pierreyves Posté 6 août 2008 Signaler Posté 6 août 2008 Wikipedia § "From Hayek" Citation Friedrich von Hayek extensively critiqued Keynes's 1930 Treatise on Money,[7] only to have Keynes assert that the Treatise no longer reflected his thinking. However, after reading Hayek's The Road to Serfdom Keynes said, "In my opinion it is a grand book … Morally and philosophically I find myself in agreement with virtually the whole of it: and not only in agreement with it, but in deeply moved agreement." Keynes was known, however, to open his letters with such complimentary language. He concluded the same letter with the prophecy, "What we need therefore, in my opinion, is not a change in our economic programmes, which would only lead in practice to disillusion with the results of your philosophy; but perhaps even the contrary, namely, an enlargement of them. Your greatest danger is the probable practical failure of the application of your philosophy in the United States." [8] Il me semble assez clair dans ces réponses à Hayek que Keynes mentait comme il respirait. Non pas le mensonge classique, mais celui du nihiliste, qui est convaincu qu'il n'y a rien de vrai. Par ailleurs, Keynes prend toujours la position d'un leader malhonnête qui pense savoir ce qu'il faut faire croire aux autres, pour les manipuler… Citation On the pressing issue of the time, whether deficit spending could lift a country from depression, Keynes replied to Hayek's criticism in the following way, "I should… conclude rather differently. I should say that what we want is not no planning, or even less planning, indeed I should say we almost certainly want more. But the planning should take place in a community in which as many people as possible, both leaders and followers wholly share your own moral position. Moderate planning will be safe enough if those carrying it out are rightly oriented in their own minds and hearts to the moral issue . This is in fact already true of some of them. But the curse is that there is also an important section who could be said to want planning not in order to enjoy its fruits but because morally they hold ideas exactly the opposite of yours, and wish to serve not God but the devil. [9] On en voit un peu plus sur les valeurs de Keynes ici: un monde de "leaders" et de "suiveurs"… un monde où certains veulent le bien et d'autres le mal. L'argument est incroyable: il semble répondre à Hayek 'ton truc c'est bien, petit naïf, mais tout le monde ne croit pas au monde de bisounours comme toi". Cet argument, je l'ai entendu bien des fois: il consiste en une position nihiliste. Citation Hayek explained the first section of the letter saying that this is "because Keynes believed that he was fundamentally still a classical English liberal and wasn't quite aware of how far he had moved away from it. His basic ideas were still those of individual freedom. He did not think systematically enough to see the conflicts. Hayek identifie l'incohérence intellectuelle de Keynes… mais à mon avis il loupe le point essentiel: cette incohérence n'est pas inconsciente. Keynes est un artiste du mensonge, sa théorie vise à collectiviser les préférences temporelles de chacun, en les plongeant de plus en plus dans une illusion de croissance, et il le sait. Je pense qu'on se trompe en attaquant Keynes sur ses idées. On ne peut que le contenir, "avec un coup de retard" en faisant ainsi. Il n'est vraiment possible de le discréditer que sur ses valeurs. Keynes était à mon avis l'un des nihilistes qui a le plus "réussi"… le reste de l'humanité essaie encore de s'en remettre.
José Posté 6 août 2008 Signaler Posté 6 août 2008 Relire l'article de Ralph Raico : "Keynes and the Reds".
pierreyves Posté 6 août 2008 Auteur Signaler Posté 6 août 2008 Lucilio a dit : Relire l'article de Ralph Raico : "Keynes and the Reds". Ce texte aborde ce sujet par le côté, en pointant du doigt sur une des positions ambigues de Keynes: Citation What explains Keynes's praise for the Webbs book and the Soviet system? There is little doubt that the major reason is the feeling he shared with the two Fabian leaders: a deep-seated hatred of profit-seeking and money-making. et suggère même une généralisation, ailleurs dans le texte: Citation (Note, incidentally, the backtracking and studied inconsistency typical of much of Keynes's social philosophizing--an "unlimited readiness to experiment" is to be combined with "traditionalism" and "careful conservatism.") Mais il ne va pas au fond des choses: Keynes était à mon avis un nihiliste conscient, pas quelqu'un "d'inconstant", "qui fait des erreurs" ou "qui est porté par ses émotions".
Blueglasnost Posté 6 août 2008 Signaler Posté 6 août 2008 Ce sont des passages que j'ai déjà lus et qui me font encore froid dans le dos, c'est vraiment incroyable la manière dont on entend ainsi uniformiser à tous prix les opinions pour faire rentrer l'ensemble de la société dans un moule… Keynes s'est lui-même contredit à plusieurs reprises, d'ailleurs vous noterez que le dictionnaire concis "Essential Economics" publié par The Economist commencer, à l'entrée "Keynes", par cette phrase: "A much quoted, great British economist, not famous for holding the same opinion for long"…
Ronnie Hayek Posté 6 août 2008 Signaler Posté 6 août 2008 Dans une conférence que Hayek prononça à Tokyo le 27 avril 1964, voici ce qu'il rapportait sur Keynes : Citation (…)Il est assez évident que ce type de rationalisme doit mener à la destruction de toute valeur morale, et à la croyance selon laquelle l'individu devrait être guidé seulement par son évaluation personnelle des fins particulières qu'il poursuit, et que ceci tend à justifier tous les moyens par les fins poursuivies. L'état d'esprit que cela engendre a été bien décrit par un texte autobiographique de feu lord Keynes. Pour décrire les idées que lui et ses amis défendaient dans les premières années de ce siècle - et que lui-même défendait toujours ouvertement trente ans plus tard - il écrivit: "Nous refusions toute obligation personnelle d'obéir à des règles générales. Nous affirmions que nous avions le droit de juger chaque cas particulier sur ses mérites, et que nous possédions la sagesse, l'expérience et la maîtrise de soi nécessaires pour y parvenir. C'était une part importante de notre foi, affirmée violemment et avec agressivité, et c'était là, pour le monde extérieur, notre caractéristique la plus évidente et la plus dangereuse. Nous refusions entièrement la morale habituelle, les conventions et la sagesse traditionnelle. Cela revient à dire que nous étions, à strictement parler, des immoralistes. Les conséquences, si nous étions percés à jour, devaient bien entendu prises pour ce qu'elles valaient. Mais nous n'admettions ni de nous conformer ni d'obéir à aucune obligation morale, à aucune sanction intime. Et face au ciel, nous revendiquions d'être seuls juges de nos propres affaires." Il faut remarquer que cette déclaration implique non seulement un rejet des règles morales traditionnelles, mais également de tout respect de règles de conduite d'aucune sorte, qu'elles soient morales ou autres. Elle implique l'idée que l'intelligence de l'homme est apte à ordonner adéquatement sa vie sans l'aide que peuvent lui fournir les règles générales ou les principes; en d'autres termes, il s'agit de l'idée selon laquelle il peut coordonner ses activités avec succès grâce à une évaluation explicite des conséquences de toutes les alternatives d'action possibles, et en pleine connaissance de toutes les circonstances. (in Essais de philosophie, de science politique et d'économie, trad. Chr. Piton, Belles Lettres, 2007)
pierreyves Posté 6 août 2008 Auteur Signaler Posté 6 août 2008 Ronnie Hayek a dit : Dans une conférence que Hayek prononça à Tokyo le 27 avril 1964, voici ce qu'il rapportait sur Keynes :(in Essais de philosophie, de science politique et d'économie, trad. Chr. Piton, Belles Lettres, 2007) Cela confirme, on ne peut plus clairement… mais pourquoi Hayek n'a t'il pas attaqué Keynes sur ce plan ? Peut-être n'en a t'il jamais vraiment eu l'occasion, mais cela me surprend.
Ronnie Hayek Posté 6 août 2008 Signaler Posté 6 août 2008 pierreyves a dit : Cela confirme, on ne peut plus clairement… mais pourquoi Hayek n'a t'il pas attaqué Keynes sur ce plan ?Peut-être n'en a t'il jamais vraiment eu l'occasion, mais cela me surprend. Peut-être parce qu'une certaine complicité s'était tissée entre eux (au point d'aller parfois chiner ensemble) ? Disons surtout que l'aspect immoraliste de Keynes est relevé par Hayek dans la seconde partie de son oeuvre pour une raison simple : ce n'est qu'après la mort de Keynes que le vieux Friedrich s'est consacré à développer une philosophie propre, notamment en s'intéressant aux aspects moraux des questions politiques et économiques.
pierreyves Posté 6 août 2008 Auteur Signaler Posté 6 août 2008 Ronnie Hayek a dit : Peut-être parce qu'une certaine complicité s'était tissée entre eux (au point d'aller parfois chiner ensemble) ? Disons surtout que l'aspect immoraliste de Keynes est relevé par Hayek dans la seconde partie de son oeuvre pour une raison simple : ce n'est qu'après la mort de Keynes que le vieux Friedrich s'est consacré à développer une philosophie propre, notamment en s'intéressant aux aspects moraux des questions politiques et économiques. Cela expliquerait beaucoup de choses…
Friedrich Posté 6 août 2008 Signaler Posté 6 août 2008 La relation entre Hayek et Keynes est complexe. Il ne faut pas oublier qu'après s'être plus ou moins étripés par articles interposés dans le journal dirigé par Keynes, Hayek et Keynes sont devenus amis: lorsque Hayek doit quitter la LSE en raison des bombardements de Londres, c'est Keynes qui l'acceuille à Cambridge, qui lui trouve un logement et qui le présente. J'imagine que ce genre d'attentions ne s'oublie pas facilement. En outre ils avaient des points communs: Hayek raconte que Keynes et lui adoraient les lieux livres. Enfin Hayek, comme tant d'autres, est impressionné par le brio intellectuel de Keynes. Une anecdote est célèbre (c'est Hayek qui la rapporte): Keynes aurait interrompu une conversation entre Hayek et un chercheur qui concernait un article qu'Hayek venait de lire pour en parler bien plus précisément alors qu'il avait lu le même article il y a plus de 3 semaines. Enfin Hayek pensait que Keynes était finalement plus ou moins de son côté. Hayek rapporte que, alors qu'il demandait à Keynes s'il ne craignait pas l'usage que son cercle d'admirateurs faisait de ses idées, Keynes aurait répondu que ce n'était que des idiots qu'il les ferait changer d'avis quand il en aurait besoin. Hayek soutient donc que Keynes n'aurait sans doute pas accepter le "keynesianisme" et l'inflation des 30 glorieuses qui en a résulté. Par conséquent, si Hayek est très sévère avec Keynes l'économiste (qu'il considère comme un mauvais économiste), il a du respect pour Keynes en tant que personne qu'il considère comme un authentique "patriote": "Hayek" a dit : Je suis pleinement conscient qu'en effet, je suis en train de dire que le personnage peut-être le plus intellectuellement imposant que j'aie jamais rencontré, et dont j'ai volontiers reconnu la supériorité intellectuelle globale, était complètement dans l'erreur dans l'oeuvre scientifique pour laquelle il est principalement connu. Mais je dois ajouter que son extraordinaire influence dans ce domaine auquel il ne consacrait qu'une faible part de ses efforts, il la devait à une combinaison unique d'autres talents. Qu'il ait eu raison ou tort, ces dons-là en faisaient un des personnages éminents de son époque. Dans l'avenir, il paraîtra aussi représentatif de son temps que les personnages de la renaissance nous apparaissent aujourd'hui. Je ne prétends pas que son influence dans d'autres domaines ait nécessairement été plus bénéfique. En fait, je suis persuadé que, par son mépris de la morale commune et son attitude hautaine du genre "dans le long terme, nous sommes tous morts", son influence fut désastreuse. Et pourtant, c'étaient ses immenses talents qui rendaient si difficile d'échapper à son influence et de ne pas se laisser entraîner dans sa manière de penser. Non seulement il avait une palette incroyable d'intérêts intellectuels, mais il était peut-être encore davantage attiré par les arts. C'était aussi un grand patriote, si c'est bien le mot juste pour désigner un adepte convaincu de la supériorité de la civilisation britannique. Que ses efforts intellectuels soient principalement dominés par ses sentiments esthétiques était une de ses caractéristiques principales, et l'une des raisons majeures de la fascination personnelle qu'il exerçait. A la façon dont Hayek parle de Keynes, on sent beaucoup d'indulgence. Sans doute parce que Hayek considère que Keynes était animé de bonnes intentions mais que son erreur a été de se laisser emporter par son esthétisme, ses facilités intellectuelles et son charisme. Sans doute aussi parce que Hayek sait mieux que quiconque que, dans des périodes troublées, il est difficile de savoir discerner la vérité: même des hommes de grande valeur peuvent se tromper. C'est ce qui la quête de vérité si difficile et si exigente. "Hayek" a dit : I believe that we all have a duty to search for the truth. But at the same time we all need to admit that none of us is in full possession of all the truth. Of "all" the truth, I said. And if you wish me to define God as the truth, then I am ready to use the word God. And I'll go further. Providing that you do not claim to have the entire truth, I am ready to work with you in searching for God via truth. It's a fascinating challenge.
pierreyves Posté 7 août 2008 Auteur Signaler Posté 7 août 2008 Friedrich a dit : La relation entre Hayek et Keynes est complexe. Il ne faut pas oublier qu'après s'être plus ou moins étripés par articles interposés dans le journal dirigé par Keynes, Hayek et Keynes sont devenus amis: lorsque Hayek doit quitter la LSE en raison des bombardements de Londres, c'est Keynes qui l'acceuille à Cambridge, qui lui trouve un logement et qui le présente. J'imagine que ce genre d'attentions ne s'oublie pas facilement. En outre ils avaient des points communs: Hayek raconte que Keynes et lui adoraient les lieux livres. Enfin Hayek, comme tant d'autres, est impressionné par le brio intellectuel de Keynes. Une anecdote est célèbre (c'est Hayek qui la rapporte): Keynes aurait interrompu une conversation entre Hayek et un chercheur qui concernait un article qu'Hayek venait de lire pour en parler bien plus précisément alors qu'il avait lu le même article il y a plus de 3 semaines. Enfin Hayek pensait que Keynes était finalement plus ou moins de son côté. Hayek rapporte que, alors qu'il demandait à Keynes s'il ne craignait pas l'usage que son cercle d'admirateurs faisait de ses idées, Keynes aurait répondu que ce n'était que des idiots qu'il les ferait changer d'avis quand il en aurait besoin. Hayek soutient donc que Keynes n'aurait sans doute pas accepter le "keynesianisme" et l'inflation des 30 glorieuses qui en a résulté.Par conséquent, si Hayek est très sévère avec Keynes l'économiste (qu'il considère comme un mauvais économiste), il a du respect pour Keynes en tant que personne qu'il considère comme un authentique "patriote": A la façon dont Hayek parle de Keynes, on sent beaucoup d'indulgence. Sans doute parce que Hayek considère que Keynes était animé de bonnes intentions mais que son erreur a été de se laisser emporter par son esthétisme, ses facilités intellectuelles et son charisme. Sans doute aussi parce que Hayek sait mieux que quiconque que, dans des périodes troublées, il est difficile de savoir discerner la vérité: même des hommes de grande valeur peuvent se tromper. C'est ce qui la quête de vérité si difficile et si exigente. Ton analyse est sans doute très pertinente (surtout pour le début de la vie de Hayek, si j'en crois les posts précédents). En revanche, je n'aime pas trop la position -assez commune- prise par Hayek, qui consister à admirer, et par là à montrer de l'indulgence envers, des personnes soi-disant "brillantes mais dans l'erreur". "Keynes était tellement brillant qu'il avait tout faux en économie" … l'incohérence me semble flagrante. La réalité me semble plutôt que Keynes n'était PAS brillant, qu'il était plutôt médiocre dans tout ce qu'il faisait et qu'il avait simplement l'habitude d'exister par fanfaronnade. Keynes pourrait avoir aidé Hayek à se sauver par simple trace humanité dans son caractère (après tout, il n'était pas nihiliste au point de se suicider), ou d'une volonté de puissance machiavélique… venant d'une personne comme lui, je m'attends à tout. S'il avait été si brillant, il n'aurait pas raconté n'importe quoi.
Friedrich Posté 7 août 2008 Signaler Posté 7 août 2008 pierreyves a dit : Ton analyse est sans doute très pertinente (surtout pour le début de la vie de Hayek, si j'en crois les posts précédents).En revanche, je n'aime pas trop la position -assez commune- prise par Hayek, qui consister à admirer, et par là à montrer de l'indulgence envers, des personnes soi-disant "brillantes mais dans l'erreur". "Keynes était tellement brillant qu'il avait tout faux en économie" … l'incohérence me semble flagrante. La réalité me semble plutôt que Keynes n'était PAS brillant, qu'il était plutôt médiocre dans tout ce qu'il faisait et qu'il avait simplement l'habitude d'exister par fanfaronnade. Keynes pourrait avoir aidé Hayek à se sauver par simple trace humanité dans son caractère (après tout, il n'était pas nihiliste au point de se suicider), ou d'une volonté de puissance machiavélique… venant d'une personne comme lui, je m'attends à tout. S'il avait été si brillant, il n'aurait pas raconté n'importe quoi. Je ne pensais pas qu'un jour j'en arriverais à devoir défendre Keynes. Mais tu exagères un peu quand même: dire que Keynes n'était qu'un médiocre qui existait que par fanfaronade, c'est aller un peu loin. Ce qui fait que Hayek a de l'indulgence pour Keynes, c'est que justement Keynes était très doué dans de nombreux domaines, ce qui explique l'attraction qu'il a pu exercer. C'est aussi que, selon Hayek, Keynes était un patriote qui voulait défendre l'Angleterre. Mais je dirais surtout que, au moment de la crise de 29, bien malin était celui qui aurait été capable de démontrer que Keynes avait tout faux. Il y avait deux théories rivales: celle de Keynes et celle de Hayek et le monde des économistes était coupé en deux. Il est facile a posteriori de dire que Keynes s'était complètement trompé mais, remis dans le contexte, c'est tout à coup beaucoup moins facile. Sans compter que la théorie de Hayek n'était pas non plus toute juste: lui même le reconnaît. Par conséquent, ce que j'essaie de dire, c'est qu'il faut se garder d'un représentation simpliste de l'histoire: il n'y avait pas d'un côté le bon Hayek ami de la vérité et de l'autre le méchant Keynes machiavélique et manipulateur.
pierreyves Posté 7 août 2008 Auteur Signaler Posté 7 août 2008 Friedrich a dit : Je ne pensais pas qu'un jour j'en arriverais à devoir défendre Keynes. Mais tu exagères un peu quand même: dire que Keynes n'était qu'un médiocre qui existait que par fanfaronade, c'est aller un peu loin. Tout dépend du critère. Keynes avait à peu près tout faux en économie, alors qu'il se disait économiste. De manière très réaliste, fondé sur le résultat, Keynes était simplement médiocre, il ne voyait pas plus juste que la plupart des économistes. Comment appeler qq qui a toujours tort mais existe dans la société grâce à ses théories fantoches ? Keynes avait une forte personnalité, mais en réalité, médiocre. Là aussi, il était passionné par l'illusion. Friedrich a dit : Ce qui fait que Hayek a de l'indulgence pour Keynes, c'est que justement Keynes était très doué dans de nombreux domaines, ce qui explique l'attraction qu'il a pu exercer. C'est aussi que, selon Hayek, Keynes était un patriote qui voulait défendre l'Angleterre. Où était-il si doué ? Etait-il doué comme un Rousseau ? mais… Rousseau, n'avait il pas toujours tort, n'était-il pas humain au point d'habandonner tous ses enfants ? Ahah, en effet, un homme qui mérite l'indulgence. Keynes était un manipulateur. Friedrich a dit : Mais je dirais surtout que, au moment de la crise de 29, bien malin était celui qui aurait été capable de démontrer que Keynes avait tout faux. Il y avait deux théories rivales: celle de Keynes et celle de Hayek et le monde des économistes était coupé en deux. Il est facile a posteriori de dire que Keynes s'était complètement trompé mais, remis dans le contexte, c'est tout à coup beaucoup moins facile. Sans compter que la théorie de Hayek n'était pas non plus toute juste: lui même le reconnaît. N'importe quel autrichien pouvait montrer qu'il avait tort, cela fait beaucoup. Friedrich a dit : Par conséquent, ce que j'essaie de dire, c'est qu'il faut se garder d'un représentation simpliste de l'histoire: il n'y avait pas d'un côté le bon Hayek ami de la vérité et de l'autre le méchant Keynes machiavélique et manipulateur. Je ne cherche pas à représenter l'histoire, je cherche à montrer qui était Keynes. Keynes était machiavélique et manipulateur. Absolument rien que de la médiocrité ici (à moins d'accorder du génie aux dictateurs etc…) …
Rincevent Posté 7 août 2008 Signaler Posté 7 août 2008 pierreyves a dit : Keynes était machiavélique et manipulateur. Non. Keynes était horriblement narcissique et inconstant. Pas la peine d'attribuer au Baron Keynes de Tilton des défauts qu'il n'a pas : ceux qu'il a suffisent.
Friedrich Posté 7 août 2008 Signaler Posté 7 août 2008 pierreyves a dit : Tout dépend du critère. Keynes avait à peu près tout faux en économie, alors qu'il se disait économiste. De manière très réaliste, fondé sur le résultat, Keynes était simplement médiocre, il ne voyait pas plus juste que la plupart des économistes. Comment appeler qq qui a toujours tort mais existe dans la société grâce à ses théories fantoches ?Keynes avait une forte personnalité, mais en réalité, médiocre. Là aussi, il était passionné par l'illusion. Où était-il si doué ? Etait-il doué comme un Rousseau ? mais… Rousseau, n'avait il pas toujours tort, n'était-il pas humain au point d'habandonner tous ses enfants ? Ahah, en effet, un homme qui mérite l'indulgence. Keynes était un manipulateur. N'importe quel autrichien pouvait montrer qu'il avait tort, cela fait beaucoup. Je ne cherche pas à représenter l'histoire, je cherche à montrer qui était Keynes. Keynes était machiavélique et manipulateur. Absolument rien que de la médiocrité ici (à moins d'accorder du génie aux dictateurs etc…) … Pour te dire le fond de ma pensée, je trouve dangereux de sous-estimer la "fécondité" de la pensée économique de Keynes. D'abord parce que, à l'époque, seules deux personnes arrivent à poser les bonnes questions en essayant de proposer des explications des fluctuations économiques: ces deux personnes sont évidemment Keynes et Hayek. Que Keynes soit capable de se poser les bonnes questions démontrent déjà qu'il est assez curieux de mépriser complètement ses écrits. Ensuite parce que les écrits de Keynes ont eu des conséquences profondes sur la façon de faire de l'économie: Keynes pose les bases de ce qui deviendra la macroéconomie. N'est-ce pas Friedman qui dit, en référence à cette "révolution" introduite par Keynes, "nous sommes désormais tous keynésiens mais nous ne pouvons plus accepter les conclusions de Keynes" ? Un autrichien comme Lachmann retrouve aussi certaines conclusions de Keynes dans ses travaux sur le caractère "kalédéiscopique" de l'économie. Enfin la théorie autrichienne du cycle telle qu'elle est élaborée actuellement partage certaines de ses préoccupations avec les néo-keynésiens notamment lorsqu'elle s'interroge sur les raisons des erreurs d'anticipations de masse et de leur récurrence. Bref que Keynes se soit trompé, c'est certain mais certaines de ses intuitions n'étaient pas stupides du tout. Par conséquent le problème est très complexe: ce n'est pas n'importe quel autrichien qui aurait pu réfuter Keynes puisque Hayek lui-même s'est longtemps cassé les dents dessus avant de se rendre compte que réfuter Keynes impliquait de réfuter tout un cadre conceptuel en économie (celui de la macroéco naissante). Cela impliquait aussi de perfectionner la théorie autrichienne du cycle, notamment en affinant la notion de détour de production "moyen", mais Hayek avoue finalement son impuissance dans ce domaine et c'est sans doute une des raisons qui le pousse à abandonner l'économie. Ce constat contraint enfin Hayek à reconnaître que réfuter Keynes implique en fait la nécessité de réfuter toute une époque victime d'une "présomption fatale". Et il n'y a rien d'évident là dedans: ce n'est pas un peu de droit naturel, une louche de praxéologie et un peu de théorie autrichienne des cycles qui peuvent régler le problème de façon définitive. De mon point de vue, Hayek avait sans doute du respect pour Keynes car il a senti que Keynes soulevait de nombreux problèmes d'importance décisive.
LeFataliste Posté 7 août 2008 Signaler Posté 7 août 2008 Quoiqu'il en soit, je ne vois pas l'intérêt de cet anathème posthume. Keynes, manipulateur? Vous m'en direz tant. Une chance que ce ne soit pas lui que je risque de côtoyer, mais ses ouvrages.
pierreyves Posté 8 août 2008 Auteur Signaler Posté 8 août 2008 Oui, être machiavélique (au sens commun français), c'est un défaut LeFataliste a dit : Quoiqu'il en soit, je ne vois pas l'intérêt de cet anathème posthume. Keynes, manipulateur? Vous m'en direz tant. Une chance que ce ne soit pas lui que je risque de côtoyer, mais ses ouvrages. La théorie de Keynes est une théorie de la manipulation des préférences temporelles des gens via la banque centrale.
pierreyves Posté 8 août 2008 Auteur Signaler Posté 8 août 2008 Friedrich a dit : Pour te dire le fond de ma pensée, je trouve dangereux de sous-estimer la "fécondité" de la pensée économique de Keynes. D'abord parce que, à l'époque, seules deux personnes arrivent à poser les bonnes questions en essayant de proposer des explications des fluctuations économiques: ces deux personnes sont évidemment Keynes et Hayek. Que Keynes soit capable de se poser les bonnes questions démontrent déjà qu'il est assez curieux de mépriser complètement ses écrits. Ensuite parce que les écrits de Keynes ont eu des conséquences profondes sur la façon de faire de l'économie: Keynes pose les bases de ce qui deviendra la macroéconomie. N'est-ce pas Friedman qui dit, en référence à cette "révolution" introduite par Keynes, "nous sommes désormais tous keynésiens mais nous ne pouvons plus accepter les conclusions de Keynes" ? Un autrichien comme Lachmann retrouve aussi certaines conclusions de Keynes dans ses travaux sur le caractère "kalédéiscopique" de l'économie. Enfin la théorie autrichienne du cycle telle qu'elle est élaborée actuellement partage certaines de ses préoccupations avec les néo-keynésiens notamment lorsqu'elle s'interroge sur les raisons des erreurs d'anticipations de masse et de leur récurrence. Bref que Keynes se soit trompé, c'est certain mais certaines de ses intuitions n'étaient pas stupides du tout.Par conséquent le problème est très complexe: ce n'est pas n'importe quel autrichien qui aurait pu réfuter Keynes puisque Hayek lui-même s'est longtemps cassé les dents dessus avant de se rendre compte que réfuter Keynes impliquait de réfuter tout un cadre conceptuel en économie (celui de la macroéco naissante). Cela impliquait aussi de perfectionner la théorie autrichienne du cycle, notamment en affinant la notion de détour de production "moyen", mais Hayek avoue finalement son impuissance dans ce domaine et c'est sans doute une des raisons qui le pousse à abandonner l'économie. Ce constat contraint enfin Hayek à reconnaître que réfuter Keynes implique en fait la nécessité de réfuter toute une époque victime d'une "présomption fatale". Et il n'y a rien d'évident là dedans: ce n'est pas un peu de droit naturel, une louche de praxéologie et un peu de théorie autrichienne des cycles qui peuvent régler le problème de façon définitive. De mon point de vue, Hayek avait sans doute du respect pour Keynes car il a senti que Keynes soulevait de nombreux problèmes d'importance décisive. Je suis assez d'accord avec ça, mais en quoi cela remet en cause mon avis que Keynes était très médiocre. Se poser les bonnes questions, est-ce que ce la suffit pour être brillant ? Besancenot est brillant alors! Quelle est la valeur d'un texte complètement faux ? Si j'en juge par ce qu'il a réalisé, il a TOUT faux (au passage la macroéconomie est de la foutaise). La seule et unique raison pour laquelle Hayek n'a pas 100% réfuté Keynes dans le domaine économique, c'est que les erreurs de Keyne ne sont pas d'ordre économique, mais psychologiques et morales. Prenons par exemple cet argument: Citation The remedy for the boom is not a higher rate of interest but a lower rate of interest. For that may enable the so-called boom to last. The right remedy for the trade cycle is not to be found in abolishing booms and thus keeping us permanently in a semi-slump; but in abolishing slumps and thus keeping us permanently in a quasi-boom. Keynes propose ouvertement de manipuler en permanence la psychologie des acteurs économiques. Cela montre d'une part une ignorance crasse de la psychologie et une morale corrompue. Un "grand" médiocre ???
Rincevent Posté 9 août 2008 Signaler Posté 9 août 2008 pierreyves a dit : Un "grand" médiocre ??? Si Keynes avait été médiocre, comment aurait-il pu avoir une telle influence ? Think about it…
Blueglasnost Posté 9 août 2008 Signaler Posté 9 août 2008 Rincevent a dit : Si Keynes avait été médiocre, comment aurait-il pu avoir une telle influence ? Think about it… Autant je pense que l'on ne peut contester l'influence de Keynes et de son oeuvre, autant il n'est pas indispensable d'être brillant pour avoir de l'influence, cela s'est prouvé maintes fois, prenons l'exemple simple d'un Staline qui avait effectivement un certain pouvoir, est-ce que cela rend le personnage particulièrement génial? Si j'en juge les politiques qu'il a menées et leurs retombées catastrophiques, j'aurais tendance à dire que non…
john_ross Posté 9 août 2008 Signaler Posté 9 août 2008 La capacité à devenir maitre du Kremlin est à y demeurer nécessite tout sauf de la médiocrité.
Blueglasnost Posté 9 août 2008 Signaler Posté 9 août 2008 john_ross a dit : La capacité à devenir maitre du Kremlin est à y demeurer nécessite tout sauf de la médiocrité. Quels sont les critères retenus pour qualifier quelqu'un de "brilliantissime" dans ce cas?
john_ross Posté 9 août 2008 Signaler Posté 9 août 2008 Ca dépends. On peut parfaitement être brillant pour accéder au pouvoir et s'y maintenir tout en étant parfaitement médiocre pour exercer le pouvoir.
Blueglasnost Posté 9 août 2008 Signaler Posté 9 août 2008 john_ross a dit : Ca dépends.On peut parfaitement être brillant pour accéder au pouvoir et s'y maintenir tout en étant parfaitement médiocre pour exercer le pouvoir. Tu as répondu à ma question. Je doute que Staline ait jamais ouvert un livre d'économie.
Toast Posté 10 août 2008 Signaler Posté 10 août 2008 Blueglasnost a dit : Tu as répondu à ma question. Je doute que Staline ait jamais ouvert un livre d'économie. Je ne sais absolument pas s'il avait des connaissances en la matière, mais toujours est-il que Staline était un homme très cultivé, contrairement à l'image de brute que l'on a souvent de lui.
Blueglasnost Posté 11 août 2008 Signaler Posté 11 août 2008 Toast a dit : Je ne sais absolument pas s'il avait des connaissances en la matière, mais toujours est-il que Staline était un homme très cultivé, contrairement à l'image de brute que l'on a souvent de lui. Certes, mais une culture "classique" n'englobe pas nécessairement l'économie, étant donné la manière dont il a géré son pays, je ne pense pas qu'il se soit intéressé au sujet, après peut-être était-il bien plus érudit dans des domaines tels que la littérature, mais ça ne change rien au fait qu'il n'était pas un être particulièrement brillant dans le sens où il n'a pas créé une oeuvre de la magnitude de celle d'Hayek par exemple ou admettons d'Aristote, quelques exemples en vrac, bien que l'on puisse admettre qu'il était très doué politiquement parlant pour s'être maintenu à la tête de l'URSS de 1924 à 1953.
José Posté 11 août 2008 Signaler Posté 11 août 2008 Friedrich a dit : …dire que Keynes n'était qu'un médiocre qui existait que par fanfaronade, c'est aller un peu loin. Ce qui fait que Hayek a de l'indulgence pour Keynes, c'est que justement Keynes était très doué dans de nombreux domaines, ce qui explique l'attraction qu'il a pu exercer. Keynes fut-il original ? Très peu, selon D.W.McKenzie : "On Krugman's Introduction to Keynes's General Theory". Selon la mythologie populaire qui court parmi les keynésiens, la Théorie Générale, publiée en 1936, changea la science économique du jour au lendemain. Cependant, nombreuses furent les idées reprises dans ce livre qui avaient été avancées par d'autres avant 1936 : En 1929, l'économiste allemand Lautenbach publia le livre Kredit Zins Produktion, très semblable à celui de John Maynard Keynes. De fait, plusieurs économistes allemands accusèrent Keynes de plagiat. Le "multiplicateur keynésien" fut développé par Richard Kahn en 1931. Lors de la Grande Dépression de 1929 aux États-Unis, différents professeurs de l'Université de Chicago recommandèrent des politiques "keynésiennes" pour sortir de la crise. L'économiste polonais Michael Kalecki anticipa nombre des idées de Keynes dans différents articles qu'il écrivit entre 1932 et 1935. L'économiste suédois Gunnar Myrdal affirme qu'en Suède les économistes étaient déjà familiarisés avec les idées de la Théorie Générale avant même sa publication.
Blueglasnost Posté 11 août 2008 Signaler Posté 11 août 2008 Lucilio a dit : Keynes fut-il original ? Très peu, selon D.W.McKenzie : "On Krugman's Introduction to Keynes's General Theory".Selon la mythologie populaire qui court parmi les keynésiens, la Théorie Générale, publiée en 1936, changea la science économique du jour au lendemain. Cependant, nombreuses furent les idées reprises dans ce livre qui avaient été avancées par d'autres avant 1936 : En 1929, l'économiste allemand Lautenbach publia le livre Kredit Zins Produktion, très semblable à celui de John Maynard Keynes. De fait, plusieurs économistes allemands accusèrent Keynes de plagiat. Le "multiplicateur keynésien" fut développé par Richard Kahn en 1931. Lors de la Grande Dépression de 1929 aux États-Unis, différents professeurs de l'Université de Chicago recommandèrent des politiques "keynésiennes" pour sortir de la crise. L'économiste polonais Michael Kalecki anticipa nombre des idées de Keynes dans différents articles qu'il écrivit entre 1932 et 1935. L'économiste suédois Gunnar Myrdal affirme qu'en Suède les économistes étaient déjà familiarisés avec les idées de la Théorie Générale avant même sa publication. Intéressant. D'après ce que j'en ai lu, Keynes était surtout très imbu de sa personne, d'aucuns le décrivent comme un bourgeois élitiste, mais cela ne m'étonnerait guère qu'il ait effectivement "pompé" des pans significatifs de sa Théorie Générale…
Messages recommandés
Archivé
Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.