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une physique quantique pour tout-e-s


tisserand

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le texte date de 2008 mais reste assez drole:

une physique quantique pour tout-e-s

Dans le monde du Bien, les collectifs poussent comme des champignons à l'automne. A l'instar du sans papier, de l'intermitent du spectacle, de l'enseignant pro-pygmés, le chercheur a lui aussi son collectif: le collectif "sauvons la recherche". Mais contre quoi se battent nos vaillants chercheurs ? quelle menace met la recherche en péril? Gros naif que vous êtes, vous pensez aux imbéciles qui détruisent des champs expérimentaux, aux restrictions légales qui entravent les recherches sur les OGM ou sur les cellules souches, vous pensez au poids idéologique qui écrase toute recherche un peu originale en génétique des populations, ou sur le réchauffement climatique… Et bien vous pensez mal. Pour sauver la recherche il faudrait, selon la pétition du collectif susdit, dans l'ordre:

1 – Que toute évolution du dispositif de recherche se fasse dans le respect de l’autonomie scientifique et des principes de collégialité et de démocratie des institutions universitaires et de recherche.

2 – Que des moyens suffisants, financiers comme humains (chercheurs et enseignants-chercheurs, personnels de soutien technique et administratif), soient attribués aux universités et aux organismes, sur une base pluri-annuelle. Les établissements pourront ainsi construire une politique scientifique, leurs laboratoires pourront développer leurs propres projets et le principe de fonctionnement de la recherche et de l’enseignement supérieur sur la base de postes statutaires, garant d’une indépendance effective, sera préservé.

3- Que le CNRS couvre tous les champs du savoir, afin de pouvoir développer une politique scientifique globale et faire collaborer les disciplines entre elles.

En clair, les chercheurs veulent faire ce qu'ils veulent (1), avec plus d'argent (2) au sein d'un CNRS aussi planifiant et sovietoide qu'en 1945 (3). Bref protéger un vrai et Grand Service Public de la recherche que le monde nous envi (sans doute).

Pour avoir une idée de ce qu'est un grand et beau service public de la connaissance, visitons le site du CNRS.

Premiere impression, le site a des airs de on-s'en-fout-personne-ne-viendra-jamais-nous-lire assez déroutant:

- La présentation des bilans changent de forme chaque année.

- Les effectifs du département "science de l'homme et de la société" passent bizarrement de 3900 en 2004 à 20 000 en 2007. (le chiffre des effectifs ne tient meme pas sur le graphique…).

- Le site du CNRS ( http://www.sg.cnrs.fr/dfi/chiffres/2008/) utilise un moteur de recherche vintage qui vous rappelera avec émotion la premiere guerre du golfe, le crépitement d'une connection 56ko, les 12 minutes de comètes netscape pour charger une page, bref nos 20 ans dans les nineties (le CNRS emploie 1500 chercheurs dans les télécoms).

On apprend que le CNRS compte 3 fois plus de chercheurs en sciences sociales (sociologues, ethnologues, historiens, archéologues…) que de physiciens: 4000 contre 1300.

Le département "science de l'homme et de la société" bénéficie d'un dotation globale de 253 millions d'euros en 2007. Soit, bon an mal an, 2 milliards et demi pour dix années. De quoi lancer un genre de programme Appolo sur la compréhension des rituels pygmés, ou passer la moitié de la vallée du nil à la brosse à dents.

En sale poujadiste que vous êtes, vous vous posez sans doute cette question:

Quelles découvertes majeures font 4000 chercheurs d'Etat en science sociale en une année?

Pour y répondre nous cherchons le rapport d'activité du CNRS.

Le dernier rapport d'activité publié sur le site date de 2004 ( http://www.cnrs.fr/fr/organisme/docs/ra/ca_ra2004.pdf) . Sur les 113 pages que comptent le rapport d'activité, 7 sont consacrées aux ''percées scientifiques majeures''. Et sur ces 7 pages une est dédiée spécifiquement aux percées scientifique majeures de notre département "sciences de l'homme et de la société" (à 250 millions d'euros par an).

Alors là, accrochez vous, les deux percées scientifiques majeures en sciences humaines l'année 2004 sont (P.19):

1) la découverte d'un chat domestiqué à Chypre en 7000 av JC.

2) la traduction d'un manuel de mathématique chinois du premier siecle.

Fichtre! et on parle là de " percée scientifique majeures", imaginez ce que peut etre" une avancée modeste"…

En somme, pour l'équivalent de 10 000 appartements, ou 400 000 écrans plats, ou 1 million de playstations, ou 50 millions de livres de poche, ou 4800 ans de vacance aux seychelles, une dream team de 4000 chercheurs-fonctionaires bouleversera complètement votre vision de l'interaction homme-chat au néolithique.

Naivement vous pensiez que le CNRS était un organisme mettant des moyens techniques à la disposition des esprits les plus brillants de leurs générations. En fait non, le CNRS est un ''organisme citoyen pour une science au cœur de la sociéte''(p.98). Le CNRS se mobilise citoyenement pour la parité homme/femmes dans la recherche dans les télécoms en participant à l'opération " des carrieres scientifiques pour tous'' (p.113), au colloque Gender Action Plan (p.112), au journées d'études ''renforcer le genre dans la recherche" ainsi qu'au décisif séminaire '' genre et militantisme"…

Un collectif en somme…( à 3 milliard d'euro par an).

Posté

Anecdote "amusante" (et d'actualité pour moi !) qui vient illustrer le sujet :

Mon fils vient d'obtenir sa thèse de doctorat en Physique de la Matière, avec la mention "très honorable"…

Il a demandé à travailler encore quelque temps dans le labo où il l'a eue (à Lille).

Il a pu obtenir une prolongation jusqu'en décembre… mais sans être payé pendant les deux premiers mois, le labo (qui dépend de l'université de Lille) n'ayant pas assez de sous.

Je souligne que malgré ses idées libérales (qu'il cache évidemment là-bas), il est tenu en grande estime par ses supérieurs y compris le patron du labo.

Normal, ce n'est que de la physique, pas des sciences humaines, non ?

Au fait, ce labo dépend bien sûr du CNRS.

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Déjà que je trouve révoltant que ces gens galvaudent le mot "science" en lui accolant un "sociale", "politique", "humaine", "économique", etc. Mais en plus, ils monopolisent d'important budgets alors qu'il reste tant d'importants phénomènes incompris qui pourraient nous ouvrir des portes incroyables.

(et je suis loin des plus puristes; mon professeur de physique refuse l'appellation "science" à la médecine et à la biologie du au fait que les réactions biologiques ne peuvent encore être planifiées par des lois et leurs marges d'erreur estimées, comme la chimie il y a moins de 100 ans).

Posté
Déjà que je trouve révoltant que ces gens galvaudent le mot "science" en lui accolant un "sociale", "politique", "humaine", "économique", etc.

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Mais c'est vrai que le besoin de préciser "science" dans l'intitulé de la discipline n'est généralement pas un très bon signe…

Mais en plus, ils monopolisent d'important budgets alors qu'il reste tant d'importants phénomènes incompris qui pourraient nous ouvrir des portes incroyables.

Je ne sais pas ce que recoupe exactement le "science de l'homme et de la société", mais si ça comprend la psychologie, par exemple, il y a aussi des tonnes de phénomènes incompris qui pourraient ouvrir des portes incroyables. Ce qui n'explique pas le déséquilibre flagrant de budget, bien entendu.

(et je suis loin des plus puristes; mon professeur de physique refuse l'appellation "science" à la médecine et à la biologie du au fait que les réactions biologiques ne peuvent encore être planifiées par des lois et leurs marges d'erreur estimées, comme la chimie il y a moins de 100 ans).

Il est frustré parce qu'il voulait faire des maths ? :icon_up:

Posté
Il est frustré parce qu'il voulait faire des maths ? :icon_up:

Même pas, il préfère le terre-à-terre des physiciens aux rêveries mathématiques sans sens physique.

Néanmoins, c'est un éminent professeur qui a toute mon estime (notamment grâce à ses délicieuses blagues sexistes :doigt: )

Posté
Même pas, il préfère le terre-à-terre des physiciens aux rêveries mathématiques sans sens physique.

Néanmoins, c'est un éminent professeur qui a toute mon estime (notamment grâce à ses délicieuses blagues sexistes :icon_up: )

Les mathématiques ne sont pas de la rêverie, mais de l'exploration des possibles à l'intérieur d'un cadre logique et cohérent.

C'est vrai que ça n'a a priori aucun rapport avec la réalité physique, mais la magie du monde fait que même des théories mathématiques purement spéculatives (par exemple les géométries non euclidiennes et les équations de Lorentz, ou la théorie des groupes de Galois) peuvent servir de base à des modèles explicatifs comme la relativité générale ou la théorie quantique…

Les "sciences humaines" quant à elles utilisent principalement les statistiques et/ou les probabilités, encore faudrait-il qu'elles le fassent avec une rigueur vraiment mathématique ! Il est bien connu qu'on peut faire dire aux statistiques ce que l'on veut, si on triche un peu…

Cela étant, je comprends très bien les physiciens qui privilégient l'expérimentation et des maths approximatives pour coller au plus près des résultats qu'ils constatent.

Par contre, je suis très sceptique sur certains "scientifiques" qui forgent des théories et modèles informatiques "exacts" mais à paramètres multiples, adaptés à certains résultats ET à leurs idées préconçues (réchauffement climatique ? Non, non, je ne l'ai pas dit !).

Posté
Les mathématiques ne sont pas de la rêverie, mais de l'exploration des possibles à l'intérieur d'un cadre logique et cohérent.

Pas uniquement : l'invention notamment de nouveaux modèles mathématiques est une activité au moins aussi importante que l'exploration des théories déjà existantes. Donc oui une partie des mathématiques est bien de la rêverie mais une rêverie finiment explicitable (ie en théorie si on veut s'en donner la peine on peut tout expliquer).

C'est vrai que ça n'a a priori aucun rapport avec la réalité physique, mais la magie du monde fait que même des théories mathématiques purement spéculatives (par exemple les géométries non euclidiennes et les équations de Lorentz, ou la théorie des groupes de Galois) peuvent servir de base à des modèles explicatifs comme la relativité générale ou la théorie quantique…

Si ce n'est que les théories mathématiques sortent de notre cerveau qui lui est bien un artefact physique.

D'autre part les mathématiques n'expliquent rien : c'est juste un langage qui permet de formuler des phrases, certaines de ses phrases permettent une modélisation plus ou moins correcte de la réalité. Je n'y verrais pas une explication mais plutôt un phénomène de réduction : on réduit certains aspects de la physique à une théorie qui quand on applique les calculs de cette théorie nous donne une évolution correcte du phénomène. On ne l'a pas vraiment expliqué mais on l'a simulé.

Les "sciences humaines" quant à elles utilisent principalement les statistiques et/ou les probabilités, encore faudrait-il qu'elles le fassent avec une rigueur vraiment mathématique ! Il est bien connu qu'on peut faire dire aux statistiques ce que l'on veut, si on triche un peu…

la différence fondamentale des sciences sociales est l'infini potentiel de l'expicitation.

Cela étant, je comprends très bien les physiciens qui privilégient l'expérimentation et des maths approximatives pour coller au plus près des résultats qu'ils constatent.

Oui il ne s'agit pas de confondre le monde réel (l'expérience) et ses doubles (les mesures que l'on fait de cette expérience et leur adéquation au modèle).

Par contre, je suis très sceptique sur certains "scientifiques" qui forgent des théories et modèles informatiques "exacts" mais à paramètres multiples, adaptés à certains résultats ET à leurs idées préconçues (réchauffement climatique ? Non, non, je ne l'ai pas dit !).

Une théorie physique "exacte" ne peut pas exister car le réel est idiot : il est un et de la même manière qu'une carte à échelle 1 est le territoire lui même l'exactitude est idiote au sens étymologique du terme.

Posté
En somme, pour l'équivalent de 10 000 appartements, ou 400 000 écrans plats, ou 1 million de playstations, ou 50 millions de livres de poche, ou 4800 ans de vacance aux seychelles, une dream team de 4000 chercheurs-fonctionaires bouleversera complètement votre vision de l'interaction homme-chat au néolithique.

Je suis parti dans un fou rire au boulot :icon_up:

Sur dix ans, ca represente combien de voyages sur Mars tout ce pognon ?

Le point, c'est la mecanique quantique, les autres dimensions, l'exploration du cosmos, mais la relation homme/chat au neolithique osef franchement.

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