Ash Posté 31 décembre 2008 Signaler Posté 31 décembre 2008 Là n'est pas la question. Où est-ce que l'on s'écarte de la "passion" ? A quel moment ce sont des décisions non rationnelles ?
POE Posté 31 décembre 2008 Signaler Posté 31 décembre 2008 En effet, l'application d'un savoir qui concerne l'action humaine (vu que je suis moi-même un humain) va se faire dans le cadre de sa propre vie. C'est très pratique, très concret, au jour le jour. Tu confirmes donc que la praxéologie n'est pas une science, mais une sorte de philosophie de l'action. Quel est donc le savoir qu'elle transmet et de quelle manière concrète peut on s'en servir ?
Nick de Cusa Posté 31 décembre 2008 Signaler Posté 31 décembre 2008 Sur la question spécifique du rôle des émotions dans la raison: Sa thèse est que sans émotions, la prise de décision rationelle est impossible. Il s'appuie sur des cas de lésions au cortex préfrontal qui privent les gens d'émotions.
Nick de Cusa Posté 31 décembre 2008 Signaler Posté 31 décembre 2008 Je trouve cela intéressant: cela montre combien le concept, d'une part évolue sans cesse d'un auteur d'une école d'un domaine à l'autre, d'autre part est souvent "tronqué" pour simplifier le raisonnement. Il semble très difficile de ne pas faire d'hypothèse cachée sur la nature de la "raison". Je pense que les autrichiens puristes sont ceux qui parviennent le mieux à éviter cet écueil.Quel serait le lien entre raison (au meilleur sens possible) & utilité ? Je sais que ça va te fâcher mais je ne pense pas qu'on puisse faire l'économie d'essayer de comprendre les objectifs cachés instinctifs que l'évolution a programmé en nous. The Economist vient de faire un petit condensé mais très incomplet, n'abordant par exemple pas la question de l'altruisme et du sacrifice de sa vie pour autrui (même pour un inconnu sans lien de parenté), qui sont pourtant des instincts humains très forts. Bref, cet article est loin d'être suffisant, mais pas inintéressant pour autant, pour les quelques minutes que ça prend à lire. http://www.economist.com/science/displayst…ory_id=12795581
pierreyves Posté 31 décembre 2008 Auteur Signaler Posté 31 décembre 2008 Quand on parle d'un geste passionné par exemple, c'est d'un geste qui n'a pas été réfléchi (on cède à l'emportement, à des passions non maîtrisées). Une action essentiellement motivée par la peur ou la colère peut nous porter à agir contre nos intérêts, même les plus immédiatement visibles (par exemple, quand on donne un coup de pied dans la porte contre laquelle on vient de se cogner). D'ailleurs, la définition classique du barbare, pour les grecs, correspond tout à fait à cette idée d'esclavage des passions (par opposition à leur maîtrise médiée par la raison), à savoir "céder à l'immédiateté de son être" pour parler comme Rémi Brague. Je vois les gestes passionnés d'une autre façon: comme une erreur de la raison dans un contexte donné, pas comme une absence de raison. Le passionné reste responsable de son geste. On attribue à la barbarie, la passion, la folie des comportements que nous ne comprenons pas nous-mêmes, ie qui sont hors de portée de notre propre raison. Cela ne permet pas de présumer de la raison de celui qui se comporte de façon atypique. Il y a des situations où il est très raisonnable de paraître déraisonnable… d'être passionné etc… la passion est à mon avis un excellent guide pour un choix. Si la raison est l'ensemble des mécanismes intellectuels qui permettent de décider d'agir, il n'y a pas d'acte "déraisonnable", il n'y a que des erreurs de la raison… mise en évidence par la prise de conscience d'avoir agit contre son propre intérêt (encore une fois, l'observateur extérieur ne peut décider si oui ou non j'ai agi contre mon propre intérêt). On peut voir dans ces séparations de la psychologie (après tout, la division entre pyschologie, sociologie, histoire etc ne sont que des divisions modernes qui n'existent pas dans la philosophie socrato-platonicienne), sans que cela ne résume l'ensemble de la science politique classique. En ce sens, les passions n'ont pas simplement une définition négative, mais influent (ici pour le pire) sur l'usage de la raison. Pour moi, elles en font partie. La séparation stricte raison/passion est un grand classique de la pensée occidentale… Les passions sont considérés comme des "forces" qui soumettent l'homme… Ca me parait plutôt incompatible avec une conception libérale de l'homme, agent rationnel. Les émotions sont pour moi au contraire un puissant outil rationnel. Exemple Entre sauver une personne et cinq personne? Cinq personne évidemment. Tuer un jeune homme pour sauver 5 personnes? La réponse est non, alors que le rapport mathématique est identique. Qu'est ce qui a changé? L'émotion. On voit donc qu'elle est très utile pour les décisions rationnelles. Je ne sais pas si j'achète l'illustration, mais je suis bien d'accord avec l'idée de fond.
pierreyves Posté 31 décembre 2008 Auteur Signaler Posté 31 décembre 2008 Tu confirmes donc que la praxéologie n'est pas une science, mais une sorte de philosophie de l'action.Quel est donc le savoir qu'elle transmet et de quelle manière concrète peut on s'en servir ? Pas exactement: je confirme que nous mettons deux idées différentes derrière "science". La praxéologie est une science pour moi puisqu'elle décrit un fait de la réalité: l'action humaine. En revanche, ce n'est pas une science appliquée, pour s'en "servir" il faut faire un effort de création (qui prend en compte les découvertes de cette science). Un exemple d'application concrète: monter une organisation humaine. Deux façons: la façon socialiste, fondée sur la contrainte et l'illusion ; la façon naturelle, fondée sur le libre choix et l'échange réciproquement bénéfique (et qui ne se fait pas au détriment d'autrui). Je le pratique. Sa thèse est que sans émotions, la prise de décision rationelle est impossible. Il s'appuie sur des cas de lésions au cortex préfrontal qui privent les gens d'émotions. Intéressant, c'est en effet ce que je pense. Il est d'autant plus important de prendre en compte consciemment ses émotions et celles d'autrui dans une démarche de prise de décision. Je sais que ça va te fâcher mais je ne pense pas qu'on puisse faire l'économie d'essayer de comprendre les objectifs cachés instinctifs que l'évolution a programmé en nous.The Economist vient de faire un petit condensé mais très incomplet, n'abordant par exemple pas la question de l'altruisme et du sacrifice de sa vie pour autrui (même pour un inconnu sans lien de parenté), qui sont pourtant des instincts humains très forts. Bref, cet article est loin d'être suffisant, mais pas inintéressant pour autant, pour les quelques minutes que ça prend à lire. http://www.economist.com/science/displayst…ory_id=12795581 je ne vais sans doute pas te décevoir: j'ai constaté depuis un moment que les auteurs d'articles de science de The Economist tombent complètement dans les panneaux de l'evopsy et de l'évolutionisme primaire. L'évolution n'a rien caché: la preuve, The Economist en parle !
Vincemobile Posté 31 décembre 2008 Signaler Posté 31 décembre 2008 D'ailleurs, la définition classique du barbare, pour les grecs, correspond tout à fait à cette idée d'esclavage des passions (par opposition à leur maîtrise médiée par la raison), à savoir "céder à l'immédiateté de son être" pour parler comme Rémi Brague. Pour moi le barbare c'est littéralement "celui qui ne parle pas le grec". Les grecs voyaient le barbare comme celui qui ne parlait pas leur langue avec tout ce que cela suppose comme différences culturelles. Logique également, puisqu'il n'y avait pas d'Etat grec mais de multiples cités. L'opposition raison/passion est un héritage de la pensée cartésienne dont nous avons du mal à nous départir. Or, les émotions ou l'instinct sont des moyens de prise de décision parfois plus efficaces que la seule raison. Les émotions viennent du vécu, d'expériences (entraînement compris) que nous avons incorporés et qui nous permettent de prendre très rapidement des décisions efficaces. C'est particulièrement par exemple pour des sportifs de haut-niveau. Ca peut aussi expliquer certains comportements du consommateur (préférence pour un bien par le seul jeu des émotions). Il y a également l'aspect instinct "primaire" (là on a en effet la notion de sacrifice…) mais là je ne connais pas assez bien le sujet.
POE Posté 31 décembre 2008 Signaler Posté 31 décembre 2008 Un exemple d'application concrète: monter une organisation humaine. Deux façons: la façon socialiste, fondée sur la contrainte et l'illusion ; la façon naturelle, fondée sur le libre choix et l'échange réciproquement bénéfique (et qui ne se fait pas au détriment d'autrui). Je le pratique. C'est tout ? Il faut développer, là je ne vois que un discours trop souvent rabaché par les libéraux. D'un côté le socialisme, c'est mal, de l'autre, le libéralisme, c'est bien. Si c'est pour entendre les poncifs habituels, ta science ne me sert à rien.
Pandi Posté 31 décembre 2008 Signaler Posté 31 décembre 2008 Pas exactement: je confirme que nous mettons deux idées différentes derrière "science".La praxéologie est une science pour moi puisqu'elle décrit un fait de la réalité: l'action humaine. En revanche, ce n'est pas une science appliquée, pour s'en "servir" il faut faire un effort de création (qui prend en compte les découvertes de cette science). Un exemple d'application concrète: monter une organisation humaine. Deux façons: la façon socialiste, fondée sur la contrainte et l'illusion ; la façon naturelle, fondée sur le libre choix et l'échange réciproquement bénéfique (et qui ne se fait pas au détriment d'autrui). Je le pratique. Intéressant, c'est en effet ce que je pense. Il est d'autant plus important de prendre en compte consciemment ses émotions et celles d'autrui dans une démarche de prise de décision. je ne vais sans doute pas te décevoir: j'ai constaté depuis un moment que les auteurs d'articles de ou science de The Economist tombent complètement dans les panneaux de l'evopsy et de l'évolutionisme primaire. L'évolution n'a rien caché: la preuve, The Economist en parle ! Réduire l'évolution à la survie et la reproduction est non seulement très simpliste, mais en plus révélateur d'une profonde méconnaissance de l'évolution… La vie n'a pas de but. Pas même celui de survivre ou de se reproduire! L'adoption d'une perspective finaliste devoie complètement l'évolutionnisme! Les deux concepts fondamentaux de l'évolution sont la variation et la sélection. Pas autre chose.
Nick de Cusa Posté 31 décembre 2008 Signaler Posté 31 décembre 2008 Réduire l'évolution à la survie et la reproduction est non seulement très simpliste, mais en plus révélateur d'une profonde méconnaissance de l'évolution…La vie n'a pas de but. Pas même celui de survivre ou de se reproduire! L'adoption d'une perspective finaliste devoie complètement l'évolutionnisme! Les deux concepts fondamentaux de l'évolution sont la variation et la sélection. Pas autre chose. Les textes à ce sujet donnent en effet souvent l'impression d'un but de l'évolution. La plupart du temps c'est parce qu'ils expriment on ne peut plus maladroitement qu'une adaptation favorisant plus la reproduction sur de très nombreuses générations a de très fortes chances de devenir beaucoup plus fréquente dans la population, voir à la supplanter, voilà tout. Ca exprime les choses à l'envers. Il n'en reste pas moins que les adaptations favorisant la reproductions pour de nombreuses générations consécutives finiront beaucoup plus nombreuses. Il n'y a pas de but, j'en suis entièrement d'accord, mais ça aboutit quand même le plus souvent à ça. Les choses sont malheureusement trop souvent décrites à l'envers. L'évolution n'a rien caché: la preuve, The Economist en parle ! Ça n'est pas l'évolution qui se charge cacher* : ce sont les conneries qu'on t'a apprises. *: Enfin, il y a de nombreux cas où la dissimulation est une adaptation qui fonctionne bien, mais ce n'est pas de ça que je parlais.
Nick de Cusa Posté 31 décembre 2008 Signaler Posté 31 décembre 2008 je ne vais sans doute pas te décevoir: j'ai constaté depuis un moment que les auteurs d'articles de science de The Economist tombent complètement dans les panneaux de l'evopsy et de l'évolutionisme primaire. HS et pour un autre fil : je serais très intéressé que tu m'expliques un jour à quel moment dans l'histoire biologique les instincts issus de l'évolution ont cessé d'avoir la moindre influence sur le comportement humain. Tu le déclares de façon catégorique et tu y crois dur comme fer, mais avec un peu de recul on voit facilement que c'est une thèse tout à fait fantastique. D'où ma curiosité.
pierreyves Posté 31 décembre 2008 Auteur Signaler Posté 31 décembre 2008 C'est tout ? Il faut développer, là je ne vois que un discours trop souvent rabaché par les libéraux. D'un côté le socialisme, c'est mal, de l'autre, le libéralisme, c'est bien. Si c'est pour entendre les poncifs habituels, ta science ne me sert à rien. Je ne parlais pas particulièrement pour toute la société, c'est qqchose qui s'applique concrètement dans un environnement professionel, au sein d'une équipe de travail par exemple. Autre application concrète: développer pour son entreprise une stratégie de l'offre de valeur plutôt qu'une stratégie de domination ou de sur-promesse (référence au livre récent de Henri de Bodinat: http://livre.fnac.com/a1937387/Henri-De-Bo…e-l-offre?PID=1 ). Bien sûr, il est toujours possible de demander "pourquoi cette stratégie (cette "du bien"), plutôt que les autres ? Elle n'est pas "plus efficace", ni "plus rentable" etc… elle est plus éthique parce qu'elle respecte la liberté de chacun. Celui qui ne tient pas ce dernier point comme acquis ne peut trouver d'application aux thèses libérales.
pierreyves Posté 31 décembre 2008 Auteur Signaler Posté 31 décembre 2008 HS et pour un autre fil : je serais très intéressé que tu m'expliques un jour à quel moment dans l'histoire biologique les instincts issus de l'évolution ont cessé d'avoir la moindre influence sur le comportement humain.Tu le déclares de façon catégorique et tu y crois dur comme fer, mais avec un peu de recul on voit facilement que c'est une thèse tout à fait fantastique. D'où ma curiosité. Je n'ai pas dit que les statistiques sociologiques utilisées par l'evopsy sont inutiles, simplement que pour l'homme -doué de conscience- elles sont une information parmi d'autres, une contrainte dépassable parmi d'autres. L'influence sur le comportement d'un instinct peut -ou pas selon son choix- être remise en cause à partir du moment où un individu particulier en prend conscience. L'homme raisonne, il n'agit pas sous l'influence d'instincts animaux… l'evopsy est aussi dangereuse que le freudisme dans la mesure où comme lui elle offre des excuses à l'homme pour ses erreurs de raisonnement et des outils aux manipulateurs pour profiter des imperfections psychologiques de certains. On peut continuer par MP si tu veux (tous les fils que j'ai ouvert sur ce sujet ont mal tourné).
POE Posté 31 décembre 2008 Signaler Posté 31 décembre 2008 Je ne parlais pas particulièrement pour toute la société, c'est qqchose qui s'applique concrètement dans un environnement professionel, au sein d'une équipe de travail par exemple.Autre application concrète: développer pour son entreprise une stratégie de l'offre de valeur plutôt qu'une stratégie de domination ou de sur-promesse (référence au livre récent de Henri de Bodinat: http://livre.fnac.com/a1937387/Henri-De-Bo…e-l-offre?PID=1 ). Bien sûr, il est toujours possible de demander "pourquoi cette stratégie (cette "du bien"), plutôt que les autres ? Elle n'est pas "plus efficace", ni "plus rentable" etc… elle est plus éthique parce qu'elle respecte la liberté de chacun. Celui qui ne tient pas ce dernier point comme acquis ne peut trouver d'application aux thèses libérales. Bon, c'est déjà mieux, mais là encore, il me semble nécessaire de développer si on veut éviter de parler dans le vide. Quelles sont ces différentes stratégies ? En quoi la stratégie de l'offre de valeur est elle plus éthique ? De la même façon, il faut que tu développes ce que tu entends par l'application de la praxéologie dans un environnement professionnel.
pierreyves Posté 31 décembre 2008 Auteur Signaler Posté 31 décembre 2008 Bon, c'est déjà mieux, mais là encore, il me semble nécessaire de développer si on veut éviter de parler dans le vide.Quelles sont ces différentes stratégies ? En quoi la stratégie de l'offre de valeur est elle plus éthique ? De la même façon, il faut que tu développes ce que tu entends par l'application de la praxéologie dans un environnement professionnel. La stratégie de l'offre est plus éthique parce qu'elle s'appuie, pour gagner une part de marché, sur l'enrichissement mutuel par l'échange le plus ouvert possible. La stratégie de domination va tenter non de satisfaire au mieux son client, mais d'exclure, par d'autres moyens, ses concurrents du marché (par exemple en obtenant un monople d'état, un "droit" de la concurrence favorable, etc…). La base de la stratégie de sur-valeur est de leurrer le client concernant la valeur qu'il va trouver dans un produit (par exemple en lui faisant croire que manger son tout nouveau yahourt augmente sa durée de vie). Dans mon environnement professionnel: j'obtiens le meilleur de mes équipes en appliquant systématiquement des méthodes de management fondées sur l'échange non contraint. Ce n'est pas facile et la praxéologie n'est pas suffisante, des notions de psychologie sont indispensables. Le mieux est à mon avis de lire Nathaniel Branden sur ce sujet: http://www.nathanielbranden.com/catalog/pr…;products_id=33 Les résultats sont étonnants !
Pandi Posté 1 janvier 2009 Signaler Posté 1 janvier 2009 Je n'ai pas dit que les statistiques sociologiques utilisées par l'evopsy sont inutiles, simplement que pour l'homme -doué de conscience- elles sont une information parmi d'autres, une contrainte dépassable parmi d'autres. L'influence sur le comportement d'un instinct peut -ou pas selon son choix- être remise en cause à partir du moment où un individu particulier en prend conscience.L'homme raisonne, il n'agit pas sous l'influence d'instincts animaux… l'evopsy est aussi dangereuse que le freudisme dans la mesure où comme lui elle offre des excuses à l'homme pour ses erreurs de raisonnement et des outils aux manipulateurs pour profiter des imperfections psychologiques de certains. On peut continuer par MP si tu veux (tous les fils que j'ai ouvert sur ce sujet ont mal tourné). Et pourquoi la raison ne seras pas une variation évolutive sélectionnée au fil des générations? evopsy ne rime pas avec déterminisme freudien.
Vincemobile Posté 1 janvier 2009 Signaler Posté 1 janvier 2009 La stratégie de l'offre est plus éthique parce qu'elle s'appuie, pour gagner une part de marché, sur l'enrichissement mutuel par l'échange le plus ouvert possible.La stratégie de domination va tenter non de satisfaire au mieux son client, mais d'exclure, par d'autres moyens, ses concurrents du marché (par exemple en obtenant un monople d'état, un "droit" de la concurrence favorable, etc…). La base de la stratégie de sur-valeur est de leurrer le client concernant la valeur qu'il va trouver dans un produit (par exemple en lui faisant croire que manger son tout nouveau yahourt augmente sa durée de vie). Dans mon environnement professionnel: j'obtiens le meilleur de mes équipes en appliquant systématiquement des méthodes de management fondées sur l'échange non contraint. Ce n'est pas facile et la praxéologie n'est pas suffisante, des notions de psychologie sont indispensables. Le mieux est à mon avis de lire Nathaniel Branden sur ce sujet: http://www.nathanielbranden.com/catalog/pr…;products_id=33 Les résultats sont étonnants ! Ca me fait penser aux stratégies de Porter : - Différenciation/domination par les coûts grâce à une optimisation de l'outil industriel permettant de produire en masse un produit identique pour tous. L'atteinte d'une taille critique est déterminante et au final seuls les plus gros survivent. - Différenciation par la valeur. J'essaie de créer des produits différenciés, adaptés aux besoins du client. Il faut ici savoir surfer sur les évolutions de la demande. - Stratégie de niche. Je me spécialise sur un domaine extrêmement précis, là où il y a peu de concurrence. Pour moi, les stratégies de sur-valeur ou de domination peuvent très bien se combiner (le meilleur exemple est la SECU). Il est donc difficile d'en faire des stratégies "génériques". Le pire danger est la stratégie de sur-valeur, portée par les communiquants qui continuent à confondre marketing et communication. Là on a des tonnes d'exemples dans le domaine des biens de consommation
pierreyves Posté 2 janvier 2009 Auteur Signaler Posté 2 janvier 2009 Ca me fait penser aux stratégies de Porter : - Différenciation/domination par les coûts grâce à une optimisation de l'outil industriel permettant de produire en masse un produit identique pour tous. L'atteinte d'une taille critique est déterminante et au final seuls les plus gros survivent. - Différenciation par la valeur. J'essaie de créer des produits différenciés, adaptés aux besoins du client. Il faut ici savoir surfer sur les évolutions de la demande. - Stratégie de niche. Je me spécialise sur un domaine extrêmement précis, là où il y a peu de concurrence. De ce que j'ai compris du livre d'Henri de Bodinat, c'est un petit peu différent: En mode domination, elles captent une rente de monopole ou d'oligopole et affranchissent leur offre du marché ; en mode (sur-promesse, elles) vendent de l'illusion de l'offre à défaut de sa réalité. Pour moi, les stratégies de sur-valeur ou de domination peuvent très bien se combiner (le meilleur exemple est la SECU). Il est donc difficile d'en faire des stratégies "génériques". Je suis d'accord, et dirais même que dans la vraie vie la plupart des stratégies combinent les trois types, mais pour moi, la plus "vertueuse" est clairement la stratégie de valeur. Le pire danger est la stratégie de sur-valeur, portée par les communiquants qui continuent à confondre marketing et communication. Là on a des tonnes d'exemples dans le domaine des biens de consommation Henri de Bodinat a dit à une conférence Euro92 que le bon marketing est celui qui s'occupe du client, pas du produit ; ça doit rejoindre ta remarque, mais je ne suis pas sûr de saisir toute la distinction.
Vincemobile Posté 3 janvier 2009 Signaler Posté 3 janvier 2009 Henri de Bodinat a dit à une conférence Euro92 que le bon marketing est celui qui s'occupe du client, pas du produit ; ça doit rejoindre ta remarque, mais je ne suis pas sûr de saisir toute la distinction. Ma remarque concernait cette tendance à confondre le marketing et la com. La com n'est qu'une composante du marketing qui comprend également le mode de distribution, le produit et le prix (les 4P). J'ai l'impression que la com prend trop souvent le pas dans les stratégies marketing. D'où le risque d'une sur-vente.
Largo Winch Posté 3 janvier 2009 Signaler Posté 3 janvier 2009 Pour définir la raison et la rationalité, j'aime bien les travaux de Boudon sur la question. Il propose une synthèse typologique que je trouve intéressante. Pour Boudon, l'individu est rationnel dès lors qu'il a de "bonnes raisons" de faire ce qu'il fait, que ces "bonnes raisons" soient correctes ou fausses. Un individu croit en une idée, y adhère (bien qu'elle puisse être fausse) et agit en conséquence. Il identifie la cause de son action à ces "bonnes raisons". A l'inverse, ne sont pas rationnels les actes qui résultent de causes extérieures et étrangères à celui qui croit et agit. En définissant la rationalité comme étant le fait de se donner de "bonnes raisons" d'agir, cela permet de couvrir deux conceptions de la rationalité : une conception objective : les raisons que l'individu se donne sont objectivement bonnes, constatables (un calcul par exemple…) une conception subjective : les raisons que l'individu se donne sont subjectivement bonnes, tout en étant objectivement bonnes ou fausses. Dans cette deuxième approche, les idées que l'individu se donne peuvent l'amener à agir au détriment du but qu'il recherche. Il n'en reste pas moins rationnel. On retrouve ici l'idée de rationalité limitée. Reprenant les catégories de Max Weber, qu'il complète, Boudon identifie alors cinq types de "bonnes raisons" d'agir, autrement dit cinq types de rationalité : la rationalité utilitaire : ce qui est fait correspond aux intérêts ou aux préférences de l'individu la rationalité téléologique : ce qui est fait est le meilleur moyen apparent d'atteindre un but recherché la rationalité axiologique : ce qui est fait découle d'un principe normatif auquel l'individu a de bonnes raisons de croire la rationalité traditionnelle : l'individu a toujours fait ainsi et n'a aucune raison de remettre cette pratique en cause la rationalité cognitive : l'individu agit ainsi car son action découle d'une théorie en laquelle il croit et qu'il n'a aucune raison de remettre en cause A l'opposé de ces différentes formes de rationalité, il est possible de donner des explications non rationnelles à ces actes : en les expliquant par des causes extérieures aux raisons d'agir des individus. Boudon identifie quatre causes possibles (en dehors de la coercition) : des causes non affectives et observables : par exemple, l'action sous l'effet de la drogue ou de l'alcool des causes affectives et observables : lorsque les pulsions et les passions, hors de toute intentionnalité, guident la conduite (les actes sous l'emprise de la colère ou de la peur comme expliqués par F.mas plus haut) des causes affectives et non observables : ce sont par exemple les explications freudiennes (le comportement déterminé par l'inconscient) des causes non affectives non observables : lorsque l'individu agit à son insu conformément à des croyances collectives auxquelles il ne peut échapper (lutte des classes, darwinisme social…) Dans ces différents cas de figure, le comportement ou la croyance de l'individu sont expliqués par des causes extérieures à sa raison. Les justifications que l'individu peut éventuellement se donner du bien-fondé de ses actes ont un caractère illusoire (la fameuse "fausse conscience" marxiste). Ce ne sont plus que des rationalisations a posteriori : l'argumentation est alors l'effet plutôt que la cause de l'acte. L'individu interprète de bonne ou de mauvaise façon un script élaboré et écrit en dehors de lui. Pour Boudon, même si l'individu est parfois mû par des forces qui le dépassent et échappent à son contrôle, ou incapable de se dominer, il est plus fructueux de le considérer d'abord comme acteur rationnel car, en général, il a de bonnes raisons de faire ce qu'il fait, même si ces raisons nous paraissent ou sont objectivement erronées. Selon lui, les explications déterministes qui tiennent l'individu pour non rationnel sont exagérément sur-représentées et sur-valorisées par "effet de disposition" : quand on tient soi-même quelque chose pour évident, que l'on sait ou croit savoir, cette connaissance est attribuée à l'esprit de celui qu'on observe. Dès qu'une croyance ou une action d'un individu nous paraît étrange ou fausse, il est alors spontanément considéré comme irrationnel (puisqu'il n'agit pas tel que nous le ferions dans les mêmes circonstances, selon nos propres raisons) ou agi par des forces extérieures qui s'imposent à lui.
Coldstar Posté 4 janvier 2009 Signaler Posté 4 janvier 2009 Merci pour ce post très éclairant, Largo. J'espère trouver ultérieurement le temps de discuter de la typologie de Boudon: je trouve les cinq types de rationalité proposés un peu redondants, je pense que d'autres auteurs ont mieux en stock, je vais voir ce que je retrouve.
pierreyves Posté 9 janvier 2009 Auteur Signaler Posté 9 janvier 2009 Pour définir la raison et la rationalité, j'aime bien les travaux de Boudon sur la question. http://www.amazon.fr/Lart-se-persuader-Ray…n/dp/2020131412 J'aime aussi beaucoup ce bouquin. Néanmoins, je pense que Boudon n'est pas allé au bout de l'exercice concernant la raison. Quelques constats simples permettent d'expliquer toutes ses justes constatations: . La primauté des senses: http://www.amazon.com/Evidence-Senses-Davi…y/dp/0807112682 qui n'est pas si loin de Merleau-Ponty http://www.amazon.com/Primacy-Perception-P…y/dp/0810101645 . La définition classique de la raison est la même que la sienne "(P. oppos. à l'instinct de l'animal) Faculté qu'a l'esprit humain d'organiser ses relations avec le réel; son activité considérée en général tant dans le domaine pratique que dans le domaine conceptuel" Quand je mets ensemble ces deux éléments, je pense que les erreurs qu'il constate sont conséquence d'une pratique de la raison sans contact via les sens avec le réel. Par ailleurs, pour trouver des catégories réalistes pour disséquer la raison (pas sûr que cela ait un sens, néanmoins), je chercherais du côté des différents sens.
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