Aller au contenu

Politique Monétaire


Olivier

Messages recommandés

Posté

Bonjour à tous,

Quelles sont vos vues sur la manière dont devrait structuré un système monétaire libéral ?

- Banque centrale disposant d'un monopole d'émission, mais dont la garantie d'indépendance serait renforçée (constitutionnellement, par exemple)

- Système sans monopole d'émission, où les banques privées peuvent émettre leur propre devise ("free banking")

- "Free banking", mais avec respect d'obligations légales pour les banques émettrices (ratio de couverture, utilisation de l'étalon-or,…)

- …

Merci de vos contributions

Posté
Bonjour à tous,

Quelles sont vos vues sur la manière dont devrait structuré un système monétaire libéral ?

- Banque centrale disposant d'un monopole d'émission, mais dont la garantie d'indépendance serait renforçée (constitutionnellement, par exemple)

- Système sans monopole d'émission, où les banques privées peuvent émettre leur propre devise ("free banking")

- "Free banking", mais avec respect d'obligations légales pour les banques émettrices (ratio de couverture, utilisation de l'étalon-or,…)

- …

Merci de vos contributions

Free banking sans obligation légale.

Pour ma part, je choisirais sans doute une banque avec une monnaie basée sur l'or mais c'est parce que je préfère encore la "relique barbare" à toute "fiat money"…

Invité Fran
Posté

Garantie d'independance c'est impossible en pratique et puis independance avec mission de faire quoi?

La solution de Hayeck n° 2) peut pas marcher non plus: une monnaie ne peut pas commencer comme du papier mais seulement à partir d'une commodité ayant une valeur d'echange non monetaire (lisez menger et mises 1912)

reste le retour à des monnaies metaliques (accompagné eventuellement de substituts papier/ plastique/ electronique qui representent une monnaie metalique sous jacente REELLEMENT existante

Invité jabial
Posté
Comme Dilbert.

Pareil. De toute façon, il n'y a pas 36 réponses libertariennes - à toute autre on peut objecter la légitimité.

Posté

Comme Dilbert, sauf que je choisirais plutôt une monnaie basée sur un panier de biens et d'actions. Le jour où on synthétisera de l'or à peu de frais, vous aurez l'air malins avec votre monnaie or ; de plus, utiliser l'or comme monnaie à grande échelle fera augmenter le prix de l'or, je préfère qu'on fasse des bijoux avec que de le garder dans des coffres.

Posté

Je serai a priori de l'avis de Wapiti; toutefois en pratique je ne vois pas vraiment comment constituer une monnaie "basée" sur un panier d'actifs financiers. La banque émettrice constitue un panier de titres, crée une certaine quantité de monnaie échangeable contre une part du portefeuille ? Ou tu penses à autre chose ?

On pourrait aussi penser que la devise est simplement basée sur la capacité de la banque émettrice à faire face au paiement de ses encours.

Fran> Je suis d'accord pour la garantie d'indépendance. Je ne vois pas bien pourquoi "une monnaie ne peut pas commencer comme du papier mais seulement à partir d'une commodité ayant une valeur d'echange non monetaire". L'article de Menger et Mises est-il qq part en ligne ?

Sinon je viens de trouver cela:

http://www.mises.org/journals/rae/pdf/rae6_1_4.pdf

L'argument juridique de Rothbard contre le "Free banking" non basé sur l'étalon-or est que:

"We contend that bank notes or deposits are bailments and not debt, and therefore an issue of fractional reserve liabilities can only be a violation of the bailment contract"

Pourquoi absolument considérer les comptes courants comme des contrats de mise en dépôt ? Je ne situe pas vraiment le problème si les clients de la banque acceptent par contrat que les dépots sur ces comptes soient considérés comme des crédits. Qu'en pensez vous ?

Posté
Je serai a priori de l'avis de Wapiti; toutefois en pratique je ne vois pas vraiment comment constituer une monnaie "basée" sur un panier d'actifs financiers. La banque émettrice constitue un panier de titres, crée une certaine quantité de monnaie échangeable contre une part du portefeuille ? Ou tu penses à autre chose ?

Oui, c'est à ça que je pensait. La banque crée une sorte de SICAV qui peut contenir de parts de sociétés, des obligations remboursable dans une autre monnaie, des contrats à terme … Et la monnaie créée par la banque est échangeable à tout moment contre les parts correspondantes de la SICAV.

On pourrait aussi penser que la devise est simplement basée sur la capacité de la banque émettrice à faire face au paiement de ses encours.

Paiement en quoi ? c'est là le problème.

Pourquoi absolument considérer les comptes courants comme des contrats de mise en dépôt ? Je ne situe pas vraiment le problème si les clients de la banque acceptent par contrat que les dépots sur ces comptes soient considérés comme des crédits. Qu'en pensez vous ?

Jamais compris pourquoi Rothbard s'oppose à la liberté contractuelle sur ce point. Il n'y a pas à imposer un type particulier d'instrument déchange indirect. C'est le marché qui décidera si telle ou telle forme de contrat constitue une monnaie digne de confiance.

Donc à mon avis cet argument juridique ne tient pas, ce qu'il pourrait défendre, c'est qu'il n'est pas possible d'obtenir un système monétaire stable avec autre chose que des contrats de mise en dépot. Or il me semble qu'historiquement, c'est faux.

Posté

free banking. Certification externe (agence de notation). Ce qui implique des obligations pas forcément légales, mais fortes : sincérité des comptes, libre accès à la comptabilité par le certificateur, etc.

Monnaie libre : or si ça vous amuse, diams, bouts de papier ou de plastiques, information électronique… avec ou sans garantie (immatérielle ou matérielle, mobilière ou non).

Pour moi, la meilleure garantie monétaire c'est un truc qu'on ne fabrique pas (et qui ne perdrait pas de valeur si on le fabriquait), utilisable sans être détruit, dont la valeur est peu sensible aux révolutions techniques, et qui rapporte : le m² de sol. Ce n'est pas pour rien si les sociétés d'assurance ont toujours un portefeuille immobilier considérable.

Posté

Le problème de la propriété immobilière, c'est qu'elle est justement relativement inextensible. Donc l'utiliser comme base pour une monnaie implique en cas de d'augmentation de la demande de monnaie (ce qui me parait une conséquence assez assez inévitable du développement économique) des réserves fractionnaires de plus en plus faibles et/ou une augmentation de la valeur de l'immobilier due à son utilisation comme instrument monétaire. Une telle augmentation est sans conséquences dans le cas de l'or, dans le cas de l'immobilier, ça me parait beaucoup plus grave.

Posté
free banking. Certification externe (agence de notation). Ce qui implique des obligations pas forcément légales, mais fortes : sincérité des comptes, libre accès à la comptabilité par le certificateur, etc.

Monnaie libre : or si ça vous amuse, diams, bouts de papier ou de plastiques, information électronique… avec ou sans garantie (immatérielle ou matérielle, mobilière ou non).

Pour moi, la meilleure garantie monétaire c'est un truc qu'on ne fabrique pas (et qui ne perdrait pas de valeur si on le fabriquait), utilisable sans être détruit, dont la valeur est peu sensible aux révolutions techniques, et qui rapporte : le m² de sol. Ce n'est pas pour rien si les sociétés d'assurance ont toujours un portefeuille immobilier considérable.

au conference de Bretton-Woods Keynes defendait l'idée de la creation d'une monnaie internationale: Le bancor. Seulement c'est la conception americaine qui fut retenue: ainsi le dollar joue le role de "monnaie internationale": on a constaté les degats que cela produisait notamment dans des pays comme l'Argentine/Mexique, leur monnaie etant rattachée au dollar! Faut il reorganiser le smi en creant une nouvelle monnaie de reserve capable d'eviter les aleas du change? Ou faut il laisser au marché le soin de reguler les taux de change comme c'est le cas aujourd'hui?

Invité jabial
Posté

Inutile de "réorganiser". Ce qu'il faut, c'est autoriser l'utilisation des monnaies privées. Le reste suivra.

Posté
Bonjour à tous,

Quelles sont vos vues sur la manière dont devrait structuré un système monétaire libéral ?

- Banque centrale disposant d'un monopole d'émission, mais dont la garantie d'indépendance serait renforçée (constitutionnellement, par exemple)

- Système sans monopole d'émission, où les banques privées peuvent émettre leur propre devise ("free banking")

- "Free banking", mais avec respect d'obligations légales pour les banques émettrices (ratio de couverture, utilisation de l'étalon-or,…)

- …

Merci de vos contributions

les banques emettent deja leur propre monnaie: Monnaie credit agricole/societe generale etc…..

Posté

Non, elle ont le droit de préter plus qu'elles n'ont, mais c'est totalement réglementé. Rien à voir avec un système de banque libre.

Posté
Bonjour à tous,

Quelles sont vos vues sur la manière dont devrait structuré un système monétaire libéral ?

- Banque centrale disposant d'un monopole d'émission, mais dont la garantie d'indépendance serait renforçée (constitutionnellement, par exemple)

- Système sans monopole d'émission, où les banques privées peuvent émettre leur propre devise ("free banking")

- "Free banking", mais avec respect d'obligations légales pour les banques émettrices (ratio de couverture, utilisation de l'étalon-or,…)

- …

Merci de vos contributions

Le monopole d'emission de la banque centrale ne concerne QUE la monnaie fiduciaire (les billets). Les obligations des banques de second rang est de disposer d'un compte auprés de la banque centrale (les reserves obligatoires).

Posté
Non, elle ont le droit de préter plus qu'elles n'ont, mais c'est totalement réglementé. Rien  à voir avec un système de banque libre.

oui lorsque une banque fait des credits: Dans ce cas il' y a creation monetaire ex-nihilo (a partir de rien). Mais ce credit represente une "fuite" pour la banque: Elle doit se refinancer sur le marché inter bancaire ou les banques s'echangent leurs monnaies!

Posté

Je ne suis pas sûr que la convertibilité (en valeurs mobilières, immobilières ou en commodités) de la monnaie garantie par les banques émettrices soit économiquement le meilleur choix. En effet:

- La valeur de la devise dépendrait mécaniquement des variations de cours des actifs en lesquels elle est convertible, ce qui n'est a priori pas ce que l'on recherche dans un instrument de paiement.

- On pourrait résoudre cela partiellement en composant le panier d'actifs uniquement en titres de trésorerie libelles dans d'autres devises. Ce qui correspondrait de facto a instaurer un système de taux de change fixes. Or les systèmes de taux de change variables semblent supérieurs, car ils permettent des ajustements plus aises (si une monnaie est émise en trop grande quantité, son taux de change vis-a-vis des autres devises baisse, etc…)

Aussi quand je disais "On pourrait aussi penser que la devise est simplement basée sur la capacité de la banque émettrice à faire face au paiement de ses encours", je me suis mal exprime. Je voulais simplement dire que le fait que les utilisateurs accorderont de la valeur a une monnaie donnée sera largement lie a la solvabilité des banques émettant cette monnaie. Pour ce qui de la valeur "quantitative" de cette monnaie, elle est détermine par les taux de change avec les autres devises, et par les prix des biens réels exprimes en numéraire. Donc par des processus de marche, ce qui fait pour moi l'intérêt de ce système.

Maintenant je vois bien venir l'objection: "Si la convertibilité d'une monnaie n'est pas garantie par ses émetteurs, comment empêcher une création effrénée de masse monétaire, et donc une inflation très importante ?"

C'est une très bonne question, je ne vous remercie pas de l'avoir posée aurait dit Desproges.

La solution doit résider dans le fait que le monopole étant aboli, certains clients (surtout les épargnants, pour des raisons assez évidentes) sanctionneraient ce genre de procédés en changeant de monnaie. Le problème serait donc essentiellement un problème d'organisation entre les différentes banques émettant une même devise pour éviter cela; il doit y avoir la une sorte de dilemme de prisonnier (chaque banque individuellement a intérêt a accorder un max de crédits, mais leur intérêt collectif est de limiter l'inflation). Il faut donc rechercher les bases contractuelles et l'organisation permettant de résoudre ce dilemme (banque centrale avec un rôle actif ? réseau d'obligations contractuelles entre banques avec simplement une 'clearing house' centrale ? …?).

J'ai bien conscience que ça reste assez vague; j'essaierai de revenir sur ce problème après un peu plus de réflexion. J'attends vos commentaires.

Invité jabial
Posté

Je conseille de lire l'article de Greenspan sur le crédit.

Invité jabial
Posté
A quel endroit peut-on le trouver?

Je l'ai dans Capitalism : the unknown ideal, mais je ne sais pas s'il se trouve sur le net.

Posté

Je poste la traduction "Dilbert" de l'article de Greenspan.

L’or et la liberté économique

Alan Greenspan

Une hostilité presque hystérique à l’égard de l’étalon-or est un trait commun aux « étatistes » de toutes tendances. Apparemment ils comprennent (peut-être plus clairement et plus subtilement que beaucoup de défenseurs du libre échange) que l’or et la liberté économique sont inséparables, que l’étalon-or est un instrument de la liberté économique et que l’un ne va pas sans l'autre.

Pour comprendre la source de leur hostilité, il est nécessaire d’abord de rappeler le rôle spécifique de l'or dans une société libre.

L'argent est le dénominateur commun de toutes les transactions économiques. C'est cet instrument qui sert de moyen d'échange, qui est universellement accepté dans une économie d'échange pour le paiement de marchandises ou de services, et peut, par conséquent, être utilisé pour mesurer la valeur et pour stocker de la valeur, c’est à dire, pour épargner.

L'existence d'un tel produit est une condition nécessaire pour une division économique du travail. Sans un produit ayant une valeur objective qui puisse être accepté comme monnaie, les hommes devraient avoir recours au troc ou vivre en autarcie agricole et renoncer aux avantages inestimables de la spécialisation. Si les hommes n'avaient aucun moyen d'entreposer de la valeur, c’est à dire d’épargner, ni l’échange ni la planification à long terme ne seraient possibles.

Un instrument d'échange acceptable pour tous les acteurs économiques ne se détermine pas arbitrairement. En premier lieu, le moyen d'échange doit être durable. Dans une société primitive pourvue de peu de richesses, le blé peut durer assez longtemps pour servir de monnaie, dès lors que tous les échanges se produisent pendant et immédiatement après la récolte, sans qu’un surplus soit conservé. Mais quand le besoin de stocker est important, comme c’est le cas dans les sociétés plus riches et plus civilisées, la monnaie d'échange doit être un produit solide, habituellement un métal. Un métal est choisi en général parce qu’il est homogène et divisible : chaque unité est semblable à une autre et le métal peut être fondu en quantité variable. A l’inverse, les bijoux précieux ne sont ni homogènes ni divisibles.

Bien plus important est le fait que le produit choisi comme monnaie soit un produit de luxe. Les désirs de luxe sont illimités, par conséquent les produits de luxe sont toujours demandés et seront toujours acceptés. Le blé est un luxe chez les peuples sous-alimentés, mais pas dans une société prospère. Ordinairement les cigarettes ne serviraient pas comme monnaie, cependant ce fut le cas en Europe après la Deuxième Guerre où on les considérait comme un luxe. Le terme « produit de luxe » équivaut à pénurie et à haute valeur unitaire. Avec une haute valeur unitaire, un tel produit est facilement portable, à titre d’exemple une once d'or vaut une demi-tonne de fonte brute.

Dans les étapes initiales d'une économie en voie de développement, plusieurs monnaies d'échange pourraient être utilisées, car une grande variété de produits rempliraient les conditions précédentes. Cependant progressivement un des produits prévaut sur tous les autres, étant davantage accepté. Le choix d’une monnaie de réserve se portera sur le produit le plus accepté, ce qui en retour le rendra encore plus acceptable. Le changement est progressif jusqu'à ce que ce produit devienne le seul moyen d'échange. L'usage d'un seul moyen est très avantageux pour les mêmes raisons qu'une économie dotée d’une monnaie est supérieure à une économie de troc : cela rend les échanges possibles sur une échelle incomparablement plus large.

Que cette monnaie soit de l'or, de l’argent, des coquillages, du bétail ou du tabac dépend du contexte et du développement d'une économie donnée. En fait, tous ces moyens ont été employés, à différentes époques, comme monnaie d'échange. Et même dans notre siècle, deux produits majeurs, l’or et l’argent, ont été utilisés comme monnaie internationale d'échange, l’or devenant prédominant. L'or, ayant un usage artistique et utilitaire, et restant relativement rare, a toujours été considéré comme un produit de luxe. Il est durable, portable, homogène, divisible, et par conséquent a des avantages considérables sur toute autre monnaie d'échange. Depuis le commencement de la Première Guerre Mondiale, il a été virtuellement la seule monnaie internationale d'échange.

Si tous les biens et services étaient payés en or, les paiements de grands montants seraient difficiles à exécuter, et cela aurait tendance à limiter la division du travail et la spécialisation. Une conséquence logique de la création d'une monnaie d'échange est le développement d'un système bancaire et d’instruments de crédit (billets de banque et dépôts) qui viennent remplacer l’or, tout en étant convertibles en or.

Un système bancaire libre basé sur l'or est capable de développer le crédit et donc de créer des billets de banque (de la monnaie) et des dépôts, selon les besoins de production de l'économie. Les individus propriétaires d'or sont incités, par le versement d’intérêts, à déposer leur or dans une banque (sur laquelle ils peuvent tirer des chèques). Mais comme il est rare que tous les déposants viennent retirer leur or en même temps, le banquier garde seulement en réserve une fraction des dépôts d’or. Cela permet au banquier de prêter plus que le montant de l’or déposé (ce qui signifie qu'il détient des à-valoir sur l’or plutôt que de l'or comme sécurité pour ses dépôts). Mais le montant des prêts qu'il peut faire n'est pas arbitraire : il doit l’évaluer par rapport à ses réserves et à l’état de ses investissements.

Quand les banques financent des efforts productifs et rentables, les prêts sont remboursés rapidement et le crédit bancaire continue à être disponible. Mais quand les projets financés par le crédit sont moins avantageux et rapportent moins vite, les banquiers découvrent bientôt que leurs engagements sont excessifs par rapport à leurs réserves d’or, et ils commencent à restreindre les prêts, habituellement en exigeant des taux d'intérêt plus hauts. Cela a tendance à limiter le financement de nouveaux projets et oblige les emprunteurs actuels à améliorer leur rentabilité s’ils veulent obtenir de nouveaux crédits pour leur expansion. Donc, sous le régime de l’étalon-or, un système bancaire libre apparaît comme un dispositif qui protège la stabilité d'une économie et permet une croissance équilibrée.

Quand l'or est accepté comme un moyen d'échange par une partie ou la totalité des nations, cette liberté sans entraves permet une division mondiale du travail et favorise un commerce international à grande échelle. Bien que les unités d'échange (dollar, livre, franc, etc.) soient différentes d’un pays à l’autre, dès lors que toutes sont rattachées à l’or, les économies des différents pays marchent de concert - à condition que le commerce et les mouvements de capitaux soient libres. Le crédit, les taux d'intérêt et les prix deviennent comparables dans tous les pays. Par exemple, si les banques d’un pays accordent des crédits trop libéralement, les taux d'intérêt dans ce pays auront tendance à baisser, ce qui induira les déposants à envoyer leur or dans les banques d’autres pays pour obtenir de meilleurs rendements. Cela provoquera immédiatement une pénurie de réserves bancaires dans le pays « laxiste », rendra le crédit plus difficile et entraînera un retour à des taux d’intérêt plus élevés.

Un système bancaire complètement libre et un régime d’étalon-or à part entière restent encore à construire. Mais avant la première guerre mondiale, le système bancaire aux Etats-Unis (et dans la plupart des pays) était basé sur l'or, et, bien que les gouvernements interviennent parfois, le système bancaire était plus libre et moins contrôlé. Périodiquement, par suite d’une expansion trop rapide du crédit, les banques ont prêté jusqu'à la limite de leurs réserves en or ; alors les taux d'intérêt ont augmenté très vite, le crédit a été restreint, et l'économie est tombée dans une récession aiguë, mais éphémère (en comparaison avec les dépressions de 1920 et 1932, les récessions d’avant la première guerre étaient vraiment bénignes). Ce sont les réserves d'or qui ont stoppé des expansions économiques en plein déséquilibre, avant que celles-ci ne tombent dans le désastre qui suivit la première guerre mondiale. Les périodes de rajustement étaient courtes et les économies sont reparties sur une base saine pour renouer rapidement avec l'expansion.

Mais on a confondu le remède et le mal : si une pénurie de réserves bancaires cause un déclin économique - argumentaient les interventionnistes - pourquoi ne trouverait-on pas un moyen de fournir plus de réserves aux banques pour qu’elles n’en manquent jamais ! Si les banques pouvaient continuer à prêter de l'argent indéfiniment - prétendait-on - il n’y aurait jamais de crise économique. C’est ainsi que la Réserve Fédérale a été bâtie en 1913. Elle consistait en douze Banques régionales de Réserve Fédérale détenues en nom propre par des banquiers privés, mais en fait parrainées, contrôlées et supportées par le gouvernement. Le crédit développé par ces banques est en pratique (bien que non légalement) adossé par le pouvoir fiscal du gouvernement fédéral. Techniquement, nous restions dans le régime de l’étalon-or ; les individus étaient encore libres de posséder de l'or, et l'or servait toujours de réserve bancaire. Mais maintenant, outre l'or, le crédit détenu par les banques de la Réserve Fédérale (les réserves « papier ») pouvait servir à payer les déposants.

Quand l’économie des Etats-Unis a subi une légère contraction en 1927, la Réserve Fédérale a créé plus de réserves papier dans l'espoir de prévenir toute pénurie possible de réserves bancaires. Plus désastreuse encore fut la tentative de la Réserve Fédérale d’aider la Grande-Bretagne qui perdait de l'or par rapport à nous parce que la Banque d'Angleterre s’était opposée à une augmentation des taux d'intérêt sous la pression du marché (c'était désagréable politiquement). Le raisonnement des autorités concernées était le suivant : si la Réserve Fédérale alimentait les banques Américaines de réserves papier, les taux d'intérêt aux Etats-Unis tomberaient à un niveau comparable avec ceux de la Grande-Bretagne; cela stopperait l’hémorragie en Grande-Bretagne et éviterait les problèmes politiques d’une hausse des taux d'intérêt.

La "Fed" a réussi : l’hémorragie en or a été arrêtée, mais, dans ce processus, on a presque détruit les économies de la planète. L'excès de crédit que la Federal Reserve a injecté dans l'économie s’est répandu sur le marché boursier et a déclenché un fantastique boom spéculatif. Tardivement, les dirigeants de la Fed tentèrent d’éponger les réserves et réussirent finalement à freiner le boom. Mais c'était trop tard : en 1929 les déséquilibres spéculatifs étaient tels qu’on aboutit à des restrictions économiques et à une perte de confiance du monde des affaires. Il en résulta un écroulement de l'économie américaine. En Grande-Bretagne ce fut encore pire: plutôt que d’affronter toutes les conséquences de ses erreurs antérieures, le pays abandonna complètement l’étalon-or en 1931, rompit ce qui restait du tissu de la confiance et provoqua une série de banqueroutes dans le monde. Les économies mondiales plongèrent dans la Grande Dépression des années 30.

Avec une logique qui remontait à une génération précédente, les étatistes ont prétendu que l’étalon-or était pour une grande part la cause de la débâcle qui a mené à la Grande Dépression. Si l’étalon-or n'avait pas existé, arguaient-ils, l'abandon par la Grande-Bretagne en 1931 des paiements en or n'aurait pas causé des faillites bancaires dans le monde entier (l'ironie était que depuis 1913, nous étions, non pas dans un régime d’étalon-or, mais dans ce qu’on pourrait appeler un « étalon-or mixte » ; cependant c'est l'or qui a été mis en cause).

Mais l'opposition à l’étalon-or sous toutes ses formes, visible dans un nombre croissant d’Etats-Providences, provient d’une prise de conscience plus subtile : la constatation que l’étalon-or est incompatible avec le déficit budgétaire chronique (signe caractéristique de l'état-providence). Si on laisse de côté le langage officiel, l'Etat-Providence n’est rien de plus qu'un mécanisme par lequel les gouvernements confisquent la richesse des membres productifs d'une société pour engager toutes sortes de programmes d’assistanat. La confiscation s’opère en grande partie à travers la fiscalité. Mais les partisans de l’Etat-Providence furent prompts à reconnaître que, s’ils voulaient garder le pouvoir politique, la ponction fiscale devait rester raisonnable ; aussi ils durent avoir recours à des programmes de déficit budgétaire massif, c’est à dire à l’emprunt, en émettant des obligations d’Etat, pour financer à grande échelle les dépenses de l’Etat-Providence.

Sous le régime de l’étalon-or, le niveau de crédit qu'une économie peut supporter est déterminé par ses actifs tangibles, puisque chaque instrument de crédit est en dernier lieu une option sur un actif tangible. Mais les obligations émises par un gouvernement ne sont pas adossées à des richesses tangibles, elles ne tiennent que par la promesse du gouvernement de rembourser en prélevant sur les impôts futurs ; et ces obligations ne peuvent pas être absorbées facilement par les marchés financiers. Un grand volume d’obligations d’Etat ne peut être vendu au public qu’à des taux d'intérêt de plus en plus hauts. Donc, le déficit budgétaire de l’Etat sous un régime d’étalon-or est rigoureusement limité.

L'abandon de l’étalon-or a permis aux partisans de l’Etat-Providence d’utiliser le système bancaire pour parvenir à une expansion illimitée du crédit. Ils ont créé des réserves papier sous la forme d’obligations d’Etat que les banques, à travers une suite complexe d’étapes, acceptèrent en lieu et place d'actifs tangibles et traitèrent comme si cela constituait un dépôt réel, c’est à dire comme l'équivalent de ce qui était autrefois un dépôt d'or. Le détenteur d'une obligation ou d'un dépôt bancaire résultant de réserves papier croit qu'il a une option valable sur un actif réel. Mais en réalité il y a maintenant plus d’options en circulation que d’actifs réels.

On ne peut pas contourner la loi de l’offre et de la demande. Comme l’offre d'argent (options) augmente par rapport à l’offre d’actifs économiques réels, les prix finissent nécessairement par augmenter. Donc l’épargne des membres productifs de la société perd de sa valeur en termes de pouvoir d’achat. Quand on finit par tirer le bilan, on trouve que cette perte de valeur équivaut aux dépenses de l’Etat-Providence permises par l’émission d’obligations financées par l’expansion du crédit bancaire.

En l'absence d’étalon-or, il n'y a aucun moyen de protéger l’épargne de la confiscation à travers l’inflation. Il n'y a aucune réserve de valeur sûre. S'il y en avait, le gouvernement devrait rendre illégale sa détention, comme cela fut le cas pour l'or. Par exemple, si tout le monde décidait de convertir ses dépôts en argent ou en cuivre ou en n’importe quel autre bien, et par la suite refusait les paiements par chèque, les dépôts bancaires perdraient leur pouvoir d’achat et le crédit bancaire créé par le gouvernement serait sans valeur. La politique financière de l'Etat-Providence exige que les détenteurs de richesse n’aient aucun moyen de se protéger.

Voilà le secret éculé des partisans de l’Etat-Providence contre l’étalon-or. Dépenser par la voie du déficit est simplement un stratagème pour confisquer la richesse de façon cachée. L'or se dresse contre ce processus insidieux. Il apparaît comme un dispositif de protection des droits de la propriété. Ayant saisi cela, on n'a aucune difficulté à comprendre l’opposition des étatistes à l’égard de l’étalon-or.

Posté
Je poste la traduction "Dilbert" de l'article de Greenspan.

L’or et la liberté économique

Alan Greenspan

Une hostilité presque hystérique à l’égard de l’étalon-or est un trait commun aux « étatistes » de toutes tendances. Apparemment ils comprennent (peut-être plus clairement et plus subtilement que beaucoup de défenseurs du libre échange) que l’or et la liberté économique sont inséparables, que l’étalon-or est un instrument de la liberté économique et que l’un ne va pas sans l'autre.

Pour comprendre la source de leur hostilité, il est nécessaire d’abord de rappeler le rôle spécifique de l'or dans une société libre.

L'argent est le dénominateur commun de toutes les transactions économiques. C'est cet instrument qui sert de moyen d'échange, qui est universellement accepté dans une économie d'échange pour le paiement de marchandises ou de services, et peut, par conséquent, être utilisé pour mesurer la valeur et pour stocker de la valeur, c’est à dire, pour épargner.

L'existence d'un tel produit est une condition nécessaire pour une division économique du travail. Sans un produit ayant une valeur objective qui puisse être accepté comme monnaie, les hommes devraient avoir recours au troc ou vivre en autarcie agricole et renoncer aux avantages inestimables de la spécialisation. Si les hommes n'avaient aucun moyen d'entreposer de la valeur, c’est à dire d’épargner, ni l’échange ni la planification à long terme ne seraient possibles.

Un instrument d'échange acceptable pour tous les acteurs économiques ne se détermine pas arbitrairement. En premier lieu, le moyen d'échange doit être durable. Dans une société primitive pourvue de peu de richesses, le blé peut durer assez longtemps pour servir de monnaie, dès lors que tous les échanges se produisent pendant et immédiatement après la récolte, sans qu’un surplus soit conservé. Mais quand le besoin de stocker est important, comme c’est le cas dans les sociétés plus riches et plus civilisées, la monnaie d'échange doit être un produit solide, habituellement un métal. Un métal est choisi en général parce qu’il est homogène et divisible : chaque unité est semblable à une autre et le métal peut être fondu en quantité variable. A l’inverse, les bijoux précieux ne sont ni homogènes ni divisibles.

Bien plus important est le fait que le produit choisi comme monnaie soit un produit de luxe. Les désirs de luxe sont illimités, par conséquent les produits de luxe sont toujours demandés et seront toujours acceptés. Le blé est un luxe chez les peuples sous-alimentés, mais pas dans une société prospère. Ordinairement les cigarettes ne serviraient pas comme monnaie, cependant ce fut le cas en Europe après la Deuxième Guerre où on les considérait comme un luxe. Le terme « produit de luxe » équivaut à pénurie et à haute valeur unitaire. Avec une haute valeur unitaire, un tel produit est facilement portable, à titre d’exemple une once d'or vaut une demi-tonne de fonte brute.

Dans les étapes initiales d'une économie en voie de développement, plusieurs monnaies d'échange pourraient être utilisées, car une grande variété de produits rempliraient les conditions précédentes. Cependant progressivement un des produits prévaut sur tous les autres, étant davantage accepté. Le choix d’une monnaie de réserve se portera sur le produit le plus accepté, ce qui en retour le rendra encore plus acceptable. Le changement est progressif jusqu'à ce que ce produit devienne le seul moyen d'échange. L'usage d'un seul moyen est très avantageux pour les mêmes raisons qu'une économie dotée d’une monnaie est supérieure à une économie de troc : cela rend les échanges possibles sur une échelle incomparablement plus large.

Que cette monnaie soit de l'or, de l’argent, des coquillages, du bétail ou du tabac dépend du contexte et du développement d'une économie donnée. En fait, tous ces moyens ont été employés, à différentes époques, comme monnaie d'échange. Et même dans notre siècle, deux produits majeurs, l’or et l’argent, ont été utilisés comme monnaie internationale d'échange, l’or devenant prédominant. L'or, ayant un usage artistique et utilitaire, et restant relativement rare, a toujours été considéré comme un produit de luxe. Il est durable, portable, homogène, divisible, et par conséquent a des avantages considérables sur toute autre monnaie d'échange. Depuis le commencement de la Première Guerre Mondiale, il a été virtuellement la seule monnaie internationale d'échange.

Si tous les biens et services étaient payés en or, les paiements de grands montants seraient difficiles à exécuter, et cela aurait tendance à limiter la division du travail et la spécialisation. Une conséquence logique de la création d'une monnaie d'échange est le développement d'un système bancaire et d’instruments de crédit (billets de banque et dépôts) qui viennent remplacer l’or, tout en étant convertibles en or.

Un système bancaire libre basé sur l'or est capable de développer le crédit et donc de créer des billets de banque (de la monnaie) et des dépôts, selon les besoins de production de l'économie. Les individus propriétaires d'or sont incités, par le versement d’intérêts, à déposer leur or dans une banque (sur laquelle ils peuvent tirer des chèques). Mais comme il est rare que tous les déposants viennent retirer leur or en même temps, le banquier garde seulement en réserve une fraction des dépôts d’or. Cela permet au banquier de prêter plus que le montant de l’or déposé (ce qui signifie qu'il détient des à-valoir sur l’or plutôt que de l'or comme sécurité pour ses dépôts). Mais le montant des prêts qu'il peut faire n'est pas arbitraire : il doit l’évaluer par rapport à ses réserves et à l’état de ses investissements.

Quand les banques financent des efforts productifs et rentables, les prêts sont remboursés rapidement et le crédit bancaire continue à être disponible. Mais quand les projets financés par le crédit sont moins avantageux et rapportent moins vite, les banquiers découvrent bientôt que leurs engagements sont excessifs par rapport à leurs réserves d’or, et ils commencent à restreindre les prêts, habituellement en exigeant des taux d'intérêt plus hauts. Cela a tendance à limiter le financement de nouveaux projets et oblige les emprunteurs actuels à améliorer leur rentabilité s’ils veulent obtenir de nouveaux crédits pour leur expansion. Donc, sous le régime de l’étalon-or, un système bancaire libre apparaît comme un dispositif qui protège la stabilité d'une économie et permet une croissance équilibrée.

Quand l'or est accepté comme un moyen d'échange par une partie ou la totalité des nations, cette liberté sans entraves permet une division mondiale du travail et favorise un commerce international à grande échelle. Bien que les unités d'échange (dollar, livre, franc, etc.) soient différentes d’un pays à l’autre, dès lors que toutes sont rattachées à l’or, les économies des différents pays marchent de concert - à condition que le commerce et les mouvements de capitaux soient libres. Le crédit, les taux d'intérêt et les prix deviennent comparables dans tous les pays. Par exemple, si les banques d’un pays accordent des crédits trop libéralement, les taux d'intérêt dans ce pays auront tendance à baisser, ce qui induira les déposants à envoyer leur or dans les banques d’autres pays pour obtenir de meilleurs rendements. Cela provoquera immédiatement une pénurie de réserves bancaires dans le pays « laxiste », rendra le crédit plus difficile et entraînera un retour à des taux d’intérêt plus élevés.

Un système bancaire complètement libre et un régime d’étalon-or à part entière restent encore à construire. Mais avant la première guerre mondiale, le système bancaire aux Etats-Unis (et dans la plupart des pays) était basé sur l'or, et, bien que les gouvernements interviennent parfois, le système bancaire était plus libre et moins contrôlé. Périodiquement, par suite d’une expansion trop rapide du crédit, les banques ont prêté jusqu'à la limite de leurs réserves en or ; alors les taux d'intérêt ont augmenté très vite, le crédit a été restreint, et l'économie est tombée dans une récession aiguë, mais éphémère (en comparaison avec les dépressions de 1920 et 1932, les récessions d’avant la première guerre étaient vraiment bénignes). Ce sont les réserves d'or qui ont stoppé des expansions économiques en plein déséquilibre, avant que celles-ci ne tombent dans le désastre qui suivit la première guerre mondiale. Les périodes de rajustement étaient courtes et les économies sont reparties sur une base saine pour renouer rapidement avec l'expansion.

Mais on a confondu le remède et le mal : si une pénurie de réserves bancaires cause un déclin économique - argumentaient les interventionnistes - pourquoi ne trouverait-on pas un moyen de fournir plus de réserves aux banques pour qu’elles n’en manquent jamais ! Si les banques pouvaient continuer à prêter de l'argent indéfiniment - prétendait-on - il n’y aurait jamais de crise économique. C’est ainsi que la Réserve Fédérale a été bâtie en 1913. Elle consistait en douze Banques régionales de Réserve Fédérale détenues en nom propre par des banquiers privés, mais en fait parrainées, contrôlées et supportées par le gouvernement. Le crédit développé par ces banques est en pratique (bien que non légalement) adossé par le pouvoir fiscal du gouvernement fédéral. Techniquement, nous restions dans le régime de l’étalon-or ; les individus étaient encore libres de posséder de l'or, et l'or servait toujours de réserve bancaire. Mais maintenant, outre l'or, le crédit détenu par les banques de la Réserve Fédérale (les réserves « papier ») pouvait servir à payer les déposants.

Quand l’économie des Etats-Unis a subi une légère contraction en 1927, la Réserve Fédérale a créé plus de réserves papier dans l'espoir de prévenir toute pénurie possible de réserves bancaires. Plus désastreuse encore fut la tentative de la Réserve Fédérale d’aider la Grande-Bretagne qui perdait de l'or par rapport à nous parce que la Banque d'Angleterre s’était opposée à une augmentation des taux d'intérêt sous la pression du marché (c'était désagréable politiquement). Le raisonnement des autorités concernées était le suivant : si la Réserve Fédérale alimentait les banques Américaines de réserves papier, les taux d'intérêt aux Etats-Unis tomberaient à un niveau comparable avec ceux de la Grande-Bretagne; cela stopperait l’hémorragie en Grande-Bretagne et éviterait les problèmes politiques d’une hausse des taux d'intérêt.

La "Fed" a réussi : l’hémorragie en or a été arrêtée, mais, dans ce processus, on a presque détruit les économies de la planète. L'excès de crédit que la Federal Reserve a injecté dans l'économie s’est répandu sur le marché boursier et a déclenché un fantastique boom spéculatif. Tardivement, les dirigeants de la Fed tentèrent d’éponger les réserves et réussirent finalement à freiner le boom. Mais c'était trop tard : en 1929 les déséquilibres spéculatifs étaient tels qu’on aboutit à des restrictions économiques et à une perte de confiance du monde des affaires. Il en résulta un écroulement de l'économie américaine. En Grande-Bretagne ce fut encore pire: plutôt que d’affronter toutes les conséquences de ses erreurs antérieures, le pays abandonna complètement l’étalon-or en 1931, rompit ce qui restait du tissu de la confiance et provoqua une série de banqueroutes dans le monde. Les économies mondiales plongèrent dans la Grande Dépression des années 30.

Avec une logique qui remontait à une génération précédente, les étatistes ont prétendu que l’étalon-or était pour une grande part la cause de la débâcle qui a mené à la Grande Dépression. Si l’étalon-or n'avait pas existé, arguaient-ils, l'abandon par la Grande-Bretagne en 1931 des paiements en or n'aurait pas causé des faillites bancaires dans le monde entier (l'ironie était que depuis 1913, nous étions, non pas dans un régime d’étalon-or, mais dans ce qu’on pourrait appeler un « étalon-or mixte » ; cependant c'est l'or qui a été mis en cause).

Mais l'opposition à l’étalon-or sous toutes ses formes, visible dans un nombre croissant d’Etats-Providences, provient d’une prise de conscience plus subtile : la constatation que l’étalon-or est incompatible avec le déficit budgétaire chronique (signe caractéristique de l'état-providence). Si on laisse de côté le langage officiel, l'Etat-Providence n’est rien de plus qu'un mécanisme par lequel les gouvernements confisquent la richesse des membres productifs d'une société pour engager toutes sortes de programmes d’assistanat. La confiscation s’opère en grande partie à travers la fiscalité. Mais les partisans de l’Etat-Providence furent prompts à reconnaître que, s’ils voulaient garder le pouvoir politique, la ponction fiscale devait rester raisonnable ; aussi ils durent avoir recours à des programmes de déficit budgétaire massif, c’est à dire à l’emprunt, en émettant des obligations d’Etat, pour financer à grande échelle les dépenses de l’Etat-Providence.

Sous le régime de l’étalon-or, le niveau de crédit qu'une économie peut supporter est déterminé par ses actifs tangibles, puisque chaque instrument de crédit est en dernier lieu une option sur un actif tangible. Mais les obligations émises par un gouvernement ne sont pas adossées à des richesses tangibles, elles ne tiennent que par la promesse du gouvernement de rembourser en prélevant sur les impôts futurs ; et ces obligations ne peuvent pas être absorbées facilement par les marchés financiers. Un grand volume d’obligations d’Etat ne peut être vendu au public qu’à des taux d'intérêt de plus en plus hauts. Donc, le déficit budgétaire de l’Etat sous un régime d’étalon-or est rigoureusement limité.

L'abandon de l’étalon-or a permis aux partisans de l’Etat-Providence d’utiliser le système bancaire pour parvenir à une expansion illimitée du crédit. Ils ont créé des réserves papier sous la forme d’obligations d’Etat que les banques, à travers une suite complexe d’étapes, acceptèrent en lieu et place d'actifs tangibles et traitèrent comme si cela constituait un dépôt réel, c’est à dire comme l'équivalent de ce qui était autrefois un dépôt d'or. Le détenteur d'une obligation ou d'un dépôt bancaire résultant de réserves papier croit qu'il a une option valable sur un actif réel. Mais en réalité il y a maintenant plus d’options en circulation que d’actifs réels.

On ne peut pas contourner la loi de l’offre et de la demande. Comme l’offre d'argent (options) augmente par rapport à l’offre d’actifs économiques réels, les prix finissent nécessairement par augmenter. Donc l’épargne des membres productifs de la société perd de sa valeur en termes de pouvoir d’achat. Quand on finit par tirer le bilan, on trouve que cette perte de valeur équivaut aux dépenses de l’Etat-Providence permises par l’émission d’obligations financées par l’expansion du crédit bancaire.

En l'absence d’étalon-or, il n'y a aucun moyen de protéger l’épargne de la confiscation à travers l’inflation. Il n'y a aucune réserve de valeur sûre. S'il y en avait, le gouvernement devrait rendre illégale sa détention, comme cela fut le cas pour l'or. Par exemple, si tout le monde décidait de convertir ses dépôts en argent ou en cuivre ou en n’importe quel autre bien, et par la suite refusait les paiements par chèque, les dépôts bancaires perdraient leur pouvoir d’achat et le crédit bancaire créé par le gouvernement serait sans valeur. La politique financière de l'Etat-Providence exige que les détenteurs de richesse n’aient aucun moyen de se protéger.

Voilà le secret éculé des partisans de l’Etat-Providence contre l’étalon-or. Dépenser par la voie du déficit est simplement un stratagème pour confisquer la richesse de façon cachée. L'or se dresse contre ce processus insidieux. Il apparaît comme un dispositif de protection des droits de la propriété. Ayant saisi cela, on n'a aucune difficulté à comprendre l’opposition des étatistes à l’égard de l’étalon-or.

bon texte! Neanmoins quelques remarques: Le fonctionnement réel de l'étalon-or est assez different de son fonctionnement theorique. Il faut souligner en particulier que si l'etalon-or est en principe symetrique, c.a.d que tous les pays subissent de facon identique la contrainte metallique, il n'en a rien ete en realite. La livre-sterling a joué le role de monnaie internationale, intrvenant dans les reglements et donnant lieu a la constitution d'avoir en sterling hors de la grande-bretagne. De ce fait, la GB beneficiait d'un avantage indiscutable, puisqu' elle etait le seul pays a pouvoir regler sa dette exterieur avec sa propre monnaie. Ainsi la banque d' Angleterre a mené une politique discretionnaire tres active, utilisant en particulier le maniement du taux de l'escompte pour inciter a des placements sur la place de Londres lorsque les conditions l'exigeaient. La banque d' Angleterre a aussi mené une politique de sterilisation des mouvements d'or: Elle retirait des liquidités du marché pour compenser les effets potentiellement inflationniste des entrées d'or et elle injectait des liquidités pour lutter contre les effets potentiellement déflationnistes des sorties d'or

Dans la realité, l'etalon-or n'a donc pas ete le mecanisme autoregulateur que mettent en avant ses partisans.

Neanmoins la contrainte metallique a joue un role regulateur indiscutable pendant son periode d'application (1870-1914), meme si le systeme n'etait pas conforme au modele theorique. Dès lors why a-t-il cessé de fonctionner?

Pour J.Rueff/ P.Salin la fin de l'étalon-or est liée a l'absence de volonté politique, au refus de respecter les regles (vertueuses mais contraignantes) du systeme. Les responsables politiques ont preferé le laxisme monetaire plus "payant" sur le plan electoral. Pour Keynes le systeme etalon-or n'etait plus adapté a l'evolution du capitalisme. Il plaide pour la regulation consciente du capitalisme contre les automatismes de l'etalon-or. De meme les economistes de la regulation cosiderent que le passage a l'accumulation intensive suppose le recours a la monnaie de credit et exige donc de s'affranchir de la "contrainte" metallique.

Posté

toute cette discussion est fort sympathique mais ne correspond pas tout a fait a son titre "politique monétaire"

au fait, pourquoi faudrait il forcément un systeme bancaire libéral? se demande t'on s'il faut aussi des restaurants libéraux? des cordoniers libéraux?

:icon_up:

j'en rajoute un peu, mais je ne suis pas sur de bien comprendre la démarche de cette question…

la question qui m'intéresse aussi c'est : pourquoi trouver "libérale" l'indépendance de la banque centrale? que se passe t'il si la politique monétaire menée devient désastreuse?

théoriquement c'est possible, et historiquement, on peut citer la Banque du Japon, la Bundesbank, ou la Banque de France comme ayant pratiqué de mauvaises politiques a un moment donné

de mauvaises politiques pour les gens! pour les entreprises, pour l'emploi!! pas pour la théorie libérale! avec quelles responsabilités? quelle légitimité? quelle contrepartie a cette indépendance? aucune?

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×
×
  • Créer...