G7H+ Posté 12 janvier 2010 Signaler Posté 12 janvier 2010 Quelles réponse donne Descartes, Kant, Spinoza, Nietzsche, etc. a cette question ? Il est ardu d'extraire une définition unique du bonheur pour les philosophes. On pourrait dire que le bonheur est une activité de l'âme grâce à laquelle l'individu atteint un état de plénitute et de coïncidence avec lui-même et ses aspirations. Ce n'est pas un état de satisfaction statique mais quelque chose de dynamique. A ma connaissance, Descartes n'a rien écrit d'extraordinaire sur le bonheur. Pour Kant, le bonheur désigne une simple espérance. Pour Spinoza (mon avatar), le bonheur réside dans la conscience achevée de soi, de Dieu et des choses. Seule l'âme forte pourra trouver salut et béatitute. Pour Nietzsche, le bonheur est le sentiment que sa puissance augmente.
Nick de Cusa Posté 12 janvier 2010 Signaler Posté 12 janvier 2010 …Pour Nietzsche, le bonheur est le sentiment que sa puissance augmente. Mais quel âne celui là.
G7H+ Posté 12 janvier 2010 Signaler Posté 12 janvier 2010 Mais quel âne celui là. Plus précisement, il écrit dans L'Antéchrist : "Qu'est-ce que le bonheur ? Le sentiment que la puissance croît, qu'une résistance est en voie d'être surmontée." (§2) Pour Nietzsche, ce qui est bon, c'est l'instinct de croissance, d'accumulation de force. Plus loin (et c'est un théme anti-chrétien qui revient tout au long du livre), c'est la compassion pour les faibles qui est méprisée comme étant nihiliste et décadente.
Librekom Posté 13 janvier 2010 Signaler Posté 13 janvier 2010 Le bonheur se vit à chaque instant. Il est dans le présent sans conteste. J'en suis profondément persuadé.En revanche, je dirai qu'il peut se vivre même dans la solitude. Le besoin de l'autre me semble correspondre à une faiblesse, une vulnérabilité qui peut se dissoudre dans une construction intérieure. Je précise solitude affective. On peut vivre sur une ile déserte et communiquer avec l'extérieur, même si c'est recevoir 2 lettres par an de sa maman, Il me semble essentiel d'aimer et de se savoir aimé. La communication est un besoin vital, ça a été prouvé.
Saragator Posté 13 janvier 2010 Auteur Signaler Posté 13 janvier 2010 Il est ardu d'extraire une définition unique du bonheur pour les philosophes. On pourrait dire que le bonheur est une activité de l'âme grâce à laquelle l'individu atteint un état de plénitute et de coïncidence avec lui-même et ses aspirations. Ce n'est pas un état de satisfaction statique mais quelque chose de dynamique.A ma connaissance, Descartes n'a rien écrit d'extraordinaire sur le bonheur. Pour Kant, le bonheur désigne une simple espérance. Pour Spinoza (mon avatar), le bonheur réside dans la conscience achevée de soi, de Dieu et des choses. Seule l'âme forte pourra trouver salut et béatitute. Pour Nietzsche, le bonheur est le sentiment que sa puissance augmente. La définition de Spinoza me semble proche de ce que j'imagine du bonheur. Mais donne-t-il un moyen de l'atteindre ? Est-ce par la méditation et l'ascèse ? Est-ce par l'action ? Parvient-on au bonheur par le travail, par chance ? Puisque c'est ton avatar je me permets de te demander quelques précisions sur cette pensée. La communication est un besoin vital, ça a été prouvé. Pourrais-tu me donner des sources ?
Librekom Posté 13 janvier 2010 Signaler Posté 13 janvier 2010 La définition de Spinoza me semble proche de ce que j'imagine du bonheur. Mais donne-t-il un moyen de l'atteindre ? Est-ce par la méditation et l'ascèse ? Est-ce par l'action ? Parvient-on au bonheur par le travail, par chance ? Puisque c'est ton avatar je me permets de te demander quelques précisions sur cette pensée.Pourrais-tu me donner des sources ? Mon cour de psycho de première année. Je me souviens d'une expérience avec des bébés singes, les bébés nourri mécaniquement qui était mis en contact avec leur mère ou d'autre singe que tardivement devenait très agressifs et incapable de se nourrir, de se laver, … . Les bébés qui n'étaient pas mis en contact avec leur mère pendant plus de x semaines finissaient tout simplement par mourir. Il y a aussi un constat fait après guerre de déficience mentale généralisé chez les orphelins russes et allemands. Il fut démontrer que le fait qu'on se souciait de satisfaire leur besoin matériels, mais qu'ils bénéficiaient que de très peu de contact humains pendant les premiers mois de leur vie. ( consolation, jeu, sourir, tendresse, …) était la cause de cette déficience. je cherche les référence, mais quand je googlise ça ne donne rien. Je vais demander à une copine psy, mais là elle bosse, je te tiens au courant.
Saragator Posté 13 janvier 2010 Auteur Signaler Posté 13 janvier 2010 Mon cour de psycho de première année. Je me souviens d'une expérience avec des bébés singes, les bébés nourri mécaniquement qui était mis en contact avec leur mère ou d'autre singe que tardivement devenait très agressifs et incapable de se nourrir, de se laver, … . Les bébés qui n'étaient pas mis en contact avec leur mère pendant plus de x semaines finissaient tout simplement par mourir.Il y a aussi un constat fait après guerre de déficience mentale généralisé chez les orphelins russes et allemands. Il fut démontrer que le fait qu'on se souciait de satisfaire leur besoin matériels, mais qu'ils bénéficiaient que de très peu de contact humains pendant les premiers mois de leur vie. ( consolation, jeu, sourir, tendresse, …) était la cause de cette déficience. je cherche les référence, mais quand je googlise ça ne donne rien. Je vais demander à une copine psy, mais là elle bosse, je te tiens au courant. Merci. Cela est tout-à-fait passionnant. En revanche, ce que tu décris est un besoin initial de contact pour la construction de l'être. Mais une fois arrivé à l'âge adulte, ne crois-tu pas que l'homme puisse être capable de se suffire à lui-même ?
José Posté 13 janvier 2010 Signaler Posté 13 janvier 2010 La définition de Spinoza me semble proche de ce que j'imagine du bonheur. Mais donne-t-il un moyen de l'atteindre ? Est-ce par la méditation et l'ascèse ? Est-ce par l'action ? Tu n'as pas bien compris ce que G7H+ (ou plutôt Spinoza) dit : le bonheur n'est pas un état à atteindre, mais une activité. C'est d'ailleurs ce qu'en disait également Aristote.
Saragator Posté 13 janvier 2010 Auteur Signaler Posté 13 janvier 2010 Tu n'as pas bien compris ce que G7H+ (ou plutôt Spinoza) dit : le bonheur n'est pas un état à atteindre, mais une activité. C'est d'ailleurs ce qu'en disait également Aristote. Effectivement je n'avais pas compris cela ainsi. Mais s'il s'agit d'une activité et non d'un but, en distingue-t-il une précisément qui soit celle des "gens heureux" ? L'activité philosophie ? Contemplative ?
José Posté 13 janvier 2010 Signaler Posté 13 janvier 2010 Mais s'il s'agit d'une activité et non d'un but, en distingue-t-il une précisément qui soit celle des "gens heureux" ? L'activité philosophie ? Contemplative ? Pour Aristote, l'activité le mieux à même de rendre les gens heureux est l'activité propre à l'être humain, à savoir l'usage de la raison. Mais sans jamais oublier que pour développer cette activité est nécessaire que soient remplies dans une certaine mesure certaines conditions (santé, relatif confort matériel, relations sociales, etc.) Le bonheur implique donc bien des réalisations matérielles et concrètes.
Nick de Cusa Posté 13 janvier 2010 Signaler Posté 13 janvier 2010 Plus précisement, il écrit dans L'Antéchrist : "Qu'est-ce que le bonheur ? Le sentiment que la puissance croît, qu'une résistance est en voie d'être surmontée." (§2) Pour Nietzsche, ce qui est bon, c'est l'instinct de croissance, d'accumulation de force. Plus loin (et c'est un théme anti-chrétien qui revient tout au long du livre), c'est la compassion pour les faibles qui est méprisée comme étant nihiliste et décadente. Quel âne.
h16 Posté 13 janvier 2010 Signaler Posté 13 janvier 2010 Un type qui a un z, un s et c dans son nom ne peut pas être tout à fait sain d'esprit. Et je sais de quoi je parle.
Leepose Posté 13 janvier 2010 Signaler Posté 13 janvier 2010 Un type qui a un z, un s et c dans son nom ne peut pas être tout à fait sain d'esprit. Et je sais de quoi je parle. T'es d'origine polonaise, H16? Je sais pas je le sens bien tout d'un coup. A part ca je serais intéressé de savoir ce qui nous vaut ce fil ultra inspiré de Saragator. Soit dit en passant, il utilise un ton non agressif et non prétentieux que je trouve assez sympa. C'est pas courant ici bas… Ca manque peut-etre de mordant mais pas de politesse. Si je peux me permettre de juger de cela. Le bonheur durable ça n'existe pas normalement, l'ennui et l'envie lui font rapidement la peau (et heureusement, si les gens se contentaient de ce qu'ils ont plus personne ne ferait rien). Le malheur durable non plus n'existe pas normalement, l'acceptation et l'espoir y remédient (et heureusement parce qu'autrement tout le monde se laisserait mourir mornement).Quelle que soit la situation nous sommes ramenés avec le temps à une "valeur de bonheur" de base qui est celle qui nous permet le mieux d'affronter les situations qui se présentent (du moins je suppose, et de toute manière on n'a pas le choix). De ce point de vue être "trop heureux" est tout aussi pathologique qu'être déprimé. Après on peut essayer de piloter son envie et son espoir dans une direction judicieuse pour s'éviter des déconvenues inutiles. Oui…….. Ce qui me vient a l'esprit en premier c'est de bien distinguer une sorte de sagesse intérieure (ou l'inverse) des événements de la vie qui peuvent nous rendre heureux ou malheureux, momentanément ou durablement. Il y a bien une distinction a faire de cet ordre là j'imagine. La sagesse, la médiation, le stoicisme… etc, et de l'autre coté le bonheur de recevoir sa PS3 a Noel, ou d'avoir son premier enfant, etc. Il y a une ambiguité la dessus, non? "God, give us grace to accept with serenity the things that cannot be changed, Courage to change the things which should be changed, and the Wisdom to distinguish the one from the other. Hmmmm…. Excellent et vaste sujet que celui du bonheur. Il y a aussi cette sorte d'injonction sociale, de plus en plus présente : JOUISSEZ. Soyez heureux ici et maintenant. Pas plus tard qu'hier soir j'entendais David Pujadas nous dire "Vivez heureux, vous vivrez plus longtemps". Ca a quelque chose de franchement affligeant, je crois. En l'écoutant je pensais a la fois a ce fil et au mien sur la vie éternelle, puisque la démonstration a laquelle on a eu droit hier consistait a dire que les gens heureux vivaient plus longtemps. C'est d'un niveau affligeant, mais on est habitués. Bref… Cette injonction sociale, présente peu ou prou partout, est franchement dure a vivre, encore plus sans doute pour les gens qui manquent de recul, d'expérience de vie, ou qui traversent des passes difficiles. Soyez beaux, heureux, riches et en bonne santé!! C'est saoulant et contre productif.
G7H+ Posté 13 janvier 2010 Signaler Posté 13 janvier 2010 Je connais mal Aristote, mais dans l'Ethique à Nicomaque, il affirme que le bonheur est atteignable par le Sage si celui-ci s'adonne à son activité la plus parfaite : la contemplation*, qui est une fin en soi. C'est un peu comme si l'activité contemplative dopait ce qu'il y a de divin en l'Homme. Dans la mesure du possible, il faut donc faire le moins possible de choses humaines (conquête des plaisirs, des honneurs et de la richesse) et le plus possible de contemplation. * La contemplation, c'est quand ton esprit est totalement absorbé par ce qu'il considère et que toute action/finalité pratique/concrête disparaît. Une sorte d'ultimate méditation, quoi. La définition de Spinoza me semble proche de ce que j'imagine du bonheur. Mais donne-t-il un moyen de l'atteindre ? Est-ce par la méditation et l'ascèse ? Est-ce par l'action ? Parvient-on au bonheur par le travail, par chance ? Puisque c'est ton avatar je me permets de te demander quelques précisions sur cette pensée. Pour Spinoza, la clef du bonheur, c'est la connaissance, la sagesse. Il est difficile de la conquérir. Dans son Ethique, Spinoza distingue le Sage de l'Ignorant (attention : 1- ce sont des idéaux types pour aider le lecteur à réfléchir, pas des classes; 2- par nature, toute âme humaine comporte une part de connaissance vraie). L'Ignorant est inconscient de lui-même, de la Nature et des choses. Lorsque les causes extérieures qui le ballotent semblent l'épargner, c'est comme s'il n'existait plus. A l'opposé, le Sage, puisqu'il a développé une conscience de lui-même, de la Nature et des choses, vit sans trouble dans la connaissance des choses. Pour être heureux, tu dois t'efforcer d'apprendre à connaître la Nature et toi-même. Dernier détail. Pour Spino, la béatitude n'est pas pour tous. Tu dois être fort pour trouver le salut. Et si tu n'es pas né fort, tu vas beau t'accrocher à approfondir tes connaissances, c'est mort, tu n'arrivera jamais à trouver la béatitude. [interprétation made in G7H+ de Spino]Donc si tu es né faible, inutile de trop perdre ton temps avec les vieux bouquins et et les trips yogi. Mieux vaut miser sur des valeurs sûres : fric, gloire et jouissance. Tu vas être esclave de tes passions mais bon, on s'en fout en fait : t'as pas le choix. Aux faibles le pouvoir, les tables de black-jack, la coke et les putes ! Yalaaaaa ![/interprétation made in G7H+ de Spino]
h16 Posté 13 janvier 2010 Signaler Posté 13 janvier 2010 Aux faibles le pouvoir, les tables de black-jack, la coke et les putes ! Yalaaaaa ! Je suis trop fort. Zut.
Saragator Posté 13 janvier 2010 Auteur Signaler Posté 13 janvier 2010 A part ca je serais intéressé de savoir ce qui nous vaut ce fil ultra inspiré de Saragator. J'ai eu l'impression que je (on?) cherchais souvent à éviter cette question. Question qui m'est apparue tout-à-fait fondamentale. Je me la suis donc posée. Et j'ai cru avoir trouvé une réponse, celle de la construction personnelle, par l'introspection et la mise à distance, d'un état de bien-être durable. Mais comme toujours lorsqu'on se met à penser, on ne peut juger de l'intelligence de ses conclusions qu'avec sa propre intelligence (dixit Coluche je crois). J'ai donc décidé de venir chercher d'autres intelligences. Et ce que je peux dire c'est que je ne suis pas déçu. Mon édifice vacille sous les coups de boutoir de certains d'entre vous. Et mes questionnements reprennent. Hmmmm…. Excellent et vaste sujet que celui du bonheur. Il y a aussi cette sorte d'injonction sociale, de plus en plus présente : JOUISSEZ. Soyez heureux ici et maintenant. Pas plus tard qu'hier soir j'entendais David Pujadas nous dire "Vivez heureux, vous vivrez plus longtemps". Ca a quelque chose de franchement affligeant, je crois. En l'écoutant je pensais a la fois a ce fil et au mien sur la vie éternelle, puisque la démonstration a laquelle on a eu droit hier consistait a dire que les gens heureux vivaient plus longtemps. C'est d'un niveau affligeant, mais on est habitués.Bref… Cette injonction sociale, présente peu ou prou partout, est franchement dure a vivre, encore plus sans doute pour les gens qui manquent de recul, d'expérience de vie, ou qui traversent des passes difficiles. Soyez beaux, heureux, riches et en bonne santé!! C'est saoulant et contre productif. Un bonheur social… Chaque société aurait façonné une image du bonheur. Voilà une idée à laquelle je n'avais pas songé. Mais si une société parvient à véhiculer un certain type de vie heureuse, pourquoi ne pourrions-nous pas lutter contre ces biais externes et "reformater" un bonheur à portée de main ?
Samahell Posté 13 janvier 2010 Signaler Posté 13 janvier 2010 Pourrais-tu me donner des sources ? J'ai réussi à remettre la main sur un truc que j'avais lu là-dessus. Ça remonte à trop loin et on a trop peu de détails sur la méthodologie pour pouvoir vraiment parler de preuve, mais ça donne un bon début de réponse : « On raconte de Frédéric II, qui possédait tant de langues, qu'il s'était efforcé de retrouver la langue primitive de l'humanité. À cette fin, il aurait fait élever un certain nombre d'enfants par des nourrices auxquelles il aurait expressément défendu de leur parler. [il voulait notamment savoir quelle langue les enfants parleraient. Parleraient-ils hébreu ? — l'hébreu n'était-il pas la langue la plus ancienne ? — ou bien grec, ou latin ou arabe ou parleraient-ils la langue des parents qui les avaient mis au monde ?] L'expérience échoua, car les enfants moururent, mais le problème lui-même fut repris par Dante qui l'a traité occasionnellement dans son opuscule sur les parlers populaires » [1].Certes, l'expérience fut tout autant catastrophique qu'incertaine dans sa méthodologie, elle n'en comportait pas moins un enseignement fondamental : hors de la communication la vie humaine ne peut s'épanouir (…) http://www.sciencedirect.com/science?_ob=A…8f10b8ffbb#bib1
Saragator Posté 13 janvier 2010 Auteur Signaler Posté 13 janvier 2010 Je connais mal Aristote, mais dans l'Ethique à Nicomaque, il affirme que le bonheur est atteignable par le Sage si celui-ci s'adonne à son activité la plus parfaite : la contemplation*, qui est une fin en soi. C'est un peu comme si l'activité contemplative dopait ce qu'il y a de divin en l'Homme. Dans la mesure du possible, il faut donc faire le moins possible de choses humaines (conquête des plaisirs, des honneurs et de la richesse) et le plus possible de contemplation. * La contemplation, c'est quand ton esprit est totalement absorbé par ce qu'il considère et que toute action/finalité pratique/concrête disparaît. Une sorte d'ultimate méditation, quoi. Pour Spinoza, la clef du bonheur, c'est la connaissance, la sagesse. Il est difficile de la conquérir. Dans son Ethique, Spinoza distingue le Sage de l'Ignorant (attention : 1- ce sont des idéaux types pour aider le lecteur à réfléchir, pas des classes; 2- par nature, toute âme humaine comporte une part de connaissance vraie). L'Ignorant est inconscient de lui-même, de la Nature et des choses. Lorsque les causes extérieures qui le ballotent semblent l'épargner, c'est comme s'il n'existait plus. A l'opposé, le Sage, puisqu'il a développé une conscience de lui-même, de la Nature et des choses, vit sans trouble dans la connaissance des choses. Pour être heureux, tu dois t'efforcer d'apprendre à connaître la Nature et toi-même. Dernier détail. Pour Spino, la béatitude n'est pas pour tous. Tu dois être fort pour trouver le salut. Et si tu n'es pas né fort, tu vas beau t'accrocher à approfondir tes connaissances, c'est mort, tu n'arrivera jamais à trouver la béatitude. Donc si tu es né faible, inutile de trop perdre ton temps avec les vieux bouquins et et les trips yogi. Mieux vaut miser sur des valeurs sûres : fric, gloire et jouissance. Tu vas être esclave de tes passions mais bon, on s'en fout en fait : t'as pas le choix. Aux faibles le pouvoir, les tables de black-jack, la coke et les putes ! Yalaaaaa ! Merci pour tout ça (et surtout pour la fin qui me redonne le moral !) D'après ce que je comprends, Spinoza propose donc un bonheur atteignable et dont le chemin serait l'usage régulier de la raison dans l'objectif d'une meilleure compréhension de soi et du monde. Une vision que je partage totalement. Pourquoi ne pas en rester là alors ? Peut-on vraiment contredire cette thèse ? Y a-t-il d'autres bonheurs durables possibles ? Par ailleurs, est-ce que Spinoza a plutôt tendance à pousser les hommes à le chercher ou bien leur propose-t-il plutôt la coke et le reste ?
G7H+ Posté 13 janvier 2010 Signaler Posté 13 janvier 2010 Je suis trop fort. Zut. Nonononononononononon. Pour toi, c'est parenté, blog, belle voiture et amour conjugual. Pas mal non plus pour un faible :-) D'après ce que je comprends, Spinoza propose donc un bonheur atteignable et dont le chemin serait l'usage régulier de la raison dans l'objectif d'une meilleure compréhension de soi et du monde. Une vision que je partage totalement. Voilà, c'est grosso modo ça. Par ailleurs, est-ce que Spinoza a plutôt tendance à pousser les hommes à le chercher ou bien leur propose-t-il plutôt la coke et le reste ? Je me suis un peu emporté vers la fin (j'ai édité mon post précédent). Pour Spino, il faut chercher à conquérir le vrai bonheur. Peut-être es tu une âme forte. C'est en essayant que tu aura la réponse. Mais si tu n'y arrives pas, si tu es une âme faible, tu es en quelque sorte excusé. Vu la vie de Spino, il est absolument certain qu'il ne portait pas le combo trône+coke+putes dans son coeur (et on le comprend). Il a refusé d'être prof de philo dans une bonne université, s'est installé à la campagne, plus ou moins seul, a travaillé à polir des verres de lentilles, a vécu chichement, et n'a pas publié de son vivant le livre qui aurait pu le faire assassiner pour de bon. Donc pas de pouvoir/influence/richesse/plaisirs extrêmes pour Spino. A ma connaissance, Spino n'a pas donné son point de vue sur la façon dont un faible doit essayer d'être quand même heureux (sans atteindre le Bonheur). Peut-être est-ce parce qu'il est a priori impossible de savoir pour de bon si tu es fort ou faible.
Esperluette Posté 13 janvier 2010 Signaler Posté 13 janvier 2010 Mais si une société parvient à véhiculer un certain type de vie heureuse, pourquoi ne pourrions-nous pas lutter contre ces biais externes et "reformater" un bonheur à portée de main ? On peut. D'ailleurs il y a des modes au fil du temps. Voire plusieurs modèles qui coexistent. Ensuite, mais tu le sais sûrement déjà, à titre individuel, sortir quelque peu des sentiers battus mène parfois à de menus désagréments lors des interactions sociales. Ce n'est pas très ennuyeux quand ton bonheur consiste à écouter de la musique chez toi ou à méditer en silence 15 minutes chaque matin au lever. Ca devient compliqué quand ton bonheur exige de refuser totalement l'usage du téléphone ou de renoncer à tout nettoyage de tes frusques.
Saragator Posté 13 janvier 2010 Auteur Signaler Posté 13 janvier 2010 Nonononononononononon. Pour toi, c'est parenté, blog, belle voiture et amour conjugual. Pas mal non plus pour un faible :-)Voilà, c'est grosso modo ça. Je me suis un peu emporté vers la fin (j'ai édité mon post précédent). Pour Spino, il faut chercher à conquérir le vrai bonheur. Peut-être es tu une âme forte. C'est en essayant que tu aura la réponse. Mais si tu n'y arrives pas, si tu es une âme faible, tu es en quelque sorte excusé. Vu la vie de Spino, il est absolument certain qu'il ne portait pas le combo trône+coke+putes dans son coeur (et on le comprend). Il a refusé d'être prof de philo dans une bonne université, s'est installé à la campagne, plus ou moins seul, a travaillé à polir des verres de lentilles, a vécu chichement, et n'a pas publié de son vivant le livre qui aurait pu le faire assassiner pour de bon. Donc pas de pouvoir/influence/richesse/plaisirs extrêmes pour Spino. A ma connaissance, Spino n'a pas donné son point de vue sur la façon dont un faible doit essayer d'être quand même heureux (sans atteindre le Bonheur). Peut-être est-ce parce qu'il est a priori impossible de savoir pour de bon si tu es fort ou faible. Merci pour les précisions. Je sentais qu'il n'y avait pas que du Spinoza dans le texte ! Cette distinction entre forts et faibles m'intéresse et me surprend. Tu parles "d'âmes fortes", mais qu'est-ce qui permet à Spinoza de faire si clairement une distinction entre forts et faibles ? Sur quel critère divise-t-il l'humanité en deux ? Pourrais-tu me donner une référence pour que je comprennes mieux son point de vue ?
Saragator Posté 13 janvier 2010 Auteur Signaler Posté 13 janvier 2010 J'ai réussi à remettre la main sur un truc que j'avais lu là-dessus. Ça remonte à trop loin et on a trop peu de détails sur la méthodologie pour pouvoir vraiment parler de preuve, mais ça donne un bon début de réponse : Merci beaucoup. Le besoin de communication serait donc un besoin vital comme celui de manger et de boire. Du moins pour les enfants. Mais est-ce le cas à l'âge adulte ? Y a-t-il des cas révélateurs d'un besoin vital de communication et de lien social ? Selon Baudelot et Establet, "l'homme cherche en tout temps et en tout lieu, la vie sociale la plus intense". Mais est-ce un besoin génétique et vital, ou bien simplement un penchant instinctif comme d'autres ?
G7H+ Posté 14 janvier 2010 Signaler Posté 14 janvier 2010 Merci pour les précisions. Je sentais qu'il n'y avait pas que du Spinoza dans le texte !Cette distinction entre forts et faibles m'intéresse et me surprend. Tu parles "d'âmes fortes", mais qu'est-ce qui permet à Spinoza de faire si clairement une distinction entre forts et faibles ? Sur quel critère divise-t-il l'humanité en deux ? Pourrais-tu me donner une référence pour que je comprennes mieux son point de vue ? Cette distinction entre âme forte et âme faible est clairement faite dans une lettre à Oldenburg (lettre n°78 dans mes Oeuvres de Spinoza). Dans son Ethique, Spinoza n'insiste pas sur ce point. Il souligne plutôt le fait que la sagesse doit être conquise pour accéder à la béatitude. Voir notamment Ethique, 5ème partie, scolie de la proposition 42.
Samahell Posté 14 janvier 2010 Signaler Posté 14 janvier 2010 Le besoin de communication serait donc un besoin vital comme celui de manger et de boire. Du moins pour les enfants. Mais est-ce le cas à l'âge adulte ? Y a-t-il des cas révélateurs d'un besoin vital de communication et de lien social ? C'est aussi la question que ça m'inspire. Je pense qu'on a tous en tête des images d'ermites s'isolant totalement en quête de sagesse, mais est-ce qu'on a vraiment des exemples concrets incontestables ? Même s'il était avéré que le besoin de communication est essentiel au développement humain (et les éléments avancés me semblent quand même un peu léger pour partir de ce principe), je doute quand même qu'on puisse mourir directement de solitude. Selon Baudelot et Establet, "l'homme cherche en tout temps et en tout lieu, la vie sociale la plus intense". Mais est-ce un besoin génétique et vital, ou bien simplement un penchant instinctif comme d'autres ? Là par contre on a clairement des contre-exemples nombreux. Des vrais misanthropes qui ne fréquentent absolument personne, je ne sais pas si ça existe (d'ailleurs si personne ne les fréquente, peut-on vraiment en identifier ?), en revanche des gens qui se contentent très bien d'un minimum de contacts humains, je pense qu'on en a tous des exemples autour de nous. Je me demande si le comateux de longue durée peut être considéré comme un contre-exemple valable ^^.
Invité jabial Posté 14 janvier 2010 Signaler Posté 14 janvier 2010 Pour Aristote, l'activité le mieux à même de rendre les gens heureux est l'activité propre à l'être humain, à savoir l'usage de la raison. Mais sans jamais oublier que pour développer cette activité est nécessaire que soient remplies dans une certaine mesure certaines conditions (santé, relatif confort matériel, relations sociales, etc.) Le bonheur implique donc bien des réalisations matérielles et concrètes. Jamais lu ça chez Aristote, plutôt chez Rand, mais je veux bien une citation. En tout cas, yé souis d'accord.
José Posté 14 janvier 2010 Signaler Posté 14 janvier 2010 Jamais lu ça chez Aristote, plutôt chez Rand, mais je veux bien une citation. Éthique à Nicomaque (va directement au premier et dernier livre). Ça fait une chiée de fois que je te dis de le lire.
Saragator Posté 14 janvier 2010 Auteur Signaler Posté 14 janvier 2010 Jamais lu ça chez Aristote, plutôt chez Rand, mais je veux bien une citation.En tout cas, yé souis d'accord. Qui est Rand ? [si je tape sur google je n'ai que la monnaie d'Afrique du sud, une omelette pour randonneur, un think tank américain, etc… mais pas de philosophe] Qui est Rand ? [si je tape sur google je n'ai que la monnaie d'Afrique du sud, une omelette pour randonneur, un think tank américain, etc… mais pas de philosophe] En écrivant ma question j'ai eu l'illumination : taper Rand+philosophe sur Google et je tombe sur Ayn Rand… Est-ce bien la bonne personne ?
José Posté 14 janvier 2010 Signaler Posté 14 janvier 2010 Qui est Rand ? Tu es sur le forum depuis 3 ans et tu ne connais pas Ayn Rand ? [langue de pute]En fait, tu as bien raison de l'ignorer.[/langue de pute]
Saragator Posté 14 janvier 2010 Auteur Signaler Posté 14 janvier 2010 Tu es sur le forum depuis 3 ans et tu ne connais pas Ayn Rand ?[langue de pute]En fait, tu as bien raison de l'ignorer.[/langue de pute] Je me suis inscrit il y a trois ans de ça… et j'y reviens pour la première fois depuis très très longtemps…
Invité Posté 14 janvier 2010 Signaler Posté 14 janvier 2010 C'est aussi la question que ça m'inspire. Je pense qu'on a tous en tête des images d'ermites s'isolant totalement en quête de sagesse, mais est-ce qu'on a vraiment des exemples concrets incontestables ?Même s'il était avéré que le besoin de communication est essentiel au développement humain (et les éléments avancés me semblent quand même un peu léger pour partir de ce principe), je doute quand même qu'on puisse mourir directement de solitude. L'isolement radical est impossible sur le long terme. L'homme est un animal social, il a nécessairement besoin d'autrui pour s'émanciper et perdurer. Sans un alter ego, il me semble que l'on perd tout contacte avec le réel. L'ermitage n'existe qu'un temps, et cet isolement est accompagné fictivement de Dieu. C'est une expérience particulière qui ne me semble pas être un argument suffisant.
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