ernest Posté 14 septembre 2009 Signaler Posté 14 septembre 2009 Pierre Clastres (anthropologue anarcho-gauchiste mais anti-structuraliste) parle des sociétés tribales proprement dites - ou primitives. C'est à dire des chasseurs-nomades ou des agriculteurs-sédentaires, qui vivaient dans des "économies de subsistances" dans les forêts d'Amérique du Sud. Le chef n'était dès lors qu'un des membres - celui qui "sait parler" - soumit à la tribu et non l'inverse. Le chef travaillait plus que les autres, il était le plus généreux et vivait pauvrement pour conserver son titre. Quand la tribu est en danger ou en guerre, tout repose sur le chef qui a les pleins pouvoirs - mais la tribu l'abandonnera si il n'est pas assez compétent. Bref, le chef a une dette envers la tribu et n'a pas de pouvoir reconnu. C'est franchement intéressant, surtout lorsqu'on comprend que les sociétés primitives ne se sont jamais divisées en classes distinctes - sauf femmes/hommes - ce qui a retardé l'émergence d'un Etat. Où l'on apprend aussi que la peur, la superstition et un ordre mystique peut créer une cohésion non coercitive. Mais ces sociétés étaient aussi fortement "médiatisées", l'individu n'existe que par rapport à sa tribu et perd son autonomie. Le rapport à la nourriture et aux femmes passent par "les autres".
Rincevent Posté 14 septembre 2009 Signaler Posté 14 septembre 2009 Mais ces sociétés étaient aussi fortement "médiatisées", l'individu n'existe que par rapport à sa tribu et perd son autonomie. J'irais plus loin. L'individu existe-t-il encore, dans les sociétés tribales ? Dans un idéal-type de société tribale, je parierais qu'il n'y a plus d'individu.
Jefferson Posté 14 septembre 2009 Signaler Posté 14 septembre 2009 En fait quand je parlais de "chef de tribu", je voulais dire que les citoyens identifiaient l'état et les dirigeants politiques comme le "chef de tribu" (le chef de la tribu "France" ), et qu'ils les considéraient comme légitimes, alors que sur le fond l'état est une mafia sans la moindre légitimité. Quand à la façon dont les chefs de tribus se comportaient à la préhistoire, je n'en sais fichtre rien,à vrai dire tout ce que je pense là dessus est extrait de préjugés et de documentaires animaliers sur les grands singes Je n'aurais pas du me lancer là dedans, désolé.L'anthropologie c'est pas mon truc.
ernest Posté 15 septembre 2009 Signaler Posté 15 septembre 2009 Quand à la façon dont les chefs de tribus se comportaient à la préhistoire, je n'en sais fichtre rien,à vrai dire tout ce que je pense là dessus est extrait de préjugés et de documentaires animaliers sur les grands singes Des tribus amérindiennes isolées existent jusqu'aux environs du XVIe siècle. C'est loin d'être la préhistoire. Tu as parfaitement raison sur l'actualité du concept de la tribu (un livre posthume de Rand, Return of the Primitive compile quelques articles sur cette idée), mais ce qui nous rapproche d'une société primitive serait plus la superstition créée par l'Etat. Là où la mystique conduisait les individus à se soumettre aux rites et aux chamans, nous nous soumettons à la justice sociale et aux statisticiens de pacotilles. Personnellement, je pense que l'écologisme sera cette nouvelle mystique qui renforcera - légitimera - le pouvoir lorsque les dégâts de l'économie mixte seront trop visibles.
trump Posté 2 octobre 2009 Signaler Posté 2 octobre 2009 Pierre Clastres (anthropologue anarcho-gauchiste mais anti-structuraliste) parle des sociétés tribales proprement dites - ou primitives. C'est à dire des chasseurs-nomades ou des agriculteurs-sédentaires, qui vivaient dans des "économies de subsistances" dans les forêts d'Amérique du Sud. Le chef n'était dès lors qu'un des membres - celui qui "sait parler" - soumit à la tribu et non l'inverse. Le chef travaillait plus que les autres, il était le plus généreux et vivait pauvrement pour conserver son titre. Quand la tribu est en danger ou en guerre, tout repose sur le chef qui a les pleins pouvoirs - mais la tribu l'abandonnera si il n'est pas assez compétent. Bref, le chef a une dette envers la tribu et n'a pas de pouvoir reconnu.C'est franchement intéressant, surtout lorsqu'on comprend que les sociétés primitives ne se sont jamais divisées en classes distinctes - sauf femmes/hommes - ce qui a retardé l'émergence d'un Etat. Où l'on apprend aussi que la peur, la superstition et un ordre mystique peut créer une cohésion non coercitive. Mais ces sociétés étaient aussi fortement "médiatisées", l'individu n'existe que par rapport à sa tribu et perd son autonomie. Le rapport à la nourriture et aux femmes passent par "les autres". Ce que tu oublies de dire et qui me semble être la principale découverte de Clastres, c'est que les sociétés tribales segmentées qu'il a étudié ont mis au point une structure sociale empêchant l'émergence de l'Etat par la mise en place de mécanismes sociaux particuliers. En cela ces sociétés dites "primitives" sont toujours en avances sur les nôtres.
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