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L'Etat illusionniste


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L'Etat illusionniste, par gdm

L’illusion est constitutive de tout Etat. Un électeur observe, voire admire, le spectacle médiatique quotidien que les politiciens déploient pour le séduire. Cette séduction passe, comme tout spectacle, par une agréable illusion. Cette illusion est souvent demandée et acceptée par le spectateur-électeur. L’électeur souhaite avoir des raisons d’admirer son candidat, pour sa personnalité vraie ou apparente. A défaut, le citoyen vote pour le candidat le moins nuisible. Cette attitude d’illusionniste n’est pas seulement une posture temporaire que le politicien adopterait pour gagner une élection.

Illusionner les citoyens est une des activités de tout Etat. L’Etat tire son pouvoir de sa force armée, de sa police. L’Etat peut spolier, interdire, emprisonner, légiférer, censurer. Ces activités étatiques sont contraires au Droit. Or les citoyens respecteront un Etat qui respecte les lois et de la Justice. C’est à cette condition que l’Etat sera légitime pour les citoyens. L’Etat personnalise la Force violant le Droit, et le Droit protégé par la Force. L’Etat cache cette dualité schizophrène par la fabrication et l’entretien de l'illusion.

Lorsqu’un citoyen sait qu’il ne pourra rien changer à un problème social, il renonce à s’en informer. Il évite ainsi du temps perdu, du vain travail et un souci inutile. Il choisit ainsi l’ "ignorance rationnelle". Il accepte alors l’illusion, comme d’autres feignent de croire au Père Noel. C’est le syndrome du cocu. Feindre d’ignorer son infortune permet de mieux la supporter. L’illusion étatique réside souvent dans ces domaines que le citoyen préfère ignorer parce qu’il n’y peut rien changer.

Parfois, l’illusion étatique est incroyable, impensable. Ainsi, pendant des millénaires, les Pharaons étaient des Dieux vivants. Cette illusion de la divinité de l’Etat était donc adaptée à l’Egypte ancienne. Plus modestement, à Rome, les rois et les premiers empereurs descendaient d’un Dieu, ou d’un héros mythique. L’instinct populaire de sacraliser le chef est devenu aujourd’hui une croyance dans une sagesse supérieure, quoique imparfaite, de l’Etat.

L’étymologie de "démocratie" est le pouvoir du peuple, par le peuple. Lorsque, en France, l’illusion du Roi de Droit divin fut usée, le mot "démocratie" porta un espoir flattant chaque citoyen, même le plus modeste. Ce mot magique persuada les êtres les plus frustes qu’ils n’étaient plus "sujets" d’un Roi, mais participaient au gouvernement. Les plus naifs disent même "l’Etat, c’est nous". Depuis deux siècles, cette illusion démocratique fonctionne avec succès.

Pour entretenir cette illusion d’une fausse démocratie, l’Etat produit d’autres illusions complémentaires et les impose par la loi. L’Etat utilise les lois et l’argent au service d’une intense propagande illusionniste. Par la loi, l’Etat entretient la confusion entre les mots Etat, pays, nation, patrie, peuple. Le mot "public" remplace habilement "étatique". Tels "bien public", "ordre public", "service public". "Trésor public" donne l’illusion agréable que chacun possèderait un peu de l’argent de l’Etat, du patrimoine de l’Etat. La comptabilité d’une entreprise sert à révéler sa production de valeur. La "comptabilité nationale" considère, au contraire, que toute dépense produirait une valeur égale à la dépense. Elle est ainsi conçue pour falsifier toute estimation de valeur.

Un bulletin de vote n’est pas un mandat de représentation. Un élu ne représente donc aucun électeur. Un élu représente l’Etat. Or, c'est l’illusion de la représentativité individuelle qui fonde la légitimité de l’Etat pseudo-démocratique. Un citoyen a moins d'une chance sur un million d’influencer un choix politique avec son bulletin de vote. Avec une probabilité semblable, un billet de loto vaut un euro pour gagner bien plus. Un droit de vote a donc, objectivement, une valeur quasi nulle. Il est seulement un droit d’être un figurant du spectacle politique. L’importance du droit de vote est une illusion de toute démocratie. Un sondage d’opinion pourrait efficacement le remplacer en anéantissant le fondement de l’illusion démocratique.

Pervertir le sens des mots, leur donner une deuxième définition, est un des moyens de l’illusionniste étatique. La "solidarité" n’est plus volontaire, et devient, en fait, une contrainte étatique de spoliation. Le "principe de précaution" n’est plus synonyme de "prudence". Il devient, en fait, un principe constitutionnel d’arbitraire et d’irresponsabilité de l’Etat. La liberté individuelle devient, pour l’Etat, la principale cause des malheurs du peuple. Les techniques de communication, et du langage, sont largement utilisées pour influencer le subconscient des citoyens.

L’économiste François Guillaumat enseigne que l’illusion fiscale est l’écart caché entre les effets perçus et les effets réels d’une action étatique. Cet économiste démontre en outre, à partir d'un raisonnement à l'équilibre appliqué au coût de l'action politique, que la redistribution politique doit gaspiller autant de richesses qu'elle en vole. Cette loi économique est valable quelle que soit la qualité de la gestion de l’Etat.

En effet, pour tenter de profiter d’un pactole de l’Etat, les citoyens doivent pseudo-investir du temps et des ressources à la hauteur du butin espéré, faute de quoi l'action politique fournirait un profit certain. Une partie de ce gaspillage consiste dans les richesses qu'ils ne produisent pas en intriguant ainsi. Ces pseudo-investissements de temps passé sont un gaspillage qui tend à augmenter jusqu’à hauteur du pactole à distribuer. Par exemple, un RMIste refusera un emploi pour continuer à percevoir son allocation.

L’illusion étatique masque, travestit chaque action de l’Etat spoliateur. "Plumer l’oie de façon à avoir le plus possible de plumes avec le moins possible de cris", disait Colbert. La TVA, l’impôt le plus efficace, est indolore, presque invisible. L’interdiction de concurrencer les services étatiques crée une rareté artificielle et un faux sentiment de besoin pour l’assurance-santé, la sécurité, les transports, la monnaie, la Justice, et l’enseignement étatiques. C'est ainsi que l’absence de concurrence cache aux citoyens le coût réel des services "publics" fournis aux citoyens.

L’illusion de l’Etat donneur de biens gratuits est l’autre face du miroir aux alouettes de l’illusion fiscale.

L’illusion étatique la plus accomplie est celle des "charges sociales". Pour un économiste, les "charges patronales" sont entièrement payées par le salarié, tout comme les "charges salariales". En outre le calcul montre que pour le smicard, le montant de ces charges "sociales" est équivalent à celui de son salaire net.

Par conséquent, sans la spoliation de l’Etat, son salaire serait double de ce qu'il gagne. Ainsi, c'est aux dépens des salariés eux-mêmes, et non à ceux de leurs employeurs, que sont acquises ce genre de prétendues "conquêtes sociales". Le terme "charges patronales" est une illusion forte car légalement obligatoire. Par cette fiction légale du vocabulaire, l’Etat illusionniste vole la moitié du vrai salaire des travailleurs pauvres. Ils ne protestent pas tant l'illusion est parfaite.

Posté

Il manque un "m" à "remplace" au 6e paragraphe.

Sinon, je trouve le texte cohérent et clair à comprendre. Il manque peut-être, pour être parfait, une conclusion qui "tape dans le tas". :icon_up:

Posté

Je suis d'accord sur le fait qu'on n'a pas de mandat de représentation. Cependant je pense que le paragraphe passe un peu vite sur le fait qu'un bulletin de vote (ou que le système électoral) a surtout comme principal intérêt de permettre un changement pacifique (puisqu'accepté par la plus large majorité) du pouvoir et que c'est cela sa caractéristique fondamentale (l'aspect le pouvoir au peuple est une illusion elle aussi :icon_up: ).

Posté

Excellent texte bien que je trouve qu'il ne souligne pas le fait que le pouvoir a beau venir d'une caste du peuple; il y a tout de même des parvenus et rarement ces parvenus élargissent la caste.

Posté
L'Etat illusionniste, par gdm

En effet, pour tenter de profiter d’un pactole de l’Etat, les citoyens doivent pseudo-investir du temps et des ressources à la hauteur du butin espéré, faute de quoi l'action politique fournirait un profit certain. Une partie de ce gaspillage consiste dans les richesses qu'ils ne produisent pas en intriguant ainsi. Ces pseudo-investissements de temps passé sont un gaspillage qui tend à augmenter jusqu’à hauteur du pactole à distribuer. Par exemple, un RMIste refusera un emploi pour continuer à percevoir son allocation.

L'exemple du RMI n'est à mon avis pas approprié à cette démonstration, car on se trouve dans le cas du RMI dans un effet de seuil de la redistribution, si celui ci est remplacé par une allocation universelle (dans le cadre d'un impot négatif), l'allocataire aura alors rationnellement des raisons de reprendre un travail.

Posté
Il manque un "m" à "remplace" au 6e paragraphe.

Sinon, je trouve le texte cohérent et clair à comprendre. Il manque peut-être, pour être parfait, une conclusion qui "tape dans le tas". :icon_up:

merci. j'ai édité le "m".

La conclusion est que chaque salarié smicard français verse près de la moitié de son salaire à l'État. Et l'illusion fiscale est telle que ce salarié l'ignore, malgré un calcul arithmétique élémentaire. Cette conclusion me semble frapper très fort. L'illusion est si parfaite que nul salarié ne proteste que l'État lui spolie la moitié de son salaire mensuel. Cette illusion est si bien faite qu'il n'est pas possible de douter de la qualité du travail d'illusionniste de l'État.

Cette révélation est une conclusion qui "tape dans le tas". Ne le croyez-vous pas?

Posté

Oui, tous les économistes ont bien vu que l'Etat entretenait parfois une illusion qui lui était favorable. Et même chaque citoyen ne se sent pas vraiment convaincu des fondements du fonctionnement démocratique, du fonctionnement de l'Etat. L'utilité de cette théorie de l'Etat illusionniste, ou encore "illusion fiscale", est qu'elle montre que l'Etat élève délibérément l'illusion au rang de système de gouvernement. L'illusion est une nécessité vitale de l'Etat.

En effet, tout l'appareil de l'Etat est fondé sur la spoliation et le mensonge. L'Etat ne pourrait pas survivre sans un consentement minimal de la population. C'est la raison pour laquelle l'Etat entretient des illusions. Lorsqu'une illusion est éventée, voire usée, l'Etat s'attache à en re-fabriquer une autre.

Ce qui importe est de caché que le Roi est nu. Ce qui importe est de cacher que l'Etat est un spoliateur, un menteur et bien souvent un assassin. Ce qui importe est de dissimuler que toute action de l'Etat est nécessairement entièrement destructrice. Ce qui importe est de dissimuler que la somme égale au montant des impôts est entièrement gaspillée. Le gaspillage est toujours égal au montant des impôts, que que soit le montant des impôts, quelle que soit la qualité de la gestion des fonctionnaires.

Posté
Excellent texte bien que je trouve qu'il ne souligne pas le fait que le pouvoir a beau venir d'une caste du peuple; il y a tout de même des parvenus et rarement ces parvenus élargissent la caste.

Cette théorie de l'Etat illusionniste a le mérite d'ouvrir les yeux sur une évidence que personne ne voyait dans toute son ampleur. Chacun voyait des mensonges plus ou moins grands. Chacun se demandait si un impot serait du vol ou seulement une aide faite a un intérêt général. cette theorie de l'illusion fiscale, ou "Etat illusionniste" montre que ce phénomène est indépendant de la nature de l'Etat. L'illusion est constitutive de tout Etat.

Ainsi, que l'Etat provienne d'une tradition royale ancienne, ou que l'Etat provienne de sombre magouille de palais, dans tous les cas, l'Etat ne peut survivre que s'il parvient à fabriquer des mythes, à fabriquer des illusions dans chacun des compartiments de son action. L'Etat renoncera à agir dans les domaines où il ne parvient pas à justifier son action par une illusion suffisamment acceptée par la population.

Posté
Ainsi, que l'Etat provienne d'une tradition royale ancienne, ou que l'Etat provienne de sombre magouille de palais, dans tous les cas, l'Etat ne peut survivre que s'il parvient à fabriquer des mythes, à fabriquer des illusions dans chacun des compartiments de son action.

Aucune société humaine ne se constitue sans mythe collectif. On n'a jamais observé aucune société, ni aucune culture sans mythologie. *

C'est pourquoi une fois qu'on a dit que l'Etat repose sur des fictions, en somme on n'a pas dit grand chose. C'est enfoncer des portes ouvertes à coups de tautologies.

Ajouter que l'Etat est une fiction animiste ou anthropomorphique doté d'une volonté artificielle aurait apporté un élément intéressant.

L'Etat renoncera à agir dans les domaines où il ne parvient pas à justifier son action par une illusion suffisamment acceptée par la population.

Belle profession de foi.

* Merci à Free Jazz pour cette contribution anthropologique.

Posté
Je suis d'accord sur le fait qu'on n'a pas de mandat de représentation.

Oui.

Cependant je pense que le paragraphe passe un peu vite sur le fait qu'un bulletin de vote (ou que le système électoral) a surtout comme principal intérêt de permettre un changement pacifique (puisqu'accepté par la plus large majorité) du pouvoir et que c'est cela sa caractéristique fondamentale (l'aspect le pouvoir au peuple est une illusion elle aussi :icon_up: ).

Oui. l'illusion étatique est de définir, par la loi, le verbe "représenter". Chacun connait le vrai sens du mot "représenter", celui du bon sens commun, c'est a dire celui du Code Civil. Mais chacun tend à confondre ce vrai sens avec le sens du mot "représenter" fabriqué par l'Etat.

Cela ne signifie pas que la votation à la majorité serait, en soi, un mauvais système de fonctionnement de l'État. Mais il ne s'agit plus de vraie représentation. Une votation est alors d'une sorte de sondage un plus solennel que les autres sondages. Vous remarquerez que le Code électoral n'écrit nulle part qu'un mandat électif serait donné par le peuple. le Code électoral est d'un silence assourdissant sur le point de savoir qui donne le mandat électif à un élu. Il se déduit des textes, que c'est bien l'Etat qui définit et donne le mandat électif à l'élu.

Dès lors, un élu est un fonctionnaire de l'Etat et ne représente pas le peuple. Aucun élu ne représente aucun électeur. L'Etat illusionniste fait si bien que 99% de la population pense qu'un élu le représente. Le citoyen s'adresse à "son" élu. Cette illusion étatique est fort bien construite.

Posté
Aucune société humaine ne se constitue sans mythe collectif.

La différence entre un groupe d'hommes et une société est la structure juridique qui lie ces hommes entre eux.

Lorsque le Droit qui lie ces hommes provient d'un contrat explicite, il n'existe aucun mythe. La réalité contractuelle est suffisante à ce que la société fonctionne normalement. Il en est ainsi de toutes les sociétés commerciales du monde.

Lorsque ce droit est imposé par une autorité politique, il est invariablement fondé sur le mythe. Le mythe est une forme d'illusion nécessaire qui permet à une société d'accepter des lois. Et chacun s'efforce de croire au mythe, de croire à l'illusion afin de préserver la paix sociale. C'est le syndrome du cocu qui s'efforce d'oublier afin de préserver son couple.

On n'a jamais observé aucune société, ni aucune culture sans mythologie. *

Une société commerciale est incontestablement une société. cette société est fondée sur des contrats explicites. Une société commerciale n'est pas fondée sur des mythes. mais, certains ont besoin de rêver la société de leur employeur afin de s'y rêver mieux, de s'y sentir mieux.

Alors, l'employeur invente des mythes de la société pour ces employés là. Il va faire de la publicité institutionnelle, des repas conviviaux pour donner l'illusion de relations humaines solides. mais ce mythe inventé par la direction d'une telle entreprise n'est pas de la même nature qu'un mythe politique. Un mythe d'entreprise est un moyen d'améliorer la productivité.

C'est pourquoi une fois qu'on a dit que l'Etat repose sur des fictions, en somme on n'a pas dit grand chose. C'est enfoncer des portes ouvertes à coups de tautologies.

L'Etat n'est pas une fiction. L'Etat est une réalité juridique, économique. L'Etat agit, parle, exprime une volonté. L'Etat est responsable devant certains tribunaux. Qui pourrait sérieusement imaginer que l'Etat serait une fiction? De la même manière la société Apple dit que son nouveau ipod va sortir, paye ses fournisseurs, exprime la volonté de continuer la recherche. Apple est responsable devant les tribunaux. Une société est ainsi une personne morale. Un Etat est, de la même manière, une personne morale.

L'Etat n'est ni une illusion, ni une fiction. L'Etat utilise l'illusion comme moyen d'imposer des lois sans le consentement des citoyens. C'est le rôle nécessairement mensonger et spoliateur de l'Etat.

Ajouter que l'Etat est une fiction animiste ou anthropomorphique doté d'une volonté artificielle aurait apporté un élément intéressant.

L'animisme est la faculté de voir un dieu différent dans chaque chose. La présence de ce dieu expliquerait alors l'existence de la chose et son "comportement".

L'Etat n'est pas distribué dans chaque chose. L'Etat ne peut pas être une "fiction animiste". L'Etat est, par nature, centralisé.

Belle profession de foi.

Je disais: "L'Etat renoncera à agir dans les domaines où il ne parvient pas à justifier son action par une illusion suffisamment acceptée par la population.".

Il ne s'agit pas de "foi", mais d'une analyse politique de l'action de l'Etat. Il s'agit aussi d'observer que, l'Etat a toujours donné, et donne toujours, une explication à chacune de ses actions. Et invariablement, les citoyens en doutent, mais font semblant d'y croire ou se taisent. C'est le choix de l'ignorance rationnelle de ceux qui n'ont rien à gagner à ne pas y croire.

Posté
L'exemple du RMI n'est à mon avis pas approprié à cette démonstration, car on se trouve dans le cas du RMI dans un effet de seuil de la redistribution, si celui ci est remplacé par une allocation universelle (dans le cadre d'un impôt négatif), l'allocataire aura alors rationnellement des raisons de reprendre un travail.

Je disais: "Ces pseudo-investissements de temps passé sont un gaspillage qui tend à augmenter jusqu’à hauteur du pactole à distribuer. Par exemple, un RMIste refusera un emploi pour continuer à percevoir son allocation."

La population ciblée par l'Etat est ceux qui gagnent moins qu'un certain seuil. Des resquilleurs bénéficient indûment du RMI. L'argent distribué par l'Etat pour ces resquilleurs est du gaspillage. Ces resquilleurs ont du "pseudo-investir" en refusant du travail qu'on leur propose. Ils ont préféré ne pas travailler afin de bénéficier du RMI. Bien des resquilleurs vont refuser du travail si le salaire mensuel est inférieur au RMI.

Le pseudo-investissement des resquilleurs est du travail qui n'a pas été réalisé. Le montant du pseudo-investissement est de la richesse qui n'a pas été produite par eux et pour eux. Un salaire crée de la richesse pour le salarié, mais aussi pour l'employeur. En France, le salaire représente un tiers de la richesse crée par le salarié. Un tiers pour le salarié, un tiers pour le Sécu, et un tiers pour l'employeur. C'est une estimation à la louche, probablement est-ce une bonne moyenne.

Chaque année, le nombre de rmistes augmente, dans une proportion bien supérieure à la pauvreté réelle. Ce qui signifie une augmentation du nombre de resquilleurs. C'est à dire une augmentation du gaspillage.

La cible initiale de l'Etat était aussi composée de resquilleurs. En effet, le chômage des pauvres provient lui-même des interdictions légales de travailler, interdictions imposées par le Code du Travail.

Aux USA, 80% des pauvres ne le sont plus 5 ans après. En France, 80% des rmistes sont encore rmistes cinq ans après. Et pire, le nombre a augmenté. Traiter la pauvreté par le rmi est, en soi, une source de gaspillage, d'enfermer les bénéficiaires dans la pauvreté.

Ainsi, même la majeure partie de l'argent qui touche la cible des pauvres est un gaspillage.

L'argent du RMI provient des impôts. L'impôt n'est pas volontaire. L'impôt est imposé par la force, par la violence aux agents économiques. Tout impôt provient du vol, de la spoliation étatique. Cet argent des impôts provient d'agents économiques qui n'ont pas pu consommer ou investir cet argent.

La spoliation légale est elle-même génératrice de gaspillage d'un point de vue macro-économique. Nul ne se fait dépouiller sans réagir. Chacun va tenir compte du taux de l'impôt dans ses choix de production de richesse, sans ses choix de temps de travail. Le riche médecin taxé à 72% préfèrera travailler à mi-temps, ce qui est un manque à gagner pour lui et pour ses clients. C'est un gaspillage de ressources.

L'Etat spolie, en moyenne, la moitié de la production des habitants. Il s'ensuit que le pseudo-investissement pour éviter l'impôt tend à augmenter tant qu'il est possible d'échapper à l'impôt. Le coût de ce pseudo-investissement pour éviter l'impôt représente une part importante du travail des agents économiques.

Un contribuable plus riche organisera un holding anonyme au Luxembourg pour réduire son imposition. Un encore plus riche quittera la France, évitant d'investir en France. Cette fuite des capitaux et des investisseurs est un gaspillage de ressources. Le tissu économique français aurait pu recevoir un tel investissement. Cette inoccupation du tissu économique français est un gaspillage supplémentaire.

La fameuse courbe de Laffer est en forme de demi-cercle renversé. L'Etat perçoit le maximum d'impôt en fixant le taux moyen de l'impôt a 50%. Au-delà de 50%, l'Etat reçoit moins d'impôts. Cette courbe s'explique par l'existence d'un gaspillage gigantesque causé par l'existence de l'impôt. Cette courbe de Laffer est aussi un moyen de se faire une idée de l'ampleur du gaspillage causé par l'impôt.

En effet, lorsque la courbe de Laffer décroît au-delà de 50%, cela signifie que les agents économiques renoncent à produire des richesses. Mais cela signifie que cette volonté de produire moins existait bien avant ce point maximal de 50%. Ce gaspillage du à l'impôt augmente avec le taux de l'impôt.

Dans l'examen des gaspillages du RMI, il faut aussi inclure les salaires des fonctionnaires chargés de percevoir les taxes, de les gérer, de vérifier les dossiers, de vérifier si un rmiste serait ou non un resquilleur.

Il faut aussi inclure le coût en temps passé des élus qui vont débattre de la loi, qui vont la voter, qui vont appuyer son application en étudiant des dossiers particuliers dans leur circonscription. Pour voter cette loi, il aura fallu que certains élus écartent plusieurs autres formules défendues par d'autres élus, par d'autres lobbies. Il faut inclure tous ces jours passés à en débattre chaque jour par des millions d'habitants, par des centaines de milliers d'élus. Ensuite le temps passé à changer la loi RMI pour la remplacer par un autre machin. Tout ces milliers de jours passés sont un pseudo-investissement des élus et des lobbies. Ce pseudo-investissement autour du RMI est un gaspillage.

Il faut aussi compter le temps de travail que consacrent les candidats qui ne sont pas élus. Les voleurs se battent entre eux pour se partager le butin. Mais aucun profit n'est certain. Certains voleurs seront mieux servis que d'autres dans le partage du butin. Ce coût en temps passé n'est pas négligeable puisqu'il existe des centaines de milliers d'élus et dix fois plus de candidats. Un candidat doit consacrer des milliers d'heures pour espérer être élu. Parfois même il y consacre sa carrière depuis l'université. La plupart du temps, le candidat ne parvient pas à être élu, ou trop peu de temps. Et même un élu aura l'impression d'avoir gaspillé sa vie, tant est faible l'influence qu'il aura pu avoir, tant est faible le gain qu'il en aura retiré.

Il est difficile de mettre un chiffre sur chacun de ces coûts. Mais, en tendance, on comprend que la totalité de l'argent des impôts représente un butin à partager. Et chacun fera, à son niveau, des pseudo-investissements pour accaparer une partie du butin. La totalité du butin sera ainsi consommé en gaspillage de ressources.

Ainsi, le gaspillage est égal ou supérieur au montant des sommes versées pour le RMI. C'est une illustration de la "loi de destruction totale", dite aussi "loi de bitur-camember", loi découverte par François Guillaumat.

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Aux USA, 80% des pauvres ne le sont plus 5 ans après. En France, 80% des rmistes sont encore rmistes cinq ans après.

sources ?

Posté
sources ?

Je disais "Aux USA, 80% des pauvres ne le sont plus 5 ans après. En France, 80% des rmistes sont encore rmistes cinq ans après.". Vous me demandez mes sources.

Le livre "Candide au pays des libéraux" de Christian Gérondeaux, page 141,§2, Albin Michel, 1998. Ce livre est une étude sur les USA. Ce livre n'est probablement pas sur internet. Je recopie donc la phrase manuellement: "La majorité de ceux qui se trouvent un jour dans cette catégorie [les pauvres] y reste moins d'un an(52,5%) ou deux ans(69,7%). Seuls 17% y séjournent consécutivement cinq ans ou plus."

En ce qui concerne les 80% rmistes qui restent plus de cinq ans au rmi, je n'ai plus en tête la référence d'un texte que j'avais lu à ce sujet.

Posté
En ce qui concerne les 80% rmistes qui restent plus de cinq ans au rmi, je n'ai plus en tête la référence d'un texte que j'avais lu à ce sujet.

Je crois qu'on trouve ça sur l'INSEE.

Posté
…je n'ai plus en tête la référence d'un texte que j'avais lu à ce sujet.

Peut-être un rapport annuel de la Federal Reserve Bank of Dallas ?

Ce rapport a étudié l'évolution d'un groupe de personnes de 1975 à 1991. Les données sont frappantes. De ceux qui se trouvaient dans le premier quintile (les 20% les plus "pauvres" de la population) en 1975, 5,1% s'y trouvaient encore en 1991, alors que 14,6% étaient passé dans le deuxième quintile, 21,0% dans le troisième, 30,3% dans le quatrième et 29,0% dans le premier. Autre donnée significative : seuls 62,5% de ceux qui en 1975 se trouvaient dans le dernier quintile (les 20% des plus "riches" de la population) s'y trouvaient encore en 1991. On est bien loin là de la banalité antilibérale classique "les riches plus riches et les pauvres plus pauvres". Mieux, les États-Unis montrent une mobilité sociale (dans les deux sens) bien plus forte qu'en Europe, où l'État Providence sert essentiellement à figer les castes sociales : les riches restent riches, les pauvres restent pauvres et les cochons seront bien gardés.

Plus de données encore : dans ces 16 années (seulement 16 années) quelle a été l'évolution des revenus des personnes de 1975. En dollars de 1993 (Revenu moyen en 1975 / Revenu moyen en 1991 / Gain en $ / Gain en %) :

5e quintile : 45.704 $ / 49.678 $ / 3.974 $ / +8,70%

4e quintile : 22.423 $ / 31.292 $ / 8.869 $ / +39,55%

3e quintile : 13.030 $ / 22.304 $ / 9.274 $ / +71,17%

2e quintile : 6.291 $ / 28.373 $ / 22.082 $ / +351,01%

1er quintile : 1.153 $ / 26.475 $ / 25.322 $ / +2.196,18%

Et voilà comment les 20% les plus pauvres de 1975 virent leurs revenus augmenter plus de 20 fois alors que ceux des 20% les plus riches de 1975 ne virent leurs revenus qu'augmenter de 8,7%. Les plus riches plus riches… mais surtout les pauvres beaucoup plus riches ! Nous voilà, encore une fois, bien loin de la misérabiliste imagerie dickensienne de la gauche.

Posté
Peut-être un rapport annuel de la Federal Reserve Bank of Dallas ?

Ce rapport a étudié l'évolution d'un groupe de personnes de 1975 à 1991. Les données sont frappantes. De ceux qui se trouvaient dans le premier quintile (les 20% les plus "pauvres" de la population) en 1975, 5,1% s'y trouvaient encore en 1991, alors que 14,6% étaient passé dans le deuxième quintile, 21,0% dans le troisième, 30,3% dans le quatrième et 29,0% dans le premier.

Les 29,0% c'est certainement dans le dernier (cinquième)?

Posté
Cette théorie de l'Etat illusionniste a le mérite d'ouvrir les yeux sur une évidence que personne ne voyait dans toute son ampleur. Chacun voyait des mensonges plus ou moins grands. Chacun se demandait si un impot serait du vol ou seulement une aide faite a un intérêt général. cette theorie de l'illusion fiscale, ou "Etat illusionniste" montre que ce phénomène est indépendant de la nature de l'Etat. L'illusion est constitutive de tout Etat.

Ainsi, que l'Etat provienne d'une tradition royale ancienne, ou que l'Etat provienne de sombre magouille de palais, dans tous les cas, l'Etat ne peut survivre que s'il parvient à fabriquer des mythes, à fabriquer des illusions dans chacun des compartiments de son action. L'Etat renoncera à agir dans les domaines où il ne parvient pas à justifier son action par une illusion suffisamment acceptée par la population.

Corollaire: lutter contre l'illusion ? / pour la prise de conscience ?

Posté
Je suis d'accord sur le fait qu'on n'a pas de mandat de représentation. Cependant je pense que le paragraphe passe un peu vite sur le fait qu'un bulletin de vote (ou que le système électoral) a surtout comme principal intérêt de permettre un changement pacifique (puisqu'accepté par la plus large majorité) du pouvoir et que c'est cela sa caractéristique fondamentale (l'aspect le pouvoir au peuple est une illusion elle aussi :icon_up: ).

Ah le mythe du changement pacifique :doigt:

Perhaps the most common and most cogent argument for democracy is not that democratic decisions will always be wise, but that the democratic process provides for peaceful change of government. The majority, so the argument runs, must support any government, regardless of form, if it is to continue existing for long; far better, then, to let the majority exercise this right peacefully and periodically than to force the majority to keep overturning the government through violent revolution. In short, ballots are hailed as substitutes for bullets. One flaw in this argument is that it completely overlooks the possibility of the nonviolent overthrow of the government by the majority through civil disobedience, i.e., peaceful refusal to obey government orders. Such a revolution would be consistent with this argument’s ultimate end of preserving peace and yet would not require democratic voting

There is, moreover, another flaw in the “peaceful-change” argument for democracy, this one being a grave self-contradiction that has been universally overlooked. Those who have adopted this argument have simply used it to give a seal of approval to all democracies and have then moved on quickly to other matters. They have not realized that the “peaceful-change” argument establishes a criterion for government before which any given democracy must pass muster. For the argument that ballots are to substitute for bullets must be taken in a precise way: that a democratic election will yield the same result as would have occurred if the majority had had to battle the minority in violent combat. In short, the argument implies that the election results are simply and precisely a substitute for a test of physical combat. Here we have a criterion for democracy: Does it really yield the results that would have been obtained through civil combat? If we find that democracy, or a certain form of democracy, leads systematically to results that are very wide of this “bullet-substitute” mark, then we must either reject democracy or give up the argument.

How, then, does democracy, either generally or in specific countries, fare when we test it against its own criterion? One of the essential attributes of democracy, as we have seen, is that each man have one vote.[27] But the “peaceful-change” argument implies that each man would have counted equally in any combat test. But is this true? In the first place, it is clear that physical power is not equally distributed. In any test of combat, women, old people, sick people, and 4F’s would fare very badly. On the basis of the “peaceful-change” argument, therefore, there is no justification whatever for giving these physically feeble groups the vote. So, barred from voting would be all citizens who could not pass a test, not for literacy (which is largely irrelevant to combat prowess), but for physical fitness. Furthermore, it clearly would be necessary to give plural votes to all men who have been militarily trained (such as soldiers and policemen), for it is obvious that a group of highly trained fighters could easily defeat a far more numerous group of equally robust amateurs.

L'animisme est la faculté de voir un dieu différent dans chaque chose. La présence de ce dieu expliquerait alors l'existence de la chose et son "comportement".

L'Etat n'est pas distribué dans chaque chose. L'Etat ne peut pas être une "fiction animiste". L'Etat est, par nature, centralisé.

L'animisme consiste a preter une volonte de nature humaine a des processus non humains. Il pleut : l'esprit du nuage est triste. L'Etat a beau etre une realite juridique, il n'en reste pas moins qu'il n'est pas une personne, l'Etat ne raisonne pas comme un etre humain. Les decisions prisent par l'Etat sont le fruit d'un processus complexe d'interets croises.

Au sujet de la democratie, Hoppe tient un discours similaire dans "Democracy the god that failed".

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Corollaire: lutter contre l'illusion ? / pour la prise de conscience ?

Guillaumat inventorie de nombreux procédés utilisés par l'Etat pour fabriquer des illusions. Mais chacun peut en ajouter à la liste. A mon avis, la fabrication d'un nouveau sens à un mot banal est le procédé le plus pernicieux. Cette fabrication d'un nouveau sens est faite à l'occasion d'une loi, ou du nom donné à une institution étatique. C'est la technique du "mot-virus".

Ainsi "principe de précaution" est un principe d'arbitraire qui autorise l'Etat à décider sans aucun fondement scientifique. C'est un principe d'irresponsabilité. Toute action irresponsable est dangereuse. Il est illégitime de nommer par "précaution" ce qui est uniquement l'autorisation de prendre des décisions irresponsables. Le mot "précaution" change ainsi de sens. Le sens apparent du mot est proche de la prudence. Le sens réel du mot est l'arbitraire étatique.

Un libéral sait qu'une politique "protectionniste" ne protège personne. Mais ce terme "protection" est si agréable a entendre. L'Etat protecteur sera ainsi bienvenu. C'est le rôle de l'Etat de protéger les habitants. Le niveau de complexité de l'illusion étatique est fixée juste au dessus du seuil de réflexion d'un citoyen inattentif. Une illusion bien faite s'installe alors, dans les mots, dans les habitudes journalistiques, dans le langage politique.

Les prétendues charges salariales et charges patronales sont, à mon avis, le meilleur exemple d'illusion étatique. Tout économiste sait que la totalité des charges dites patronales et salariales" est entièrement payée par l'employé. Il n'existe donc aucune "conquête sociale". Il existe seulement un impôt de 50% sur le salaire des salariés les plus pauvres. Comme les syndicats dit "représentatifs" gère ce butin volé au salarié, ils ne protesteront pas pour ce vol puisqu'ils en sont complices. Et comme les syndicats "non représentatifs" sont, de fait, interdits, nul ne peut dénoncer efficacement cette illusion.

L'étude de chaque action de l'Etat, sans aucune exception, contient une illusion fabriquée. Toute analyse, même rapide, la débusque facilement. Cette illusion systématique fabriquée par l'Etat est destinée à justifier, in fine, le pouvoir étatique et la justification de l'impôt. On pourrait faire un site internet en analysant chaque action de l'Etat et décrire l'illusion qui en sous-tend la justification. De nombreuses pages seraient nécessaires.

Vous posez la question de savoir s'il faudrait "lutter contre l'illusion". Lorsque vous allez voir un spectacle, vous évitez d'imaginer le travail des acteurs pour créer cette illusion qui vous ravit. Tout dépend de votre but. Si vous aimez le spectacle, il vous sera plus agréable d'accepter l'illusion étatique.

La prise de conscience de l'illusion étatique, sous toutes ses formes, est un long processus intellectuel. Il exige de revisiter chacune des actions de l'Etat sous cet angle unique de l'illusion qu'elle recèle.

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L'animisme consiste a preter une volonte de nature humaine a des processus non humains. Il pleut : l'esprit du nuage est triste. L'Etat a beau etre une realite juridique, il n'en reste pas moins qu'il n'est pas une personne, l'Etat ne raisonne pas comme un etre humain. Les decisions prisent par l'Etat sont le fruit d'un processus complexe d'interets croises.

Certes. Mais quel est le rapport avec la choucroute ?

Posté
L'animisme consiste a preter une volonte de nature humaine a des processus non humains. Il pleut : l'esprit du nuage est triste.

Ce que vous dites sur l'animisme est exact. J'aurai ajouté le mot "âme" à cette définition. J'aurai plutôt défini l'animisme comme le fait de prêter une volonté, mais aussi une âme divine, à une chose dont l'esprit humain de parvient pas à comprendre le fonctionnement. L'animiste imagine une âme, un "être vivant" ayant une volonté propre dans la chose qu'il ne comprend pas. Mais, on s'éloigne du sujet initial sur l'illusion étatique.

L'Etat a beau etre une realite juridique, il n'en reste pas moins qu'il n'est pas une personne

Vous posez une question liée à la définition du mot "personne". L'origine étymologique du mot personne est le "personnage", le masque de théâtre. Lorsque qq chose apparaît comme pouvant parler, agir, cette chose apparaît comme étant une "personne".

Une erreur commune est de supposer qu'une personne serait, par définition, un être humain. Les juristes utilisent correctement le mot "personne" en définissant le concept de "personne morale".

Une société commerciale est une personne morale. En effet, une société commerciale apparaît comme pouvant agir, perler, payer, et surtout répondre devant un tribunal. C'est à dire que cette personne morale est "responsable", puisqu'elle peut "répondre" de ses actes devant un tribunal.

Considérer une société commerciale comme une personne est un holisme cohérent, valide et légitime. En effet, chaque actionnaire, chaque salarié, a explicitement confié au directeur le soin de parler en son nom en ce qui concerne toute action de la société commerciale.

Un groupe humain agissant ensemble par un système de droits commun à ce groupe est une société qui peut être une personne morale. Si sa structure juridique lui permet d'apparaître comme agissant, parlant, répondant devant un tribunal, payant, alors ce groupe humain apparaît comme une personne morale.

L'Etat reconnaît que telle société humaine est une "personne morale". Elle en prend note et enregistre l'existence de telle personne morale. L'Etat n'est pour rien dans la création, ni dans l'existence de cette "personne morale". De la même manière, l'Etat n'est pour rien dans la naissance d'un enfant. La déclaration de la naissance d'un enfant à l'Etat-Civil ne signifie pas que l'Etat aurait mis au monde cet enfant.

Dire "les étudiants veulent plus de ceci ou de cela" est un holisme incohérent et illégitime. En effet, les étudiants n'ont convenu d'aucun accord qui désignerait un mandataire pour agir ou parler en leur nom sur telle question.

l'Etat ne raisonne pas comme un être humain.

Oui. L'Etat n'est évidement pas un être humain. L'être humain est une personne. Mais une personne n'est pas toujours un être humain. par exemple la société commerciale est une personne morale, mais n'est pas un être humain.

Les decisions prisent par l'Etat sont le fruit d'un processus complexe d'interets croises.

Le fonctionnement interne de l'Etat importe peu ici. Ce qui importe ici est de constater que l'Etat peut parler à travers un porte-parole. L'Etat peut paraître payer. L'Etat peut paraître vouloir. L'Etat peut paraître agir. L'Etat peut paraître répondre de ses actes devant un tribunal. L'Etat est donc "responsable" de ses actes devant un tribunal.

Quelques libéraux utilisent parfois le terme "hommes de l'Etat" pour désigner l'Etat. Cette formulation "hommes de l'Etat" est un holisme souvent incohérent. En effet, il est impossible de définir quel fonctionnaire ferait ou ne ferait pas partie de ce holisme "hommes de l'Etat". Le cuisinier de la cantine scolaire fait-il partie des "hommes de l'Etat"? et le sous-traitant en est-il? le prof? le flic de base? le préfet? le ministre? sa secrétaire? le président? le député de l'opposition? l'informaticien qui écrit le logiciel de contrôle fiscal fait-il partie des "hommes de l'Etat"? oui s'il est fonctionnaire? non s'il est sous-traitant? Ce concept de "homme de l'Etat" est un concept hasardeux et stérile.

Mais il y a plus grave encore dans cet usage du holisme "hommes de l'Etat". En effet, ce holisme désigne des individus physiques indéfinissables. De plus nul ne peut savoir qui parlerait en leur nom. En raison de quel droit un individu parlerait au nom de ces prétendus "hommes de l'Etat". Il est incohérent d'affirmer les "hommes de l'Etat" agissent lorsque c'est l'Etat qui agit et qui est responsable.

Attaquer la responsabilité d'indéfinissables, donc inexistants, "hommes de l'Etat" est clairement se tromper de cible. La cible d'une telle critique est l'Etat, et non pas les "hommes de l'Etat".

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