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L'établissement public de Versailles et l'art contemporain


Yul

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Spéciale dédicace à free jazz, photo ci-dessous prise à Saint Germain des Prés, une oeuvre d'art en vente à l'époque.

Ces deux-là devraient te plaire, et je parle sérieusement.

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Ces deux-là devraient te plaire, et je parle sérieusement.

Mais moi aussi j'étais sérieux, elle ne te plait pas ma photo? Tu la veux pas dans ton salon cette oeuvre d'art? :icon_up:

Sinon blague à part, ça fait longtemps que l'on me parle de Muray, si maintenant toi aussi tu t'y mets alors je n'ai plus le choix, je dois le lire. :doigt:

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Muray est passionnant à lire, excessivement savoureux. Mais à trop le lire, on broie du noir et on finit misanthrope, comme free_jazz :icon_up:

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Philippe Muray, dans toutes les bonnes librairies, mis en spectacle récemment par Luchini à Paris, et bientôt objet de réflexion philosophique et littéraire dans un ouvrage collectif à paraître aux éditions du Cerf sous la direction du philosophe et théologien Maxence Caron. J'en parle parce que j'ai un intérêt direct à ce que les gens l'achète à sa sortie, j'écris dedans. :icon_up:

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Muray est passionnant à lire, excessivement savoureux. Mais à trop le lire, on broie du noir et on finit misanthrope, comme free_jazz :icon_up:

C'est au contraire une attitude joyeuse que démasquer les impostures de l'Etat culturel, de se moquer des gogos admirant des concrétions de détritus en espace alternatif ou s'interrogeant sur la subversion des codes bourgeois contenue dans un phallus en plastique. Puisque l'art officiel est un destructionnisme (au sens de Mises) imposé par le terrorisme intellectuel du clergé culturel célébrant les déchets et la putréfaction, il faudrait mener ce dégoût à son terme. Le véritable geste artistique subversif serait plutôt de faire un bûcher des vanités en brûlant publiquement les collections du Centre Pompidou.

L'un des axes culturels du gouvernement est clair : « Subventionner des espaces alternatifs et des squats artistiques pour répondre au désir d'art des populations exclues de la culture… » L'académicien Marc Fumaroli n'accepte plus les diktats du pouvoir en la matière et répond avec véhémence dans ce texte.

Pour qui a contemplé, peu de jours après le 11 septembre, du haut d'un observatoire de fortune, avec un petit groupe d'étrangers conduits par Rudolph Giuliani, casque en tête, le paysage de désastre qu'il a nommé lui-même « Ground zero », le programme énoncé récemment par notre propre secrétaire d'Etat communiste au Patrimoine et à la Décentralisation culturelle a de quoi donner le frisson :

« Nous subventionnons de préférence les espaces alternatifs, les friches, les squats artistiques, les projets pluridisciplinaires, un laboratoire de l'émergence d'un nouveau rapport entre l'art et la société. Ces mutations répondent aux attentes et au désir d'art des populations exclues de la culture. »

(…)

Soyons honnêtes envers nous-mêmes. L'agit-prop substituée à l'éducation, l'agit-cult substituée à l'art ne sont pas des inventions originales du génie français, mais sévissent aujourd'hui par génération spontanée dans tous les pays « avancés ». Partout, à Los Angeles et à Tokyo comme à Paris, on rencontre de riches snobs, économiquement de droite et sentimentalement de gauche, qui éprouvent un besoin irrésistible de financer des « espaces alternatifs » et des « friches » coûteuses, déployant au moins autant de zèle que notre secrétaire d'Etat communiste au Patrimoine. Avec un instinct très sûr dans les deux cas, les snobs de tous pays, amateurs d'« avant-garde » nihiliste et coûteuse, se précipitent vers ce qui leur assure, croient-ils, « distinction » dans leur propre milieu nouveau riche, tandis que nos hauts fonctionnaires culturels, à la remorque de ces mêmes snobs et emballés pour la même « avant-garde » de champ d'épandage, s'assurent par là une supériorité imaginaire sur leurs petits camarades débranchés.

Le Paris des gogos officiels ne tarda pas à donner dans le panneau. Rallié furieusement à l'« art contemporain », dont Niki de Saint-Phalle était alors la muse française, il n'eut de cesse d'humilier la dernière génération d'artistes modernes, qualifiés désormais avec mépris d'« Ecole de Paris ». Le New York d'Andy Warhol et des « installations » avait gagné sa bataille. Plus de rot, mais de la fumée vantée à coups de pub et vendue très cher sous le nom ambigu d'« art moderne et contemporain ». Cet habile label confond fructueusement dans le même sac « culturel » les effets du merchandising et les oeuvres reconnues des maîtres de l'art moderne. High et Low, or et assignats, montent et descendent désormais à égalité, selon l'humeur de la Bourse, sous le marteau du commissaire-priseur.

Le drame en France, c'est que le nihilisme culturel et l'ardeur pour les « squats artistiques » modernes et contemporains ne sont pas, comme en Amérique ou au Japon, cantonnés dans des coteries riches regroupées autour de musées privés, dont l'empire ne s'étend guère au-delà du milieu fortuné de leurs trustees et des belles adresses de chaque grande cité. Tandis que, chez nous, la frénésie des salles de ventes et des openings branchés est devenue une idéologie à prétentions sociales, qui inspire un ministère tentaculaire ayant la volonté et les moyens, depuis sa création à la fin des années 60, non seulement d'imposer au nom de la République et au moyen des subventions un « goût » unique et officiel, mais encore de corrompre ou d'intimider dans ses propres murs les anciennes et saines administrations patrimoniales qui lui ont été léguées par un Etat traditionnellement modeste, mais ayant une tout autre idée de ses responsabilités envers la nation et l'éducation de ses mandants. L'Etat culturel a adopté le nihilisme esthétique mondain comme un impératif démocratique, tout en se targuant d'une exception culturelle expurgée de son sens - car ce nihilisme culturel, par définition mondial, est à la globalisation ce que le vert-de-gris est au cuivre. Telle est l'une des singularités françaises actuelles les plus caractéristiques et les plus acharnées. Elle consiste à affirmer à cor et à cri une identité nationale que l'on a pris soin au préalable de vider de son contenu.

Exagération ? Polémiques ? Allez donc visiter au Palais de Tokyo, comme je l'ai fait l'autre jour, l'Espace de création contemporaine que notre ministre de la Culture a récemment inauguré ! Vous aurez, comme moi, le frisson de « Ground zero » en apercevant, étalé au sol, un mannequin féminin hyperréaliste en polystyrène nageant dans une feinte flaque de sang, évocation hideuse des malheureux pressés par l'enfer de feu, dans les plus hauts étages du World Trade Center, et qui se sont jetés en grand nombre dans le vide. Vous saurez ce qu'entend le secrétaire d'Etat au Patrimoine par la « nouvelle fonction sociale de l'art » et les « espaces alternatifs » répondant au désir des « populations exclues de la culture ». Les magnifiques volumes, éclairés par de vastes verrières, de l'aile droite du Palais de Tokyo ont été à grands frais transformés en zone ravagée, ses murs dénudés ont été d'avance parsemés de tags et de dazibaos débiles, et dans cette ruine artificielle ont été exposés des détritus baptisés « installations » et des écrans dévidant d'insipides vidéos. Pour obtenir ce paysage de banlieue de « non-droit », il a fallu démolir coûteusement les amorces dans ces mêmes lieux d'un Centre du cinéma, qui trouvera abri dans d'autres ruines qui restent à restaurer, celles du mini-musée de Bilbao construit naguère par Frank Gehry en face de la BNF et destiné à un American Cultural Center privé qui a sombré dans la faillite.

Un vandalisme d'Etat est donc parvenu à creuser en plein Paris un « Ground zero » de pacotille, conçu et voulu par la délégation aux Arts plastiques de la Rue de Valois : « Détruire », dit-elle. Mis à part le luxueux saccage d'une architecture de grand style, le contenu de cette zone artificielle ne diffère en rien de ce que l'on peut voir un peu partout dans le monde, à Beaubourg, au Moma, dans les biennales et les galeries qui se spécialisent dans cet « art contemporain » qu'il faudrait plutôt nommer ennemi juré de tous les arts. Dans la librairie de l'Espace est exposée une sélection de coffee-table books, parmi les plus funk et junk de la planète. On a le réconfort ambigu d'y trouver un épais catalogue de l'Académie de France à Rome, préfacé par son directeur, Bruno Racine. C'est l'épave imprimée serré d'une exposition de « troisième type » qui fut généreusement offerte aux populations romaines « exclues de la culture » par le génie « culturel » français, dans le cadre d'une Villa Médicis où achevèrent de se former, pendant près de trois siècles, quelques-uns des plus grands peintres, sculpteurs, graveurs et architectes du monde. Mais j'ai cherché en vain le fameux catalogue illisible, préfacé par MM. Aillagon et Spies, qui nivelait les reproductions de chefs-d'oeuvre du musée d'Art moderne dans les couleurs électriques du kitsch warholien : ce monument de mépris pour le public a été, je le crains, mis au pilon.

Marc Fumaroli, Le terrorisme de l'État culturel

http://www.catallaxia.org/wiki/Marc_Fumaro…%89tat_culturel

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Le véritable geste artistique subversif serait plutôt de faire un bûcher des vanités en brûlant publiquement les collections du Centre Pompidou.

Barbare !

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C'est au contraire une attitude joyeuse que démasquer les impostures de l'Etat culturel, de se moquer des gogos admirant des concrétions de détritus en espace alternatif ou s'interrogeant sur la subversion des codes bourgeois contenue dans un phallus en plastique. Puisque l'art officiel est un destructionnisme (au sens de Mises) imposé par le terrorisme intellectuel du clergé culturel célébrant les déchets et la putréfaction, il faudrait mener ce dégoût à son terme. Le véritable geste artistique subversif serait plutôt de faire un bûcher des vanités en brûlant publiquement les collections du Centre Pompidou.

:icon_up:

C'est pourtant tellement vrai.

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« Nous subventionnons de préférence les espaces alternatifs, les friches, les squats artistiques, les projets pluridisciplinaires, un laboratoire de l'émergence d'un nouveau rapport entre l'art et la société. Ces mutations répondent aux attentes et au désir d'art des populations exclues de la culture. »

Mais il s;entend quand il parle ce type ? Comment peut il ne pas se rendre compte que c'est non seulement un luxe indescent de financer l'art avec le pognon de gens qui ont du mal a se loger, mais qu;en plus il encourage la mediocrite ?

Ce mec ne merite que le mepris. Pauvre con qu'il est !

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