j'aurai des enfants et qu'ils paieront leurs impôts, la Belgique aura sûrement toujours sa dette même si on sera passé au confédéralisme d'ici-là.

Tu loupes l'aspect essentiel. Si l'Etat "se transforme" quand il ne peut plus payer, tant mieux ou tant pis pour lui ; en tout cas (et c'est ça qui est important) les créanciers ne sont pas payés ; ce qui veut dire que le nouvel état (ou la continuation de l'ancien) ne trouve pas d'argent sur le marché pour faire avancer ses idées ou continuer ses frasques.

Quand un commerçant ne trouve plus de client pour acheter ses biens, quand un emprunteur ne trouve personne pour lui donner de l'argent, au final, ça se traduit par la misère.

Posté

Il ne faut pas confondre faillite et liquidation. La faillite, c'est lorsqu'une structure ne peut plus faire face à ses engagements financiers en temps et en heure. La liquidation, c'est lorsque la structure disparaît. Prenons un exemple: l'état argentin s'est trouvé durablement incapable d'honorer ses dettes mais il a pu échapper à la liquidation en faisant usage de la menace et mettant le couteau sous la gorge de ses créanciers. C'est indéniablement une faillite mais pas une liquidation.

Il est probable que les états ne puissent jamais être liquidés, à moins d'avoir des dettes envers un autre état plus puissant. Ou alors il faudrait que les créanciers d'une état en faillite se liguent contre lui avec une armée privée et lui fassent rendre gorge.

Posté

Tiens, en parlant de liquidation, j'ai vu un chiffre intéressant dans Le Point de cette semaine. Si l'Etat vendait l'ensemble de ses actifs immobilier (+/- 44 milliards d'€), cela lui permettrai de payer les intérêts de la dette pour 1 an. Etonnant, non ?

CPEF

Posté
Tiens, en parlant de liquidation, j'ai vu un chiffre intéressant dans Le Point de cette semaine. Si l'Etat vendait l'ensemble de ses actifs immobilier (+/- 44 milliards d'€), cela lui permettrai de payer les intérêts de la dette pour 1 an. Etonnant, non ?

CPEF

Et avec la chute de l'immobilier, c'est de moins en moins possible :icon_up: .

Posté
Tiens, en parlant de liquidation, j'ai vu un chiffre intéressant dans Le Point de cette semaine. Si l'Etat vendait l'ensemble de ses actifs immobilier (+/- 44 milliards d'€), cela lui permettrai de payer les intérêts de la dette pour 1 an. Etonnant, non ?

CPEF

Même en vendant la tour Eiffel à des ferrailleurs indiens? Alors, il ne reste plus quà vendre les Français au prix qu'ils croient valoir.

Posté
Tiens, en parlant de liquidation, j'ai vu un chiffre intéressant dans Le Point de cette semaine. Si l'Etat vendait l'ensemble de ses actifs immobilier (+/- 44 milliards d'€), cela lui permettrai de payer les intérêts de la dette pour 1 an. Etonnant, non ?

CPEF

En fait, c'est comme un prêt immobilier : tu rembourses les intérêts pendant longtemps, et ne rembourse le capital qu'à la fin, sauf que l'Etat Français ne peut rembourser ni l'un ni l'autre.

Posté
Tu loupes l'aspect essentiel. Si l'Etat "se transforme" quand il ne peut plus payer, tant mieux ou tant pis pour lui ; en tout cas (et c'est ça qui est important) les créanciers ne sont pas payés ; ce qui veut dire que le nouvel état (ou la continuation de l'ancien) ne trouve pas d'argent sur le marché pour faire avancer ses idées ou continuer ses frasques.

Cette semaine, le gouvernement polonais a annoncé qu'il remboursait, avant l'échéance, une dette de 347 mln d'euros à la France contractée par l'avide Gierek dans les années '70. Ce qui "jouera favorablement sur l'image de la Pologne".

Posté

C'est compréhensible; si la France aujourd'hui était un ex-pays soviétique; elle serait dans le même désarroi que la Roumanie.

On peut dire que la Pologne se développe mieux que la France. Ca s'explique par sa politique un brin plus libérale et par des syndicats compatissants.

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