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Le Monde "libéral"


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Non, le capitalisme n'est pas responsable de la crise financière

LE MONDE | 02.04.09 | 14h20 • Mis à jour le 02.04.09 | 14h20

Le monde est confronté à une crise de la finance, non à une crise du capitalisme. Le marasme économique n'est imputable ni aux mécanismes du marché ni au principe du libre-échange. Non, les seuls véritables coupables, ce sont les mutations qui ont peu à peu perverti le fonctionnement de la finance. Quatre facteurs ont produit ces déviances.

Le premier est le déséquilibre apparu dans les échanges commerciaux internationaux. La Chine a accumulé des surplus gigantesques, à la mesure des déficits qui se sont créés aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et ailleurs. Les pays emprunteurs ont pu accumuler d'énormes dettes, sans rapport avec la logique du libéralisme, tandis que Pékin choisissait de maintenir artificiellement la sous-évaluation du yuan.

DÉGÉNÉRESCENCE

Le deuxième est la mauvaise habitude qu'avaient prise les Etats-Unis de voler au secours du système financier au moindre pépin. Les investisseurs avaient coutume de parler de la "couverture Greenspan" : l'ancien patron de la Réserve fédérale américaine était connu pour "arroser" les marchés d'argent frais au moindre coup de vent. Cela contribuait à fausser le système et émoussait la vigilance des investisseurs, les poussant à prendre des risques excessifs. En Occident, les crédits à bon compte s'empilaient joyeusement, tandis que des montagnes de liquidités affluaient depuis l'Orient.

Le troisième facteur est le credo que plus la taille des institutions financières est importante, plus elles sont insubmersibles. Il a amplifié la distorsion. Les banques ont joué avec le feu parce qu'elles savaient pouvoir compter sur le soutien des autorités en cas de problème. Deux solutions sont possibles : soit on les redéploie en unités plus petites, de sorte que leur éventuelle défaillance ne puisse causer trop de dégâts, soit on affûte un peu plus les dispositifs de régulation qui les encadrent. Ces derniers temps, on a au contraire laissé les banques prendre de l'envergure, tout en relâchant la pression réglementaire.

Enfin, le quatrième facteur de déviance tient aux mécanismes pervers qui ont été institués pour stimuler la performance des banquiers eux-mêmes, et dont le principe peut se résumer par la formule "Pile, je gagne. Face, tu perds".

Sur un pari gagnant, les joueurs étaient assurés de devenir multimillionnaires. Et s'ils perdaient, les actionnaires, et en définitive les contribuables, réglaient l'addition. Certains de ces éminents malfaiteurs ont même réussi à sortir du jeu nantis de primes rondelettes et de retraites plus que confortables. Là encore, le marché n'y est pour rien. Ce sont ces pratiques de mauvais aloi qui ont fait du monde de la finance un véritable casino.

Ceux qui manifestent aux portes du G20 devraient jeter le blâme sur ces dysfonctionnements plutôt que sur l'économie de marché. Et, de leur côté, les dirigeants des pays participants feraient bien de s'atteler à la tâche pour éradiquer ces facteurs de dégénérescence et nous garantir que, plus jamais, la planète n'aura à faire face à une telle calamité.

  • 4 weeks later...
Posté

ça ne fera toujours pas du Monde un journal libéral mais très beau titre à propos des subventions européennes à l'agriculture:

phrase introductive: "les agriculteurs français reçoivent chaque année 8 milliards d'euros de subventions européennes. Le détail de ces aides est rendu public le 30 avril."

titre en gros:

Et les "gagnants" sont…

également un petit article sur le fait que l'allemagne s'oppose à la publication des bénéficiaires des subventions agricoles sur son sol.

http://www.lemonde.fr/archives/article/200…_1186892_0.html

Posté

J'aurais pensé que c'était Pierre-Antoine Delhommais mais non…

Rien de révolutionnaire dans l'article : aléa moral, Too big to fail policy, laxisme monétaire de Greenspan, rien de nouveau sous le soleil. Mais c'est étonnant que Le Monde publie cela. Ils ont un accord avec breakingviews.com c'est pour ça?

Posté

Ils font ça de temps en temps, comme alibi pour continuer à prétendre être non alignés politiquement.

Ce leur permet d'être moins voyants que Libé (que la peste s'abatte sur eux).

Posté

et cette fois je partage avec vous "le Monde" dans toute sa splendeur

tribune pour un débat sur les européennes

titre "LE DIRIGISME LIBERAL A ECHOUE. SORTONS-EN" :icon_up:

liste des "économistes" (c'est écrit) signataires de cet admirable article soutenant le Front de Gauche (c'est mal de dénoncer?)

Bruno Amable (Paris-I),

Mathieu Béraud (Nancy-II),

Anne Eydoux (Rennes-II),

Florence Jany-Catrice (Lille-I),

Thierry Kirat (CNRS),

Jérôme Maucourant (Saint-Etienne),

Jacques Mazier (Paris-XIII),

Matthieu Montalban (Bordeaux-IV),

Stefano Palombarini (Paris-VIII),

Christophe Ramaux (Paris-I),

Jacques Sapir (EHESS),

Richard Sobel (Lille-I),

Nadine Thévenot (Paris-I),

Bruno Tinel (Paris-I),

Franck Van de Velde (Lille-I).

Posté

"dirigisme libéral" … Quand je pense que cet organe fut un jour regardé comme un journal sérieux.

Posté
"dirigisme libéral" … Quand je pense que cet organe fut un jour regardé comme un journal sérieux.

C'est une tribune.

  • 2 weeks later...
Posté
cette fois, c'est le chroniqueur Pierre Antoine Delhommais qui écrit un article sur la fin des banques centrales et le free banking.

http://www.lemonde.fr/opinions/article/200…91007_3232.html

Fin des banques centrales, n'exagérons rien. L'article est très bon en tout cas, aussi bon que les commentaires des lecteurs sont nuls… Mode automatique "les banquiers sont méchants", "le capitalisme est foutu"

Invité jabial
Posté
"dirigisme libéral" … Quand je pense que cet organe fut un jour regardé comme un journal sérieux.

Ne riez pas! Car enfin, le dirigisme libéral est un terrible danger qui nous menace tous. Il est au libre-échangisme nationaliste ce que la sombre clarté qui tombe des étoiles est au clair-obscur.

Foutrebleu!

Posté
Résultat d'une déréglementation du marché, la chute de 30 % du prix du lait suscite la colère des éleveurs

Serait-ce la fin de la "spécificité laitière" ? Dans le monde agricole, les producteurs de lait faisaient presque figure de salariés. Tous les mois, ils percevaient des industriels leur "paie de lait", qui oscillait peu. Changement de décor : la paie d'avril, touchée le 15 mai, est en baisse de 30 %. Elle marque l'émergence de la nouvelle ère de la volatilité des prix, conséquence de la dérégulation d'un secteur protégé.

Une telle chute est inacceptable pour les producteurs, qui bloquent depuis une semaine des laiteries et visent la grande distribution. Mardi 19 mai, à l'appel de la FNSEA, c'est aux pouvoirs publics qu'ils diront leur colère devant les préfectures. La Confédération paysanne appelle à faire de même le 25 mai.

Les 90 000 éleveurs laitiers subissent de plein fouet le retournement du marché. En 2008, ils avaient été incités à produire plus, car le lait manquait et qu'il fallait réduire son prix. Les excédents, auxquels s'ajoute une baisse des ventes due à la crise, expliquent la chute de la rémunération : 210 euros les 1 000 litres, contre 310 il y a un an. Un recul sans précédent depuis l'instauration des quotas, en 1984.

Jusque-là, la dégringolade aurait été amortie par une discussion avec les industriels. Mais, cette fois, les laiteries ont pu fixer seules le montant de la facture, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) ayant estimé que les recommandations sur le prix entre collecteurs et producteurs devaient cesser pour cause de distorsion de concurrence. Or les industriels, qui pâtissent du cours du beurre et de la poudre de lait en chute et d'une légère baisse de la consommation, en ont profité pour fixer un prix très bas.

Pour les éleveurs qui n'ont pas épargné quand les prix battaient des records, la situation est catastrophique. "Comme les charges n'ont pas baissé, pour ne pas perdre d'argent, il faudrait que je touche 300 euros la tonne. Et encore plus pour me rémunérer", explique Max Bottier, producteur en Seine-Maritime, à la tête des blocages des sites de Danone et Senoble.

"BLOCAGE CULTUREL"

Les actions contre les laiteries sont parties de la base. Les appels nationaux axés sur les pouvoirs publics ont été lancés par les syndicats qui leur reprochent d'avoir laissé disparaître les outils de régulation qui permettaient qu'offre et demande s'équilibrent et d'avoir ainsi engendré une volatilité.

Ces dernières années, au niveau européen, le stockage et les aides à l'exportation ont été réduits. Il a été décidé la suppression d'ici 2015 des quotas, qui assuraient la stabilité de la production et donc des prix. Déjà, ils doivent être relevés de 1 % tous les ans, alors qu'ils devraient baisser.

Cette perte de visibilité inquiète les producteurs. "Je me suis installé, il y a quelques années, en basant mon emprunt sur 31 centimes le litre. Mais à l'époque, les prix n'étaient pas fluctuants", raconte Charles Deparis, producteur dans l'Orne. Il réclame que le prix du lait dépende simplement des coûts de production. "Il y a comme un blocage culturel. Les producteurs de lait vivent leur première chute de prix. Comme ils étaient habitués à une paie stable, ils ne se sont pas organisés, alors que dans le secteur du porc, on sait appréhender la volatilité", note Vincent Chatelier, économiste à Institut national de la recherche agronomique (INRA).

Cette fluctuation des cours est aussi nouvelle pour les entreprises. Une situation difficile pour les quelque 250 petites laiteries françaises, mais les gros acteurs aussi doivent s'y faire. Chez Danone, on essaye de trouver un mécanisme pérenne de fixation du prix du lait. Les industriels voudraient mettre en place un système de contrats, qui assurerait des prix fixes et suppléerait à la régulation publique. Mais les producteurs s'en méfient.

Les deux camps souhaitent que le gouvernement fasse en sorte qu'il soit de nouveau juridiquement possible de discuter d'un prix en interprofession. Le ministère de l'agriculture et Bercy sont restés silencieux. Mais depuis janvier, au niveau européen, les dispositifs de stockage et d'aides à l'exportation ont été relancés et en mars, la France a gelé l'obligation d'augmenter son quota. En temps de crise, la régulation a du bon.

Cette article n'est pas dans la rubrique Opinion.

Posté

"en temps de crise la régulation a du bon"

ce qui est curieux dans cette conclusion c'est qu'il démontre le contraire dans son article.

  • 1 year later...

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