DarkT Posté 19 juin 2010 Signaler Posté 19 juin 2010 Bon, flagellez moi si vous en avez déjà parlé, ce forum me semble convenir le mieux et je n'ai pas vu de sujet existant déjà sur ce thème. Donc, il y a quelques temps, Maurice Allais, prix Nobel d'économie, s'est exprimé en allant contre le libéralisme économique mondial. Pas le libéralisme tout court non, mais il prône, en gros, des zones libérales entre pays d'un même niveau de vie, se protégeant économiquement des autres. Libéralisme économique entre copains, et protectionnisme pour éviter de se faire dépouiller par les p'tits chinois qui se font payer 100 fois moins. Ce qui est surprenant dans cette affaire, est donc le revirement d'un ancien libéral reaganien face à l'évolution du marché mondial. marché qui fait l'objet de toutes les critiques en ce moment : les choses seraient-elles allées trop loin par rapport aux théories libérales, et de part la montée d'un capitalisme finissant par nuire à celles-ci ? Hayek aurait-il pu changer d'avis de la même manière en voyant cette évolution, tout comme le fait ce centenaire ? Bref vous l'aurez compris, ces propos me titillent allègrement, et j'aimerais avoir l'avis d'autres libéraux - quelque soit leur courant de pensée - sur le sujet. Liens : http://etienne.chouard.free.fr/Europe/foru…bous-indiscutes http://www.annuel-idees.fr/Maurice-Allais-…gue-le-neo.html
jamkan Posté 19 juin 2010 Signaler Posté 19 juin 2010 En gros il pense qu'en surtaxant les produits chinois ( et des autres pays émergents ) ca va assurer le plein-emploi ? je ne suis pas d'accord . Je pense que l'abolition du salaire minimum et la déréglementation du temps seraient nettement plus efficace pour lutter contre le chomage . Qu'on me corrige si je me trompe , mais si on taxait les produits chinois , la Chine pourrait trés bien faire la méme chose , donc ca n'a strictement aucun intérét .
Fuego Posté 19 juin 2010 Signaler Posté 19 juin 2010 Qu'on me corrige si je me trompe , mais si on taxait les produits chinois , la Chine pourrait trés bien faire la méme chose , donc ca n'a strictement aucun intérét . La Chine n'a aucune raison de faire la même chose. Sinon j'ai l'impression que ce sont toujours les mêmes arguments protectionnistes, tous démontés par Bastiat et compagnie.. Mon analyse étant que le chômage actuel est dû à cette libéralisation totale du commerce, la voie prise par le G20 m'apparaît par conséquent nuisible. Elle va se révéler un facteur d'aggravation de la situation sociale. À ce titre, elle constitue une sottise majeure, à partir d'un contresens incroyable. Tout comme le fait d'attribuer la crise de 1929 à des causes protectionnistes constitue un contresens historique. Sa véritable origine se trouvait déjà dans le développement inconsidéré du crédit durant les années qui l'ont précédée. Au contraire, les mesures protectionnistes qui ont été prises, mais après l'arrivée de la crise, ont certainement pu contribuer à mieux la contrôler. Comme je l'ai précédemment indiqué, nous faisons face à une ignorance criminelle.
DarkT Posté 20 juin 2010 Auteur Signaler Posté 20 juin 2010 En gros il pense qu'en surtaxant les produits chinois ( et des autres pays émergents ) ca va assurer le plein-emploi ? je ne suis pas d'accord . Je pense que l'abolition du salaire minimum et la déréglementation du temps seraient nettement plus efficace pour lutter contre le chomage . Et contre la précarité ? La situation économique ne se réduit pas aux stats d'emploi… or, si on aboli le salait minimum et si on dérèglemente le temps de travail, on peut être sûr que les entreprises reviendront car elles seront en mesure de concurrencer les produits chinois, certes, mais ce au coût de contrats de travail dans la même mesure, chose juste intenable chez nous. En Chine quelqu'un payé à la centaine d'euros par mois a de quoi vivre avec, en France il ne peut rien faire. Ceci dit, si vous avez de bons arguments contre le protectionnisme invoqué ici (qui n'est donc pas un protectionnisme d'Etat), je suis preneur. Ce qu'il dit m'intéresse fortement, car il représente un point de vue libéral "ancienne époque" qui a évolué dans la situation actuelle. Or, les propos de Hayek&cie étant à replacer dans un contexte historique, ils n'ont pas connu l'évolution capitaliste actuelle, et leurs théories ne sont de fait plus forcément adaptées. De fait cette évolution m'intéresse fortement, car n'étant pas adepte des grandes théories "parfaites" mais préférant le compromis de la réalité, je me demande s'il ne montre pas là l'une des voies d'application d'un libéralisme "réaliste" qui, sans renier ses principes, tiendrait compte de l'évolution du monde et de ses problèmes ainsi que des aspirations des populations (qui ne sont pas vraiment prêtes à une société 100% libérale). Note : ne m'en voulez pas trop sur ce dernier point, mais pour moi la liberté c'est aussi celle des gens à choisir leur système. Du coup, j'ai beau aimer les théories libérales, je ne veux pas les imposer aux gens s'ils n'en veulent pas. Et comme il me semble clair que même avec une évolution en douceur il y aura toujours une partie de la population trop importante qui souhaitera un minimum de socialisme, je suis très intéressé par l'étude de solutions de compromis qui permettraient d'avoir une société plus libérale, mais de par une adaptation, de diminuer le besoin de mesures socialistes pour conforter les gens. Et les propos de Maurice Allais vont dans ce sens, donc je suis assez curieux de ce qu'il imagine.
Fuego Posté 20 juin 2010 Signaler Posté 20 juin 2010 Note : ne m'en voulez pas trop sur ce dernier point, mais pour moi la liberté c'est aussi celle des gens à choisir leur système. Du coup, j'ai beau aimer les théories libérales, je ne veux pas les imposer aux gens s'ils n'en veulent pas. Et comme il me semble clair que même avec une évolution en douceur il y aura toujours une partie de la population trop importante qui souhaitera un minimum de socialisme, je suis très intéressé par l'étude de solutions de compromis qui permettraient d'avoir une société plus libérale, mais de par une adaptation, de diminuer le besoin de mesures socialistes pour conforter les gens. Et les propos de Maurice Allais vont dans ce sens, donc je suis assez curieux de ce qu'il imagine. Si ils veulent du socialisme, ils le peuvent. Mais entre eux, et par l'intermédiaire d'un contrat. En revanche, qu'ils n'imposent par leurs choix aux autres.
jamkan Posté 20 juin 2010 Signaler Posté 20 juin 2010 Abolition du salaire minimum ne veut pas dire qu'on sera payé comme les chinois ! En Allemagne, en Finlande, en Suède, en Italie et en Suisse , il n' y en a pas il me semble .
Fuego Posté 20 juin 2010 Signaler Posté 20 juin 2010 Abolition du salaire minimum ne veut pas dire qu'on sera payé comme les chinois ! En Allemagne, en Finlande, en Suède, en Italie et en Suisse , il n' y en a pas il me semble . Oui en Allemagne les jeunes commencent à 800€ à peu près.
Brock Posté 20 juin 2010 Signaler Posté 20 juin 2010 Oui en Allemagne les jeunes commencent à 800€ à peu près. les jeunes qui font quoi? c'est le meme tarif pour tous les jeunes?
Fuego Posté 20 juin 2010 Signaler Posté 20 juin 2010 les jeunes qui font quoi? c'est le meme tarif pour tous les jeunes? Je parlais des jeunes qui commencent à travailler dans l'industrie, comme dans une usine. En rapport avec le sujet donc.
h16 Posté 20 juin 2010 Signaler Posté 20 juin 2010 Oh un sujet passionnant sur les super-avantages du protectionnisme. Avec plein d'arguments nouveaux.
DarkT Posté 20 juin 2010 Auteur Signaler Posté 20 juin 2010 Oh un sujet passionnant sur les super-avantages du protectionnisme. Avec plein d'arguments nouveaux. De la part d'un prix nobel d'économie, ex-fervent du libéralisme, et avec une adaptation d'un mix protectionnisme/libéralisme. Vous n'avez réellement aucun commentaire à faire la dessus ?… :/
jubal Posté 20 juin 2010 Signaler Posté 20 juin 2010 De la part d'un prix nobel d'économie, ex-fervent du libéralisme, et avec une adaptation d'un mix protectionnisme/libéralisme. Vous n'avez réellement aucun commentaire à faire la dessus ?… :/ Je viens de lire les trois premieres phrases de l'article, et je suis pas sur que Maurice ait jamais ete un liberal: "Le point de vue que j'exprime est celui d'un théoricien à la fois libéral et socialiste. Les deux notions sont indissociables dans mon esprit, car leur opposition m'apparaît fausse, artificielle. L'idéal socialiste consiste à s'intéresser à l'équité de la redistribution des richesses, tandis que les libéraux véritables se préoccupent de l'efficacité de la production de cette même richesse." edit: Apres avoir lu la suite, c'est incroyable comme ce sont les meme arguments qui sont toujours mis en avant pour defendre le protectionnisme, 150 ans apres Bastiat. DarkT si tu ne l'as pas deja lu, essaye Bastiat. Un texte court pour commencer sur le protectionnisme: http://bastiat.org/fr/petition.html
ernest Posté 20 juin 2010 Signaler Posté 20 juin 2010 Ceci dit, si vous avez de bons arguments contre le protectionnisme invoqué ici (qui n'est donc pas un protectionnisme d'Etat), je suis preneur.Ce qu'il dit m'intéresse fortement, car il représente un point de vue libéral "ancienne époque" qui a évolué dans la situation actuelle. Or, les propos de Hayek&cie étant à replacer dans un contexte historique, ils n'ont pas connu l'évolution capitaliste actuelle, et leurs théories ne sont de fait plus forcément adaptées. De fait cette évolution m'intéresse fortement, car n'étant pas adepte des grandes théories "parfaites" mais préférant le compromis de la réalité, je me demande s'il ne montre pas là l'une des voies d'application d'un libéralisme "réaliste" qui, sans renier ses principes, tiendrait compte de l'évolution du monde et de ses problèmes ainsi que des aspirations des populations (qui ne sont pas vraiment prêtes à une société 100% libérale). Les principes économiques sont apodictiques. Ce ne sont pas des changements techniques, financiers, sociologiques etc. qui modifieront la teneur des vérités dans ce domaine. Si les problèmes de la croissance et du commerce international t'intéressent, renseignes-toi sur le grand théoricien du protectionnisme, et sur les historiens économiques sérieux : Note : ne m'en voulez pas trop sur ce dernier point, mais pour moi la liberté c'est aussi celle des gens à choisir leur système. Du coup, j'ai beau aimer les théories libérales, je ne veux pas les imposer aux gens s'ils n'en veulent pas. Et comme il me semble clair que même avec une évolution en douceur il y aura toujours une partie de la population trop importante qui souhaitera un minimum de socialisme, je suis très intéressé par l'étude de solutions de compromis qui permettraient d'avoir une société plus libérale, mais de par une adaptation, de diminuer le besoin de mesures socialistes pour conforter les gens. Et les propos de Maurice Allais vont dans ce sens, donc je suis assez curieux de ce qu'il imagine. Allais n'a jamais été libéral, utilitariste seulement. Même chez les économistes mathématiciens (guère appréciés ici) il y a des penseurs beaucoup plus libéraux et intéressants (Pareto et Friedman pour prendre des époques différentes). En plus, le Nobel d'Allais récompense des travaux en théories des marchés. Autant dire que ce Nobel ne lui accorde aucun mérite particulier pour parler d'économie internationale. Qui parle d'imposer aux gens des théories ? Le libéral dit que ce sont les consommateurs qui choisissent l'orientation des productions. Le socialiste dit que c'est une autorité centralisée. En toute rigueur, on devrait dire que les gens « s'imposent » (et le mot est fort) ce qu'ils désirent consommer. Le principe du socialisme - pour qu'il tienne le coup quelques temps - c'est justement de ne pas laisser la liberté aux gens de choisir leur système favoris. En plus, un peu de théorie des choix publics t'apprendra que l'Etat - dans une démocratie à l'occidentale tout au moins - tend nécessairement à s'accroître avec le temps. Bref, on ne peut pas comparer deux systèmes qui sont inconciliables : l'un passe par la coercition et l'autre par la coopération. Mais je te rejoins sur le fait qu'aujourd'hui, il y a une « demande de biens publics » (dixit Henri Lepage dans Demain le capitalisme) qui est minimale, et que les libéraux seraient obligés de garantir à court terme. C'est bien pour cela qu'Hayek insiste la nécessité de transmettre les idées avant d'investir le champs de la politique politicienne.
jubal Posté 21 juin 2010 Signaler Posté 21 juin 2010 Allais n'a jamais été libéral, utilitariste seulement. Ah oui je me disais aussi. Dans l'article il dit qu'il est "socialiste quant aux objectifs, et libéral quant aux moyens", ce qui correspond au socialisme mainstream moderne (ils ont deja essaye d'atteindre le socialisme avec des moyens socialistes, mais ca a pas marche). De loin j'ai l'impression que c'est l'idee dominante au PS et a l'UMP aujourd'hui.
F. mas Posté 21 juin 2010 Signaler Posté 21 juin 2010 C'est le grand problème des libéraux à la J S Mill : l'objectif principal étant la prospérité (et non la liberté), il arrive toujours un moment ou sous couvert de pragmatisme, ils reconnaissent à l'Etat un rôle d'assurance sociale pour le plus grand nombre. Mais bon, la confusion d'objectifs est commune parmi nouzotre.
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