Tortue joviale Posté 11 avril 2009 Signaler Posté 11 avril 2009 Crise : pourquoi la Fed n’a rien vu venir D Pellecuer FOCUS - Un simple changement dans le mode de calcul de l’inflation aurait induit en erreur Alan Greenspan. A première vue, l’explication parait simple. La crise actuelle trouve son origine dans l’éclatement d’une bulle immobilière aux Etats-Unis. Pendant sept ans, de janvier 1999 à juin 2006, les prix de l’immobilier ont grimpé en flèche (+151%), aidés par une politique très accommodante en matière de taux d’intérêt, alors que l’inflation et le niveau de vie des Américains est resté faible (+23%). Pour pouvoir devenir propriétaire, les Américains ont du s’endetter comme jamais. Lorsque l’immobilier s’est retourné, la vente de leur bien immobilier ne suffisait plus pour rembourser les dettes. De nombreux américains se sont retrouvés sur la paille, et avec eux les organismes prêteurs, peu regardant sur leur solvabilité ainsi que toutes les banques qui avaient investi sur ces titres de dettes. Pourtant, l’éclatement de la bulle immobilière n’explique pas à lui seul l’ampleur de la crise. Ce n’est pas la première fois que l’on assiste à l’éclatement d’une bulle. L’immobilier, comme l’économie, est cyclique. Son évolution connait des hauts et des bas. Au cours des quarante dernières années, il y a eu d’autres bulles immobilières, avec des pics en 1979, et en 1989, mais elles n’ont pas débouché sur l’effondrement du système financier. Un changement dans le calcul de l’inflation Dans un article paru cette semaine, le Wall Street Journal avance une explication surprenante. Il se pourrait qu’Alan Greenspan, alors Président de la Fed, et réputé pour être très accommodant, ait été amené à sous-estimer l’inflation, en raison d’un changement en apparence infime, dans le mode de calcul de la composante prix immobilier opéré en 1983. A partir de cette date, le Bureau de la Statistique (Bureau of Labor Statistics), ne s’est plus basé sur les prix d’accession à la propriété pour le calcul de la composante prix de l’immobilier de l’inflation, mais sur le loyer du locataire. Or, avec le temps, l’écart s’est considérablement creusé entre les prix à l’accession et les prix à la location. De 1983 à 1996, le ratio entre le prix et le loyer a peu évolué, passant de 19 à 20,2, ce qui n’a guère influé sur la mesure de l’inflation finale. Durant cette période, le CPI n’a sous-estimé l’inflation que de 0,1% de point par an. Mais entre 1999 et 2006 l’écart entre les loyers et les prix de l’accession à la propriété s’est creusé, le ratio passant de 20,8 à 32,3 euros. En conséquence, c’est une grande partie de la hausse des prix immobiliers qui a échappé à la mesure de l’inflation. En 2004, à lui seul, le «Price to Rent Ratio» a bondi de 12,3%. L’inflation durant cette année était sous estimée de 2,9% de points, (en considérant que l’Owner Equivalent Rent entre pour 23% dans le calcul du CPI). En tenant compte de l’ancien mode de calcul basé sur le cout de l’accession à la propriété, l’inflation aurait été de 6,2%, au lieu de 3,3%. Avec un taux d’intérêt nominal autour de 6%, et une inflation autour de 6%, le taux d’intérêt réel se situait proche de zéro. En d’autres termes, le crédit était gratuit. C’est à partir de là que l’immobilier a commencé a grimper en flèche. L’indice Case Shiller qui mesure les prix dans les dix plus grandes villes, montre que l’immobilier a bondi de 151% entre janvier 1999 et juin 2006, alors que dans le même temps l’inflation mesurée par le CPI a grimpé de seulement 23%. Comme la Fed a indexé sa politique sur l’inflation au début de la décennie, elle a poursuivi sa politique laxiste en matière de taux. En mai 2004, l’indice S&P Case Shiller, avait bondi de 15,4%, au cours des douze mois précédents. Pourtant, dans le même temps, la composante immobilier de l’indice CPI (Consumer Price Index), qui mesure l’inflation, n’avait grimpé que de 2,4%. Même lorsque la Fed s’est enfin décidée à remonter ses taux en 2004, le taux moyen est resté bas et la bulle a continué à gonfler pendant deux années supplémentaires. Les prêts hypothécaires stimulés par la Fed Pendant les deux précédentes bulles immobilières, 1976-79 et 1986-89, le taux d'intérêt effectif de la Fed montait quand l'immobilier montait, ce qui permettait de freiner l'envolée des prix. Pourtant, en janvier 2001, après quatre années d'inflation ajustée des prix immobiliers de 7,2% en moyenne par an (contre 6% en moyenne pour les 80 années précédentes), la Fed a commencé à baisser ses taux. En décembre 2001 après les attentats du 11 septembre, le taux est encore abaissé, à son plus bas niveau depuis 1962. En 2002, la moyenne des taux d'intérêt de la Fed est à son plus bas niveau depuis la récession de 1958. En 2003 et 2004, cette moyenne était encore au plus bas depuis 1955 date à laquelle le calcul des taux a commencé à être enregistré. Cette politique très accommodante, associée à la non-taxation des gains en capital (disparue en 1997 pour les gains jusqu'à concurrence de 500 000 dollars sur une résidence) a fortement stimulé l'immobilier. Les prêts hypothécaires ont augmenté en moyenne de 56% par an pendant trois ans, passant de 1,05 trillions de dollars en 2000, à 3,95 trillions de dollars en 2003. . http://www.jdf.com/taux-devises/2009/04/10…en-vu-venir.php
Capol Posté 11 avril 2009 Signaler Posté 11 avril 2009 Si moi y en a bien comprendre et en résumé : On (Greenspan, la Fed, l'Etat, … ajouter toute mention utile) est responsable de la crise mais c'est pas notre faute, on nous a induit en erreur à l'insu de notre plein gré. Leurs parents leur ont jamais appris à ne pas jouer avec les boutons de la télécommande ?
Rincevent Posté 11 avril 2009 Signaler Posté 11 avril 2009 Je rappelle que Greenspan, avant d'entrer à la Fed, ne connaissait rien à la monnaie. Ce sont les gens de la Fed et les plus grands spécialistes de l'époque qui lui ont fait subir deux mois (de mémoire) quasi-continus de crash courses en théorie monétaire afin qu'il soit au niveau pour devenir gouverneur de la Fed.
Tortue joviale Posté 12 avril 2009 Auteur Signaler Posté 12 avril 2009 Ventes de slips : baromètre de l’économie selon Greenspan A Panizzo | JDF | 10.04.2009 | Crédits photo : Associated Press L’ex-patron de la Fed avait pour habitude de surveiller les ventes de sous-vêtements pour hommes aux Etats-Unis. Selon sa logique, les Américains ne renouvelaient leurs stocks de culottes et caleçons qu’en période de croissance économique. Pour Alan Greenspan, l’ancien timonier de la Réserve fédérale américaine, les ventes de slips sur le territoire américain sont un indice économique comme un autre, à l’image des ventes de logements, de l’indice ISM manufacturier ou encore des chiffres du chômage. Comme le rappelle un article paru sur le Huffington Post, celui qu’on surnommait le «gourou des marchés» et «Maestro», avant que la crise des subprimes ne vienne entacher sa réputation, s’intéressait tout particulièrement aux données dites «prolétaires» pour prendre le pouls de l’économie. Les ventes de slips en faisaient partie. Il estimait ainsi que l’homme, contrairement à la femme, considérait cet achat secondaire, et qu’il était prêt à faire l’impasse si les conditions économiques se détérioraient. Or selon des données de la société de recherche Mintel, les ventes de sous-vêtements pour hommes devraient chuter de 2,3% en 2009, ce qui, si on reste à la logique de Greenspan, n’augurerait rien de bon pour l’économie. «L’indice du slip» serait-il donc l’indicateur économique ultime ? Selon Matt Hall, un porte-parole du fabricant Hanesbrands qui est cité par le Huffington Post, rien n’est moins sur. «Les récessions ont un impact sur toutes les catégories de vêtements et les sous-vêtements des hommes n’échappent pas à la règle» indique-t-il, ajoutant que les hommes «ne portent pas moins de sous-vêtements qu’autrefois». Sauf Greenspan peut-être. http://www.jdf.com/taux-devises/2009/04/10…r-greenspan.php
philippulus Posté 12 avril 2009 Signaler Posté 12 avril 2009 A mon avis, ce type là, ce sont ses couches qu'il doit changer fréquemment…
Sous-Commandant Marco Posté 12 avril 2009 Signaler Posté 12 avril 2009 Ce que cela démontre, c'est que la détermination des taux d'interêt par les banques centrales repose en dernier ressort sur les fantaisies d'un petit nombre de personnes, voire une seule, avec toutes les pressions et les erreurs que cela implique. Greenspan est arrivé à la Fed avec un bon sens solide mais a fini par céder aux pressions des gouvernements et des "investisseurs", pour qui les robinets à pognon ne sont jamais assez ouverts.
Tortue joviale Posté 12 avril 2009 Auteur Signaler Posté 12 avril 2009 Ce que cela démontre, c'est que la détermination des taux d'interêt par les banques centrales repose en dernier ressort sur les fantaisies d'un petit nombre de personnes, voire une seule, avec toutes les pressions et les erreurs que cela implique. Voui
vincponcet Posté 12 avril 2009 Signaler Posté 12 avril 2009 Je rappelle que Greenspan, avant d'entrer à la Fed, ne connaissait rien à la monnaie. Ce sont les gens de la Fed et les plus grands spécialistes de l'époque qui lui ont fait subir deux mois (de mémoire) quasi-continus de crash courses en théorie monétaire afin qu'il soit au niveau pour devenir gouverneur de la Fed. Il a quand même écrit en 1966 dans le journal de Rand que la seule bonne monnaie, c'était l'or, et que la manipulation de la monnaie par l'Etat, c'était du vol. http://www.lewrockwell.com/north/north204.html Je ne vois pas comment il aurait pu avoir ce poste si il ne traînait pas a minima dans les milieux monétaires. Il bossait dans la finance avant, et j'ai cru comprendre qu'il a eu des connexions politiques via les réseaux de Rand.
free jazz Posté 12 avril 2009 Signaler Posté 12 avril 2009 Ce que cela démontre, c'est que la détermination des taux d'interêt par les banques centrales repose en dernier ressort sur les fantaisies d'un petit nombre de personnes, voire une seule, avec toutes les pressions et les erreurs que cela implique. Greenspan est arrivé à la Fed avec un bon sens solide mais a fini par céder aux pressions des gouvernements et des "investisseurs", pour qui les robinets à pognon ne sont jamais assez ouverts. Manquerait plus qu'on apprenne que Greenspan suivait un régime végétarien, ce qui expliquerait certaines carences et un ramollissement progressif.
Rincevent Posté 12 avril 2009 Signaler Posté 12 avril 2009 Greenspan est arrivé à la Fed avec un bon sens solide mais a fini par céder aux pressions des gouvernements et des "investisseurs", pour qui les robinets à pognon ne sont jamais assez ouverts. C'est presque exactement ça. Il faut que je retrouve le passage de l'Age des Turbulences où il raconte quand ça s'est passé. Il a quand même écrit en 1966 dans le journal de Rand que la seule bonne monnaie, c'était l'or, et que la manipulation de la monnaie par l'Etat, c'était du vol.http://www.lewrockwell.com/north/north204.html Ca n'en fait pas pour autant un spécialiste des questions monétaires. En tant qu'économiste, il avait des notions, et en tant que libéral, il avait une bonne position. Je ne vois pas comment il aurait pu avoir ce poste si il ne traînait pas a minima dans les milieux monétaires.Il bossait dans la finance avant, et j'ai cru comprendre qu'il a eu des connexions politiques via les réseaux de Rand. Non. Il était prévisionniste, puis s'est imposé comme l'économiste de référence du camp républicain, ce qu'il est resté jusqu'à ce que le poste lui soit proposé.
free jazz Posté 12 avril 2009 Signaler Posté 12 avril 2009 C'est presque exactement ça. Il faut que je retrouve le passage de l'Age des Turbulences où il raconte quand ça s'est passé. En même temps il a tellement déconné que maintenant, il ne lui reste guère de défense à part dire que c'est la faute des autres. Lors de son audition par la Commission d'enquête fédérale, il s'est même renié en expliquant que la crise actuelle vient "d'une faille du libre marché" ; évidemment c'est plus facile que de reconnaître qu'il a merdé dans les grandes largeurs. Non. Il était prévisionniste… Dommage qu'il soit devenu économiquement révisionniste.
Sous-Commandant Marco Posté 12 avril 2009 Signaler Posté 12 avril 2009 En même temps il a tellement déconné que maintenant, il ne lui reste guère de défense à part dire que c'est la faute des autres. Le livre a été écrit avant la crise et chante les louanges du libre-marché mondial qui, selon Greenspan, n'a jamais été si développé et si prometteur qu'au début du XXIème siècle. D'une crise éventuelle, aucun mot, alors que beaucoup d'économistes annonçaient la bulle dès 2005. C'est un livre assez inintéressant, qui ne fait aucune révélation et qui est même un peu énervant par son côté panglossien "tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes". Avec des clowns blancs comme Greenspan, pas besoin d'ennemi. Cela dit, s'il y a une chose dont je ne doute pas, c'est que Greenspan était qualifié pour le job, ayant pratiqué avec beaucoup de succès ses compétences économétriques dans le cadre de son cabinet privé. Il semble que la politique de la Fed repose essentiellement sur une observation en détails du marché, l'aspect politique se réduisant à de nombreuses visites et colloques internationaux, au cours desquels j'imagine qu'il fut confronté aux demandes de baisse du loyer de l'argent pour relancer l'économie.
Sous-Commandant Marco Posté 12 avril 2009 Signaler Posté 12 avril 2009 Manquerait plus qu'on apprenne que Greenspan suivait un régime végétarien, ce qui expliquerait certaines carences et un ramollissement progressif. A noter, clin d'oeil à la taverne, que Greenspan passait au cours de son mandat de longues heures dans son bain.
Rincevent Posté 12 avril 2009 Signaler Posté 12 avril 2009 Le livre a été écrit avant la crise et chante les louanges du libre-marché mondial qui, selon Greenspan, n'a jamais été si développé et si prometteur qu'au début du XXIème siècle. D'une crise éventuelle, aucun mot, alors que beaucoup d'économistes annonçaient la bulle dès 2005. C'est un livre assez inintéressant, qui ne fait aucune révélation et qui est même un peu énervant par son côté panglossien "tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes". Avec des clowns blancs comme Greenspan, pas besoin d'ennemi. Oui et non. Ta description correspond, à peu près, à la seconde moitié du livre. La première moitié, quant à elle, est une autobiographie riche en anecdotes et détails sur le parcours de Greenspan et l'ambiance des milieux politiques aux USA.
Sous-Commandant Marco Posté 12 avril 2009 Signaler Posté 12 avril 2009 Oui et non. Ta description correspond, à peu près, à la seconde moitié du livre. La première moitié, quant à elle, est une autobiographie riche en anecdotes et détails sur le parcours de Greenspan et l'ambiance des milieux politiques aux USA. Bof. Il n'y a aucune scène de cul avec Ayn Rand, c'est dommage.
Rincevent Posté 12 avril 2009 Signaler Posté 12 avril 2009 Bof. Il n'y a aucune scène de cul avec Ayn Rand, c'est dommage. Certes, j'eus apprécié qu'il parle davantage de la fumeuse adultère.
Randian shithead Posté 13 avril 2009 Signaler Posté 13 avril 2009 Certes, j'eus apprécié qu'il parle davantage de la fumeuse adultère. Oh my… C'est sûr que ça devait pas être triste avec les fantasmes de Rand…
vincponcet Posté 13 avril 2009 Signaler Posté 13 avril 2009 C'est presque exactement ça. Il faut que je retrouve le passage de l'Age des Turbulences où il raconte quand ça s'est passé.Ca n'en fait pas pour autant un spécialiste des questions monétaires. En tant qu'économiste, il avait des notions, et en tant que libéral, il avait une bonne position. Non. Il était prévisionniste, puis s'est imposé comme l'économiste de référence du camp républicain, ce qu'il est resté jusqu'à ce que le poste lui soit proposé. Vu que la banque centrale fait la pluie et le beau temps dans l'économie, se prétendre être prévisioniste, c'est déjà être dans le business de la politique monétaire. En même temps il a tellement déconné que maintenant, il ne lui reste guère de défense à part dire que c'est la faute des autres. Lors de son audition par la Commission d'enquête fédérale, il s'est même renié en expliquant que la crise actuelle vient "d'une faille du libre marché" ; évidemment c'est plus facile que de reconnaître qu'il a merdé dans les grandes largeurs. ça, c'est ce qu'on rapporter les journaux, mais ses termes étaient que cette crise a remis en question SON modèle, qu'il n'explicite pas par ailleurs. Comme d'habitude, greenspan parle à demi-mot pour que chacun y comprenne ce qu'il souhaite entendre.
Rincevent Posté 13 avril 2009 Signaler Posté 13 avril 2009 Vu que la banque centrale fait la pluie et le beau temps dans l'économie, se prétendre être prévisioniste, c'est déjà être dans le business de la politique monétaire. Vu que la banque centrale fait la pluie et le beau temps dans l'économie, aller faire ses courses, c'est déjà être dans le business de la politique monétaire. Et non, tout n'est pas dans tout et inversement.
vincponcet Posté 13 avril 2009 Signaler Posté 13 avril 2009 Vu que la banque centrale fait la pluie et le beau temps dans l'économie, aller faire ses courses, c'est déjà être dans le business de la politique monétaire. Et non, tout n'est pas dans tout et inversement. Petit canaillou Faire de la prévision sur l'économie, c'est quand même un tout petit peu plus proche de l'analyse de la politique monétaire que le fait d'aller faire ses courses.
Rincevent Posté 13 avril 2009 Signaler Posté 13 avril 2009 Petit canaillou Faire de la prévision sur l'économie, c'est quand même un tout petit peu plus proche de l'analyse de la politique monétaire que le fait d'aller faire ses courses. D'après la manière dont il décrit le travail qu'il accomplissait, pas tant que ça. Il se basait essentiellement sur des statistiques industrielles.
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