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L'Etat du berceau à la tombe


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Un vide juridique scandaleux vient d'être comblé. D'après la plupart des commentateurs qui rapporte la nouvelle, il était urgent (plusieurs milliers, ou dizaine de milliers d'année depuis l'invention de la crémation tout de même?) que l'Etat s'intéresse enfin au statut juridique des cendres funéraires qui dorénavant ne pourront plus être emportées dans un lieu privé.

http://www.europe1.fr/Info/Actualite-Polit…on/(gid)/186808

Le Parlement a définitivement adopté mercredi soir, par un ultime vote à l'unanimité au Sénat, une réforme de la législation funéraire visant notamment à enrayer l'envolée des coûts des obsèques. Elle donne aussi un statut juridique aux cendres des défunts après crémation. Il sera désormais interdit de garder une urne à la maison, de l'enterrer dans son jardin ou dans un site cinéraire privé.

Près de 180.000 personnes choisissent la crémation chaque année en France. Dans quatre cas sur cinq, la famille repart avec l'urne contenant les cendres du défunt. Mais désormais c'est terminé. Le Sénat a adopté définitivement mercredi soir une réforme de la législation funéraire qui comprend un volet sur les cendres funéraires. La proposition de loi du sénateur socialiste du Loiret Jean-Pierre Sueur confère de conférer un statut juridique aux cendres et d'interdire leur conservation par les familles ou dans des sites cinéraires privés. "Aujourd'hui les crémations concernent un tiers des obsèques", contre seulement moins de 1% dans les années 1975, a relevé Jean-Pierre Sueur, ce qui justifie de devoir légiférer sur ce point.

Le texte prévoit quatre destinations pour les cendres : le caveau, le columbarium, les "jardins du souvenir - "avec mention quelque part de l'identité de la personne pour garder une trace", selon Jean-Pierre Sueur, ou encore la dispersion dans la nature, si le défunt le souhaitait. Désormais toute commune de plus de 2.000 habitants (BIEN 2.000) devra être dotée d'un site cinéraire pour recueillir les cendres.

Posté

Je propose qu'on verse les différentes cendres dans le même récipient pour favoriser la mixité d'outre-tombe.

Invité Arn0
Posté

Les réglementations idiotes et liberticide sur les rites funéraires ne datent pas d'aujourd'hui : par exemple sont interdites la cryogénisation et, moins anecdotique, l'inhumation à même la terre prévue par le rite musulman.

Posté

On peut comprendre que les cendres puissent avoir un statut légale permettant au défun de préciser ses volontés ou à défaut à la famille de préciser les siennes. Comme d'habitude en France, lorsque la puissance publique introduit un statut légal, c'est pour se l'approprier.

Quand un régime politique s'approprie les rites mortuaires, cela s'appelle une théocratie (ou plus précisément une lépocratie, puisque la république française a des prêtres mais pas de dieu).

Posté
Et comment ils justifient ça?

Parce qu'ils peuvent toujours arguer dans certains cas que c'est un problème sanitaire…

Mais pour des cendres dans une urne, j'aimerais comprendre…

Note pour plus tard mettre un bulletin Frédéric Bastiat et des cendres dans l'enveloppe, et la glisser dans l'urne lors des prochaines élections!

Si ils veulent que les cendres soient dans urne on mettra les cendres dans une urne!

Posté
Je propose qu'on verse les différentes cendres dans le même récipient pour favoriser la mixité d'outre-tombe.

Après la carte scolaire, voici la carte mortuaire :icon_up:

On peut comprendre que les cendres puissent avoir un statut légale permettant au défun de préciser ses volontés ou à défaut à la famille de préciser les siennes. Comme d'habitude en France, lorsque la puissance publique introduit un statut légal, c'est pour se l'approprier.

Quand un régime politique s'approprie les rites mortuaires, cela s'appelle une théocratie (ou plus précisément une lépocratie, puisque la république française a des prêtres mais pas de dieu).

Là dessus, je me dois de diverger; la France est bel et bien une théocratie où le Dieu est l'Etat (finalement, nous aimons les doctrines hobbésiennes) et le clergé… la fonction publique! Les gardiens du temple qui protègent le Dieu tout puissant et punissent tout écart au dogme qui est devenu une sorte de religion nationale.

Posté
Note pour plus tard mettre un bulletin Frédéric Bastiat et des cendres dans l'enveloppe, et la glisser dans l'urne lors des prochaines élections!

Si ils veulent que les cendres soient dans urne on mettra les cendres dans une urne!

:icon_up:

Comme tu y vas… justifier ? quel gros mot !

Pas une justification publique, hein. Non, ce qu'ils pensent de tout ça dans leur petite tête, par quel cheminement l'idée a germé, etc.

Posté
C'est une obligatoire de louer un emplacement funeraire ?

Ca va le devenir.

Il ne faut pas laisser Mamie disposer les restes de Papy sur la cheminée. Ce serait, comprenez-vous, le début de la fin.

Posté
Ce pays me fait de plus en plus peur.

Je ne vois pas ce qui vous fait peur dans ce pays qui est fier de s'occuper du ventre des femmes et des cendres des morts!

Posté
Je ne vois pas ce qui vous fait peur dans ce pays qui est fier de s'occuper du ventre des femmes et des cendres des morts!

La démocratie est morte, vive la pataphysique !

Posté
"tombeau" ou "berceau" ?

Je pense que l'auteur du fil a voulu écrire "Du berceau à la tombe" et qu'il est incapable de modifier le titre : quelle truffe ce mec !

Posté
Mais non mais non. Regarde, tout est en ordre. Bien joué, Drake :doigt:

A toute heure du jour et de la nuit une bonne fée veille sur ce forum :icon_up: .

Posté

Ce n'est pas une fée. C'est un gros machin velu qui pète et qui rote. Mais il veille.

Posté
Je ne vois pas ce qui vous fait peur dans ce pays qui est fier de s'occuper du ventre des femmes et des cendres des morts!

Le Welfare state ("from the cradle to the grave") est en effet dépassé…

L'intervention étatique ne se réduit plus à la phase démarrant au berceau (la naissance) et s'achevant à la tombe (la mort)… Puisque, désormais, elle agit déjà en amont du berceau, et au-delà de votre trépas :icon_up: !!!

En effet, l'Etat vous prend en charge avant même que vous ne soyiez conçu, en ceci qu'il mène des politiques pro-natalité auprès des individus qui deviendront vos parents lorsque vous existerez.

Puis il réglemente jusqu'à la matière qui restera de votre corps lorsque votre âme l'aura quitté, c'est-à-dire vos propres cendres… soit, en un sens, tout ce qui demeurera de vous-mêmes (c'est plus que jamais le cas de le dire, puisque grâce au fisc il ne restera pas grand chose non plus de vos biens, et grâce à l'éducation nationale et aux médias, tout ce que vous aurez essayé d'apprendre à vos enfants ou à vos semblables sera également dégradé de générations en générations).

Il n'est pas nouveau que l'Etat nous précède et nous survit, mais cette loi fait peser comme une menace, ou une ultime humiliation : quand nous mourrons, l'ombre législative demeurera sur nous.

Nous n'aurons même pas la tranquillité de pouvoir espérer que notre corps se trouvera davantage en paix et en liberté, à l'état de cendres, qu'il le fut de notre vivant :doigt:

Posté
Le Welfare state ("from the cradle to the grave") est en effet dépassé…

L'intervention étatique ne se réduit plus à la phase démarrant au berceau (la naissance) et s'achevant à la tombe (la mort)… Puisque, désormais, elle agit déjà en amont du berceau, et au-delà de votre trépas :doigt: !!!

En effet, l'Etat vous prend en charge avant même que vous ne soyiez conçu, en ceci qu'il mène des politiques pro-natalité auprès des individus qui deviendront vos parents lorsque vous existerez.

Puis il réglemente jusqu'à la matière qui restera de votre corps lorsque votre âme l'aura quitté, c'est-à-dire vos propres cendres… soit, en un sens, tout ce qui demeurera de vous-mêmes (c'est plus que jamais le cas de le dire, puisque grâce au fisc il ne restera pas grand chose non plus de vos biens, et grâce à l'éducation nationale et aux médias, tout ce que vous aurez essayé d'apprendre à vos enfants ou à vos semblables sera également dégradé de générations en générations).

Il n'est pas nouveau que l'Etat nous précède et nous survit, mais cette loi fait peser comme une menace, ou une ultime humiliation : quand nous mourrons, l'ombre législative demeurera sur nous.

Nous n'aurons même pas la tranquillité de pouvoir espérer que notre corps se trouvera davantage en paix et en liberté, à l'état de cendres, qu'il le fut de notre vivant :mrgreen:

Ce genre de mesures infâmes n'est pas nouveau, également. Qu'est-ce donc, finalement, que l'impôt sur la succession si ce n'est une taxe sur les morts? Il est préoccupant que l'Etat se préoccupe de la natalité, c'est le même genre de politique natalistes qui furent promis par des régimes totalitaires pour rajeunir leurs populations et se préparer à la guerre. L'accroissement naturel trop rapide étant en soi un facteur belligène puisqu'il implique des territoires plus peuplés et un besoin accru en ressources, de tels facteurs ont servi de base à la justification par les Japonais de l'annexion de la Mandchourie ou sont venus étayer les théories nazies du Lebensraum. N'exagérons rien, nous sommes actuellement loin d'atteindre les taux d'accroissement faramineux du XIXème siècle, mais une population en faible accroissement n'est pas nécessairement une mauvaise chose, comme semblent le penser nos politiciens, d'autant plus que je ne vois guère de base philosophique pour la justification de l'intervention étatique dans ce domaine, complètement illégitime.

Je propose de rebaptiser officiellement l'appelation de "cradle-to-grave socialism" en "embryo-to-ashes socialism" afin de mieux décrire la réalité actuelle, qu'en dites-vous? :icon_up:

Posté

L'impôt sur les successions existait déjà sous l'Ancien Régime, il est donc en effet très ancien.

Posté
L'impôt sur les successions existait déjà sous l'Ancien Régime, il est donc en effet très ancien.

Pour moi la réglementation des propres cendres de l'individu va justement au-delà.

C'est l'individu lui-même, empiriquement (qui à ce stade de sa vie n'est plus autre chose que ce tas de cendres) qui se trouve peut-être condamné à ce que ses propres dernières volontés relatives à sa dépouille (ex: que ses cendres restent ici ou là) soient bafouées, alors qu'il aurait pu considérer que c'était là le moins qu'on devrait lui accorder.

Comme lorsqu'on vous attaque dans le dos, mais en pire : à votre mort.

Je trouve cette notion angoissante, quand bien même on pourrait se dire "après tout je serai mort, peu m'importe".

Ces extensions de réglementations (extension temporelle, au-delà de la mort, et extension qualitative, sur les restes empiriques de l'individu) ont quelque chose d'une ultime atteinte à l'intime ou au sacré (au choix de chacun).

Désolé si je l'exprime mal…

Posté

En fait, c'est encore plus pervers. En effet, le mort, a priori, s'en fiche, il est mort et donc on peut supposer détaché de ces questions matérielles. Ce qu'on fait, concrètement, en bafouant ses dernières volontés, c'est surtout souiller la mémoire qu'en ont ses proches par des règlementations et des interdits. En somme, au moment où les gens se retrouvent pour veiller sur le mort, aux Toussaint humides et tristes, on pourra voir apparaître un Inspecteur Général des Cendres venant noter que votre petite urne est bien rangée à sa place, dans un colombarium d'état, case 377b rangée 2, conformément au formulaire 27-B en triplicata.

C'est immonde.

Posté

Absolument, il y a aussi la dimension des survivants (encore que ceux-ci sont parfois les premiers à bafouer les dernières volontés des morts, mais tel n'est pas le sujet).

J'ai trouvé un exemple pour illustrer mon propos.

Tout le monde n'a pas forcément des proches qui vont s'occuper de ses propres cendres, et ainsi subir ces lois…

Mais de vieilles personnes pourraient souhaiter retrouver leur conjoint ou un parent quelconque, déjà décédé, et dont les cendres seraient placées quelque part. Le pourront-elles dans le cadre de cette loi stupide ?

Je sais que c'est absurde, mais je m'interdis de juger ce type de croyances ou de simples sentiments, qui en valent bien d'autres.

Imaginez ainsi ce qui va passer par la tête d'un vielliard, qui n'attend plus que la mort pour aller retrouver son épouse déjà décédée, quand il apprendra que, non, à cet endroit-là ce n'est plus possible qu'on déverse ses cendres, c'est interdit depuis quelques mois, mais que par contre, à l'autre bout du département, il y a un emplacement tout neuf en béton qui attend son urne… à 50 ou 100 km de celle à qui il pense depuis 5 ou 10 ans, et auprès de laquelle il voulait reposer pour toujours :icon_up: .

Posté
L'impôt sur les successions existait déjà sous l'Ancien Régime, il est donc en effet très ancien.

Certes, ce n'était pas l'objet de ma dernière remarque, toujours est-il que cela fait trop longtemps que certaines de ces infamies persistent…

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