Rincevent Posté 28 août 2008 Signaler Posté 28 août 2008 Dans L'éthique, Spinoza définit les sentiments à partir de deux choses: la joie et la tristesse, ou "sentiment positif" et "sentiment négatif". Tous les autres sentiments découlent de ceux là. L'amour, c'est la joie associé à une cause extérieure. La pitié, c'est la tristesse associée à la tristesse d'une personne de même nature que soi… Ainsi, dans son chapitre De la servitude humaine, il dit que les actions de chacun sont guidées par une volonté d'augmenter notre joie et de réduire notre tristesse. C'est pourquoi nous donnons aux gens qui en ont besoin par exemple : cela atténue leur tristesse, donc notre sentiment de pitié est atténué, donc la tristesse associée à ce sentiment aussi. Même si la façon dont nous sommes atteints par des éléments extérieurs varie avec la personne et avec le temps, le mécanisme reste le même. Il ajoute ensuite que des sentiments contraires peuvent très bien s'opposer, et que s'il est impossible de leur donner une valeur cardinale, il est possible de leur donner une valeur ordinale. C'est de la même manière qu'on modélise les préférence d'un consommateur par l'utilité. Merci pour ce petit passage, qui me rassure : l'altruisme parfait ne peut donc pas exister, les altruistes le sont car l'altruisme leur est ophélime. Il n'y a pas de bonne manière de penser. La conception de la justice de Rawls me plait, parce qu'elle se base sur deux principes : le principe de liberté le principe de différence, qui admet les inégalités Si, il y a de bonnes manières de penser : celles où l'on ne fait pas d'erreur, ni de cohérence, ni de congruence. Et la conception de Rawls, qui entend fonder, créer de toutes pièces et en tous ses détails une société entière me déplait souverainement car elle m'apparait comme foncièrement constructiviste. Mes profs d'économie sont : Pierre Cahuc, Etienne Lehman et Emmanuel Jessua en Macroéconomie, Daniel Cohen , Laure Turner et Emmanuel Massé en Microéconomie. Des profs qui travaillent à la DGTPE, ça va en faire jaser plus d'un en ces lieux. Sinon, Cahuc est, sauf erreur, un social-démocrate bon teint. Cohen, très intéressant, mais fait trop d'à-peu-près. Heureusement, Thesmar est aussi dans l'équipe d'enseignement. Enfin, je dis ça, mais j'ai eu un keynesien orthodoxe (il en reste) comme prof de SMI. C'est d'ailleurs lui qui m'a fait m'intéresser à l'économie.
jboussard Posté 28 août 2008 Auteur Signaler Posté 28 août 2008 Merci pour ce petit passage, qui me rassure : l'altruisme parfait ne peut donc pas exister, les altruistes le sont car l'altruisme leur est ophélime. Pas tout à fait, parce que nous n'avons pas complètement conscience des raisons qui nous poussent à agir. Et se réjouir du plaisir des autres, c'est un sentiment aussi noble que l'altruisme. Si, il y a de bonnes manières de penser : celles où l'on ne fait pas d'erreur, ni de cohérence, ni de congruence. Et la conception de Rawls, qui entend fonder, créer de toutes pièces et en tous ses détails une société entière me déplait souverainement car elle m'apparait comme foncièrement constructiviste. Il imagine plus une société adoptant ses principes de justice qu'il ne construit. Il ne veut pas faire ressembler la réalité à sa société imaginaire, mais il essaie de voir l'influence qu'auraient ces principes sur la société. Y'a quelques bonnes idées tout de même Des profs qui travaillent à la DGTPE, ça va en faire jaser plus d'un en ces lieux. Sinon, Cahuc est, sauf erreur, un social-démocrate bon teint. Cohen, très intéressant, mais fait trop d'à-peu-près. Heureusement, Thesmar est aussi dans l'équipe d'enseignement. Enfin, je dis ça, mais j'ai eu un keynesien orthodoxe (il en reste) comme prof de SMI. C'est d'ailleurs lui qui m'a fait m'intéresser à l'économie. Euh je crois que seul Jessua travaille à la DGTPE. Cahuc et Lehman sont chercheurs au CREST. Cahuc est souvent considéré comme le "chef de file de la mouvance néolibérale" en France par ses adversaires. Il a écrit des tas de bouquins comme : La société de défiance. Comment le modèle social français s’autodétruit Lehman est encore jeune, mais le sujet de sa thèse était : The macroeconomic effects of unemployment benefits: a theoretical approach. Très critique vis à vis des allocations chômages. D'ailleurs l'introduction de son cours était incendiaire envers Keynes, et a "choqué" les keynésiens de ma promo ("C'est qui ce jeune prof tout juste sorti de thèse qui se permet de critiquer Keynes?") Jessua, je n'ai pas trop eu l'occasion de saisir ses opinions, mais il est assez social-démocrate en tout. Turner, Massé, et surtout Cohen, sont par contre très proches des courants de pensées économistes de gauche. Mais c'est souvent le cas avec les microéconomistes
Rincevent Posté 28 août 2008 Signaler Posté 28 août 2008 Il imagine plus une société adoptant ses principes de justice qu'il ne construit. Il ne veut pas faire ressembler la réalité à sa société imaginaire, mais il essaie de voir l'influence qu'auraient ces principes sur la société. Y'a quelques bonnes idées tout de même La question est : à quoi sert cette théorie ? Théorie descriptive ou normative ? Soit il imagine une société pour le plaisir, auquel cas je ne vois pas pourquoi des politiciens voudraient la mettre en pratique. Soit il décrit quelque chose d'existant, ce qui ne semble pas le cas. Soit il propose quelque chose, auquel cas il se heurte à plusieurs problèmes : l'orgueil monstrueux d'imaginer une société entière (qui peut oser prétendre connaitre totalement une société ?), le constructivisme radical (comment peut-on oser imposer à une société de vivre selon des principes qui ne sont pas forcément évidents, et surtout qui ne sont pas forcément vrais ?), et l'erreur radicale inhérente à toute théorie du contrat social. Euh je crois que seul Jessua travaille à la DGTPE. Les deux Emmanuels y travaillent, me semble-t-il. Cahuc est souvent considéré comme le "chef de file de la mouvance néolibérale" en France par ses adversaires. Il a écrit des tas de bouquins comme : La société de défiance. Comment le modèle social français s’autodétruit En me contentant des titres de chapitre de ce livre, je puis t'assurer qu'il est tout sauf néolibéral (au sens de l'Ecole de Chicago). Lehman est encore jeune, mais le sujet de sa thèse était : The macroeconomic effects of unemployment benefits: a theoretical approach. Très critique vis à vis des allocations chômages. D'ailleurs l'introduction de son cours était incendiaire envers Keynes, et a "choqué" les keynésiens de ma promo ("C'est qui ce jeune prof tout juste sorti de thèse qui se permet de critiquer Keynes?") Jeune, et prometteur, donc. Le degré de vénération de Keynes donne une idée de l'état de délabrement de la science économique en France. Sinon, j'ai trouvé les trois leçons de Cohen extrêmement inégales.
jboussard Posté 28 août 2008 Auteur Signaler Posté 28 août 2008 La question est : à quoi sert cette théorie ? Théorie descriptive ou normative ? Soit il imagine une société pour le plaisir, auquel cas je ne vois pas pourquoi des politiciens voudraient la mettre en pratique. Soit il décrit quelque chose d'existant, ce qui ne semble pas le cas. Soit il propose quelque chose, auquel cas il se heurte à plusieurs problèmes : l'orgueil monstrueux d'imaginer une société entière (qui peut oser prétendre connaitre totalement une société ?), le constructivisme radical (comment peut-on oser imposer à une société de vivre selon des principes qui ne sont pas forcément évidents, et surtout qui ne sont pas forcément vrais ?), et l'erreur radicale inhérente à toute théorie du contrat social Alors il est peut être un peu orgueilleux… Mais cela ne justifie pas de rejeter son livre en entier. En me contentant des titres de chapitre de ce livre, je puis t'assurer qu'il est tout sauf néolibéral (au sens de l'Ecole de Chicago). Depuis quand être considéré comme néolibéral en France est équivalent à être néolibéral? Mais des économistes réputés aujourd'hui en france, il est parmi ceux qui encouragent un désengagement de l'Etat. D'ailleurs son livre est assez incendiaire vis à vis de l'Etatisme… Jeune, et prometteur, donc. Le degré de vénération de Keynes donne une idée de l'état de délabrement de la science économique en France. Sinon, j'ai trouvé les trois leçons de Cohen extrêmement inégales. Lehman a écrit un bouquin parait il aussi intéressant : “Laisser faire ou régulation ? Une synthèse des théories économiques”. Même s'il reste trop bienveillant quant à la régulation… Je n'ai pas lu Cohen…
Rincevent Posté 28 août 2008 Signaler Posté 28 août 2008 Bref, les profs de l'ENSAE auraient pu être pires. (Ils auraient pu être meilleurs, certes.)
jboussard Posté 28 août 2008 Auteur Signaler Posté 28 août 2008 Bref, les profs de l'ENSAE auraient pu être pires. (Ils auraient pu être meilleurs, certes.) Ouais, mais Hayek est mort…
Rincevent Posté 28 août 2008 Signaler Posté 28 août 2008 Ouais, mais Hayek est mort… Et on ne va pas oser recruter des autrichiens à l'ENSAE, tout de même.
Ronnie Hayek Posté 28 août 2008 Signaler Posté 28 août 2008 Ouais, mais Hayek est mort… Ça va aller comme tu veux, oui ?
Nick de Cusa Posté 29 août 2008 Signaler Posté 29 août 2008 Je suis fatigué de répéter la même chose encore, et encore, et encore…. Pour moi, l'Etat n'a AUCUN rôle économique à jouer, je ne peux pas être social démocrate…. Tu veux que l'Etat impose aux entreprises des clients. C'est un rôle économique.
Invité jabial Posté 29 août 2008 Signaler Posté 29 août 2008 Je plussoie fortement. A mon sens, il est largement préférable, à la limite, que l'Etat se charge d'"assurer" ceux que les assurances refusent. Ca ne déresponsabilise pas plus que de forcer les assurances à le faire, et au moins, la coopération volontaire reste séparée de la redistribution socialiste. Autrement dit, on sait ce que ça coûte.
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